En moyenne pour le secteur de l`assurance

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En moyenne pour le secteur de l`assurance
Good Value for Money a le plaisir de vous envoyer présentement sa 18ème newsletter. Good Value
for Money vous apporte par la présente un éclairage sur la situation financière des fonds en euros à
fin 2013, ainsi que sur l’évolution des politiques d’investissement des assureurs vie.
L’analyse réalisée par Good Value for Money porte sur les comptes de 30 assureurs vie pesant
1 275 Md€ d’encours fin 2013, soit environ 90 % du marché. Ces encours sont investis à 84 % en
euros fin 2013, soit 1 070 Md€.
L’analyse statistique réalisée par Good Value for Money porte sur des données arrêtées fin 2013. Il
est en l’état impossible de donner une vision homogène de la situation des fonds en euros et de
leurs réserves à fin 2014. Good Value for Money indique toutefois ses évaluations à date dès que
c’est possible.
Les éléments figurant dans la présente newsletter peuvent être repris en totalité ou en partie, à la
condition d’en citer la source : GoodValueforMoney.eu.
En moyenne pour le secteur de l’assurance-vie, la provision pour participation aux
bénéfices (PPB) est montée de 1,4 % de rendement en réserve fin 2012 à 1,7 % fin 2013.
Le débat sur l’intérêt (ou non) de constituer une provision pour participation aux bénéfices
(PPB) a un caractère spécieux, car l’assureur a par ailleurs toute latitude pour réaliser (ou
non) des plus-values latentes et donc bonifier (ou pas) le rendement financier de son fonds
en euros. La comparaison des PPB doit donc être réalisée avec recul et intégrer également
celle des plus-values latentes non-obligataires (c’est-à-dire les plus-values latentes
immobilières et sur actions).
Good Value for Money estime le niveau moyen de provision pour participation aux
bénéfices (PPB) du secteur de l’assurance-vie à 1,66 % en moyenne fin 2013, à comparer à
1,39 % fin 2012. Il y a donc une progression de + 0,27 % du rendement en réserve au cours
de l’exercice.
Pour mémoire, la PPB constituée au titre d’un exercice doit être restituée aux épargnants du
fonds en euros dans un délai maximum de 8 années. Il y a un « roulement » des différentes
générations (en termes de flux d’entrée et de sortie) au sein de la PPB. Chaque année,
l’assureur-vie est dans l’obligation de reverser sous forme de participation aux bénéfices
(PB) les flux de PPB enregistrés 8 années auparavant.
Consulter ici le lien vers la photographie Good Value for Money de la réserve constituée par la
provision pour participation aux bénéfices (PPB) dans les encours en euros des assureurs-vie fin 2012
et fin 2013.
La réserve de capitalisation, qui appartient également aux assurés et qui joue un rôle
d’amortisseur en cas de réalisation de moins-values obligataires est restée globalement
stable à 1,10 % entre fin 2012 et fin 2013.
La réserve de capitalisation sert à absorber l’ensemble des plus-values et des moins-values
obligataires réalisées par un assureur-vie. Concrètement, cela signifie que la réalisation d’une plusvalue lors de la vente d’une obligation ne vient pas alimenter le rendement du fonds en euros ; elle
renforce la réserve de capitalisation.
A la différence de la provision pour participation aux bénéfices (PPB), l’assureur-vie n’a aucune
obligation de restitution dans le temps des flux d’alimentation de réserve de capitalisation. En
revanche, l’assureur-vie pourra céder à perte des obligations fortement dégradées et imputer la
perte ainsi réalisées sur la réserve de capitalisation.
La réserve de capitalisation joue donc un rôle de « coussin ». Elle a notamment servi aux assureursvie en 2011 pour absorber les moins-values inhérentes à la restructuration de la dette souveraine
grecque.
Consulter ici le lien vers la photographie Good Value for Money de la réserve constituée par la réserve
de capitalisation dans les encours en euros des assureurs-vie fin 2012 et fin 2013.
Compte-tenu des investissements importants réalisés par les assureurs-vie (en quête de
rendement) dans l’immobilier, les plus-values latentes sur l’immobilier ont baissé de 29 %
fin 2012 à 26 % fin 2013.
