stgermain - Concerts d`été à Saint
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CONCERTS D’ÉTÉ À GERMAIN ST Rue des Granges, au cœur de la Vieille Ville de Genève du 6 juillet au 1er septembre 2014 DOSSIER DE PRESSE Entrée libre, tous les dimanches et lundis, à 18h30 Collecte à la fin des concerts www.concertstgermain.ch La saison 2014... 6-7 juillet 13-14 juillet ...en un coup d’œil ANDREA DE CARLO & LUCA GUGLIELMIp. 6 Sonates de J.S. Bach et de C.P.E. Bach pour viole de gambe et clavier QUATUOR AVIV Quatuors n° 3 op. 30 de Tchaïkovski et n° 9 op. 116 de Chostakovitch p. 10 20-21 juillet IL POMO D’ORO & RICCARDO MINASIp. 14 Deux concertos pour violon de J.S. Bach et les Quatre Saisons de Vivaldi 27-28 juillet LA COMPAGNIA DEL MADRIGALEp. 18 Madrigaux sur des textes tirés de l’Orlando Furioso de l’Arioste 3-4 août WILLIAM SABATIER TRIO CELEBRACIÓN Música de Leopoldo Federico, maestro del Tango p. 22 10-11 août ROBERTA MAMELI & MICHEL KIENERp. 26 Lieder et cantates de Haydn et de Mozart 17-18 août QUATUOR TERPSYCORDES et QUATRE INSTRUMENTISTESp. 30 Le Septuor op. 20 de Beethoven et le Quintette pour clarinette KV 581 de Mozart 24-25 août CHRISTOPH PRÉGARDIEN & MICHAEL GEESp. 34 Dichterliebe op. 48 et autres lieder de Robert Schumann 31 août/1er sept BOGDAN ZVORISTEANU & ALESSIO NEBIOLOp. 38 Hommages à Niccolò Paganini et Francesco Tárrega 4 5 A propos des Concerts à Saint-Germain Edition 2014, vers un nouveau cap ! Les Concerts d’été à Saint-Germain ont été créés pour offrir aux mélomanes de tous genres une heure de musique de qualité dans un lieu invitant au recueillement. La paroisse de Saint-Germain met en effet à notre disposition, au cœur de la Vieille Ville, le cadre magnifique de son église, l’une des plus anciennes de Genève. Les Concerts d’été organisés à l’église Saint-Germain ont passé en 2013 le cap de leurs 40 ans. Respectant une tradition désormais solide, mais gardant un esprit très jeune et ouvert aux nouveautés, cette nouvelle saison 2014 vous propose un éventail harmonieux d’œuvres diverses. Le comité s’efforce de proposer des programmes d’une variété aussi grande que possible de musique de chambre classique, de la Renaissance au XXe siècle. Les seuls critères inconditionnels retenus sont la valeur « spirituelle » des œuvres et la qualité des artistes. Le but constant de nos concerts est d’associer à l’excellence des interprètes la variété des propositions culturelles, en respectant l’équilibre entre musique vocale et instrumentale et entre les diverses périodes de l’histoire de la musique. Cet été, nous retrouverons des musiques déjà appréciées du côté de Saint-Germain, tout en explorant des sentiers peu fréquentés, afin de partager encore de belles émotions. Une programmation d’une grande richesse, tant au niveau du répertoire que des intérprètes. Le succès remporté depuis quarante ans démontre que ces concerts répondent à une demande. Le public qui s’y presse prouve son intérêt à trouver en ces fins de journées d’été une heure de calme et de sérénité à l’écoute de la musique. Au cours de cette édition 2014, vous aurez l’occasion d’entendre un pianoforte de 1749, sous les doigts de Luca Guglielmi, avec Andrea De Carlo à la viole de gambe (6-7 juillet). Deux quatuors de renommée internationale nous feront l’honneur de leur présence : le Quatuor Aviv dans un programme de musique russe (13-14 juillet) et l’ensemble Terpsycordes, accompagné de quatre instrumentistes pour le fameux quintette de Mozart et le grand septuor de Beethoven (17-18 août). Nous fêterons également les Quatre Saisons avec le violoniste baroque Riccardo Minasi et l’ensemble Il Pomo d’Oro (20-21 juillet), avant de continuer sur un répertoire baroque et chevaleresque, avec les poèmes de l’Orlando Furioso et les sept chanteurs de la Compagnia del Madrigale (27-28 juillet). Le chant résonnera aussi en l’église Saint-Germain par la voix de la soprano Roberta Mameli, accompagnée par Michel Kiener (10-11 août), ainsi que du ténor Christoph Prégardien, aux côté du pianiste Michael Gees, dans le fameux Dichterliebe de Schumann (24-25 août). Enfin, quelques notes du Sud pour voyager de la vieille ville genevoise aux faubourgs de Buenos Aires, avec le trio du bandonéoniste William Sabatier (3-4 août). Pour conclure cette saison 2014, notre route continuera de la péninsule ibérique à l’Est de l’Europe, dans un programme en hommage à Paganini et à Tárrega par Bogdan Zvoristeanu et le guitariste Alessio Nebiolo (31 août - 1er sept.). C’est avec l’esprit d’une nouvelle jeunesse que nous avons franchi l’étape de notre quarantième saison, et c’est bien sûr avec joie que nous poursuivons l’aventure aujourd’hui, pour offrir au public un été coloré et chaleureux. Bernardino Fantini Président 6 7 ANDREA DE CARLO 6-7 juillet, 18h30 viole de gambe Eglise Saint-Germain rue des Granges Biographies Né à Rome en 1963, Andrea De Carlo a obtenu les diplômes de contrebasse, puis de viole de gambe avec Paolo Pandolfo. Il a travaillé avec d’importants ensembles tels qu’Elyma de Gabriel Garrido, Labyrinto de Paolo Pandolfo et Concerto italiano de Rinaldo Alessandrini, avec lesquels il a donné de nombreux concerts dans les grands festivals internationaux et enregistré plus de quarante albums. LUCA GUGLIELMI pianoforte La rencontre historique entre un instrument qui va disparaître, la viole de gambe, et un instrument en plein essort, un extraordinaire Silbermann de 1749, reconstitué par Kerstin Schwarz. La factrice nous fera l’honneur de sa présence pour la première représentation publique de cet instrument du XVIIIe siècle. JOHANN SEBASTIAN BACH (1685 - 1750) Sonate pour viole de gambe et clavier en sol majeur, BWV 1027 Prélude pour luth ou clavecin en mi bémol majeur, BWV 998 Sonate pour flûte et clavecin, BWV 1032 Sonate en trio pour orgue, BWV 527 Fantaisie et fugue en do mineur pour clavier, BWV 906 CARL PHILIPP EMANUEL BACH (1714 - 1788) Photo : Marco Borggreve Photo : DR Sonate pour viole de gambe et basse continue en do majeur, Wq 136, H558 En 2005, il crée l’ensemble Mare Nostrum autour du consort de violes et de la musique pour cette formation. Avec celuici, il a enregistré pour MA Recordings (États-Unis) une orchestration originale de l’Orgelbüchlein de J.S. Bach, qui a reçu le Diapason d’or « Découverte » en 2011. En 2009, une collection de polyphonie française pour le label Ricercar (Belgique) lui a valu cinq Diapasons et le Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros de Paris. L’album de cantates romaines de Marco Marazzoli pour le label Arcana (Angleterre) a été le premier pas d’un projet dédié à la musique romaine et, en particulier, à Alessandro Stradella. Directeur artistique du Festival international Alessandro Stradella à Nepi (Italie), il travaille avec Mare Nostrum à un projet dédié à la diffusion et à l’enregistrement des œuvres de ce compositeur. Cet été sortira le premier enregistrement mondial de la sérénade La Forza delle stelle ovvero Il Damone. www.andreadecarlo.it Luca Guglielmi est né à Turin en 1977. Il s’est formé auprès de Ton Koopman, Patrizia Marisaldi, Vittorio Bonotto, Eros Cassardo, Sergio Pasteris et Alessandro Ruo Rui. Depuis 1993, il est actif dans plusieurs secteurs musicaux : carrière de soliste dans le monde entier (clavecin, orgue, clavicorde et pianoforte) et collaborations avec plusieurs musiciens, chanteurs et ensembles (Jordi Savall, Cecilia Bartoli, Sara Mingardo, Il Giardino Armonico, Ensemble Zefiro). Luca Guglielmi exerce aussi une activité pédagogique (stage de musique ancienne d’Urbino, Pamparato, San Feliu de Guixols et Barbaste) ; il compose et assure la direction de chœurs et d’orchestres. Depuis 1997, il est l’assistant de Jordi Savall avec lequel il joue régulièrement en duo, de même qu’en trio avec Rolf Lislevand. Il collabore également avec l’Ensemble La Fenice de Jean Tubery et le Ricercar Consort de Philippe Pierlot. En 2005, Luca Guglielmi fonde le Concerto Madrigalesco, ensemble vocal et instrumental avec instruments originaux pour la musique composée entre 1500 et 1800, et principalement pour le répertoire avec clavier obligé et le Seicento Italiano. Il a à son actif plus de quarante enregistrements (entre autres chez Decca, Teldec, Naïve, Alia Vox, Alpha, CPO, Stradivarius, ORF et MA Recordings), comme soliste ou avec ensembles. www.lucaguglielmi.com 8 Les œuvres Pour ce premier concert de la 41e saison, deux membres de la famille Bach seront à l’honneur : Johann Sebastian et son cinquième enfant et troisième fils, Carl Philipp Emanuel, probablement le plus célèbre de sa génération. Est-ce bien nécessaire de retracer la carrière du père, l’un des musiciens les plus connus – sinon le plus connu – de tous les temps ? Rappelons brièvement que Johann Sebastian, né à Eisenach, fils d’un organiste et musicien de la cour, fut l’élève de l’organiste Georg Böhm avant d’obtenir ce même poste, d’abord à Armstadt, puis à Mühlhausen ; attaché quelques années à la chapelle du duc de Saxe-Weimar, il fut nommé en 1717 maître de chapelle à la cour de Anhalt-Köthen. En mai 1723, il devint Cantor (directeur de la musique) de SaintThomas à Leipzig où s’écoulera le reste de sa vie. Quant à Carl Philipp Emanuel, né à Weimar, il commença des études de droit mais se tourna bien vite vers la musique, devenant claveciniste à la cour de Frédéric le Grand, à Berlin, puis reprenant le poste de Telemann comme directeur de la musique d’église à Hambourg. Il a exercé une grande influence comme théoricien, notamment par son célèbre Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier, dont le tome 2 traite de l’« accompagnement et libre fantaisie ». Par « accompagnement », il entend la basse chiffrée qui, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, implique une diversité de nuances et de formules raffinées qu’il restitue avec la plus grande précision. 