Le SAS 70
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Le SAS 70
Dossier Dossier : Audit Le SAS 70, un atout ! “” Les avantages de la norme d’audit SAS 70 sont nombreux pour tous les acteurs, clients comme auditeurs internes et externes. Philippe Trouchaud PricewaterhouseCoopers Associé vec le déploiement de la loi Sarbanes-Oxley, les demandes, émises par les Commissaires Aux Comptes des sociétés cotées à New York (mais pas seulement !), de certification SAS 70 ont refait leur apparition depuis 2003. A Face à ces nouvelles demandes, les sociétés s’interrogent souvent sur la nature des travaux induits et sur les bénéfices qu’elles peuvent en tirer (tant du côté « certifié » que du côté « destinataire de la certification »). Un besoin d’assurance sur le contrôle interne des activités confiées à un tiers ace à l’augmentation, ces dernières années, des activités confiées par les entreprises à des tiers (tant en termes de Systèmes d’Information que de processus opérationnels), la question de l’assurance autour la maîtrise des risques et le contrôle interne autour de ces activités externalisées s’est posée tant aux entreprises clientes qu’à leurs auditeurs ou encore aux régulateurs. F Cette problématique a tout d’abord émergée aux États-Unis. Face à ces nouvelles interrogations et au besoin d’avoir recours à l’opinion de tiers indépendants, l'ordre des experts comptables américains (AICPA) a élaboré, en 1992, une norme d’audit (« SAS 70 ») encadrant l’organisation et la nature des travaux requis pour qu’un auditeur soit en mesure d’émettre une opinion en respect des normes de travail caractérisant sa profession, permettant ainsi une approche homogène et acceptée par l’ensemble des intervenants. S’il n’existe aucune obligation légale de l’appliquer aux États Unis, il s’agit d’une pratique de place largement suivie par les entreprises américaines, prestataires de services. En France, cette norme s’est, dans un premier temps, fortement développée dans le Secteur Financier (historiquement de culture « plus anglo-saxonne ») pour répondre aux contraintes de maîtrise des risques et de contrôle interne tant réglementaires (ex : AMF) que sectorielles (ex : CRBF) des prestations « essentielles externalisées ». Elle s’est progressivement imposée car proposant une approche structurée et homogène : • Répondant aux attentes des régulateurs, des auditeurs externes et aux besoins propres (audit interne notamment) de l’entreprise fournissant le service ; • Permettant une réduction du nombre d’audits au travers de la production d’un rapport unique, reconnu et utilisable par l’ensemble des acteurs ; • Fournissant aux clients une visibilité sur les risques de leurs activités externalisées, reconnue et utilisée par leurs propres auditeurs externes. La Revue / Décembre 08 (14) Thomas Estève PricewaterhouseCoopers Senior Manager Aboutissement de la reconnaissance par l’ensemble des acteurs de la norme « SAS 70 », l’approche a été reprise par l’ « International Federation of Accountants » (IFAC) au travers de la norme ISA 402. Quelques messages clefs autour de la certification SAS 70 e succès de la norme SAS 70 s’explique par une approche à la fois : L • Flexible : le périmètre est défini conjointement par l’entreprise fournissant le service et ses clients ; et • Structurée : une fois le périmètre défini, la revue du dispositif de contrôle interne et l’émission de l’opinion du tiers externe réalisant la revue sont strictement encadrés. Le SAS 70 va au-delà des aspects relatifs au traitement de l'information et comprend une analyse des contrôles garantissant la qualité de l'ensemble des services fournis aux clients. Nous touchons là un point essentiel : le SAS 70 certifie, au travers de l’opinion émise par un tiers indépendant, un niveau de service entre un client et son prestataire, selon un périmètre sur lequel ils se sont préalablement accordés. Comme nous avons commencé à l’évoquer dans les paragraphes précédents, plusieurs acteurs intervien- • Type I : Opinion sur la conception des contrôles et leur mise en place effective (existence) ; • Type II : Opinion sur la conception