Travailler en Ehpad avec satisfaction et fierté, c`est possible
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Travailler en Ehpad avec satisfaction et fierté, c`est possible
RESSOURCES HUMAINES Travailler en Ehpad avec satisfaction et fierté, c’est possible ! Laurence Postel Directrice Ehpad La Clairière des Bernardins, Torigni-sur Vire Lorraine Brissette Psychosociologue 1 Face au stress que suscitent des tâches à réaliser en un temps toujours plus restreint, la culpabilité pointe souvent dans les établissements pour personnes âgées dépendantes : sentiment de « travail mal fait », relations avec les patients et entre professionnels perçues comme insatisfaisantes. Il y a désormais urgence à travailler sur nos climats de travail. À l’Ehpad La Clairière des Bernardins (Manche), bientraitance des résidents et bienveillance auprès des professionnels, adossées à un solide programme de formation, constituent le socle du projet d’établissement. L a médiatisation de cas de maltraitance en maison de retraite attire l’attention du public sur des situations inacceptables. Elle entraîne par rebond une stigmatisation des professionnels qui assurent l’accompagnement des personnes âgées en Ehpad. Ces derniers sont très conscients de ce risque qui pèse sur leurs gestes quotidiens. Oui, certains actes peuvent paraître maltraitants à des personnes non avisées lorsqu’il faut, par exemple, assurer plusieurs toilettes dans un temps limité. Oui, les cris, les plaintes et parfois les insultes de résidents désorientés peuvent parfois laisser croire à de la maltraitance. Le concept a malheureusement été largement utilisé, jusque dans certaines formations, pour qualifier toutes sortes de situations des plus graves aux plus bénignes. Sa présentation est dichotomique, sans distinction de degré ou d’intentions. Vous êtes bientraitant ou maltraitant. La qualité des prestations 36 # 570 Mai - Juin 2016 angoisse plus d’un professionnel confronté aux temps limités qu’impose le contexte budgétaire des établissements. Quand ces professionnels ne parviennent pas à dispenser leurs services comme ils se le représentent, il n’est pas rare d’entendre certains se qualifier de maltraitants. À titre individuel, cette perception est bien sûr très lourde à porter. À titre collectif, elle retentit sur le climat de travail. Comment aider ces agents à passer d’une vision négative et stigmatisée à une approche positive qui valorise leur travail en Ehpad ? La direction de la maison de retraite La Clairière des Bernardins a choisi d’y consacrer son projet d’établissement (2010-2015) en trois axes dédiés : la bientraitance des résidents, la bientraitance des professionnels et la promotion des pratiques de qualité. La prévention a été privilégiée. Plutôt que de centrer son action sur la maltraitance, l’établissement a choisi de promouvoir la bientraitance. Cela sans perdre de vue qu’elle ne se décrète pas : la bientraitance résulte d’un travail participatif mené en partenariat avec les professionnels, les résidents et leurs familles. Cinq années de travail intense ont permis l’élaboration puis la mise en place de ce projet d’établissement. Au terme de ce projet d’établissement, la direction a ressenti le besoin d’un bilan d’étape. Qu’en était-il du climat de travail ? Non qu’il soit devenu pesant ou négatif. Au contraire. Les efforts en termes de formation du personnel, de travail en équipe ou encore de structuration du travail clinique portaient leurs fruits. Plusieurs membres du personnel et de nombreuses familles se sont fait l’écho de cette perception. Mais représentait-elle une vision idéalisée ou réaliste de la situation ? Et si la deuxième proposition prévalait, était-il possible de déterminer REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE W W W. R E V U E - H O S P I TA L I E R E . F R TRAVAILLER EN EHPAD les éléments de gestion et d’organisation associés à l’amélioration de ce climat de travail ? Pour tenter d’objectiver la situation, un projet de recherche a été lancé à l’automne 2015. ENCADRÉ 1 Le climat de travail, ou climat organisationnel, résulte des perceptions qu’ont les membres d’une organisation de leur environnement de travail. Ces perceptions renvoient à différentes valeurs : l’autonomie, la confiance, la reconnaissance, l’équité, le soutien, l’entraide ; mais aussi le leadership, la cohésion, l’efficacité, la réputation de l’établissement, la valeur de la mission et le sens de l’action. Ces perceptions s’expriment (émotions, attitudes individuelles et collectives…), puis fluctuent au gré des événements qui rythment la vie de l’organisation et des échanges qu’ils suscitent. Une enquête originale La plupart des