Via leurs investissements, les assureurs-vie ont accru d’environ 4 milliards d’euros le poids
des placements immobiliers dans leurs fonds en euros entre 2012 et 2013. Le marché de
l’immobilier étant situé à des prix élevés, il devient plus difficile d’y réaliser des plus-values
rapides. Par ailleurs, la crise économique engendre une vacance accrue dans l’immobilier de
bureaux.
Dans ce contexte, Good Value for Money enregistre une baisse (à la fois en valeur absolue
et en valeur relative) des plus-values immobilières latentes entre fin 2012 (28,9 %) et fin
2013 (26,0 %).
Consulter ici le lien vers la photographie Good Value for Money de la réserve constituée par les plusvalues latentes immobilières dans les encours en euros des assureurs-vie fin 2012 et fin 2013.
La hausse de 17 % du CAC 40 (notamment) en 2013 a contribué à l’augmentation des plusvalues latentes sur actions entre fin 2012 et fin 2013 dans les fonds en euros.
Les plus-values latentes sur actions sont par nature volatiles. Good Value for Money les
évalue à 15,9 milliards d’euros fin 2013 à comparer à 3,2 milliards d’euros fin 2012. En
termes de niveau, on est passé de 2,2 % de plus-values latentes sur actions fin 2012 à 11,4
% fin 2013. Rappelons que l’année 2013 a été caractérisée par une hausse générale des
marchés actions, le CAC 40 étant, à titre d’illustration passé de 3 641 points fin 2012 à 4 276
points fin 2013.
Dans le contexte de mise en vigueur des nouvelles normes prudentielles Solvabilité II le 1er
janvier 2016, Good Value for Money note une baisse du poids des actions dans le
portefeuille des fonds en euros. Sur le panel d’assureurs-vie analysés, la baisse est de 2
milliards d’euros sur la période : on passe de 142 Md€ d’investissement actions (et
monétaire) fin 2012 à 140 Md€ fin 2013.
Pour rappel, l’une des conséquences de Solvabilité II est d’exiger la constitution par les
assureurs-vie d’une marge de solvabilité liée au niveau de risque et de volatilité de leurs
actifs. Un investissement en actions étant plus « coûteux » pour un assureur-vie en termes
de marge de solvabilité qu’un investissement en obligations bien notées, il y a logiquement
une diminution progressive du poids des actions dans les encours des fonds en euros.
Consulter ici le lien vers la photographie Good Value for Money de la réserve constituée par les plusvalues latentes sur actions dans les encours en euros des assureurs-vie fin 2012 et fin 2013.
Dans un contexte de forte baisse des taux obligataires et d’arrivée des prochaines normes
prudentielles Solvabilité II, plusieurs assureurs-vie ont clairement limité la croissance de
leurs encours en euros.
L’assurance-vie en euros arrive à la fin d’une période de 30 années d’un formidable
développement soutenu notamment par une situation (très favorable) de baisse des taux
obligataires permettant aux assureurs-vie de tirer profit de stocks d’obligations
« anciennes » bénéficiant de rendements meilleurs que celles nouvellement émises.
Solvabilité II va rendre (très) coûteux pour les assureurs le portage et le développement de
fonds en euros. Dans ce contexte, plusieurs assureurs-vie ont clairement pris le cap du
développement des unités de compte et de la maîtrise des encours de leurs fonds en euros.
Dans le panel de 30 assureurs-vie étudiés par Good Value for Money (pesant 90 % du
marché), on note au cours de l’exercice 2013 :
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une baisse des encours en euros pour 3 d’entre eux, dont Groupama Gan Vie qui a
enclenché une stratégie fortement orientée sur les unités de compte,
une croissance des encours en euros inférieure à 3 % pour 9 d’entre eux dont plusieurs
groupes d’assurance cotés en bourse : Axa, Aviva, Allianz, Cnp…
une croissance des encours en euros située entre 4 et 7 % pour 13 d’entre eux dont la
plupart des « gros » bancassureurs-vie : Prédica (Crédit Agricole), Cardif (Bnp Paribas),
Sogécap (Société Générale), Acm Vie (Crédit Mutuel Centre-Est Europe Cic), Suravenir
(Crédit Mutuel Arkéa)…
une dynamique de croissance supérieure à 7 % pour 5 d’entre eux, en sachant qu’il
s’agit alors logiquement d’opérateurs de taille petite à moyenne.