9 Les œuvres au programme seront présentées sur des instruments analogues à ceux que les compositeurs ont pu connaître, d’où l’authenticité de ce que nous entendrons. La viole de gambe est un instrument à cordes et à frettes joué à l’aide d’un archet. Le terme italien viola da gamba le distingue de la viola da braccio par la différence de tenue de l’instrument (la basse de viole est tenue entre les jambes, d’où son nom). Elle est née en Espagne à la fin du XVe siècle ; la première peinture la représentant, jouée par un ange, date de 1475. Apportée en Italie grâce au pape espagnol Alexandre VI, elle y remporta d’emblée un succès énorme. Des instruments magnifiques sont sortis des centres de fabrication italiens : Brescia, Crémone, Milan, Venise, entre autres. Diffusée dans toute l’Europe, elle fut en vogue jusqu’à la Révolution française. Elle tomba néanmoins dans l’oubli, supplantée par le violoncelle aux plus amples possibilités techniques. C’est avec la redécouverte de son répertoire, la musique baroque, qu’elle a été progressivement remise au goût du jour, notamment par des interprètes comme Wieland Kuijken ou Jordi Savall. Elle est même utilisée en musique contemporaine, par Philippe Hersant par exemple. Le film d’Alain Corneau Tous les matins du monde a contribué à la faire apprécier du grand public. Quant au pianoforte, il est plus connu puisqu’il est l’ancêtre de nos pianos modernes. Le titre du programme de ce soir se réfère à Johann Gottfried Silbermann (1683 - 1753), célèbre facteur d’instruments de l’époque baroque. Luca Guglielmi dispose en effet d’un pianoforte de Kerstin Schwarz (Florence) qui est la copie d’un instrument de Silbermann de 1749. Inventeur de la « pédale forte », celuici soumit ses premiers instruments au jugement de J.S. Bach, dont les critiques le conduisirent à perfectionner la conception de ses pianos. Avec la Sonate pour viole de gambe et clavier BWV 1027, nous nous trouvons d’emblée à l’apogée de la littérature pour viole de gambe. Le Prélude en mi bémol majeur BWV 998 fait partie d’une suite écrite pour luth ou clavecin dans les années 1740. Avec ses arpèges, il rappelle le Clavier bien tempéré, dont le deuxième livre lui est à peu près contemporain. Le très beau et serein « Largo e dolce » (BWV 1032) est le deuxième mouvement d’une sonate datée généralement de 1736. Elle a été écrite pour flûte et clavecin. Un peu plus ancienne (datant probablement de 1730) est la Sonate en trio pour orgue BWV 527. Luca Guglielmi en interprétera au clavecin le premier mouvement, « Andante ». La Fantaisie et fugue en do mineur BWV 906 a posé problème aux musicologues car elle ne semblait pas être terminée, mais en réalité elle est bien complète : il s’agit d’une fugue avec un da capo, c’est-à-dire qu’il faut la reprendre à son début. Elle est organisée, comme bon nombre d’autres, dans une forme ABA. L’œuvre qui terminera ce concert est la Sonate pour viole de gambe et basse continue en do majeur, de Carl Philipp Emanuel, composée en 1745. Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 texte : Christiane Privat www.concertstgermain.ch 10 QUATUOR AVIV Sergey Ostrovsky, violon Evgenia Epshtein, violon Noémie Bialobroda, alto Aleksandr Khramouchin, violoncelle 11 13-14 juillet, 18h30 Eglise Saint-Germain rue des Granges Deux des plus célèbres compositions russes pour quatuor à cordes, l’une romantique l’autre contemporaine, dans l’interprétation de musiciens à la sensibilité parfaitement appropriée. Biographies Les œuvres Le Quatuor Aviv a été formé en Israël en 1997 par des musiciens d’origine russe ; on comprend aisément que ces langages leur soient intimement familiers. Distingués par de nombreux prix de concours réputés (Prague, Heenen, Graz, Bordeaux, Melbourne) et récompensés par plusieurs distinctions, ils ont joué dans les salles de concert les plus prestigieuses du monde de la musique de chambre (Wigmore Hall, Weil Recital Hall). Les œuvres au programme du Quatuor Aviv nous offrent le contraste saisissant entre l’expression théâtrale du drame personnel chez Tchaïkovski et la déploration contenue de la tragédie de tout un monde chez Chostakovitch. Elles illustrent les pouvoirs de la musique autant que les tourments de l’âme russe qui devient ainsi la nôtre. Le Quatuor compte parmi ses mentors Isaac Stern, le Alban Berg Quartet, Walter Levin, Henry Meyer et Ben-Zion Shamir, et a collaboré avec des artistes tels que Yefim Bronfman, Boris Petrushansky, Anton Dressler, Toby Appel, Gilles Vonsattel, Boris Berman, Pierre-Laurent Aimard ou Eliso Virsaladze. PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKI (1840 - 1893) Quatuor à cordes n° 3 en mi bémol mineur, opus 30 DIMITRI CHOSTAKOVITCH (1906 - 1975) Quatuor à cordes n° 9 en mi bémol majeur, opus 117 Les enregistrements chez Naxos, dont ceux des oeuvres de Schulhoff et Dohnanyi, ont été acclamés par les critiques, notamment pour leur fraîcheur et leur vivacité. Sergey Ostrovsky a été longtemps le premier violon solo de l’Orchestre de la Suisse Romande, poste qu’il a quitté pour se concentrer sur sa carrière de chambriste. Photo : DR www.avivquartet.com Trois quatuors à cordes, un sextuor, un trio avec piano : la musique de chambre occupe une place modeste dans l’œuvre de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Les critiques s’accordent en revanche pour souligner la constance de sa qualité par opposition au reste de sa production, et à distinguer le troisième quatuor comme le meilleur. Tchaïkovski lui préférait le deuxième, plus austère et « abstrait ». Son premier quatuor (1871) est aussi le premier exemple significatif du genre en Russie. On rappellera tout de même que l’on doit aux aristocrates russes des générations précédentes d’avoir suscité quelques chefs-d’œuvre : l’opus 33 de Haydn (quatuors russes) et les quatuors de Beethoven dédiés aux princes Razoumovsky et Galitzine. Le Quatuor à cordes n° 3, écrit en 1876, est contemporain de la composition du Lac des Cygnes et d’un voyage à Paris où Tchaïkovski découvre avec enthousiasme Carmen de Bizet. Il est un tombeau pour son ami, le violoniste Ferdinand Laub (18321875), qui avait créé ses deux quatuors précédents et qui était mort peu de temps auparavant. Sa tonalité inhabituelle de mi bémol mineur est d’une exécution malaisée pour les instrumentistes à cordes et donne à l’ensemble une couleur très particulière (par 12 l’absence de résonnance « sympathique » des notes de la gamme avec les cordes à vide des instruments). Mi bémol mineur sera aussi la tonalité du dernier quatuor de Chostakovitch, œuvre également d’un caractère élégiaque. L’immense premier mouvement (629 mesures) s’ouvre pianissimo par une longue introduction lente « Andante sostenuto » qui installe le caractère douloureux de l’œuvre. L’« Allegro moderato » enchaîné est construit avec une grande science contrapuntique sur l’opposition entre un premier thème au caractère de valse mélancolique dont les appuis sont constamment déplacés par des syncopes, et un deuxième thème, en si bémol majeur. Un bref épisode en la majeur (tonalité très éloignée de si bémol) constitue l’apogée du mouvement qui se conclut par la reprise de l’introduction. Le deuxième mouvement, un bref scherzo, en si bémol majeur, résonne comme l’évocation de fêtes passées. Le troisième mouvement est construit comme une scène d’opéra combinant trois éléments : un thème de marche funèbre, un motif de liturgie funèbre et un thème de déploration marqué « piangendo e molto espressivo » (en pleurs et très expressif). Il s’achève sur un accord de mi bémol mineur dans l’aigu marqué « pianissimo, morendo ». Le « Finale » en mi bémol majeur a un caractère de danse russe très optimiste (risoluto) que vient interrompre comme un memento mori une brève citation de l’introduction du premier mouvement. On connaît la fameuse réplique de Mozart à l’Empereur Joseph II, qui lui reprochait trop de notes dans l’Enlèvement au Sérail : « Sire, pas une de trop ». On ne voit pas que cette impertinence orgueilleuse 13 ait marqué l’évolution de son style ni compromis sa carrière. Lorsqu’en 1936, le tsar rouge, Joseph Staline, fait savoir sur un ton menaçant son déplaisir du dernier opéra de Chostakovitch (Lady Macbeth), le compositeur, dont plusieurs amis ont disparu dans les purges, est obligé de réformer son style pour sauver sa vie. Une lettre d’Isaiah Berlin récemment publiée (Enlightening : Letters 19461960, Random House) relate une visite du compositeur à Oxford en 1958, entouré d’officiels soviétiques : « De toute ma vie, je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi terrorisé et oppressé ». Historiquement, l’appréciation de l’œuvre de Chostakovitch a oscillé entre la critique d’un conformisme stylistique et le décryptage d’une résistance à l’oppression. Et de fait, il est impossible de ne pas entendre la plainte de l’âme, jusque dans les œuvres encensées par le régime (la Cinquième symphonie, le Quintette avec piano). Dans son œuvre, le totalitarisme est présent autant comme une contrainte formelle que comme ce dont l’expérience vécue est l’objet du discours musical. Dans la même lettre, Berlin décrit la transfiguration du visage de Chostakovitch jouant sa musique : « ...la timidité et la terreur étaient parties, et une expression de formidable intensité, d’inspiration à dire vrai, était apparue ; j’imagine que c’était ainsi que devaient apparaître les musiciens du XIXe siècle lorsqu’ils jouaient ». Plus loin, il résume : « …quel extraordinaire effet la censure et la prison produisent sur un génie créateur : ils le limitent mais le rendent plus profond ». Le Quatuor n° 9, annoncé dès 1961, ne verra le jour que quatre ans après le huitième (1960), en mai 1964. L’ère Khrouchtchev (qui se termine cette année- là) est une période de relatif dégel en URSS : en 1962 Soljenitsyne publie Une journée d’Ivan Denissovitch (qui aborde l’existence des camps) et Chostakovitch, devenu membre du parti, compose la Treizième symphonie sur des poèmes de Evtouchenko en mémoire du massacre de Babi Yar. La dénonciation de l’antisémitisme et l’évocation des victimes juives de la guerre étaient interdites jusque-là. Lady Macbeth est enfin rejouée et Kondrachine crée la Quatrième symphonie, retirée par le compositeur en 1936. Ce neuvième quatuor est dédiée à Irina Chostakovitch, sa troisième épouse depuis 1962. Il est en mi bémol majeur (Chostakovitch espérait écrire un quatuor dans chacun des 24 tons), en cinq mouvements enchaînés. Deux mouvements lents entourent un bref scherzo. Les mouvements