ANTIPALUDIQUES: Modes d`action et résistance
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ANTIPALUDIQUES: Modes d`action et résistance
ANTIPALUDIQUES: Modes d’action et résistance (NOUVELLES BITHERAPIES DU PALUDISME A PLASMODIUM FALCIPARUM, NOUVELLES MOLÉCULES : une réponse aux chimiorésistances) Martin DANIS Parasitologie-Mycologie, Unité INSERM 511 Département des maladies infectieuses, parasitaires et tropicales CHU Pitié-Salpêtrière, Université Paris 6 DESC Pathologie Infectieuse et Tropicale, clinique et biologique 1 SITUATION DU PALUDISME DANS LE MONDE (OMS 1997) • Population vivant en zone d ’endémie: 2,3 milliards de personnes (41% de la population du monde) • Cas de paludisme maladie/an: 300-500 millions (90% en Afrique tropicale) • Nombre de décès/an: 1,5 à 2,7 millions Snow RW, 1999, Bull. OMS. Résultats: évaluation 1995 en Afrique • ≈1million décès (987 466) dus à P. falciparum dont ≈770 000 enfants de moins de 5 ans • 207,5 millions d ’accès palustres (+ 13 millions pendant les épidémies) • 3000 cas de séquelles cérébrales irréversibles d ’accès pernicieux • 19 000 nouvelles infections à VIH par transfusion chez des enfants 2 Evolution de la répartition géographique du paludisme dans le monde de 1900 à nos jours The global distribution of malaria since preintervention (~1900–2002). All-cause malaria distribution maps for the preintervention distribution (circa 1900) and for the years 1946, 1965, 1975, 1992, 1994, and 2002 were georeferenced using ERDAS Imagine 8.5 (Leica Geosystems GIS & Mapping, Atlanta, GA, USA). Maps were then digitised on screen with MapInfo Professional 7.0 (MapInfo Corp, NY, USA). Areas of high and low risk were merged throughout to establish all-cause malaria transmission limits. The only modification of original maps was infilling areas labelled as unknown in China in the 1975 map with the distribution recorded in 1965. Each map was then overlaid to create a single global distribution map of malaria risk which illustrates range changes through time. Note that the 1992 distribution is excluded from the figure for clarity because it was so similar to that of 1994. HAY SI, GUERRA CA, TATEM AJ, NOOR AM, SNOW RW. Lancet Infect Dis. 2004;4:327-336. Faciès d’endémicité du paludisme dans le monde HAY SI, GUERRA CA, TATEM AJ, NOOR AM, SNOW RW. Lancet Infect Dis. 2004;4:327-336. 3 Surfaces des pays proportionnelles à la prévalence de P. falciparum HAY SI, GUERRA CA, TATEM AJ, NOOR AM, SNOW RW. Lancet Infect Dis. 2004;4:327-336. 4 Imported Malaria in France 1993-2003: Nb of Travelers*, Imported Cases & Approximate Incidence *(Data Adapted from DGAC - French Civil Aviation Authority) 2001-2003 : 11,073 notified cases © CNREPIA- 2004 Imported Malaria in France 1986-2003: Nb of Travelers by Geographical Subregions © CNREPIA- 2004 5 Imported Malaria in France 1996-2003: Evolution of the Drugs used (%) © CNREPIA- 2004 Paludisme: diagnostic rapide ! Quelles exigences pour le diagnostic biologique d’accès palustre ? • Accès palustre ? Formes asexuées de Plasmodium dans le sang • Espèce en cause ? Plasmodium falciparum ou autre espèce • Quelle charge parasitaire ? Parasitémie < 5% • Quel délai de rendu de résultat ? < 2 heures 6 Frottis sanguin mince coloré au Giemsa. Sensibilité : 100-150 parasites/µL 7 La Goutte épaisse « rapide » – Mise au point et évaluation d’une technique de goutte épaisse rapide Réalisation technique < 10 min. Meilleur aspect des parasites Moins d’artefacts Parasitémies mesurées plus élevées (sensibilité=10-15 p/µL) Personnel peu expérimenté Coût modéré : 0,012 € Danis et al. Journées de biologie praticiennes Paris, décembre 2001r- Thellier et al. Société Française de Parasitologie, Maison Alfort, janvier 2002. Thellier et al. Annals of Tropical Medicine and Parasitology , 2002. Les tests immunochromatographiques sur bandes : interprétation des résultats AcM* anti AgP (IgX de Y) AcM anti HRP2 AcM anti IgX de Y Test positif , espè espèce Plasmodium falciparum AcM anti Plasmodium spp. ou coco-infection 8 Les tests immunochromatographiques sur bandelettes : exemples LA LUTTE ANTIPALUDIQUE • 1992 : Déclaration mondiale (Conférence ministérielle – OMS): situation mauvaise, extension des pharmaco-résistances, prévenir la mortalité, réduire la morbidité par un diagnostic précoce et un traitement rapide, prévention sélective • 1998 : Programme OMS « Faire reculer le paludisme » (Roll back malaria): réduire de moitié le poids (mortalité ?) du paludisme dans la population d’ici 2010. 23 avril 2005:Editorial, Lancet 2005;365:1439: pessimiste !! 