Dépression et syndrome frontal : quels risques pour la personne
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Dépression et syndrome frontal : quels risques pour la personne
L’Encéphale (2009) 35, 361—369 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep PSYCHOGÉRIATRIE Dépression et syndrome frontal : quels risques pour la personne âgée ? Depression and frontal dysfunction: Risks for the elderly? P. Thomas ∗, C. Hazif Thomas, R. Billon, R. Peix, P. Faugeron, J.-P. Clément Service universitaire de psychogériatrie, centre mémoire de ressources et de recherches, centre hospitalier Esquirol, 87025 Limoges, France Reçu le 8 octobre 2007 ; accepté le 7 mars 2008 Disponible sur Internet le 1 octobre 2008 MOTS CLÉS Démence ; Dépression ; Syndrome dysexécutif ; Dysfonctionnement frontal ; Trouble cognitif léger ∗ Résumé Introduction. — On parle de fonctions exécutives chaque fois qu’un comportement en cours doit être interrompu et réorienté. Elles font directement référence à la compétence du cortex préfrontal. Il s’associe souvent à des troubles cognitifs et à des traits dépressifs, notamment dans certaines formes de dépression chez la personne âgée. Cette étude vise à mettre en évidence l’influence des facteurs thymiques, cognitifs et des atteintes frontales sur le risque de chute, la dénutrition et la dépendance de malades âgés, hospitalisés dans un service de court séjour psychiatrique. Méthodes. — Trois cent vingt et une personnes âgées, vivant jusque là à domicile, ont été inclues. Elles ont été évaluées au plan cognitif, thymique et frontal cliniquement et par des échelles adaptées. Ces résultats ont été croisés avec le risque de chute, de dénutrition protéinoénergétique et de perte d’autonomie. Résultats. — Cent trente-six hommes et 185 femmes ont été recrutés. La majorité présentait une démence d’Alzheimer (n = 123), 65 d’entre eux avaient, de plus, une dépression. Trente malades présentaient une maladie à corps de Lewy, 25 une démence vasculaire, 22 une démence frontotemporale, 27 une psychose, 40 un trouble cognitif léger. Les scores obtenus aux différents instruments diffèrent significativement entre les sujets témoins (n = 33) et les différentes catégories de patients. De plus, les scores aux différents tests diffèrent significativement selon que les sujets présentent un syndrome dépressif dysexécutif ou non, en particulier sont très altérés lorsqu’un sujet présente un syndrome dépressif avec syndrome dysexécutif. La dépression associée à un syndrome dysexécutif aggrave la perte d’autonomie, la dénutrition, le risque de chute. Chez le malade dément, la dépression précipite le syndrome dysexécutif et favorise les troubles du comportement, aggravent les capacités instrumentales, le risque de chute et la dénutrition. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Thomas). 0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008. doi:10.1016/j.encep.2008.03.012 362 P. Thomas et al. Conclusion. — La dépression favorise les troubles exécutifs et les désordres frontaux des personnes âgées. L’association d’une dépression et d’un syndrome dysexécutif facilite la perte d’autonomie, la dénutrition et favorise le risque de chutes, en particulier lorsqu’il y a des troubles cognitifs. Un traitement de la dépression associée au syndrome dysexécutif est indispensable pour améliorer l’autonomie du malade et réduire les risques de chutes ou de malnutrition. © L’Encéphale, Paris, 2008. KEYWORDS Dementia; Depression; Executive dysfunction syndrome; Frontal impairment; Mild cognitive impairment Summary Background. — Frontal lobe syndromes include reduced activity, particularly a diminution of spontaneous activity, lack of drive, inability to plan ahead, and induce a lack of concern. These last points constitute the executive dysfunction syndrome. That executive dysfunction could be the core defect in patients with geriatric or vascular depression, and might be related to frontal-subcortical circuit dysfunction. Sometimes frontal lobe syndromes are associated with restless, aimless, uncoordinated behavior or even disinhibition, increasing the risks of falls and of malnutrition. Some authors have distinguished between lesions of the lateral frontal cortex, most closely linked to the motor structures of the brain, which lead to disturbances of movement and action with perseveration and inertia, and lesions