Olivier PATURET, Directeur Stratégie Zéro Emission Nissan Europe
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Olivier PATURET, Directeur Stratégie Zéro Emission Nissan Europe
Olivier PATURET, Directeur Stratégie Zéro Emission Nissan Europe Olivier PATURET, Nissan est en pointe dans la mobilité électrique depuis fort longtemps, et cela dépasse la simple élaboration et conception de modèles de voitures électriques. Oui, c’est vraiment cela. Au-delà du véhicule électrique, ou même des véhicules électriques que nous avons pu introduire sur un marché, notre préoccupation première était de s’assurer qu’il y avait, autour du véhicule électrique, tous les éléments nécessaires pour son succès. Au début, cela a commencé par le chargement à la maison : existe-t-il des principes faciles d’accès pour un chargement à la maison ? Ensuite, nous avons regardé le chargement rapide sur les voies publiques : comment est le marché, faut-il l’aider, le démarrer etc. Et puis maintenant, comme nous venons de l’évoquer aujourd’hui aux Assises IRVE, nous nous intéressons à la seconde vie de la batterie, ce que l’on va en faire une fois que la voiture part à la casse : comment va-ton la réutiliser et les principes de chargement bidirectionnels. Tous ces sujets gravitent autour du véhicule électrique. Cela est rendu possible car maintenant dans de nombreux pays on atteint la taille critique en matière de véhicule électrique en fonctionnement ? Exactement, certains pays de par leur politique volontaire de soutien aux véhicules électriques, nous pouvons citer la Norvège en Europe mais aussi la Californie et le Japon, ont atteint une masse critique qui aujourd’hui leur permet de réfléchir à un principe d’utilisation de ce nombre de véhicules. Ils ont identifié la batterie, tout à fait logiquement, comme un actif pour les communautés régionales ou nationales. Ils vont utiliser avec notre soutien, ce principe de stockage que les batteries donnent pour faire nombre d’activités, en particulier, redistribuer l’énergie quand c’est nécessaire. Concrètement, maintenant, les batteries des véhicules électriques vont servir à alimenter une maison ? Exactement, et concrètement, aujourd’hui, depuis plus d’un an au Japon, 3000 maisons sont déjà équipées de ce système et peuvent donc à tout instant se trouver dans des situations où elles n’ont plus besoin d’être connectées au réseau. Elles peuvent par exemple, rester pendant deux jours en utilisant la batterie de la Nissan Leaf tout en vivant normalement puis se reconnecter au réseau, ou tout simplement consommations quotidiennes. également, réguler leurs En France, vous travaillez avec des projets de ce type, notamment avec Bouygues dans l’immobilier ? Avec Bouygues dans l’immobilier, ce qui nous intéresse surtout c’est d’offrir des solutions concrètes pour des parcs de flottes automobiles dans leurs bâtiments industriels par exemple. Bouygues développe des solutions de bâtiments à énergie positive ou à énergie passive avec l’apport d’un stockage statique de batteries de deuxième vie. On est en mesure d’offrir des solutions intégrées qui vont permettre de charger tous les véhicules électriques, au meilleur moment, et de pouvoir également gérer la consommation électrique du bâtiment lui-même. Les batteries vont permettre une gestion intelligente de l’énergie ? Exactement, il y aura une gestion et un échange d’énergie entre les batteries dans le bâtiment et les batteries des véhicules. Tout cela va donc être géré de façon intelligente. Et cela n’a plus un coût mais cela rapporte de l’argent au possesseur de batteries ? Notamment aux gestionnaires de grandes flottes ? C’est cela, c’est un peu le secret de la journée d’aujourd’hui aux Assises IRVE. En fait, en France, la situation ne se présente pas trop, mais dans certains pays européens qui ont à faire face à un excès d’énergies renouvelables comme le Danemark, ils ont mis en place des principes de régulation de marché qui permettent à des acteurs d’intervenir et d’obtenir de l’énergie renouvelable à très bas prix voire même d’être payés pour prendre cette énergie renouvelable et après de contribuer sur d’autres effets tels que le principe de régulation de fréquence et d’être payé pour cela. C’est tout nouveau. Avant, on payait pour charger une voiture mais maintenant de par le développement de ces énergies renouvelables, on se retrouve dans des situations où certains acteurs peuvent être payés pour recharger ! Outre cet aspect, le véhicule électrique joue aussi un rôle pour la santé notamment en limitant les émissions de CO2. Cela est très important. Dans le secteur urbain, là où nous vivons tous, notre idée est de créer des zones de Zéro Emission à l’image de ce qui s’est fait pour les politiques de « no-smoking area ». Notre idée est que les mêmes démarches doivent s’appliquer dans la rue. Cela consiste à dire que là où nous vivons tous, nous essayons d’améliorer la qualité de l’air en baissant les taux de PM2.5, PM10, NOx etc. Les initiatives comme celles de la ville de Paris prises récemment pour limiter les voitures polluantes dans les centres villes notamment, vont se développer, se multiplier ? Oui, en fait nous parlons des véhicules les plus polluants. C’est une démarche de remplacement des véhicules les plus polluants par des véhicules Zéro Emission. Cette démarche est irréversible car elle est de santé publique mais aussi légale car l’Union Européenne a demandé à toutes les métropoles européennes d’être en ligne avec les objectifs qui sont fixés et qui aujourd’hui ne sont absolument pas respectés. L’obligation légale consiste à dire que ces taux de PM2.5, PM10 et NOx doivent être descendus au niveau règlementaire. Les constructeurs automobiles sont au rendez-vous, y compris pour les véhicules utilitaires, afin de proposer les véhicules qui conviennent ? Pour ce qui est du véhicule électrique utilitaire pour transporter de la marchandise mais également pour faire du transport de personnes, nous avons l’e-NV200 qui est produit ici en Europe, à Barcelone, en tête de ligne. Cela fait partie des choses qui nous tiennent à cœur. Un nombre de flottes de véhicules qui interviennent dans le secteur urbain et qui peuvent aujourd’hui permettre de passer d’un véhicule polluant vers un véhicule électrique. Si tant est qu’il y ait une concertation, une compréhension, une adoption et que cela ne soit pas perçu comme une punition. Où en est le projet d’adoption par les taxis londoniens ? Le projet ULEV de la ville de Londres est en pleine concertation aujourd’hui justement. Par contre, aux Assises IRVE, Monsieur LOPEZ a parlé du développement des taxis de Barcelone qui a déjà vu la mise en place d’une dizaine de taxis électriques et de huit bornes de chargement rapide. La ville de Barcelone est maintenant bien engagée et rejoint la ville d’Amsterdam qui a plus de 30 véhicules électriques qui font les liaisons en particulier aéroport-ville tous les jours. Propos recueillis par L&R Conseil