Le Petit-Maître corrigé de Marivaux à la Comédie
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Le Petit-Maître corrigé de Marivaux à la Comédie
Le Petit-Maître corrigé de Marivaux à la Comédie Française Clément Hervieu-Léger fait revivre une pièce de Marivaux que l’on n’a plus vue à la Comédie-Française depuis sa création en 1734. L’histoire est celle d’ un jeune Parisien à qui ses parents ont trouvé un bon parti, fille de comte. Lieu : Comédie Française, Salle Richelieu Dates : jusqu’au 24 avril 2017 Mise en scène : Clément Hervieu-Léger Avec : Florence Viala, Loïc Corbery, Adeline d’Hermy, Pierre Hancisse, Claire de La Rüe du Can, Didier Sandre, Christophe Montenez, Dominique Blanc Une pièce méconnue Comédie en trois actes rédigée pour la Comédie Française en 1734, le Petit-Maître corrigé n’a pourtant pas eu le succès espéré par Marivaux. Elle figure au répertoire des pièces inconnues (ou plutôt méconnues) de Marivaux, et sera rapidement oubliée, à tort, après une première représentation laborieuse en 1734 et un accueil peu favorable à l’époque. Un échec dû à des conflits indépendants de la qualité de l’oeuvre. Clément Hervieu-Léger met donc en scène Le Petit-Maître corrigé pour la troisième représentation de la pièce au sein de la Comédie Française, sans dénaturer le texte et le contexte original de l’histoire écrite par Marivaux. « Quand une pièce est aussi peu connue que Le Petit-Maître corrigé, on doit d’abord la faire entendre pleinement pour ce qu’elle est : une grande pièce du XVIIIème siècle » C. Hervieu-Léger Le contexte : Hortense, campagnarde et fille de Comte, doit épouser le marquis de Rosimond, fraîchement arrivé de Paris. C’est un mariage arrangé auquel Hortense ne croit pas totalement sans amour. Rosimond est prétentieux voire hautain et entretient une relation avec la comtesse Dorimène. Hortense, avec l’aide de sa suivante Marton, n’acceptera de se marier qu’à une condition : que Rosimond change ses manières et se plie à lui avouer, avec sincérité, qu’il l’aime. Un tableau de campagne Notons d’abord la performance excellente, comme toujours à la Comédie Française, de l’ensemble des comédiens. Adeline d’Hermy brille totalement en Marton malicieuse et rusée, ainsi que Loic Corbery en Rosimond. Après nous avoir totalement bluffé dans les Damnés, on retrouve également avec plaisir Christophe Montenez dans le personnage de Frontin. Côté mise en scène, c’est dans un univers totalement champêtre, sans murs ni frontières, que le spectateur est plongé. Les comédiens sa baladent librement au milieu de ce tableau de campagne inspiré des peintures d’Hubert Robert. Clément Hervieu-Léger a choisi, avec justesse, de conserver une ambiance d’époque. « Comme elle a été très peu jouée, il ne semblait pas juste de la transposer à notre époque. Il était nécessaire d’abord de la réintégrer au grand répertoire du XVIIIe » préciset-il. On assiste à un véritable duel entre les personnages, les uns aristocrates maniérés et les autres, provinciaux décomplexés. Paris versus la province, la fierté mal placée du parisien face à l’authenticité parfois grotesque du provincial. Mais tous dans cette pièce, répondent à des stéréotypes et alimentent des clichés. Une analyse sociologique qui n’a certainement pas pris une ride. Michaël Hirsch reprend au Lucernaire ! Michaël HIRSCH : Pourquoi ? Théâtre du Lucernaire Du 18 janvier au 2 avril 2017 Du mercredi au samedi à 21h30 et le dimanche à 20h Le jeune comédien et humoriste Michael Hirsch présente un seul en scène plein d’humour et de poésie, mis en scène par Ivan Calbérac. Après avoir triomphé aux Déchargeurs et au Studio