des contrôles, leur mise en place effective ET sur l’efficacité opérationnelle de ces contrôles (sur une période de six mois minimum). Un rapport SAS 70 « type I » contient généralement : nent lors de la réalisation d’un SAS 70 : • Le tiers indépendant émetteur du rapport SAS 70 (« Service auditor »). • Le ou les client(s) ayant externalisée une activité (« User organisation ») ; Les interactions entre les différents acteurs impliqués sont présentées dans le schéma ci-dessus : • L’entité réalisant le service (« Service Organisation ») ; • Le ou les auditeur(s) du ou des client(s) souhaitant obtenir une assurance sur la fiabilité des informations financières (« User auditor ») ; Caractéristiques des tests d’une revue SAS 70 type II Période de test du type II • Une revue type II se fait une période de temps minimale de six mois – ce qui ne signifie pas qu’elle doive être refaite tous les six mois. • Une pratique courante est de mener une revue type II annuelle sur une période de six à douze mois (selon la disponibilité de la documentation) • Une revue type II doit donc intervenir, en toute sécurité, au moins six mois après la date où la revue type I a été menée. Types de tests effectués pour un type II • Vérifier par entretien (« inquiry ») • Observer le contrôle (« observation ») • Vérifier sur pièces (« inspection ») : test sur un échantillon – c’est le test le plus répandu • Rejouer le contrôle (« reperformance ») Tailles indicatives des échantillons (en nombre d’éléments) préconisées Fréquence des contrôles Taille de l’échantillon Annuelle Trimestrielle Mensuelle Hebdomadaire Journalière Plusieurs fois dans la journée 1 2 2à5 5, 10, 15 20, 30, 40 25, 30, 45, 60 Une question récurrente face à cette certification est la notion de référentiel à utiliser pour les revues. La norme en elle-même n’impose l’utilisation d’aucun référentiel. Toutefois, il est souvent observé l’utilisation d’un référentiel propre à l’entité revue, construit en s’appuyant sur des référentiels reconnus (COSO, COBIT) mais prenant en compte les spécificités du service fourni (au travers d’objectifs de contrôle ciblés). Enfin, il est important de souligner qu’un élément essentiel à prendre en compte pour une telle certification SAS70 est le planning. En effet, tant les tâches de mise en conformité, fonction de la maturité initiale de l’entreprise fournissant le service, que les travaux d’audit conduisant à l’émission du rapport nécessitent un investissement temps important. A titre illustratif, la conduite d’un audit depuis les premiers tests jusqu’à l’émission du rapport s’étale sur une durée moyenne de six semaines. Il est en conséquence important de mener une certification SAS 70 comme un véritable projet, au travers d’une démarche structurée et pilotée. Les différentes certifications SAS 70 et les éléments remontés L a norme SAS 70 définit deux types de rapport : La Revue / Décembre 08 (15) • Des informations générales sur l’entité qui subit la revue et sur les processus entrant dans le périmètre de la revue ; • Une description du dispositif de contrôle interne de cette entité ; • Une liste d’objectifs de contrôle et d’activités de contrôle, choisis par l’entité, relatifs au périmètre de la revue ; • L’opinion de l’auditeur externe sur l’existence des contrôles et leur capacité à donner une assurance raisonnable que les objectifs de contrôle sont atteints à une date donnée ; • Des informations supplémentaires que l’entité revue souhaite mentionner (par exemple au sujet de son Plan de Continuité d’Activité). Un rapport SAS 70 « type II » contient généralement : • Les éléments d’un rapport type I ; • L’opinion de l’auditeur externe sur la capacité des contrôles à donner une assurance raisonnable que les objectifs de contrôle ont été atteints sur une période de revue d’au moins six mois (généralement un an). Un rapport SAS 70 (type I comme type II) • est remis à l’entité revue… • … qui le diffuse elle-même aux clients à qui elle souhaite le transmettre ou qui en ont fait la demande. Le rapport est donc public, à diffusion contrôlée par l’entité. • Le rapport est utilisé par les auditeurs