Triple autoportrait fiche
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Triple autoportrait – Norman Rockwell - Art du visuel D’après : Site du Collège Montesquieu, Evry, Académie de Versailles http://www.clg-montesquieu-evry.acversailles.fr/IMG/pdf/HDA_Triple_autoportrait_de_Norman_Rockwell.pdf Site du Collège Robert Goupil, Beaugency, Académie d’Orléans http://clg-robert-goupil-beaugency.tice.ac-orleanstours.fr/eva/sites/clg-robert-goupilbeaugency/IMG/pdf/corrige_Norman_Rockwell.pdf Introduction : Le Triple autoportrait est une peinture à l’huile réalisée en 1960 par l’américain Norman Rockwell sur commande du magazine « Saturday Evening Post ». Le journal publiait les premières pages de la biographie de Rockwell, peintre et illustrateur célèbre. Cette œuvre mesure 113.5 x 87.5 cm et est conservée au musée Rockwell à Stockbridge, dans le Massachusetts. Contexte (histoire, biographie) : Le style de Rockwell, narratif et très réaliste, est empreint d’humour. Il représente des évènements de la vie quotidienne des Américains moyens. Il est marqué par le naturalisme américain du 19ème siècle mais est bien représentatif de son époque, de l’essor des magazines, et du développement de la photographie. L'art de N. Rockwell est influencé par la photographie. À partir de 1930 le peintre s’en sert comme point de départ de son travail. Il évite ainsi les poses très longues nécessaires à ses modèles. Peu à peu, sa peinture va s’orienter vers l’hyperréalisme. L'hyperréalisme est un courant artistique né dans les années 1960 aux Etats-Unis. Ce mouvement s'inscrit dans la continuité du Pop-art (ex : Andy Warhol) et s'oppose aux mouvements d'abstraction (ex : Jackson Pollock). Duane Hanson avec Supermarket Lady signe en 1969 l’une des œuvres hyperréalistes les plus célèbres. N.Rockwell connut un succès important auprès du grand public mais un certain mépris de la critique artistique qui jugea ses œuvres peu profondes. Néanmoins, Rockwell a aussi montré son engagement d’homme et de citoyen, notamment en critiquant la ségrégation raciale. Description : - Au premier plan, on voit l’artiste de dos, assis sur un tabouret, se penchant sur la gauche : il porte des lunettes et sa pipe semble sur le point de tomber. Sa main droite est levée, prête à peindre ; à ses pieds gît un seau rempli de peintures et de torchons usagés d’où s’échappe de la fumée, certainement due aux reliquats de la pipe. - Le deuxième plan représente la toile sur laquelle l’artiste travaille : nous assistons au commencement d’un autoportrait. Ce dernier est beaucoup plus grand que nature, sans lunettes, agréable : le regard du peintre est pénétrant, l’ensemble du visage semble dynamique, volontaire. La pipe est ici horizontale et non tombante. De part et d’autre de l’autoportrait en cours de réalisation nous voyons, accrochée à gauche, une feuille d’esquisses de l’autoportrait lui-même (quatre têtes et une main tenant une pipe) et à droite, les reproductions de quatre autoportraits célèbres : Dürer, Rembrandt, Picasso, Van Gogh. Audessus de la toile, un casque militaire. - Un miroir compose majoritairement le troisième plan : il est quasiment face au spectateur et reflète l’image du peintre en train de peindre : la pipe est aussi tombante qu’au premier plan, le dos est voûté et les lunettes nous cachent le regard du peintre. La concentration de Rockwell lui fait plisser le front, lui donnant ainsi un air ahuri peu valorisant. Au-dessus du miroir, un aigle tient un drapeau américain. Sous le miroir, un livre est ouvert, annoté, un verre de coca trône en équilibre instable. Les couleurs sont vives mais peu nombreuses : la chemise bleue de l’artiste attire le regard, ainsi que le cadre doré du miroir. Notons l’absence d’arrière-plan : le fond blanc empêche le lecteur de pénétrer totalement l’intimité du peintre qui n’a pas souhaité représenter son intérieur… nous nous trouvons, comme lui, face à la « feuille blanche », au tableau inachevé de notre recherche intérieure. Nous sommes face à un triple autoportrait bien qu’aucune des représentations du peintre ne soit similaire à l’autre… Il y a ce qu’on appelle une mise en abyme (une même image est reproduite plusieurs fois, créant un effet de profondeur). Analyse : La construction de cette œuvre est très complexe. A la mise en abyme s’ajoute un effet de surprise : au centre du tableau se trouve un peintre de dos. Nous entrons dans son atelier, son intimité, nous regardons par-dessus son épaule, invités ou voyeurs ? - l’autodérision de l’artiste : La première image que nous avons de Rockwell se résume à son dos, voire à son postérieur, amplifié par la posture et le coussin rouge. Les pieds, légèrement en dedans, nous donnent l’image d’un homme peu dégourdi. Le troisième autoportrait –le reflet dans le miroir – est censé être le pendant direct du premier : là encore, Rockwell se représente vieillissant (rides, cheveux blancs, dos voûté), hagard (les lunettes rondes et l’absence de regard rendent le visage lunaire, sans esprit) et ahuri. - la question de la vérité : L’art a-t-il pour but de montrer le réel et rien d’autre ? En est-il capable ? Comme on peut le voir, Rockwell est tenté de représenter une version améliorée de lui-même. Le deuxième autoportrait, sur la toile, représente une version idéalisée, plus jeune (pas de lunettes), plus virile (pipe représentant la virilité). L’art s’inspire donc du réel pour lui donner une nouvelle esthétique. S’agit-il de mensonges ou d’une deuxième vérité ? On remarque que le peintre ne cherche pas à répondre à cette question délicate et préfère laisser au spectateur le soin de trancher. - la présence de détails apparemment anodins devient alors très intéressante à partir du moment où les autoportraits en eux-mêmes sont des jeux de l’artiste. On comprend alors que c’est le décor dans lequel s’est représenté le peintre qui fourmille d’indices sur la vie de Rockwell. Pinceau et peinture en désordre, fumée, livre ouvert et annoté, verre en équilibre instable => désorganisation du peintre qui vit sa passion de manière totale mais anarchique. Référence à l’épisode d’un incendie de son atelier. Aigle et drapeau américain : fort patriotisme pour les États-Unis, revendication de la nationalité américaine. Casque militaire au-dessus de la toile : secret désir d’aspirer à davantage de rigueur ? Autoportraits célèbres et livre : humilité de l’artiste qui sait qu’il s’inscrit dans une tradition, qu’il n’est pas le premier ni le meilleur à réaliser un autoportrait. Conclusion : Ce triple autoportrait de Norman Rockwell pose le problème de la sincérité de l'autobiographie. Des trois personnages représentés, lequel est le «vrai» ? Celui qui est de dos et qui peint ne l'est pas plus que les autres, puisqu'il est l'œuvre de Norman Rockwell, que nous ne voyons pas, hors cadre, et qui ne peut se peindre de dos dans un miroir ! L'auteur nous montre peut-être un autoportrait impossible... L’art ne parvient pas à nous donner une image « réelle » mais peut nous donner une vision plus complexe et plus riche qu’une simple reproduction et c’est là toute sa force.
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