Mot d`ordre du FPI relatif à la Présidentielle du 25

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Mot d`ordre du FPI relatif à la Présidentielle du 25
FRONT POPULAIRE IVOIRIEN
Le Secrétariat Général
Mot d’ordre du FPI relatif à la
Présidentielle du 25 octobre 2015
Ivoiriennes, Ivoiriens !
I-
Tout est donc joué. Rien n’est donc plus jouable dans une Côte
d’Ivoire profondément divisée !
A la veille de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, en cette année 2015, des
formules qui placent les Ivoiriens devant un ultimatum nous viennent à l’esprit :
- Silence, on vote en Côte d’Ivoire pour porter le chef de l’Etatcandidat à la présidence de la République !
- Les jeux sont faits. Rien ne va plus. Comme dans un casino !
- Rompez les rangs ! Circulez, il n’y a rien à voir !
- Dormez tranquilles. Le chef de l’Etat-candidat
à l’élection
présidentielle 2015 est déjà élu. Nous maitrisons la situation !
Tout est donc joué à l’élection présidentielle 2015. Rien n’est donc plus
jouable !
Tout est donc joué ! Rien n’est donc plus jouable dans une Côte d’Ivoire qui
devient un long cauchemar confus !
Tout est donc joué ! Rien n’est donc plus jouable dans une Côte d’Ivoire qui ne
s’aime plus quand elle se regarde dans le miroir !
Tout est donc joué ! Rien n’est donc plus jouable dans une Côte d’Ivoire où les
tendances lourdes de la politique montrent surtout un mélange détonant
d’apathie civique, de silence prostré et de colère avalée !
Tout est donc joué ! Rien n’est donc plus jouable dans une Côte d’Ivoire qui
sent le soufre et qui fait penser au diable !
Tout simplement parce que le chef de l’Etat-candidat, M. Alassane Ouattara, a
pris le large, comme on le dit dans le Vendée Globe. Il a fait le choix de
privilégier le passage en force tant pour les questions liées à son éligibilité que
pour celles tenant à l’organisation d’une élection présidentielle juste et
transparente, au détriment de la réconciliation.
En effet, parvenu au pouvoir dans des conditions tragiques, le chef de l’Etatcandidat ne s’est pas transformé en homme d’Etat pour réussir la réconciliation.
Il veut la réconciliation par la peur. Il ne veut pas la réconciliation dans
l’honneur. Or, la réconciliation est confiance. Elle n’est pas méfiance. Quand on
sort d’une guerre, il faut faire la guerre à la guerre. Un Etat moderne est un Etat
qui solde la guerre civile atroce en réunissant les deux parties. Réconcilier, c’est
accepter de débattre avec sérénité de tous les sujets qui plombent l’avenir d’un
pays comme la Côte d’Ivoire. Aussi, ne saurait-il y avoir de sujets qui fâchent.
Vivre en démocratie, c’est écouter ce qu’on ne veut pas entendre. Or, le chef de
l’Etat-candidat veut la réconciliation mais à ses conditions. Cette attitude heurte
l’éthique même de la réconciliation. Elle est la poursuite de la guerre. La
réconciliation authentique, celle que pratiquent tous les peuples de la terre des
hommes, on la fait toujours et partout à conditions partagées. On ne se réconcilie
jamais seul parce qu'une partie n'a jamais totalement tort et l'autre, jamais
totalement raison. Car c’est dans la contradiction que naît la recherche de la
vérité qui vient booster la réconciliation au nom de la paix, facteur de progrès.
