le rapport moral l`humanisation
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le rapport moral l`humanisation
48 janvier > mars 05 le Journal de l’humanisation des prisons en Afrique Chrétiens & sida : le rapport moral 2 à la une édit : s mmaire : 1 ÉDITO >>> par Blaise Noël L ’ ASSOCIATION Le rapport moral 2004 >>> par Jean-Louis Vildé MILIEU CARCÉRAL Parce que l’avancée de la démocratie passe aussi par l’humanisation des prisons >>> par PRSF I PERSONNALITÉ Le secret >>> par Corinne Chabaud “” TÉMOIGNAGES La foi pour faire face >>> par Benoît HERVIEU-LEGER Il n’y a pas de jugement >>> par Pierre SCHMIDT SANTÉ Nelson Mandela au service de la lutte contre le sida à Bangkok CHIFFRES Rapport Onusida : des faits et des chiffres en 2004 COMMUNIQUÉ Appel à volontaires de l’ANRS pour un essai de vaccin préventif PORTRAIT En souvenir de Pierre Mauriès >>> par Marie-Ange Geoffroy ACTUALITÉ Revue de presse >>> par Joseph Templier « Les Églises au service de l’humain dans une éthique libératrice. » Voilà bien un programme qui n’est pas seulement celui de Chrétiens & sida mais qui est aussi le sien. S’y croisent les thèmes de l’autorité et donc du service des « valeurs » et de la liberté. « Ce n’est pas, dit l’apôtre Paul, que nous entendions régenter votre foi. Non, nous contribuons à votre joie... » (2 Cor. 1,24). L’administration pénitentiaire est un service de l’Etat sur lequel nos regards sont fort attirés par les temps qui courent : « il n’y a pas assez de prisons ! ». Le recrutement et la formation des surveillants exigent de constants efforts ». PRisonniers sans Frontières (PRSF) lance un cri d’alarme sur la détention en Afrique, mais il devrait avoir un écho sur ce qui se vit aussi en France. La resocialisation des détenus, leur état de santé physiologique, mentale, spirituelle ne peut nous laisser indifférents. « Quand donc nous est-il arrivé, Seigneur, de te voir en prison ? » (Mat. 25,44) L’étude publiée au début du mois de novembre par le bulletin mensuel ‘’Populations et société‘’ (n°406) de l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques) souligne la vulnérabilité face à l’infection par le VIH de personnes déjà dans une situation précaire : les étrangers (6% de la population ; 18% des personnes séropositives). Françoise Rudetzki creuse sa douleur et s’en libère En la confiant aux autres, et se fait confidente des souffrances d’autrui que seul le partage allège. Bernard Bassama stimule nos énergies à Chrétiens & sida. La maladie l’a bousculé, ô combien, mais c’est ce sens dessus dessous qui provoque chez lui une « conversion », un retournement qui le fait ce qu’il est aujourd’hui un chrétien en quasi-perpétuelle action de grâce. « L’espérance enracinée dans la gratitude » (Gustave Thibon, L’échelle de Jacob). Le sida nous lance toujours le même défi, celui d’une solidarité, -ecclésiale, économique, politique- dont il faut faire une réalité concrète par l’accompagnement, l’écoute, le partage du parcours, fut-il inévitable en tout un chacun que provoquent les aléas de la vie. SPIRITUALITÉ Blaise Noël Prières >>> par Violette Parole d’évangile >>> par Joseph Templier Qretrouvez le bulletin d’abonnement en page 16 erratum : dans le numéro 47, le texte d’ouverture de l’Assemblée Générale n’a pas été écrit mais lu par Jacques Gradt (contrairement à ce que laisse à penser l’intitulé présent dans le sommaire). l’association Le rapport moral 2004 de Jean-Louis Vildé L’épidémie de sida et l’infection par le VIH continuent de s’étendre en Afrique, maintenant en Asie du sud-Est, en Inde, probablement en Chine et plus près de nous en Europe de l’Est. En France, la prévention marque le pas et 3000 à 5000 nouveaux cas sont identifiés chaque année. Ce sont pour beaucoup des personnes originaires d’Afrique, ou des Départements Français d’Amérique, de jeunes homosexuels, moins souvent maintenant des personnes contaminées par usage de drogues intraveineuses. U NE AUTRE PARTICULARITÉ, EN FRANCE, c’est que près de la moitié des patients sont à un stade déjà avancé de la maladie lors de la découverte de la séropositivité. Bien sûr, les traitements antirétroviraux efficaces, sans pour autant faire disparaître le virus et le risque de transmission, permettent aujourd’hui à près de 50% des patients de rester asymptomatiques, de recouvrer une défense immunitaire suffisante et de voir la réplication du virus rester à un niveau très faible. Cependant pour beaucoup de personnes infectées, cette situation est encore très lointaine et ceci concerne particulièrement les situations de précarité, de fragilité, qu’elles soient administratives, financières, psychosociales, très fréquentes parmi la population infectée. d’une mise en commun, sous la forme d’assises au cours de la même année. 2 - La voie est étroite Ces assises et ce colloque apporteront un cadre à notre parole et à notre message. Les questions sur un sujet aussi sensible sont nombreuses ; les réponses encore incertaines ou nuancées. Au sein de notre association, nous les croisons constamment puisqu’elles ont une étroite relation avec le sida et les patients qui nous sont proches : Nous devons garder la liaison avec les institutions ecclésiales qui sont les nôtres, et dont chacun de nous est partie intégrante ou proche. Comment notre association peut-elle s’adapter à cette évolution du sida ? Quels peuvent être ses points d’orientation ? 1 - Formuler et diffuser notre message Les principaux éléments de notre message ont été rappelés avec force et parfois vivacité dans le rapport moral 2003 présenté par Jean de Savigny, auquel je succède et que je remercie pour son action et son engagement. 4 Sans aucun doute, ce colloque, et les assises qui le prépareront, permettra une meilleure lisibilité du message de notre association, en particulier pour nos Églises. Ce colloque sera le lieu pour témoigner de ce qui nous anime, pour redire nos préoccupations spirituelles et intellectuelles sur toutes ces questions. Dans une société marquée par la déchristianisation, nous devons à notre niveau et sur les questions que nous connaissons, nous efforcer de réduire le fossé qui s’installe entre la société et nos lieux d’Eglises. Après tout, ceux-ci sont capables de retournement, d’évolution, sans s’éloigner des valeurs essentielles qui depuis deux millénaires ont été le principal fondement de notre vie en société. Pensons aussi aux générations futures, à ceux qui entrent aujourd’hui dans la vie adulte et découvrent la rencontre de l’Autre et à ce que nous devons leur transmettre. 