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2008-1008_Page16 EN COUVERTURE Jusqu’au bout du monde Un homme d’affaires coréen devient un missionnaire au Congo. Sandra Blackmer Le jour se lève dans toute sa fraîcheur et sa beauté sur la République démocratique du Congo. Une brise douce et tiède caresse le visage des plus de 1200 hommes, femmes et enfants se rendant à la petite église en plein air, laquelle ne s’enorgueillit que d’un toit de chaume soutenu par des piliers en bois, et de bancs grossièrement construits. Le chant des oiseaux qui s’interpellent tour à tour remplit les collines, comme si ces petits habitants plumés de cette jungle reculée partageaient la joie de ce sabbat spécial. Un sentiment de tranquillité, enrobé d’une joie grandissante, se répand dans l’atmosphère, élève les esprits et les cœurs des gens vers le trône de Dieu, où les êtres célestes sûrement se réjouissent aussi. À l’église adventiste de Béthel récemment organisée, 30 personnes se font baptiser en ce matin de février, après le service du culte. Il s’agit des premiers membres de la tribu Lugbara de cette région qui s’engagent publiquement pour leur Seigneur et sauveur. Seung Chun Yang, un missionnaire adventiste de soutien au financement indépendant provenant de la Corée, sait qu’ils ne seront pas les derniers. 1 / 10 2008-1008_Page16 «Une poignée de personnes peut accomplir beaucoup si elle est vraiment déterminée à préparer les autres pour le retour de Jésus», dit Seung, diplômé en droit de l’Université nationale de Séoul, et homme d’affaires à la retraite. «Dieu couronnera les efforts de succès.» Un appel pour le Congo UN ÉVÉNEMENT COMMUNAUTAIRE: Plus de 1200 membres de tribus ont assisté au baptême des premiers Lugbaras se joignant à l’Église adventiste. Au moment de la vente de sa compagnie de communication électronique en plein essor et de sa retraite en 1995, Seung n’a nullement l’intention de devenir missionnaire. Il ne pense qu’à se payer du bon tempsavec sa femme, Kyung Won Yoon, en voyageant dans le monde et en s’adonnant au golf. Mais le Seigneur, lui, a un autre plan en tête! Quelques années après sa retraite, Seung se reconvertit et consacre sa vie au Seigneur. Il s’inscrit au programme de maîtrise en théologie de l’Institut international adventiste d’Études supérieures ( AIIAS ) aux Philippines, et prie le Seigneur de le guider là où il désire qu’il le serve. Un jour, son fils lui offre un CD d’hymnes chantés par des missionnaires de la République démocratique du Congo (RDC). Petit à petit, ces hymnes profonds tournent ses pensées et son cœur vers l’Afrique. «Ces hymnes se sont imprégnés dans mon cœur, explique Seung. Certains d’entre eux jouaient constamment dans ma tête, au point de me distraire. Lorsque, finalement, je me suis décidé à m’impliquer dans le ministère en Afrique, la paix a envahi mon âme. J’ai senti l’appel du Seigneur à le servir sur ce continent.» Premières impressions Ainsi, le 12 décembre 2006, Seung arrive en RDC – une région du monde dont il ne sait alors 2 / 10 2008-1008_Page16 pas grand-chose. Son plan se résume à travailler parmi les tribus Pygmées et Lugbaras habitant dans des régions reculées près de Butembo, dans le nord-est du pays. Ce qu’il découvre, toutefois, le surprend. «En venant au Congo pour la première fois, Butembo m’est apparu comme «le bout du monde», raconte-t-il. Butembo est une ville de quelque 600000 réfugiés. Pas d’eau courante ni d’électricité, à l’exception de ce que fournissent les génératrices. On se sert de bois pour faire la cuisine. Le niveau d’éducation est faible, et la technologie moderne, limitée. «Mais en atteignant les territoires des Pygmées, j’ai dû constater que “le bout du monde”se trouvait en fait être au fin fond de la brousse congolaise! En cet endroit reculé, étrange, habitent des milliers de tribus nues, ou Lugbaras […] Avec l’aide de Dieu, nous irons même dans les coins encore plus reculés de cette terre.» Tout d’abord, les gens de la tribu traitent Seung avec méfiance. Pour eux, cet étranger n’est qu’un riche pouvant leur procurer des biens matériels. Il partira bientôt, pensent-ils, à l’instar des missionnaires précédents. «Vous savez, ces gens font semblant d’accepter les leçons spirituelles», dit-il. Mais graduellement, une relation d’acceptation et de confiance se développe, de sorte qu’ils commencent à écouter