extrêmes sont de dimension asymétrique. Le premier mouvement, relativement court, est de forme sonate à deux thèmes sans développement. Le dernier mouvement, le plus long, est une forme de sonate-rondeau. Les exégètes (Judith Kuhn, dans The Cambridge Companion to Shostakovich) ont repéré plusieurs citations. Le mouvement oscillant de seconde qui ouvre l’œuvre et la soustend est une citation du monologue de Pimène, l’historien de Boris Godounov. La mélodie du premier adagio cite le monologue de Marie de Wozzek de Berg tandis que le deuxième adagio reprend le thème de la mort d’Ophélie dans la musique de Chostakovitch pour le film Hamlet. On relève également un thème du Trio avec clarinette de Galina Oustvolskaïa, déjà utilisé dans le cinquième quatuor. texte : Michel Starobinski Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 14 15 IL POMO D’ORO RICCARDO MINASI Eglise Saint-Germain rue des Granges violon Alfia Bakieva, violon Zefira Valova, violon Giulio D’Alessio, alto Biographies 20-21 juillet, 18h30 Il Pomo d’Oro, orchestre fondé en 2012, accorde une forte priorité à l’opéra, tout en se consacrant également à la musique instrumentale en diverses formations. Ses membres comptent parmi les meilleurs représentants de l’interprétation authentique sur instruments d’époque. Ils forment un ensemble d’une qualité exceptionnelle, alliant connaissances stylistiques, haute compétence technique et enthousiasme artistique. Il Pomo d’Oro travaille avec ou sans chef d’orchestre. Pour la saison 2012-2013, il a choisi Riccardo Minasi comme chef principal. Sous la baguette de ce dernier, l’orchestre a enregistré l’Imperatore de Vivaldi ainsi que Tamerlano, avec trois contreténors – M.E. Cencic, F. Fagioli et X. Sabbata. En 2013, Il Pomo d’Oro a donné des concerts dans toutes les grandes villes européennes. Federico Toffano, violoncelle Davide Nava, contrebasse Maxim Emelyanychev, clavecin Un ensemble spécialisé et un virtuose du violon baroque nous livrent une interprétation originale de deux concertos de J.S. Bach et de l’œuvre la plus célèbre de Vivaldi. JOHANN SEBASTIAN BACH (1685 - 1750) Concerto en la mineur, BWV 1041 Concerto en sol mineur, BWV 1056 R ANTONIO VIVALDI (1678 - 1741) Le nom de l’orchestre fait référence au titre d’un opéra d’Antonio Cesti, composé en 1666 pour le mariage de l’empereur Léopold Ier d’Autriche et de Marie-Thérèse d’Espagne. Les Quatre Saisons Violoniste et chef d’orchestre, né à Rome en 1978, Riccardo Minasi évolue également en qualité d’assistant musical pour de nombreux ensembles tels que le Concert des Nations de J. Savall, Il Giardino Armonico ou encore l’Orchestre Symphonique de Madrid. Il collabore avec plusieurs formations baroques et des artistes tels que Luca Pianca ou Christophe Coin, pour n’en citer que quelques-uns. Comme chef d’orchestre, il a dirigé, entre autres, le Zürcher Kammerorchester et l’Australian Brandenburg Orchester. Depuis 2004, il enseigne le violon, la musique de chambre et la pratique d’exécution philologique et d’orchestre baroque au sein de différentes institutions, telles que le Conservatoire Bellini de Palerme, la Julliard School of Music de New-York ou l’Université de Culture Chinoise de Taipei. Il donne régulièrement des master classes dans le monde entier. Son enregistrement des Sonates du Rosaire de Heinrich Biber s’est placé parmis les finalistes du Modem Classical Awards de Cannes en tant qu’album de l’année 2009. www.il-pomodoro.ch Photo : DR Photo : DR www.riccardominasi.com 16 Les œuvres Ce que l’on appelle depuis le XVIIIe siècle « concerto » est une composition de caractère symphonique, dans laquelle un instrument soliste dialogue avec l’orchestre. Le but de l’œuvre est de permettre au soliste de déployer toute sa virtuosité. L’histoire du concerto remonte au XVIe siècle, à Venise, avec notamment Andrea et Giovanni Gabrieli ; il n’avait alors pas pris sa forme définitive, mais faisait déjà dialoguer des voix ou des instruments. En 1717, à son arrivée à Köthen à la petite cour du Prince Léopold d’Anhalt, Johann Sebastian Bach trouve un orchestre de virtuoses créé à l’initiative du Prince, grand amateur de musique instrumentale. C’est pour cet orchestre que Bach compose ses meilleures partitions orchestrales, dont, probablement en 1720, le Concerto en la mineur. Cette pièce est une preuve admirable de la capacité de Bach à innover à partir de modèles sacralisés par la tradition. Ainsi, il parvient à individualiser la partie du soliste de celle de l’orchestre et, qui plus est, à ce que les deux groupes échangent thème et mélodie, à ce qu’ils se mélangent puis se séparent, créant une sensation de mouvement continu et de changement permanent. Autre nouveauté pour l’époque : l’accompagnement est riche en détails et non plus relégué à un rôle secondaire, ce que l’on pressent déjà dans l’« Allegro » initial. L’« Andante » central commence en basse continue et se développe en une formule rythmique et mélodique sur laquelle le soliste déploie une mélodie émouvante. L’ « Allegro assai » final prend la forme d’une gigue qui clôt la partition de façon brillante. 17 Le Concerto en sol mineur a été reconstitué d’après le célèbre Concerto pour clavier et cordes en fa mineur. Le « Largo » se retrouve également dans la Cantate n° 156, Ich steh mit einem Fuss im Grab où il fait office de sinfonia d’ouverture. On ne présente plus Les Quatre Saisons. Ces quatre concertos accompagnés de quatre sonnets attribués également à Antonio Vivaldi, décrivent le déroulement des saisons. Sur la partition, le compositeur a précisé les correspondances avec les poèmes, explicitant même certains détails aboiements de chien, nom d’oiseaux : coucou, tourterelle, pinson. texte : Laure Bovy Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch La bouche, qui nourrit le corps avec des aliments matériels, répand aussi la parole et la pensée. La chair se restaure par elle, et c’est par elle, en même temps, que se communique l’idée. L’odorat, qui donne aux poumons l’air vital, donne au cerveau tous les parfums du monde : l’odeur des fleurs, des bois, des arbres, de la mer. L’oreille, qui nous fait communiquer avec nos semblables, nous a permis encore d’inventer la musique, de créer du rêve, du bonheur, de l’infini et même du plaisir physique avec des sons ! Guy de Maupassant (1850-1893) L’inutile beauté 18 LA COMPAGNIA DEL MADRIGALE 19 27-28 juillet, 18h30 Eglise Saint-Germain rue des Granges Rossana Bertini, soprano Francesca Cassinari, soprano Elena Carzaniga, alto Giuseppe Maletto, ténor Raffaele Giordani Carzaniga, ténor Marco Scavazza, baryton Daniele Carnovich, basse La Compagnia del Madrigale est actuellement le groupe de madrigalistes le plus important au niveau international. Elle naît en 2008, à l’initiative de Rossana Bertini, Giuseppe Maletto et Daniele Carnovich, qui, après avoir chanté ensemble pendant plus de vingt ans le répertoire de madrigaux et de polyphonie sacrée, décident de fonder leur propre ensemble, sans chef, et intègrent dans l’équipe Francesca Cassinari, Elena Carzaniga, Raffaele Giordani et Marco Scavazza. Grâce à la musicalité intrinsèque du poème, de nombreuses parties de l’Orlando on été utilisées par les plus grands musiciens du premier baroque pour les madrigaux, interprétés par l’ensemble le plus réputé de ce répertoire. L’Orlando Furioso Madrigaux sur le poème chevaleresque de Ludovico Ariosto (1474 - 1533) Hoste da Reggio (c. 1520 - 1569) Orlando di Lasso (1532 - 1594) William Byrd (c. 1540 - 1594) Giaches de Wert (1535 - 1596) Benedetto Pallavicino (1551 - 1604) Cipriano de Rore (c. 1515 - 1565) Vincenzo Ruffo (1510 - 1587) Philippe Verdelot (1470/80 - c. 1552) Alfonso Ferrabosco l’ancien (1543 - 1588) Alessandro Striggio (1540 - 1592) Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525 - 1594) Jan Tollius (c. 1550 - 1603) Andrea Gabrieli (c. 1532 - 1585) Biographies En 2009, ils enregistrent avec le groupe I Barocchisti dirigé par Diego Fasolis L’ Amfiparnaso de Orazio Vecchi, en collaboration avec la Radiotelevisione della Svizzera Italiana. Suivra un enregistrement du Premier livre de madrigaux de Palestrina dans le cadre d’un large projet dédié à l’œuvre complète du compositeur sous la supervision musicologique de l’expert Francesco Luisi. En 2011, une anthologie de madrigaux sur les textes de l’Arioste tirés de l’Orlando Furioso est éditée sous le label Arcana. Ce programme a été présenté aux festivals prestigieux de Ravenne et d’Utrecht qui représentent des lieux de références pour la musique ancienne. En collaboration avec la maison d’édition espagnole Glossa, La Compagnia del Madrigale enregistre le Sixième livre de madrigaux de Carlo Gesualdo à l’occasion du 400e anniversaire de sa mort. Le disque obtient un Choc Classica ainsi qu’un Diapason d’Or. Ce succès sera suivi par la publication en 2013 du Premier livre de madrigaux à cinq voix de Luca Marenzio et l’enregistrement recevra une belle reconnaissance internationale avec un nouveau Diapason d’Or et l’Editor’s Choice de Grammophone. Le rapport solide avec la maison d’édition Glossa permet l’élaboration d’un triple album dédié aux Responsoria de Carlo Gesualdo et d’autres œuvres spirituelles encore inédites. Parallèlement à son développement discographique, la présence de La Compagnia del Madrigale prend de l’ampleur sur les scènes et se produit dans de nombreux festivals et salles de concerts renommées : MiTo, Unione Musicale à Turin, Schwetzinger SWR Festspiele, RheinVokal, Kölner Philharmonie, Victoria Hall de Genève dans le cadre des 40 ans des Concerts d’été à Saint-Germain, Musée d’Orsay à Paris et Pontificio Istituto di Musica Sacra de Rome. L’ensemble a été invité à la 18e édition de Europe Cantat à Turin, où il a tenu un atelier sur les madrigaux de Monteverdi qui a attiré de nombreux étudiants provenant de divers horizons. La Compagnia del Madrigale a le projet d’enregistrer les œuvres spirituelles de Claudio Monteverdi ainsi que le Cinquième livre de madrigaux de Luca Marenzio tout en continuant à élaborer et à étudier des programmes autour du Canzoniere de Pétrarque, de la Gerusalemme Liberata du Tasse ainsi que des Vêpres à la Vierge et de la Selva Morale de