3- Les moyens d’agir Afin de mener à bien les missions spécifiques de Chrétiens & sida, notre association doit se donner toutes les conditions de succès et la possibilité d’un développement durable. Les moyens existent : locaux fonctionnels, journal de qualité, res- ; La préparation d’un colloque « Chrétiens & sexualité au temps de sida » qui se tiendra fin 2005 doit nous mobiliser. Il sera précédé d’une réflexion et de débats dans les groupes locaux, qui fera l’objet ensuite prévention, procréation et plaisir, relation à l’autre, fidélité, etc. Nous souhaitons au travers de ces journées de 2005 évaluer comment ces interrogations interagissent avec les valeurs chrétiennes, comment elles s’inscrivent aussi dans l’évolution de nos sociétés. Ce dialogue n’est pas nouveau, il s’est poursuivi ; il pourrait se renforcer tant au niveau de responsables qu’au niveau, dirions-nous, de la base, des paroisses, des lieux de formation et d’enseignement, des aumôneries, ou de nouvelles formes et missions de communautés de Chrétiens. milieu carcéral sources humaines, et je pense en particulier à notre Directeur, Chris Lomon qui assure avec Catherine et Chrystelle une permanence dans les tâches essentielles à notre fonctionnement et à notre existence. ; définition précise, claire pour tous, entre les diverses instances de notre association qui sont la vie même de l’association (siège, Comités élus ou désignés, groupes locaux), devra être reformulée Je saisis l’occaen concersion d’un « audit tation avec » externe, coml’ensemmandité par notre ble de l’asStand de Chrétiens & sida, principal financeur, la Direction générale sociation, le 1er décembre à l’hôpital Bichat de la Santé, pour initier avec vous une de façon réflexion sur notre organisation interne et à réduire tout ce qui pourrait apparaître le renforcement de notre cohésion. Une défraîchi, ou susceptible de flottement. Donnons-nous les moyens pour agir individuellement, collectivement partout où nous le pouvons. Il nous faut incessamment expliquer, informer, débattre. Poursuivons et développons nos actions de formation, de partenariat avec les autres associations de lutte contre le sida, malgré des difficultés parfois épidermiques. Amplifions surtout notre solidarité avec l’Afrique, restons vigilants sur la grande précarité qui frappe trop de personnes, soyons là où les besoins de libérer la parole sont devenus vitaux, comme dans les Départements Français d’Amérique où nos actions, pourtant initiées récemment, portent déjà des beaux fruits. Jean-Louis Vildé, Président Pa rc e q u e l ’ a v a n c é e d e l a démocratie passe aussi par l’humanisation des prisons Née en 1995, l’association PRisonniers Sans Frontières (PRSF) s’est donné pour mission d’humaniser les prisons d’Afrique où les conditions de vie misérables -facteurs d’infection par le VIHrivalisent avec celles des camps de réfugiés. E N AFRIQUE, les détenus font figure de pauvres parmi les plus pauvres. Dans les prisons surpeuplées s’entassent des hommes aux corps décharnés par la faim, parfois rongés par la tuberculose ou tavelés par la gale. Malnutrition, maladie, mortalité souvent supérieure à celle enregistrée dans les camps de réfugiés, s’ajoutent au poids de la détention et contribuent à rendre inhumaines les conditions d’incarcération. C’est dans ce contexte difficile qu’a choisi d’intervenir l’association Prisonniers sans Frontières dont l’objectif est d’humaniser les prisons d’Afrique, par des interventions de terrain comme par l’injection régulière de fonds à destination des structures pénitentiaires. Crée en 1995, par un Français, Jacques Risacher, PRSF est d’abord intervenue en Côte d’Ivoire. Puis, forte de ce premier succès, l’expérience s’est multipliée dans de nombreux pays d’Afrique francophone, au point que l’association est solidement implantée aujourd’hui dans 6 de pays (Burkina Faso, République de Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Niger, Cameroun) et présente dans 3 autres (Mali, Sénégal, Congo Brazza). Difficile, pourtant, d’humaniser le quotidien des prisons quand tout est à faire, que rien n’existe hormis quatre murs et une cour centrale où hommes, femmes et mineurs se tiennent assis en cercle, sous le soleil comme sous la pluie. L’étendue des besoins, pour vaste qu’elle soit, est cependant susceptible de réponses efficaces. Pour assurer au mieux le but qu’elle s’est fixé, l’association distingue ainsi dans son action les opérations revêtant un caractère d’urgence et les autres nécessitant un travail de plus longue haleine. Cours d’alphabétisation pour les mineurs Répondre aux besoins d’urgence des détenus c’est par exemple permettre à des sortants de prisons de rejoindre leurs familles en prenant en charge le transport jusqu’au village d’origine. Dans des conditions d’extrême pauvreté, un simple titre de transport peut éviter à d’aucun de retomber dans la délinquance. Et c’est par le biais d’une création originale, les équipes de soutien, que PRSF finance de telles initiatives. 5 milieu carcéral ; Comment l’association agit-elle ? Établies en France, les équipes de soutien fédèrent un groupe de personnes qui chaque mois réunit 80 € afin de parrainer une équipe terrain de PRSF (visiteurs de prison locaux bénévoles). Cette équipe terrain utilise ce budget pour répondre aux besoins les plus urgents des détenus. À plus long terme, dans les 70 prisons où PRSF intervient, l’accent est prioritairement mis sur l’amélioration de l’apport nutritionnel des détenus, dont la ration journalière est proche du néant. Ainsi les prisonniers se contentent-ils d’une cuillère à soupe de maïs en grain mélangée à une cuillère à café de haricot par jour, le budget alloué à la nourriture étant en moyenne estimé à 1 franc CFA par jour et par détenu. Grâce à l’action de PRSF, des jardins le principe de non dénonciation auquel elle s’astreint. C’est à ce seul prix que l’association peut en Regardez-moi intérieur de cellule effet espérer opérer durablement dans les prisons africaines. « La dénonciation, explique-t-on au siège de PRSF, n’est pas notre rôle », tout en reconnaissant effectivement qu’il est important de mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Une démarche pragmatique qui se comprend aisément au regard de la spécificité africaine. D’abord, il n’est possible d’intervenir sur les sites que par la constitution de réseaux de collaboration, ce qui interdit de stigmatiser d’emblée la situation dans tel ou tel pays. Ensuite, parce que le plus souvent ce n’est pas le manque de volonté des autorités qui est en cause, mais le manque de moyens financiers. Ainsi Irrigation et création de jardins maraîchers ayant pour plusieurs pays, qui se sont objectifs : la lutte contre l’oisiveté, l’amélioration de la ration dotés d’un arsenal juridique prenant en considération les alimentaire et la formation professionnelle des détenus. droits des détenus, ne peumaraîchers ont vu le jour dans les prisons, vent les appliquer faute de moyens. ainsi que des élevages, qui permettent d’augmenter les rations. Au Bénin, il existe une loi prescrivant de D’autres interventions concernent le ne plus incarcérer les mineurs, mais de volet médical et sanitaire : en prison, les les envoyer en centre de formation. PRSF infirmeries sont rares, le personnel médical tente actuellement de rassembler les fonds exceptionnel et les quelques médicaments nécessaires à la réalisation d’une projet obtenus le sont par les bons offices des reli- d’alternative à la détention des mineurs au gieuses. Pour être à même de dispenser des Togo, Bénin et Niger en partenariat avec soins aux détenus, la création d’infirmeries des associations