Michael Gregorio, un homme, cent voix
Transcription
Michael Gregorio, un homme, cent voix
Ouest France – 17/07/2011 16 guide dimanche Ouest-France 17 juillet 2011 Rencontre Michael Gregorio, un homme, cent voix Il reprend du NTM sur des airs d’opéra, chante Kiss de Prince à la sauce Vincent Delerm, imite Ray Charles à la perfection… Depuis quatre ans Michael Gregorio « pirate les chanteurs », du nom de son dernier spectacle. À 27 ans, ce petit mec (1 m 65 et pas plus de 50 kg) a du coffre. Il enchaîne plus d’une centaine de dates par an. Cet hiver, il a rempli la salle parisienne du Bataclan pendant plus de deux mois. « 40 000 personnes. Incroyable », lâche-t-il. Étonné aussi de son public. Lui qui pensait au départ n’intéresser que les « 20-35 ans », attire toutes les générations confondues. L’imitateur s’approprie aussi bien les nouveautés que les monuments de la chanson française. Lorsqu’il entonne Mon Dieu de Piaf ou Amsterdam de Brel, on peut choisir de fermer les yeux et de se laisser embarquer. Ou alors de regarder et d’admirer la gestuelle travaillée, car « voix et geste sont indissociables. Il faut qu’il y ait mimétisme ». Il se plaît à rendre hommage aux pointures. Aime aussi se payer la tête des petits nouveaux. Dans son spectacle, Christophe Maé en prend pour son grade. Il est « l’homme qui se pirate lui-même ». Qui fabrique des tubes avec quatre accords. Aux dernières nouvelles, l’intéressé n’aurait franchement pas apprécié le compliment ! Mais Gregorio, même s’il avoue son côté irrévérencieux, « ne tire pas sur des ambulances. Les BB Brunes ou Maé remplissent les salles », tientil à préciser. Petit corps valide « Je ne peux pas me moquer des autres sans me moquer de moi. » Sur scène il se présente comme Petit corps valide, clin d’œil au slameur Grand corps malade. Une petite taille qui « ne m’empêche pas de vivre… Sinon de m’habiller ». Incapable de chiffrer le nombre de voix de son répertoire, il confie volontiers celles qui lui résistent : Gainsbourg et Bono, chanteur du groupe U2. Il les écoute en boucle. « Une Le chat de Geluck Daniel Fouray Il s’approprie aussi bien Piaf que Christophe Willem, Brel que BB Brunes. Sur scène, ce jeune homme de 27 ans est drôle et émouvant. Un talent d’imitation qui ne passe pas inaperçu. Expansif sur scène, l’imitateur est plus réservé dans la vie de tous les jours. voix peut me venir en une après-midi. Une autre prendre des années. » Comme celle de Bon Scott, d’AC/DC, qu’il vient tout juste d’apprivoiser. Michael Gregorio prête aussi sa voix au cinéma. Il est le lapin rebelle dans Hop, film d’animation sorti la semaine dernière sur les écrans. Il est également le nain de jardin Gnoméo dans Gnoméo et Juliette. Et double à l’occasion dans des films, mais sous un pseudo. Cachottier, il ne délivrera aucun titre, sinon qu’il participe à deux longs-métrages sur le point de sortir. « En faisant du doublage, j’ai l’impression de revenir à mon premier amour, le théâtre. » Natif de Mulhouse, il grandit entre Pau et la Meuse. Au lycée, passionné de musique et de théâtre, il s’amuse à reprendre des chansons « à la manière de ». Ses premières imitations ? Tom Yorke (Radiohead), Kurt Cobain (Nirvana), les Rage Against the Machine. Ce sont ses amis qui le poussent à aller plus loin. À 16 ans, il se produit dans les bars et villages vacances. Le premier coup de projecteur arrive en 2001, quand il se présente à l’émission Graine de star, sur M6. Sa rencontre avec Laurent Ruquier, quatre ans plus tard, sera décisive. Ses passages remarqués à la télévision (On a tout essayé, On n’est pas couché…) lui assureront une certaine notoriété. Laurent Ruquier deviendra d’ailleurs son producteur. « Je ne suis pas un juke-box » Il pense avoir grandi trop vite et regrette un peu de ne pas avoir connu la vie d’étudiant. Il s’est lancé dans le droit, sans valider sa première année. Pour l’instant, il se laisse porter par le succès et continue de sortir « crevé » de scène, signe qu’il a tout donné. L’imitateur a sa propre voix, compose, mais garde ça pour lui. Le jeune homme apprécie le talent de Nicolas Canteloup ou de Laurent Gerra mais n’est pas attiré par « l’humour politique » : « Ils le font tellement bien ». Son talent, Gregorio ne s’en sert que très rarement hors scène, parfois pour piéger ses proches. « Je ne suis pas un juke-box », lance-t-il. Une bonne compilation alors… Marion ABLAIN. Michael Gregorio dans l’Ouest : le 16 septembre à Honfleur, le 30 à Nantes. Le 7 octobre à Angers, le 8 à Caen. Le 6 décembre à Cesson-Sévigné…