sincèrement le message de l’Évangile. On forme Maha Bientôt, Seung rencontre Sebastian Tirtirau, directeur d’une organisation de soutien appelée la Société de secours du pèlerin (The Pilgrim Relief Society – PRS) qu’il a fondée en 2001. PRS sert les gens habitant à la RDC ainsi que dans 15 autres régions du monde grâce à des programmes humanitaires et spirituels. Seung et Sebastian ne tardent pas à conclure qu’ils pourraient en faire bien plus en travaillant ensemble. «M. Yang est l’initiateur de la mission du Congo, dit Sebastian. Son cœur, débordant d’amour pour Dieu et pour ses semblables, est plus grand que le Congo. L’œuvre progresse grâce à sa 3 / 10 2008-1008_Page16 passion, à son intégrité, et à sa consécration.» Sebastian Tirtirau a lui aussi à cœur les tribus de la République démocratique du Congo. «Ça fait cinq ans que je prie pour les Pygmées du Congo, dit-il. La guerre civile les plonge dans une situation indescriptible […] Ils ont été tués par des rebelles dans ce qui s’appelle le cannibalisme rituel, et peu de gens semblent s’en soucier. Actuellement, nous leur fournissons des cliniques médicales, des églises, des écoles, des pasteurs, des infirmiers et infirmières, et des missionnaires pour les soutenir. Nous leur procurons de l’équipement et des aliments. Nous envoyons des missionnaires de notre école missionnaire en Roumanie pour prêcher la Parole dans leurs villages où bientôt, nous donnerons des campagnes d’évangélisation.» Seung a appelé le programme missionnaire de la RDC Maha, ce qui, en dialecte local, signifie «espoir» ou «désir». Maha et PRS coopèrent étroitement ensemble. Répondre aux besoins spirituels et pratiques En plus d’annoncer l’amour de Jésus aux gens de ces tribus et de leur donner des études bibliques, Seung, Sebastian et des bénévoles recrutés par le champ adventiste du nord du Kivu, se concentrent sur la satisfaction de leurs besoins pratiques. Les missionnaires leur donnent une formation en agriculture pour qu’ils puissent faire de petits potagers. Ils offrent aussi des séminaires sur un style de vie sain et l’alphabétisation. 4 / 10 2008-1008_Page16 LE FONDATEUR: Seung Chun Yang, fondateur du ministère Maha.«Nous apprenons aux Lugbaras et aux Pygmées à lire et à écrire, explique Seung, de sorte qu’ils pourront aussi lire la Bible.» Maha ouvre également de petites écoles et fournit des instituteurs. Environ 45 enfants y vont maintenant, et un grand nombre de personnes viennent aux cinq dispensaires médicaux que l’organisation missionnaire a mis sur pied et équipés de médicaments de base et de matériel de premiers soins. Plusieurs orphelinats à travers la région ont aussi été établis. «Nous commençons à faire prendre conscience aux gens de l’importance des ministères de la santé et de la nécessité d’éduquer leurs enfants, dit Seung. Les Pygmées et les Lugbaras ignorent tout de la santé. Ils meurent jeunes, surtout les hommes. On y trouve aussi beaucoup d’handicapés. Les nouveaux chrétiens ont ouvert leur cœur et leurs portes à ces gens.» Maha aborde aussi le problème de l’eau dans les villages locaux. Deux ingénieurs spécialisés en hydrotechnique, qu’on a fait venir pour inspecter le camp de l’église de Béthel, ont installé un système manuel de pompe à eau dans un puits à proximité. Seung qualifie le système de « primitif, mais pas cher» – et ça marche. «Pour la première fois de leur vie, les Lugbaras ont une eau pure et fraîche à boire», ajoute Seung. Musasya Makulambizia, président du territoire rattaché du nord-est du Congo, a visité la région pour voir par lui-même comment les ministères de Maha progressent. «Ce qui m’a d’abord impressionné, c’est leur amour pour les nécessiteux dépourvus d’espérance des régions éloignées des villes, dit Musasya. Deuxièmement, c’est la méthode de travail systématique de Maha. Après leur avoir fait découvrir l’amour de Dieu pour eux par sa Parole, Maha veille à leur bien-être en recueillant des vêtements des membres d’église de Butembo. Comme les gens manquent aussi d’eau potable dans cette région, Maha leur fournit de l’eau pure. En outre, il a commencé à établir des dispensaires. Et enfin, il donne une formation agricole leur permettant de subvenir à leurs propres besoins.» 