Version PDF - Le Télescope d`Amiens

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Alimentation: le circuit court 2.0 se développe
Le 13 mars 2013 par Mathieu Robert
Nicole D'Hoine est «animatrice de ruche» pour la jeune société de e-commerce La ruche qui dit oui. Son
métier: faire le lien entre les internautes à la recherche d'aliments produits localement et un réseau d'un
vingtaine d'agriculteurs du département.
Nicole D'Hoine (ici à gauche), aux côtés de Mohamed, le frère du tenancier de la Bodéga
Le fonctionnement d'une ruche? Chaque semaine, un groupe d'agriculteurs met en vente des fruits, légumes,
produits laitiers ou viandes sur internet. Les internautes ont quelques jours pour passer commande en ligne.
Deux jours après la fin de la vente, les internautes ont rendez-vous chez un particulier, un agriculteur, dans une
mairie ou une salle omnisport pour chercher leur commande. «Pendant une distribution, on ne sort pas son
porte-monnaie», explique Nicole D'Hoine. Forcément, tout a déjà été réglé en ligne.
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Déjà 200 ruches en France
Vendredi dernier, la jeune femme a lancé une nouvelle ruche à Amiens. La troisième dans la métropole avec
celles de la rue de la Délivrance (742 membres) et celle du cloître Dewailly (107 membres). La distribution
hebdomadaire se déroulera au Café La Bodéga, anciennement Chez Blanche, rue
Marguerite-Hémart-Ferandier à Amiens.
Déjà 180 internautes se sont inscrits. Normal, Nicole D'hoine n'en est pas à son premier essai. Depuis déjà un
an, elle anime une ruche à Namps au sud-ouest d'Amiens, qui compte aujourd'hui 525 membres dont «80 ont
passé plus de dix commandes».
Les trois sites de distribution de la La ruche qui dit oui à Amiens
Le secteur est en forte croissance. En France, la société revendique déjà 200 réseaux de ce type en
fonctionnement et 180 en construction. La première est née il y a un peu moins de deux ans. Depuis le concept
remporte un vif succès. 60 000 internautes inscrits et plus 2200 producteurs selon ses propres chiffres.
Le mérite du concept est de résoudre une bonne partie des problèmes posés par les circuits courts classiques.
Contrairement à une Amap, le consommateur n'est pas obligé de s'engager acheter des produits sur une année
entière. Il peut acheter une semaine et ne pas revenir la suivante.
Contrairement à un magasin à la ferme, on peut trouver une gamme de produits très large. Pas besoin de faire
le tour des fermes pour cuisiner un repas avec des produits locaux.
Pour l'agriculteur, c'est aussi une aubaine. Alors que les marchés peuvent entraîner du gaspillage, la
commande à l'avance sur internet permet de mieux gérer les stocks. «Tout ce qui est commandé est livré»,
résume Nicole D'Hoine.
15,8% de marge pour l'intermédiaire
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Les agriculteurs qui se plaignent de la paperasse sont aussi ravis. L'entreprise prend en charge le paiement en
ligne et les factures. En échange, ils reversent 7,9% des ventes à l'animatrice de la ruche et 7,9% à la société
La ruche qui dit oui. 15,8% de marge pour l'intermédiaire, c'est bien moins que les 30 à 50% pratiqués dans la
grande distribution.
Si l'affaire marche, elle pourrait s'avérer juteuse pour les jeunes fondateurs de la Société par actions simplifiée
(SAS) et leurs partenaires financiers Christophe Duhamel (co-fondateur de Marmiton), Marc Simoncini
(fondateur de Meetic), Xavier Niel (fondateur de Free), Marie-Christine Levet (ex-PDG de Lycos et Club
Internet).
«Un groupe d'amis qui cherchaient des bons produits»
Sur le terrain, chaque ruche est portée par un animateur et son réseau. «Nous étions un groupe d'amis qui
cherchions des bons produits», explique Nicole D'Hoine. «Un outil qui permettait de commander des produits
frais sur internet, ça n'existait pas. J'ai découvert La ruche qui dit oui, par le réseau Colibri, un mouvement
créé par Pierre Rabhi autour de l'économie sociale et l'environnement».
Des animateurs peu sectaires qui accueillent d'un même sourire les agriculteurs Bio et conventionnels. Seule
contrainte: «Je veux des gens suffisamment ouverts pour communiquer.»