of the orbital and medial areas, interlinked with limbic and reticular systems, damage to which leads to disinhibition and changes of affect. The medial frontal syndrome is marked by akinesia, associated with gait disturbances, and loss of autonomy. For these reasons, it has been proposed that a subtype of depression, ‘‘depression-executive dysfunction syndrome’’ could occur in late life. This assertion was based on clinical, neuropathological, and neuroimaging findings suggesting that frontostriatal dysfunctions contribute to the development of both depression and executive dysfunction and influence the course of depression. Depressive symptomatology, and especially psychomotor retardation and loss of interest in activities, contributed to disability in depression-executive dysfunction syndrome patients. This study is not restricted to major depression. It examined the relationship of executive impairment to the course of depressive symptoms among a psychogeriatric population with dementia or depression in order to assess the consequences of these pathologies on disabilities of aged persons. Methods. — The study was carried out in Limoges (France) during 2006 and 2007. Three hundred and twenty one psychogeriatric outpatients were included after their written agreement. They were assessed using different scales for autonomy, cognition, depression, frontal impairment and these results were compared with the risk of fall, a possible loss of autonomy and a proteino-energical malnutrition. The statistical study was made using the Systat 11 software. The following tests were used: Student Test, Chi2 test, and the Manova test, which was adjusted to the duration of the disease, the caregiver’s age, his/her education level, and level of cognitive impairment. The regression method used was the multiple linear regression method as well as a descending step-by-step analysis. Results. — One hundred and thirty six males (77.3 ± 7.09 years old) and 185 females (80.4 ± 6.5 years old) were recruited. Patients mainly presented with Alzheimer’s disease (n = 123) and 65 presented an associated depression, 25 presented vascular dementia, 30 a Lewy bodies dementia, 27 a fronto-temporal dementia. Twenty-seven presented psychosis and 40 a Mild Cognitive Impairment. A control group was composed of 33 persons presumed without psychogeriatric pathologies. Depression associated with an executive dysfunction syndrome increased loss of autonomy, the risk of fall and of malnutrition, especially in the case of cognitive impairment. The multivariate regression analysis step-by-step shows an increasing risk of fall in the presence of a depression-executive dysfunction syndrome. Motivation is altered when the patient is depressed. In demented patients, depression significantly increases behavioral disorders, social and familial relationships, and instrumental acts of daily life. It precipitates the risks of falls and of malnutrition. Discussion. — The principal finding of this study is that geriatric depression is characterized by impaired executive functioning. In the present study, depressed patients also had a greater tendency to fall and to suffer from malnutrition. Executive processes are fundamental to the daily functioning of depressed older adults, and dysfunction may lead to a lack of compensatory strategies that would improve the outcomes of late-life depression or of increasing dependency as well. In demented patients, depression triggers loss of motivation and executive dysfunction as well. Dépression et syndrome frontal : quels risques pour la personne âgée ? 363 Conclusions. — Depression and executive dysfunction triggers the loss of autonomy, the risk of fall and of malnutrition in elderly patients. The clinical significance of this study is that the delineation of specific executive in depressed elderly patients may facilitate the development of effective treatment interventions, including treatment for geriatric depression. © L’Encéphale, Paris, 2008. Introduction Matériel et méthodes L’hypofrontalité fait partie des stigmates du vieillissement cérébral normal, ce qui, pour certains, prédisposerait à un risque dépressif [46]. En effet, lorsqu’elle est importante, elle a une traduction clinique et fonctionnelle. Les syndromes frontaux associent une diminution de l’activité spontanée, une perte d’initiative [6], une