de Canton à Xining
Transcription
de Canton à Xining
voyage lecteurs LA CHINE LA CHINE AVEC LUC de Canton à Xining Après 4 mois passés en échange universitaire à Canton, Luc Gimbert, étudiant de 23 ans, a souhaité terminer ses études par un périple de près de 9.000km en Chine : deux mois en solitaire, sur une petite moto Suzuki 125cm3, depuis la ville de Canton en passant par le Yunan, les hauts plateaux du Kham Tibet, jusqu’à Xining, la capitale du Qinhai dans le Nord-Ouest de la Chine. Récit d’un périple fort en émotion ! Par Luc Gimbert road trip 122 août-septembre 2013 road trip 123 août-septembre 2013 voyage lecteurs LA CHINE L e jour du départ était fixé au 1er juin 2012, le lendemain de mon dernier cours à l’université Sun Yat de Canton. Voilà près de 1 an que j’avais ce voyage en tête, et à deux jours du départ, il me faut encore acheter une bonne partie de l’équipement dont la moto et peaufiner mon carnet de voyage. Toutes mes affaires sont étalées dans ma chambre : boussole, cartes de chaque province à traverser, téléphone portable, “Lonely Planet” et “Guide du Routard” de la Chine, quelques pièces mécaniques de rechange, gants, chaussures montantes et bien sûr deux très bonnes bouteilles de vin en cas de bonne (ou de mauvaise) rencontre… Je crois que je suis prêt ! La première journée de route fut tout sauf agréable ! Je n’aurais jamais imaginé qu’il soit si difficile de sortir de l’agglomération de Canton : il fait chaud, beaucoup trop chaud sous mon casque et le réseau routier autour de la ville est à me rendre fou. Je n’arrive pas à me repérer avec les panneaux écrits en chinois, quant à ma boussole, elle ne me sert à rien car je change de cap continuellement entre deux échangeurs. Mon voyage commence vraiment à partir du second jour et plus jamais je ne sentirai la même frustration que lors de cette première journée. Mes deux premières semaines dans la Chine intérieure me mènent à l’Ouest du Guangdong, dans le parc naturel de Lingnan. Je fais ensuite route vers le Guangxi pour passer quelques jours dans les rizières de Yangshuo. Je découvre enfin toute la beauté de la campagne chinoise : je parcours cette région de rizières et de collines en forme de pain de sucre. Tous les soirs, je m’arrête dans un petit bourg, les Chinois que je rencontre sont très accueillants : je suis systématiquement invité à dîner ! Ils sont souvent très intéressés par mon voyage, je suis le premier « laowai » (étranger) qu’ils rencontrent. Mon très mauvais accent chinois les fait beaucoup rire et nous passons ensemble d’excellentes soirées arrosées de bière locale. Après Yangshuo, je pars pour Guilin et les rizières du dragon. Je file ensuite tout droit vers la frontière avec le Vietnam à la rencontre des ethnies locales, les Lolos noirs. Je m’arrête aussi voir Detian Pubu : ce sont les secondes plus grandes chutes d’eau du monde, d’après l’office de tourisme chinois. Direction ensuite Hua Shan, la montagne aux fleurs, connue pour les énigmatiques peintures rupestres sur ses falaises. Je me retrouve sur un petit bateau pendant quelques heures. J’apprécie le calme de cette visite et la sérénité de l’endroit. Je passe donc 4 jours à longer la frontière vietnamienne. La route a bien changé depuis mon départ de Canton. Je circule très souvent sur de petites voies régionales très rarement goudronnées. Pour me repérer, je compte sur les très nombreux pompistes des stations-service Petro China. Ils ne se trompent guère sur les directions, à partir du moment où vous ne leur indiquez pas de destination à plus de 30 km. Après 15 jours en solitaire, j’arrive enfin à l’entrée de la province du Yunnan. Je dois retrouver mon ami Bogdan Rousset à Jianshui pour 15 jours de traversée de la province. Nous lui trouvons rapidement une moto et nous mettons le cap vers Yuanyang, vallée inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses rizières en terrasses. Le spectacle est époustouflant. Nous passons deux journées autour du site. La montagne a été travaillée sur des dizaines de kilomètres. Les nuances de vert sont un véritable spectacle. Pour tous les deux, les vraies raisons de la traversée du Yunnan sont la Luptatur aborem acearunt liqui blabo. Nequatur, solu road trip 124 août-septembre 2013 Luptatur aborem acearunt liqui blabo. Nequatur, solu découverte des contreforts du Tibet, à la pointe Nord de la région, entre la ville de Dali et Shangrila. Nous fonçons donc sur les petites routes en direction du lac de Dali, étape incontournable avant d’affronter nos premiers cols de montagne. Le petit centre historique de la ville est une bonne halte pour se remettre sur pied. 200 km plus au nord, nous entrons dans la ville de Lijiang, ancienne plaque tournante des caravanes de yacks qui rejoignaient Kunming depuis Lhassa et l’Inde. Malgré les nombreuses évolutions pour accueillir les touristes du monde entier, la cité n’a pas perdu de son charme. Nous passons une journée à nous perdre le long de ses petits canaux. À mi-chemin entre Lijiang et Shangrila, nous décidons de faire une