LPI 2007-2012 - version Francaise
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REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Tanindrazana-Fahafahana-Fandrosoana MINISTERE DE L’ECONOMIE, DU COMMERCE ET DE L´INDUSTRIE --DIRECTION GENERALE DU DEVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVE ET DU COMMERCE LETTRE DE POLITIQUE INDUSTRIELLE (2007-2012) Sommaire __ Introduction Section A : Enoncé de la mission et des objectifs Section B : Les initiatives de politique B1. B2. B3. B4. Environnement des affaires et promotion des investissements Base nationale du secteur privé Intégration de Madagascar à l’économie mondiale Filières d’action privilégiées Section C : Les mesures opérationnelles C1. L’EDBM : Outil de politique économique et industrielle et structure originale de promotion des investissements C2. Mesures incitatives et services d’appui institutionnel pour la promotion des exportations C3. Métrologie, normalisation, essai et contrôle de qualité (MNEQ) C4. Restructuration/mise à niveau industrielle C5. Services d’extension industrielle et renforcement des Centres Régionaux de développement Industriel et Commercial (CERDIC) C6. Les outils financiers C7. Le système national d’innovation industrielle 2 Acronymes __ BNM CAPE CERDIC CVM EDBM FMI GUIDE IDE JIRAMA LPI MAP MNEQ MPE OCDE ONUDI PDSP-2 PIB PIC PMA PME PMI S&T SISIR TIC USD ZF ZFI Bureau de Normalisation Mauricien Comité d’Appui au Pilotage de la Relance de l’Entreprise Centre Régional de Développement Industriel et Commercial Chaîne de Valeur Mondiale Economic Development Board of Madagascar (Conseil Economique de Développement) Fonds Monétaire International Guichet Unique des Investissements et de Développement des Entreprises Investissement Direct Etranger Société Nationale de l’Eau et de l’Electricité Lettre de Politique Industrielle Madagascar Action Plan (Plan d’Action de Madagascar) Métrologie, Normalisation, Essai et contrôle de Qualité Micro & Petite Entreprise Organisation de la Coopération pour le Développement Economique Organisation des Nations Unies Pour le Développement Industriel Projet de Développement du Secteur Privé – Phase 2 Produit Intérieur Brut Pôles Intégrés de Croissance Pays Moins Avancé Petite & Moyenne Entreprise Petite & Moyenne Industrie Science et Technologie Singapore Institute of Standards & Industrial Research Technologie de l’Information et de la Communication United States Dollar Zone Franche Zone Franche Industrielle 3 Introduction 1. Transformer Madagascar d’une économie (à prédominance) de subsistance en une économie industrielle dynamique fortement intégrée à l’économie mondiale reste un objectif de choix dans la poursuite du développement économique et social du pays. 2. Avec d’abondantes ressources agricoles et minières, la biodiversité du patrimoine naturel, un riche héritage culturel, une population laborieuse conjuguée à un leadership politique déterminé, Madagascar est en mesure de faire un bond quantitatif en avant et devenir une destination privilégiée pour les investissements industriels. 3. Les réformes économiques initiées au cours des années 90 et les changements structurels qui se sont opérés dans l’économie ont fourni l’occasion pour l’Etat de lever le levier sur les ressources naturelles afin d’attirer les investissements, à la fois domestiques et étrangers. 4. L’investissement privé à Madagascar a joué un rôle clé dans le déclenchement de la croissance au cours d’un récent passé, passant d’un niveau moyen de 3,5% du PIB dans les années 80 à 8,5% du PIB sur la période 1997-2004 et prévu de l’ordre de 12,4% du PIB entre 2005-2008. Toutefois, comparé au taux moyen de l’investissement privé de l’ordre de 20% du PIB dans les pays à haute performance de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, il reste encore faible. L’investissement privé doit être accru de façon significative pour soutenir une croissance accélérée, étant donné le faible niveau des recettes fiscales à Madagascar. 5. Diverses études (Investment Climate Assessment, Doing Business, étude de création d’une Agence de Promotion des Investissements, …) ont mis en lumière les points majeurs au développement des investissements à Madagascar. Ce sont: (i) l’absence de programmation; (ii) les insuffisances des administrations chargées d’accompagner les projets; et (iii) l’absence de règles incitatives qui ne soient pas des avantages particuliers réservés à certains opérateurs. Ce dernier point a fait l’objet de nombreuses discussions avec le FMI qui met une double condition à toute initiative gouvernementale : aucune décision individuelle d’exemption fiscale ou douanière, aucune décision règlementaire qui soit de nature à affaiblir les revenus de l’Etat. 6. Le Madagascar Action Plan (MAP) pour la période 2007-2012 a été mis en place pour induire un développement rapide et inclusif de l’économie malgache; et un Conseil pour le Développement Economique de Madagascar (EDBM) a été en même temps institué comme outil de politique économique et industrielle, dans le but de promouvoir et faciliter le développement des investissements privés, locaux et étrangers. Il convient de noter que le MAP va requérir grosso modo quelque 9 milliards USD de dépenses d’investissement dont la plus grande partie (+80%) sera du ressort de l’Etat et sera probablement financée par des bailleurs de fonds. 4 7. Une note relative aux finances de Madagascar et publiée par le FMI en juillet 2007 tire la sonnette d’alarme sur la piètre performance du pays dans le recouvrement des recettes fiscales: Madagascar a en effet le niveau de recouvrement parmi les plus faibles du monde; et ce niveau a tendance à stagner depuis 2000, à l’inverse des autres pays sub-sahariens qui en ont connu de sensibles améliorations. Ceci doit mettre en exergue la situation particulièrement difficile des finances de l’Etat, et en même temps, poser des limites quant à la disponibilité future des incitations financières/fiscales en vue de soutenir la croissance industrielle. 8. D’autre part, les forces conjuguées de l’internationalisation croissante de l’économie mondiale et de la décentralisation (au niveau local) des structures nationales de gouvernance économique continuent à poser de nouveaux défis aux décideurs de politiques et appellent à une profonde redéfinition de la manière suivant laquelle le Gouvernement doit procéder pour soutenir efficacement le développement des activités d’investissement. 9. Face à cette situation, il s’est avéré judicieux de: Gagner la confiance des opérateurs économiques/industriels en montrant la détermination et l’engagement du Gouvernement dans la mise en œuvre d’une masse critique de réformes de politique; Créer une image/perception positive de Madagascar en tant que destination privilégiée pour les investissements industriels; Prendre un nouveau regard sur la politique actuelle en vue de: (i) consolider les forces existantes et éliminer les faiblesses latentes; (ii) redéfinir les objectifs et les priorités; et (iii) établir un mécanisme/système afin d’assurer la mise en œuvre effective et à temps de la politique. 10. La Lettre de Politique Industrielle (2007-2012) est le résultat d’un tel exercice. Elle illustre le nouveau rôle que l’Etat veut se donner en tant que facilitateur de l’activité économique et industrielle. Elle intègre les grandes priorités qui se dégagent lors de la Session Extraordinaire de la Conférence des Ministres Africains de l’Industrie (CAMI) qui s’est tenue à Midrand, Afrique du Sud, les 24-27 septembre 20071. Elle est le produit de l’assistance technique continue de l’ONUDI, ainsi que le fruit d’une volonté commune Etat-secteur privé de partager une même vision à moyen/long terme fondée sur une reconnaissance mutuelle des capacités et contraintes de part et d’autre. Elle comporte les sections suivantes: Section A : Enoncé de la mission et des objectifs; Section B : Les initiatives de politique; Section C : Les mesures opérationnelles. 1 La CAMI a retenu 5 grandes priorités : (i) Emploi des jeunes; (ii) Renforcement des capacités commerciales; (iii) Promotion des investissements; (iv) Sécurité énergétique; et (v) Systèmes d’innovation industrielle. 5 Section A : Enoncé de la mission et des objectifs 11. LA LPI (2007-2012) SE DONNE POUR MISSION D’ACCOMPAGNER LA MISE EN ŒUVRE DU MAP, EN PARTICULIER DE L’ENGAGEMENT 6 DE CELUI-CI (PARVENIR RAPIDEMENT A UNE ECONOMIE A FORTE CROISSANCE). DE FACON PLUS CONCRETE, ELLE VISE A : Fournir les conditions fondamentales pour améliorer l’environnement des affaires et faciliter les succès; et Encourager la création et l’utilisation des meilleures idées, technologies, techniques et méthodes de pointe pour que Madagascar puisse répondre aux défis de la mondialisation, faire preuve de haute productivité dans les lieux de travail, et capitaliser sur ses avantages compétitifs. 