démotivation [26], une inaptitude à élaborer des plans ou à réaménager ou réorienter son activité personnelle [20,36]. Ils s’accompagnent volontiers d’une apathie, ou du moins d’un moindre intérêt pour l’environnement, source de désengagement social [28]. Restriction cognitive et repli sur soi, démotivation et désapprentissage progressif se combinent avec les troubles organiques cérébraux pour expliquer la majoration de la dépendance ainsi que la dénutrition [31,32]. Les fonctions exécutives sont dévolues au lobe frontal dont l’importance n’est plus à démontrer en termes d’anticipation [29]. Elles se définissent par la capacité d’un individu d’interrompre et de réorienter un comportement en cours. Le syndrome dysexécutif peut s’associer à la dépression tardive et à la dépression vasculaire [9,27,34,39,40]. Il semble être lié à des atteintes des circuits frontaux sous-corticaux, notamment du circuit limbico-cortico-striato-pallido-thalamique [21]. La sédentarité, les difficultés à réaliser des tâches multiples et l’agitation, parfois associées, facilitent les chutes et précipitent l’incapacité de gérer le quotidien [4,33]. Pour de nombreux auteurs, il existe plusieurs syndromes frontaux selon la topographie lésionnelle [1,14]. Le syndrome latéral est plus directement lié aux structures motrices du cerveau. Il s’accompagne de problèmes de coordination et d’altération des mouvements, de difficultés à initialiser l’action, avec des persévérations, voire des stéréotypies gestuelles, et une certaine inertie idéatoire. Les lésions des aires orbitales et médianes sont davantage liées au système réticulaire et limbique, leur altération conduisant à une désinhibition et à des changements thymiques. Ce syndrome frontal est encore marqué par une akinésie, qui s’associe volontiers à des troubles de la marche et à une perte d’autonomie. Ces symptômes ont été isolés sur la base d’éléments cliniques, neuropathologiques, de neuro-imagerie et ont confirmé que les dysfonctionnements frontaux contribuent aussi bien à la dépression qu’au syndrome dysexécutif et qu’ils participent à l’aggravation du syndrome dépressif [3,26,27]. Le développement de la leucoaraïose, en particulier frontale, est associé au syndrome dysexécutif [45]. Cette étude aborde les relations entre symptomatologie dépressive, syndrome dysexécutif et risque de chute, de dénutrition et de dépendance chez des sujets âgés hospitalisés dans un service de court séjour psychiatrique. L’étude a été menée à partir des données des dossiers médicaux de malades hospitalisés en court séjour psychogériatrique durant les années 2006 et 2007, dans le centre de psychogériatrie de Limoges. Elle a porté sur des malades souffrant d’une démence ou non. Le protocole a été soumis au Comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale du CHU de Limoges le 8 juillet 2003 et révisé par le Comité de protection des personnes de Limoges le 28 juin 2007. Un accord écrit a été sollicité avant l’inclusion des malades et de leur aidant familial. L’ensemble des saisies, y compris de nature informatique, était anonyme. Le but de l’étude était de mieux cerner le profil des malades et les risques de syndrome frontaux associés à la dépression chez la personne âgée. Les critères d’inclusion des malades dépressifs et/ou déments sont ceux de la quatrième édition du DSM IV, ou des maladies associées [5,38]. Les malades étaient classés selon les catégories suivantes : démence sénile de type Alzheimer sans dépression (DSTA), démence à corps de Lewy, démence vasculaire ou mixte, DSTA avec dépression, démence frontotemporale, dépression, psychose chronique, déficit cognitif léger (mild cognitive impairment [MCI]) [42]. Le groupe témoin concernait des accompagnants de malades hospitalisés qui acceptaient de rejoindre l’étude. Ont été exclus de l’étude, les malades présentant une pathologie somatique aiguë, une maladie de Parkinson, les patients ayant des séquelles d’hémiplégie ou incapables de donner leur accord pour l’exploitation scientifique du dossier médical. Le niveau culturel des personnes participant à l’étude a Tableau 1 Caractéristiques de la population (n = 321). Âge H/F Niveau scolaire : 1/2/3/4/5/6/7 MMSE GIR Cornell BREF Non dép/Dép/SDD EAD Albumine MNA Groupe chute 1/2/3/4 79,1 ± 6,9 [61—98] 136/185 1/69/187/46/4/6/8 19,0 ± 7,7 [0—30] 3,6 ± 1,3 [2—6] 9,3 ± 4,6 [2—22] 8,7 ± 4,3 [0—18] 158 (dont 33 témoins)/31/132 40,0 ± 13,1 [14—60] 34,3 ± 4,5 [25—43] 18,6 ± 3,9 [12—29] 64/166/76/15 Non dép : non dépressif ; Dép : dépression sans syndrome exécutif ; SDD : dépression et syndrome exécutif. 