9 PRINCIPAUX ANTIPALUDIQUES (1) • I- SCHIZONTOCIDES ERYTHROCYTAIRES 1) ANTIPALUDIQUES NATURELS: -ALCALOÏDES DU QUINQUINA* Quinine, quinidine, cinchonine, cinchonidine (Quinimax®, Quinoforme®, Surquina®, Quinine Lafran®, …) -DERIVES DU QINGHAO (armoise)* Qinghaosu ou artémisinine, artéméther, artésunate (Paluther®, Arsumax®, Riamet®, …) (*actifs en bloquant l’utilisation de l’hémoglobine par le plasmodium) PRINCIPAUX ANTIPALUDIQUES (2) • I- SCHIZONTOCIDES ERYTHROCYTAIRES 2) ANTIPALUDIQUES DE SYNTHESE - AMINO-4-QUINOLEINES* Chloroquine (Nivaquine®, Resochin®, Aralen®, Avlochlor®), Amodiaquine (Flavoquine®, Camoquin®) Pipéraquine (amino-4-quinol. doublée, Artequin® - AMINO-ALCOOLS (ou aryl-amino-alcools)* Méfloqine (Lariam®), Halofantrine (Halfan®), Luméfantrine (Riamet®, Coartem®) (*actifs en bloquant l’utilisation de l’hémoglobine par le plasmodium) 10 PRINCIPAUX ANTIPALUDIQUES (3) • I- SCHIZONTOCIDES ERYTHROCYTAIRES 2) ANTIPALUDIQUES DE SYNTHESE ANTI-FOLIQUES, ANTI-FOLINIQUES* Sulfadoxine+pyriméthamine (Fansidar®) Pyriméthamine (Daraprim®, Malocide®) Proguanil > cycloguanil (Paludrine®) Pyriméthamine+dapsone (Maloprim®) Chlorproguanil+dapsone (Lapdap®) (*inhibiteurs de la DéHydro-Ptéroate-Synthase (DHPS) ou de la DéHydro-FolateRéductase (DHFR) et bloquent la synthèse des acides nucléiques du plasmodium) PRINCIPAUX ANTIPALUDIQUES (4) • I- SCHIZONTOCIDES ERYTHROCYTAIRES 3) AUTRES ANTIPALUDIQUES Atovaquone (+ proguanil = Malarone®) Pyronaridine ( ?? ) 4) ANTIBIOTIQUES Doxycycline (Doxypalu®), macrolides ?, fluoroquinolones ? • II- GAMETOCYTOCIDES (+FORMES HEPATIQUES) AMINO-8-QUINOLEINE Primaquine (Primaquine®) Tafénoquine (? Etaquine™) 11 PRINCIPAUX ANTIPALUDIQUES • Traitements curatifs Quinine Chloroquine (Nivaquine®) Amodiaquine (Flavoquine®) Méfloquine (Lariam®) Halofantrine (Halfan®) Sulfadoxine+pyriméthamine (Fansidar®) Cyclines (hors AMM) Atovaquone-proguanil (Malarone®) Artéméther-luméfantrine (Riamet®, Coartem®) Artésunate (Arsumax®), artéméther (Paluther®) (ATU) • Traitements prophylactiques Chloroquine Proguanil (Paludrine®) Chloroquine+proguanil (Savarine®) Méfloquine Doxycycline (Doxypalu®) Atovaquone-proguanil Tafénoquine (à l’étude ?) Rapport de réduction parasitaire in vivo parasitémie initiale/parasitémie à 48h d’après N.J. White, AAC 1997; 41 : 1413-22 Artémisinines, artésunate, artéméther : 103-105 Amino-4-quinoléines, halofantrine : 102-104 Quinine, méfloquine, Sulfadox.-Pyriméth.: 10-103 Antibiotiques antipaludiques (cyclines): 5-10 12 Clairance parasitaire selon différents antimalariques F.Nosten, NJ White. Med Mal Infect 1999 ; 29 supl 3 : 307-15 charge parasitaire 1012 1010 limite de détection 108 106 104 104 103 102 10 102 0 0 1 2 semaines 3 4 MODES D’ACTION DES ANTIPALUDIQUES • Inhibition de la digestion de l’hémoglobine dans la vacuole nutritive du plasmodium: 1- chloroquine, amodiaquine, pipéraquine 2- quinine, méfloquine, halofantrine, luméfantrine • Alkylation des métabolites de l’hémoglobine, production de radicaux libres: artémisinines (dihydro-) • Blocage de la fabrication des acides nucléiques: 1- cytochrome bc→ATP : atovaquone 2- inhibition de la DHPS: sulfadoxine, dapsone (antifoliques) ≈ 3- inhibition de la DHFR: pyriméthamine, cycloguanil (antifoliniques) 13 Inhibition de la digestion de l’hémoglobine B B B B BH+ BH+ BH+ Diffusion et accumulation des bases faibles dans l'hématie parasitée J. Le Bras CNRCP Principaux mécanismes de résistance à la chloroquine (A: souche sensible, B: souche résistante) DH Warhurst 2001 14 Chemoresistance to Chloroquine - 1960 © CNREPIA - 2003 Chemoresistance to Chloroquine - 1970 © CNREPIA - 2003 15 Chemoresistance to Chloroquine - 1980 © CNREPIA - 2003 Chemoresistance to Chloroquine - 2000 © CNREPIA - 2003 16 Voies des Pyrimidines des Plasmodium humains atovaquone CO2 + aspartate dihydroorotate orotate ubiquinone H2 DHO D UDP ubiquinone cytochrome H2 1/2 O2 H2O dUTP GTP dUDP pteridine dUMP pABA cytochrome TS dTMP ADN DHPS dihydropteroate DHF N5,N10-CH3THF sulfadoxine THF pyriméthamine, cycloguanil DHFR J. Le Bras CNRCP Résistance aux antifoliniques (pyrimé (pyriméthamine, cycloguanil, chlorcycloguanil) chlorcycloguanil) • Mutations modifiant la configuration de la DHFR : • Fréquente et majeur : S108N • Autres, augmentant la résistance : N51I, C59R • 4ème mutation, rare en Afrique: I164M 17 Outils de mesure de la chimiorésistance de P. falciparum • Tests in vivo: -Test de chimiorésistance parasitologique, OMS 1965: sur 28 j: S, R1 tardive, R1 précoce, R2, R3 -Test d’efficacité thérapeutique (clinique et parasitologique) OMS 1996, modifié 2001 • Tests in vitro: -Test phénotypique: culture du parasite en présence de concentration croissante de divers médicaments: « antipaludogramme » -Test génotypique: identification de mutations en cause dans la chimiorésistance (biologie moléculaire) Evaluation et surveillance de l’efficacité des antipaludiques pour le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum non compliqué Groupe de travail de l’OMS (WHO/HTM/RBM/2003.50) Correspondant Dr Pascal Ringwald Fascicule de 67 pages, 2004 18 Population de l’étude: Sujets ayant un accès palustre symptomatique (fièvre,...) et une parasitémie à P. falciparum (suffisante...), sans signe de gravité Exemple de dossiers individuels. Suivi de 14 jours dans une région de transmission intense 19 20 Indications du passage aux combinaisons thérapeutiques et