Comment peut-on gagner le développement et la paix si on n’arrive pas à
inculquer l’art du vivre ensemble ? “ Vivre ensemble“ n’est-il d’ailleurs pas le
slogan qu’affectionne le Rassemblement des Républicains (RDR), ce parti dont
M. Alassane Ouattara demeure toujours le président quoique chef de l’Etat ?
II- L’esprit de compromis et d’ouverture du Président Laurent
Gbagbo foulé aux pieds
Pour recevoir il faut donner, il faut avoir la paume ouverte. Et c’est celui qui
est aux commandes de l’Etat qui peut le plus donner. En effet, qui peut appeler à
l’union sinon celui qui gouverne ? Le président Laurent Gbagbo l’a si bien
compris qu’il a tant donné, même s’il n’a rien reçu en retour. L’essentiel, ici, est
qu’il a su se libérer de son idéologie, de son système, de son camp et du Front
Populaire Ivoirien (FPI), son parti, pour devenir l’homme de la Nation. Il est
resté favorable aux compromis parce que, historien de formation, il sait que c’est
ainsi qu’on construit un Etat moderne, une Nation pluriethnique et
pluriconfessionnelle. Qui veut faire la réconciliation et la paix doit donc savoir
faire des compromis et accepter d’en faire. Le Président Laurent Gbagbo nous a
enseignés, par son comportement, son sens de l’éthique et des valeurs, qu’une
fois que l’on est au pouvoir et quelles que soient les vexations subies, il faut
laisser derrière soi l’amertume, la haine et la vengeance, sinon on reste à jamais
leur prisonnier.
Les négociations pour la réconciliation et la paix sont en elles-mêmes une
voie de guérison individuelle et collective, une thérapie. Elles ne peuvent aboutir
que si l’on a la volonté de regarder au plus profond de soi-même, dans les replis
de son âme pour en extirper les démons qui l’habitent. L’une des choses les plus
importantes que le Président Laurent Gbagbo a apprises en négociant la
réconciliation et la paix est qu’il devait accepter de se changer lui-même pour
pouvoir changer ses interlocuteurs. Car, ils sont des êtres humains, comme lui,
avec leurs parcours, leurs mythes, leurs œuvres, leur soif de dignité. En
acceptant de se changer lui-même pour changer les autres, dans l’intérêt bien
compris de la Nation, le Président Laurent Gbagbo s’est inscrit dans l’histoire
de son pays, la Côte d’Ivoire, et non simplement dans celle de son camp qui, du
reste, n’est ni séparé ni séparable de la Côte d’Ivoire. En cela, il a su marquer
son époque. Il est parvenu à incarner des valeurs et des espérances. Il s’est ainsi
hissé au rang d’homme d’Etat.
Au pouvoir, il a formé un gouvernement si peu ordinaire que l’on pouvait
qualifier, à proprement parler, d’équipe de rivaux, avec 72% des portefeuilles
ministériels aux mains du Rassemblement des Houphouétistes pour la
Démocratie et la Paix (RHDP, opposition). Pour sa générosité de cœur, son sens
de l’humain, son sens du compromis, son esprit d’ouverture, son sens élevé de
l’Etat et sa capacité de dépassement, le peuple de Côte d’Ivoire l’a réélu en
2010 mais les mondialisateurs de ce monde sont venus invalider les résultats
officiels du Conseil Constitutionnel.
A l’opposé, la boîte à outils de l’actuel chef de l’Etat-candidat, elle, se réduit
à un anti-gbagboisme primaire et obsessionnel, à un optimisme déconnecté du
réel. Sous l’œil complaisant et complice des bien-pensants et faiseurs de
systèmes, la Côte d’Ivoire est devenue pour les parents, sympathisants ou
supposés tels du président Laurent Gbagbo, un Disneyland des horreurs :
traques, enlèvements, gel des avoirs, exil, emprisonnements, tortures ou
exécutions sommaires et extra judiciaires. Aucune parole, aucun geste du Chef
de l’Etat-candidat M. Alassane Ouattara, ne sont venus dissiper le mal vivre des
Ivoiriens et extirper la peur immonde qui s’est installée au cœur de leurs vies.
C’est dans cette Côte d’Ivoire où le soleil se lève, mais ne brille pas, que
survient l’élection présidentielle, ce moment de tous les dangers et ceci même
dans un Etat normal.
Le grossier passage en force du chef de l’Etat-candidat ressemble à la
chronique d’un malheur annoncé. En effet, chacun de nous sent, confusément,
l’imminence de graves évènements. Il ne peut en être autrement avec un
candidat non éligible rendu éligible à la fois par un tour de passe-passe juridique
et judiciaire ; avec l’insécurité au coin de la rue, dans les domiciles et autres
lieux ; une commission électorale aux ordres, une liste électorale aussi secrète
que la formule de Coca-cola, des résultats connus d’avance avec à la clé des
pourcentages généreusement octroyés à des candidats selon leur degré
d’allégeance à M. Alassane Ouattara et selon leur capacité de nuisance.