Hébertot, il revient sur les planches du Lucernaire en 2017. « Pourquoi être comme tout le monde alors qu’il y a déjà beaucoup de monde comme tout le monde ? » Même sur la page Facebook aux couleurs pastels de l’affiche de son spectacle, Michael Hirsch ne manque ni d’humour ni d’imagination. Les « Pourquoi » se succèdent et le jeune homme brandit son point d’interrogation àtout-va, jusqu’à en parodier la célèbre photographie officielle de l’Elysée, embellie de la légende « Pourquoi changer le pansement au lieu de penser le changement ? ». Pourquoi ? Telle est la question existentielle à laquelle le comédien… ne va pas répondre. En revanche, c’est en interprétant une multitude de rôles, de l’enfant éveillé au vieillard aigri, du comédien en mal d’amour à l’ado révolutionnaire, qu’il soulève une ultime interrogation : « Pourquoi nous posons-nous des questions ? ». Et finalement, pourquoi ne trouvons-nous pas les réponses ? Est-ce l’absurdité de nos questions qui font qu’elles demeurent sans réponse ? Qu’à cela ne tienne, pendant 1h30, vous aurez de quoi faire travailler vos neurones et questionner votre for intérieur. « Pourquoi faire œuvre de ses dix doigts ? Pourquoi dire amen à tout alors que la société n’amène à rien ? Pourquoi les dinosaures ont-ils disparu ? » Du rock au baroque Vous l’aurez compris, le fil d’Ariane du spectacle de Michael Hirsch, c’est le pourquoi du comment. Ce virtuose des mots et stratège de la rime joue d’un anticonformisme à la Desproges et jongle avec les lettres tel un Raymond Devos. Ses sketchs se suivent et s’enchaînent dans un méli-mélo de genres, caressant parfois le théâtre de l’absurde, un territoire à la frontière duquel le comédien prend plaisir à amener ses spectateurs. Et de « l’art rock à l’art baroque », Michael Hirsch se balade à travers les époques, endossant successivement la veste d’un jeune papa, le sweat d’un ado révolté et même le bonnet rouge du commandant Cousteau. Chevalier du miracle Toute l’originalité de ce spectacle réside dans ce subtil mélange entre le commun « one man show » et le récit. Car ses « sketchs » ou plutôt ses histoires, Michaël Hirsch les raconte (et en plus, il les écrit NDLR) dans une frénésie parfois déroutante, allant de monologues extravagants en tirades prosées. Et chaque saynète est une histoire, réelle ou fictive, absurde ou réaliste. Michael dit avoir toujours été fasciné par la magie des histoires et par ceux qui les racontent, ceux que le poète espagnol Lope De Vega appelait « les chevaliers du miracle ». C’est pendant ses études à l’école de commerce de Reims que Michael découvre sa passion pour le théâtre et l’art dramatique. Il intègre alors, à partir de 2007, une troupe amateur encadrée par des professionnels de La Comédie de Reims, avant d’interpréter ses premiers rôles dans des pièces. C’est aussi à Reims qu’il rédige son premier spectacle « Pourquoi » mis en scène par Malick Gaye, et qui fait peut-être de lui aujourd’hui, en plus d’un maitre du langage, un de ces « chevaliers du miracle ». > Cet article est repris de l’article publié sur www.publikart.net Géométrie du triangle isocèle : une pièce glaçante Quand l’équilibre d’un couple de femmes bascule à l’arrivée d’une troisième. Triangle amoureux ou Géométrie dangereuse ? Lieu : en tournée Dates : jusqu’au 3 juillet Auteur : Franck d’Ascanio Mise en scène : Mélanie Journeau Avec : Marie Herivan, Mélanie Journeau, Florence Fournier Trois femmes et un vice Contrairement aux apparences, Géométrie du triangle isocèle n’est pas une pièce sur l’homosexualité. Au coeur d’un scénario volontairement dérangeant : trois femmes et un