Evaluation des risques • Seuil pour le changement de politique de traitement lors de l’utilisation du protocole standard de l’OMS dans les zones de forte transmission du paludisme = Réponse Clinique et Parasitologique Adéquate (RCPA) inférieure à 75 % (taux d’échec thérapeutique total supérieur ou égal à 25 %) et Réponse Clinique Adéquate inférieure à 85 % (Echec Clinique inférieur ou égal à 15 %). Dr A. TOE, RBM, OMS Burkina Faso, déc 2004 Chemoresistance to antimalarial drugs : global distribution (CDC data) Chloroquine Sulfadoxine-Pyrimethamine Mefloquine-halofantrine © CNREPIA - 2004 21 Stratégies de limitation de l’extension des chimiorésistances: • Diminuer la sélection des mutants résistants • Comment ? Limiter la pression médicamenteuse: en zone de transmission intense ne traiter que les paludismes maladies Éviter les monothérapies Empêcher les traitements à dose insuffisante ou incomplets Éviter la persistance de concentration sanguine subinhibitrice Promouvoir des bithérapies antipaludiques OBJECTIF: • 2 molécules à mode d’action différent (synergie ?) • Rapidement efficace sur P. falciparum • Demi-vies d’élimination sanguine complémentaires ou coordonnées • Bien tolérée • Administrable en cure brève (1 à 3 jours) • Coût modéré 22 Pharmacocinétiques : coordonnées ou complémentaires ? Nouveaux antipaludiques associés (successeurs de pyriméthamine-sulfadoxine, Fansidar®) • Associations fixes (composants dans un seul comprimé) : - atovaquone-proguanil (Malarone®) - artéméther-luméfantrine (Riamet®, Coartem®) - chlorproguanil-dapsone (Lapdap®) (+artésunate, en cours) - dihydroartémisinine-pipéraquine (Artekin™) • Associations libres (composants dans 2 comprimés, co-blister) : - artésunate + méfloquine (Mepha → Artequin®) - artésunate + amodiaquine (Sanofi → Arsucam™ co-formulation en 1 seul comprimé en cours, partenariat DNDI) - artésunate + sulfadoxine-pyriméthamine (Sanofi→Arsudar™) - artésunate + pyronaridine (OMS→ Firme Coréenne) - artésunate + atovaquone-proguanil 23 Atovaquone-Proguanil (A-P) Malarone® : cp. adulte A=250mg + P=100mg, cp. enfant ¼ • Atovaquone: hydroxynaphtoquinone: inhibe la synthèse d’ATP (cytochrome b) Biodisponibilité médiocre (2023%), t½ = 50-70h Activité schizonticide lente: TDP= 60-70h • Proguanil: inhibiteur de la DHFR, cycloguanil métabolite actif, t½ = 19h, Activité schizonticide lente. • Association synergique minimisant l’émergence des résistances: le proguanil lui-même amplifie l’activité de l’atovaquone. • Posologie adulte: 4 cp/jour en 1 prise X 3 jours (+repas) • Mais coût élevé... Atovaquone-proguanil (A-P): taux de guérison à J28 ou J35 PAYS A-P Comparateur p Gabon 87% Amodiaquine: 72% 0,02 Zambie 100% Sul-Pyr.: 98,8% NS Brésil 98,7% Quin-Tétracy.:100% NS Philippines 100% Chloroq-Sul-Pyr:87,5% <0,05 Thaïlande 100% Méfloquine: 86% <0,02 France*1995 100%† Halofantrine (H): 100% - *Temps de disparition des parasites: A-P=63h; H=48h (p=0,02) *Temps de disparition de la fièvre: A-P=60h; H=57h (p>0,05) *Tolérance: vomissements plus fréquents dans le bras A-P (p=0,001) †Trois échecs de traitements curatifs signalés en 2002 en Europe. 24 Chlorproguanil+dapsone (Lapdap®) (cpg= 2mg/kg + dds= 2,5mg/kg)/j x 3 j. • Chlorproguanil: t1/2=12-15h, inhibiteur DHFR, reste efficace sur les souches mutées cycloguanil-R (S108N, N51I, C59R), bien toléré • Dapsone: t1/2= 20-30h, inhibiteur DHPS, méthémoglobine, hémolyse. • Combinaison à pharmacocinétique bien coordonnée et t1/2 courte, • même mode d’action que Sulfadoxine-Pyriméthamine et risque de sélection de la mutation I164M, • tolérance ? anémie ? Déficit en G6PD ? (voir rapport d’une consultation technique OMS : WHO/HTM/MAL/ 2005.1106; publié en sept 2005, 47 pages). • Combinaison fixe, peu onéreuse • A quand le Lapdap +artésunate ou « CDA »™ ? ALLOUECHE A, BAILEY W, BARTON S,…WINSTANLEY PA. Comparison of chlorproguanil-dapsone with sulfadoxine-pyrimethamine for the treatment of uncomplicated falciparum malaria in young African children: double-blind randomised controlled trial. Lancet 2004; 363: 1843-48. (Kilifi, Kenya, Blantyre, Malawi, Liverpool, RU) • 5 centres: Kenya, Malawi, Nigeria, Tanzanie, Gabon, 1850 enfants de 1 à 10 ans inclus en 2000, avec fièvre et parasitémie entre 2 000 et 100 000/µL. 370 sous SP, 1480 sous CD. Tolérance, efficacité (guérison à J14). • Différence significative d’efficacité au Gabon, Kenya et Malawi: CD: 93 à 99% versus SP:79 à 94% (OR 3 à 6,5) • Pas de différence au Nigeria(OR 1,3) et Tanzanie(OR 1,6) • Variations dues au niveau de résistance à SP dans la zone • Tolérance: anémies à J7: CD=5%, SP=2%, -4 g/L d’Hb sous CD; réversible à J14. Rôle du déficit en G6PD ? 