364 Tableau 2 P. Thomas et al. Présentation des caractéristiques des sous-populations étudiées. Âge H/Fa MMSE GIR Cornell BREF EAD Albumine MNA Groupe Chute 1/2/3/4a Témoins (n = 33) Dépressifs (n = 21) MCI (n = 40) Psychotiques (n = 27) 80,1 ± 4,9 [65—92] 14/19 29,0 ± 1,3 [26—30] 5,8 ± 0,5 [4—6] 3,1 ± 1,2 [2—7,5] 15,9 ± 1,8 [12—18] 18,2 ± 3,2 [14—28] 41,3 ± 1,3 [38,5—43,5] 25,3 ± 2,3 [19,5—29] 32/1/0/0 78,5 ± 5,9 [66—92] 10/11 27,2 ± 1,4 [25—30] 4,7 ± 0,6 [4—6] 14,1 ± 3,6 [10—22] 12,8 ± 2,7 [8—18] 29,5 ± 7,8 [15—48] 36,4 ± 3,6 [30—41] 20,2 ± 4,9 [12—28] 0/18/3/0 78,9 ± 6,7 [66—92] 11/29 24,6 ± 1,4 [22—27] 4,4 ± 0,5 [4—5] 7,4 ± 3,9 [2—18] 10,9 ± 3,2 [5—18] 35,2 ± 9,2 [20—55] 35,3 ± 3,4 [27—43] 18,3 ± 3,3 [13—29] 0/5/32/3 78,1 ± 7,7 [61—90] 5/22 24,8 ± 1,9 [23—28] 4,2 ± 0,6 [3—5] 8,7 ± 4,2 [2,5—19] 9,9 ± 3,1 [5—17] 35,8 ± 9,8 [22—58] 34,9 ± 5,0 [28—42] 20,6 ± 3,8 [14—25] 6/17/4/0 Données en italique : p < 0,05 par rapport aux témoins (test de Student pour les valeurs quantitatives, Chi2 pour les valeurs nominativesa ). Non dép : Non dépressif, Dép : dépression sans syndrome exécutif, SDD : dépression et syndrome exécutif été évalué selon sept modalités : 1 : illettré ; 2 : sait lire et écrire ; 3 : niveau certificat d’étude ; 4 : niveau brevet des collèges ; 5 : niveau secondaire ; 6 : niveau baccalauréat ; 7 : études supérieures. L’ensemble du protocole réalisé par un médecin comportait, pour les malades, un examen clinique, un relevé de ses antécédents et des pathologies en cours, les thérapeutiques reçues et pour les malades comme pour les sujets témoins, un bilan cognitif évaluant les fonctions cognitives, frontales, motivationnelles et la sévérité de la dépression. Le mini mental test de Folstein (MMSE) a été utilisé pour l’évaluation cognitive [19]. Les autres instruments neuropsychométriques employés ont été l’échelle de Cornell pour l’évaluation de la dépression dans la démence [2] —– le seuil choisi pour la dépression était supérieur à 8 —– ; la batterie rapide d’évaluation frontale (BREF) qui comptabilise 18 points [16]. Le seuil de 12 a été retenu pour le repérage des difficultés exécutives avérées dans les pathologies frontales, ce seuil permettant ici de définir des effectifs de populations statistiquement représentatifs. Les sujets avec un syndrome dépressif dysexécutif (SDD) étaient ici définis par un score supérieur à 8 à l’échelle de Cornell et un score inférieur à 12 à la BREF, étant donc à la fois franchement dépressifs et ayant des difficultés exécutives. L’échelle d’appréciation de la démotivation (EAD) a encore été utilisée dans cette étude. Il s’agit d’une échelle d’hétéroévaluation en 15 items mesurant une grandeur indépendante de la cognition et de la thymie lorsque cellesci sont mesurées par le MMSE et l’échelle de Cornell [12]. Le seuil de démotivation commence à 35. L’échelle nurse’s observation scale for geriatric patients (NOSGER) [49] est un outil d’évaluation développé en Suisse et traduit dans plusieurs langues [44]. Il s’agit d’une grille d’évaluation indirecte remplie par l’interrogatoire de la personne prenant en charge le malade. Six rubriques sont parcourues par cinq questions et permettent de coter six dimensions à partir de l’observation quotidienne du malade : comportement social et relationnel, mémoire, activités de la vie quotidienne (AVQ), activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ), humeur, troubles du comportement. Chaque question est cotée de 1 à 5 selon la fréquence d’observation du trouble relevé par l’aidant. La valeur 5 correspond à la valeur normale d’une rubrique. Figure 1 NOSGER et profil des populations démentes. Le test ANOVA (incluant âge, MMS, niveau culturel comme covariables) est significatif pour la mémoire : F = 4,412 p = 0,038 ; les activités instrumentales : F = 28,51 p < 0,001 ; l’humeur : F = 68,60 p < 0,001 ; les troubles du comportement : F = 72,73 p < 0,001 ; le comportement social : F = 19,35 p < 0,001. Données en italique : p < 0,05 par rapport aux témoins (test de Student pour les valeurs quantitatives, Chi2 pour les valeurs nominativesa ). Non dép : Non dépressif, Dép : dépression sans syndrome exécutif, SDD : dépression