locales. est donc indispensable. Dans l’esprit de collaboration avec l’administration pénitentiaire, des guérites et des bancs sont construits pour les surveillants, habituellement contraints à rester debout. Cette amélioration de leurs conditions de travail, obtenue à peu de frais (quelques planches et de la tôle), les gardiens savent qu’ils la doivent aussi aux détenus auprès desquels intervient PRSF. 6 Si vous souhaitez soutenir les actions de PRisonniers Sans Frontières, merci d’adresser vos dons à : PRisonniers Sans Frontières 43, rue d’Aubervilliers 75018 PARIS Pour en savoir plus sur les actions menées par l’association, devenir bénévole ou créer une équipe de soutien : Tel : 01 40 38 24 30 Fax : 01 40 38 30 41 Mail : [email protected] Site : www.prsf.net De ce corps contaminé, ne voyez pas que l’ombre d’un virus. Regardez-moi, apprenez à me regarder et peut-être alors verrez-vous ce que je suis. Je suis un homme, un être unique comme chacun de nous. J’ai des idées à exprimer, des projets plein la tête, un travail où je me sens utile. J’aime et je pense être aimé. J’ai parfois des jours de désespoir. Qui n’en a pas ? Mais je veux vivre, profiter du soleil, de la beauté de la nature. Tout n’est pas rose. Je sais bien qu’aujourd’hui encore ma vie ne tient qu’à un fil. C’est fort de ce réalisme que je me bats. Et si parfois tout est trop insupportable, j’ai encore un peu d’espoir, de forces et d’envies pour croire en toi, Dieu, juste et triomphant du mal. Action de grâce Le bonheur... tient vraiment à très peu de choses. Mais avant... je ne savais pas que le plus beau des spectacles pouvait être celui du soleil... Avant... je n’avais jamais vu la nature aussi resplendissante... Tant de variations de couleurs, les feuilles, la rosée, les fleurs et tous ces animaux. J’entendis le chant le plus merveilleux. ; Et c’est peut-être là la clé du succès rencontré par l’association : permettre à tous, et non pas seulement aux détenus, de bénéficier de sa présence. Mais un autre élément contribue à la réussite de Prisonniers sans Frontières, ~Prière~ personnalité Le secret ; Une prière du fond de moi montait vers Dieu : merci, Seigneur ! Avant... le sida... je ne savais pas ce que pouvait vouloir dire la Vie et être en vie... Avais-je besoin de ce virus pour savoir que chaque seconde compte ? Rire avec les enfants, souffrir... aimer... En remercier Dieu, qui aurait cru que ce soit possible ? Et pourtant... Merci, Seigneur, de ce bonheur. La fondatrice de SOS Attentats, Françoise Rudetzki, n’a pas simplement été victime de la violence aveugle, le terrorisme. Deux autres catastrophes lui sont tombées dessus : la shoah et le sida. Ce trio, c’est la triple peine qu’elle raconte dans un livre éponyme. A 55 ans, après près de soixante opérations chirurgicales pour reconstruire son corps meurtri, elle témoigne de la souffrance, de l’engagement pour les victimes d’attentats et de la vie avec le virus. H Entre inquiétude et espérance Seigneur, je veux noyer mon inquiétude dans la prière qui est source de Vie et d’Espérance ! Je veux vivre de ton Amour Pour faire vivre, rayonner ta Lumière dans le cœur de mon enfant, dans le cœur de tous tes enfants ! Au doute, je veux opposer la confiance ! Accorde-moi, Seigneur, ton aide pour devenir ton pèlerin. Armée de ta force, je veux vaincre la peur du sida dans le cœur des angoissés ! Leur transmettre l’espérance ! La certitude de leur victoire ! Leur apprendre à abandonner le passé à ta miséricorde, le présent à ta fidélité, l’avenir à ta divine Providence ! Violette (mère d’un fils en trithérapie), Claire Demeure OSPITALISÉE PENDANT DE LONGS MOIS, EN 1984, Françoise Rudetzki écoute la radio. A cette époque, il y est souvent question de sida et, déjà, des hémophiles contaminés. L’intuition se fait jour : massivement transfusée après 1’attentat, elle est persuadée d’être séropositive. Il lui faut batailler avec ceux qui la soignent pour subir un test. En novembre 1984, son médecin, Thierry Judet, s’assoit pour la première fois sur le bord de son lit, pour lui annoncer le résultat : positif. « Cet instant capital me parait comparable au moment où la bombe a explose dans le Grand Vefour », écrit-elle dans son livre. Mais cette femme de caractère, pour protéger sa fille et ses parents, garde le secret. « C’est vrai que j’ai parfois été tentée de le révéler, explique-t-elle. A la fin des années 1980, je fréquentais souvent des dîners au cours desquels on entendait des choses hallucinantes. Des remarques homophobes, des blagues douteuses. C’était aussi l’époque où Le Pen parlait des sidatoriums. J’avais parfois envie d’exploser, de dire a ces gens : ‘’ Regardez, je suis a votre table et j’ai le sida, cette maladie n’est pas ce que vous croyez. ‘’ » En 1991, Françoise Rudetzki apprend qu’elle a développé la maladie. Ses parents sont morts sans savoir, comme elle le souhaitait, mais il lui faut parler a sa fille Deborah, âgée de 17 ans. « On ne savait pas alors comment marcheraient les traitements. Je pouvais très vite aller mal, contracter des maladies opportunistes : je lui devais la vérité... L’épée de Damoclès, au-dessus de ma tête, s’est faite plus présente.» Même lourds et fatigants, les traitements, des bithérapies, puis des trithérapies lui ont laisse la vie sauve. Il lui faut seulement aller les chercher régulièrement à la Pitié-Salpêtrière, au sous-sol, au terme d’un parcours maladroitement fléché « la morgue ». « Si j’ai décidé de révéler que je suis malade, c’est aussi parce que j’imagine qu’il y a en France des centaines de gens qui, comme moi, ont contracte le sida par une transfusion. S’ils faisaient un test, ils pourraient se faire soigner. C’est une chance, en France, de disposer de médicaments. Et moi, moyennant ces soins, je vais bien », lâche-t-elle, soudain joyeuse. Extrait de l’article de Corinne Chabaud, La Vie n°3049 (5 février 2004) 7 témoignages Bernard Bassama : La foi pour faire face Atteint du sida il y a dix ans, Bernard Bassama a quitté le Cameroun pour la France où il poursuit son traitement depuis janvier. S’il survit grâce à la trithérapie, cet ingénieur de 45 ans dit avoir retrouvé la foi dans sa lutte contre la maladie. Membre de l’association Chrétiens & sida, il milite contre la discrimination dont sont encore victimes les séropositifs. Q UAND J’AI appris que j’avais le sida, j’ai tout de suite rédigé mon testament. Je ne pensais qu’à la mort. Je fuyais le regard des autres. » Une décennie plus tard, Bernard Bassama esquisse un sourire en confiant qu’au foyer de Sarcelles (Val-d’Oise) où il réside actuellement « la femme de ménage a encore peur d’un mouchoir que j’aurais pu laisser traîner ». Raconter l’anecdote avec légèreté vaut déjà une petite victoire pour un homme qui, lorsqu’il apprit la nouvelle de sa séropositivité, ne se donnait « guère plus d’un an à vivre » et vivait la maladie comme une condamnation morale. Mais Bernard reste lucide, habité du devoir de prévenir des illusions générées par l’amélioration des traitements. « La maladie n’est plus taboue. On en parie. La discrimination envers les malades