25 Artésunate-Méfloquine (Thaïlande 1994, N.White, F. Nosten,….) • Constatations début 1990: ≥ 40% de résistance à la méfloquine, même à 25mg/kg… • Pas d’autre molécule active disponible sauf artémisinines • Décision: artésunate 4mg/kg x 3 j + méfloquine 25 mg/kg le 2ème j • 2004: efficacité persistante de la bithérapie: ≥95% de guérison à J56, diminution du nombre de cas de paludisme à P. falciparum, récupération d’une sensibilité des souches à la méfloquine, tolérance moyenne… Amodiaquine-Artésunate versus Amodiaquine chez 941 enfants en Afrique Adjuik M et al. Lancet 2002; 359: 1365-72** Amodiaquine*Taux de Amodiaquine* guérison à… Artésunateg ∆ p Sénégal J14 94 % 95 % -0,3 % 0,91 Sénégal J28 82 % 81 % 1,8 % 0,70 Gabon J14 100 % 98 % 2,3 % 0,15 Gabon J28 89 % 77 % 11,4 % 0,043 Kenya J14 91 % 74 % 17,1 % <0,0001 Kenya J28 70 % 41 % 28,8 % <0,0001 * 10 mg/kg/J x 3 jours; g 4 mg/kg/J x 3 jours ** voir: Mutabingwa TK et al. Lancet 2005;365:1474-80. 26 Artéméther-Luméfantrine(A-L) Riamet® ou Coartem® : cp à A=20mg + L=120mg • Artéméther: dérivé liposoluble de l’artémisinine, bonne biodisponibilité, t½ = 2h Toxicité neurologique chez l’animal en IM, rien per os; rien cliniquement chez l’homme. Activité rapide dès le stade trophozoïte: TDP≈30h, et bloque la formation des gamétocytes. • Luméfantrine: Amino alcool apparenté à l’halofantrine; biodisponibilité variable, t½ = 72-120h. Toxicité cardiaque ? Non. Activité schizonticide lente, TDP ≈ 54h • Posologie adulte: 4 cp X 2/jour X 3 jours (6 prises en 3 jours, et non 4 en 2 jours) (+ repas) 27 Artéméther-Luméfantrine (A-L) Etude européenne, versus Halofantrine (H) 1996-97 Van Agtmael M et al. Int J Antimicrob agents 1999; 37: 4107-12 Posologie: A-L = 80mg + 480mg x4 en 48h.; H = 500mg x3 en 18h + 2ème prise à J7 Taux de Augmentation de guérison à QTc >30ms J28 Médicaments Nb de patients TDP (h) TDF (h) A-L 51 32* 24g 82 %♦ 16,7% H 52 48* 32g 100% 52% * p<0,001 ; g p=0,83 ♦Etudes en Thaïlande: 6 prises en 3 jours, comparées à méfloquine + artésunate : Taux de guérison à J28 = 97% (Van Vugt M et al. Trans R Soc Trop Med Hyg 2000) et à J42 = 98,8% (ajusté PCR, MA=96,3%, 490 patients) (Hutagalung R et al. Malaria J 2005) ♦voir: Mutabingwa TK et al. Lancet 2005; 365: 1474-80. Amodiaquine alone, amodiaquine+sulfadoxine-pyrimethamine, amodiaquine+artesunate, and artemether-lumefantrine for outpatient treatment of malaria in Tanzanian children: a four-arm randomised effectiveness trial Mutabingwa TK et al. Lancet 2005; 365: 1474-80 • 1811 enfants de 4 mois à 5 ans inclus, traitement de 3 jours à la maison, non supervisé. AQ= 270, AQ+SP=507, AQ+AS=515, CoArt=519 • Critères de jugement taux d’échec à J14 et à J28 (para. et clin.) • Résultats à J14: arrêt du bras AQ seule: 42% d’échecs versus AQ+SP: 20%, AQ+AS: 11%, CoArt: 1% • Résultats à J28 (ajusté par génotypage): -AQ: 48,4 % -AQ+SP: 34,5 % -AQ+AS: 11,2 % -CoArt: 2,8 % • Peu de choix de bithérapie dans les zones à taux élevés de résistance à la chloroquine-amodiaquine et à SP... Un produit efficace, mais problème de prix ! 28 COARTEM® PREFERENTIAL PRICING FOR PUBLIC SECTOR: EXPECTED PRICE CHANGES BY 2005 10.0 $ 0.9 $ 1.4 $ 1.9 $ 2.4 $ 0.54 $ 40.0 $ 1.06 $ 1.59 $ PUBLIC SECTOR 2.11 $ PRIVATE SECTOR HIEN TT, TURNER GDH, MAI NTH,…WHITE NJ. Neuropathological assessment of artemether-treated severe malaria. Lancet 2003; 362: 295-6. (Ho Chi Minh ville, Vietnam, Oxford, RU, Bangkok, Thaïlande) • Etudes de toxicité animale de l’artéméther et artééther en injections IM huileuses chez le chien et le rat (1994): neurotoxicité, nécrose neuronale, mort à dose élevée. • Analyse autopsique de 21 cerveaux de sujets entrés dans l’étude comparative artéméther versus quinine dans l’accès palustre grave chez l’adulte au Vietnam (Hien TT et al. N Engl J Med 1996: 560 sujets, efficacité non différente, létalité équivalente: 13 et 17%): -6 cerveaux de sujets sous artéméther,15 sous quinine examinés: pas de différence, pas de signe de mort neuronale sous artéméther chez l’homme à des doses de 4 à 44 mg/kg en 1 à 3 jours 29 HIEN TT, DOLECEK C, …WHITE NJ, FARRAR J. Dihydroartemisinin-piperaquine against multidrug-resistant Plasmodium falciparum malaria in Vietnam : randomised clinical trial. Lancet 2004; 363: 18-22. (Ho Chi Minh ville, Vietnam, Oxford, RU) • Recherche d’une bithérapie comprenant un dérivé de l’artémisinine, efficace en 3 jours, bien tolérée, peu onéreuse • Dihydroartémisinine (DHA): métabolite actif de l’artésunate et de l’artéméther; pipéraquine (P): chloroquine doublée utilisée en Chine depuis 1978, active sur les souches chloroquinorésistantes; plusieurs combinaisons + triméthoprim (T) + primaquine testées à partir de 1998. Choix programmé: comprimés DHA 40mg + P 320mg, 4 prises: 0, 6, 24 et 48h, comparé à artésunate+méfloquine Traitement Effectifs Taux de guérison à J56 Effets indésirables DHA – PT 157 153 (97,4%) 2% DHA – P 166 164 (98,7%) 3% Artés.- Méflo. 