et syndrome exécutif 68,4 ± 3,5 [61—74] 21/1 21,1 ± 4,2 [13—27] 3,1 ± 1,1 [2—6] 12,8 ± 4,0 [4—20] 5,9 ± 2,4 [3—11] 51,1 ± 8,1 [26—59] 31,0 ± 2,9 [26—37] 16,2 ± 2,5 [12—22] 1/3/18/0 73,1 ± 3,2 [68—81] 13/12 12,7 ± 5,4 [4—20] 2,4 ± 0,8 [2—4] 10,2 ± 3,6 [6—16] 7,3 ± 2,7 [3—15] 47,2 ± 6,3 [31—56] 32,2 ± 3,5 [26—38] 16,5 ± 2,1 [12—20] 3/10/11/1 82,4 ± 5,6 [70—98] 23/42 12,3 ± 6,1 [0—22] 2,8 ± 0,9 [2—5] 14,1 ± 3,6 [10—22] 5,7 ± 3,0 [8,5—22] 50,8 ± 8,2 [27—60] 30,7 ± 3,5 [25—37] 15,9 ± 2,2 [12—21] 3/19/33/10 Âgea H/F MMSE GIR Cornell BREF EAD Albumine MNA Groupe Chute 1/2/3/4a 80,8 ± 5,7 [68—95] 21/37 14,6 ± 6,0 [0—25] 2,9 ± 1,1 [2—6] 6,5 ± 1,8 [2—8] 7,5 ± 3,7 [3—17] 37,9 ± 9,8 [17—58] 34,3 ± 3,0 [29—41] 19,0 ± 2,4 [15—25] 7/48/0/3 81,9 ± 7,6 [69—95] 18/12 16,2 ± 5,4 [0—25] 3,1 ± 1,1 [2—5] 9,1 ± 2,2 [7—16] 6,2 ± 2,2 [3—12] 48,4 ± 8,0 [25—60] 33,4 ± 2,8 [28—38] 16,9 ± 1,9 [15—23] 7/18/4/1 Démence vasculaire (n = 25) Lewy (n = 30) DSTA et dépression (n = 65) DSTA sans dépression (n = 58) Trois cent vingt et un malades ou témoins ont été inclus dans cette étude. Le Tableau 1 présente les caractéristiques de la population. Cent trente-six hommes (âge moyen : 77,3 ± 7,09 ans) et 185 femmes (âge moyen : 80,4 ± 6,5 ans) ont ainsi été inclus (p = 0,01). Les Tableaux 2 et 3 présentent les caractéristiques des catégories de malades. Trente-trois personnes sans pathologie psychiatrique ont accepté de rejoindre l’étude et constituent la population témoin de référence. La majorité des malades (n = 123) présentait une démence sénile de type Alzheimer (DSTA), 58 sans dépression et 65 avec dépression, 25 une démence vasculaire ou mixte, 30 une démence à corps de Lewy et 22 une démence frontotemporale. Vingt et un malades présentaient un tableau de dépression majeure Présentation des caractéristiques des populations. Résultats Tableau 3 Dépression et syndrome dysexécutif ont des conséquences sur les capacités de la personne âgée à gérer son quotidien. Celles de l’association dépression et syndrome dysexécutif ont été recherchées sur l’autonomie, la nutrition et le risque de chute du malade. L’autonomie a été évaluée par le groupe Iso-Ressource (GIR) des malades pour l’évaluation de l’autonomie [48]. La classification GIR regroupe les malades en catégories de ressources à mettre en place pour lutter contre la perte d’autonomie. Le groupe 6 correspond à un malade autonome, le groupe 1 à un malade totalement dépendant. Le bilan clinique nutritionnel comportait une mesure de l’albuminémie à l’entrée du malade et une évaluation de l’état nutritionnel par le mini nutritional assessment (MNA) [23]. Le score de MNA s’exprime sur 30. Plus la dénutrition est marquée, moins sa valeur est élevée. Le seuil de dénutrition est fixé à 17. Le diagnostic de dénutrition impliquait une prise en charge spécifique. Le risque de chute a été évalué par le test de Mathias [37]. Selon les résultats au test «get up and go», les malades étaient classés en quatre groupes : 1 : pas de risque de chute a priori ; 2 : risque modéré ; 3 : risque important ; 4 : perte de la marche. La classification en 2 et 3 impliquait la mise en œuvre d’une rééducation de la marche. L’étude statistique a été réalisée grâce au logiciel Systat 11. Les tests suivants ont été utilisés : test de Student, test de Chi2 , test MANOVA, incluant comme variable dépendante le niveau culturel, l’âge du malade, le niveau du MMSE, le score global au GIR. La méthode de régression utilisée pour évaluer les risques particuliers auxquels sont exposés les malades présentant un SDD était la méthode de régression linéaire multiple ainsi qu’une analyse pas à pas descendante [7,47]. Dans le modèle de régression initial, la variable dépendante était successivement, le risque de chute (score > 3), le risque de dénutrition (MNA < 17 ou/et Albuminémie < 35 g/l), le risque de dépendance (GIR < 4). Les variables indépendantes choisies étaient en relation avec le profil du malade : l’âge du malade, le niveau culturel, le score global au GIR, le MMSE, le score à l’échelle de Cornell, à la BREF, à l’échelle EAD, l’existence ou non d’un SDD. Le risque relatif (RR) est le rapport des taux de la maladie chez les individus exposés et non exposés au risque étudié. Le degré de significativité était de 0,05 pour l’ensemble des tests. 365 DFT (n = 22) Dépression et syndrome frontal : quels risques pour la personne âgée ? 