Cette nouvelle ruche sera implantée dans le café La Bodega, anciennement Chez Blanche, près de la Cité
scolaire. «Nous ne faisons pas de commerce», explique Mohammed Djedi, le frère du tenancier. Le café qui
reçoit déjà la Fête des voisins voulait donner un coup de main et se faire connaître. «C'est une enseignante qui
habite dans la rue qui nous en a parlé fin mai. Elle a jugé que l'on était assez ouverts, se souvient Omar Djédi,
le patron. Moi j'ai toujours été pour les petits, pour les trucs locaux.»
«Les distributions, c'est génial. Les gens sont heureux. Il y a beaucoup d'échanges avec les agriculteurs et
même entre acheteurs. Les gens s'échangent des recettes», se réjouit son frère.
Mais depuis le 9 mars, La ruche qui dit oui n'est plus seule sur le marché.
La Chambre d'agriculture lance Somme-produitslocaux.fr
Sur un concept identique, le conseil général de la Somme et la Chambre d'agriculture viennent de lancer un
site 100% samarien: somme-produitslocaux.fr.
Derrière l'initiative, un groupe d'agriculteurs qui fournissent depuis trois ans les restaurants collectifs des
collèges du département. Depuis début 2012, ils disposaient d'un site internet utilisé par les chefs des cantines,
mais ils ont rapidement demandé à ce que l'on puisse l'utiliser pour les particuliers. «Nous avons agrandi le
site pour pouvoir commander et payer en ligne», explique Marie Deshayes, responsable circuits courts à la
Chambre d'agriculture.
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Le premier point de distribution de Somme-produitslocaux.fr à Saint-Fuscien
Même fonctionnement, même agriculteurs
Le site existe, mais personne ne le sait. «Nous n'avons pas encore fait de communication. Le site est encore en
test. On ne fait pas trop de vagues. L'inauguration officielle aura lieu en avril.» La première livraison s'est
déroulée samedi dernier à Saint-Fuscien, près d'Amiens. Quatre points de distributions supplémentaires
verront le jour en mai, avec à chaque fois un nouveau groupe d'agriculteurs.
Côté finance, les agriculteurs devraient être gagnants. C'est la Chambre d'agriculture qui, avec le Conseil
général, a financé le site internet. Et c'est encore la Chambre d'agriculture qui fait le suivi des commandes.
Mais c'est une société par actions, cette fois détenue par les agriculteurs participants, qui engrange les
bénéfices. 15% de marge, dont 5% servent à payer le personnel et les frais de paiement en ligne.
Dans le fonctionnement, c'est exactement le même principe que La ruche qui dit oui. Seule différence, les
fournisseurs sont uniquement des agriculteurs. Pas d'artisan boulanger ou charcutier accepté dans le réseau.
Logique quand on sait que la Chambre d'agriculture est financée par la taxe foncière sur les propriétés non
bâties, payées par les agriculteurs. «On ne veut pas d'artisans. Un boulanger, on ne sait pas très bien d'où
vient sa farine. C'est un choix, mais c'est un gage de traçabilité. Ce que l'on cherche c'est un agriculteur qui
fait du pain avec sa farine. Mais c'est rare, il n'y en a qu'un dans la Somme», explique l'agriculteur Sébastien
Joly.
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Sébastien Joly
C'est chez cet éleveur de volaille de Saint-Fuscien qu'a eu lieu, samedi dernier, la première distribution de
somme-produitslocaux.fr.
Comme d'autres agriculteurs, il fournissait déjà La ruche qui dit oui. Mais il préfère promouvoir
somme-produitslocaux.fr, le «drive», comme il l'appelle. «On a plus de maîtrise. Avec La ruche qui dit oui, il
y a 10% qui s'en vont on ne sait trop où».
Installé depuis 2009, ce jeune ingénieur agronome fraîchement revenu de son école parisienne produit 5000
volailles par an, qu'il écoule en vente directe sur sa ferme ou chez Gamme Vert à Péronne.
Avec La ruche qui dit oui, il écoule déjà un quart de sa production, et dans des conditions presque optimales. «
Le seul problème, c'est quand il n'y a pas de légumes. Les ventes chutent pour tout le monde. Les légumes,
c'est le produit d'appel.»
«À terme, il y aura une dizaine de drive dans le département», assure-t-il. La seule crainte à avoir: que le
concept soit victime de son succès, et que les agriculteurs ne suivent pas la demande. «La vente directe est peu
développée dans la Somme», rappelle Nicole D'Hoine. «En lait par exemple, on ne trouve rien.»
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