vice, l’adultère. Complices et amoureuses, Lola et Vera forment un couple presque parfait. Mais au milieu de ce couple à l’allure normale, il y a Nina, jeune femme fougueuse et pleine de rêves. Nina est un objet de désir pour Lola, et le pion d’un jeu vicieux pour Vera. Dans ce triangle amoureux plein de perversité, on retrouve des influences du cinéma espagnol de Pedro Almodovar avec son appétence pour les femmes névrosées. Lola et Nina vivent leur désir avec l’approbation de Vera, qui semblent se défaire complètement d’une quelconque trace de jalousie pour cet adultère qu’elle accepte. Dans cette course au désir, la jalousie n’a plus sa place depuis que Vera, fine manipulatrice, semble accepter ouvertement la relation entre sa compagne et la naïve Nina. Lola, elle, ne se complaît plus dans cette situation dont elle n’arrive plus à manier les ficelles. Dérangeante C’est une pièce glaçante, dérangeante au possible. Le sujet d’abord est troublant, tout comme l’ambiance lugubre de la pièce et de ce jeu de rôles perturbant. Au-delà d’une pièce sur l’adultère, Géométrie du triangle isocèle pose aussi la question de la constance du désir dans un couple. Dans ce duo Lola / Vera, le désir amoureux ne semble pas exister sans adultère. Pas d’amour sans destruction. A tour de rôles, les trois femmes se confessent dans un jeu de chaises musicales signifiant les contours d’une figure géométrique. La mise en scène est en cela intéressante : comme le sujet de cette pièce, elle dérange. Les comédiennes tournent le dos au public puis reprennent place dans cette conversation sans fin et dépourvue de toute intimité. Intelligemment, le texte n’aborde à aucun moment le fait que ce couple à trois mette en scène des femmes. Le sujet ici demeure ce triangle amoureux au fonctionnement perfide, et rien d’autre. Géométrie du triangle isocèle est une pièce de Franck d’Ascanio reprise par la Compagnie les Fées sans Elle. Elle a été nominée deux fois aux Ptits Molières 2016 pour la catégorie Meilleure Comédienne dans un 1er rôle et meilleur auteur vivant. Le Poche-Montparnasse annonce une belle saison 2016-2017 Encore une fois, c’est une belle programmation qui s’annonce pour le charmant théâtre de Poche-Montparnasse. Les spectacles à l’affiche pour 2015-2016 étaient déjà d’une grande qualité : on retient parmi d’autres l’excellente Leçon d’histoire de France de Maxime d’Aboville, la délicieuse Médiation de Chloé Lambert ou encore le puissant Amok adapté et avec Alexis Moncorgé (Molière 2016 de la Révélation masculine). Au programme pour la rentrée théâtrale au Poche-Montparnasse LA VERSION BROWNING de Terence RATTIGAN Adaptation et mise en scène Patrice KERBRAT Avec Jean-Pierre BOUVIER, Marie BUNEL, Benjamin BOYER, Pauline DEVINAT, Philippe ETESSE, Nikola KRMINAC, Thomas SAGOLS Reprise de AMOK de Stefan ZWEIG Adaptation Alexis MONCORGÉ Mise en scène Caroline DARNAY Avec Alexis MONCORGÉ – Molière 2016 Révélation Masculine RACINE ou LA LEÇON DE interprétation Anne DELBÉE PHÈDRE Conception, mise en scène, LES JEUX DE L’AMOUR ET D’OFFENBACH Fantaisie lyrique sur des musiques de Jacques OFFENBACH Texte et mise en scène Yves COUDRAY Avec Edwige BOURDY, Mélanie BOISVERT, Jean-Michel SÉRÉNI, Nina UHARI, Sylvie LECHEVALIER POUR UN OUI OU POUR UN NON De Nathalie SARRAUTE Mise en scène Léonie SIMAGA Avec Nicolas BRIANÇON, Nicolas VAUDE, Roxana CARRARA ABIGAIL’S PARTY de Mike LEIGH Adaptation Gerald SIBLEYRAS Mise en scène Thierry HARCOURT Avec Lara SUYEUX, Alexie RIBES, Dimitri RATAUD, Cédric CARLIER Les lundis du Poche LETTRES À UN JEUNE POÈTE De Rainer-Maria RILKE Mise en scène Pierre FESQUET Avec