366 P. Thomas et al. sans troubles cognitifs. Vingt-sept malades avaient une psychose chronique et 40 un trouble cognitif léger (MCI). Cent quarante-sept malades présentant une DSTA ou une maladie à corps de Lewy recevaient un traitement anticholinestérasique ou antiglutamatergique au moment de l’inclusion. Cent soixante-trois malades avaient un score à l’échelle de Cornell au-delà de 8. Cent seize recevaient un traitement antidépresseur depuis plusieurs semaines à l’inclusion. Les cases grisées sur les Tableaux 2 et 3 expriment une différence significative au test de Student pour les variables quantitatives, au Chi2 pour les variables nominatives par rapport à la population témoin. Les différences rendent compte des conséquences des diverses pathologies, mais on observe que les altérations à la BREF, la démotivation et que la dépendance, la malnutrition et les risques de chute sont plus importants chez eux. Lorsque l’on compare la population démente avec ou sans dépression (Tableau 3, deux premières colonnes), celle-ci va subir un certain nombre de conséquences, que n’explique pas le niveau d’atteinte cognitive, l’âge du malade, le niveau de scolarisation ou le niveau de la dépendance. La population atteinte d’une DSTA avec dépression est plus démotivée (EAD : 37,9 ± 9,8 versus 50,8 ± 8,2 pour les déprimés ; MANOVA, F = 68,5 ; p = 0,000) et présente davantage de troubles exécutifs (BREF 7,5 ± 3,7 versus 5,7 ± 3,0 pour les déprimés ; F = 4,28 ; p = 0,041). Le test de NOSGER permet d’évaluer divers domaines tirés de l’observation quotidienne du malade par son aidant. (Fig. 1). Le comportement social qui exprime l’aptitude et le goût du malade aux échanges relationnels est davantage altéré dans cette population (MANOVA, F = 19,4 ; p = 0,000), de même que la mémoire (F = 4,41 ; p = 0,038), les activités instrumentales de la vie quotidienne qui rendent compte de difficultés exécutives (F = 28,5 ; p = 0,000), l’humeur et les émotions (F = 68,6 ; p = 0,000), les troubles du comportement (F = 72,7 ; p = 0,000). Les scores d’activités de la vie quotidienne ne sont pas significativement modifiés par les Tableau 5 Tableau 4 Catégories de malades selon l’existence d’un syndrome dysexécutif et d’une dépression. DSTA sans dépression Lewy Démence vasculaire DSTA avec dépression DFT Dépression Psychose MCI SDD (n = 132) D (n = 31) Non D (n = 125) 0 19 14 61 19 6 9 4 0 1 1 4 0 15 4 6 58 10 10 0 3 0 14 30 SDD : dépressifs dysexécutifs ; D : dépressifs sans syndrome dysexécutif ; Non D : malades non dépressifs. troubles thymiques. Les déments dépressifs sont davantage dénutris, que l’on prenne en considération le MNA (MANOVA, F = 49,4 ; p = 0,000) ou l’albuminémie (MANOVA, F = 28,9 ; p = 0,000). Ils sont plus exposés au risque de chutes (Chi2 = 50,7 ; p = 0,000). Par rapport à un dément non dépressif, la dépression expose au risque d’être dénutri (RR = 2,28 [1,49-3,48]) et au risque de chute (RR = 3,27 [2,28-4,70]). Le SDD déborde le cadre de la dépression. Dans une perspective d’approche dimensionnelle, les malades ont donc été regroupés selon trois catégories : • dépressifs dysexécutifs définis comme présentant une dépression avec un score à l’échelle de Cornell supérieur à 8 et un syndrome frontal avec un score inférieur à 12 à la BREF ; • dépressifs sans syndrome frontal ; • malades non dépressifs. Les sujets témoins n’ont pas été inclus. Le Tableau 4 présente la répartition des groupes malades selon les Caractéristiques des trois catégories de malades. Âge H/Fa MMSE GIR Cornell BREF EAD NOSGER Mémoire NOSGER AIVQ NOSGER AVQ NOSGER Émotion NOSGER Troubles comportement NOSGER Social Albumine MNA Groupe chute 1/2/3/4a SDD (n = 132) D (n = 31) Non D (n = 125) 78,9 ± 7,8 [61—98] 61/71 15,8 ± 7,2 [0—29] 3,0 ± 1,1 [2—5] 12,8 ± 3,4 [8,5—22] 5,8 ± 2,4 [0—11] 50,7 ± 6,8 [30—60] 14,5 ± 5,3 [5—26] 19,5 ± 5,0 [7—27] 12,4 ± 4,9 [5—25] 14,7 ± 4,7 [8—25] 11,6 ± 4,6 [5—25] 17,6 ± 4,5 [5—24] 31,7 ± 3,8 [25—42] 16,6 ± 2,8 [12—26] 9/37/75/11 77,1 ± 6,5 [61—90] 17/14 24,5 ± 4,9 [4—30] 4,6 ± 0,8 [2—6] 12,5 ± 3,7 [9—22] 13,7 ± 1,9 [12—18] 26,9 ± 4,9 [15—42] 8,6 ± 2,7 [5—14] 14,0 ± 3,4 [9—22] 6,7 ± 3,4 [5—9] 17,4 ± 4,9 [10—24] 8,2 ± 3,5 [5—16] 14,8 ± 6,3 [5—24] 35,2 ± 4,4 [26—42] 19,3 ± 4,5 [12—29] 2/28/1/0 79,5 ± 6,5 [66—95] 44/81 18,3 ± 6,8 [0—28] 3,6 ± 1,1 [2—6] 6,2 ± 1,7 [2—8] 8,6 ± 3,6 [3—18] 37,9 ± 9,5 [17—58] 12,4 ± 5,1 [5—25] 