12. A CETTE FIN, LE GOUVERNEMENT ENTEND ENGAGER LES GRANDES LIGNES DE POLITIQUE SUIVANTES: CONCERNANT L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ET LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS Mettre en avant une politique attractive à l’égard des investisseurs par la mise en place de l’EDBM (en tant qu’outil de politique et structure originale de promotion des investissements), l’application d’une nouvelle loi sur les investissements (plus pratique, transparent et d’avant-garde), la refonte de nouveaux textes en matière foncière (permettant aux étrangers l’accès à la propriété foncière), la simplification du système fiscal, etc… . CONCERNANT LA BASE NATIONALE DU SECTEUR PRIVE Induire une industrialisation à grande échelle qui utilisera de façon intensive la maind’œuvre excédentaire, à travers des initiatives hardies (visant à libérer le potentiel entrepreneurial national) et des mesures agressives axées prioritairement sur l’offre (services d’extension industrielle, pépinières d’entreprises, micro-finance, etc…) et visant à stimuler le développement des entreprises locales, des PME, des MPE et de l’artisanat. CONCERNANT L’INTEGRATION DE MADAGASCAR A L’ECONOMIE MONDIALE Relever les capacités technologiques et commerciales des entreprises à vocation exportatrice, à travers des programmes de restructuration/mise à niveau industrielle et de mise en place des infrastructures technologiques, dans le cadre d’une nouvelle stratégie industrielle visant à pénétrer des marchés d’exportation avec des produits à plus forte valeur ajoutée. CONCERNANT LES FILIERES D’ACTION PRIVILEGIES Privilégier l’action de développement et favoriser l’implantation de nouveaux projets d’investissement, au niveau d’un certain nombre de filières considérées comme hautement prioritaires pour leur effet d’entraînement. Ces filières sont: le tourisme, l’agribusiness, l’industrie légère d’exportation, les mines, les infrastructures, et les technologies de l’information et de la communication (TIC). 6 Section B : Les initiatives de politique B1. ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES ET PROMOTION DES INVESTISSEMENTS 13. La République de Madagascar souhaite attirer les investisseurs et faire du secteur privé le moteur principal du développement de son économie. S’appuyant sur les documents de référence que sont la Vision Madagascar Naturellement et le Madagascar Action Plan (MAP), le Gouvernement a défini parmi ses priorités la poursuite d’une forte croissance économique basée sur le développement d’un secteur privé fort et concurrentiel. 14. A cet effet et dans le souci : d’instaurer un cadre incitatif à la réalisation d’investissements privés à Madagascar sans privilégier une catégorie d’investisseurs en particulier, qu’il s’agisse d’investisseurs nationaux ou étrangers, déjà établis à Madagascar ou souhaitant s’y établir, de simplifier un grand nombre de procédures administratives afin de transformer l’environnement des affaires à Madagascar, de renforcer la compétitivité des sociétés installées à Madagascar, de permettre l’accès au foncier d’entreprise pour les sociétés de droit malgache, qu’elles soient ou non contrôlées par des intérêts étrangers, le Gouvernement a initié un projet de loi intitulé Loi sur les Investissements à Madagascar, laquelle loi devrait notamment donner confiance aux investisseurs et sécuriser leurs investissements. 15. Le projet de loi a fait l’objet de discussion lors du conseil des ministres réuni le 11 juin 2007 et doit encore être approuvé par les Chambres. Mais il est intéressant, d’ores et déjà, d’attirer l’attention sur deux points de rupture: Accès des étrangers à la propriété foncière: le projet de loi propose, sous certaines conditions de faciliter l’acquisition de biens fonciers par les étrangers; Visa spécial investisseur: ce visa autorise de plein droit son détenteur à résider et à travailler légalement à Madagascar et dure 3 ans. 16. La nouvelle loi sur les investissements doit fournir un environnement incitatif pratique, transparent et d’avant-garde pour toutes les activités d’investissement à Madagascar. Le but est d’adapter et de dynamiser rapidement le tissu économique local pour qu’il soit en convergence avec un contexte économique international particulièrement concurrentiel et où Madagascar se doit d’être constamment en accord avec les grandes tendances mondiales afin de pouvoir attirer avec efficacité les capitaux nécessaires pour créer des emplois et permettre au pays de devenir une économie émergente. De par cette loi, le rôle de l’Etat devient celui de facilitateur du secteur privé, principal créateur de richesses de la nation et principal moteur de la croissance économique, à travers la création d’emplois, l’augmentation de la productivité et du niveau de vie tout en contribuant à générer une base fiscale élargie et soutenue à moyen et long terme. 17. Pour faire face à la concurrence internationale et bâtir son avantage concurrentiel effectif, Madagascar a besoin de rendre très attractif son environnement des affaires et doit, en conséquence, adopter une loi-cadre applicable à tous les investissements locaux et étrangers, dont la rédaction est le fruit d’une large concertation avec les parties prenantes du secteur public et du secteur privé. 18. A propos du projet de loi, le secteur privé s’interroge peut-être sur l’absence de mesures incitatives sur le plan de la fiscalité. A priori, ces interrogations sont surtout fondées pour une simple raison: on attire les investisseurs avec des mesures attractives. A la réflexion, cependant, la question est de savoir si une politique d’incitation fiscale constitue réellement «un plus» pour un pays comme 7 Madagascar. En effet, on sait aujourd’hui que les flux d’investissement direct étranger (IDE) sont, avant tout, fonction de certains paramètres tels que la taille du marché, la productivité de la main-d’œuvre, et les infrastructures. Dès lors que les fondamentaux du pays présentent les mêmes caractéristiques, le forum shopping fiscal (choix d’un pays par rapport à un autre selon les incitations fiscales accordées aux investisseurs) est normal. La question n’est plus la même en cas de défaillance des fondamentaux; l’incitation fiscale n’est plus l’élément fondamental pour investir mais un élément parmi tant d’autres. 19. Par conséquent, le Gouvernement pense qu’avant d’envisager de mettre en avant un système d’incitations, un pays doit avoir mis en place un régime général d’imposition moderne et modéré qui favorise l’investissement sous toutes ses formes. Rien ne l’empêchera, par la suite, de considérer les cas précis où les incitations sélectives pourraient être justifiées. 20. C’est dans cet esprit que le Gouvernement est en train de procéder à la refonte du système fiscal et douanier pour le rendre plus simple, plus efficace et plus juste. Avec l’appui du FMI et de la Banque Mondiale, une analyse complète du code fiscal a été faite, avec la participation du secteur privé et de la société civile. Des dispositions fiscales plus simples et plus incitatives ont été prévues pour entrer en vigueur dès 2008. 21. Le Gouvernement est conscient que la réforme fiscale et douanière qui est en train de s’opérer serait de nature à réduire sensiblement la part de la recette fiscale dans les caisses de l’Etat, mais il est confiant que les mesures de formalisation iront se renforcer pour élargir l’assiette fiscale. 22. Le FMI a déjà révélé les lacunes du système fiscal malgache: dans la situation qui prévaut, seulement 3% des contribuables paient des impôts; les 97% restants sont pour le moment hors de contrôle. Par ailleurs, le niveau du taux de recouvrement fiscal reste très faible dans le pays: en 2006, les recettes fiscales, initialement fixées à 11,4% du PIB, n’ont finalement atteint que 10,6%. Cette défaillance s’explique par la procédure de recouvrement et la composition des impôts en vigueur dans le pays. Dans cette optique, l’élargissement de l’assiette fiscale et l’accroissement du taux de recouvrement constituent des principes de base à appliquer pour une augmentation des recettes fiscales. 