enquêtes conduites au sein des organisations de travail visent à comprendre les problèmes qui en minent le climat. Autrement dit, c’est généralement quand des problèmes surviennent et lorsque le climat de travail est détérioré que les directions font appel à des chercheurs ou à des consultants externes. Plutôt que d’intervenir a posteriori, la direction a choisi de s’inscrire dans une démarche de prévention des risques psychosociaux : nous avons voulu comprendre comment et pourquoi le climat de travail semble bon au sein de l’Ehpad. Connaître les problèmes afin d’y apporter des solutions est une démarche classique. Il nous a paru tout aussi intéressant de comprendre les succès afin, pourquoi pas, de les développer ou de les reproduire dans une autre activité. DR Climat de travail : de quoi est-il question ? REPÈRES ENCADRÉ 1 L’Ehpad La Clairière des Bernardins accueille 97 résidents en hébergement permanent dont 15 en unité de vie pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Il dispose d’un pôle d’activités et de soins adaptés (PASA) de 12 places. Son accueil de jour de 8 places accueille quotidiennement plus de 15 personnes et assure leur transport du domicile à l’Ehpad. Il est ouvert 6 jours par semaine. Un service de soins infirmiers à domicile de 33 places pour personnes âgées, plus 1 place pour personne handicapée, complète le dispositif ; 66 équivalents temps plein travaillent au sein de l’Ehpad. Le projet d’établissement Réalisé avec l’appui d’un consultant externe, il s’est échelonné de 2010 à 2015. L’ensemble des personnels a participé à son élaboration : directeur, conseil d’administration, équipes soignantes, personnel des services généraux, psychologue et secrétaire. Un comité de pilotage a été chargé de coordonner la démarche, puis sa réalisation a été assurée en groupes projets chargés de décliner les axes d’amélioration : projets d’animation et de soins ; projets médical et social ; projets de gestion et des processus supports ; projet architectural ; projet de management ; projet organisation du SSIAD. Le nouveau projet d’établissement est en cours d’élaboration. Des groupes pluridisciplinaires travaillent aux projets de services et au projet bientraitance. Chaque projet intègre une participation active des professionnels ainsi que Une enquête sous forme de questionnaire a été menée auprès du personnel. Ses dimensions restent bien sûr modestes, l’Ehpad étant une petite structure aux moyens limités, mais la démarche est inusitée et originale. Elle a été conduite du 12 au 16 octobre 2015, période pendant laquelle deux formatrices québécoises assuraient, au sein de l’établissement, une formation à la prévention de l’épuisement professionnel 2. Les questions ouvertes 3 s’organisaient en deux catégories : les actions et le management susceptibles d’expliquer ces résultats, d’une part ; les éléments organisationnels ayant permis de les atteindre, d’autre part. Alors que les formateurs en services de soins à domicile et/ou en Ehpad se REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE W W W. R E V U E - H O S P I TA L I E R E . F R des formations dédiées, des temps de communication et une adaptation de l’accompagnement aux besoins individuels du résident. La bientraitance tiendra une place essentielle dans ce nouveau projet d’établissement. EHPAD La Clairière des Bernardins 5 rue des Bernardins – 50160 Torigny-les-Villes Tél. : 02 33 77 20 20 - Courriel : [email protected] 1. Aujourd’hui psychosociologue, Lorraine Brissette a exercé plus de 35 ans dans les champs de la gérontologie et du maintien à domicile, à Trois Rivières et Montréal (Canada). Elle est coauteure avec Michelle Arcand de plusieurs ouvrages sur l’épuisement professionnel : Accompagner sans s’épuiser (ASH, 2012) ; Soigner sans s’épuiser (avec J. Bonnet et M. Arcand, Gaëtan Morin Éditeur, 1998) ; Prévenir l’épuisement en relation d’aide : démarche formation et animation (avec M. Arcand, Gaëtan Morin Éditeur, 1998) ; Prévenir l’épuisement en relation d’aide : guide d’autoformation » (avec M. Arcand, Gaëtan Morin Éditeur, 1999). 