16,4 ± 4,7 [9—25] 11,0 ± 4,9 [5—24] 10,6 ± 3,0 [5—18] 8,2 ± 3,3 [5—19] 14,4 ± 5,1 [5—25] 35,0 ± 3,3 [28—43] 18,8 ± 2,9 [13—25] 21/100/0/4 Données en italique : p > 0,05 par rapport au groupe des malades dépressifs dysexécutifs (test de Student pour les valeurs quantitatives, Chi2 pour les valeurs nominativesa ). SDD : dépressifs dysexécutifs ; D : dépressifs sans syndrome dysexécutif ; Non D : malades non dépressifs. Dépression et syndrome frontal : quels risques pour la personne âgée ? Tableau 6 Résultats significatifs de l’analyse pas à pas du risque de chutes (risque d’appartenir à un groupe chute 3 ou 4) pour l’ensemble de la population. Effet Coefficient p MNA Albumine SDD BREF 0,029 −0,044 0,191 −0,014 0,001 0,000 0,000 0,007 Tableau 7 Résultats significatifs de l’analyse pas à pas du risque de dépendance (risque d’appartenir à un groupe GIR < 4) pour l’ensemble de la population. Effet Coefficient p Âge MMS BREF MNA 0,016 0,101 0,075 0,037 0,008 0,000 0,000 0,004 diagnostics. Démence et MCI constituent l’essentiel des malades présentant un SDD. Le Tableau 5 montre les caractéristiques des trois catégories de malades. Le risque de dénutrition, de chutes et de dépendance (GIR) est significativement plus important pour les malades présentant un SDD. Les malades de ce dernier groupe sont particulièrement démotivés (EAD). L’évaluation des SDD par rapport aux deux autres populations diffère au NOSGER. Si l’on établit le risque relatif d’un événement pour les malades présentant un SDD rapport à une population non déprimée, le risque de chute (groupe chutes 3 et 4) est de RR = 17,33 [6,63-45,3] (Chi2 = 137,9 ; p < 0,001), le risque de dénutrition clinique (MNA < 17) de RR = 2,19 [1,69-2,83] (Chi2 = 45,5 ; p < 0,001), celui de dépendance (GIR < 3) est de RR = 1,75 [1,38-2,22] (Chi2 = 24,7 ; p < 0,001). Pour la population déprimée sans syndrome dysexécutif comparée à une population non déprimée ces risques relatifs ne différent pas significativement. La conjonction de la dépression et du syndrome frontal semble être en cause dans ces évènements. Quatre-vingt-onze malades présentent un risque important de chutes (groupes chutes 3 et 4). Le Tableau 6 présente le résultat de l’analyse pas à pas des risques de chute dans l’ensemble de la population. La dénutrition et l’existence d’un SDD sont ici des éléments déterminants. Cent trente-six malades ont une dépendance notable (groupe GIR < 4). L’âge du malade, l’altération cognitive (MMSE), l’atteinte frontale Tableau 8 Résultats significatifs de l’analyse pas à pas risque de dénutrition clinique (MNA < 17 ou/et Albuminémie < 35 g/l) pour l’ensemble de la population. Effet Coefficient p GIR CORNELL EAD −0,051 0,027 0,008 0,041 0,000 0,005 367 (BREF) et la dénutrition clinique expose cette population au risque de dépendance (Tableau 7). Cent quarante-sept malades présentent un MNA inférieur à 17 et sont donc cliniquement dénutris. Dépendance (GIR), dépression (Cornell) et démotivation (EAD) rendent compte du risque de dénutrition (Tableau 8). Discussion Lorsque la dépression est associée à la démence, le syndrome frontal est majoré et le malade est particulièrement exposé aux risques de chutes et de dénutrition. La dépression précipite les troubles du comportement et psychiatriques associés à la démence. Le SDD est associé à toutes les catégories de malades, mais il prédomine dans la démence et le MCI. Il majore aussi la dépendance, la dénutrition et expose les malades à un risque accru de chutes. Dans cette étude, n’a pas été consignée la problématique alcoolique parfois associée chez certains malades âgés présentant des altérations intellectuelles et des troubles du comportement. La population examinée n’était toutefois pas à risque de troubles addictifs, les malades âgés alcooliques étant pris en charge par le service d’alcoologie de liaison et les secteurs psychiatriques compétents. Il est en effet important de considérer ce biais, puisqu’il a été observé chez ce type de patients la présence fréquente d’altération des fonctions exécutives, de la mémoire de travail et des aptitudes microspatiales [13]. Les atteintes de la mémoire épisodique [43] sont certes discutées sur ce terrain car elles pourraient aussi avoir un rôle dans l’atteinte frontale. Il existe plutôt une importante comorbidité entre l’alcoolodépendance et la souffrance dépressive [30]. Autre point