77 76 (98,7%) 16% HIEN TT, DOLECEK C, …WHITE NJ, FARRAR J. Dihydroartemisinin-piperaquine against multidrug-resistant Plasmodium falciparum malaria in Vietnam : randomised clinical trial. Lancet 2004; 363: 18-22. (Ho Chi Minh ville, Vietnam, Oxford, RU) • Pas de différence significative d’efficacité entre les 3 traitements; le triméthoprim n’ajoute rien; la tolérance DHA-P ou PT est meilleure; la dose de DHA (3,4mg/kg à J0 et 1,7mg/kg à 24 et 48 h.) est sans doute insuffisante. • Prix d’un traitement d’adulte au Vietnam: – Chloroquine ou sulfadoxine-pyriméthamine ≤ 0,20 $ – Artésunate + méfloquine ≈ 6 $ (?) – Artéméther + luméfantrine (visa OMS) ≥ 2,40 $ – DHA + P (Holleykin Pharmaceutical) ≈ 1 $ (?) Etude complémentaire en Thaïlande (Ashley EA et al. CID 2005; 41: 425-32): 499 accès, 3 bras: 4 prises versus 3 prises (1/j X 3j) équivalent: 100% v 99,4%, supérieur à méfloquine-artésunate. 30 Nouvelles thérapeutiques antipaludiques : perspectives (en phase préclinique ou 1-2) Dynamisme récent de la recherche Mobilisation des chercheurs universitaires Partenariat public-privé Ferroquine (J. Brocard, L. Delhaes) • Couplage d’une molécule de chloroquine à une molécule de ferrocène (fer organique) • Récupération in vitro d’une activité importante sur des souches de P. falciparum chloroquinorésistantes • La ferroquine n’est pas expulsée de la vacuole des parasites • Tests chez la souris confirment l’efficacité 31 Trioxanes, trioxaquines • Synthétiser des trioxanes ou peroxydes aussi actifs que les artémisinines (J. Mayrargue, UFR Pharmacie Chatenay-Malabry) • Allonger la demi-vie des artémisinines: trioxanes fluorés (P. Bégué, J.D. Brion, UFR Pharmacie ChatenayMalabry) • Coupler un trioxane à une molécule de chloroquine: trioaxaquine, pour profiter de la concentration intra parasitaire et de la pharmacocinétique de la chloroquine (B. Meunier, Toulouse) VENNERSTROM JL, ARBE-BARNES S, BRUN R, et al. Identification of an antimalarial synthetic trioxolane drug development candidate. Nature 2004 ; 430 : 900-4. (Omaha, USA, Bâle, Suisse) • Août 2004: découverte majeure dit la grande presse ! • Peroxyde inclus dans un hétérocycle 1,2,4-trioxane o o o R • Ce n’est pas une artémisinine de synthèse, mais parenté de mode d’action sur le parasite • Synthèse chimique industrialisable, biodisponibilité per os intéressante et demi-vie plus longue que celle des artémisinines, cytotoxicité et mutagénicité peu probables • Efficacité in vitro et chez l’animal égale ou supérieure à celle des artémisinines • Bon exemple de partenariat public-privé avec MMV 32 Inhibition de la synthèse des membranes du parasites (H. Vial, Montpellier) • Membranes phospho lipidiques → phosphatidylcholine→ choline • Des bis-ammoniums quaternaires bloquent la synthèse de la phosphatidylcholine • A partir du G25 dérivés actifs in vitro, chez les rongeurs, et chez le singe, forte concentration intra parasitaire • Mise au point de produits actifs per os et peu toxiques (Science, 15/02/02). Antipaludiques actifs sur l’apicoplaste • Fluoroquinolones: ≠topoisomérases; certaines actives in vitro en 96 h sur les stades sanguins et hépatiques; pas les mieux tolérées…(N. Mahmoudi,2003) • Fosmidomycine : inhibiteurs de la synthèse des isoprénoïdes : bloque une enzyme (DOXP) clé du métabolisme du parasite: mais 5 J de traitement. Nécessité d’identifier une association synergique (clindamycine ?) (H. Jomaa, PG. Kremsner, 2002) 33 BORRMANN S, ADEGNIKA AA,…JOMAA H, KREMSNER PG. Fosmidomycin-clindamycin for Plasmodium falciparum infections in african children. J Infect Dis. 2004; 189: 901-8. (Tubingen, Allemagne, Lambaréné, Gabon) • Fosmidomycine : inhibiteurs de la synthèse des isoprénoïdes : bloque une enzyme (DOXP) clé du métabolisme du parasite, mais 5 J de traitement. Nécessité d’identifier une association synergique (H. Jomaa, PG. Kremsner, Lancet 2002) • Etude ouverte chez des enfants de 7 à 14 ans parasitémiques asymptomatiques au Gabon: Nb Traitement 12 Clindamycine 5mg/kg X2 X5J Temps de disparition des parasites J7 + J14 + J28 + Tolérance Nb EI 71 h 0 0 0 15 (p=0,04) 12 Fosmidomycine 30mg/kg X2 X5J 25 h 0 1 5 7 12 Fosmidomycine + Clindamycine, idem 18 h 0 0 0 13 Nouvelles thérapeutiques antipaludiques : perspectives (en phase préclinique ou 1-2) • Tafénoquine (amino-8-quinoléine) phase hépatique + sanguine • Ferroquine (chloroquine+ferrocène) J. Brocard, Lille • Trioxanes ± fluorés (UFR Pharmacie, Chatenay-Malabry) • Trioxaquine (trioxane+chloroquine) B. Meunier, Toulouse • G25 (inhibiteur de la phosphatidylcholine) H. Vial, Montpellier • Fosmidomycine ( ≠ isoprénoïde) H. Jomaa, 2002 • Fluoro quinolones (apicoplaste) N. Mahmoudi, 2003 34 □ Position de RBM sur les Combinaisons Thérapeutiques: ► Les options thérapeutiques disponibles actuellement pourraient être mises en œuvre dans l’ordre de priorité ci-dessous si des considérations de coût n’entrent pas en ligne de compte: 1. Artéméther-luméfantrine (Coartem®) 2. Artésunate (3 jours) + amodiaquine 3. Artésunate (3 jours) + SP dans les régions où la SP conserve une bonne efficacité 4. SP + amodiaquine dans les régions où la SP conserve une bonne efficacité (Afrique de l’ouest +++) Dr A. TOE, RBM, OMS Burkina Faso, déc 2004 35 SUMMARY COMPARISON OF DIFFERENT COMBINATIONS Dr A. TOE, RBM, OMS Burkina Faso, déc 2004 ► Combinaisons Thérapeutiques NON recommandées par l’OMS – Associations à base de Chloroquine (CQ + SP, CQ + Artésunate) – Traitement d’1 jour par l’artésunate+SP – Associations à base de Méfloquine (MEF+AS) dans les zones à transmission intense – Traitement d’1 jour MEF+AS en épidémie de paludisme Dr A. TOE, RBM, OMS Burkina Faso, Déc 2004 36 Stratégie thérapeutique en zone tropicale Actuellement en Afrique: – 1ère intention: chloroquine (sauf 18 pays ?) – 2ème intention: sulfa.