Les services climatiques : accompagner l`adaptation - Météo

Transcription

Les services climatiques : accompagner l`adaptation - Météo
Les petits-déjeuners
de Météo-France
29 septembre 2015
Les services
climatiques :
accompagner
l’adaptation de nos
sociétés
à l’évolution du climat
Contacts presse Météo-France
Anne Orliac 01 77 94 71 36
Sarah Bardis 01 77 94 71 32
[email protected]
@meteofrance
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Le sommaire
Les services climatiques, une offre émergente
Météo-France, mémoire du climat passé
Météo-France, modélisateur du climat futur
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7
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Aperçu de services climatiques
développés par Météo-France
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Annexes
15
3
4
Les services
climatiques,
une offre
émergente
Pour l’Organisation
météorologique mondiale,
les services climatiques ont
vocation à « aider les
sociétés à mieux gérer les
risques et perspectives
associés à la variabilité et à
l’évolution du climat, en
particulier les groupes les
plus vulnérables ».
Le comité de pilotage « Services
climatiques » d’AllEnvi regroupe
des représentants de MétéoFrance, de l’Institut Pierre Simon
Laplace (IPSL), de l’Institut de
recherche pour le
développement (IRD), du Bureau
de recherches géologiques et
minières (BRGM), du Centre
européen de recherche et de
formation avancée en calcul
scientifique (CERFACS), de
l’Institut géographique national
(IGN), de l’Institut national de
l'environnement industriel et
des risques (INERIS) et de
l’Institut national de la recherche
agronomique (INRA).
Face au changement climatique, comment adapter nos villes
aux canicules ? Nos forêts à l’amplification du risque de feux
de forêt? Comment anticiper l’impact des aléas climatiques sur
la production électrique pour garantir un équilibre entre l’offre
et la demande? Limitée, il y a encore quelques années au
cercle restreint des scientifiques, la question climatique est
désormais l’affaire de tous, au cœur des préoccupations
sociétales, environnementales et économiques. Le concept de
« services climatiques » a ainsi émergé récemment au sein de
la communauté climatique internationale.
Les services climatiques désignent toutes les informations et
prestations qui permettent d’évaluer et de qualifier le climat
passé, présent et futur, d’apprécier les impacts des
changements climatiques sur les activités socioéconomiques
et l’environnement ou encore d’entreprendre des mesures
d’atténuation et d’adaptation.
Le contexte international, européen et national
Le développement des services climatiques se structure à
l’échelle internationale, européenne et nationale.
En 2009, l’Organisation météorologique mondiale (OMM)
lançait un mouvement visant à fixer un cadre mondial pour
les services climatiques.
Dans le cadre fixé par l’OMM, la Commission européenne a
mis en place le « Copernicus Climate Change Service », qui
vise en priorité les directions générales de la Commission
européenne,
les
gouvernements,
les
services
météorologiques et climatiques nationaux.
En France, le comité de pilotage « Services climatiques » de
l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement
(AllEnvi) coordonne l’offre de services climatiques. Il est
présidé par Serge Planton, directeur du groupe de
recherche changement climatique à Météo-France.
Météo-France, acteur majeur du climat
Collecte de données et reconstitution des climats passés font,
depuis sa création, partie du savoir-faire de l’établissement.
Les capacités de modélisation de l’atmosphère de MétéoFrance l’ont en outre très tôt conduit à développer des
modèles climatiques et à simuler les évolutions du climat futur.
Ses études nourrissent par exemple les travaux du Groupe
intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat
(GIEC).
L’expertise de Météo-France dans le domaine du climat l’a
naturellement positionné comme précurseur des services
climatiques. L’établissement met son savoir-faire au service
des citoyens, des organismes techniques, des entreprises et
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des décideurs pour leur fournir des informations sur le climat
passé et futur, sous une forme adaptée à leurs besoins.
Météo-France assure ainsi la maîtrise d’œuvre et le
développement du portail DRIAS, les futurs du climat, un
portail multi-organismes, ouvert en juillet 2012, pour lequel
Météo-France, le CERFACS et l’IPSL mettent à disposition des
projections climatiques régionalisées (voir p. 14).
L’établissement accompagne également des acteurs
nationaux, régionaux, locaux, publics ou privés de secteurs
variés (énergie, tourisme, agriculture, urbanisme…) dans
l’adaptation au changement climatique, le diagnostic à
l’échelle régionale et locale (en France et à l’étranger), et
mène des actions de formation et sensibilisation. Ces services
de consultance et d’études s’appuient sur le réseau de bureaux
d’études de Météo-France. Ces prestations leur permettent
d’améliorer la prise en compte des risques climatiques dans
leur activité de production.