2. M. Arcand, L. Brissette, « Apporter les éléments de connaissance nécessaires pour permettre un processus de changement et une méthode de réflexion ». [email protected] 3. Exemples de questions ouvertes : quels éléments dans l’organisation du travail vous ont permis d’atteindre ces objectifs ? ; quelles actions, décisions et attitudes de votre supérieur/de vos collègues vous ont permis d’atteindre ces résultats positifs ? # 570 Mai - Juin 201637 RESSOURCES HUMAINES font souvent l’écho de climats de travail moroses, empreints de démotivation et de dévalorisation, rien de tel à La Clairière des Bernardins : les résultats quantitatifs et qualitatifs indiquent un climat de travail jugé très satisfaisant, voire exceptionnel. Certes, la durée d’enquête n’a pas permis d’en approfondir les facteurs, mais l’observation du travail en équipes, confirmée par les réponses au questionnaire, identifie les conditions gagnantes. Que nous apprennent ces résultats ? La confiance de la direction en son personnel, son ouverture à la discussion, son écoute, sa disponibilité, son ouverture d’esprit et l’ambiance conviviale de l’établissement sont, par ordre d’importance, les facteurs managériaux le mieux associés au climat de travail par les répondants. TÉMOIGNAGES « TÉPHANIE MORIN Infirmière coordinatrice (SSIAD) S VÉRONIQUE LE CALVEZ Infirmière coordinatrice (Ehpad) Un exercice professionnel autonome au bénéfice du patient, du résident et du soignant Nous avons identifié plusieurs facteurs de notre bien-être au travail : la confiance, la communication et les échanges sans intermédiaire avec la direction (réponses rapides et adaptées) sont les premiers d’entre eux. Ils forment les conditions préalables d’un exercice professionnel autonome au bénéfice du patient, du résident et du soignant dont nous bénéficions. Cette autonomie s’appuie notamment sur des formations multiples et un matériel adapté au bien-être des résidents et des personnels. Un autre facteur de cette qualité de travail réside dans la transparence des informations budgétaires, légales et administratives délivrées au personnel et aux familles. L’ambiance est chaleureuse, la recherche d’améliorations de notre cadre professionnel constante. Ce management, la reconnaissance, l’humanité et la valorisation de notre travail nous sécurisent dans notre travail quotidien. 38 # 570 Mai - Juin 2016 Parmi les facteurs organisationnels, les répondants plébiscitent (à 100 %) le programme de formation qui leur a apporté un temps de questionnement sur leur travail, des protocoles ainsi que des pratiques nouvelles et les a valorisés dans leur fonction. Surtout, ce programme a permis une harmonisation des méthodes de travail. D’autres éléments ressortent des commentaires associés par les répondants à leurs réponses : la convivialité, l’esprit d’équipe, les réunions de services hebdomadaires, la participation aux décisions, la liberté et l’autonomie dans la pratique, une philosophie commune, les horaires aménagés, les tâches explicitées, les réunions de service et la mobilité interne. Bientraitance/bienveillance Deux explications ressortent de ces résultats positifs : la première plutôt intuitive et relationnelle (écoute, confiance mutuelle, disponibilité, proximité, etc.), la seconde plus systématique et organisationnelle (bienveillance envers les personnes). Cette dernière représente l’axe central de la politique d’établissement, tant auprès des résidents que des personnels, et entre professionnels. ENCADRÉ 2 Car si l’importance d’être bien/traitants avec les résidents est régulièrement rappelée, il est tout aussi essentiel que la direction soit elle-même bien/veillante avec ses équipes et son personnel. Il revient à cette dernière de « veiller » à l’harmonie des équipes et entre équipes, aux difficultés rencontrées dans le cadre du travail clinique ou avec les familles. Comme toute bonne « veilleuse », la direction se doit d’être présente, disponible et d’agir avec diligence. Cette attitude ne s’apprend pas. Elle s’appuie sur des dispositions personnelles et l’intention de « faire du bien ». La bienveillance est un concept qui incite à la compréhension et à l’indulgence envers autrui. L’équipe d’encadrement s’appuie sur cette notion dans son management. La proximité des professionnels et le partage régulier des difficultés rencontrées permettent d’analyser les situations en confiance et de répondre rapidement aux problèmes. La bienveillance (auprès des équipes) renforce la pratique de la bientraitance (dans l’accompagnement des personnes accueillies). Tous les acteurs impliqués Les résultats de l’enquête/recherche comportent ainsi deux dimensions interdépendantes : une attitude bienveillante (qui influe sur l’organisation) articulée à un mode d’organisation qui reflète cette attitude (orientations et directives claires). Face à une difficulté REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE W W W. R E V U E - H O S P I TA L I E R E . F R DR DR TRAVAILLER EN EHPAD au travail, l’équipe de direction entend la difficulté Si l’insatisfaction persiste, le problème sera traité et cherche une solution avec les agents. Nous les par la direction qui interviendra avec la famille, encourageons à réfléchir sur le problème rencontré. souvent sur place. Ici