a diminué, mais trop souvent parce que les gens s’imaginent qu’on peut aujourd’hui guérir du sida.» Or, non seulement les séropositifs ne sont pas tout à fait à l’abri du rejet, mais les traitements demeurent inaccessibles à la plupart des individus contaminés, en premier lieu sur le sol africain dont Bernard est issu. C’est le message qu’il s’apprête d’ailleurs à réitérer le 1er décembre dans le cadre de la Journée mondiale contre le sida. Une vie brisée 8 « Officiellement », car les circonstances vont évidemment compromettre la carrière que Bernard espérait. Tout comme sa vie de famille. En 1995, Bernard, déjà père de trois enfants, prend une épouse qui lui en donnera deux autres. Ces instants de bonheur lui font oublier les fièvres et les diarrhées qui le frappent depuis deux ans. « J’ai commencé à tomber malade il y a dix ans », souligne-t-il par une formule qui trahit sa volonté d’alors de ne pas même envisager qu’il puisse s’agir de cette maladie-là. « A l’époque, les médecins avaient pratiqué un examen sanguin mais sans m’en donner le résultat. A ma sortie d’hôpital, ils m’ont demandé d’effectuer un test de confirmation, j’ai accepté, mais je n’ai pas eu le courage d’en prendre connaissance. » Bernard met quatre ans avant de savoir la vérité. « En 1997, égrène-t-il avec ce souci d’exactitude mâtiné de son goût du mot juste, j’ai rechuté. C’est là que j’ai su que j’avais le sida. J’ai immédiatement demandé que ma femme et mes enfants passent un test, qui a heureusement révélé qu’ils n’étaient pas infectés. J’ai remercié Dieu pour cela. » Sentiment d’exclusion Mais le ciel est-il vraiment avec Bernard, qui voit sa femme craquer et partir au bout d’un an avec les enfants et les économies du ménage ? « Je me suis retrouvé seul, incapable de payer un traitement aux anti-rétroviraux qui était encore rare et donc cher, aux alentours de 5 000 francs français. C’est aussi là que j’ai appris ce qu’était le rejet. La société camerounaise refusait encore dans sa majorité d’aborder le sujet. Le gouvernement a pris trop tard conscience de la gravité de la situation. » Et certains discours n’ont pas aidé. Par exemple, celui du pape, qui ose prêcher l’interdiction du préservatif devant une population contaminée au tiers. « J’aurais aimé qu’il prône l’usage du préservatif si vraiment on ne peut pas se retenir [sic], regrette Bernard. Mais les prêtres de base, comme les pasteurs, le font à sa place. » Et Bernard s’estime redevable à l’égard des cléricatures,nonseulementdes’êtreemparé du plus grave problème de santé publique, mais de l’avoir, lui, sorti de son isolement. « Ce sont les milieux chrétiens qui m’ont encouragé à parler de ma séropositivité. A ma famille, qui a dans l‘ensemble plutôt bien réagi. A la télévision camerounaise, où j’ai été invité à m’exprimer. Et à mes employeurs, qui ont accepté d’assumer les frais de traitement. » Or, le virus ne se laisse pas si facilement dompter aux anti-rétroviraux. Cinq ans de traitement, dont deux à la charge de la Société d’électricité du Cameroun, ; Né en 1959 à Douala, la capitale économique du Cameroun, dans une famille de l’ethnie Bafia, Bernard est l’aîné d’une (très) nombreuse fratrie de 17 enfants. « Je ne sais pas quel âge doit avoir le petit dernier. Je crois qu’il a dix ans », glisse-til, non sans avoir précisé que ses parents ont eu ensemble sept enfants, avant que son père n’élargisse le clan avec une autre femme. Un catholicisme fervent unit tout ce petit monde et Bernard se destine au petit séminaire dès la classe de sixième. « Je l’ai suivi pendant deux ans, mais en fait je ne voulais pas être prêtre, je me suis même un peu détaché de la foi par la suite, avant de la redécouvrir quand j’ai su que j’étais atteint du sida. C’est maintenant que je comprends ce que m’ont apporté ces années-là. » Avant de revenir à la foi, Bernard fait un crochet par la science. A vingt ans, il quitte Douala pour Yaoundé, la capitale politique du pays, et y entame ses études d’ingénieur. 11 les poursuit à l’école polytechnique de Montréal, à partir de 1982 et pour trois ans. « A mon retour au Cameroun, j’ai été embauché par la Société d’électricité nationale, qui m’emploie toujours officiellement. » témoignages ; aboutissent à une nouvelle impasse. « Un génotype a révélé que je devenais réfractaire aux molécules, raconte Bernard. En octobre 2002, il a fallu tout arrêter. » Par « chance », les trithérapies, qui conjuguent la contention du virus et la prévention de maladies « opportunistes », ont fait dans l’intervalle leur apparition. Une ‘‘renaissance‘‘ Le traitement reste, encore à ce jour, hors de portée d’une bourse camerounaise. Bernard peut néanmoins compter sur son généreux employeur et s’installe en janvier en France, d’où il poursuit son long arrêt maladie. Le traitement est lourd. « Vingtcinq comprimés et deux injections par jour. Une telle dose pourrait me renvoyer en permanence à la conscience d’être atteint d’une maladie incurable. Je sais bien qu’une maladie opportuniste peut surgir et m’emporter. Mais la foi chrétienne me donne chaque jour envie de lutter. La maladie me l’a fait retrouver. J’ai le sentiment de comprendre vraiment ce que représente la valeur d’une vie. » Fort du sentiment d’avoir la sienne devant lui, Bernard dit aussi avoir retrouvé un « chez-lui » dans le milieu militant. « J’ai rejoint Chrétiens & sida il y a deux mois, via l’association Aides. Je me suis senti en famille. » Le sentiment d’exclusion a donc cédé au prix d’années de lutte contre la Il n’y a pas de maladie, dont l’antidote se fait attendre. Bernard estime qu’une partie du combat est presque gagnée. Presque. « Car ce sont souvent les malades eux-mêmes qui nourrissent ce sentiment d’exclusion, en se marginalisant de leur propre fait. Cette tendance existe encore et il faut en finir. C’est ce que j’attends de la prochaine Journée mondiale. » On peut supposer que cette tendance disparaîtra complètement du jour où le remède aura enfin été trouvé. En attendant, on peut regretter qu’après une forte période de médiatisation la prévention contre la maladie se limite de plus en plus à une seule journée mondiale. Benoît HERVIEU-LEGER, Réforme 27 novembre 2003 jugement Martine, 36 ans, atteinte du VIH, est suivie depuis sept ans par l’association œcuménique Chrétiens & sida. E LLE NE S’ALIMENTAIT PLUS. ELLE N’ALLAIT pas bien. Elle a alors appelé Evelyne, sa sœur, atteinte « du même mal » : le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Son conseil ? Appeler Aides. Martine a donc contacté l’association de lutte contre le sida. « Ils m’ont proposé une journée pour décompresser... Mais ce n’était pas le genre de soutien que je cherchais, explique-t-elle. Je voulais qu’on puisse me responsabiliser par rapport à ma vie. » De nouveau, elle a appelé sa sœur. « Elle m’a dit qu’elle faisait partie d’une association que je ne connaissais pas : Chrétiens & sida. Et m’a proposé de les contacter... Deux jours après le coup de téléphone de ma sœur, l’association m’a rappelée, se souvient-elle, et m’a proposé de venir me chercher pour me faire aider sur