5 / 10 2008-1008_Page16 Musasya poursuit: «Leur vie misérable a considérablement changé. La joie remplit leur cœur. Ils ont soif d’en apprendre davantage sur l’amour de Dieu.» L’église de Béthel L’église de Béthel, récemment organisée et prospère, se trouve à 46 kilomètres au nord-ouest d’Aru, une ville située aux frontières de l’Ouganda, et à environ 650 kilomètres au nord-est de Butembo. Environ 530 Lugbaras suivent actuellement des études bibliques et fréquentent l’église de Béthel chaque sabbat. Pour organiser le premier baptême dans la région, lequel s’est tenu le sabbat 9 février 2008, Seung, deux autres missionnaires et un pasteur adventiste consacré ont mis deux jours entiers à se rendre de Butembo à Béthel par des routes très cahoteuses. Une aventure éreintante, certes, mais qui en a valu la peine, selon Seung. Plus de 1200 personnes ont assisté à l’événement. «Le sabbat matin, le service s’est déroulé dans la merveilleuse église de la nature, dit Seung. Pollution zéro. Le son voyage loin, très loin au-dessus des collines… Ces gens ne sont-ils pas ceux qui sont purs? Ne sommes-nous pas des intrus dans ce jardin d’Éden? Mais ils doivent entendre la bonne nouvelle de Jésus. C’est pourquoi nous sommes ici.» Batembo Lukando, un pasteur adventiste, s’occupe de la congrégation. Sa famille et lui vivent sur la propriété de l’église, ou camp d’église, comme on l’appelle. Environ 6000 Lugbaras habitent dans un rayon de 5 kilomètres de Béthel. Certains marchent de 7 à 10 kilomètres dans ce demi-désert pour se rendre à l’église. Actuellement, on organise d’autres églises dans deux villages à proximité. «Seung Chun Yang donne un gros coup de main dans cette région et fait bouger les choses à une vitesse record», commente Claude Richli, éditeur adjoint d’Adventist World. Claude était 6 / 10 2008-1008_Page16 secrétaire adjoint de la Division du centre-est de l’Afrique lorsque Seung est arrivé en Afrique. Lui-même éprouvait un désir personnel d’évangéliser le secteur de Butembo, mais chaque fois qu’il projetait de s’y rendre, ses démarches avortaient pour des raisons politiques. C’est alors que Seung est entré en scène. Se présentant au bureau de la division, il a expliqué qu’il était un missionnaire se rendant à Butembo. «De prime abord, j’ai été très surpris, dit Claude Richli. Mais tandis que M. Yang me racontait la façon dont le Seigneur l’avait conduit, j’ai senti que Dieu l’avait peut-être choisi pour faire ce qu’il m’avait été impossible d’accomplir jusqu’ici. Je suis donc devenu son mentor.» Pour Claude Richli, ce que Seung a réalisé est tout simplement époustouflant. «En un an et quelques mois, il a fait ce qui prendrait normalement 10 ans, 15 ans à s’accomplir, s’exclame-t-il. L’œuvre là-bas ne sera plus jamais la même.» Un ministère en pleine croissance ON TESTE L’EAU: Seung Chun Yang (à gauche), et Pyung Duk Chun, président à la retraite de la Division Asie-Pacifique Nord, testent le nouveau système d’eau à Béthel. Maha compte deux pasteurs à temps plein, trois missionnaires bénévoles congolais titulaires d’un baccalauréat en affaires, deux missionnaires bénévoles roumains, trois bénévoles – dont l’un possède un diplôme universitaire – qui se chargent du ménage, de la cuisine et des orphelins, et un garde de nuit. L’Université adventiste Bugema de Kampala, en Ouganda, recrute aussi des bénévoles et les envoie pour prêter main-forte aux équipes sur le terrain. Maha reçoit des dons privés et des fonds de l’Union de fédérations coréennes. Une organisation appelée Mission bicyclette pour le monde (BMW), un groupe missionnaire Corée-Amérique installé au Michigan (États-Unis), a fourni les fonds pour installer le système d’eau à Béthel. BMW dispose aussi de fonds pour d’autres projets de Maha, tels que 60 7 / 10 2008-1008_Page16 bicyclettes et cinq motocyclettes pour le transport des dirigeants laïques et des pasteurs du camp. Pour sa part, Seung a puisé largement dans ses propres deniers. Mais même si l’argent se fait rare, le Seigneur bénit les efforts. Tout en payant les maigres salaires des pasteurs à temps plein, de certains pasteurs à la retraite qui apportent aussi leur aide, ainsi que d’un dirigeant laïque, Maha finance, entre autres projets, des orphelinats, des dispensaires médicaux, un ministère en faveur des prisonniers, et un projet de toit d’église. Jusqu’ici, Maha a financé la construction de trois toits; l’Union de fédérations coréennes en a financé10. Maha a aussi couvert les frais d’éducation de 184 