Édito - Les Amis de Vaux le Vicomte
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Édito - Les Amis de Vaux le Vicomte
FOCUS DOSSIER UNE ŒUVRE À LA LOUPE Nicolas Fouquet, mécène et collectionneur « En quels termes me choisirez-vous ? » « La beauté coupant les ailes de l’Amour afin qu’il ne s’envole pas.» p.03 p.04 p.07 LA LETTRE DES AMIS DE VAUX-LE-VICOMTE N°10 N°10 AVRIL 2015 L A L E TT R E D E L’ É C U R E U I L Édito Chers Amis, L’œuvre que nous admirons aujourd’hui, l’harmonie des perspectives qui s’offrent à nos yeux, le génie fraternel de talents réunis ne sauraient être sans l’audace, le goût d’entreprendre, l’intuition artistique d’un homme : Nicolas Fouquet (1615 – 1680). Personnage mystérieux, il a traversé les siècles en posant sur nous son regard, cultivant les énigmes entretenues par de nombreux historiens à son sujet. Associée au pouvoir, à Mazarin, à Louis XIV, sa capacité à négocier, orchestrer et créer forme son empreinte indélébile. Aujourd’hui, 400 ans après sa naissance, nous souhaitons vous inviter à comprendre l’homme en décodant sa personnalité. Collectionneur, grand mécène des Arts et des Lettres, révélateur de talents hors du commun : ces multiples facettes composent son génie dont la plus belle preuve reste la pérennité du Palais des Arts qu’ensemble nous soutenons, préservons et admirons. L’année Fouquet sera celle des Arts, de la connaissance et du partage à Vaux-le-Vicomte. Décoder, étudier, analyser, développer toutes les informations que Nicolas Fouquet a égrenées autour de lui au cours de sa vie : tel est l’objectif que nous poursuivons avec la création d’un comité scientifique, le comité Fouquet et la mise en place de nombreux partenariats. Daniel Dessert, membre du Comité Fouquet, prend la parole et nous livre son point de vue d’historien sur l’homme d’Etat, surintendant des Finances. Ce numéro de la Lettre de l’Ecureuil vient ainsi rendre hommage à celui sans qui nous n’aurions pu tisser les liens de confiance qui unissent les Amis de Vaux-le-Vicomte au fruit de son génie depuis plus de trente ans. En cette année 2015, nous vous proposons des rencontres qui vous sont réservées afin d’être, ensemble, aux premières loges de l’Histoire d’un homme et de son Palais : le Château de Vaux-le-Vicomte. Je ne saurais clore cet édito sans vous annoncer l’arrivée à Vaux-leVicomte de mon frère Ascanio qui s’associe à notre travail afin de poursuivre, en tant que gérant, notre mission : transmettre au plus grand nombre l’expérience vivante du Grand Siècle français, Amicalement, Président 02 TOUS MÉCÈNES… NOS ACTUALITÉS ACTUALITÉS Les Foulées de Vaux-le-Vicomte : Le succès était au rendez-vous pour cette troisième édition ! Dimanche 1er Février, 810 coureurs ont couru le 15kms (temps moyen de 01:31:13) et 383 coureurs ont couru le 6kms (temps moyen de 00:48:14). 3 courses enfants ont vu s’affronter 41 Benjamins sur un parcours de 3kms, 76 Poussins sur 2kms et 90 éveils d’athlétisme sur 1km. Ainsi, 1400 coureurs, petits et grands, ont bravé le froid et les chemins de forêt souvent glissants, dans la bonne humeur.Nous remercions les bénévoles sans qui cette journée n’aurait pu avoir lieu. Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine ! Il vous reste 11 mois pour vous entraîner ! Le bénéfice de l’événement (7 000 €) a été reversé au profit de l’Association. « Quel avenir pour les buis ? »: Journée d’étude - Mercredi 4 mars Témoins de la beauté et de la richesse des jardins historiques durant plusieurs siècles, les buis dépérissent progressivement depuis les années 2005 en raison de maladies fongiques et de la pyrale du buis, essentiellement. Après de nombreux pays dont la Grande Bretagne, les Pays Bas, la Belgique ou les Etats-Unis, c’est maintenant la France qui est touchée, les dégâts causés à l’automne 2013 et au cours de l’été 2014 ont montré l’urgence d’une prise de conscience de la situation. Afin de faire le point sur l’impact de ces ravageurs, sur l’avancée des recherches, sur les réglementations et sur d’éventuelles méthodes de gestion et/ou de remplacement, Vaux-le-Vicomte a organisé mercredi 4 mars dernier une journée d’étude à destination des professionnels. Les meilleurs spécialistes européens ont partagé leurs conclusions sur trois thèmes majeurs : - Comment reconnaître qu’un buis est victime d’une maladie, d’un ravageur ? Lesquels ? - Quels sont les moyens légaux à disposition des jardiniers pour faire face à ces attaques ? Sont-ils efficaces ? - Quelles solutions de remplacement pour l’avenir de nos jardins ? Vous pouvez découvrir les conclusions de la journée sur www.vaux-le-vicomte.com/decouvrir/evenements L'ASSOCIATION EN CHIFFRES 400 C’est le nombre d’années écoulées depuis la naissance de Nicolas Fouquet le 27 janvier 1615. 100 % de dons ajoutés par les Amis à leur cotisation en 2015 : c’est le doux rêve que Nicolas Fouquet aimerait formuler, héritage qu’il laisse en incitant chacun à rester ou devenir mécène, à sa mesure, de la transmission de ce chef d’oeuvre. 