Quimper (Finistère). » C’était il y a sept ans. ; Evelyne suivra alors un traitement. Et sur la route de cette maladie «encore aujourd’hui assez honteuse», se fait accompagner par Marie-Thérèse, de Chrétiens & sida - Quimper. Reçoit une C ’ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS QUE J’ÉTAIS SOLLICITÉE pour participer à Solidays qui m’était inconnu. J’avais pris connaissance de l’organisation de ce festival, du nombre d’associations qui militent contre le sida, des artistes qui y étaient présents. J’étais impressionnée par le nombre de bénévoles qui s’y trouvaient et de festivaliers que Solidays attirait. A l’arrivée dans le village associatif, j’ai tout de suite trouvé ma place au stand de Chrétiens & sida. Nous nous sommes présentés. Faire connaître l’association, distribuer des préservatifs, être à l’écoute des jeunes et de leur questionnement sur la religion et le sida : cet univers m’a aussitôt paru familier. Pour moi qui suis concernée car je suis séropositive depuis 17 ans, cela m’a soulagée de constater que dans le monde entier il y a des associations qui militent contre le sida. Que malgré les milliers de kilomètres nous séparent, on se tient tous la main pour lutter contre ce fléau qui décime des populations. Je parle de l’Afrique en particulier et d’autres pays qui disposent de faibles moyens. Au stand de Chrétiens & sida, j’ai fait la connaissance d’un homme qui proposait des massages. Il expliquait que ces massages étaient pratiqués aux personnes en fin de vie pour soulager leurs douleurs musculaires, un des effets à long terme de la maladie. Je me sens très proche des gens en général et j’étais très intéressée par sa pratique de massage. Attentive à ses gestes, cet homme a vite perçu mon grand intérêt. Alors, tout en guidant mes gestes, il m’a laissé effectuer ce massage. Puis, il m’a passé le relais. Cela m’a plu et m’a prouvé qu’un professionnel pouvait me faire entière confiance à moi, une novice. Je n’ai retiré que des choses positives de ce festival. Le respect, la découverte, plus de connaissances, l’humanité et la solidarité. Je remercie Chrétiens & sida de m’avoir fait partager avec eux ce moment. Martine QUEVERT 9 santé ; trouvais pas dans ma famille une oreille attentive », confie-t-elle. « À l’association, on va m’écouter, il n’y a pas de jugement... ils sont très tolérants, on ne nous décourage jamais. » allocation de la Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel (Cotorep) de son département, prend un appartement à Saint-Yvi, près de Quimper - elle habitait avant en llle-et-Vilaine, avec son mari et sa fille. Depuis, elle vit entre sa maladie, l’association - qui existe depuis treize ans - et les séances de prévention auxquelles elle participe. Et Dieu ? Elle qui fut « pendant cinq ans chez les Témoins de Jéhovah » parce qu’elle a « cru y trouver une famille », explique qu’elle n’est pas « chrétienne dans la foi » : « Ce sont les gestes de tous les jours qui font qu’on est chrétien. » Sa vie n’est « pas facile à vivre tout le temps », marquée par « la fatigue, les médicaments tous les jours, et les effets secondaires qui minent la vie quotidienne ». Elle ne pense pas trop à l’avenir, au développement de la maladie. À Chrétiens & sida - Quimper, ils sont une trentaine de malades à se retrouver. Une fois par mois, ils rencontrent un prêtre. « On réfléchit sur le pardon, le secret de la maladie, la souffrance... » En outre, Martine joue dans une troupe de théâtre Horizon nouveau, émanant d’une association pour les gens défavorisés et cofinancée par Chrétiens & sida. PIERRE SCHMIDT, la Croix (22 juin 2004) Mais elle n’a plus aucun contact avec sa famille, excepté sa sœur Evelyne. « Je ne Nelson Mandela au service de la lutte contre le sida à Bangkok C HALEUREUSEMENT APPLAUDI À BANGKOK, l’ancien président sudafricain Nelson Mandela a mis jeudi sa notoriété internationale au service de la lutte contre le sida en abordant un thème peu traité à l’avant-dernier jour de la 15ème Conférence sur la pandémie : la tuberculose. La présence charismatique de M. Mandela, qui a provoqué une ruée de photographes, a allégé quelque peu le climat d’une conférence assombrie par une polémique persistante sur la politique antisida des États-Unis et diverses manifestations bruyantes contre les grands laboratoires pharmaceutiques - presque tous américains. 10 « La tuberculose veut trop souvent dire une peine de mort pour les malades du sida », a dit M. Mandela, qui a lui-même contracté la maladie lors de ses longues années de prison à Robben Island. Sur les 38 millions de personnes infectées du VlH/sida sur la planète, 14 millions souffrent de tuberculose maladie qui accélère l’emprise du virus du VIH sur l’organisme. M. Mandela, qui avait annoncé en juin une réduction «significative» de ses activités pour se consacrer à sa famille et à l’écriture, reste très impliqué dans la lutte contre le sida qui ravage notamment l’Afrique subsaharienne et parti- culièrement son propre pays, qui compte le plus grand nombre de personnes infectées au monde (environ 5 millions). I l d o i t s’exprimer jeudi à la projection d’un film sur un concert humanitaire qui a eu lieu en décembre dernier au Cap pour lever des fonds pour la lutte antisida. Ce concert faisait partie de la campagne de Mandela baptisée 46664 -matricule de Mandela en prison sous le régime d’apartheid- et qui appelle tous les gouvernements à déclarer l’état d’urgence contre le sida. Mercredi, le responsable ; Se déplaçant avec quelque difficulté mais s’exprimant avec force, M. Mandela, qui aura 86 ans dimanche, a participé à une conférence de presse sur la tuberculose, qui s’associe fréquemment au sida chez les malades des pays pauvres. « La tuberculose reste délaissée. Aujourd’hui nous appelons le monde à reconnaître que nous ne pouvons pas lutter contre le sida à moins de nous attaquer aussi à la tuberculose », a-t-il dit avant que la fondation de l’Américain Bill Gates n’annonce un plan de financement de 44,7 millions de dollars pour aider à combattre cette maladie opportuniste. chiffres « quand 8.000 personnes meurent chaque jour du sida, la division est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir ». « A ce stade, l’erreur la plus grave que nous pourrions faire est de laisser la pandémie nous diviser », avait déclaré le représentant américain Randall Tobias, Washington reste toutefois le premier contributeur au monde et le président George W. Bush a promis 15 milliards de dollars à la lutte antisida au cours des cinq prochaines années. Mais ce plan n’a vraiment démarré qu’en février 2004, et très lentement. ; américain de la lutte contre le sida avait lancé un appel à l’unité après que Washington eut été accusé par l’Europe -emboîtant le pas au président français Jacques Chiracde préférer des accords bilatéraux au détriment des accords multilatéraux qui permettent l’accès des malades aux génériques bon marché dans les pays en développement. Le secrétaire général de l’ONU Kofl Annan avait lui aussi critiqué les Etats-Unis pour leur manque d’empressement à allouer des fonds à la