halte sportive aux Gorges du Saut du Tigre. Nous laissons nos motos sur le bord de la route et enfilons des chaussures de marches pour deux exceptionnelles journées de randonnée, sous un soleil de plomb. Le 27 juin, nous arrivons dans la fabuleuse cité de Shangrila. La route qui y mène nous donne un premier aperçu des paysages tibétains : nous sommes à plus de 3.000 m d’altitude. La route serpente péniblement le long des pâturages. Nous arrivons enfin sur le plateau. Nos machines ont du mal à avancer à cause du manque d’oxygène. Tout excités, nous garons nos bécanes sur la place centrale de la ville, au pied du grand temple de Shangrila et nous partons à la recherche d’un guide pour un trek de deux jours dans la montagne environnante. Après une journée de randonnée, nous nous arrêtons dans un abri de nomades, pour partager le thé au beurre de yack. Encore un souvenir inoubliable. Nous camperons quelques kilomètres plus loin, dans un pâturage d’herbe à yack. À notre retour, Bogdan et moi, nous nous séparons. Je dois filer dans quelques jours pour Deqin et le Sichuan. Je reprends mon voyage seul. Je rejoins la route Sud Sichuan-Tibet qui fait le lien entre Lhassa et Chengdu. A plus de 4.800 m d’altitude, dans la boue, sous la pluie, la grêle puis la neige. Je vis l’une de mes meilleures galères du voyage. Avec le peu d’oxygène dans l’air, ma moto ne dépasse plus les 40 km/h. De toute façon les 40 cm de boue au sol ne m’auraient pas vraiment permis d’aller plus vite. J’arrive péniblement à Ya’An, en banlieue de Chengdu pour une journée de repos dans un centre pour pandas. Fini les routes cabossées, aujourd’hui je me comporte comme un parfait touriste attendri par leur côté pataud. Cette halte n’est que de courte durée. Jai très envie de revenir dans les montagnes du Sichuan, et à 1.500 km au Nord-Ouest de Ya’An se trouve la région du Kham Tibet et le col de Dégé à plus de 5.000 m d’altitude. L’idée de me frotter à nouveau à la montagne me taquine. Cette région n’est ouverte aux étrangers que depuis quelques mois, et je suis bien tenté d’aller y vadrouiller quelque temps. road trip 125 août-septembre 2013 Ces 10 jours de trajets vers Dégé furent une immersion totale dans l’environnement tibétain. Il n’y a qu’une seule route dans cette province, reliant quelques bourgs tous les 100 km. Les habitants vivent comme il y a 100 ans : de l’élevage de yack et des quelques commerces du bourg. Niveau confort, c’est le néant : pas une douche à 500 km à la ronde. Entre deux bourgs, ce ne sont que des vallons couverts de prairies. On se sent seul au monde. Je croise moins de 5 voitures par jour. C’est presque le désert. Je suis transporté dans ces paysages et j’y repense encore très souvent. Au fil du trajet, je choisis mes haltes selon les quelques endroits à visiter : les tours de Damba et son pont suspendu, les lamaseries de Ganzi et de Sershu et finalement le centre d’imprimerie bouddhiste de Dégé. J’arrive finalement à Yushu, dans la province du Qinhai, dernière province de mon voyage. J’avoue que toute la fatigue accumulée par ces 7 semaines de route me pèse. Il est voyage lecteurs LA CHINE Equi repro dolest pernamusa volorro viditis eost rectet ommod temps d’arriver au lac Qinhai, le plus grand de Chine et de boucler ce périple. La route entre Yushu et Xining, la capitale du Qinhai, est une voie simple, droite, à perte de vue. Pas un véhicule sur la route. Peu à peu le climat change. Plus l’altitude baisse, plus la chaleur est de retour. En 3 jours, je passe de -4°c sous la neige du col de Bayankala Shan à 4.828 m à la chaleur étouffante de Xining, ville nouvelle chinoise entourée d’un désert de sable qui ressemble au Sahara ! L’arrivée à Xining est une véritable fête ! J’appelle ma famille et passe une après-midi à envoyer des nouvelles depuis un internet café. Je n’en avais pas vu depuis plus de 7 jours. Il me reste encore une semaine avant de devoir rentrer à Canton. Je reste donc 3 jours à Xining le temps de revendre ma moto et une partie de mon équipement. Les Chinois sont forts en affaire et je ne revends pas ma moto suffisamment chère pour rentrer à Shanghai et Canton en avion. Avec 3 000 yuan en poche, je dois prendre le train : 35 h de voyage non stop sur une banquette simple ! À mon arrivée à Shanghai, je passe chez Kevin, un de mes amis qui travaille ici depuis 2 ans. J’apprécie ce retour à la civilisation et au confort des grandes villes. Je retrouve sur place Sammy, grand fan de side-car, qui s’est offert un vieux Changjiang. Ce side-car est la réplique chinoise de la réplique russe (ndlr : l’auteur fait ici référence aux marques Ural et Alignam eat. Qui corem voluptatus volendest Alignam eat. Qui corem voluptatus volendestrum reped quias et quaerem road trip 126 .août-septembre 2013 Dniepr) des side-car BMW allemands de la Seconde Guerre mondiale. Il me laisse le conduire sur le Bund, toute une soirée durant. Ce sont mes derniers moments à moto en Chine. Une semaine plus tard, je quitte Canton. Direction Hong Kong pour de nouvelles aventures ! RT