8 C’est le nombre de statues, appelées termes, qui seront restaurées en 2015 grâce à vos dons. Découvrez leur histoire dans le dossier de cette édition. TOUS MÉCÈNES… ET ENGAGÉS FOCUS Nicolas Fouquet: audace, goût d’entreprendre, intuition artistique. Le personnage de Nicolas Fouquet: sa vie L’histoire a mis sur le devant de la scène l’intrigue politique qui fit du surintendant des Finances de Louis XIV un homme emprisonné à vie. Daniel Dessert, historien membre du Comité Fouquet, revient sur ce sujet en page 6. La déchéance, nourrie de mystère(s) prend alors le risque de devenir la seule mémoire d’un grand mécène des Arts et des Lettres, collectionneur renommé : prenons ici le temps d’évoquer « Fouquet, le Magnifique », qui, fidèle à l’héritage de personnalités telles Laurent de Médicis, dit le Magnifique, donna aux arts leur lettre de noblesse. portrait de molière portrait d’andré le nôtre par carlo maratta portrait de louis le vau par pierre rabon portrait de madeleine de scudéry par l’ école française buste de la fontaine portrait de charles le brun par nicolas de largilliere Les débuts d’un grand homme : une forte ascension Nicolas Fouquet naît en 1615 d’une famille angevine. Son père, François Fouquet, proche du pouvoir et du Cardinal de Richelieu, est Conseiller d’Etat puis maître des requêtes. Sa mère, Marie de Maupeou est issue d’une famille de parlementaires fortunés. Les Jésuites du Collège de Clermont assurent l’éducation de Nicolas Fouquet. Sa carrière est marquée par une ascension rapide : il devient conseiller au Parlement de Metz puis Intendant du Dauphiné. En 1650, il achète la charge de Procureur général du Parlement de Paris et représente alors le roi auprès de la cour souveraine. Tout au long de ces années qui sont celles de la Fronde*, il apporte son soutien au roi et au Cardinal de Mazarin. En 1653, il est nommé Surintendant des Finances, ce qui fait de lui le trésorier du roi. * période de troubles graves qui frappent le royaume de France pendant la minorité de Louis XIV (1643-1661), alors en pleine guerre avec l’Espagne (1635-1659) et qui marque une brutale réaction face à la montée de l’autorité monarchique en France. Nicolas Fouquet, mécène des arts et des lettres Intelligent, habile et audacieux, Nicolas Fouquet est le contraire de l’homme de guerre. Il représente l’homme galant qui apparaît au XVIIème siècle et remplace peu à peu le chevalier romanesque. Homme politique, juriste et financier, il est aussi amateur d’art. Ses contemporains n’oublient jamais de mentionner son goût pour le Beau et le raffinement. Mécène et collectionneur, qu’il s’agisse des commandes ou des résidences-pensions offertes à certains artistes, Nicolas Fouquet compte au nombre de ses protégés La Fontaine, Molière, Corneille et Perrault, et au rang de ses fidèles amis : Madame de Scudéry, Scarron et la Marquise de Sévigné. Nicolas Fouquet, collectionneur L’étymologie nous rappelle le sens des mots : éducation provient du latin « ex-ducere » qui signifie « conduire en dehors de, faire sortir de soi, développer, épanouir ». Ainsi, la première curiosité de Nicolas Fouquet s’éveille au contact de son père, grand érudit, passionné de littérature, conseiller d’Etat auprès du Cardinal de Richelieu. La collection de livres ensuite rassemblée par Fouquet à Saint Mandé (27 000 volumes) est seulement dépassée par celle de Mazarin qui rassemble 50 000 volumes. L’acquisition des terres de Vaux-leVicomte dès 1641 et de la maison et du parc Saint Mandé en 1654 offre à Nicolas Fouquet les conditions propices à l’épanouissement de son goût pour l’art. L’abbé Louis Fouquet, son frère, devient l’ambassadeur de ses acquisitions à Rome dès juin 1655. Sa collection d’œuvres d’art, davantage renommée par sa qualité que sa quantité, témoigne de son admiration pour les artistes italiens, grands maîtres du classicisme inspiré des modèles de l’art antique : La manne de Poussin, l’Ephèbe orant, David et Bethsabée de Véronèse ou encore l’Hercule Farnèse sont des œuvres emblématiques de l’Histoire de l’art. D’après Antoine Schnapper, historien d’ar t français, dans «Curieux du Grand Siècle» (1994), les tapisseries comptaient parmi les œuvres les plus précieuses de sa collection. En 1658, dans un ancien couvent des Carmes, Fouquet crée la manufacture de la tapisserie des Carmes et en confie la direction à Charles Le Brun qui dessine les cartons des tapisseries. En 1662, Colbert emprunte afin d’acheter l’Hôtel des Gobelins et y regroupe l’ensemble des ateliers parisiens. Ainsi naît la Manufacture Royale des Gobelins dont la direction est également confiée à Charles Le Brun. C’est cette part du mobilier qui aurait suscité le plus clairement la convoitise de Louis XIV et de ses agents. La liste des prélèvements du roi confrontée aux inventaires de Vaux-le- Vicomte montre que l’essentiel des tapisseries de Fouquet passa dans le garde meuble royal, où l’on peut identifier, parmi d’autres, les tapisseries suivantes : « Les Actes des Apôtres » ,« dessin de Raphaël » en six pièces. « Les Mois de l’Année », « dessin de Lucas », en six pièces. « L’histoire de Salomon », « dessin de J.Romain ». Majestueux décor à ciel ouvert, le jardin de Vaux illustre l’alliance subtile entre la pierre, le marbre et le végétal. La sculpture témoigne aussi des collections rassemblées par Nicolas Fouquet. Michel Anguier devient l’un des premiers protégés de Nicolas Fouquet qui fait appel à lui dès 1655 pour travailler à Saint Mandé. A Vaux-leVicomte, plusieurs œuvres témoignent encore aujourd’hui de son talent : Apollon, Rhéa, La Clémence, La Justice, La Fidélité, La Patience… . 