des clients de l’entité (« the users ») afin de définir les travaux d’audit à mener auprès de l’entité (« the services »). • Si l’existence, le design, ou l’efficience En anglais • Independent Auditor’s report. • Overview of Operations. • Relevant Aspects of the Control Environment, Risk Assessment and Monitoring. (type II) du contrôle concerné ne sont pas compromis : pas de mention dans le rapport. • Information technology. • Control Objectives and Related Controls Différents niveaux d’anomalies peuvent être rencontrés au cours de la revue • Si l’existence, le design, ou l’efficience (type II) du contrôle concerné sont incorrects mais que l’objectif de contrôle est toujours atteint avec une assurance raisonnable : mention dans le corps du rapport, pas de mention dans notre opinion. • Si les auditeurs en charge de la réalisation du SAS 70 ne disposent pas de l’assurance raisonnable qu’un objectif de contrôle est atteint, ou si un contrôle revu n’existe pas : mention de l’objectif ou du contrôle dans notre opinion au début du rapport. Un rapport SAS 70 structuré et encadré Les thèmes couverts dans un rapport SAS 70 (TYPE I ou TYPE II) se déclinent comme suit : (voir tableau ci-dessus). Focus : Pourquoi les Plans de Continuité de l’Activité (PCA) ne sont-ils pas inclus dans le corps des revues SAS 70 ? Un plan de Continuité de l’Activité traite de la manière dont une organisation limite des risques futurs tandis que les tests réalisés lors de la revue portent sur les contrôles effectivement en place autour de l’exécution d’un service. Du fait de cette ambiguïté, l’AICPA a donc émis la précision suivante reléguant la continuité d’activité dans une partie descriptive du rapport : « A service organization's plans related to business continuity and contingency planning generally is of interest to the management of user organizations. If a service organization wishes to describe its business continuity and contigency plans, such information may be included in Section Four (4), "Other Information Provided by the Service Organization." Because plans are not controls, a service organization should not include in its description of controls (Section Two of the report) a control objective that addresses business continuity or contingency planning. » (including Auditor’s Tests of Operating Effectiveness, if any. • Other Information provided by the Service Provider. • Other information provided by the Independent Auditor. En français • Rapport de l’auditeur externe. • Périmètre des activités couvertes. • Description par l’entité de l’environnement de contrôle, de l’évaluation des risques et des contrôles de pilotage. • Systèmes d’information. • Objectifs de contrôle, contrôles clés associés et, le cas échéant, tests d’application effective menés par l’auditeur. • Autres informations fournies par le prestataire de services. • Autres informations fournies par l’auditeur externe. En synthèse, quatre sections principales se dégagent : ment (« User Control Considerations »). I. « Independent Service Auditor’s Report » : Opinion (Type I) de l’auditeur externe sur la pertinence des contrôles clés existants pour atteindre, à une date donnée, les objectifs de contrôle retenus par l’entité revue, plus, le cas échéant, opinion (Type II) sur l’efficacité opérationnelle desdits contrôles clés à atteindre ces objectifs de contrôle au cours d’une période donnée. III. « Information provided by the service auditor » : II. « Description of Controls » : Description du contexte et de l’environnement de l’entité auditée suivant, notamment, cinq axes : b. Description du plan de secours, des tests du plan de secours et de toute autre information jugée utile par l’entité revue. Ces informations ne font pas partie du périmètre du rapport. a. Description globale de tous les services procurés par l’entité revue à ses clients, déclinés par localisation en précisant ceux qui sont compris dans le périmètre du rapport et ceux qui ne le sont pas ; b. Description de l’environnement de contrôle (le cas échéant en déclinant les axes d’un référentiel type « COSO ») ; c. Description de l’environnement