23. En définitive, la simplification et la stabilité de la fiscalité est également un moyen d’encourager les opérateurs à investir et s’insère dans ce cas, dans l’amélioration de l’environnement des affaires à Madagascar. Le régime de zone franche actuellement en vigueur a toujours été cité comme une réussite en matière d’incitation à l’investissement. 8 B2. BASE NATIONALE DU SECTEUR PRIVE 24. Trois types d’entreprises co-existent à Madagascar. A l’une des extrémités du spectre (strate A) se trouvent un certain nombre d’entreprises modernes, nationales ou étrangères, viables, qui offrent des emplois fixes à temps plein à la main-d’œuvre qualifiée et ont des liens avec les marchés mondiaux: ce sont les entreprises de la Zone Franche (ZF). A l’autre extrémité du spectre (strate C) se trouvent une multitude de micro et petites entreprises (MPE), parfois à la limite du formel, qui emploient la plus grande partie de la main-d’œuvre non qualifiée, souvent sous forme d’emplois occasionnels: ces MPE ciblent le marché intérieur en fournissant des services ou en produisant des biens accessibles aux pauvres. Entre ces deux types d’activités se trouvent une fine strate composée d’entreprises nationales de taille plutôt moyenne qui peuvent, dans une certaine mesure, avoir des activités à vocation exportatrice (strate B). L’une des caractéristiques de cette catégorie d’activités est qu’il est difficile de financer leur développement à des conditions commerciales; on les a souvent appelées le «milieu manquant» dans la structure des entreprises des PMA et c’est, en l’occurrence, la catégorie d’entreprises malgaches de droit commun. 25. D’une manière générale, il s’agit de faire avancer les trois secteurs à la fois: le secteur traditionnel (strate C), composé de la multitude de MPE qui font appel à une technologie traditionnelle et à des techniques à forte intensité de main-d’œuvre non qualifiée, doit être encouragé si l’on veut qu’il couvre, dans la mesure du possible, les besoins élémentaires comme la nourriture, les vêtements et le logement. Le secteur intermédiaire (strate B) qui suppose de passer à une production à plus forte intensité de savoir, est composé d’entreprises nationales de taille relativement moyenne qui peuvent, dans une certaine mesure, avoir des activités à vocation exportatrice. Enfin, on peut prévoir que le secteur d’exportation (strate A) relèvera le défi de la transformation et de la fabrication de produits manufacturés, dans le but de propulser certains fabricants vers des niches prestigieuses de marché extérieur, d’encourager et d’accueillir l’investissement étranger. Ce secteur sera alors le moteur qui tirera l’ensemble de l’économie vers des taux de croissance supérieurs et permettra au pays d’acquérir un savoir-faire technologique et des compétences managériales. 26. Mais si de manière générale, les entreprises (branchées sur les marchés extérieurs) souhaitent plutôt des mesures visant à accroître l’efficacité de fonctionnement des infrastructures de base, du cadre réglementaire et des institutions en vue d’améliorer leurs performances, de pareilles mesures ne s’avèrent plus suffisantes pour assurer la performance des entreprises habituées à travailler pour le marché intérieur (PME de droit commun et MPE). 27. En effet, à l’exclusion de la ZF, le tissu industriel malgache reste fragile. Les entreprises desservant le marché intérieur sont confrontées à des contraintes très sévères. Leurs équipements de production sont souvent obsolètes, en raison du manque de stimulants à l’investissement. A cause de leur faible compétitivité, le pouvoir des marchés intérieurs bénéficie surtout aux importateurs, créant ainsi un cercle vicieux dans lequel la perte de part de marché des producteurs hors ZF et le déclin dans l’utilisation des capacités qui en résulte, décourage l’investissement et contribue à diminuer la compétitivité à long terme. Par conséquent, une action énergique doit être consentie si l’on veut que ces entreprises (PME, MPE et entreprises artisanales) se développent et se renforcent. 9 28. Depuis 2002, le Gouvernement a mis en œuvre une politique de développement de PME à travers les Chambres de commerce et des métiers. En ce qui concerne l’artisanat, les espaces de promotion de l’artisanat ont été renforcés; des programmes de formation ont été organisés, et certains secteurs de production se sont restructurés à travers la création de clusters. Toutefois, la productivité des PME et du secteur artisanat demeure faible, en raison de leur modernisation limitée. Le secteur informel est toujours prédominant. L’accès au marché international est restreint. L’esprit d’entreprise est faible. Un potentiel énorme peut encore être exploité à travers l’intégration verticale et la mise en grappe des entreprises manufacturières. 29. La recherche d’une croissance économique forte et équitable avec un haut niveau d’emploi constitue l’objectif central de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. A l’évidence, les possibilités qui s’offrent à une réduction rapide de la pauvreté à Madagascar doivent passer d’une part, par l’intensification des activités agricoles (qui concentrent environ 70% de la population malgache) et d’autre part, par l’extension des activités manufacturières à forte intensité de travail (qui emploient la plus grande partie de la main-d’œuvre non qualifiée et ciblent généralement le marché intérieur en fournissant des services ou en produisant des biens accessibles aux pauvres). Ces deux moteurs de croissance peuvent servir de tremplin pour le décollage industriel du pays. 30. Dans cette perspective et afin de venir en appui à la politique nationale de promotion des investissements, le Gouvernement entend lancer une industrialisation à grande échelle qui utilisera de façon intensive la main-d’œuvre excédentaire, à travers des initiatives hardies (visant à libérer le potentiel entrepreneurial national) et des mesures axées prioritairement sur l’offre (services d’extension industrielle, pépinières d’entreprises, micro-finance, etc…) et visant à stimuler le développement des entreprises locales, des PME, des MPE et de l’artisanat. A cet effet, le MAP a préconisé la mise en place des différents Centres Régionaux de Développement Industriel et Commercial (CERDIC). 10 B3. INTEGRATION DE MADAGASCAR A L’ECONOMIE MONDIALE 31. Comme pour de nombreux pays en développement et émergents, Madagascar doit relever un défi de taille: favoriser une croissance soutenue et créer de meilleures opportunités d’emploi pour sa population, jeune et en augmentation, qui vit essentiellement dans les zones rurales, où les taux de pauvreté sont particulièrement décevants. La mise en œuvre de vastes réformes, l’ouverture de l’économie et l’amélioration de l’accès aux marchés des pays OCDE ont sous-tendu l’élan spectaculaire de Madagascar au cours de ces dernières années. Le PIB du pays a enregistré une croissance annuelle moyenne de 5% sur la période 2004-2006, un taux appréciable en dépit des catastrophes naturelles. Néanmoins, cette croissance reste fragile, car largement pilotée par des secteurs facilement transférables, tels que l’habillement, dont la compétitivité internationale risque d’être mise en péril par la restructuration actuelle des réseaux de production internationaux. 32. L’un des plus grands changements observés dans les échanges internationaux au cours de ces 20 dernières années réside dans l’émergence d’une nouvelle forme de partage de la production, qui se traduit par le passage d’une structure reposant sur des multinationales intégrées verticalement à des réseaux stratifiés d’entreprises indépendantes reliées par des transactions de marché. Parce qu’elles contrôlent des actifs clés comme la technologie, le concept ou la marque, les entreprises pilotes (multinationales, acheteurs ou détaillants d’envergure mondiale) peuvent coordonner et maîtriser des systèmes de production complexes à l’échelle de la planète, sans pour autant les détenir directement. Le secteur de la micro-informatique est un exemple typique de cette évolution. Les processus de production sont de plus en plus interconnectés le long de la chaîne de valeur mondiale (CVM) qui s’étend sur plusieurs pays, dont chacun se spécialise dans une phase de la production. Les améliorations apportées par l’information et les technologies de communication, conjuguées à la recherche de sites moins coûteux, d’une logistique de meilleure qualité, d’un accès préférentiel aux marchés et de moyens de contourner les barrières commerciales, sont à l’origine de cette fragmentation géographique du processus de production. 