Le Quotidien, vom: Donnerstag, 14. März 2013
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Le Quotidien, vom: Donnerstag, 14. März 2013
POLITIQUE ET SOCIÉTÉ jeudi 14 mars 2013 Vous avez dit pauvre? Près de 14 % des Luxembourgeois sont exposés au risque de pauvreté, rappelle Caritas. La pauvreté au Luxembourg : illusion ou réalité? L'association Caritas a organisé une conférence hier sur ce thème, rappelant que la pauvreté peut prendre de multiples formes. De notre journaliste Romain Van Dyck O ui, la pauvreté existe au Luxembourg. Mais on ne la voit pas tellement. Il y a une certaine honte à l'avouer, peut-être plus que dans d'autres pays, car le Luxembourg est un pays riche. Certains pauvres ont ainsi l'impression d'être comme le cheveu sur la soupe», constate Yves Schmidt, du service Solidarité et Intégration de l'association Caritas. Reste que trouver un instrument qui définisse clairement cette pauvreté n'est pas évident. «Mesurer la pauvreté n'est pas facile», constate sa collègue, Nathalie Georges, du service Recherche et Développement. Néanmoins, «pour mesurer la pauvreté matérielle, on peut se baser sur le taux de risque de pauvreté monétaire». Ce dernier est défini comme la part des personnes ayant un revenu disponible inférieur au seuil de risque de pauvreté, fixé à 60 % du revenu disponible médian du pays (après transferts sociaux). Ainsi, selon un rapport du Statec, «au Luxembourg, en 2011, le niveau de vie médian par ménage est de 2 766 euros par mois. La valeur du seuil de risque de pauvreté pour un ménage d'une personne est de 1 627 euros.» En 2011, 13,6 % des résidents grand-ducaux se situaient en-dessous de ce seuil, et étaient donc exposés au risque de pauvreté. À titre de comparaison, ce taux est de 16,9 % pour la moyenne de l'UE. «Le taux de risque de pauvreté est plus élevé chez les jeunes. Le taux augmente si on est une femme (14,5 %), encore plus pour celles qui ont moins de 17 ans (20,3 %)», ajoute Nathalie Georges. D'autres catégories sont encore plus exposées : «45,5 % des familles mo- noparentales risquent d'être pauvres au Luxembourg. C'est une des moyennes les plus élevées en Europe. Et ça n'évolue pas beaucoup au cours des années.» Du côté du risque de pauvreté selon la situation économique, pas de surprise : «Les chômeurs sont 42 % à risquer la pauvreté au Luxembourg.» Autre chiffre, pas anodin : près de 10 % des travailleurs sont exposés à ce risque, il s'agit des travailleurs pauvres ou «pauvres laborieux». «C'est un des taux les plus élevés d'Europe.» > On peut être riche et pauvre à la fois De même, on ne s'étonnera pas que 17,2 % des résidents qui ont un niveau d'éducation faible y sont exposés, contre 3,4 % des personnes qui ont un niveau d'éducation élevé. Ou encore que 20 % des résidents étrangers connaissent ce risque, contre 6,5 % des nationaux. Et les personnes âgées, demande une personne dans le public. Ils s'en sortent très bien : «Au Luxembourg, Témoignage Photo : françois aussems J e viens du nord de la France, là où Mittal licencie plus de 3 000 personnes, où PSA va en licencier plus de 8 000 suite à une délocalisation. J'ai dû quitter ma région pour proposer à mes enfants un avenir autre que le mien», témoigne Jeremy Charlet, invité par Caritas à venir témoigner lors de cette conférence. Il a décidé de devenir entrepreneur pour sortir de la pauvreté : «Suite à une longue période de chômage au Luxembourg, j'ai eu l'idée de créer ma propre société de livraison, Ecocity, en 2011. On c'est un peu l'exception, les personnes âgées ont très peu de risque de pauvreté, à peine 2,9 %», constatet-elle. Mais la pauvreté matérielle n'est pas tout. La pauvreté immatérielle, sociale, psychologique, est «peu palpable», ce qui rend sa mesure d'autant plus compliquée. Comme le fait remarquer une personne dans le public, un riche retraité retranché dans sa villa, avec sa bouteille d'alcool pour seul compagnie, ne sera pas considéré comme un pauvre. Et pourtant : «Un manque de ressource n'est pas forcément que financier, il peut être aussi social, car la pauvreté est une construction sociale.» C'est pourquoi on fait souvent le lien entre pauvreté et exclusion sociale : «L'exclusion sociale est la mise à l'écart de tout réseau social, ce qui entraîne une perte de repères et une incapacité de se projeter dans l'avenir.» Qu'elle touche