tant en termes de Systèmes d’Information que de processus. Description, le cas échéant, des prestations réalisées par des tiers (« Sub service Organizations ») ; d. Description des objectifs de contrôle par process, des contrôles associés et des tests effectués par les auditeurs externes ; e. Description des conditions sur le contrôle interne des organisations utilisatrices pour que les contrôles sous revue fonctionnent correcteLa Revue / Décembre 08 (16) IV. « Other information provided by the company » : Deux informations sont généralement reprises dans cette section : a. Réponse du Management aux défaillances identifiées dans le cadre des travaux d’audit des activités de contrôle ; Le SAS 70, un véritable atout La principale force d’un SAS 70 réside dans l’assurance qu’apporte une approche homogène et optimisée et un unique rapport à l’ensemble des acteurs, et notamment : • Les régulateurs qui y trouvent une réponse à leurs recommandations ; • Tant le management que l’Audit Interne ou même le Comité d’Audit de l’entité fournissant le service qui obtiennent une vision de la maîtrise de leurs risques et peuvent la communiquer tant à leurs auditeurs externes qu’au Marché ; • Les clients qui complètent ainsi la vision de leur dispositif de contrôle et peuvent communiquer une opinion indépendante et reconnue à leurs auditeurs externes. Ainsi, guide reconnu vers les meilleures pratiques du secteur d’activité, le SAS 70 permet : • La mise en conformité et l’évaluation du dispositif de contrôle interne par rapport aux meilleures pratiques d’organisation des contrôles au sein d’un métier ; • L’évaluation sur base annuelle de l'efficacité des contrôles en place, en insistant de manière circonstanciée sur la nécessité de structurer et documenter le contrôle interne et de retenir les « best-practices »: – Mesure dans le temps de son amélioration/ détérioration ; – Précision de la taille des échantillons en fonction de la fréquence des contrôles. En produisant un rapport unique, reconnu et utilisable par l’ensemble des acteurs, cette démarche évite la multiplicité des audits. Ainsi, la moindre sollicitation des équipes opérationnelles et du management, du fait de la réduction du nombre des audits qui pourraient être demandés par les clients, permet de gagner du temps Exemple de plan détaillé d’un rapport SAS 70 I – Independent Service Auditor’s Report II – Description of Controls A – Overview of Services Provided B – Control Environment 1. Organization 2. Management Control 3. Controls Related to Personnel 4. Other considerations a. Corporate Governance Ouvrage en vente sur www.afai.fr ou www.isaca.ch b. Internal Control System c. Risk Assessment and Monitoring 5. Internal Audit C – Scope of the Report D – Information and communication 1. Description of Information Systems a. Systems Architecture b. Description of Systems and Major Applications c. Security / Access d. Application development / Maintenance et de répondre plus facilement et rapidement aux besoins des clients ou de leurs auditeurs. Enfin, dernier avantage et non des moindres, le SAS 70 est un outil marketing et un avantage concurrentiel permettant de : • Promouvoir la qualité du contrôle et de la sécurité de l’environnement du prestataire ; • Promouvoir l’efficacité de l’environnement d’exploitation et de son adéquation par rapport aux besoins des clients. ■ e. System Control Policies 2. Description of Transaction Processing E – Sub service Organizations F – Description of Control Structure Features by Function G – User Control Considerations III. Information provided by the service auditor IV. Other information provided by the company Guide d ’audit de informa s applications tiques Une appr oche insp irée des /PWFNCSF audits fi nanciers s métier Processu ions Applicat s IT Système © IT A C ucture IT S Infrastr Tra in in g "VUFVST 1FUFS3# JUUFSMJt+à %BOJFM, SH#SVOt àOHt"O 5IPNBT ESFBT 5PH #VDIFSt HXZMFSt #SJHJUUF %BOJFM8 $ISJTUt# ZOJHFSt FSOIBSE (FPSHFT )BNCFSH #FSXFJMF FSt.JDI SSFWVFE FM)VJTTPV FMBUSBE E VDUJPOGS BOÎBJTF La Revue / Décembre 08 (17)
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