400 ans plus tard: le comité Fouquet En cette année anniversaire, à partir de ces premières connaissances encore réduites sur le sujet, nous souhaitons découvrir et confirmer le goût exceptionnel de l’homme qui nous fascine depuis tant d’années. A l’initiative d’Alexandre de Vogüé et de Lynda Frenois, responsable du Château et des collections, de grands spécialistes du XVIIème siècle français se réunissent pour former le comité Fouquet. Ensemble, selon un rythme de rencontres tri-annuelles, ils souhaitent approfondir ce sujet passionnant en donnant une direction et une validation aux choix des sujets de recherche menés avec huit partenaires scientifiques, dont l’Ecole du Louvre, l’Ecole de Condé, Harvard Business School, l’Université de Genève, la Sorbonne, l’Ecole Nationale des Chartes… A l’automne prochain, les étudiants présenteront le fruit de leurs travaux de recherche. Ce comité vivra pendant toute la durée des années Fouquet (2015-2017). Il a vocation à s’étendre à l’international, avec la possibilité d’accueillir des invités d’honneur (chercheurs américains, spécialistes italiens…). Laetitia de Chabot Responsable du mécénat et du développement VOICI LA LISTE DES MEMBRES DU COMITÉ FOUQUET : - Jan Blanc, Historien de l’art, spécialiste des décors. Directeur du Département Histoire de l’art de Genève. - Geneviève Bresc, Historienne de l’art. Conservatrice. Spécialiste de la sculpture. Ancienne Directrice du Département des sculptures du musée du Louvre. - Yves Carlier, Conservateur général du Château de Versailles. Spécialiste du mobilier. - Daniel Dessert, Historien. - Lynda Frenois, responsable du Château et des Collections, Vaux-le-Vicomte. - Bénédicte Gady, Historienne de l’art, spécialiste des décors peints. Chargée de mission au musée du Louvre. - Alexandre Gady, Historien de l’architecture. - Pierre Rosenberg, Membre de l’Académie Française. Historien et conservateur. Ancien Président-Directeur du musée du Louvre. - Frédéric Sichet, Historien des jardins. - Alexandre de Vogüé, directeur de la communication et du mécénat, Vaux-leVicomte. 03 04 TOUS MÉCÈNES… AUTOUR DES TERMES DOSSIER « En quels termes me choisirez-vous ? » C’est en ces mots qu’Hercule, Vulcain, Zéphyr, Apollon, Cérès, Flore, Minerve ou Mercure s’expriment aujourd’hui afin de mobiliser les Amis de Vaux-le-Vicomte en faveur de leur restauration en 2015. © Béatrice Lécuyer-Bibal « Altéré par les outrages du temps, ce décor sculpté en pierre ou en marbre blanc a considérablement souffert du fait des conditions d’exposition en extérieur (humidité, micro-organismes, ...). En 2015, grâce à votre don, vous rendez possible une restauration devenue indispensable pour admirer à nouveau « la splendeur infinie des choses éternelles » (Auguste Rodin). Restaurer ces huit termes datant du XVIIème siècle en 2015, année du 400ème anniversaire de la naissance de Nicolas Fouquet, c’est aussi rendre hommage à celui qui fit de Vaux-le-Vicomte un Palais des Arts, source d’inspiration depuis plus de trois siècles. » L’artiste, Mathieu Lespagnandel (1616 – 1689) Fils de Jean Lespagnandel, maître menuisier parisien, et de Judith Milleville, Mathieu naît à Paris le 16 mai 1616 dans une famille protestante. Âgé de 18 ans seulement, grâce à la formation reçue de son père et à la reconnaissance de ses propres dispositions, on lui confie le décor sculpté de l’Antichambre de la Reine et du Cabinet du Cardinal au Château Richelieu. Il travaille ensuite à Vaux-le-Vicomte, au Louvre, à Versailles. En 1651, il est reçu à l’Académie de Saint-Luc et en 1665, à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. À partir de 1663, il sculpte pour la Reine Mère au Louvre, puis pour le Roi. Sa carrière sur les chantiers royaux et dans les églises parisiennes se poursuit alors brillamment. Parmi ses œuvres majeures comptent les Termes de Vaux-le-Vicomte, Les Anges en bois sonneurs de trompette de l’orgue de l’abbaye de Saint Victor (aujourd’hui à Saint Germain des Prés). TOUS MÉCÈNES… AUTOUR DES TERMES BUDGET Histoire De marbre, de granite ou de porphyre, ces termes – qui ont conservé ce nom en français – sont abondamment attestés dès le 1er siècle, avec des visages d’Hercule, de Dionysos, de satyres ou autres ménades, pour soutenir des portiques ou, plus fréquemment, des vasques et tables de marbre. D’apparence humaine ou semi-humaine, les termes illustrent des statues masculines et féminines qui furent mariées dès l’époque antique à des fûts de colonne. Philibert de l’Orme s’en fait le messager lorsqu’il écrit en 1567 : «Je n’oublieray pas de vous advertir qu’au lieu des colomnes, vous pouvez aussi mettre des figures qui representeront hommes ou femmes, ainsi que iadis feirent les Grecs [...] Il ne fault aussi omettre, que plusieurs au lieu des colomnes ont appliqué des Termes, les autres des Satyres». Ces personnages donnaient au monument une part de séduction tout en montrant la sagesse de leurs commanditaires: ils valorisaient une pensée classique, totalement acquise à la mythologie. Œuvres de Mathieu Lespagnandel, réalisées entre 1659 et 1661, certains termes ne furent pas achevés du fait de l’arrestation de Nicolas Fouquet. Ces bustes ont la particularité d’une double tête afin d’être aperçus tant de l’extérieur que de l’intérieur du domaine. Budget de restauration : 70 000 € Date de