Monteverdi. www.lacompagniadelmadrigale.com 20 Les œuvres L’Orlando furioso (Le Roland furieux) de Ludovico Ariosto (1474-1533), par la musicalité intrinsèque de ses vers, son imagination luxuriante, la complexité et la mobilité des affects représentés, a fourni aux musiciens un vaste matériel poétique pour la composition des madrigaux. Le poème chevaleresque, épique, de l’Arioste, avec ses quarante-six chants et près de quarante mille vers, est un enchevêtrement d’épisodes, de figures, de descriptions d’actions et de personnages multiples, qui se croisent et se superposent dans des situations toujours changeantes, comme dans un labyrinthe de situations et de jeux des sentiments. Cette œuvre crée des personnages en perpétuel mouvement. Lancés dans l’action, ils sont mus continuellement par la quête d’un idéal et surtout par la recherche du véritable amour. C’est l’amour qui domine le poème, qui fait perdre la raison à Roland et le rend furieux, l’amour comme pouvoir magique qui nous fait croire ce qu’il veut, confond le réel et l’irréel, le désir et sa satisfaction : « Amour, amour, tu rends invisible ce qui frappe nos yeux, tu nous fait voir ce qui est invisible ! » (Chant I, 56). Ce mouvement perpétuel produit une vaste palette de sentiments, de passions et d’émotions différentes, subtilement décrites par un riche vocabulaire poétique. Le poète ne vise pas la vraisemblance ou la raison, il construit des images multiples du désir et du rêve qui ne s’arrêtent jamais, il vise la beauté et les émotions, exactement comme la musique, qui semble même être à la base de la structure du poème, de 21 sa forme : les parties du poème sont appelées « Chants » et au début l’Arioste lui-même invite à la musique : « Je chante... les amours, les aventures, les combats, les voyages, les enchantements ». C’est grâce à la structure musicale propre au poème que les compositeurs ont réussi à déployer au mieux leur créativité. Ils peuvent, en effet, s’appuyer sur la construction poétique pour aboutir à une osmose entre texte et musique et exprimer ainsi les sentiments des amoureux ou illustrer les complaintes des amants abandonnés ou trahis. La forme idéale pour la mise en musique d’un poème de cette grande complexité est le madrigal, par sa force expressive, son audace, sa liberté formelle et l’écriture à plusieurs voix qui permet de nombreux contrastes. L’Orlando furioso a été publié et révisé à maintes reprises, entre 1505 et 1532, et c’est à cette période que le madrigal prend son essor, pour connaître son plus haut degré d’accomplissement en Italie à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Cette forme de musique vocale élégante et flexible veut être l’expression directe des passions de l’âme par un traitement textuel et musical très étroit. L’Orlando furioso représente un répertoire d’images, d’états psychologiques, de situations et de métaphores, qui servira de base formelle à une écriture musicale audacieuse ouverte à l’expérimentation. La musique transforme la réalité poétique en lui donnant une nouvelle dimension sonore et émotionnelle. texte : Maria Irene Fantini Le madrigal A partir de la première moitié du XVIe siècle, une nouvelle forme musicale prend naissance dans les cours et les cercles intellectuels d’Italie. Les humanistes, passionnés par les civilisations anciennes, proposent un renouveau des arts et de la musique qui puisse se hisser à la hauteur des formes classiques et mettre les passions humaines au centre de la créativité, au même niveau que le sentiment religieux. Les poètes, grâce à la leçon de Pétrarque, visant le raffinement et l’élégance, traitent de sujets plus sérieux et utilisent une forme plus libre, accordant une attention particulière à la sonorité des mots et au rythme de la phrase. Cela rapproche naturellement la poésie de la musique. Toutes deux s’associent pour donner expression aux sentiments et aux passions les plus profonds. A cette époque, l’Italie accueille de nombreux compositeurs franco-flamands attirés par la vivacité culturelle et la possibilité d’obtenir des charges au sein des cours aristocratiques ou dans les institutions ecclésiastiques. Ces musiciens sont les maîtres du style polyphonique, adapté à la musique sacrée mais également utilisé pour des chansons profanes, style très différent des genres italiens populaires de l’époque, plus simples. Le madrigal est la synthèse entre les formes populaires italiennes, notamment de la frottola et de ses dérivés, et le style rigoureux de la polyphonie francoflamande, où toutes les voix ont la même importance. Il s’agit d’une forme vocale polyphonique, sans accompagnement d’instruments, avec un nombre de voix allant de deux à huit, mais plus fréquemment situé entre trois et cinq. Contrairement aux musiques strophiques, très répandues dans la musique populaire, les madrigaux sont presque toujours composés sur des poèmes de qualité sans répétition strophique, ni refrain. Les compositeurs adaptent la structure musicale au sens du texte et visent à l’expression des sentiments décrits dans chaque vers. Comme l’a écrit Vicentino en 1555, « la musique faite sur un texte n’a pas d’autre propos que d’en exprimer le sens, les passions et affections au moyen de l’harmonie ». Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 22 TRIO CELEBRACIÓN 23 Biographies 3-4 août, 18h30 Eglise Saint-Germain rue des Granges Formé de William Sabatier au bandonéon, Aurélie Gallois au violon et Romain Lecuyer à la contrebasse, le Trio Celebración a pour vocation de relire la musique du Maestro Leopoldo Federico. Entré de son vivant au panthéon du tango, Federico est aujourd’hui, après plus de soixante ans de carrière, un patriarche respecté de tous. Ce héros discret fut l’artificier cadanero (tête de file) des plus beaux orchestres de Buenos Aires, un arrangeur et compositeur génial et un chef d’orchestre charismatique. Il est au bandonéon ce que peut être Frédéric Chopin au piano ou John Coltrane au saxophone. Il a révolutionné le bandonéon et l’a inscrit pour toujours comme un des éléments les plus importants du continuum tanguero (du tango). Aujourd’hui, sa musique résonne sous les doigts de tous les bandonéonistes du monde. William Sabatier, bandonéon Aurélie Gallois, violon Romain Lecuyer, contrebasse Accompagné par un violon et une contrebasse, William Sabatier nous fait découvrir les tangos de Leopoldo Federico qui est au bandonéon ce que Chopin est au piano. Música de LEOPOLDO FEDERICO (1927 - ), maestro del Tango Photo : Lilian Vazquez Improvisations William Sabatier aborde très jeune l’univers du tango, au contact de son père. Sa rencontre avec le bandonéoniste français Olivier Manoury l’oriente vers une technique plus actuelle de son instrument. Grand spécialiste de la musique d’Astor Piazzolla, il est régulièrement invité par de nombreux orchestres classiques, en tant que soliste et arrangeur dans les œuvres pour orchestre du maître argentin. Il participe à de nombreuses créations théâtrales (en 2000, Novecento avec Jean-François Balmer) ainsi que des ballets (en 1999, Che Quijote y Bandoneón avec Maurice Béjart). Depuis 2006, il écrit la musique des spectacles de Laurent Vercelletto (John & Joe, L‘Or de Blaise Cendrars, Un Steak de Jack London, pour n’en citer que quelquesuns). Depuis des années, il côtoie les meilleurs musiciens de tango (Osvaldo Calo, Mauricio Angarita, Ciro Perez, Diego Trosman, Enrique Pascual, Juan Cedrón, Olivier Manoury, Vidal Rojas, entre autres). En 2005, il forme un trio avec Ciro Perez et Norberto Pedreira qui tournera en Europe et dont le premier album Las Siluetas Porteñas est salué par la critique. En 2007, il crée le Conjunto Negrecha, un ambitieux orchestre de tango qui travaille sur la relecture du répertoire, son actualisation et la création de nouvelles pièces. En 2009, avec son projet Monteverdi-Piazzolla, il est l’invité du chef d’orchestre García Alarcón au festival de musique baroque d’Ambronay. En 2014, il donne sa suite pour quatuor à cordes et bandonéon Les Hommes de Piaf avec le Quatuor Terpsycordes. Le public genevois a eu l’occasion de l’entendre en septembre 2013 au Victoria Hall de Genève, lors du concert de notre 40 e anniversaire. Aurélie Gallois débute le violon à l’âge de cinq ans avec Eliane Vavasseur. Elle obtient plusieurs premiers prix à des concours (Bellan, Nérini, UFAM) et, en 2003, un premier prix de violon et de musique de chambre à l’unanimité, avant de se perfectionner dans la classe de Catherine Jacquet. Au sein du groupe familial TOT’M, elle s’initie dès l’adolescence aux musiques d’Irlande et d’Europe de l’Est et développe son amour pour les musiques populaires en évolution, tout en continuant d’interpréter un répertoire classique. En 2004, sa rencontre avec le bandonéoniste Olivier Manoury va être déterminante dans son parcours, faisant naître une véritable 24 25 passion : le tango. Elle étudie le tango traditionnel et populaire, s’initie à un répertoire de tango plus contemporain au sein du Cuarteto Lunares pour lequel elle écrit tous les arrangements. Depuis, elle multiplie les expériences dans l’univers du tango contemporain ou traditionnel, en France et à l’étranger. Avec son premier groupe, Los Lobos del Tango, elle joue la musique d’Andrea Marsili, Victor Parma et Gerardo Jerez Le Cam ; elle joue également Pugliese, Salgan ou Di Sarli avec l’Orquesta Silbando et se produit enfin avec le Trio Celebración. L’enregistrement d’albums ponctue régulièrement sa carrière. Sa seconde passion est la musique baroque et médiévale sur instruments anciens. Dès 2008, elle étudie le violon et l’alto baroque et obtient en 2011 son Diplôme d’études musicales de musique ancienne, puis entre en 2012 au Cycle concertiste du Conservatoire à rayonnement régional de Paris où elle étudie avec Pierre Bismuth. Elle a également occupé le poste de violoniste au sein du Quatuor à cordes de l’Armée de Terre et joué en soliste avec l’Orchestre de la Musique Principale de l’Armée de Terre. 