33. La mise en relation avec des partenaires étrangers crée, pour les producteurs des pays en développement, des possibilités d’échapper aux limitations locales, car elle leur offre un accès à des marchés éloignés, à un savoir-faire et à une éventuelle modernisation industrielle. Néanmoins, cette participation aux CVM n’a rien de facile et ne constitue nullement la garantie d’une modernisation réussie. Souvent, les entreprises des pays en développement n’ont pas les capacités de se conformer aux exigences des entreprises pilotes et restent en bas de la chaîne de valeur, accomplissant des tâches d’assemblage simples et à faible valeur ajoutée. Les entreprises pilotes investissent généralement pour renforcer les capacités de leurs fournisseurs, mais ce type de modernisation industrielle a ses limites. En effet, elles ont tendance à apporter un soutien sélectif, qui permettra d’améliorer les capacités à exercer des fonctions de production et de livraison, mais beaucoup moins de renforcer d’autres aptitudes potentiellement plus rémunératrices, telles que la conception ou la commercialisation. L’environnement concurrentiel et réglementaire évolue, elle aussi, de façon très sensible. Les entreprises nouvellement arrivées dans une CVM sont confrontées à des fournisseurs plus compétitifs, plus aptes à offrir une large gamme de services qui vont au-delà du simple assemblage. Elles se heurtent aussi à des normes plus strictes affectant la répartition des rémunérations le long de la CVM et les possibilités de modernisation industrielle. 34. Pour pouvoir entrer dans la plupart des CVM, un producteur doit respecter des normes de qualité, de sécurité, de protection de l’environnement, voire des normes sociales. Le caractère de plus en plus strict des normes constitue une arme à double tranchant pour les exportateurs des pays en développement. Si ces normes rendent l’entrée sur le marché plus difficile, elles entraînent aussi une restructuration de la chaîne logistique locale et augmentent ce faisant la probabilité de faire partie de la CVM et d’obtenir d’autres avantages. 35. Dans certains cas, les acheteurs internationaux aident les fournisseurs à obtenir leur certification et à se moderniser. Ces tendances sont particulièrement évidentes dans les secteurs de l’habillement et de l’électronique. En même temps, ces acheteurs imposent à leurs fournisseurs des exigences très strictes en termes de flexibilité de la production, de délais, de type de produits et de qualité. Avec la libéralisation totale des échanges, les acheteurs sont moins incités à recourir à une multitude de fournisseurs et renforcent leurs relations avec les plus performants. Ce sont des évolutions qui peuvent compromettre les perspectives de participation et de modernisation industrielle des petits fabricants. Parallèlement à ces évolutions inquiétantes, il y a des exemples de diversification et de modernisation industrielle réussies, prouvant par là même qu’il existe encore diverses possibilités de se développer pour 11 les petits fournisseurs. Mais pour saisir ces opportunités, il faut relever divers défis technologiques et managériaux qui dépassent souvent les possibilités des entreprises. 36. Des politiques de soutien adéquates (restructuration et mise à niveau industrielle, développement des infrastructures technologiques, …) sont nécessaires si l’on veut que les entreprises à vocation exportatrice puissent poursuivre leur modernisation industrielle et pénétrer des marchés d’exportation avec des produits à plus forte valeur ajoutée. Outre la nécessité de mettre en place un environnement macro-économique stable et d’améliorer l’environnement des affaires, le Gouvernement se doit de prendre les devants pour favoriser ce renforcement des capacités et la formation d’interdépendances. Ces interventions, dont il faut soigneusement évaluer le coût et la faisabilité, doivent être conçues et mises en œuvre en étroite coopération avec le secteur privé. 37. Fort de cette conviction, le Gouvernement entend éminemment lancer un débat national pour rechercher, dans la situation qui prévaut, les meilleurs moyens d’intervenir en faveur du renforcement des capacités des entreprises à s’intégrer avec succès aux CVM et trouver, par là même, la stratégie la plus adaptée pour pénétrer les marchés d’exportation avec des produits à plus forte valeur ajoutée. Ce n’est que grâce à une collaboration stratégique bien structurée entre les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile que l’on parvient à mettre en exergue les domaines d’action prioritaires, identifier les incohérences éventuelles et légitimer l’intervention de l’Etat. 12 B4. FILIERES D’ACTION PRIVILEGIES 38. Dans la stratégie nationale de développement, le Gouvernement a placé la plus grande priorité sur des politiques qui contribuent au développement des pôles de croissance et au renforcement de la capacité d’exportation de ces derniers. A cet égard, quatre secteurs (ZFI, mines, tourisme et secteur crevettier) ont fait l’objet d’une attention particulière, et le projet Pôles Intégrés de Croissance (PIC) a été rapidement mise en place, dans le but d’accélérer le développement économique national en soutenant l’émergence de pôles pour tirer le meilleur parti des régions à fort potentiel de croissance et en stimulant le partenariat public-privé pour développer les activités stratégiques des pôles. Les principales initiatives projetées dans le cadre du projet PIC comprennent, entre autres, l’implantation de zones franches industrielles dans l’axe Antananarivo-Antsirabe, le développement touristique à Nosy Be et l’exploitation minière à Tolagnaro. Plusieurs autres activités sont prévues dans chacun des pôles pour venir en appui au secteur priorisé (il s’agit du développement industriel dans le cas du pôle AntananarivoAntsirabe), en particulier la mise en place et la réhabilitation d’infrastructures urbaines et portuaires. 39. A l’instar du projet PIC dont l’originalité réside justement dans la multiplicité des facettes qu’il aborde afin de maximiser les effets d’entraînement, le Gouvernement entend privilégier l’action de développement et favoriser l’implantation de nouveaux projets d’investissement, au niveau d’un certain nombre de domaines qu’il considère comme hautement prioritaires pour leur effet d’entraînement. Ces domaines sont: le tourisme, l’agribusiness, l’industrie légère d’exportation, les mines, les infrastructures, et les technologies de l’information et de la communication (TIC). 40. Dans le domaine touristique, les atouts de Madagascar ne sont plus à démontrer puisque tous les professionnels du secteur s’entendent pour souligner l’immense potentiel du pays qui peut répondre massivement aux demandes les plus variées. Plus particulièrement, le tourisme peut aider à ouvrir des zones isolées, jusqu’ici inaccessibles au développement industriel. Il peut avoir des retombées positives sur les segments les plus défavorisés de la population en créant des liens dynamiques avec d’autres secteurs, tels que l’artisanat et les services. Pour assurer un développement harmonieux et soutenu de ce secteur, il faudrait absolument qu’il y en ait un «master plan». 41. En ce qui concerne l’agribusiness, il s’agit désormais de mettre ce secteur sur la voie de l’exportation, et le Gouvernement compte engager une vaste action de communication et de sensibilisation afin de gagner en traçabilité, normes phytosanitaires et autres critères demandés sur le marché international. Des segments d’activités comme les huiles essentielles ou encore les biocarburants devraient enfin émerger avec ces actions. 42. Au niveau de l’industrie légère d’exportation, il s’agit surtout de promouvoir la compétitivité à l’exportation d’un certain nombre d’industries légères, dans des secteurs tels que les vêtements, chaussures, montres, jouets, articles de sports, etc… 43. Le potentiel minier de Madagascar est important, mais il a été longtemps négligé. Il s’agit désormais d’accélérer son développement pour produire des avantages tangibles en termes de création d’emplois, de recettes fiscales, d’infrastructures ou de services sociaux. Le Gouvernement supportera les projets d’exploitation minière en cours, les suscitera à entrer rapidement dans la phase de production en respectant ses communautés et son environnement. Il déclenchera sa potentialité dans l’industrie extractive en attirant plus d’explorateurs et en favorisant ses patrimoines naturels. 