restauration: de mai à septembre 2015. La restauration aura lieu sur place grâce au savoir-faire d’un atelier de restauration en cours de sélection. EXPOSITION Révélez nos vrais visages Hercule, Vulcain, Zéphyr, Apollon, Cérès, Flore, Minerve ou Mercure : dès l’entrée du domaine, Nicolas Fouquet célèbre ainsi les forces de la nature. Chacun de ces dieux a son histoire, son attribut et révèle une partie de la personnalité de Nicolas Fouquet. Hercule, force de la nature Figure robuste et imposante, Hercule est représenté à mi-corps, selon les limites liées à la réalisation d’un terme sculpté. L’œuvre traduit avant tout l’image de la force du héros dont plusieurs des célèbres travaux sont souvent rappelés par des attributs significatifs : le serpent, la pomme du jardin des Hespérides, la massue et la dépouille du lion de Némée. La figure d’Hercule renvoie ici à une prestigieuse lignée de décors voués à l’exaltation du pouvoir. Vulcain est le dieu Romain du Feu, de la Forge, des Volcans, des Métaux et le patron des forgerons. Fils de Jupiter et de Junon, il réside sous l’Etna où il forge les traits de foudre pour son père. Il incarne non seulement le feu bienfaisant, source des industries humaines, mais aussi le feu destructeur dont il peut précipiter ou suspendre le cours : sous le surnom de mitis, le doux, ou quietus, le tranquille, il est celui qui peut éteindre les incendies. Zéphyr, le dieu du vent Dans l’Iliade, Zéphyr est un vent violent ou pluvieux. Plus tard on le considéra comme un vent doux et léger, une brise tiède qui amenait la fonte des neiges. On faisait de lui l’amant de Flore, la déesse des fleurs. Zéphyr et Flore sont tous deux très importants dans l’allégorie du printemps car Zéphyr apporte le vent humide et chaud bénéfique à cette saison et Flore fleurit la nature. Apollon, la musique et la protection des Arts En tant que l’une des principales divinités grecques, Apollon était représenté comme un dieu qui parcourait quotidiennement le ciel sur son char: le plus beau des dieux. Fils de Zeus et de Léto, frère d’Artémis, personnalité multiple, Apollon rassemble plusieurs divinités : il apparaît autant comme un dieu maléfique que comme un dieu posé et bienfaisant. Il est régulièrement figuré de façon idyllique, guérissant et purifiant ceux qu’il protège, présidant à la fondation de cités et aimant désespérément. D’abord représenté comme un jeune homme nu aux cheveux longs sous l’Antiquité, idéal du dieu grec, il devient un homme vigoureux à la Renaissance. Dès le XVIème siècle, il apparaît en tant que dieu de la musique, et plus largement comme le protecteur des Arts, conduisant son char. A la fin du XVIIème siècle, Louis XIV choisit Apollon comme allégorie à son pouvoir lié à la grandeur et la maîtrise des Arts et par là-même, des Hommes. Pour Nicolas Fouquet, grand mécène des Arts et des Lettres, Apollon symbolise la protection des Arts et la magnificence. Ses attributs sont : les instruments à cordes, le char, le cygne, l’arc, le serpent, le soleil et le palmier. Cérès, déesse de l’agriculture et du blé Cérès prit forme humaine afin de sauver sa fille Proserpine, enlevée par Pluton. C’est lors de ce passage qu’elle fit don aux humains du blé. Cérès est très sobrement représentée sous l’Antiquité, uniquement vêtue d’une tunique et assise sur un trône à proximité d’épis de blé. Au XVIIème siècle, la déesse est figurée sous les traits d’une femme imposante conduisant un char, telle une scène de triomphe romain. Puis les peintres et sculpteurs privilégient la représentation de la douceur et le symbole de l’été et de la fertilité, en l’accompagnant d’un simple bouquet de blés dans les bras, les pieds nus et vêtue d’un manteau léger. Pour Nicolas Fouquet, Cérès symbolise l’abondance, la fertilité, la prospérité et l’approvisionnement monétaire. Flore, annonciatrice du printemps Déesse romaine des fleurs, des jardins, du printemps et de la fécondité dans la mythologie, on organisait en son honneur de grands jeux floraux afin qu’elle offre au peuple de bonnes récoltes pour l’année. Ces festivités, appelées Floralies (Floralia), duraient cinq jours au cours du printemps.Le personnage de Flore jeune fille devient l’allégorie de Florence, ville de Sandro Botticelli. Pour Nicolas Fouquet, elle symbolise le renouveau, l’élégance. Minerve (en grec Athena), la prudence et la sagesse Fille de Jupiter, Minerve est la déesse de la sagesse, de la guerre, des sciences et des Arts. Fille privilégiée du maître de l’Olympe, ce dernier lui avait accordé plusieurs de ses prérogatives suprêmes. Elle donnait l’esprit de prophétie, prolongeait à son gré les jours des mortels, procurait le bonheur après la mort ; tout ce qu’elle autorisait d’un signe de tête était irrévocable ; tout ce qu’elle promettait arrivait infailliblement. Beaucoup de villes se mirent sous la protection de Minerve, mais la ville par excellence favorisée par la déesse fut Athènes, à laquelle elle avait donné son nom. Pour Nicolas Fouquet, Minerve symbolise la prudence et la sagesse, le combat et la justice. Ses attributs sont ceux de l’Athéna des Grecs : la chouette, le casque, le bouclier orné de la tête de Méduse, la lance d’or, le Serment, la Victoire ailée, l’olivier et l’Égide. « Conversation en silence » : Jörg Bräuer, photographe allemand contemporain, choisit ce thème pour nous livrer sa perception de ces œuvres d’art. L’exposition aura lieu du 5 septembre 2015 au 8 novembre 2015 au Musée des Équipages. « Les statues parfois âgées de 350 ans, habitant les jardins créés par André Le Nôtre à Vaux-le- Vicomte, me captivèrent dès le premier regard, tant par leur mystère que par leur signification. La poésie émanant de la relation entre la lumière, leurs formes sculpturales, la géométrie de l’architecture et des jardins, instaura d’emblée l’envie d’explorer ce thème sous le signe du silence qui semble pourtant insondable.