élèves pour un an. Depuis lors, un pasteur coréen aux Philippines a mis sur pied un fond de bourses d’études qui a accordé jusqu’ici des bourses d’études à 607 étudiants de la RDC. Les églises adventistes de Butembo se sont aussi impliquées. Bien que la plupart de leurs membres soient pauvres en biens matériels, elles ont recueilli et donné une grande quantité de vêtements pour les Lugbaras après avoir entendu parler du ministère de Maha. Pyung Duk Chun, directeur international de la publication d’Adventist World et président à la retraite de la Division Asie-Pacifique Nord, a récemment donné deux cours aux étudiants en théologie à l’Université adventiste de Lukanga de la RDC. Pendant son séjour, il a visité deux camps pygmées ainsi que l’église de Béthel. «Nous avons mis plus de cinq heures de voiture pour nous y rendre, observe le pasteur Chun. Cette visite a été rendue possible grâce aux compétences de chauffeur de M. Yang et à […] une Land Rover que, malgré tout, nous avons dû pousser plusieurs fois à cause des ornières boueuses. «Le niveau de pauvreté de ces gens dépasse tout ce que j’ai pu imaginer, poursuit-il. Et pourtant, ils semblent heureux! Comment ce pays a-t-il pu subir 10 ans de guerre civile? Les gens du Congo sont tellement gentils, tellement pacifiques […] Il n’y a pour ainsi dire pas de crime ou de violence. Pas de voleurs. Pas de conflits ni de querelles […] Je doute encore du rôle de la prétendue civilisation en termes de bonheur des gens. «Les Pygmées et les Lugbaras doivent être les gens les moins privilégiés du monde. Mais heureusement, M. Yang, ainsi que les pasteurs locaux et les laïques qu’il a formés, se 8 / 10 2008-1008_Page16 consacrent à améliorer leur qualité de vie, et, bien entendu, à leur enseigner à étudier la Bible et à adorer Dieu.» Un amour profond pour les gens Seung Chun Yang a littéralement consacré sa vie et son cœur aux habitants de la région de Butembo. « Les gens sont très gentils ici, confie-t-il. Le sens de l’ordre, de l’éthique, et de la moralité des Lugbaras habitant dans la région de l’église de Béthel est très élevé. Leur concept de l’ordre social est bien avancé.» Il conclut: «Tous ces gens méritent d’entendre la bonne nouvelle. Ils sont très, très enthousiastes, très réceptifs. Nous devons faire tout notre possible pour les aider à connaître Jésus.» Pour en découvrir davantage sur Maha et sa mission, vous pouvez contacter Seung Chun Yang à [email protected] . Sandra Blackmer est rédactrice adjointe pour Adventist World. IMPRIMEZ CETTE PAGE ENVOYEZ PAGE ENVOYEZ LA NOUS UN COMMENTAIRE Accueil | Archives A propos de Adventist World | 9 / 10 2008-1008_Page16 Pour nous contacter AR en ligne Index du site . Mis à jour par AIIAS © 2009. function Go(){return} Menu1=new Array("rollover?"+BaseHref+"images/template/menu2-accueil.gif?"+BaseHref+"images/template /menu2-accueilR.gif","index.php","",0,21,125,"","","","","","",-1,-1,-1,"",""); Menu2=new Array("rollover?"+BaseHref+"images/template/menu2-propos.gif?"+BaseHref+"images/template /menu2-proposR.gif","index.php?option=com_content&view=article&id=9","",3,21,125,"","","",""," ","",-1,-1,-1,"",""); Menu2_1=new Array("Nos racines, notre mission","index.php?option=com_content&view=article&id=10","",0,16,170,"#FFFFFF","#FFFFF F","#85785c","#41311a","#917e55","",8,1,-1,"",""); Menu2_2=new Array("L'équipe d'Adventist World","index.php?option=com_content&view=article&id=11","",0,16,170,"#FFFFFF","#FFFFFF ","#85785c","#41311a","#917e55","",8,1,-1,"",""); Menu2_3=new Array("Directives s’appliquant à la rédaction d’articles pour Adventist World","index.php?option=com_content&view=article&id=13","",0,45,170,"#FFFFFF","#FFFFFF ","#85785c","#41311a","#917e55","",8,1,-1,"",""); Menu3=new Array("rollover?"+BaseHref+"images/template/menu2-archives.gif?"+BaseHref+"images/templat e/menu2-archivesR.gif","index.php?option=com_content&view=article&id=14","",0,21,125,"","","" ,"","","",-1,-1,-1,"",""); Menu4=new Array("rollover?"+BaseHref+"images/template/menu2-contacter.gif?"+BaseHref+"images/templ ate/menu2-contacterR.gif","index.php?option=com_content&view=article&id=12","",0,21,125,""," ","","","","",-1,-1,-1,"",""); Menu5=new Array("rollover?"+BaseHref+"images/template/menu2-ar.gif?"+BaseHref+"images/template/men u2-arR.gif","http://www.adventistreview.org","",0,21,125,"","","","","","",-1,-1,-1,"",""); 10 / 10