2004, il rejoint l’Orquesta Escuela de Tango avec lequel il se produit régulièrement à Buenos Aires et participe à de nombreux enregistrements. Pendant cette période et jusqu’en 2005, il développe une intense activité musicale en Argentine comme accompagnateur de tango et entreprend de nouveaux projets avec Kelo Palacios, guitariste et compositeur de folklore, en compagnie duquel il se produira en France en 2005. De retour en France, il intègre le Cuarteto Cedrón et le Cuarteto Gancedo. En 2007, il participe avec l’Alter Quintet à l’enregistrement du dernier disque de Raúl Barboza ; avec cet ensemble, il réalise une résidence en Poitou-Charentes, suivie d’une tournée en Argentine et au Brésil. Depuis 2007, il accompagne le groupe chilien Quilapayún. Parallèlement, il cherche à promouvoir avec l’association Buenos Aires Musiques les échanges entre musiciens français et argentins et sensibilise les enfants à la culture argentine en organisant des ateliers et des concerts éducatifs. Il participe comme intervenant, dès 2006, aux orchestres-écoles de tango. Sollicité par José Luis Barreto et Ludovic Michel, il est contrebassiste soliste au sein de leur ensemble Tanguísimo. Romain Lecuyer commence par étudier la guitare avec Roberto Aussel. Après l’obtention d’un Diplôme d’études musicales en 1999, il découvre les musiques actuelles et improvisées ; il opte alors pour la contrebasse. Parallèlement, il s’initie aux musiques actuelles en participant à une résidence avec Julien Lourau. Un voyage en Argentine déterminera de nouveaux choix musicaux. La découverte du tango l’incite à s’inscrire à l’Escuela de Musica Popular d’Avallaneda où il étudie également le folklore argentin. De 2002 à Le projet Trio Celebración de William Sabatier est soutenu par la SPEDIDAM (Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes). www.williamsabatier.com Les œuvres Le terme tango, à l’étymologie incertaine, est originaire de la communauté noire d’Amérique latine issue de l’esclavage ; il a connu divers sens au sein de cette communauté, dont l’un des premiers fut l’« endroit où le négrier parquait les esclaves avant l’embarquement ». Le tango comme genre musical est né, avec la danse du même nom, à Buenos Aires entre 1850 et 1900. Bien que le fondement harmonique du tango soit européen, la rythmique contient en partie des modèles africains et latino-américains (comme le rythme habanera). Les premiers tangos avaient un rythme 2/4, supplanté dès 1920 par la mesure 4/4. Le mode de jeu des orchestres de tango est en partie polyphonique et réparti de manière égale entre les groupes instrumentaux, si bien que les instruments se relaient soit dans leur fonction d’instruments rythmiques, soit en portant le thème et le contrecando (contre-chant). La technique musicale et l’usage de la sonorité dans l’instrumentation du tango n’étaient pas fixés et purent être développés, dans la première moitié du XXe siècle, jusqu’à la virtuosité. Un orchestre de tango typique est composé d’un piano, d’une contrebasse, de deux violons et de deux bandonéons. Le bandonéon, instrument phare du tango, fut introduit aux alentours de 1850 par les immigrants ; sa sonorité d’instrument à vent lui permet de remplacer les parties jouées initialement par la flûte ; dans les notes aiguës, le bandonéon sonne comme un violon, ce qui rend le jeu en commun plus aisé. A partir de 1960, et en particulier avec Astor Piazzolla, certains compositeurs ont écrit des tangos aux rythmes complexes et changeants, difficiles à danser, plus adaptés à une exécution en concert qu’aux soirées dansantes, les milongas argentines. texte : Laure Bovy Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 26 27 ROBERTA MAMELI Biographies 10-11 août, 18h30 soprano Eglise Saint-Germain rue des Granges MICHEL KIENER pianoforte Une soprano experte du baroque et un pianofortiste spécialiste de l’interprétation authentique nous présentent des chefs-d’œuvre du classique. FRANZ JOSEPH HAYDN (1732 - 1809) Englische Canzonetten Hob. 26a WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756 - 1791) Oiseaux si tous les ans, KV 307 Dans un bois solitaire, KV 308 Das Lied der Trennung, KV 519 Als Luise die Briefe ihres ungetreuen Liebhabers verbrannte, KV 520 Abendempfindung, KV 523 FRANZ JOSEPH HAYDN Photo : DR Photo : Kohei Take Arianna a Naxos, cantata Hob. 26b:2 Roberta Mameli, née à Rome, diplômée en chant au Conservatoire de Musique Giuseppe Nicolini de Plaisance et en violon à la Scuola Civica de Crémone, a suivi des master classes avec Bernadette Manca di Nissa, Ugo Benelli, Claudio Desdari, Enzo Dara, entre autres. Elle a travaillé le répertoire de musique ancienne avec Roberta Invernizzi et Sara Mingardo. Elle est régulièrement invitée par les opéras et les salles de musique les plus prestigieux, avec un répertoire qui va du baroque au XXe siècle. La plupart des grands festivals l’ont accueillie, ainsi le Festival de Musique Ancienne de Rome, le Festival Baroque de Viterbo, La Folle Journée de Nantes, le Festival de la Chaise-Dieu, ceux de Royaumont, de Santander, de Graz et le Forum Alte Musik de Cologne. Elle a travaillé sous la baguette des chefs les plus renommés, tels que Claudio Abbado, Christopher Hogwood, Jordi Savall et Jeffrey Tate. Très demandée pour le répertoire baroque, Roberta Mameli collabore avec plusieurs ensembles pratiquant sur instruments d’époque, tels que l’Accademia Bizantina, La Venexiana, Le Concert des Nations, entre autres. Parmi les opéras qu’elle a interprétés, figurent ceux de Mozart, Monteverdi, Haendel, Cherubini et Wagner. Roberta Mameli donne des master classes de chant, notamment en Italie, en Autriche et au Japon. Sa discographie est impressionnante : on se limitera à citer, parmi les enregistrements les plus récents, L’Incoronazione di Poppea et, au nombre de ses projets, plusieurs œuvres de Haendel, dont Atalanta, Armida ou encore Alcina. Son album Round M : Monteverdi meets Jazz a été l’une des meilleures ventes 2010. www.robertamameli.com Né à Genève, Michel Kiener se forme au conservatoire de cette ville, où il obtient les prix de virtuosité de piano et de clavecin. Il poursuit ses études au Conservatoire Sweelinck d’Amsterdam avec Anneke Uittenbosch et Gustav Leonhardt. Il est ensuite lauréat du Concours international de clavecin de Bruges. Sa formation parallèle de pianiste et de claveciniste lui permet d’aborder le toucher très particulier des pianofortes des XVIIIe et XIX e siècles. Une large activité consacrée à la musique de chambre lui vaut d’être le partenaire de nombreux artistes, parmi lesquels figurent les meilleurs interprètes de la musique sur instruments historiques, notamment Christophe Coin, les frères Kuijken, Erich Höbarth, Ryo Terakado, Gustav Leonhardt, les ensembles Il Giardino Armonico et Il Gardellino ainsi que les chanteuses Guillemette Laurens, Jennifer Smith et Marie-Claude Chappuis. Ses enregistrements font référence : « La version intégrale de Michel Kiener des Variations Goldberg de J.S. Bach est de bout en bout une merveille, peut-être l’une des plus personnelles et des plus abouties que le disque nous ait données ces dernières années » (Diapason). A propos de l’intégrale de l’œuvre pour clavecin de J.P. Rameau, on peut lire dans Répertoire : « Entre confidence et fière élégance, cette version est à compter désormais parmi les références », ou dans Le Temps : « Magnifiquement enregistrée, cette intégrale des Pièces de clavecin de Rameau se hisse d’emblée au sommet ». Sa discographie comporte également un récital de musique romantique avec la soprano Marta Almajano et un récital de sonates et fantaisies pour le pianoforte de 28 W.A. Mozart. Michel Kiener est membre fondateur de l’ensemble Fratres, conseiller artistique de l’association Amarcordes, et a été, pendant près de trente ans, conseiller artistique des Concerts d’été à SaintGermain. Menant de front ses activités de concertiste et de pédagogue, il est en outre fortement engagé dans la recherche fondamentale : son approche permet de travailler entre autres sur le rubato, la notion de legato propre à la musique dite « ancienne », la référence au parler et au chant humain, au ressenti des affects. Les œuvres Fidelity, She never told her love et The wanderer appartiennent aux deux recueils de six chansons anglaises que Joseph Haydn écrivit à Londres en 1794 et 1795, publiés sous le titre English Canzonettas. Haydn leur ajouta trois mélodies publiées séparément, dont O tuneful voice. Les canzonettas anglaises exploitent une palette émotionnelle bien plus variée que les lieder allemands ; par leur écriture, elles évacuent l’influence de la romance pour anticiper le lied romantique. Si les canzonettas sont généralement de forme strophique, Haydn introduit souvent dans les reprises des variantes significatives. Ainsi par exemple, dans The wanderer, avec ses silences inquiets et ses harmonies chromatiques tourmentées, la seconde strophe révèle une partie vocale identique alors que la partie de clavier y est enrichie par une nouvelle mélodie expressive en contrepoint dans le registre d’alto, ce qui confirme que Haydn pensait au quatuor à cordes en écrivant ces mélodies. Fidelity, avec son fa mineur passionné, aurait pu être jouée, sans grande modification, 29 comme une œuvre de « Sturm und Drang » pour clavier seul. Haydn donne l’impression de se servir du sens général des mots, plutôt que des contours du poème, pour créer une structure de forme sonate, autonome et libre : à l’introduction turbulente en fa mineur, succède un second thème apaisant en la bémol ; suit le développement central court et modulant, une réexposition du thème en fa majeur qui comprend un éclat final orageux en fa mineur et un postlude expressif au piano, teinté de chromatisme. She never told her love est la seule mélodie que Haydn composa sur un texte de Shakespeare. Musicalement traité sous forme d’arioso libre, ce texte permet une richesse de contrastes rhétoriques et audacieux. O tuneful voice parvient à une véritable interpénétration de la poésie et de la musique, avec une forme qui reflète et accentue la progression émotionnelle des strophes. Anna Hunter, une amie de Haydn, écrivit ce poème comme un cadeau d’adieu pour le compositeur avant qu’il ne quitte définitivement l’Angleterre. Wolfgang Amadeus Mozart aimait la musique et la voix humaine dont il s’est servi comme instrument prédominant de l’expression