Disparition de Paul Keller pasteur et figure de l`alpinisme

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Disparition de Paul Keller pasteur et figure de l`alpinisme
Disparition de Paul Keller pasteur et figure de l'alpinisme
Paul Keller est décédé fin janvier. Son père, pasteur missionnaire travaillait avec le docteur Albert
Schweitzer, au Gabon ; il vit donc le jour, en 1926, à Lambaréné.
Faisant ses études en France, il est actif à la CIMADE pendant la guerre, notamment auprès des juifs.
Après des études de théologie, il est nommé pasteur dans le Briançonnais, puis à Grenoble. Il
enseigna aussi à la Faculté libre de théologie protestante de Montpellier.
Je souhaite lui rendre hommage, lui qui a marqué de sa forte personnalité des champs très divers.
Deux recoupent le chemin de l’Association Sur les Pas des Huguenots : docteur en
théologie, il nous laisse un ouvrage « L’Église disséminée : itinérance et
enracinement », coécrit avec G. Delteil, qui interroge les aspects théologiques
fondamentaux, au regard, entre autres, des évolutions de nos sociétés modernes.
Outre les sujets abordés en lien direct avec l’objet de notre Association, nous
pouvons retenir, et cela ne concerne pas seulement le christianisme, « la mission a
deux ennemis : la démission qui est son contraire et l’esprit de conquête qui en est
la perversion. Ce sont deux tentations dont le christianisme est toujours menacé,
d’autant qu’elles revêtent souvent, l’une et l’autre, les apparences de la vertu, celles
de la modestie respectueuse des autres, ou celles de l’aventure généreuse ».
Je laisse à d’autres le soin de développer davantage le versant théologique de Paul Keller, pour
m’attacher à l’alpiniste. Réalisant de nombreuses premières dans les Alpes dauphinoises dans les
années 50, il deviendra guide haute montagne en 1954. Doté d’une force morale et physique peu
commune, il participera à diverses expéditions, dont l’emblématique ascension de la tour du Mustagh
(7287 m) en 1956, première ascension himalayenne en style dit « alpin » et sans oxygène, c’est-à-dire
sans l’organisation très lourde habituelle à cette époque. On se souvient de l’expédition française de
1950 à l’Annapurna, mobilisant des centaines de personnes…
A la recherche des styles dépouillés, des chemins nouveaux, des espaces préservés et de
l’engagement, ce visionnaire développe une conception globale de la montagne, et surtout pas élitiste.
Président du syndicat des Guides de Haute Montagne, il fut un initiateur actif du diplôme
d’Accompagnateur en Montagne, destiné à « ouvrir » les portes d’une montagne accessible au plus
grand nombre, celle des randonneurs. L’accompagnateur en montagne est un médiateur, entre le
milieu et celui qui le découvre. Je prends à mon compte le fait qu’il voyait peut-être un lien entre le
pasteur et l’accompagnateur en montagne !
J’espérais pouvoir le faire venir lors d’une édition d’Exil et Tolérance, en Trièves. Cela restera un
regret. Pascal Lluch – Accompagnateur en Montagne - février 2015