Si la Commission Electorale Indépendante (CEI) ne fait pas l’élection, elle y a
une capacité d’influence et de nuisance. Le président de la CEI, M. Youssouf
Bakayoko, toujours aux manettes, l’a suffisamment démontré en 2010, par cette
tragique et interminable nuit où la Côte d’Ivoire a attendu en vain qu’il fût
minuit. Et où l’horloge du temps s’est bloquée à la Radiodiffusion Télévision
Ivoirienne (RTI), selon le bon vouloir de ce président de la CEI et de ses
puissants alliés et soutiens, pour se transporter clandestinement et se débloquer
subitement à l’Hôtel du Golf, Quartier Général du candidat Alassane Dramane
Ouattara.
En cette année 2015, dans son obsession d’opérer un passage en force, M.
Alassane Ouattara et ses appuis ne voient rien venir. C’est pourtant gros comme
le point de penalty dans la surface de réparation. Il est même presque établi
qu’une victoire dans de telles conditions restera toujours une victoire à la
Pyrrhus, éphémère, une victoire d’étape mais sans doute une défaite d’avenir.
III-
Vers la victoire en déchantant.
En effet, aucune victoire ne peut s’obtenir dans la défaite du processus
démocratique. La fin ne justifie pas les moyens, c’est un fondement de la
démocratie. L’élection présidentielle à venir, qui voit grandir la défiance de
l’électorat, peut être l’évènement fortuit qui fait dégringoler l’échafaudage, par
le déchaînement des forces aveugles de violences et de haine. Il est toujours
fascinant et inquiétant de voir comment l’histoire peut se mettre en mouvement
sur des têtes d’épingle et déclencher une terrible secousse institutionnelle.
En 2010, dans le dessein funeste de contraindre le Président Laurent Gbagbo
à organiser coûte que coûte l’élection présidentielle, l’argument - massue qui
devrait laisser tout sceptique sans réplique - était que c’est par les élections
générales que la Côte d’Ivoire parviendrait à la paix. Les élections ont été
organisées et la Côte d’Ivoire n’est toujours pas en paix, et encore moins
réconciliée ! Les mêmes causes perdurant en 2015 risquent de produire les
mêmes effets dramatiques. Hélas !
Au final, la Côte d’Ivoire ne se comprend plus. Il n’y a qu’à regarder les
visages des Ivoiriens : même quand ils sourient, les yeux vous disent la douleur.
Il n’est pas loin le jour où il nous faudra préparer fleurs et couronnes pour
l’enterrement de l’humour, cette carapace protectrice de l’Ivoirien.
Comme on le voit, l’affliction ivoirienne est profonde et le FPI, toujours aux
côtés du Peuple, se doit de lancer un mot d’ordre devant l’urgente nécessité de
sauver notre pays.
IV- Le mot d’ordre du FPI : Barrage par tous les moyens
légaux !
Nous avons un pays à reconstruire, une nation à bâtir. Le FPI, ce parti qui
s’inscrit toujours dans l’action responsable, a le devoir de protéger la Côte
d’Ivoire d’une aventure sans lendemain. Entre le FPI, le Président Laurent
Gbagbo et le Peuple de Côte d’Ivoire, il y a un contrat de confiance à durée
illimitée, une fidélité et une loyauté à perpétuité. Le FPI et le Président Laurent
Gbagbo portent la Côte d’Ivoire comme un tatouage indélébile. Le FPI estime
qu’il n’est ni moral ni éthique de s’octroyer un droit que l’on refuse aux autres.
En s’arc-boutant sur une éligibilité à controverse, en organisant une élection
présidentielle pipée d’avance, le Chef de l’Etat-candidat, M. Alassane Ouattara,
prive la Côte d’Ivoire d’une élection juste, ouverte, transparente et apaisée,
privant ainsi le FPI, le parti façonné par les élections et pour les élections, du
droit de faire campagne à l’élection présidentielle, ce temps fort de respiration
démocratique, ce moment de dialogue, d’écoute et de projet dans toute société
digne de considération. Pourtant, le FPI qui a un candidat, une audience avérée
et un projet, aimerait aussi, à l’instar des autres formations politiques et
candidats, aller à la rencontre des populations pour battre campagne et faire
triompher son candidat porteur de son projet de société. Par amour pour la Côte
d’Ivoire, des Ivoiriennes, des Ivoiriens mais aussi par amour des véritables amis
de la Côte d’Ivoire, le FPI qui est l’incarnation des valeurs et des espérances des
populations, refuse de se faire le complice et l’accompagnateur bienveillant et
docile d’une fraude annoncée.
