Miséricorde envers soi-même - Congrégation de la Sainte Famille à
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Miséricorde envers soi-même - Congrégation de la Sainte Famille à
MISERICORDE ENVERS SOI-MEME Avec la clôture du Jubilé de la miséricorde, nous avons souhaité partager avec vous quelques perles sur la miséricorde, surtout envers soi-même. Nous avons, sans doute, beaucoup lu et réfléchi sur la miséricorde envers les autres. Mais peut-on aimer les autres, avoir de la compassion, de la tendresse, de la miséricorde envers eux, sans l’avoir pour soi-même. Il est très compliqué de donner ce que nous n’avons pas. Jésus nous demande d’aimer notre prochain comme nous même (cf. Mattieu 22,39). Que veut dire s’aimer soi-même ? N’est-ce pas s’aimer à la manière dont le Christ nous aime ? Lui qui pose sur nous un regard d’amour et de tendresse ? Lui qui nous désire, nous appelle… (Cf. Sagesse 11, 24-26) S’aimer c’est considérer le regard du Seigneur sur nous. Un regard d’admiration, un regard de tendresse et un regard de douleur et de souffrance. Un regard d’admiration : pour cette audace qui nous a poussés à tout quitter pour le suivre. Un regard de tendresse : lui qui sait le poids lourd de l’édifice que nous devons porter, nous qui sommes faibles. Il sait ce qu’il nous confie, ce qu’il a de plus précieux, son Église et sa mission. Il nous fait confiance et il pose sur nous un regard de tendresse. Un regard de douleur et de souffrance : car il sait quelle blessure nous allons porter pour lui. Il sait que dans notre combat contre le péché nous allons être blessés. Et que parfois nous combattons sans sagesse, sans générosité et nous serons blessés. Cela Le fait souffrir. "S'aimer", c’est prendre soin de sa vie, veiller sur soi avec bienveillance, lucidité et douceur, s'accueillir avec sa part d'ombre et de lumière, ... avoir pour soi le sentiment même de Dieu : "tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t'aime. Ne crains rien... " (Isaïe 43,4-5). Dieu croit en moi, en mes richesses. Il sait ce qu’il a créé, « la merveille que je suis » (Ps 138). Oui, même si j’ai des faiblesses, Dieu les regarde avec sa miséricorde, et Lui peut, dans sa bienveillance, « tirer le bien de mes défaillances » (chant : Que craindrai-je dans la nuit). L’épitre aux Hébreux dit du Christ qu’il est capable de « compatir à nos faiblesses » parce qu’il a été « éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché ». Elle nous invite à avancer « avec assurance…, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. » (Heb 4, 14-16) Afin de s’aimer, nous avons à nous laisser imprégner de l’amour du christ. Sainte Emilie répétait souvent : « Mon Dieu! Mon Dieu! Donnez-moi votre amour.., Votre amour, mon Dieu, votre saint amour! » Avec Sainte Emilie et comme elle, prenons le temps de laisser le seigneur nous regarder avec admiration, avec tendresse et avec douleur, nous aimer avec bienveillance et douceur, afin de nous aimer comme Lui nous aime et d’aimer les autres comme nous même. Pour nous aider, nous pouvons lire, prier, réfléchir… à partir de quelques extraits proposés autour du thème. Miséricorde, Amour, Patience… plusieurs facettes de la même réalité. Les références bibliques citées ci-dessus peuvent nourrir notre prière. 1 En guise d’apéritif,, voici un conte : LA MI-GRAINE Dans ce pays-là, là, que je connais bien pour l'avoir visité, tous les enfants naissaient avec une graine d'amour, qui ne pouvait germer que dans leur cœur. Ce qu'il faut savoir, c'est que cette graine avait une particularité… très originale, en ce sens qu'elle était constituée de deux moitiés de graines. Une moitié de graine d'amour pour soi et une moitié de graine d'amour pour autrui. Vous allez tout de suite me dire : “Ce n'est pas juste, c'est disproportionné, ça ne peut pas marcher ! Une moitié pour un, d'accord, car il faut s'aimer. Mais une seule moitié de graine d'amour pour autrui, pour tous les autres, ah non alors ! Cela va bien au début de la vie, quand un enfant n'a pas beaucoup de personnes à aimer, seulement sa mère, son père, un ou deux grands-parents… parents… Mais plus tard, vous y pensez, plus tard, quand devenu adulte chacun est susceptible d'aimer beaucoup de personnes, cela est déséquilibré. Une seule moitié de graine d'amour à partager partager entre tant d'amours… Cela est invivable !”