musicale tout au long de sa carrière. Les deux chants sur des poèmes français, Oiseaux si tous les ans et Dans un bois solitaire, ont été écrits durant son séjour à Mannheim pour Gustl Wendling, fille du compositeur et flûtiste Johann Baptist Wendling, qui aurait elle-même offert les textes à Mozart. Das Lied der Trennung date de 1787, l’année de Don Giovanni et de la Petite Musique de Nuit. C’est l’un des chants les plus émouvants de Mozart, la fin en est proprement bouleversante. Als Luise die Briefe... condense de manière prodigieuse, en 21 mesures, le regret de voir se consumer les feuilles, la douleur, et l’amour qui continue à brûler ; le caractère pathétique de ce lied en fait l’un des plus romantique du compositeur. Abendempfindung, écrit quelques jours après que Mozart eut appris la mort de son père, est d’une profonde tristesse ; il représente une magnifique méditation sur la mort en voyant la nuit tomber. Arianna a Naxos, cantate pour soprano et clavier écrite en 1787, devint l’une des œuvres préférées de Haydn. Le compositeur ne donna jamais suite à son intention d’en écrire un accompagnement orchestral. Quoiqu’il en soit, la partie de clavier est dotée d’une écriture hautement idiomatique ; son caractère expressif, tout comme ses nuances, suggèrent clairement l’emploi d’un fortepiano et non d’un clavecin. Le destin de la princesse crétoise abandonnée par Thésée sur l’île de Dia (Naxos), a attiré maints compositeurs, de Claudio Monteverdi à Richard Strauss. Le texte anonyme que Haydn a mis en musique porte en luimême un dénouement tragique. Cette cantate alterne récitatifs et arias en quatre sections distinctes : l’œuvre s’ouvre par un récitatif lent et pensif, en mi bémol « Teseo mio ben », suivi d’une aria en si bémol, notée largo, « Dove sei mio bel tesoro », dont la phrase initiale, merveilleusement sensuelle, n’est pas sans rappeler le « Dove sono » de la Comtesse de Figaro. L’angoisse intérieure d’Arianna devient de plus en plus perceptible, exprimée par l’instabilité harmonique de la musique et ses brusques changements dans le mode mineur. L’aria se désunit pour laisser la place au second récitatif « Ma, a chi parlo chi ? », d’un drame intense, riche en variations de motifs et de tempo. Puis, lorsque son abandon s’impose douloureusement à elle « Ei qui mi lascia », Arianna éprouve tour à tour le désespoir et l’indignation dans l’arioso poignant en fa mineur « Già più non reggo ». La fille de Minos retrouve une ultime dignité royale dans l’introduction en fa majeur de la dernière aria « Ah, che morir vorrei », mais sa détresse outragée fait une dernière fois irruption dans le presto conclusif en fa mineur. Après le dernier éclat désespéré de la chanteuse en fa mineur « Misera abandonata », le postlude du piano culmine en une cadence en fa majeur qui se joue presque de la conclusion lugubre et laconique de l’œuvre. texte : Laure Bovy Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 30 31 QUATUOR TERPSYCORDES et QUATRE INSTRUMENTISTES Girolamo Bottiglieri, violon Raya Raytcheva, violon Caroline Cohen-Adad, alto François Grin, violoncelle Biographies 17-18 août, 18h30 Le Quatuor Terpsycordes, fondé en 1997, a été récompensé lors de nombreux concours internationaux, dont un Premier prix à Genève en 2001. Eglise Saint-Germain rue des Granges Les membres de cet ensemble ont suivi l’enseignement de Gábor TakácsNagy avant de se perfectionner auprès de membres des quatuors Budapest, Hagen, Lasalle ou Mosaïques, notamment. Galvanisés par le contraste de leurs origines (Italie, Bulgarie et Suisse), ils gardent toujours à l’oreille le souffle de la muse Terpsichore qui relie le geste et l’esprit. Terre, psy, cordes. Lorenzo Coppola, clarinette Giorgio Mandolesi, basson Olivier Darbellay, cor Michaël Chanu, contrebasse Jouant des instruments d’époque, le quatuor genevois et ses amis dévoilent la richesse des timbres de deux chefs-d’œuvre du classique. Ses enregistrements reflètent la volonté de toucher l’essence du texte, dans une démarche alliant rigueur et fantaisie : La jeune fille et la mort de Schubert et l’Opus 132 de Beethoven, révélés pour la toute première fois sur instruments d’époque (Ricercar et Ambronay Editions), Schumann (Opus 41) et Haydn (Opus 33 et Les sept dernières paroles du Christ en Croix) mis en regard (Claves et Ricercar), sans oublier des créations contemporaines du compositeur suisse Gregorio Zanon (Claves). WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756 - 1791) Quintette avec clarinette en la majeur, KV 581 LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770 - 1827) Septuor pour vents et cordes en mi bémol majeur, op. 20 Photo : DR Photo : Patrick Bühler www.terpsycordes.com Lorenzo Coppola est né à Rome. Après la clarinette moderne, il étudie les clarinettes historiques avec Erich Hoeprich au Conservatoire royal de La Haye. Installé à Paris depuis 1991, il a collaboré avec plusieurs ensembles, parmi lesquels le Freiburger Barockorchester, Les Arts Florissants (W. Christie), l’Orchestre du XVIIIe siècle (F. Bruggen), La Grande Écurie et la Chambre du Roy (J.C. Malgoire), La Petite Bande (S. Kuijken) et Libera Classica (H. Suzuki). Il a la chance de partager son amour pour la musique de chambre avec des artistes comme Andreas Staier, Isabelle Faust, Alexander Melnikov, Hidemi Suzuki, et des ensembles tels que Zefiro (A. Bernardini), le Manon Quartett (A. Daskalakis), le Quatuor Kuijken (S. Kuijken), le Quatuor Terpsycordes. Il est professeur de clarinette ancienne à l’École supérieure de musique de Catalogne à Barcelone. Après avoir obtenu en 1991 son Premier prix au Conservatoire de musique Santa Cecilia de Rome, le bassoniste Giorgio Mandolesi étudie avec Milan Turković à l’École de musique de Florence et Daniele Damiano (premier basson solo du Berliner Philarmoniker) à l’Accademia Chigiana de Sienne. Basson solo à l’Orchestra Giovanile Italiana et à la Gustav Malher Jugend Orchester, il remporte quatre concours de basson solo à Cagliari, Venise, Gênes et Paris. Après avoir exercé cette fonction au Théâtre San Carlo de Naples et au Théâtre Carlo Felice de Gênes, il entre, dans la même position, à l’Orchestre de Paris. Il étudie le basson baroque et classique avec Alberto Grazzi à la Scuola Civica di Musica de Milan, où il obtient un Premier prix en 1999. Il joue ensuite avec plusieurs ensembles et orchestres sur instruments anciens et est également membre des octuors à vents classiques Philidor et Zefiro. Il est actuellement professeur de basson moderne et baroque à la Musikhochschule Winterthur et assistant 32 33 pour la classe de basson au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il enregistre pour différentes maisons de disques, telles que Virgin, Calliope, Stradivarius et Bongiovanni. Olivier Darbellay est né à Berne. Il étudie le violoncelle au conservatoire de sa ville natale avec Patrick Demenga et Peter Hörr et termine en même temps ses études de cor auprès de Thomas Müller à Berne et à Bâle. Avec Bruno Schneider, il obtient son diplôme avec distinction à Fribourg-en-Brisgau. Après ses Premiers prix au concours de la Tribune des jeunes interprètes à Lisbonne en 2000 et de l’Union des radios francophones, il joue en soliste et comme chambriste dans le cadre de nombreux festivals ainsi que sur les scènes les plus prestigieuses d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie. Ses intérêts se partagent entre l’interprétation de la musique baroque et classique sur instruments d’époque et le répertoire contemporain. Sa collaboration avec des compositeurs comme Heinz Holliger, Brice Pauset, Rico Gubler et Jean-Luc Darbellay, qui ont écrit pour lui, est d’une importance particulière. En plus de ses activités d’interprète, il est professeur aux Hautes écoles de Lausanne et de Lucernei; l’aspect pédagogique a ainsi pris des dimensions de plus en plus enrichissantes et importantes, avec des cours d’interprétation et des ateliers en Europe, en Russie et en Asie. www.olivierdarbellay.com Médaillé d’or de contrebasse et de solfège à l’École nationale de musique de Valence en 1989, Michaël Chanu se perfectionne au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (1993), puis au Conservatoire de Montréal (1994). Soliste de l’Ensemble Orchestral Contemporain de Daniel Kawka depuis 1994, il affectionne tout particulièrement le répertoire de musique contemporaine, mais participe aussi à diverses productions avec l’Orchestre National de Lyon, l’Orchestre National de l’Opéra de Lyon, l’Orchestre de Besançon et l’Orchestre de Montpellier. Spécialisé dans l’interprétation de la musique ancienne sur instruments historiques, il a été pendant quinze ans contrebassiste de l’Ensemble 415 sous la direction de Chiara Banchini. Il est aussi membre fondateur de l’Ensemble Unisoni et joue avec la Chambre Philarmonique, le Parlement de Musique, le Concert de l’Hostel Dieu, les Musiciens du Louvre et les Nouveaux Caractères. Michaël Chanu s’est également produit en musique de chambre dans de nombreux festivals aux côtés d’artistes tels que Régis Pasquier, Alain Planès, Gérard Caussé, Christophe Coin, Isabelle Moretti, le Quatuor Ravel et le Quatuor Terpsycordes. Il exerce également des activités pédagogiques et a participé à une quinzaine d’enregistrements. Les œuvres On sait que la clarinette – encore peu courante à l’époque – a une signification toute particulière pour Wolfgang Amadeus Mozart : dès son affiliation à la franc-maçonnerie, elle va devenir l’instrument par excellence de cette fraternité. Pour corroborer ce rôle symbolique, rappelons l’importance du chiffre trois pour cette confrérie. Or les tons de mi bémol (trois bémols à la clef) et de la majeur (trois dièses) conviennent tout particulièrement à l’instrument. Ce sont ceux des trois chefs-d’œuvre que le compositeur a consacrés à la clarinette. Le Quintette avec clarinette en la majeur est dédié à Anton Stadler, l’ami intime de Mozart et le plus grand clarinettiste de son temps. Il était également facteur de cet instrument dont il avait notamment étendu le registre vers le grave. C’est lui qui créa ce quintette le 22 décembre 1789 avec Mozart à l’alto. Le registre grave est d’ailleurs