44. Les infrastructures nécessitent des investissements considérables au vu de l’immensité du pays. Mis à part les routes, il faut des aéroports, des ports et aussi de l’énergie pour assurer un rythme accéléré et soutenu de la croissance économique. Comme on a pu le constater au niveau du projet PIC, le Gouvernent attache une priorité toute particulière aux infrastructures de développement touchant aux pôles de croissance afin de maximiser les effets d’entraînement. 45. En ce qui concerne le réseau de transport, la construction et réhabilitation de routes ont constitué, depuis 2002, la majeure partie des activités. Des progrès ont été notés concernant les voies ferrées, les ports et aéroports, mais les activités se sont également limitées à la réhabilitation des infrastructures existantes. Le Gouvernement entend désormais s’assurer que : (i) la planification à long terme des infrastructures soit mise en lien direct avec le développement des régions clés à forte 13 potentialité de croissance économique; et (ii) il y a un meilleur engagement vis-à-vis du secteur privé, du fait que l’enjeu n’est pas uniquement de construire de nouvelles routes, mais également de maintenir en bon état celles qui existent déjà. 46. Dans le domaine de l’énergie, la fiabilité et la fourniture en électricité ont diminué, le coût de l’énergie a augmenté au cours de ces quatre dernières années, le taux de couverture national est d’environ 15% seulement, et le taux d’accès en milieu rural se situe à moins de 5%. Jusqu’en 2006, la compagnie nationale JIRAMA n’a jamais pu être restructurée afin de faire face à l’augmentation prévisible des besoins en énergie. Toutefois, le Gouvernement est train d’entreprendre une série de réformes d’envergure, et la JIRAMA a annoncé qu’au cours de cette année, tous les principaux centres de consommation seront équipés de nouvelles stations d’énergie qui pourront répondre à l’accroissement anticipé de la demande pour les prochaines 3 à 5 années. 47. Enfin, en ce qui concerne le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), leur développement a un double effet sur la capacité d’un pays comme Madagascar à s’intégrer dans le commerce mondial. D’un côté, elles abaissent les coûts de transport et contribuent à «désinsulariser» le pays sur le plan géographique; elles ouvrent ainsi la voie à des projets de services d’appui au commerce (création et gestion de base de données, mise en place de systèmes d’information, diffusion d’information, traitement en ligne, etc.), pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage comparatif dans le monde francophone. D’un autre côté, elles exigent en même temps une administration plus efficace et une infrastructure de qualité. L’intégration de ce domaine d’activités est donc à la fois une opportunité et un défi. Ce sera un pas important pour progresser vers une économie basée sur le savoir (voir dans l’encadré suivant l’expérience du Vietnam en termes de progrès dans l’édification de l’économie basée sur le savoir) 14 Vietnam’s Development and Knowledge Economy (KE) Elements Vietnam was able to tap into global knowledge through trade liberalization, foreign direct investment supported by institutional reforms (notably property rights in agriculture), and the encouragement of private investment. Through more efficient use of public funds in education, primary enrolment rates increased to nearly 100 percent of the eligible population, and secondary enrolment rates expanded from 32 percent in the early 1990s to 70 percent in 2002. Thanks to a strong market-focused reform agenda, Vietnam’s average annual GDP grew 5.3 percent from 1993 to 2002. In the 1990s, the government decentralized economic management; explicit subsidies to state-owned enterprises (SOEs) were reduced, and the number of SOEs decreased from more than 12,000 in 1990 to around 6,200 by 2002. Productivity levels rose by an average of 11 percent a year from 1997 to 2002. The government replaced various administrative measures with economic measures, including a market-oriented monetary policy. It allowed state-and privately owned industries to deal directly with foreign markets. Vietnam’s export policy led to a rise in trade from around 60 percent of GDP in the early 1990s to more than 100 percent in 2002. Following the 2001 bilateral trade agreement with the United States, trade between the two countries doubled in both 2002 and 2003. One-third of the total population of Vietnam has emerged from poverty since the early 1990s: the percentage in poverty fell from 58 percent in 1993 to 29 percent in 2002. This occurred initially because of the redistribution of agricultural land to rural households, and later because of the modernisation of agriculture and the development of private enterprise. Industry is now the driving force behind growth in the areas of food, mining, chemicals, textiles, and clothing. Industrial growth has been funded largely by foreign investment in joint ventures and foreign-owned subsidiaries. Industrial output rose by nearly 17 percent annually between 1999 and 2003. In traditional production, Vietnam is the second-largest Asian exporter of rice and coffee. The hardware and software industries have grown steadily thanks to rising demand abroad. Japan is a major importer of Vietnam’s software products. Hardware production grew by 27 percent between 2002 and 2003, and software production by 40 percent. By the end of 2003, there were 2,500 registered ICT businessesincluding 570 software companies-and 12,000 ICT workers. The ICT sector contributed 0.3percent to GDP growth from 1993 to 2001. The government wants to build up clusters and software parks in Ho Chi Minh City and Hanoi. Ho Chi Minh City boasts online education facilities, a ready ICT workforce, local software development operations, companies that manufacture personal computers, and a university and colleges. Sources: World Bank 2005b, “Promoting Innovation in Developing Countries – A Conceptual Framework”, World Bank Policy Research Working Paper 3554. Also in “Building Knowledge Economies – Advanced Strategies for Development”, WBI Development Studies, 2007. 15 Section C : Les mesures opérationnelles 48. Pour mettre en œuvre la LPI, le Gouvernement a recours aux instruments et mesures suivants : C1. L’EDBM : OUTIL DE POLITIQUE ECONOMIQUE ET INDUSTRIELLE ET STRUCTURE ORIGINALE DE PROMOTION DES INVESTISSEMENTS 49. Le Conseil pour le Développement Economique de Madagascar (EDBM), institué par le décret du 31 mai 2006 en tant qu’instrument de politique économique et industrielle de l’Etat, sert en même temps de structure pour la promotion des investissements. A ce titre, il prend le relais de deux anciennes structures du second Projet de Développement du Secteur Privé (PDSP-2), à savoir le Comité d’Appui au Pilotage de la Relance de l’Entreprise (CAPE) et le Guichet Unique des Investissements et de Développement des Entreprises (GUIDE). Il est effectif depuis le 1er janvier 2007 après la mise en place de son Conseil d’administration. Il est opérationnel sous financement de la Banque Mondiale à hauteur de 7 millions USD pour les trois premières années d’activités. Au-delà de cette entité gouvernementale, il s’autofinancera par le biais d’autres sources de financement. Il a les caractéristiques suivantes: Il est directement piloté par la Présidence de la République. Le rôle d’interface entre le secteur privé et le secteur public, qui a été joué par le CAPE, est désormais repris en partie par le Conseil, en partie par le ministère en charge du secteur privé. A la différence du GUIDE qui était une structure administrative regroupant les représentants des administrations existantes, le Conseil a pour mission de promouvoir Madagascar à l’étranger comme destination favorable aux investissements, d’accompagner les projets d’investissement le plus en amont possible, et de faire des propositions pour l’amélioration du climat des affaires. A ce stade, le Conseil vise plus particulièrement six filières d’action privilégiées : le tourisme, l’agribusiness, l’industrie légère d’exportation, les mines, les infrastructures, et les technologies de l’information. 50. En son état actuel, le Conseil est administré par: Quatre représentants des administrations (Le Ministre en charge de l’Economie, du Plan, du Secteur Privé et du Commerce; le Ministre en charge des Finances et du Budget; le Ministre en charge de l’Agriculture; et le Ministre en charge de la Décentralisation et Aménagement du Territoire); Quatre représentants du secteur privé; et Un représentant de la Présidence de la République. 