encore, le respect de toutes les Dans certains cas, nous adoptons leurs solutions ; parties et la recherche de solution sont privilégiés. dans d’autres nous leur proposons des formations propices à des expéNous avons voulu comprendre les succès rimentations et/ou réajustements. afin, pourquoi pas, de les développer Les familles sont impliquées dans les ou de les reproduire dans une autre activité. évolutions qu’engendrent les solutions retenues. Une erreur dans la prestation d’un soin, un oubli ou une maladresse sans impact important sur la santé du résident ? L’équipe d’encadrement étudie avec l’agent ce qui a été mis en place et ce qui est envisagé afin de corriger l’erreur et éviter qu’elle se reproduise. La responsabilisation de la personne est recherchée par l’équipe d’encadrement sans adopter une attitude culpabilisante. De la même façon, les plaintes émanant des familles sont rapportées au cadre de santé qui rencontre les professionnels concernés et choisit avec eux comment y répondre. PROMOTION DES PRATIQUES DE QUALITÉ DU TRAVAIL EN EHPAD ENCADRÉ 2 La représentation des métiers du secteur social et médico-social évolue dans nos établissements comme auprès du public. Ce changement passe par la promotion des pratiques de qualité du travail en Ehpad. Nous avons identifié trois facteurs de réussite. Un travail enviable Des soins et un accompagnement à l’écoute des besoins de la personne, le professionnalisme dans les actes quotidiens, le partage de moments privilégiés avec les résidents et les familles contribuent à rendre le travail en Ehpad enviable. Un travail de qualité L’appropriation des protocoles* sécurise, nourrit les échanges et permet d’élaborer des protocoles comparables à ceux développés en milieu hospitalier. Un travail de liens Le contact régulier et à long terme avec les familles instaure des liens privilégiés et participe à la promotion du projet de vie individuel des résidents. * Les soins de bouche, les contentions, la protection contre l’incontinence, les soins de pédicure, l’assistance à l’alimentation, l’intervention en cas d’urgence, de fugue. REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE W W W. R E V U E - H O S P I TA L I E R E . F R # 570 Mai - Juin 201639 DR RESSOURCES HUMAINES Des résultats en miroir du projet d’établissement Cette bienveillance se reflète dans le projet d’établissement et devrait être largement présente dans le prochain projet d’établissement, elle est le fondement du management et de l’accompagnement des personnes accueillies. Le médecin coordonnateur mène parallèlement un travail sur la contention afin de la limiter au maximum et d’identifier les solutions alternatives (lits Alzheimer, installation de matelas de secours au pied des lits…). Bientraitance des professionnels La reconnaissance de la qualité du travail en Ehpad concourt à inscrire les pratiques professionnelles dans un cercle vertueux : la valorisation du travail Bientraitance des résidents Une enquête menée en décembre 2013 et janvier 2014 difficile, l’émulation et la satisfaction du travail 4 auprès des familles et des résidents a permis de accompli encouragent les équipes. Cette bientrairecueillir leurs opinions, leurs ressentis et d’identifier tance professionnelle s’appuie sur plusieurs leviers les pistes d’amélioration possibles : 97,5 % des familles organisationnels. Les horaires, les roulements et la répartition des tâches ont été analysés avec les équipes. Les modifications La bienveillance auprès des équipes répondent mieux aux renforce la pratique de la bientraitance dans entreprises besoins des résidents sans perdre l’accompagnement des personnes accueillies. de vue les effectifs disponibles. Lors de l’élaboration du projet d’étasont satisfaites de l’accueil et du respect de l’intimité. blissement en 2009, ces derniers ont exprimé le Alors que seulement 47,5 % des personnes accueillies souhait d’une communication interne renforcée, souhaitaient entrer en maison de retraite, 82,5 % des notamment sur les projets de l’établissement, familles estiment que leur parent y est bien intégré. l’organisation de réunions de secteurs et de fonctionnement. Ils ont également souhaité bénéficier Une formation 5 sur les risques juridiques de la de formations internes, jugées plus propices à leur maltraitance a été organisée en 2009, accompagnée pratique quotidienne que les formations en petits d’une conférence pour les familles et les bénévoles. groupes (sources potentielles de conflits entre ceux Des réunions associant l’ensemble des professionqui en ont bénéficié et appellent à des changements, nels, animées par la direction, sont régulièrement et les autres professionnels). Une autre enquête organisées. On y discute maltraitance et bientraimenée en 2014 auprès des professionnels de l’Ehpad tance, les professionnels expriment leurs inquiéa montré que 97,43 % d’entre eux étaient satisfaits tudes, des concepts sont définis et délimités afin de de la façon dont le travail était organisé au sein leur construire une conception commune et partagée. service (même pourcentage quant aux horaires). 