ClimatHD est le dernier né dans la gamme des services
climatiques de Météo-France. Destinée au grand public, cette
application interactive unique en France, disponible sur le site
de Météo-France (http://www.meteofrance.fr/climat-passeet-futur/climathd), permet à chacun de visualiser, à l'échelle
de sa région comme à celle du pays, les évolutions du climat
passé et ses changements futurs. L’application sera également
disponible sur tablettes iOS et Android dans les semaines à
venir.
En proposant aux citoyens d’être acteurs de l’adaptation,
Météo-France joue pleinement son rôle de passeur entre le
monde scientifique et la société.
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Météo-France,
mémoire du
climat passé
1872 : date d’ouverture
de la station de Paris
Montsouris, la plus
ancienne station encore en
service aujourd’hui.
La conservation et la sauvegarde de la mémoire du climat est
une mission historique de l’établissement. Le Bureau central
météorologique, ancêtre de Météo-France, fondé en 1878,
disposait déjà d’un réseau d’observation de 200 stations
réalisant au moins trois observations par jour. Météo-France
exploite aujourd’hui pour la climatologie environ 1 000
stations en métropole fournissant des données en temps réel,
et plus de 2 000 en temps différé. Les mesures sont
systématiquement expertisées par des climatologues et
archivées pour l’étude du climat. Elles sont intégrées dans la
base de données nationale.
Météo-France organise également la recherche et la collecte
de données climatologiques anciennes, afin de constituer de
des « longues » séries sur le territoire français, en métropole
et en outre-mer.
Disposer de séries d’observations météorologiques fiables sur
de longues périodes (100, voire 150 ans) est indispensable
pour comprendre les évolutions et la variabilité du climat.
Cependant, les observations ne sont pas directement
utilisables pour analyser les évolutions du climat. En effet, elles
sont affectées par des changements dans les conditions de
mesure au cours du temps, comme des déplacements de la
station de mesure ou des changements de capteurs. Ces
changements provoquent des ruptures qui peuvent être du
même ordre de grandeur que le signal climatique. Ces ruptures
sont détectées et corrigées par un traitement statistique, qui
permet « d’homogénéiser » les séries d’observations.
Les séries homogénéisées permettent de caractériser les
évolutions du climat en France, de replacer les événements
climatiques extrêmes dans un contexte à long terme, de
contribuer à des études de détection et d'attribution des
changements climatiques, et de fournir des données de
référence pour évaluer et calibrer les modèles de simulation
du climat.
Numériser et archiver les données les plus anciennes
Les climatologues travaillent avec les historiens et les archivistes pour sauvegarder les données
relevées par des médecins, des moines ou encore des savants depuis le XVIIIe siècle. Ces données
représentent des kilomètres de linéaire, dispersés en de multiples lieux de conservation : archives
publiques, sociétés savantes, observatoires astronomiques, monastères… Les plus anciennes
figurant dans la base nationale constituée par Météo-France datent de 1688. Elles sont issues de
l’Observatoire de Paris.
Au-delà du territoire national, Météo-France a engagé avec les Archives nationales, grâce au
soutien de la Fondation BNP Paribas, un ambitieux programme de sauvegarde et de traitement
d'archives sur le climat de la France et de ses anciennes colonies, de 1850 à 1960, à partir du fonds
de la météorologie conservé à Fontainebleau.
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8
Météo-France,
modélisateur
du climat futur
Repères
Le modèle du systèmeclimatique CNRM-CM
permet à la fois de
reconstruire le climat d'il y a
130 000 ans et de se
projeter jusqu'en 2300.
Sa maille est de 150 km.
Le modèle régional ALADINClimat, utilisable sur
n’importe quelle partie du
globe, a pour sa part une
maille de 12 km.
Météo-France mène des recherches sur l'évolution passée et
future du climat depuis les années 1980. Le centre de
recherches de Météo-France développe ses propres modèles
climatiques, déclinés des modèles d’atmosphère utilisés pour
la prévision du temps. Aux côtés des équipes de modélisateurs
de la météorologie et du climat, Météo-France compte des
spécialistes du recueil et de l’analyse des données observées,
de l’échelle locale à l’échelle planétaire. Cela constitue un
atout majeur pour l’amélioration des modèles, qui peuvent
être évalués et ajustés grâce à la confrontation de leurs
résultats aux observations.