-pyrim. Si les « échecs thérapeutiques » précoces ou tardifs (test standardisé de l ’OMS) ≥ 25% – changer le Tt de 1ère intention – préférer une association – beaucoup choisissent SP…déjà ± efficace – incitation à préférer artésunate+amodiaquine ou +SP ou encore artéméther+luméfantrine,... – mais $ ! Formation des mè mères pour donner à la maison un traitement du paludisme au Tigray, Tigray, Ethiopie: une étude randomisé randomisée. G Kidane, RH Morrow, Lancet, 2000; 356: 550-5. 24 cantons avec 14000 enfants de moins de 5 ans appariés, recensés Paludisme à P. falciparum transmission stable sensible à la chloroquine 12 cantons contrôles avec 7294 enfants traitement au dispensaire ou par l'agent de santé 12 cantons d'interventions avec 6383 enfants 2 mois de formation des mères par une mère "élue" 366 enfants meurent 50,2 p 1000 (jan-déc 97) 190 enfants meurent 29,8 p 1000 (jan-déc 97) 120 autopsies verbales 70 autopsies verbales 68 (57%) paludismes certains ou possibles 13 (19%) paludismes certains ou possibles 38 % de morts en moins ! (IC 95%: 25,3-50.8. p<0,001) 37 Stratégies de traitement-contrôle ou traitement préventif ? • Traitements curatifs des cas: -Traitements présomptifs des fièvres (pas de test biologique, enfants 0-5ans) -ou diagnostics rapides (bandelettes ?) et traitements précoces des vrais accès palustres • Traitements intermittents systématiques: -des enfants,à l’occasion des séances de vaccination du PEV (2, 3 et 9 mois) ? ou plus souvent ? -des femmes enceintes: 2 ou 3 cures lors des visites de surveillance de la grossesse ++ →Prévention de la morbidité-mortalité (accès graves, anémies [36% d’accès palustres en moins, enfants 10 mois-2 ans; voir: Schellenberg D et al. Lancet 2005;365:1481-3] ,….) Stratégie thérapeutique hors des zones d ’endémie • Paludisme d ’importation, faible nombre (5OOO à 5500 P. falciparum par an en France métropolitaine), pas de problème de coût (?) • Disponibilité de monothérapies efficaces dans la majorité des cas (pas de crainte de sélection de résistance en métropole): quinine, méfloquine, halofantrine, mais tolérance (audio, neuro, cardio,…) ? • Choisir l’une des bithérapies enregistrées (AMM) pour améliorer la facilité d’administration et la tolérance: atovaquone-proguanil ou artéméther-luméfantrine (choix obligatoire en Guyane et à Mayotte, département et territoire français endémiques, mais AL non disponible à l’hôpital en 2005 !). Voir: BOUCHAUD O. Rev Prat 2005; 55: 863-74. 38 ACCES PALUSTRES GRAVES OU COMPLIQUES (ou accès pernicieux, ou neuropaludisme pro parte) Plasmodium falciparum Absence de prémunition Prédispositions génétiques: * du parasite * de l’homme SIGNES DE GRAVITE D’UN PALUDISME A P. FALCIPARUM CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT (Accès grave ou pernicieux, OMS 2000) chez un sujet le plus souvent fébrile et porteur de formes asexuées du Plasmodium à l’examen de sang Valeur pronostique* Enfants Adultes + ? +++ Manifestations cliniques ou résultats de laboratoire Fréquence* Enfants Adultes Prostration +++ +++ + Trouble de la conscience +++ ++ + ++ Convulsions répétées +++ + +++ +++ Détresse respiratoire (acidose) +++ + +++ +++ Œdème pulmonaire (radiologique) +/- + +++ +++ Collapsus circulatoire (choc) + + +++ + Saignement anormal +/- + ++ + Ictère + +++ + + Hémoglobinurie +/- + 39 SIGNES DE GRAVITE D’UN PALUDISME A P. FALCIPARUM CHEZ L’ADULTE ET L’ENFANT (Accès grave ou pernicieux) SUITE chez un sujet le plus souvent fébrile et porteur de formes asexuées du plasmodium à l’examen de sang Manifestations cliniques ou résultats de laboratoire Valeur pronostique* Fréquence* Enfants Adultes Enfants Adultes + + Anémie grave +++ + +++ +++ Hypoglycémie +++ ++ +++ +++ Acidose +++ ++ +++ +++ Hyperlactatémie +++ ++ +/- ++ Hyperparasitémie (> 5% ?) ++ + ++ ++ Insuffisance rénale + +++ *Evaluée sur une échelle de + à +++ ; +/- indique une faible valeur pronostique ou une survenue peu fréquente. Observations dans les pays tropicaux chez les autochtones. (OMS, Trans R Soc Trop Med Hyg 2000; 94: supp 1: 1-90) Paludisme d’ d’importation : accè accès graves à P. falciparum Cas notifiés au CNREPIA (≈ 50 % du total) Total accès à P. falciparum Accès graves (%) Dont dé décès 1999 2000 2001 Total 3231 3184 2961 9376 112 (3,5) 85 (2,7) 100 (3,4) 297 (3,2) 8 12 12 32 % décès du total des accès 0,24 0,35 0,37 0,32 % lé létalité talité des accè accès graves 7,14 14,12 12,00 10,77 40 Paludisme d’ d’importation : accè accès graves à P. falciparum Cas notifiés au CNREPIA en 1999, 2000 et 2001(297 sur 9376) (Jours) Accès