La forte baisse des taux obligataires combinée à l’arrivée des normes prudentielles
Solvabilité II va amener l’ensemble du secteur de l’assurance-vie à revoir ses offres en
matière d’épargne et de retraite. Good Value for Money fera évoluer tant la nature des
contrats sélectionnés que les critères de qualification en conséquence.
Définition des notions techniques utilisées
Réserve de capitalisation
La réserve de capitalisation est une réserve alimentée par les assureurs vie avec les plus-values
réalisées lors de la cession d’obligations, et ponctionnée symétriquement pour compenser les
moins-values obligataires qui se sont concrétisées. Elle n’intègre pas les plus et moins-values
latentes. Grâce à ce mécanisme, les plus et moins-values obligataires, lors de leur réalisation,
n’affectent pas le rendement et la participation aux bénéfices (alimentés en revanche par les
coupons et intérêts dégagés sur ces mêmes obligations), ce qui permet aux assureurs d’amortir les
éventuelles évolutions de taux d’intérêt et de stabiliser le rendement de la poche obligataire de
leur fonds en euros.
Participation aux bénéfices (PB)
Toute compagnie d’assurance-vie est tenue de reverser à ses assurés un minimum
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de 90 % de ses bénéfices techniques
·
et de 85 % de ses bénéfices financiers,
en vertu de la règle imposée par le Code des assurances depuis la loi du 17 décembre 1966 sur la
participation aux excédents.
Cette rémunération, qui s’ajoute au taux minimum garanti, peut être reversée aux assurés :
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soit sous forme de PB immédiate au titre de l’exercice qui vient de s’écouler,
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soit via une alimentation de la provision pour participation aux bénéfices (PPB).
Les règles de participation aux bénéfices s’appréhendent globalement au niveau de chaque
compagnie, ce qui explique qu’un assureur peut, en toute légalité, servir des taux de rendement
différents à deux assurés investis sur un même fonds en euros. Le contrat d’assurance précise en
général les modalités d’affectation de la PB.
Le rendement garanti et la PB constituent le taux de rendement servi à l’assuré (avant déduction des
frais et des prélèvements sociaux), et font partie des éléments que l’assureur a l’obligation de
communiquer chaque année au souscripteur / adhérent (pour les contrats de plus de 2 000 euros
d’encours).
Provision pour participation aux bénéfices (PPB)
Les assureurs ne sont pas obligés de distribuer immédiatement la participation aux bénéfices (PB)
prévue par la législation, ils ont 8 ans pour le faire. La partie non distribuée de la PB vient alimenter
un compte de provision, appelé provision pour participation aux bénéfices. Très souple d’utilisation,
la PPB est la véritable variable d’ajustement des taux de rendement, car elle permet de lisser dans
le temps les taux de rémunération servis aux assurés au titre des contrats et fonds en euros. La PPB
appartient aux assurés mais c’est un bien collectif (il n’est pas possible de réclamer sa quote-part de
PPB lorsque l’on rachète son contrat).
Provision pour dépréciation durable (PDD)
La provision pour dépréciation durable est constituée si la valeur de marché d’un actif admis en
représentation des engagements des assurés (action ou obligation) est inférieure à sa valeur au
bilan, et si cette situation de moins-value latente est considérée comme durable. La PDD est
calculée ligne à ligne, c'est-à-dire pour chaque titre.
La règle est de constituer une PDD si un actif baisse de plus de 20 % (30 % en période de forte
volatilité des marchés) pendant au moins 6 mois. Lorsque les titres en question regagnent de la
valeur, l’assureur peut procéder à une reprise de PDD.
Provision pour risque d’exigibilité (PRE)
La PRE est constituée si, après calcul de la PDD, la valeur de réalisation de l’ensemble des actifs non
obligataires du portefeuille d’actifs de l’assureur (actions, immobilier, OPCVM…) est globalement
inférieure à la valeur inscrite au bilan, ce qui correspond à une situation de moins-value nette
globale. C’est une façon pour l’assureur de provisionner un éventuel risque de liquidité
qu’occasionnerait la vente d’actifs à perte. La PRE peut être passée à 100 % à la fin de l’exercice, ou
lissée sur 3 à 8 ans, sur décision de l’ACPR. Elle peut être reprise l’année suivante si les conditions le
justifient.