16 51. Il est composé de trois départements: Le département «Promotion et Relations Publiques», avec trois missions principales: (i) la définition de l’image de Madagascar (ce département engagera aussi des actions de relations publiques à l’international en participant et en organisant des manifestations pour attirer les investissements); (ii) la veille stratégique; et (iii) le marketing opérationnel; Le département «Facilitations et Services», avec la double mission d’accompagner et aider l’investisseur tout au long de la construction de son projet, et de proposer et mettre en œuvre des améliorations sur les procédures susceptibles de freiner les investissements; et Un département administratif. 52. Il convient de noter que le département Facilitation s’occupe surtout de la simplification des procédures et agit comme un «Guichet Unique». Au sein de ce département, il y a le Front Office qui est en contact direct avec les investisseurs et le Back Office qui travaille surtout avec les ministères concernés pour l’octroi des permis, visas et licences. Le département Promotion s’occupe, quant à lui, du marketing de Madagascar comme une destination pour les investissements. Ainsi structurées, les activités de promotion sont complètement dégagées de l’administration centrale de l’industrie, ce qui doit donner au Conseil une souplesse de fonctionnement et une qualité de service que l’administration est généralement mal placée pour fournir. En effet, l’exercice des fonctions de promotion et de réglementation des investissements exige, au double plan de la gestion et du personnel, des motivations et des talents très différents; et dans la pratique, l’aspect réglementation a souvent tendance à prendre le pas sur la promotion. 53. Dans le but de simplifier les démarches, le Conseil dispose d’une délégation de pouvoir des ministères pour octroyer les autorisations et les agréments. Afin de suivre les réalisations de l’entité, des indicateurs de performance avec des objectifs annuels sur trois ans seraient mis en place. 54. Enfin, le Conseil est encore responsable pour lancer et suivre des études sur quatre projets de développement : (i) procéder au lancement d’une Banque de Développement; (ii) poursuivre le développement des zones industrielles et des zones franches afin de tirer profit de l’avantage compétitif de Madagascar en matière de coût de la main-d’oeuvre; (iii) favoriser le développement des PME/PMI pour utiliser de façon intensive la main-d’œuvre en surplus; et (iv) promouvoir le développement de la micro-finance (par l’entremise d’institutions financières) pour accélérer le développement des PME/PMI. 17 C2. MESURES INCITATIVES ET SERVICES D’APPUI INSTITUTIONNEL POUR LA PROMOTION DES EXPORTATIONS 55. Concernant la promotion des exportations, ce qui semble manquer le plus à Madagascar est l’accès aux services conseils dans la recherche et l’exploration des marchés extérieurs, le conditionnement des produits, les systèmes améliorés d’inspection de produits et de contrôle de la qualité, la recherche de réduction de coûts à tous les stades d’approvisionnement, d’études de préinvestissement pour les projets d’exportation, les opérations de vente et de distribution sur les marchés d’exportation, ou l’acquisition du savoir-faire dans le design et le process. Dans ces conditions, le succès dans le développement des exportations dépendrait, dans une grande mesure, de la volonté du gouvernement de mettre en œuvre les deux facettes d’une stratégie d’incitation à l’exportation, comprenant, d’une part, la conception et la mise en place efficiente des incitations et des procédures d’exportation et, d’autre part, le développement des services d’appui institutionnel. Concernant ce dernier point, il convient de considérer la création d’un comité qui, placé sous l’autorité présidentielle à l’instar du modèle sud-coréen, devrait se mettre à l’écoute des dysfonctionnements dans les politiques et services d’exportation (marketing, procédures, …) et faire des propositions pour améliorer la promotion des exportations. 56. Pour l’instant, le Gouvernement est préoccupé de la mise en place d’un Guichet Unique des exportations afin de faciliter les procédures d’exportation; dans le cadre des mesures incitatives, il a prévu l’instauration d’un fonds spécial pour les exportations. Une agence de promotion des exportations, de type CEPEX (Centre de Promotion des Exportations) en Tunisie est également à l’étude. Le CEPEX en Tunisie est une entité complètement à part de la FIPA, qui elle, est l’agence de promotion des investissements; mais en termes de représentation à l’étranger, ces deux entités partagent, à l’étranger, les mêmes locaux. 18 C3. METROLOGIE, NORMALISATION, ESSAI ET CONTROLE DE LA QUALITE (MNEQ) 57. Les exportations traditionnelles représentent une grande partie du commerce international de Madagascar. Le manque de conformité à la qualité et aux normes requises au niveau international demeure un des principaux facteurs limitant l’expansion des exportations. 58 Par ailleurs, la concurrence, notamment dans les industries textiles et vestimentaires, a pris aujourd’hui des formes nouvelles qui atténuent quelque peu l’importance de l’avantage de bas salaires. En effet, pour des produits dont le créneau de vente se mesure en semaines, le facteur indispensable à leur compétitivité est moins l’attrait des coûts de main-d’œuvre que la fiabilité de la logistique dans la chaîne d’approvisionnement et la capacité de se conformer à des délais de livraison extrêmement courts. Ce même type de considération s’applique au secteur agro-alimentaire où les facteurs critiques sont la fiabilité de la chaîne à froid et la rapidité de la logistique et du contrôle de qualité. Les industries de ce type requièrent, non seulement une infrastructure de haute qualité, mais aussi une bonne compréhension des besoins et une collaboration efficace de la part des autorités administratives de tutelle. 59. Il convient donc d’améliorer l’infrastructure en matière de métrologie, de normalisation, d’essai et de contrôle de la qualité (MNEQ), de sorte que les entreprises puissent s’adresser aux organismes agréés à des fins d’essai, de certification et d’étalonnage. Il serait souhaitable que les services nationaux de MNEQ satisfassent au moins 60 à 75% des besoins des entreprises dans ce domaine. 60. L’instauration d’un système national de métrologie, de normalisation, d’essai et de contrôle de la qualité est un travail d’envergure, et les actions à mener concernent aussi bien la mise en place du système national de certification que la création de laboratoires d’analyse, après identification des produits industriels existants ou en prévision et un choix judicieux du matériel de laboratoire. Il faudrait, pour bien faire, s’inspirer de l’expérience acquise par Maurice dans le développement de telles infrastructures technologiques (voir encadré suivant). L’ONUDI qui a une longue expérience d’assistance dans ce domaine, pourrait apporter une contribution importante. 19 Maurice : Expérience dans le développement des infrastructures technologiques La croissance rapide des exportations manufacturées de Maurice s’est accompagnée d’un dispositif d’appui technologique qui comporte un certain nombre de points forts. Ce dispositif comporte plusieurs institutions impliquées dans la métrologie, la normalisation, l’essai et le contrôle de qualité, l’amélioration de la productivité, la formation, l’aide aux PME, et la diffusion de la technologie – et qui ont été considérablement renforcées au cours des récentes années. Parmi ces institutions, il convient de citer le Bureau de Normalisation Mauricien (BNM) et le Plan de Diffusion de la Technologie (PDT). Le BNM est l’organe officiel en matière de métrologie, normalisation, d’essai et de contrôle de la qualité. Il comporte un personnel de 63 employés (dont 30 scientifiques, ingénieurs et techniciens), et son budget courant s’élève à 0,8 million de dollars en 1995/96. Vers le milieu des années 90, le BNM a reçu une assistance de la part du projet « Assistance Technique pour Améliorer la Compétitivité » de la Banque Mondiale, avec un prêt de 3,5 millions de dollars et un apport de 1,5 million de dollars du gouvernement. Un accord de jumelage a été passé avec le Singapore Institute of Standards and Industrial Research (SISIR) pour relever le niveau d’expertise. Le potentiel d’accumulation via la collaboration avec les institutions de meilleure pratique a été habilement exploité par Maurice : le projet de la Banque Mondiale et l’accord de jumelage ont ensemble contribué dans une large mesure à relever les capacités du