[…] Les stigmates du temps, les altérations subtiles des matériaux me donnent maintes raisons d’explorer le dialogue silencieux qu’elles entretiennent entre elles, dès lors considérées comme des éléments vivants, et laissant libre cours à l’imagination. Lors de ma première rencontre, lorsque j’entrais posément dans ces somptueux jardins, entouré de la magique lumière du crépuscule, je pressentis les fragments d’un dialogue venant de la direction d’Apollon et Rhéa, ou était-ce Nessus parlant à Déjanire...ou simplement le vent ? Que nous transmettent ces statues ? Elles symbolisent les bornes du temps sur la voie de l’éternité. » Jörg Bräuer Mercure, l’art du commerce Dieu du commerce, des voyages et messager des autres dieux dans la mythologie romaine, Mercure est assimilé à l’Hermès grec. Son nom est lié au mot latin merx (marchandise), mercari (commercer), et merces (salaire). Ses attributs traditionnels sont la bourse, le plus souvent tenue à la main, le pétase (chapeau rond à bord large et plat), le caducée (baguette de laurier ou d’olivier), des sandales ainsi qu’un coq et/ou un bouc. Laetitia de Chabot Responsable du mécénat et du développement Minerve, © Jörg Bräuer 05 06 PAROLE À Daniel Dessert, « Pour vous, qui est Nicolas Fouquet ? » Propos recueillis par Laetitia de Chabot PORTRAIT ses interlocuteurs. Son talent inimitable pour l’entreprise individuelle. engagement fort représente une arme à double tranchant : les dettes deviennent alors équivalentes au capital constitué. Qui sont les prêteurs ? Ils acceptent de prêter certaines sommes au roi, en contrepartie du versement d’intérêts qui peuvent, dans certains cas, avoisiner 50%. Ils avancent l’argent au roi sans le posséder la plupart du temps, ce qui les oblige à l’emprunter dans le public. Qui en prêtait dans le public ? Les bailleurs de fonds de la monarchie, c’est à dire tout ce que la société comptait de haut et de puissant dans le gouvernement, dans la sphère militaire ou religieuse. Il s’agit de 500 à 600 personnes, liées au pouvoir. Fouquet, pour rétablir l’équilibre financier, doit demander à ces bailleurs de fonds de restituer une partie des profits réalisés. L’habileté demandée relève d’une véritable prouesse : il est plus facile d’exiger des comptes de personnalités financières plutôt qu’auprès de ces figures emblématiques de la société de l’Ancien régime, véritables créanciers de l’Etat. Surintendant des Finances de Louis XIV, il se voit confier une double mission par Mazarin : en quoi consiste-t’elle ? La fortune personnelle de Fouquet fait couler beaucoup d’encre : quelle est votre vision du sujet ? Dans l’Ancien Régime, un ministre des Alors que Mazarin, Premier Ministre, décline, finances est confronté à un problème majeur il laisse une fortune équivalente à la moitié qui est celui de toute monarchie : à cause du budget annuel du royaume ; fortune issue de finances obérées du fait de guerres très du système financier pervers qui sous tend le Avant d’évoquer l’homme d’affaires et l’homme d’Etat, que représente pour vous le personnage de Nicolas Fouquet ? dépensières (plus d’une année sur deux est système de la monarchie. Colbert a contribué en guerre), il s’agit de trouver des espèces à fomenter ce système et perçoit la menace : il sonnantes et trébuchantes pour alimenter sait que ce ne sont pas les héritiers de Mazarin Daniel Dessert : Fouquet, à l’instar de la plupart des ministres de Louis XIV, est un exemple parfait de ces hommes du sérail qui ont été éduqués depuis leur plus jeune enfance au cœur d’un système qui devait en faire de grands responsables politiques. La famille Fouquet était constituée de six filles et six garçons. Elle appartenait au milieu dévot de la Contre Réforme qui recouvrait « une société très définie au sein de la société de l’Ancien Régime ». Les figures éminentes de ce milieu étaient destinées soit à l’Eglise, soit à une responsabilité politique et administrative. L’aîné, François, suit la voie religieuse en tant qu’évêque, puis archevêque de Narbonne. Dès lors, Nicolas embrasse la carrière politique laissée vacante. A l’exception du cadet, homme de Cour, l’ensemble de sa fratrie se tourne vers l’ordre religieux. En ce qui concerne les filles, cela évitait d’amoindrir le capital familial. Destiné à avoir une responsabilité politique et administrative de haut niveau, il est formé dès son plus jeune âge. les caisses de l’Etat. On a l’habitude de dire qui risquent quelque chose. Sa réponse est « pour faire des guerres, il faut trois choses : claire : s’il y a eu débordement, c’est du fait de l’argent, de l’argent, de l’argent ». Le retour d’un ministre responsable du détournement provisoire à la paix doit permettre de revenir des fonds des caisses de l’Etat, en