particulièrement exploité dans cette œuvre, certes brillante, mais aussi tendre et heureuse. Si la clarinette émerge naturellement par son timbre, Mozart n’en fait pas pour autant un instrument dominateur : les cordes dialoguent avec elle dans un grand équilibre des rôles, en un esprit de tolérance et de fraternité. Dans le Septuor pour vents et cordes en mi bémol majeur de Ludwig van Beethoven, les trois instruments à vent (clarinette, basson et cor) s’associent à un quatuor à cordes composé d’un violon, d’un alto, d’un violoncelle et d’une contrebasse. La pièce, dédiée à l’impératrice Marie-Thérèse, date de la fin de la première période créatrice du compositeur. Elle remporta d’emblée un immense succès qui finit par lasser Beethoven. Parlant de cette œuvre quelques années plus tard, il déclara : « Il y a là-dedans beaucoup d’imagination, mais peu d’art... ». Le public d’aujourd’hui, comme celui d’alors, ne partagera certainement pas cette sévérité et appréciera une formation peu courante et riche en timbres, puisqu’elle associe bois, cuivre et cordes. Les musiciens doivent faire preuve de virtuosité pour rendre tout le piquant de cette œuvre brillante, vive, voire parfois humoristique texte : Christiane Privat Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 34 CHRISTOPH PRÉGARDIEN ténor 35 24-25 août, 18h30 Eglise Saint-Germain rue des Granges MICHAEL GEES piano Le célèbre cylce romantique de lieder dans l’interprétation du plus grand ténor spécialiste de ce répertoire et de son pianiste d’élection. ROBERT SCHUMANN (1810 - 1856) Cinq Lieder op. 40, sur des textes de Hans Christian Andersen, traduits par Adalbert von Chamisso (1840) Biographies Les œuvres Le ténor Christoph Prégardien est une des principales figures du lied et de l’oratorio de ce dernier quart de siècle. Il a également un répertoire d’opéra considérable. Il est le partenaire des plus grands chefs (Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs, Wolfgang Sawallisch, Riccardo Chailly) et orchestres. Ses nombreux enregistrements de lieder (avec Michael Gees et Andreas Staier) ont fait sensation. Il a reçu de très nombreuses distinctions autant pour ses enregistrements que pour sa carrière. Récemment, il a dirigé la Passion selon Saint Jean, prémisse d’une carrière de chef d’orchestre. Il enseigne à la Hochschule für Musik de Cologne et il a publié un livre de pédagogie du chant. On rapporte que Robert Schumann pleura toute la nuit après avoir appris que Franz Schubert, son idole qu’il espérait rencontrer et dont il aimait particulièrement les lieder, était mort (19 novembre 1828). En 1840, Schumann a déjà composé l’essentiel de son œuvre pianistique, dont l‘inspiration doit beaucoup à la littérature et aux figures de E.T.A. Hoffmann et de Jean Paul. De fait, jusqu’à cette date, à l’exception d’une dizaine de lieder de jeunesse, il n’a écrit que pour le piano. Or, le 1er février 1840, à Leipzig, après de longs mois d’improductivité tourmentée, il compose le premier des plus de 130 lieder qui surgiront cette année-là, avant qu’il n’abandonne le genre pour les sept années suivantes. Dans cette éclosion miraculeuse, on compte les œuvres les plus importantes du répertoire depuis la mort de Schubert. De force agissante implicite dans l’œuvre pianistique, la poésie devient moteur explicite de l’expression musicale. www.pregardien.com Six Lieder et Requiem op. 90, sur des textes de Nikolaus Lenau (1850) Dichterliebe op. 48, cycle de Lieder, sur des textes du Lyrisches Intermezzo de Heinrich Heine Photo : © Prégardien / Gees Michael Gees, pianiste et compositeur, fut un enfant prodige. A quinze ans, il renonce à la carrière toute tracée, et déjà bien engagée, pour élargir son horizon. Revenu à la musique, il déploie une activité de musique de chambre et d’accompagnateur de lied, largement saluée par la critique et récompensée. Il dirige le Consol Theater de Gelsenkirchen, un incubateur pour jeunes talents artistiques. Il est, lui aussi, professeur à la Hochschule für Musik de Cologne. www.michaelgees.de Les Lieder opus 40 ont été composés en juillet, immédiatement après le cycle Frauenliebe und Leben sur des textes d’Adelbert von Chamisso, qui est aussi le traducteur autant que l’adaptateur des poèmes de Hans Christian Andersen. Le premier lied Märzveilchen (la violette de mars) se rapproche de l’ouverture de Dichterliebe par son thème : dans l’extase d’un jour ensoleillé un jeune homme admire une fenêtre ornée de fleurs dessinées par le givre ; derrière la vitre, les yeux bleus souriants d’une jeune fille. Le poème se conclut par un appel ironique à la clémence divine pour le jeune homme. La thématique des trois lieder centraux est particulièrement désespérée : Muttertraum (le rêve d’une mère) peint une 36 mère berçant tendrement son petit tandis qu’à la fenêtre les corbeaux se réjouissent de dévorer le cadavre du futur voleur sur le gibet ; Der Soldat est le récit de l’exécution d’un soldat par son meilleur ami qui, seul du peloton, l’atteindra au cœur ; Der Spielmann (le violoneux) est la vision par le poète d’un violoneux dont les cheveux blanchissent à mesure qu’il joue pour la noce de sa bienaimée avec un autre. Le poète-musicien réalise à l’expression des spectateurs que le même sort est en train de lui advenir. La thématique du musicien jouant à la noce de celle qu’il aime était déjà celle du neuvième lied de Dichterliebe. Verratene Liebe (l’amour trahi) est une adaptation d’un poème grec moderne anonyme transcrit par Claude Fauriel (1772-1844) et traduit par Chamisso. Un couple d’amoureux s’embrasse sous les étoiles. Ils se croient seuls, mais une étoile tombe du ciel, et bientôt toute la nature répand la nouvelle de leur amour. La noirceur des poèmes centraux contraste avec le bonheur de Schumann, puisque son mariage est alors assuré, les bans seront publiés le mois suivant. Les Lieder opus 90 furent composés en juillet 1850 à Dresde, à la veille du départ pour Düsseldorf. Schumann voulait honorer la mémoire de Nikolaus Lenau, confiné dans un asile d’aliénés depuis 1844, et qu’il supposait mort. En fait, il apprit son décès (22 août 1850) le jour de la création de ces lieder le 25 août. Les six poèmes de Lenau sont suivis d’une paraphrase du Requiem attribuée à Héloïse en mémoire d’Abélard. L’ensemble s’ouvre par le Lied eines Schmiedes (chant d’un forgeron) extrait du Faust de Lenau (le poème qui inspira la Faust-Symphonie de Liszt). Le forgeron ferre le cheval de 37 Faust en lui souhaitant un heureux voyage, espoir démenti par la tragédie en cours. Le sublime Meine Rose dit la dévotion amoureuse, extatique, à la rose mourante, brulée par le soleil ; Kommen und Scheiden est l’évocation des retrouvailles avec l’aimée, vécues comme les premiers bourgeons du printemps, et de son départ, qui est comme la disparation du dernier rêve de jeunesse. Die Sennin (la gardienne de vaches), évoque la jeune femme et son chant (une imitation de yodle) promis à la disparition ; Einsamkeit (solitude) est un paysage de désolation, refuge de celui qui a renoncé à l’amour. Der schwere Abend (le soir pesant), dans la tonalité funèbre de mi bémol mineur, évoque l’amertume d’un soir de séparation, l’amour finissant et le souhait de mort pour les amants. Dichterliebe (les amours du poète) fut composé entre le 24 mai et le 1er juin 1840. Schumann avait brièvement rencontré Heinrich Heine à Munich en 1828, à l’occasion d’un pèlerinage à Bayreuth sur la tombe de Jean Paul. Il avait découvert peu après le Buch der Lieder (1827) où figure le Lyrisches Intermezzo, d’où sont extraits les poèmes du cycle. Le titre du cycle ainsi que ceux des lieder individuels (leur incipit) sont de Schumann. Le projet initial, hypothétique, de composer l’entièreté de l’Intermezzo (65 poèmes !) a rapidement cédé la place à un ensemble de vingt lieder, dont, lors de la publication en 1844, il retranchera encore quatre lieder qui furent publiés séparément en 1854 et 1858. La décision de retirer ces lieder dénote le souci de resserrer l’ensemble, sans tenir compte de la grande qualité des pièces écartées (une décision regrettée par Charles Rosen). La forme cyclique, inaugurée par Beethoven (An die ferne Geliebte, 1816) et reprise par Schubert, est ici manifeste par la progression émotionnelle plus que narrativei: la naissance de l’amour, la trahison, le désespoir, la consolation ironique. L’unité du cycle est surtout évidente dans la logique des enchaînements harmoniques des lieder. Aucun des éléments du cycle ne peut exister indépendamment des précédents ; leur brièveté et leur caractère parfois inachevé harmoniquement leur donne le caractère typiquement romantique de fragments. Le piano n’est pas ici un accompagnateur mais un narrateur, à partie égale avec le chant. Le cycle se termine par la longue citation au piano de la conclusion du douzième lied, comme un surgissement nostalgique du souvenir. texte : Michel Starobinski Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 38 39 BOGDAN ZVORISTEANU 31 août / 1er sept., 18h30 violon Eglise Saint-Germain rue des Granges ALESSIO NEBIOLO guitare Violoniste virtuose par excellence mais également guitariste, Paganini nous a laissé une grande quantité de musique pour ces instruments, synthèse exquise entre qualité technique et richesse mélodique. PABLO DE SARASATE (1844 - 1908) Romanza Andaluza NICCOLÒ PAGANINI (1782 - 1840) FRANCISCO TÁRREGA (1852 - 1909) Danza Mora pour guitare Capriche Arabe pour guitare BÉLA BARTÓK (1881 - 1945) Sonate n° 6 Six danses populaires roumaines Sonata Concertata MS 2 Deux Caprices pour violon seul ISAAC ALBÉNIZ (1860 - 1909) MANUEL DE FALLA (1876 - 1946) Sevilla Tres canciones populares españolas TOMAS BARRERA (1870 - 1938) et RAFAEL CALLEJA (1870 - 1938) Adios Granada (extrait de la zarzuela « Emigrantes ») Biographies Bogdan Zvoristeanu a commencé ses études de violon avec son père et les a poursuivies à l’Académie de musique de Budapest auprès de Ştefan Gheorghiu. Au bénéfice d’une bourse de l’Académie internationale de musique Menuhin (IMMA), il approfondit ses connaissances à Gstaad avec Alberto Lysy. Il est lauréat de plusieurs concours, notamment Tibor Varga (Sion), George Enescu (Bucarest), Leopold