Aussi, le FPI se tourne-t-il avec gravité vers le Peuple de Côte d’Ivoire pour
lui dire, d’abord les yeux dans les yeux, que le Parti et le Président Laurent
Gbagbo ne sont pas candidats à la présente élection présidentielle ; Ensuite, que
le Parti et le Président Laurent Gbagbo n’ont pas de candidat à la présente
élection présidentielle ; Que le Parti et le Président Laurent Gbagbo ne
soutiennent aucun des candidats à la présente élection présidentielle ; Enfin, que
le Parti et le Président Laurent Gbagbo n’ont donné aucun mandat à aucun des
candidats engagés dans la présente élection présidentielle, à l’effet de les
représenter et parler en leur nom en faisant des promesses inconsidérées à tout
vent, qui n’engagent qu’eux seuls.
En conséquence, le mot d’ordre que le FPI lance au Peuple de Côte d’Ivoire
est sans ambiguïté aucune : puisque le Chef de l’Etat-candidat, par son passage
en force, fait barrage à la participation du Parti du Président Laurent Gbagbo,
mais aussi à celle d’autres candidats à l’élection présidentielle 2015, le FPI , à
son tour, exhorte instamment le Peuple de Côte d’Ivoire à faire barrage par tous
les moyens légaux à l’élection présidentielle du dimanche 25 Octobre 2015. La
participation massive au scrutin étant un indicateur primordial de la crédibilité
d’une élection, le Peuple de Côte d’Ivoire a le devoir d’ôter à l’élection
présidentielle 2015, toute sa crédibilité en observant le présent mot d’ordre.
Nulle personne aimant la Côte d’Ivoire, à quelque niveau que ce soit, ne doit se
mettre en marge de ce mot d’ordre ou ruser avec lui.
L’heure n’est donc plus aux temps des hésitations, des calculs, des doutes et
de la peur. Nous voici maintenant au temps de la conviction, de la foi, de la
cohérence et de l’engagement. Les Peuples et les marchés financiers ont un
point commun : une fois lancés, on ne les arrête plus.
En lançant d’abord le mot d’ordre de faire barrage à l’élection présidentielle
par tous les moyens légaux, le FPI est convaincu en cela qu’avec l’adhésion du
Peuple, l’échec est peu probable ; mais sans cette adhésion, rien ne peut réussir.
En lançant ensuite, le mot d’ordre de faire barrage à l’élection présidentielle
par tous les moyens légaux, le FPI préfère prendre les devants avant que les
devants ne le prennent, comme on dit en Martinique.
Peuple de Côte d’Ivoire,
Avec le respect scrupuleux et responsable du mot d’ordre, « Nous aurons
raison parce que nous avons raison » (Anatole France). Nous avons raison
parce que nous sommes dans la vérité historique. Or, « Il y a quelque chose de
plus fort que toutes les armées du monde, c’est l’idée dont l’heure a sonné »
(Victor Hugo). Et l’idée dont l’heure a sonné est que la Côte d’Ivoire refuse
que son destin se décide ailleurs et par d’autres.
Le FPI sait que l’avenir nous réserve la joie, la paix et l’épanouissement. IL
est tranquille et serein parce qu’il sait que la Côte d’Ivoire se réveillera avec un
jour nouveau. La Côte d’Ivoire sera un grand pays qui va donner à l’Afrique et
au monde l’exemple d’un Peuple soudé, formé et fort.
Il y a toujours une clarté dans les ténèbres pour celui qui sait voir. Or,
Ivoiriens, vous savez voir loin.
Salomon a dit cette phrase : « Aussi longue que soit la nuit, le jour se lève
toujours ». Dans la lutte et dans l’espoir, salutations affectueuses à toutes et à
tous.
Sangaré Abou Drahamane,
Membre fondateur du FPI
Premier Vice-président assurant l’intérim
du Président du FPI Laurent Gbagbo