graves Accès simples (Mann-Whitney) Délai d’apparition des symptômes 5,00 7,77 NS Délai médian de diagnostic 11 10 NS 4 3 <0,0018 7% 0,5 % <10-6 Délai mé médian de recours aux soins Densité parasitaire p Caractéristiques à l’admission en USI de 93 patients* en accès graves, en fonction de l’issu (d’ (d’aprè après Fabrice Bruneel et al. AJRCCM 2003) [ages médians 40 et 44 (29-55)] Score de Glasgow Décédés Survivants N= 10 (11%) N= 83 P 14 6 <0,001 21 (25%) 8 (80%) 0,001 Température la plus élevée °C 39,0 40,1 0,01 pH artériel 7,41 7,14 <0,001 3,2 13,0 0,0006 34 000 18 000 0,01 Taux de prothrombine, % 66 41 0,002 Bilirubine totale, µmol/L 53 153 0,01 Parasitémie le 1er jour, % 3,5 18,2 0,02 Ventilation mécanique Lactate artériel, mmol/L Numération des plaquettes, /mm3 *Sur 188 patients paludéens admis en 10 ans dans l’USI de l’Hôp. Bichat(1988-1999) 41 Traitement d’un paludisme grave • Quinine IV d’urgence 24 mg base/kg/j en 3 fois (+ doxycycline ou clindamycine parfois) • Surveillance étroite et réanimation en USI • Si la voie IV est impossible -IM, diluée à 60 mg par mL, en 2 sites -Intra rectale ? 40 mg/kg/j en 2 fois ? • Si la quinine est inefficace ou contre indiquée : artéméther IM (ATU) ou artésunate IV (ATU ?) (études comparatives artéméther/quinine : équivalence d’efficacité Boele van Hensbroek M et al. et Hien T et al. N Engl J Med 1996) Caractéristiques de la quinine • Demi vie d’élimination sanguine (White NJ 1982) : -sujets apyrétiques: 11,1 ± 4 heures -Accès simples: 16,0 ± 7 heures -Accès graves: 18,2 ± 9,7 heures • Métabolisée par le foie à 80% et éliminée par voie biliaire (rénale <20%) • Allonge l’espace QT aux doses thérapeutiques (≤ 25%), sans troubles du rythme • Hyper insulinémiante: risque d’hypoglycémie (enfants ++, femmes enceintes +++) 42 Pharmacociné Pharmacocinétique de la quinine (mg/L) au cours d’ d’accè accès graves selon la dose, avec ou sans dose de charge. WHITE NJ et al. 1983 Traitement d’un paludisme grave : Présentations de Quinine injectable disponibles Pharmacie Centrale des Hôpitaux (Paris) : dichlorhydrate: ampoules à 245 mg/10mL (300 sel) et 82 mg /10mL (100 sel). Quinoforme® : formiate, ampoules à 438 mg/2mL (500 sel). Quinimax® : gluconate de quinine (96%) + quinidine + cinchonine + cinchonidine, ampoules à 500 mg/4mL, 250 mg/2mL, 125 mg/1mL. Surquina® : chlorhydrate, ampoules à 490 mg/2mL, 245 mg/1mL. Quinine Renaudin® : chlorhydrate, ampoules à 490 mg /2mL. Concentrations données en quinine base 43 Traitement d’un paludisme grave : Modalités d’administration de la quinine • 3 perfusions par jour d’une durée de 4 h, à 8 h d’intervalle, dans du sérum glucosé à 5% • Dose de charge à la 1ère perfusion: 16 mg/kg • Puis 8 mg/kg par perfusion, toutes les 8 h, jusqu’à ce que la voie orale soit possible. G5 4h 1ère perfusion 8h 16mg/kg 2ème perfusion 4h 8h G5 8mg/kg 3ème perfusion 4h G5 8mg/kg Dose de Charge : comparaison entre 2 modalité modalités de traitement initial d’ d’accè accès graves au Cameroun (Fargier JJ, Louis FJ, Cot M et al. Lancet 1991; 338: 296296-7) Quinine IV Dose de charge Pas de dose de charge P* Age moyen (ans) 24,2 22,1 ns Température rectale à l’admission (°C) 39,8 39,8 ns Score de Glasgow à l’admission 8,6 8,8 ns Durée du coma avant l’admission (h) 10,0 10,2 ns Durée du coma après le début du traitement (h) 6,8 13,0 0,OO3 Temps de négativation de la parasitémie (h) 40,8 52,2 0,05 *Test de Mann-Whitney 44 Artesunate versus quinine for treatment of severe falciparum malaria: a randomised trial South East Asian Quinine Artesunate Malaria Trial (SEAQUAMAT) group (N White) Lancet 2005; 366: 717-25 (27 août) • Etude ouverte randomisée contrôlée dans 4 pays d’Asie (Bangladesh, Inde, Myanmar, Indonésie) en 2 ans (200305) • Artésunate IV: 2,4 mg/kg (flacon de 60mg →6ml en bolus) à 0, 12 et 24 h, puis 1 fois par J, per os dès que possible: 2mg/kg (dose totale 17-18 mg/kg en 7 J) n =730 • Quinine IV: dose de charge 20mg/kg (dichlorhydrate) en 4h dans 500ml G5 ou S0,9 puis 10mg/kg 3 fois par jour, per os dès que possible, durée 7 J. n =731 • Critère principal de jugement : létalité, analysée en intention de traiter Artesunate versus quinine for treatment of severe falciparum malaria: a randomised trial South East Asian Quinine Artesunate Malaria Trial (SEAQUAMAT) group (N White) Lancet 2005; 366: 717-25 (27 août) • Résultats: -artésunate: létalité 15% (107 sur 730) -quinine: létalité 22% (164 sur 731) réduction de 34,7% (IC 95%: 18,5-47,6%) p=0,0002 • Tolérance artésunate bonne, quinine hypoglycémie (RR=3,2 p=0,009) • Discussion: études antérieures artéméther – quinine non significatives: pharmacocinétique de l’artéméther. Etude SEAQUAMAT: possibilité de différences de qualité dans la réanimation selon les centres. Confirmation à obtenir en Afrique ? • Conclusion: preuve indiscutable de la supériorité de l’artésunate IV dans l’accès grave, mais artésunate non disponible aux bonnes pratiques de fabrication ! 