. Oui, vous me diriez tout cela avec passion, mais c'était ainsi dans ce pays ! Et d'ailleurs, ceux qui savaient laisser germer et laisser fleurir chacune de leurs moitiés de graine d'amour, avec intensité, avec passion, avec enthousiasme et respect, ceux-là ceux là découvraient plus tard qu'ils pouvaient à la fois s'aimer et aimer, aimer et être aimés. Ceux qui ne développaient qu'une moitié de graine, soit en s'aimant trop, soit en n'aimant que les autres, soit encore en n'aimant qu'une seule personne au monde, ceux-là ceux avaient des mi-graines graines qui durcissaient, qui durcissaient tellement leur cœur… que parfois parfois leur tête éclatait de douleur. Ah ! Vivre seulement avec une mi-graine mi graine d'amour, cela doit être terrible ! D'autant plus qu'il n'y a aucun remède à ces migraines et qu'elles sont susceptibles de durer des années. Ainsi se termine le conte des maux de de tête qui sont surtout des maux de cœur… Jacques Salomé 2 Dans son commentaire de l’Hymne à la Charité, selon St Paul (1Co 13), Ste Emilie dit : « La charité est patiente, elle sait que nous avons chacun nos défauts, et que si nous voulons qu’on nous supporte avec patience, nous devons supporter les autres de même, et user mutuellement d’une grande indulgence ». Extrait de l’Esprit de Mère Emilie, tome 1, p. 266 sur la patience. En exhortant vivement les soeurs à. pratiquer cette vertu (la patience), soit envers les autres, soit envers elles-mêmes, la Mère Émilie entrait dans des détails pratiques pleins d'utilité : « De la patience donc, mes chères soeurs, de la patience en toutes choses et envers toutes sortes de personnes; ‘…accommodons-nous toujours pour le mieux, tout doucettement, comme disait saint François de Sales, sans qu'il y ait jamais le moindre manquement de charité, la moindre impatience volontaires’. » « Mais il y a aussi beaucoup d'autres occasions purement intérieures de faire des actes précieux de cette belle vertu de patience, en supportant sans trouble, avec calme, nos imperfections, nos misères spirituelles qui sont bien grandes, nos dégoûts, nos ennuis, nos tentations. Très souvent la peine qu'on éprouve pour supporter ses propres défauts, ou les manquements qui nous échappent, est bien plus grande que ce qui peut nous arriver de fâcheux de la part des autres. Ayons de la patience, beaucoup de patience envers nous-mêmes : de la patience dans nos tentations; de la patience dans nos peines intérieures; de la patience pour attendre Dieu, les moments de la grâce : «Souffrez, dit le Saint-Esprit, les suspensions de Dieu; demeurez uni à Dieu et ne vous lassez point d'attendre, afin qu'au terme votre vie soit plus abondante. » Le Père Marty, à son tour, nous exhorte à ne pas consentir aux tentations propres à nous faire perdre la confiance dans l’infinie miséricorde de Dieu : « Mettez-vous avec une entière confiance entre les mains du souverain arbitre de votre sort, puisqu’il est en même temps votre bon père, votre ami fidèle, votre saint époux. Livrez-vous à ces considérations, plutôt qu’à cette pensée qui s’offre si souvent à votre esprit, de vos infidélités, de votre inconstance, de votre manque de foi et de ferveur, du peu de progrès que vous avez fait... Ces réflexions, sur lesquelles vous pesez trop, qui exaltent votre imagination et vous grossissent vos défauts produisent en vous une tristesse et un découragement qui vous nuit plus que vos défauts même. Croyez-moi donc, vivez en paix sous l’empire de la grâce et de la miséricorde. … Vous ne serez pas sans mérite, en vous supportant avec toutes vos imperfections, et avec une humble patience. Laissez le bon Dieu juge de vos progrès ; regardez en avant, plutôt qu’en arrière, … Ne vous chagrinez pas de faire presque toutes vos méditations sans apparence de succès. Lors même que vous en êtes mécontente, Dieu est assez bon pour s’en contenter » (Lettre 256). ° ° ° 3 ° °