le porte-monnaie ou le réseau social, la pauvreté a de multiples visages... www.caritas.lu propose un service de livraison "vert" à Luxembourg, à l'aide d'un triporteur électrique.» Sa société «permet de proposer du travail à des jeunes en difficulté, sachant que ce sont les principaux touchés par la crise, car les patrons ont l'embarras du choix». Dans un proche avenir, il annonce qu'il va essayer de développer sa société au niveau national, en visant notamment Eschsur-Alzette, «qui est plus ouvert que d'autres villes à ce genre d'initiative». Il s'appuie pour cela sur un deuxième pôle d'activité, le lavage de voiture écoresponsable, en utilisant des produits d'origine végétale. Le Luxembourg compte près de 10 % de travailleurs pauvres, un taux très élevé, constate Nathalie Georges. VITE DIT 2 500 LE CHIFFRE Médecins sans frontières Luxembourg a collecté pour les activités de l'ONG en Syrie 180 000 euros auprès de 2 500 foyers du Grand-Duché. L'ONG lance un nouvel appel aux dons devant l'urgence médicale et humanitaire dans ce pays en proie à la guerre civile. ■ PAYS BALTES ■ DE VIENNE À BERLIN Le ministre des Finances, Luc Frieden, a retrouvé hier à Berlin ses homologues allemand, autrichien, suisse et liechtensteinois. Ont notamment été abordées la fiscalité des multinationales et la législation américaine contre l'évasion fiscale FATCA. Photo : alain rischard Le ministre des Affaires étrangè- res, Jean Asselborn, a effectué une visite officielle à Tallin en Estonie mardi, où il a également visité le centre de cyberdéfense de l'OTAN. Il a rencontré hier à Luxembourg la présidente du Parlement de Lettonie, Solvita Aboltina, dont le pays présidera l'UE au premier semestre 2015. Stefano Maria Cacciaguerra Ranghieri, nouvel ambassadeur d'Italie au Luxembourg (ici à côté de son épouse), a présenté hier ses lettres de créances au Grand-Duc. Né en 1952 à Rome et titulaire d'une maîtrise en sciences politiques, il a débuté sa carrière diplomatique en 1978. Ses différentes fonctions l'ont mené tour à tour à New York, Mexico, Caracas ou encore Chicago. éditorial de notre journaliste Christiane Kleer [email protected] Espoirs luxembourgeois déçus I l y a deux ans, le monde a retenu son souffle quand le Japon a tremblé. Une catastrophe nucléaire, rien ne semblait plus éloigné de la réalité à l'époque. Et c'est finalement en tenant cas des centaines de milliers de victimes de l'accident de Fukushima qu'une partie du monde industrialisé a (re)commencé à remettre en question le nucléaire. Ou pas? L'anniversaire de la tragédie a remis le sujet au menu de l'actualité. Commémoration, revendications concrètes : la ferveur antinucléaire post-Fukushima a également gagné le Luxembourg, où la fermeture de Cattenom reste un des enjeux principaux du débat. Or, hier, le retour sur Fukushima a connu une apogée qui donne à réfléchir. Le directeur de la centrale nucléaire mosellane, Guy Castrix, a annoncé que «trois à quatre milliards d'euros» seront investis dans cette installation vétuste d'ici 2022. L'objectif affiché d'Électricité de France : prolonger sa durée de vie jusqu'en 2052. Et Castrix n'a pas manqué de rappeler qu'il s'agit d'assurer l'indépendance énergétique de son pays et que, depuis sa construction, la centrale a contribué au développement économique de la région. Il n'y a donc pas de raison, à ses yeux, de liquider l'usine, qui produit quelque 30 milliards de kilowatts-heure par an. D'autant que des «investissements de sûreté liés à Fukushima» seront réalisés. Ce qui est du moins admettre que sa centrale ne répondait pas aux standards du secteur. Mais c'est nier qu'il n'existe pas de risque zéro. Argument qu'ont d'ailleurs fait valoir les quinze membres de la délégation luxembourgeoise qui s'est rendue à Paris, la semaine dernière, pour rappeler que le Grand-Duché veut la fermeture de Cattenom. Finalement, ce dossier n'a pas vraiment avancé depuis Fukushima, malgré les promesses de François Hollande et l'annonce de la fermeture de la centrale de Fessenheim. Les verts ont qualifié les déclarations de Guy Castrix de «mensonges», hier, argumentant qu'il serait «contraint de vendre la position officielle d'EDF». Quoi qu'il en soit, il apparaît, jusqu'à preuve du contraire, que les espoirs luxembourgeois seront sensiblement déçus. Persönlich erstellt für: D ITALIE AMBASSADE 4