somme, à une situation où l’Etat essaie de se sortir de de tous les maux de la monarchie. Nous Quel est son principal talent ? embarquer les gens d’affaires lui permet de susciter une adhésion forte et immédiate à ses projets financiers et culturels. Sa forte capacité de travail est au service d’une vision très nette du programme politique, financier et maritime à mener. Il suit les traces de son père François Fouquet, l’un des bras droits de Richelieu pour tous les sujets de politique maritime et commerciale. Professeur d’histoire à l’Ecole Navale pendant trente-trois ans, Daniel Dessert consacre toute sa carrière à l’histoire de l’Ancien Régime, en tant que spécialiste de la société et des finances de la France au XVIIème siècle. Au terme de 14 ans de recherche sur les milieux financiers français au XVIIème siècle, il publie sa thèse en 1984: « Argent, pouvoir et société au Grand Siècle ». (Editions Fayard). Ses enquêtes l’ont inévitablement mené à s’intéresser de près au personnage de Nicolas Fouquet, à sa personnalité, à son entourage, à son action confrontée à celle de Colbert et à son procès. (Fouquet, Daniel Dessert, Fayard, 1987). En tant que membre du Comité Fouquet, Daniel Dessert nous livre aujourd’hui sa vision de l’homme d’affaires et de l’homme d’Etat. Doté d’une intelligence supérieure, il affiche un incontestable pouvoir de séduction sur En tant qu’homme politique et social, il ne crée pas de nouveau système mais sait parfaitement orchestrer des méthodes déjà expérimentées précédemment : le dynamisme colonial (une des dernières acquisitions de Fouquet concerne un domaine aux Antilles), l’exploitation du potentiel maritime de la France à des fins économiques. Ce n’est pas un étatiste car il n’est pas adepte du règlement inflexible : c’est un « libéral », au sens contemporain du terme, qui prône une grande souplesse au service d’une liberté de ce système d’un besoin incoercible d’argent. Ainsi, à partir de 1659, il rétablit les équilibres financiers. Quelles en sont les difficultés majeures ? connaissons la suite de l’histoire. Face à une telle attaque, Fouquet répond : « Puisque vous m’accusez d’avoir détourné l’argent du Roi, faites l’inventaire de ma fortune ainsi que celle de Monsieur Colbert et de feu le Pour financer la machine de guerre, il sollicite Cardinal. » (Fouquet et Colbert étant deux l’intermédiaire de l’impôt direct ou indirect des cinq exécuteurs testamentaires de et multiplie les affaires indirectes, aussi Mazarin). L’inventaire de la fortune privée de appelées affaires extraordinaires, à savoir les Fouquet révèle 15 millions et demi de livres ventes d’offices, les emprunts, les taxes sur un à son actif (valorisation de l’ensemble de ses certain nombre de personnages – receveurs biens comprenant les biens hypothéqués de généraux de finances, parlementaires… Le son épouse) et une somme identique à son surintendant des finances devient chercheur passif (emprunts d’Etat sur ses biens propres d’or : afin de faciliter les négociations avec les – intérêts de ses rentes pour des terres dont prêteurs, il prend en partie son propre crédit il devait régler encore une partie). Ces chiffres comme garant du crédit de l’Etat. Il s’est ne révèlent aucun enrichissement personnel. porté acquéreur de nombreux biens fonciers Quant à l’inventaire des biens de Mazarin, il à titre personnel qui devaient servir d’avance est fait sans jamais opérer aucune addition à des prêts qu’il allait contracter pour l’Etat. Il entre ses différents biens. On sait, qu’à titre rassurait ainsi les prêteurs grâce à son capital: privé, le Cardinal avait une encaisse métallique il s’agissait d’une démarche courante dans de 8 millions de livres, soit une somme les milieux d’affaire de l’Ancien Régime. Cet supérieure à celle détenue par les Caisses de la Banque d’Amsterdam, plus grand instrument de crédit de l’Europe occidentale au XVIIème siècle ; somme accumulée en 8 ans, depuis son retour après sa chute lors de La Fronde. On le découvre au mois de Mai 1661. Dès ce moment là, il est décidé d’arrêter Fouquet, bien avant la fête de Vaux. Quelle a été la faiblesse de Fouquet ? N’a t’il pas estimé à sa juste valeur son environnement et les menaces qu’il contenait ? Fouquet était habité d’une sorte de « vertige de la bâtisse ». Il adorait bâtir, construire et avait pour ambition de devenir Premier ministre. Il n’a peut être pas su apprécier à sa juste valeur la capacité de nuisance qu’aurait Colbert. Il a pourtant été prévenu mais n’y a pas cru. Il a sans doute surestimé sa puissance professionnelle, sa capacité de technicien qui rendent Louis XIV très jaloux de son pouvoir. Il devient ombre pour le soleil. On oublie parfois l’attitude surprenante qu’a Louis XIV à la fin de l’existence de Fouquet (1680) : il décide de mesures d’assouplissement des conditions d’emprisonnement de Fouquet qui détient dès lors le droit de recevoir sa famille, ce qui lui était strictement interdit au préalable. On lui demande même, depuis Pignerol, de rédiger un mémoire sur les affaires de Finance de la France, à la fin de la guerre de Hollande (1678). De tels faits pourraient laisser penser que Louis XIV s’est rendu compte qu’il avait été manipulé par Colbert, et qu’il envisageait de libérer Fouquet. Sait-on quelque chose de la période de détention de Nicolas