BNM. Le BNM dispose de six divisions (Développement des Normes, Assurance Qualité, Métrologie, Ingénierie, Chimie, Documentation et Information), et il compte atteindre bientôt l’objectif de 50% d’autofinancement. A l’instar des pays industriels, les services d’essai et d’assurance qualité sont déjà payants. Le BNM est en train de songer à la mise en place d’un système national d’accréditation pour les laboratoires d’essai et de calibrage, lesquels semblent être d’un besoin pressant pour plus de 25 laboratoires privées dans le pays, dont la plupart ont montré un intérêt dans l’accréditation. De l’avis des entreprises concernées, le niveau de la qualité des services rendus par le BNM est élevé. La qualité et l’efficience du BNM explique certainement le nombre croissant des firmes mauriciennes qui ont obtenu les certificats ISO (92 en fin 1999 et 210 en fin 2002), le deuxième plus grand chiffre de certificats en Afrique subsaharienne, juste après l’Afrique du Sud, et ceci malgré la taille plus petite de l’économie mauricienne. Le Plan de Diffusion de la Technologie (PDT) est un projet fondé par la Banque Mondiale, visant à créer un marché pour des services de technologie en abaissant temporairement le coût de ces services. L’idée derrière ceci est de venir en aide à la demande de services de consultance de la part des firmes privées, en subventionnant le coût de ces services. L’espoir est d’inciter ces firmes à se recourir aux services offerts par de nombreuses organisations existant dans le pays, et d’augmenter ainsi l’acceptation de ces dernières par le monde industriel. Le projet a démarré en 1994 avec un financement s’élevant à 2,7 millions de dollars répartis sur quatre ans. Il a été mis en place par le Ministère de l’Industrie, et géré par un contractant privé. Il subventionne les firmes à hauteur de 50% des coûts d’acquisition des services de compétitivité tels que : amélioration de la productivité, services de la qualité et du design, et information/investigation sur les nouvelles technologies. Chaque firme peut recevoir une subvention par service et devra payer le plein prix de marché après. Selon les évaluations préliminaires, le projet a rencontré beaucoup de succès. Une évaluation complète du projet n’a pas encore eu lieu, mais il y a assez bien d’évidence pour conclure que les entreprises qui ont été ainsi subventionnées ont, pour la plupart, multiplié leurs chiffres d’affaires et leurs exportations. Source : Lall et Wignaraja (1998), repris dans le Rapport sur le Développement Industriel 2004, ONUDI. 20 C4. RESTRUCTURATION/MISE A NIVEAU INDUSTRIELLE 61. En prévision de l’ouverture des marchés régionaux et internationaux, la restructuration et la mise à niveau de l’industrie malgache sont devenues désormais des programmes prioritaires pour le Gouvernement, dans le but de promouvoir et développer un secteur industriel compétitif doté de capacités et de compétences institutionnelles et humaines. 62. Dans le souci d’éviter que le processus de libéralisation ne produise, à présent ou à terme, des effets pervers, voire même une désindustrialisation comme ce fut le cas dans certains pays, notamment africains, qui n’ont pas pu mettre en œuvre à temps les mesures de sauvegarde et d’accompagnement nécessaires, il est urgent et indispensable que: Le Gouvernement discute, arrête avec les représentants du secteur privé et met en œuvre, pendant une période transitoire, un certain nombre de mesures appropriées d’accompagnement et d’aide; Toute entreprise industrielle, disposant d’une valeur ajoutée réelle, accepte de faire des efforts d’adaptation indispensable et s’engage dans un programme de mise à niveau et d’amélioration continue pour atteindre et conserver le niveau minimal de compétitivité requis au plan international. 63. Les mesures d’accompagnement doivent être limitées dans le temps et ne doivent pas chercher à garantir aux entreprises telle ou telle marge bénéficiaire, ni telle ou telle part de marché, car les subventions en général retardent les ajustements et l’innovation au lieu de les promouvoir. 64. L’approche de restructuration et de mise à niveau a été conçue et lancée par l’ONUDI en 1995 pour répondre à diverses requêtes formulées notamment par certains pays de la région du sud de la Méditerranée, d’Europe de l’Est et d’Asie. Cette assistance fait partie des principaux services rendus dans le cadre du service module « qualité et productivité ». Ce module offre un ensemble de services flexibles pour aider à créer et développer les capacités nationales qui serviront de base pour stimuler et améliorer la productivité, la compétitivité et la croissance. 65. La question du renforcement du capital humain est abordée au sein de la section précédente. 21 Programme global de restructuration et de mise à niveau de l’ONUDI Première Composante Assistance à la conception, mise en oeuvre et suivi d’un programme national de restructuration industrielle et de mise à niveau (Bénéficiaire: Ministère de l’industrie) Résultat I Activité 1 Activité 2 Formulation et aide à la mise en œuvre d’un programme de restructuration Formuler et aider à la mise en œuvre d’un programme de mise à niveau Identifier le comité de pilotage et de la structure chargée de la mise en œuvre du programme; identifier d’autres structures et organisation qui constituent l’interface Etablir un programme de communication et de sensibilisation Former un corps de spécialistes chargés de mettre en œuvre le programme de restructuration/mise à niveau Activité 3 Activité 4 C.T M.T X X X X X X X Résultat II Activité 1 Activité 2 Concevoir et formaliser les procédures et le cadre réglementaire Formaliser les procédures de mise en œuvre du programme de mise à niveau Mettre à jour les textes législatifs ou réglementaires ayant un rapport direct avec la mise à niveau des entreprises X X Résultat III Activité 1 Activité 2 Activité 3 Etude et création d’un fonds de restructuration/mise à niveau Analyser la situation actuelle en matière de financement de l’investissement matériel et immatériel Etudier les possibilités et la faisabilité pour la création d’un fonds de restructuration/mise à niveau Assister à la création du fonds et à l’élaboration des procédures de fonctionnement X X Résultat IV Activité 1 Activité 2 Etude pour la création d’un tableau de bord de la mise à niveau Préciser les besoins par une enquête auprès des acteurs Décrire le dispositif de saisie, de traitement et de restitution de l’information ; préciser les conditions techniques, financières et réglementaires de son fonctionnement Valider le projet par le comité de pilotage et de le mettre en œuvre Activité 3 Deuxième Composante Renforcement des capacités des structures d’appui à l’industrie (bénéficiaires: structure d’appui) Résultat 1 Activité 1 Renforcement des capacités des bureaux d’études et des banques Organiser une session de formation sur le diagnostic stratégique et le plan de mise à niveau Résultat II Activité 1 Activité 2 Renforcement des capacités des organismes de normalisation, de certification et d’accréditation Evaluer la situation actuelle de l’infrastructure qualité en termes de ressources matérielles et humaines Formuler un programme pour mettre à niveau et renforcer les capacités des structures de normalisation, de certification, de métrologie et d’accréditation Assister les structures de normalisation, de certification, de métrologie et d’accréditation à obtenir une reconnaissance internationale Activité 3 Résultat III Activité 1 Activité 2 Activité 3 Renforcement des capacités des centres techniques Evaluer les besoins et les offres d’assistance technique Organiser des sessions de formation pour le personnel technique des centres Assister à la mise en place de banque de données techniques et commerciales Résultat IV Activité 1 Renforcement du dispositif d’accompagnement du commerce extérieur Evaluer la situation actuelle du dispositif d’accompagnement et d’incitation à l’exportation et à l’accès au marché international Formuler un programme d’assistance visant à faciliter le commerce international (Trade Facilitation) Aider à la mise en œuvre du programme Activité 2 Activité 3 Troisième Composante Programme d’appui pour la restructuration et la mise à niveau d’entreprise pilotes choisies parmi les secteurs prioritaires (Bénéficiaires: Entreprises) X X X X C.T X X X X X X X X X C.T M.T Rapport de diagnostic pour la mise à niveau pour chaque entreprise pilote choisie Diagnostic des produits-marchés et du positionnement stratégique Diagnostic financier Diagnostic