lutte contre le sida. L’ancien candidat démocrate à la Maison blanche, John Kerry, avait promis un doublement des fonds américains au sida, à la tuberculose et au paludisme s’il est élu en novembre, expliquant que Washington « doit s’engager à mettre tout le poids du leadership américain dans la lutte contre les maladies les plus mortelles en Afrique, y compris le sida ». Jeudi 15 juillet 2004, BANGKOK (AFP) La Journée Mondiale de la tuberculose aura lieu le 24 mars. Plus d’informations sur les manifestations organisées et cette maladie en général : - www.stoptb.org - www.who.int/topics/tuberculosis/fr/ Onusida : des faits et des chiffres en 2004 Rapport À l’occasion de la journée du 1er décembre, dédiée à la lutte contre le sida, rappelons quelques chiffres et faits importants. L ES DÉP EN SES MON DIALES SUR LE été multipliées par 15, passant de 300 millions de dollars en 1996 à un peu moins de 5 milliards de dollars en 2003, ce total couvrant moins de la moitié des besoins estimés pour 2005 dans les pays en développement. Selon des estimations des coûts, quelque 12 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2005 et 20 milliards d’ici 2007, pour la prévention et la prise en charge dans les pays à faible et moyen revenus. SI DA ONT Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 9 personnes sur 10, ayant besoin d’urgence d’un traitement du VIH, n’en bénéficient pas. Entre 5 et 6 millions de personnes mourront dans les pays en développement au cours des 2 ans à venir, si elles ne sont pas placées sous antirétroviral. Les femmes Les jeunes Les femmes représentent maintenant près de 50% des personnes infectées dans le monde (contre 41% en 1997), et 57% en Afrique subsaharienne. Les 15-24 ans constituent la moitié de toutes les nouvelles infections au VIH dans le monde. Sur les dix millions de jeunes infectés dans le monde : 6,2 millions vivent en Afrique subsaharienne et 75% d’entre eux sont des jeunes femmes. Les orphelins 15 millions d’enfants de moins de 18 ans dans le monde ont perdu un ou leurs deux parents à cause du sida, dont 12 millions en Afrique sub-saharienne. La prévention Les programmes de prévention atteignent moins d’une personne 11 chiffres sur cinq parmi ceux qui en ont besoin. En 2003, dans les pays à faible et moyen revenus, seulement une femme enceinte sur dix a bénéficié de services de prévention de la transmission mère-enfant du VIH. Dans les pays riches, pour la première fois depuis une décennie, on observe des augmentations des contaminations. Une prévention complète pourrait éviter 29 millions de nouvelles infections sur les 45 millions prévues d’ici 2010. Les préservatifs L’ a p p r o v i s i o n n e m e n t a c t u e l n e représente que 60% des besoins. D’ici 2010, 19 milliards de préservatifs seront nécessaires pour prévenir l’infection par le VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles. Paris, AFP * Ressources documentaires : - Site de l’Onusida : www.unaids.org - Site de l’OMS : www.who.int/whr/fr - Site de la Cité des Sciences : www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/ science_actualites/media/4/14030/ QACTU_FLASH_FR.swf * Dates importantes : 11 février 2005 : journée mondiale des malades à Yaoundé. L’ANRS lance un appel à volontaires : ils participeront au premier essai de vaccin préventif contre le sida A l’approche du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, l’Agence nationale de recherches sur le sida a lancé un appel à volontaires pour participer à un nouvel essai de vaccin préventif contre le sida. Ces volontaires participeront au premier essai vaccinal de phase II jamais réalisé dans ce domaine en France : ‘‘l’essai ANRS VAC 18’’. Il s’agit également du premier essai de phase II en Europe. L ORS DE SON DERNIER « APPEL À volontaires », lancé en Juin 2001, le Professeur Michel Kazatchkine, Directeur de l’ANRS, déclarait : « II y a urgence à mettre au point un vaccin. L’épidémie de sida est encore loin devant nous ». Trois ans après cet appel qui a permis à l’ANRS de réaliser les essais qu’elle avait annoncés (ANRS VAC 14, VAC 16 et VAC 17 -voir fiche 2), l’agence rappelle que l’urgence est plus que jamais d’actualité et lance un appel pour mener son nouvel essai : ANRS VAC 18. 12 « Au dernier congrès international sur le vaccin qui s’est tenu à Lausanne en septembre dernier (Aids Vaccine 04), notre « candidat-vaccin» a montré qu’il permettait d’obtenir une bonne r é p o n s e immunitaire cellulaire », déclare le D o c t e u r Jean- Gérard Guillet (Unité 445 Inserm), respons able du programme de recherche vaccinale de l’Agence. « Cela nous incite fortement à poursuivre notre programme. ANRS VAC 18 est un essai important car il va nous permettre de déterminer s’il est possible d’obtenir une bonne réponse immunitaire avec de faibles doses d’une préparation vaccinale », explique le Professeur Michel Kazatchkine, Directeur de l’ANRS. « si tel est bien le cas, les répercussions seront importantes pour le vaccin futur : une faible dose permettra de vacciner davantage de communiqué ; personnes et à un coût moindre. Pour les pays en développement, c’est une donnée essentielle. » ANRS VAC 18 est le premier essai vaccinal contre le sida de phase II jamais réalisé en France. Il s’agit également du premier essai de phase II en Europe. Il nécessite la participation de 132 volontaires. Il a débuté en septembre 2004 : une trentaine de volontaires membres du réseau de l’ANRS « Volontaires pour un vaccin » vont y participer. Une centaine de personnes sont donc recherchées pour compléter cet effectif et pour que l’essai puisse être mené à bien dans les meilleurs délais. « Notre expérience des précédents appels à volontaires montre qu’avec nos critères de sélection, pour recruter cent personnes, plusieurs centaines de candidatures doivent nous parvenir. L’ANRS y répond en envoyant un document d’information et une fiche confidentielle à lui retourner » explique le Professeur Yves Levy, responsable de l’organisation des essais vaccinaux à l’ANRS. Le programme de recherche de l’ANRS PHASE I, PHASE II, PHASE III Les essais de phase I sont menés sur des groupes de personnes séronégatives, à faible risque d’être infectées par le VIH. Ils ont pour but d’évaluer la tolérance de l’organisme aux préparations vaccinales et leur capacité à induire des réponses immunitaires. C’est seulement quand un essai de phase I a montré qu’un produit est bien toléré et induit des réponses immunitaires, dirigées contre plusieurs protéines du virus et persistantes, que le produit est évalué en phase II sur un plus grand nombre de personnes. L’objet des essais de phase II est de déterminer les meilleures conditions d’induction de réponses immunitaires. L’efficacité de la préparation vaccinale à protéger contre l’infection ne peut être testée dans un essai de phase III, mené sur des milliers de personnes, que lorsque les phases I et II ont été concluantes. réalisées par d’autres instituts et par les industriels. Nous devrions disposer des résultats des essais lancés depuis le dernier « Appel à volontaires » et de ANRS VAC 