Fouquet à Pignerol ? Que dire de la fin de sa vie ? Seul le droit de lire des textes religieux lui est accordé. Il exprime son talent de grand versificateur de poésies religieuses en latin. Peu d’informations nous sont parvenues sur cette période : toute correspondance est soumise à une inspection systématique. Sa dimension religieuse, si intrinsèque au personnage, réapparaît alors avec d’autant plus de vigueur : ces heures de silence lui permettent de nouer un dialogue avec luimême et avec son Créateur. Voici un extrait de l’une des dernières lettres qu’il écrit à son épouse le 5 février 1675: « J’ai cru devoir par raison de conscience ou autre m’acquitter les joies du corps et songer à l’âme. Vous me communiqueriez votre vertu et moi je vous fournirai la manière de l’exercer. Il faut que tout prenne fin mais non pas ma reconnaissance et mon amitié pour vous. » TOUS MÉCÈNES… LA BEAUTÉ ET L’AMOUR UNE ŒUVRE À LA LOUPE « La beauté coupant les ailes de l’amour » Portrait allégorique supposé de Madame Fouquet, « La beauté coupant les ailes de l’Amour afin qu’il ne s’envole pas», réplique de l’œuvre originale peinte par l’atelier de Charles Le Brun, fut la première acquisition de l’Association des Amis de Vaux-le-Vicomte, en 1984, un an après sa création. Il est aujourd’hui exposé dans le cabinet de Nicolas Fouquet. En cette année du 400ème anniversaire de Nicolas Fouquet, nous avons souhaité mettre à l’honneur celle qui resta aux côtés de son mari, « pour le meilleur et pour le pire ». Marie-Madeleine Fouquet, née Marie-Madeleine de Castille Nicolas Fouquet eut deux épouses et six enfants. Son premier mariage avec la riche héritière Louise Fourché dure moins de deux ans. Louise donne naissance à une fille, nommée Marie, et meurt six mois plus tard. En 1641, à 26 ans, Nicolas Fouquet se retrouve veuf, à la tête d’une fortune importante. La même année, il achète Vaux-le-Vicomte. Dix ans plus tard, il épouse en secondes noces, Marie-Madeleine de Castille. Elle n’a alors que 15 ans. Ses contemporains la décrivent comme une fière beauté brune aux traits purs et réguliers. Fille d’un parlementaire fortuné, sa dot est inférieure à celle de Louise Fourché mais elle fait bénéficier son mari d’un vaste cercle de relations. Au cours des premières années de son mariage, Marie-Madeleine de Castille tient un salon littéraire dans leur propriété de Saint Mandé où se rencontrent têtes couronnées, aristocrates et artistes. Le salon des Fouquet devient le centre du mouvement littéraire français. Après la fête grandiose du 17 août 1661 qu’elle avait activement préparée et les tristes épisodes qui suivirent, Madame Fouquet est exilée à Limoges. Ses enfants, dont le plus jeune a alors deux mois, lui sont enlevés : la reine mère Anne d’Autriche doit intervenir pour qu’ils ne soient pas jetés à la rue. Ses biens sont saisis ; elle doit emprunter de l’argent pour survivre. Dès son retour d’exil, elle se jette aux pieds du roi en l’implorant. Pendant le procès, Madame Fouquet s’efforce, de concert avec la mère de Fouquet, Marie de Maupeou, d’exciter la pitié des juges et de désarmer la colère du roi. Ces deux femmes se tiennent presque chaque jour à la porte de l’Arsenal, où siège la chambre de justice, et présentent des requêtes en faveur de l’accusé. En 1673, après un second exil, Madame Fouquet peut rentrer à Vaux. Avec son fils aîné, le comte de Vaux, elle reprend le domaine en main, le fait fructifier, règle les dettes de son mari en vendant notamment des œuvres qu’il avait commandées. C’est certainement l’intervention de Madame de Montespan qui rend possible en 1679 la première visite depuis 15 ans de Madame Fouquet à son mari. Elle lui survivra pendant 36 ans, luttant dans un premier temps pour sauver les restes de la fortune familiale. Leurs biens ont été saisis par l’État et le roi ou donnés à des œuvres pieuses. Heureusement, Madame Fouquet est détentrice de sûretés et de privilèges du fait de ses conventions matrimoniales. Le roi finit par les lui laisser. En 1705, le comte de Vaux meurt sans postérité et sa mère décide de vendre le château de Vauxle-Vicomte au maréchal Claude Louis Hector de Villars. Saint-Simon a écrit : « Elle mourut à Paris, en 1716, dans une grande piété, dans une grande retraite et dans un exercice continuel de bonnes œuvres pendant toute sa vie. La mère et la femme de Fouquet contrastent par leurs qualités simples et modestes avec le reste de la famille. » Elle est inhumée dans la chapelle Fouquet du couvent de la VisitationSainte-Marie, à Paris, avec son mari. Sa représentation allégorique par les ateliers de Charles Le Brun Le tableau représente une allégorie de l’amour conjugal. Il a probablement été réalisé en 1651, année du mariage de Nicolas Fouquet avec Marie-Madeleine de Castille : l’hypothèse d’un cadeau de mariage est peu vraisemblable. Marie Madeleine de Castille sert de modèle pour sa réalisation : l’oeuvre originale est conservée à Puerto Rico, au Musée d’art de Ponce qui l’a acquise en 1967. Cet original, dont la dernière présence en France est attestée en 1787, représente étrangement une MarieMadeleine brune, alors que la copie présentée à Vaux-le-Vicomte la figure blonde. Dans Le Songe de Vaux (1659) , La Fontaine évoque « sa tresse brune » . Il existe une gravure fidèle à l’original, réalisée par