des compétences managériales Diagnostic des compétences techniques et diagnostic qualité Formuler un rapport de diagnostic X X X X X Résultat II Activité 1 Activité 2 Choix de la stratégie de mise à niveau pour chaque entreprise Etudes des stratégies possibles Choix d’une stratégie de mise à niveau pour chaque entreprise choisie X X Résultat III Activité 1 Plan de mise en œuvre Formuler un plan de mise à niveau bancable X Résultat IV Activité 1 Activité 2 Assistance directe à la mise en œuvre Action de formation Assistance à l’exécution et au suivi des investissements immatériels, y compris : la certification ISO, l’introduction du HACCP , la recherche de partenariat, etc. 22 X X X Résultat I Activité 1 Activité 2 Activité 3 Activité 4 Activité 5 Source : «Guide Méthodologique : Restructuration, Mise à Niveau et Compétitivité Industrielle», ONUDI 2002. M.T X X X X C5. SERVICES D’EXTENSION INDUSTRIELLE ET RENFORCEMENT DES CENTRES REGIONAUX DE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET COMMERCIAL (CERDIC) 66. Dans le but de déclencher la dynamique entrepreneuriale de la population (notamment en milieu rural), il y a lieu de considérer la mise en place des services d’extension (vulgarisation) industrielle. C’est dans ce but que le MAP a prévu la création de différents Centres Régionaux de Développement Industriel et Commercial (CERDIC). Ces Centres seront naturellement renforcés pour servir d’encadrement aux PME/MPE. Ils fonctionneront comme une agence de développement sans pouvoir exécutif pour des contrôles réglementaires dans aucune sphère d’activité industrielle. Ils seront également appelés à intervenir en faveur du développement des pépinières et des clusters d’entreprises. 67. Pour promouvoir les services d’extension industrielle à grande échelle, il y a lieu de considérer un support institutionnel efficace pour fournir des informations sur les sources de technologies et identifier et négocier les transferts de technologie pour des entreprises/promoteurs qui veulent se lancer dans de nouvelles activités. Ce support institutionnel peut éventuellement prendre la forme d’une structure d’interface pour favoriser l’introduction de technologies adaptées au contexte de la PME/PMI malgache. La fonction d’interface peut être efficacement assumée par les CERDIC. 23 C5. LES OUTILS FINANCIERS 68. Le système financier malgache est peu profond et n’a pas été efficient pour promouvoir la croissance à large échelle. Il y a une faible monétarisation de l’économie malgache, le crédit au secteur privé est limité, et l’économie reste encore largement orientée sur de l’argent liquide (voir tableau suivant), tout cela évidemment ne favorise pas tout la croissance induite par le secteur privé. Statistiques monétaires des pays sélectionnés, 2005 En % du PIB Masse monétaire Crédit au secteur privé En % de la masse monétaire Monnaie en circulation Madagascar 21.6 09.9 27.5 Mozambique Maurice Afrique du Sud Bangladesh Vietnam Jamaique 28.4 85.8 71.2 39.0 82.4 37.6 13.9 58.2 74.1 28.7 66.0 16.9 16.9 … 04.9 … 19.0 12.2 Source : IMF country staff report for the 2007 Article IV Consultation, June 6, 2007 69. Le système financier malgache souffre d’une insuffisance de compétition et d’un faible niveau d’accès au financement à moyen et long terme. Les institutions financières existantes préfèrent se protéger contre les risques, et le coût d’intermédiation financière est élevé. Par conséquent, les besoins en financement du secteur privé restent en grande partie insatisfaits; même l’accès des PME au financement à court terme reste limité. Plusieurs institutions de microfinance appuient les petites initiatives privées, mais le taux d’emprunt (3% par mois) est très élevé. 70. Il est inutile de rappeler l’importance critique d’un marché financier performant pour la promotion de la croissance et du développement économique. Le fait que Madagascar ne dispose même pas d’une banque agricole et que la microfinance y est d’accès très limité, a été relevé comme le principal obstacle à la croissance de l’agriculture et du développement des activités de transformation en zone rurale. Le Gouvernement examine pour l’instant les moyens pour accroître de façon sensible l’accès au crédit aux opérateurs privés. L’une des suggestions avancées consiste à lever une taxe sur les excès de liquidités dormantes dans les banques. D’autres mesures, qui consistent à inciter les banques à accroître le crédit aux secteurs ruraux en les obligeant à ouvrir un certain nombre de succursales rurales pour chaque succursale ouverte en zone métropolitaine, sont aussi également à l’étude. 24 C7. LE SYSTEME NATIONAL D’INNOVATION INDUSTRIELLE 71. Les rapports de l’ONUDI sur le développement industriel ont souligné qu’il était important de renforcer la compétitivité grâce à l’innovation et à l’apprentissage, de s’appuyer sur l’industrialisation pour lutter contre la pauvreté et de renforcer les capacités pour rattraper le retard. Dans un système d’innovation industrielle idéal, les universités produisent de nouveaux savoirs qui sont mis en pratique par des laboratoires et exploités commercialement par des entreprises dynamiques. Un tel cadre interactif est crucial. 72. Le savoir est une source et l’innovation, une force. Il est impératif d’innover pour libérer tout le potentiel de développement de Madagascar. Afin de définir un projet national de renforcement du système d’innovation industrielle à Madagascar, il est recommandé de: Réaliser une étude-diagnostic sur l’envergure et l’efficacité du système d’innovation industrielle existant, afin d’énoncer les grands principes d’une politique de science & technologie (S&T) favorisant un développement industriel durable; Optimiser l’utilisation de données dont on dispose sur les S&T et la R&D, afin de définir les actions à mener pour saisir les possibilités qui se présentent; Créer des instituts technologiques de niveau mondial, y compris en travaillant en réseau avec des universités étrangères; Créer un environnement favorable aux entreprises, qui incite à recourir aux S&T pour dynamiser la croissance; Promouvoir un régime d’IDE favorable aux partenariats commerciaux, qui encourage un transfert plus efficace des technologies en renforçant les capacités d’adaptation nécessaires pour acquérir ces technologies, les assimiler, les adopter et les ajuster aux besoins locaux; Créer un climat social qui valorise ceux qui détiennent un savoir-faire scientifique; Encourager les scientifiques à publier leurs travaux de recherche; Soutenir les initiatives qui concernent les innovations locales. __________ 25 Bibliographie __ 1. MAP - Plan d’Action Madagascar 2007-2012 : Un Plan Audacieux pour le Développement Rapide (document officiel du Gouvernement, 2007) 2. Vision « Madagascar Naturellement » (document officiel du Gouvernement, 2004) 3. Programme National d’Appui au Secteur Privé (PNSP) (document du Ministère en charge de l’industrie et du secteur privé, septembre 2005) 4. Politique Nationale de Promotion des PME (document du Ministère en charge de l’industrie et du secteur privé, janvier 2007) 5. Madagascar : Un nouvel élan, de nouveaux défis (document du CERIC, site web : www.economie-madagascar.com), avril 2007 6. UNDAF Madagascar 2008-2011 Plan Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement, juin 2007 7. Vision Industrie 2010 : Les Facteurs Clés pour une Stratégie de Développement Industriel à Madagascar Manifeste du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM), 2007 8. Session Extraordinaire de la Conférence des Ministres Africains de l’Industrie (CAMI) 24-27 septembre 2007, Gallaher Estate, Midrand, Gauteng, South Africa 9. Madagascar: Cadre Stratégique pour la Promotion de la Croissance Manufacturière durant les Dix Prochaines Années (2006-2016) (rapport de la mission de Hai Nguyen Thanh en 2005 dans le cadre de la LPI) ONUDI, octobre 2005 10. Appui au Développement et à la Dynamisation du Secteur Privé : Programme Pilote Pour la Réduction de la Pauvreté à Madagascar Programme de coopération Madagascar-ONUDI (2005-2008) 11. Guide Méthodologique : Restructuration, Mise à Niveau et Compétitivité Industrielle (document ONUDI, août 2002) 12. IMF country staff report for the 2007 Article IV Consultation, June 6, 2007 13. Renforcer le Secteur Privé dans les Pays en Développement : L’Expérience des Pays du Mékong (par Federico Bonaglia, Etudes du Centre de Développement, OCDE 2006) 14. Building Knowledge Economies : Advanced Strategies for Development World Bank Institute (WBI) Development Studies, 2007 ____ 26