18 - si nous arrivons à le mener - d’ici fin 2006. Il devrait alors nous être possible de prendre une décision pour le lancement d’un essai d’efficacité à large échelle de notre candidat vaccin, en sachant que cette décision nécessitera un consensus international. » A ces essais réalisés en France par l’ANRS, il convient d’en ajouter un autre qui a débuté aux Etats-Unis en Mars dernier. « Réalisé en collaboration entre le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) et l’ANRS, l’essai de phase l/ll HVTN 042/ANRS VAC 19 évalue chez 175 volontaires américains la préparation vaccinale de l’ANRS (lipopeptides + canarypox) et va nous apporter également à l’échéance de 2006 des résultats indépendants sur notre stratégie », ajoute-t’il. L’ANRS a déjà réalisé quinze essais vaccinaux de phase I depuis le lancement de son programme de recherche, en 1992. Elle y consacre 12% de son budget annuel. Lancé il y a désormais 15 ans, le programme de recherche sur le vaccin de l’ANRS repose sur l’utilisation des lipopeptides. Les lipopeptides sont constitués de fragments de protéines du VIH (des peptides) et de lipides. Les peptides sont, comme les médicaments, synthétisés chimiquement et ne présentent de ce fait aucun risque. Les lipides favorisent la pénétration des peptides dans les cellules immunitaires. Dans les essais vaccinaux, les lipopeptides peuvent être utilisés seuls ou couplés à des vecteurs viraux recombinants : il s’agit de virus inoffensifs pour l’homme (le plus fréquemment utilisé est le canarypox) dans lesquels des gènes du VIH sont insérés. L’injection de lipopeptides vise à induire une réponse immunitaire de type cellulaire, c’est-à-dire reposant sur la production de cellules tueuses capables d’éliminer les cellules infectées par le VIH. Ces cellules sont appelées lymphocytes CD4 et CD8 (ou CTL). Les essais réalisés jusque-là indiquent que les lipopeptides sont des bons candidats vaccins : ils montrent une bonne efficacité en terme de réponse immunitaire cellulaire et sont bien tolérés. « Cette approche est celle qui a montré une des meilleures performances jusqu’à présent en terme de réponse cellulaire, explique le Professeur Michel Kazatchkine. Elle s’inscrit en synergie avec les recherches vaccinales 13 portrait En souvenir de Pierre Mauriès Le groupe de Grenoble vous fait part de la mort de Pierre Mauriès, membre fondateur et premier responsable du groupe Chrétiens & sida de Grenoble, décédé le dimanche 12 décembre 2004 après une courte maladie. C ERTA I N S PA R M I L E S A N C I E N S D E N OT R E association se souviendront sûrement de lui car, membre actif de David et Jonathan dont il a été président national pendant plusieurs années par la suite, il avait par ticipé à l’Arbresle aux premiers échanges et discussions qui devaient aboutir à la fondation de Chrétiens & sida en avril 1991 et fut présent aux assemblées générales qui suivirent. Pierre, homme de conviction, sensible et généreux, secret et chaleureux, attentif aux autres et par ticulièrement aux plus pauvre, reste pour moi l’homme de la rencontre, toujours soucieux d’ouvrir de nouveaux chemins, de favoriser des collaborations et des échanges, attentif aux besoins, aux soucis et aux souffrances exprimés, et suffisamment créatif pour rechercher et proposer des solutions nouvelles. Engagé dès le début dans la lutte contre le sida sur le plan personnel, associatif et professionnel, il a été à Grenoble et ailleurs un acteur remarquable dans ce combat. Ainsi, je rappellerai à titre d’exemple la création de Libre Espace dans le contexte dramatique des années 1984-85, avec la collaboration de l’aumônerie de l’hôpital, de 14 Aides, de David et Jonathan et de Relais 14, lieu de présence chrétienne dans la ville. Libre Espace, c’était cette demi-heure par mois offer te à tous ceux que la maladie concernait, personnes atteintes, familles, amis, soignants, un moment fait de silence, de musique, de lecture de textes dans cet espace de recueillement que proposait Relais 14 dans son sous-sol au coeur de la ville : avec d’autres, Pierre avait su voir et comprendre que le combat contre le sida devait mobiliser toutes les forces humaines et spirituelles de ceux qui y étaient engagés. Notre prière mensuelle aujourd’hui tire son origine et prend sens à Libre Espace dont nous ne manquons pas de lire chaque mois le texte introductif : Parce que nous nous sentons concernés par le sida, Parce que à travers la vie, à travers la mort, Nous cherchons ou nous avons trouvé une dimension spirituelle dans notre existence, Nous sommes présentes, présents, ensemble, ici, dans cet espace. Faisons ensemble de ce moment un temps de solidarité. Faisons ensemble de cet espace un signe d’espérance. Après avoir beaucoup semé, créé, construit, aimé, Pierre a fini sa quête. Regardant derrière nous, nous découvrons mieux ce qu’il a appor té à notre groupe et plus généralement à la lutte contre le sida, regardant devant nous, nous mesurons tout ce qu’il reste à vivre et à faire pour poursuivre le chemin qu’il a tracé. Merci, Pierre. Ne nous oublie pas, nous ne t’oublierons pas ; à Dieu. Marie-Ange Geoffroy, responsable du groupe de Chrétiens & sida de Grenoble directeur de publication : Jean-Louis Vildé comité de rédaction : Bertrand Dicale, Jacques Gradt, Christiane Huraux, Stéphane Lavignotte, Chris Lomon, Blaise Noël, Jean-Marie Penet, Joseph Templier, Marlène Tuninga actualité Revue de presse Joseph Templier réalisation : Chrystelle Trompas n° de commission paritaire : 0 105 H 79593 imprimerie SIEP 77590 Bois le Roi Reprise de l’épidémie À l’heure de notre mort Le courage de parler Quand je me suis adressé au Congrès sur les traitements (Toulon – Juillet 2004), j’ai fini ma description de la reprise de l’épidémie en France par un souhait. Je me suis tourné vers les médecins, les infirmières, les chercheurs et je leur ai demandé d’avoir un peu plus d’autorité. L’idée même de la mort, de la nôtre et de celle des autres, nous est insupportable. Alors, on la cache, on la dissimule, on la masque. Nous imaginons ainsi nous protéger les uns les autres. Nous nous trompons Dans l’église d’aujourd’hui, il y a beaucoup trop de silence. Czelaw Milosz disait dans son discours de réception du prix Nobel : « Dans une pièce où règne unanimement la conspiration du silence, une parole de vérité résonne comme un coup de feu ». ISSN 1267 - 8457 nous remercions la SIEP qui a offert l’impression de ce numéro de chrétiens & sida SIÈGE SOCIAL 30 rue Boucry - 75018 Paris tél : 01 46 07 89 81 fax : 01 46 07 34 81 [email protected] web : chretiens-sida.com forum : chretiens-sida.com/forum/ GROUPES OUEST Quimper, Vannes, St Brieuc NORD-EST Charleville-Mézières, Reims, Dunkerque, Nancy CENTRE Poitiers, Niort, Limoges, Orléans, Angers SUD / SUD-EST Aix-en-Provence, Nîmes, Avignon, Nice, Arles, Marseille, Montpellier, Perpignan, Toulouse SUD-OUEST Bayonne, Biarritz, Bordeaux, St-Jean de Luz ILE-DE-FRANCE Paris, Seine-St-Denis, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Yvelines, Seine-et-Marne, Essonne RHÔNE-ALPES Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, Dijon, Chambéry