insuffisamment abordé dans la littérature : les personnalités narcissiques, volontiers exposées au risque de la dépendance alcoolique [8,15]. Les déficits exécutifs associés à la dépression sont encore discutés chez l’adulte jeune [22], mais il est probable que le vieillissement et l’importance de la dépression se combinent pour rendre compte des déficits frontaux notés chez certaines personnes âgées [32,36]. Les déficits neuropsychologiques participent pour une part à la dépression tardive de la personne âgée et en modulent le cours [35]. Il a été montré, par ailleurs, que cette dépression tardive est volontiers associée à des altérations mnésiques, en particulier de la mémoire à court terme [25], à des troubles visuospatiaux [10] ainsi qu’à des problèmes de ralentissement psychomoteur [24]. Les personnes âgées dépressives présentent, de plus, fréquemment des altérations des fluences verbales et des déficits de planification [17,41] qui acutisent les déficits frontaux associés aux troubles thymiques. Si les processus automatiques sont longtemps respectés, la mise en œuvre de stratégies complexes ou les réorientations d’attitudes stratégiques sont volontiers altérées [4,11], pointant l’existence d’un syndrome dysexécutif associé à certaines dépressions de la personne âgée. Ces dépressions s’accompagnent de démotivation, d’apathie [18] et de difficultés relationnelles avec l’entourage [3]. Si la dépression peut s’améliorer sous traitement antidépresseur, les anomalies frontales ne se corrigent pas nécessairement ou seulement partiellement, témoignant d’une certaine autonomisation par rapport aux troubles thy- 368 miques [36]. Une réflexion sur une prise en charge spécifique doit être menée. Si l’usage de thérapeutiques anticholinesthérasiques est recommandé par Alexopoulos dans le traitement des SDD, peu de travaux ont encore évalué la possibilité efficace de ralentir la maladie démentielle en freinant de façon plus sélective l’atteinte exécutive [3]. Il recommande de plus l’adjonction de médications antiparkinsonniennes au traitement antidépresseur. Dans notre expérience, l’emploi précoce de la rivastigmine est une aide précieuse pour éviter que le SDD se complique d’incapacité à gérer le quotidien et la relation à l’environnement, notamment familiale, permettant aux ressources motivationnelles d’être mieux employées en vue de préserver l’autonomie. La dépression avec déficit dysexécutif a été isolée comme un sous-groupe de dépression de la personne âgée par Alexopoulos [3]. Elle est caractérisée par des altérations psychomotrices marquées, avec un désinvestissement pour les diverses activités de la vie quotidiennes, un désintérêt pour l’environnement et pour l’entourage, mais avec une relative pauvreté des signes végétatifs, pourtant fréquents dans les autres formes de dépression de la personne âgée. D’autres altérations, plus en rapport avec la personnalité et la vie relationnelle, ont été relevées comme la psychorigidité et l’instabilité, voire des traits paranoïaques. Des perturbations neuropsychologiques ont aussi été observées, concernant les fluences verbales, les dénominations, les capacités d’initiation et de persévération dans les tâches. La dépression, le ralentissement psychomoteur et le syndrome dysexécutif expliquent la fréquente altération des activités instrumentales de la vie quotidienne [4]. Enfin, les troubles cognitifs sont plus fréquents dans cette forme de dépression [3]. Nombre de malades de la série d’Alexopoulos, présentant des troubles cognitifs légers et une dépression auraient pu être classés comme MCI. Conclusions La dépression favorise les troubles exécutifs et les désordres frontaux des personnes âgées. L’association d’une dépression et d’un syndrome dysexécutif facilite la perte d’autonomie, la dénutrition et le risque de chute en particulier lorsqu’il y a des troubles cognitifs. La dépression précipite les troubles comportementaux associés à la démence. Le traitement de la dépression associée au syndrome dysexécutif est indispensable pour améliorer l’autonomie du malade et réduire les risques de chutes ou de malnutrition. Références [1] Alexander GE, Crutcher MD, DeLong MR. Basal gangliathalamocortical circuits: parallel substrates for motor, oculomotor, ‘‘prefrontal’’ and ‘‘limbic’’ functions. Prog Brain Res 1990;85:119—46. 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