45 Paludisme grave, évolution traité • Défavorable par surinfection bactérienne, choc, défaillance multiviscérale dans -20 à 30 % des cas en zone tropicale -10 à 15 % des cas en France • Favorable : sortie du coma rapide chez l’enfant (1-2 jours), plus lente chez l’adulte (2-4 jours ou plus) • Sans séquelle habituellement chez l’adulte • 10 % de séquelles neurologiques chez l’enfant, dont la moitié seulement régresse en 6 mois AMELIORER LA PREVENTION CHEZ LES VOYAGEURS • Information : conseils aux voyageurs personnalisés • Protection contre les piqûres de moustiques nocturnes • Chimioprophylaxie adaptée 46 Prévention (1) • I - PROTECTION CONTRE LES PIQURES DE MOUSTIQUES NOCTURNES: Insectifuge (répulsif) sur la peau (DEET, IR35/35, icaridine, ....) moustiquaire imprégnée de deltaméthrine (KOthrine®) ou de perméthrine, vêtements imprégnés de répulsif (icaridine), insecticides,... Voir: LUNDWALL E et al. Rev Prat. 2005; 55: 841-48. 47 Recommandations prophylactiques françaises actuelles pour les voyageurs (BEH 2005; 14 juin, n°24-25) • 1) prévention des piqûres de moustiques nocturnes (répulsifs, moustiquaire imprégnée, insecticides,…) • 2) chimioprophylaxie : -pays du groupe 1: chloroquine -pays du groupe 2: chloroquine+proguanil ou atovaquone+proguanil -pays du groupe 3: méfloquine ou atovaquone+proguanil ou doxycycline dans quelques zones d’Asie du sud-est ou en cas de contre indication ou d’intolérance aux autres antipaludiques : doxycycline en première intention 48 Répartition des groupes de chimiosensibilité du paludisme à Plasmodium falciparum (2001-2004) Imported Malaria in France 2001-2003: Allegation of correct Chemoprophylaxis (Intake of Drugs & Group of Resistance ; N = 1,014 / 11,026 ; 9,2 %) © CNREPIA- 2004 49 Fig. 3. Fréquence de la résistance à l’association chloroquine-proguanil* de 3050 isolats de P. falciparum importés d’Afrique en France selon le pays et les années de contamination. (Le Bras J et al. CNRCP, mars 2005) Fig. 3. Fréquence de la résistance à l’association chloroquine-proguanil* de 3050 isolats de P. falciparum importés d’Afrique en France selon le pays et les années de contamination. 100 1996-02 2003-04 % bi-résistance 75 50 25 0 Mali (zone 2) SénégalGambie C. d'Ivoire Bénin-Togo (zone 3) Cameroun (zone 3) Congo-RDC (zone 3) Comores (zone 3) Total Afrique *cette résistance est définie par 2 critères : CI50 chloroquine in vitro >100 nM + présence de la mutation DHFR 108N (intervalles de confiance 95% du test de Fisher-Snedecor) ; seuls les isolats sans traitement antérieur sont considérés ; l’analyse univariée ne met pas en évidence de différence entre le pays de naissance, le sexe, le pays de contamination et le délai de consultation des patients des 2 périodes considérées. Modifier les indications de médicaments chimioprophylactiques ? • Diminuer les indications de l’association chloroquineproguanil (extension des birésistances, sistances tolérance moyenne) • Etendre les indications de la doxycycline ? (efficacité, faible coût, mais observance problèmatique parfois et AMM à modifier) et de l’atovaquone-proguanil (efficace, bien toléré, mais très coûteux) Voir: DANIS M et al. Rev Prat 2005; 55: 849-61. 50 Recommandation de faire passer 7 pays d’Afrique de l’Ouest en zone 3 • • • • Sénégal Gambie Guinée Bissau Guinée (Conakry) • Sierra Leone • Liberia • Côte d’Ivoire BEH 2005; (N°14): 56 Prévention (3) III -TRAITEMENT DE RESERVE (discuté…) ( auto-traitement présomptif d'une fièvre en situation d'isolement médical >12h, peut-être après auto-test sur bandelette diagnostique ?): • -sous prophylaxie chloroquine+paludrine, ou en l'absence de chimioprophylaxie, • -pour des séjours ≥7 jours ou répétés, méfloquine (Lariam®), sauf si pb. neuropsychiques, ou quinine (Qinine Lafran®, Quinimax®,...), ou peut-être Malarone® et bientôt Riamet® 51 Prévention (4) • NOURRISSONS ET ENFANTS <15kg: chloroquine, proguanil, quinine, halofantrine (oui), atovaquoneproguanil en prévention (≥ 11 kg). • FEMMES ENCEINTES: chloroquine, proguanil, quinine, (méfloquine : oui ?), atovaquone-proguanil à discuter. • FEMMES EN AGE DE PROCREER: contraception efficace sous méfloquine et doxycycline. • Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (B.E.H.) 2005; 14 juin, n° 24-25: 117-127 • Accessible sur le site : www.invs.sante.fr/beh/ Répartition des groupes de chimiosensibilité du paludisme à Plasmodium falciparum (2005) Passage de 7 pays côtiers d’Afrique de l’ouest en groupe 3: Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire. (BEH du 5 avril 2005) 52 Et le vaccin ? • Anti sporozoïtes, anti stades hépatiques ? -CSP recombinante ou synthétique 1987: non -RTS, S/AS02: 1997-2004 : en cours1 -LSA3 • Anti mérozoïtes ? -SPf66 (M. Patarroyo) 1988-1996: non -MSP3 (P. Druilhe) 1994-2002 • Anti gamétocytes ? Altruiste... -Pfs25 (R. Carter) 2001 Dans 5 ans ? Dans 10 ans ? Une arme de lutte parmi les autres 1: Alonso PL et al. Lancet 2004; 364: 1411-20 53 Paris, métro, Avril 2004 54
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