EUROPE Belgique Pour les adresses des groupes ou celles des correspondants, s’informer auprès de l’association. Si le sida a bénéficié d’un état d’esprit de non jugement louable, il est temps que les médecins usent de leur autorité quand ils reçoivent des séropositifs qui disent qu’ils se protègent moins ou des séronégatifs qui admettent qu’ils prennent des risques. Le médecin est alors dans une position unique de conseil et d’écoute. Ce silence ne nous protège nullement. Non seulement il ne nous protège en rien, mais il est lui-même meurtrier. Nous devons réapprendre à donner sa place à la mort. La mort est toujours un scandale. Le passage de la mort déchaîne toujours l’angoisse, le déchirement, l’incompréhension devant l’inacceptable. Jamais on ne s’habitue à la voir au fond des yeux de celui ou celle qui s’en va, et à qui on ne peut que tenir la main avant ce grand passage dont nous ne connaissons rien ou presque. Mais il doit inter venir. Il doit se montrer ferme. Si les associations sont muettes sur cette reprise de l’épidémie, il faudra bien que les médecins s’engagent comme ils l’ont fait au début de l’épidémie. Ma rage sur la reprise de l’épidémie ne me met pas dans une colère froide. Je suis engagé et ce n’est que le début. Être là simplement près de lui, près d’elle. C’est dans ces moments-là que les choses parfois se font beaucoup plus simples qu’on ne l’imagine, quand, dans la confiance et l’écho d’une parole murmurée, l’angoisse se dissipe pour s ‘effacer, comme devant une surprenante clarté intérieure (Léon Burdin). Didier Lestrade, Journal de la Démocratie Sanitaire (Juillet-Août 2004) Tiré de Claude Goure, Confidences. Bayard (pages 187 et 190) Fondamentalement, le courage de parler s’enracine dans le courage d’écouter. Osons-nous écouter ceux qui se sentent étrangers à l’Eglise ? Écoutonsnous ceux que leur vie a mis en marge, parce qu’ils sont divorcés, remariés ou homosexuels, ou vivant en concubinage ? Nous n’en aurons le courage que si nous avons écouté en silence la voix la plus dérangeante de toutes, celle de notre Dieu. Si nous sommes capables de nous tenir en silence devant Dieu et d’entendre sa Parole, ressuscitée des morts, alors aucun silence ne pourra nous retenir prisonniers d’aucun tombeau. Timothy Radcliffe, Les sept dernières paroles du Christ. Cerf. (page 102) 15 parole d’évangile Porteur de paix et homme libre ‘’ Dites : Paix à cette maison ! ‘’ ‘’ Mangez et buvez ce qu’il y aura ‘’ (Luc 10, 1-12) I L Y A DU MONDE AUTOUR DE JÉSUS EN GALILÉE quand, au début de sa mission, il enseigne les matières d’être correspondant à la volonté du Père dont il est le messager. Il y a les Apôtres. Et il y a des disciples séduits par son enseignement. C’est à soixante douze d’entre eux qu’il demande d’aller porter la bonne parole dans les villes environnantes. ‘’ 72 ‘’ n’est pas un effectif dû au hasard. C’est un nombre symbolique. Il évoque les soixante douze nations qui, selon la Genèse, peuplent la Terre entière. Manière, pour Jésus, de signifier l’universalité de son message destiné à toute civilisation et toute culture. Ces soixante douze missionnaires sont choisis parmi le tout venant de ceux qui accompagnent Jésus. Des ‘’ laïcs ‘’, diraiton aujourd’hui, investis, comme les Apôtres du pouvoir de guérir, c’est-à-dire de venir au secours des détresses humaines. Dans toute rencontre, ils auront à témoigner que Dieu s’est approché des hommes. Mission à nous dévolue aujourd’hui. A la manière qui convient à chaque personnalité. A la manière surtout qui convient à l’état d’esprit, aux centres d’intérêt, à la sensibilité, à la culture de celles et ceux avec qui la vie nous met en contact. L’important est que quiconque soit rejoint en son intime. Jésus accompagne cet envoi d’une feuille Oui, de route dans laquelle je relève deux consignes. La première : « Dans toute rencontre, soyez des porteurs de paix. » Que nous faut-il être pour porter la paix ? Il nous faut tout simplement ‘’ Être ‘’. Etty Hillesum, cette jeune fille hollandaise qui, pendant la guerre, fait un étonnant parcours intérieur, écrit dans son journal : « Mon faire consistera à être. » Un tel souci de l’être n’est pas indifférence aux nécessités du temps. Mais, selon Mac Leod, l’un de ses commentateurs, une quête de stabilité intérieure, une recherche de plénitude en réaction à l’effervescence et à l’extrême dispersion de la vie. La militance effrénée, l’immédiateté du geste, le résultat à tout prix masquent le besoin de reconnaissance qui ruine toute profondeur et toute crédibilité. Être porteur de paix, c’est privilégier la proximité, l’attention, l’écoute, le service, la tendresse, bien avant la parole ou l’action. Être artisan de paix, c’est « être d’abord afin que le faire devienne l’expression naturelle de ce que nous sommes ».(1) La deuxième consigne de Jésus est de totale liberté. « Dans toute maison où vous entrerez, mangez et buvez ce que l’on vous servira ». Jésus abolit la bannière interdisant aux Juifs de faire table commune avec les impurs. Son disciple se trouve libéré de toute contrainte concernant les aliments. Dans sa mission, il a avec quiconque, totale liberté de rencontre et d’adaptation. C’est en tout temps et en tout domaine -y compris dans l’Eglise- que la pesanteur institutionnelle et la rigueur des structures ont vite fait d’étouffer toute spontanéité, de tuer toute liberté d’action. Or, ce qui importe, selon Jésus. Ce n’est pas d’être conforme mais d’être authentique. Son disciple devra se déterminer selon ses constats, ses intuitions, ses convictions, sa conscience devant l’angoisse d’un homme de ce temps pour leur ouvrir un chemin d’espérance. L’autonomie de pensée et de pratique est, pour ses disciples, enseignement de Jésus. Deux mille ans plus tard, consigne toujours d’actualité ! (1) cf. Mac Leod, Le souci de l’être. La Vie – 23 sept. 2004 Joseph Templier Renvoyez ce bulletin avec votre chèque à : l’adresse ci-contre ou CCP 735-95-A Paris en 2005, je m’abonne au journal et je cotise pour l’association nom : ___________________ prénom : ________________________ adresse : _________________________________________________ _________________________________________________________ code postal : _______________ville :__________________________ pays : ___________________ téléphone : ______________________ mél : ___________________@________________________.________ profession ou fonction (facultatif) : ___________________________ Je choisis : de soutenir Chrétiens & sida >> à partir de 50 € de m’abonner + devenir membre >> 38 € (1) ou 20 € (2) uniquement de m’abonner au journal >> 15 € uniquement de devenir membre >> cotisation au tarif de 31 € (1) ou 13 € (2) Ci-joint un chèque de : ________ €, au titre de : _________________ * l’abonnement court sur l’année civile, soit de janvier à décembre (1) personnes soumises à l’impôt sur le revenu (2) personnes non imposables chrétiens & sida 30 rue Boucry 75018 Paris tél : 01 46 07 89 81 fax : 01 46 07 34 81 [email protected] www.chretiens-sida.com chretiens-sida.com/forum CCP : 735 95 A