Michael LONSDALE et Pierre FESQUET JULES RENARD L’HOMME QUI VOULAIT ÊTRE UN ARBRE d’après le Journal de Jules RENARD, Bucoliques et Histoires Naturelles. Adaptation et interprétation Catherine SAUVAL LES GRANDES SCÈNES DU THÉÂTRE Conférences-spectacles proposées et animées par Olivier BARROT Avec Manon ELEZAAR et Jean-Louis CASSARINO Spectacles tout public UNE LEÇON D’HISTOIRE DE FRANCE De et avec Maxime D’ABOVILLE LA GLOIRE DE MON PÈRE LE CHÂTEAU DE MA MÈRE De Marcel PAGNOL Mises en scène Stéphanie TESSON / Elric THOMAS Avec Antoine SÉGUIN Et pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du théâtre de Poche ! http://www.theatredepoche-montparnasse.com/ Les prix 2016 de la critique de théâtre dévoilés L’association professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse dévoile son palmarès 2016. Focus sur le palmarès théâtre qui décerne une double récompense au metteur en scène belge Ivo Van Hove (meilleur spectacle étranger et meilleur spectacle de l’année). GRAND PRIX (meilleur spectacle théâtral de l’année) : VU DU PONT, d’Arthur Miller, mise en scène Ivo van Hove (Odéon, Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier) PRIX GEORGES-LERMINIER (meilleur spectacle théâtral créé en province) : FIGARO DIVORCE, de Ödön von Horváth, mise en scène Christophe Rauck (Théâtre du Nord, Lille / Le Monfort) MEILLEURE CRÉATION D’UNE PIÈCE EN LANGUE FRANÇAISE : BOVARY de Tiago Rodrigues, mise en scène de l’auteur (Théâtre de la Bastille) MEILLEUR SPECTACLE ÉTRANGER : KINGS OF WAR, d’après Shakespeare, mise en scène Ivo van Hove (Théâtre national de Chaillot) PRIX LAURENT-TERZIEFF (meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé) : QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ? d’Edward Albee, mise en scène Alain Françon (Théâtre de l’Œuvre) MEILLEURE COMÉDIENNE : Dominique VALADIÉ dans Qui a peur de Virginia Woolf ? d’Edward Albee, mise en scène Alain Françon (Théâtre de l’Œuvre) MEILLEUR COMÉDIEN : Charles BERLING dans Vu du pont d’Arthur Miller, mise en scène Ivo van Hove (Odéon Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier) PRIX JEAN-JACQUES-LERRANT (révélation théâtrale de l’année) : Maëlle POESY pour les mises en scène de Candide, si c’est ça le meilleur des mondes, de Kevin Keiss d’après Voltaire (Théâtre Dijon Bourgogne, CDN Théâtre du Gymnase, Espace des Arts Marseille, Scène nationale Chalon-sur-Saône) – et Le Chant du cygne/L’Ours de Tchekhov (Comédie-Française – Studio Théâtre) MEILLEURES CRÉATIONS D’ÉLÉMENTS SCÉNIQUES : Éric RUF, Valérie LESORT, Carole ALLEMAND pour 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne, mise en scène Christian Hecq (Comédie-Française – Vieux-Colombier) MEILLEUR COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE SCÈNE : Alexandre MEYER pour Und de Howard Barker, mise en scène Jacques Vincey (CDR Tours, Théâtre Olympia / Théâtre de la Ville – Les Abbesses) MEILLEUR LIVRE SUR LE THÉÂTRE : LE THÉÂTRE ET LA PEUR, par Thomas Ostermeier (Actes Sud) Edmond, la nouvelle pièce d’Alexis Michalik au Théâtre du Palais Royal à la rentrée ! Après les énormes succès de ses deux dernières pièces Le Porteur d’Histoire et le Cercle des Illusionnistes, la nouvelle création d’Alexis Michalik avec une troupe de 12 comédiens retrace les coulisses de la création de Cyrano de Bergerac. Edmond, au Théâtre du Palais Royal à partir du 15 septembre 2016 avec Pierre Bénézit, Stéphanie Caillol, Pierre Forest, Kevin Garnichat, Nicolas Lumbreras, Jean-Michel Martial, Ana Mihalcea, Christian Mulot Marie-Ève Perron, Guillaume Sentou, Régis Vallée,Valéri Vogt Pour en savoir plus, http://theatrepalaisroyal.com/