Mozart (Salzbourg), Concours international de Genève. Comme soliste et chambriste, il a participé à de nombreux festivals au Japon, en Chine, en Corée, au Canada, en Amérique du Sud ainsi que dans toute l’Europe. Plusieurs de ses interprétations ont fait l’objet d’enregistrements en direct et ont été retransmises par diverses stations de radio. En 2008, pour le trentième anniversaire de l’IMMA, il a interprété l’intégrale des œuvres de Johann Sebastian Bach pour violon seul, enregistrée par le label Dinemec Classics. Depuis 2002, Bogdan Zvoristeanu est premier violon solo de l’Orchestre de la Suisse Romande. Il joue sur un violon de Nicolò Gagliano datant de 1761, gracieusement prêté par la Fondation Tharice de Bâle. Né à Alessandria (Italie), Alessio Nebiolo commence ses études musicales sous la direction du professeur Gianpiero Biello à Asti ; il les poursuit avec Guido Margaria au Conservatoire Antonio Vivaldi de sa ville natale. En 2003, il obtient au Conservatoire de Lausanne le diplôme de virtuosité avec félicitations du jury, sous la conduite du guitariste brésilien Dagoberto Linhares. Sa formation se termine avec un diplôme de soliste (avec orchestre) qu’il obtient en 2005, également avec les félicitations du jury, et le prix pour le meilleur diplôme de soliste. Il est déjà lauréat de plusieurs concours. Il mène aujourd’hui une carrière internationale et se produit comme soliste à travers le monde ; il participe à d’importants festivals et a donné des récitals dans la plupart des pays européens, en Asie, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Il collabore avec le Grand Théâtre de Genève et l’Orchestre de la Suisse Romande. Il a enregistré cinq albums avec différents labels en France (Arpeggio), en Italie (Classica Viva, GuitArt) et au Mexique (Tempus). Depuis 2001, il fait partie du Lausanne Guitar Trio et, dès 2003, joue en duo avec l’accordéoniste Nadio Marenco. Alessio Nebiolo est par ailleurs professeur de guitare au Conservatoire de Musique de Genève. Photo : Philippe Pache Photo : DR www.alessio-nebiolo.com 40 Les œuvres Deux « Hommages » dans ce programme : l’un à Niccolò Paganini, l’autre à Francisco Tárrega. C’est évidemment comme violoniste et compositeur pour cet instrument que Niccolò Paganini est le plus connu. Né à Gênes, il faisait à treize ans déjà une première tournée et composait de la musique complexe. Avec sa virtuosité et son magnétisme personnel, son succès fut énorme, non seulement en Italie mais aussi à Vienne, en Allemagne (Goethe, Heine et Schumann l’admiraient), à Paris et à Londres. Doué d’un sens certain de la publicité, il cultivait son apparence méphistophélique et des histoires couraient sur ses pouvoirs diaboliques... Paganini a véritablement révolutionné la technique du violon. Il fait un grand usage des harmoniques, du staccato et du pizzicato (y compris à la main gauche), pratique la « scordatura » (désaccord) pour obtenir des effets spéciaux, lance de nouveaux coups d’archet. Son instrument préféré était le Cannone, un Guarneri de 1743, mais il appréciait aussi le Vuillaume, fidèle reproduction du Cannone fabriquée par le luthier français Jean-Baptiste Vuillaume. Il possédait également des Amati et des Stradivarius. On sait moins que Paganini fut aussi un remarquable guitariste et qu’il a composé des œuvres pour cet instrument. Le duo interprétera sa Sonate n° 6 et la Sonata Concertata MS 2. Enfin, deux de ses fameux Caprices seront joués au violon seul. Le second hommage va à Francisco 41 Tárrega, musicien moins connu, pourtant considéré comme le père de la guitare moderne. Ses débuts dans la vie sont pittoresques. Né à Villarreal, en Espagne, il y commença ses études musicales, poursuivies à Barcelone auprès de Julián Arcas. Il dut les interrompre lorsque Arcas parti en tournée à l’étranger et, alors âgé de seulement dix ans, il fit une première fugue et essaya de commencer une carrière dans les cafés et les restaurants de Barcelone... Il fut bientôt retrouvé et ramené à son dévoué père. Trois ans plus tard, nouvelle fugue, pour Valence cette fois, où il rejoignit un groupe de bohémiens. A nouveau, son père le retrouva ; mais il repartit une troisième fois, encore à Valence. Ce fut sa dernière tentative d’évasion. Il entra au Conservatoire de Madrid en 1874 et y étudia aussi la composition. A la fin des années 1870, il enseignait la guitare et donnait régulièrement des concerts. Tárrega rencontra beaucoup de succès et commença à voyager dans d’autres régions d’Espagne. C’est alors qu’il composa ses premières œuvres pour guitare, en plus de jouer celles d’autres compositeurs. Il était connu comme le « Sarasate » de la guitare (voir ci-après) et a beaucoup contribué à faire connaître son instrument, jusqu’alors confiné à l’accompagnement, comme un instrument de récital. A notre programme, sa Danza Mora, inspirée par un rythme de tambour qu’il entendit à Alger, et Capriche Arabe. Pablo de Sarasate, espagnol également, est comme Paganini violoniste virtuose et compositeur. Il a étudié à Madrid et à Paris. Très célèbre lui aussi, renommé pour sa pureté de son, il a créé de nombreuses œuvres composées pour lui, entre autres la Symphonie espagnole de Lalo, les deuxième et troisième Concertos de Bruch, et, de Saint-Saëns, les premier et troisième concertos ainsi que son Introduction et Rondo Capriccioso. Sa propre musique est généralement inspirée du folklore espagnol ; c’est le cas de la Romanza Andaluza par laquelle débutera le concert d’aujourd’hui. Le programme fait encore honneur à la musique espagnole avec Sevilla, d’Isaac Albéniz, et Trois chansons populaires espagnoles de Manuel de Falla. Extrait de la zarzuela (une sorte d’opérette espagnole) intitulée Emigrantes, de Tomas Barrera et Rafael Calleja, Adios Granada est certainement une de leurs pièces les plus connues. Nous quitterons enfin le sud de l’Europe pour écouter une œuvre bien connue de Béla Bartók, six de ses Danses populaires roumaines. Nous restons dans le style général de ce programme avec cette musique d’inspiration folklorique. Joyeuse et entraînante, elle est jouée par toutes sortes de formations, des solistes aux ensembles importants. Le violon et la guitare lui restituent toute sa vivacité et sa fraîcheur. texte : Laure Bovy Contact : Claire Rufenacht, attachée de presse Mail : [email protected] Tél. : +41 (0)79 474 47 90 Bernardino Fantini, président Mail : [email protected] Tél : +41 (0)78 792 19 63 www.concertstgermain.ch 42 43 Une belle histoire Comité des Concerts d’été à St-Germain Il s’agit de l’un des plus beaux monuments de notre cité. Lieu chargé d’histoire, l’église Saint-Germain date – pour l’essentiel de l’édifice – des XIVe et XVe siècles, mais des fouilles menées en 1906 ont démontré qu’elle fut précédée par des sanctuaires des époques romane et paléochrétienne. Ses origines remontent donc à l’époque de l’introduction du christianisme dans notre région, soit la fin du IVe siècle. Président Bernardino Fantini L’édifice actuel a été construit au lendemain du grand incendie de 1334 qui ravagea toute la colline ; il fut remanié un siècle plus tard. Le culte catholique cessa d’y être célébré lors de la réforme en 1535. Temporairement désaffectée, l’église retrouva sa destination première en 1803, durant l’occupation française. La messe y est alors à nouveau célébrée définitivement lorsque Genève rejoint la Confédération, en 1815. En 1873, Saint Germain devient la première église catholique-chrétienne de notre ville. Toutefois, elle ne revêtit son visage actuel que lors de sa restauration complète, opérée de 1959 à 1966. Organiste titulaire des orgues de l’église depuis 1972, Gloria Floreen pensait depuis quelque temps déjà à partager avec d’autres artistes le plaisir qu’elle avait de jouer dans ce bel édifice et, ainsi, d’ouvrir ce dernier au public qui n’avait guère l’occasion d’en admirer l’intérieur. Restait à obtenir l’accord du Conseil de paroisse de Saint-Germain et de M. Franz Murbach, le curé d’alors, qui hésitaient à ouvrir leur lieu de culte à des activités qui ne soient purement religieuses. Une membre du Conseil de paroisse, eut cette belle formule qui mit les deux parties d’accord : « La musique instrumentale classique, c’est la prière des athées ». Certaines conditions furent toutefois posées, comme celle de ne pas applaudir, ni pendant ni à la fin des concerts, pour préserver le caractère sacré du lieu. Cette condition a été respectée jusqu’au début des années 1990. Le succès fut tel qu’il devint bientôt nécessaire de dédoubler les concerts. Ils n’avaient lieu, en 1974, que le dimanche, mais, à partir de septembre 1975, il fut décidé de les répéter le lundi. Dès le début, les musiciens furent les artisansbâtisseurs des « Concerts d’été en l’église Saint-Germain ». Ils acceptaient de jouer sans garantie, s’ingéniaient à réduire les frais au minimum, des amis leur offraient un logement et ils se contentaient d’une collecte très modeste. Sans eux, sans leurs efforts et leur générosité, il est difficile d’imaginer que cette aventure musicale ait perduré jusqu’à aujourd’hui. Conseiller artistique Girolamo Bottiglieri Administrateur Marie-Madeleine Pécoud Trésorier Cédric Chapuis Membres Laurence Bordier Laure Bovy Anthony Chenevard Christian Dunant Maria Irene Fantini Ani Gasparyan Olivia Jacobson Michaela Kiedl Jean-Claude Pache François-Xavier Poizat Christiane Privat Monique Cécile Python Michel Starobinski Réviseur Anne Petitpierre Concerts d’été à Saint-Germain Avenue Ernest-Hentsch 10, CH-1207 Genève [email protected] www.concertstgermain.ch graphisme et réalisation : Anthony Chenevard / Claire Rufenacht -n o u ve z R e t ro s u r boo face us k! Remerciements Les Concerts d’été à Saint-Germain tiennent à remercier l’ensemble des partenaires et des amis qui les soutiennent. Nos principaux donateurs : la Ville de Genève (Département de la culture et du sport) l’État de Genève (Département de l’Instruction publique, de la culture et du sport) la Commune de Troinex et la Loterie Romande ainsi que nos principaux mécènes : Fondation Valeria Rossi di Montelera Fondation de bienfaisance du groupe Pictet Bordier & Cie Cargill International SA Starling Hotel Geneva