40 # 570 Mai - Juin 2016 REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE W W W. R E V U E - H O S P I TA L I E R E . F R TRAVAILLER EN EHPAD Le programme de formation Le plan de formation pluriannuel a débuté au sein de l’Ehpad La Clairière des Bernardins en 2007. Humanitude 2,96 % du budget de l’établissement en 2014 (1,77 % en 2015). Les agents en formation sont systématiquement remplacés. 218 personnes ont suivi une formation en 2015. Chaque agent a donc bénéficié l’an dernier d’au moins une formation. Plusieurs ont suivi au moins deux formations. L’ensemble du personnel a été formé à la méthodologie de soin Gineste-Marescotti (Humanitude) ainsi ui, il est possible de travailler avec satisfacqu’à la manutention relationnelle (un des outils de tion et fierté dans un Ehpad. La petite taille de la méthodologie). La méthode permet de déterminer l’établissement a favorisé cet effet de proximité, de pour chaque intervention le bon niveau de soin et propose plus de 150 techLa reconnaissance de la qualité du travail niques originales 6. Yves Gineste en Ehpad concourt à inscrire les pratiques et Rosette Marescotti développent professionnelles dans un cercle vertueux. depuis trente-cinq ans leur concept en France, au Québec, au Portugal, en Belgique, aux États-Unis. Ils interviennent depuis « milieu familial » observé par plusieurs répondants. trois ans au Japon. De nombreux laboratoires de Le contexte économique et politique actuel qui tend recherche consacrent des études à ce concept. à favoriser les regroupements d’établissements en L’agence régionale de santé de Basse-Normandie de grands ensembles pose néanmoins question : a financé ces formations en 2007, 2008 et 2009, via avec des centres de décision éloignés des préoccules contrats locaux d’amélioration des conditions pations de terrain, ne risquons-nous pas de perdre de travail 7, pour un coût de 41 000 € comprenant les atouts de la proximité ? Ces regroupements les frais d’enseignement et les remplacements du justifiés par l’apparent avantage de la mutualisation personnel en formation. permettront-ils de maintenir un véritable niveau décisionnel au sein des Ehpad ? n O Formations concourant à la bientraitance En complément des cycles traditionnels (pédicurie, prévention de la douleur, soins palliatifs), des formations concourant à la bientraitance sont organisées chaque année : gestion du stress et toucher-massage 8, bientraitance 9, Carpe Diem 10 et prévention de l’épuisement professionnel 11. Souvent pluridisciplinaires, les formations sont proposées à toutes les catégories (y compris le personnel de cuisine, de blanchisserie, d’administration et la direction). Les formations prioritaires sont organisées au sein de l’établissement, ce qui permet de constituer des groupes complets et la réalisation d’expérimentations sur site, le cas échéant. L’encadrement assure l’évaluation des formations. Des stages de remise à niveau peuvent être proposés à l’usage des professionnels qui en expriment le besoin. En chiffres 3,63 % de la masse salariale et 5,53 % du temps de travail ont été consacrés en 2014 à la formation (respectivement 2,40 % et 4,49 % en 2015). Le montant consacré aux frais d’enseignement, hors coûts de remplacement des agents en formation, a représenté REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE W W W. R E V U E - H O S P I TA L I E R E . F R DR Organisation 4. Taux de participation : 51 % (résidents), familles (40 %). 5. Assurée par Conseil formation en droit Frédérique Roullier (CF2R). [email protected] 6. Instituts Gineste-Marescotti, « Philosophie de soin de l’humanitude et méthodologie de soin » - www.igm-formation.net 7. Appels à projets lancés par les ARS. Cf. annexe II de l’instruction n°DGOS/RH3/ MEIMMS/2013/410 du 17 décembre 2013 relative aux mesures d’amélioration des conditions de travail des personnels des établissements de santé. 8. Formation assurée par le Centre de formation, d’enseignement et de recherche pour la santé - www.cfersante.fr 9. Formation assurée par le cabinet Conseil Évolution - www.conseilevolution.com 10. Formation assurée par le Centre de ressources Alzheimer www.alzheimercarpediem.com 11. Formation assurée par Michelle Arcand et Lorraine Brissette. # 570 Mai - Juin 201641