Antoine Marcenay de Guy (1724-1811) en 1763. PLUSIEURS SYMBOLES SONT REPRÉSENTÉS • une pomme d’or : symbole de Vénus, qui coupe les ailes de l’Amour. Sur le tableau original, on retrouve ces mots sur la pomme : « A la plus belle » • la vertu, avec Vénus recevant la lumière d’Hymen, figurée sous les traits d’un jeune garçon • la chasteté et la pudeur sous la forme d’une guirlande de roses rouges et blanches • la sagesse sous les traits de Minerve. Son bouclier est à ses pieds. Il est orné de la tête de Gorgone, méduse figée dont le regard désespéré fait pendant à celui de l’Amour. Minerve use de rubans afin de lier les mains de l’Amour • la douceur avec l’agneau • carquois et flèches, les attributs du cupidon captif, sont brûlés sur l’autel • la réussite de Nicolas Fouquet est représentée par l’écureuil sur la corne d’abondance. Venez à nouveau contempler cette œuvre dans le cabinet de Nicolas Fouquet. Marie-Jo-Gould Amie de Vaux-le-Vicomte 07 08 TOUS MÉCÈNES… NOTRE AGENDA Agenda JEUDI 30 AVRIL À 11H30 LES TERMES DE LA GRANDE GRILLE de Mathieu 29, 30 ET 31 MAI JEUDI 9 JUILLET 2015 FESTIVAL DE L’HISTOIRE DE L’ART CONCERT LES ARTS FLORISSANTS dirigés par William Christie Lespagnandel contés par Adèle Armand REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier chaleureusement l’ensemble des Amis de Vaux-le-Vicomte qui contribuent à la préservation de ce chef d’œuvre pour les générations présentes et futures. Vous êtes tous mécènes : un immense merci ! ÉVÉNEMENTS RÉCURRENTS 4, 5 ET 6 AVRIL : PÂQUES Des étudiants de l’École du Louvre seront présents à Vaux pour présenter au public leurs sujets de recherche sur Vaux-leVicomte ou le Grand Siècle Français. Le programme de ces journées vous sera communiqué d’ici début mai sur www.vaux-le-vicomte.com RÉSERVÉ AUX AMIS A partir de mai 2015, les huit termes, œuvres du sculpteur émérite Mathieu Lespagnandel, seront restaurés. A cette occasion, Adèle Armand, *étudiante en conservation-restauration des œuvres sculptées à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Tours, vous contera l’histoire de ces œuvres, les allégories qu’elles représentent et leur procédé de restauration. JEUDI 21 MAI À 12H VISITE DU DÉPARTEMENT SCULPTURES DU MUSÉE DU LOUVRE VENDREDI 26 JUIN À 9H30 DANS LES COULISSES DU CABINET DES JEUX Vaux-le-Vicomte, Palais des Arts : la musique reprend ses droits grâce au talent de William Christie et de son ensemble de musique baroque « Les Arts Florissants » qui se produira au cœur des jardins de Vaux-le-Vicomte sur le programme « Airs de Cour – Airs sérieux et à boire » (dans le Grand Salon en cas de mauvaise météo). Le concert sera précédé d’un cocktail dînatoire sur la terrasse Sud du château. Tarif individuel unique : 275€. Programme détaillé et réservation en ligne sur www.vaux-le-vicomte.com Pour les amis bienfaiteurs et grands bienfaiteurs: un placement privilégié sera réservé ainsi qu’une coupe de champagne offerte pendant l’entr’acte. DU 20 AU 25 JUILLET 2015 RÉSERVÉ AUX AMIS ▶ Cabinet des Jeux © Béatrice Lécuyer-Bibal A l’occasion de la restauration du Cabinet des Jeux, nous vous convions à une rencontre avec l’atelier d’ Ariel Bertrand, en charge de la restauration afin de découvrir ensemble les coulisses d’un travail si minutieux. Eve Netchine, directeur adjoint de la Bibliothèque de l’Arsenal- Bibliothèque Nationale de France- nous racontera ensuite les jeux qui animèrent la cour et la société au XVIIème siècle. VAUX-LE-VICOMTE ET L’ÉCOLE DU LOUVRE : COURS D’ÉTÉ A l’occasion du 400ème anniversaire de la naissance de Nicolas Fouquet, dont la réussite fut aussi fulgurante que la chute, l’École du Louvre consacre un cycle de conférences au château de Vaux-le-Vicomte, à ses décors, et à l’homme derrière le chef d’œuvre. Information et contacts sur http:// www.ecoledulouvre.fr/enseignements/ etre-auditeur/cours-ete PENSÉES RÉSERVÉ AUX AMIS Sous la houlette de Geneviève Bresc, ancienne directrice et conservateur en chef du département sculptures du Louvre et membre du Comité Fouquet, venez (re)découvrir au musée du Louvre l’histoire de la sculpture moderne et ses représentants les plus célèbres. Nous avons une pensée particulière pour les amis qui nous ont quittés depuis mars 2014, ainsi que pour leurs proches. Mme Simone MAGNE Mme Jeanine DUBIEZ Mr Claude GREZE Baronne Philippine de ROTHSCHILD La célèbre chasse aux œufs revient! L’occasion pour petits et grands de découvrir le jardin sous un autre angle ! DIMANCHE 21 JUIN : JOURNÉE GRAND SIÈCLE Venez revivre le temps d’une journée la magnificence du Grand Siècle! LES DÎNERS AUX CHANDELLES Vaux-le-Vicomte s’illuminera à nouveau tous les samedis à partir du 2 mai. L’entrée à certains de ces événements nécessite une inscription préalable (au plus tard dix jours avant l’événement) et se fait dans la limite des places disponibles. Un formulaire d’inscription à ces évènements est joint à la Lettre de l’Ecureuil : merci de nous renvoyer le bulletin complété par courrier ou courriel. Votre carte de membre en cours de validité vous sera demandée afin d’accéder à l’événement. INFORMATIONS Château de Vaux-le-Vicomte 77950, Maincy www.vaux-le-vicomte.com/ soutenez-vaux-le-vicomte ▶ Suivez-nous sur Twitter.com/ChateauVLV ▶ Retrouvez-nous sur facebook.com/chateauvlv
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