Simuler le système climatique global
Dans les années 1990, l’établissement a décliné son modèle
d'atmosphère ARPEGE, utilisé au quotidien par les
prévisionnistes de Météo-France, en une version adaptée à la
simulation aux longues échéances : ARPEGE-Climat..
Au fil du temps, la description des processus atmosphériques
au sein du modèle s’est perfectionnée (meilleure
représentation des nuages, prise en compte de la chimie de
l’atmosphère…). Le modèle s’est par ailleurs enrichi par la prise
en compte des interactions entre l’atmosphère et les
différentes composantes du système climatique : les surfaces
continentales, leurs couvertures végétales et leurs bassins
hydrologiques, les océans, la banquise…
Un modèle du système climatique, baptisé CNRM-CM, s'est
progressivement construit autour d'ARPEGE-Climat en
s'appuyant pour partie sur des modèles développés dans
d'autres laboratoires.
Grâce à ce modèle en constante évolution, le centre de
recherches de Météo-France effectue régulièrement des
projections climatiques afin de déterminer l’évolution des
températures et des précipitations à l'échelle planétaire, mais
aussi de phénomènes comme les moussons, les cyclones
tropicaux, El Niño ou encore la fonte de la banquise. MétéoFrance est notamment un acteur majeur des travaux menés
dans le cadre du GIEC pour évaluer le changement climatique
et ses effets.
Évaluer les disparités régionales importantes
Les modèles qui simulent l'évolution du climat à l'échelle du
globe découpent la surface de la Terre en mailles dont la taille
(typiquement 150 km) est limitée par la puissance de
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Multiplier la maille d’un
modèle par 2, toutes choses
étant égales par ailleurs,
implique de multiplier la
puissance de calcul par 8.
Pour effectuer des calculs à
très fine échelle, il faut donc
limiter l’aire à laquelle on
s’intéresse : c’est le principe
des modèles régionaux.
calcul disponible. À cette échelle, il est difficile de prendre en
compte les phénomènes météorologiques locaux, comme ceux
qui se produisent en montagne ou sur une île dont la taille est
inférieure à celle de la maille. Or, des diagnostics sur
l'évolution future des phénomènes locaux sont indispensables
aux acteurs socioéconomiques pour mener des études sur les
effets du changement climatique.
Grâce à différentes techniques, les chercheurs de MétéoFrance produisent donc des projections fines à l'échelle de la
France (résolutions allant de 8 à 50 km). Pour ce faire,
l’établissement développe notamment des modèles
climatiques régionaux. C’est ainsi, avec une version adaptée au
climat du modèle régional ALADIN, qu’ont été effectuées les
projections climatiques pour le XXIe siècle sur la France
métropolitaine et l’outre-mer alimentant le 4e volume du
rapport « Le climat de la France au XXIe siècle ». Ce rapport a
été rédigé dans le cadre d’une mission confiée à Jean Jouzel
par le ministère du Développement durable et fait le point sur
les connaissances actuelles sur le changement climatique futur
à l’échelle du pays.
L’élaboration de ces scénarios climatiques de référence pour le
climat futur sur notre pays est une des contributions de
Météo-France au Plan national d’adaptation au changement
climatique (PNACC).
D’importants moyens de calculs intensifs
Pour les besoins de la prévision numérique du temps et de la
simulation du climat, Météo-France dispose par ailleurs de
supercalculateurs, régulièrement renouvelés.
L’établissement consacre 15 % de ses moyens de calcul à la
recherche climatique. Cette puissance de calcul dédiée permet
à l’établissement d’envisager d’exploiter des modèles à plus
forte résolution. Ce sera le cas pour l’échelle globale avec une
nouvelle version du modèle CNRM-CM ayant une maille de
50 km dans l’atmosphère et moins de 25 km dans l’océan. Ce
sera aussi le cas pour l’échelle régionale, avec les premières
utilisations à des fins climatiques du modèle de prévision du
temps à haute résolution AROME.
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Aperçu de
services
climatiques
développés
par MétéoFrance
Aide aux collectivités territoriales
Les territoires sont directement confrontés à la problématique
de l’adaptation au changement climatique et leur contribution
apparaît cruciale.
Depuis la loi Grenelle II, les Régions doivent notamment se
doter de Schémas régionaux climat, air, énergie (SRCAE), qui
fixent des objectifs en matière d’efficacité énergétique, de
développement des énergies renouvelables, d’amélioration de
la qualité de l’air et d’adaptation au changement climatique.
Toute collectivité de plus de 50 000 habitants a par ailleurs
l’obligation d’adopter un Plan climat-énergie territorial (PCET),
qui s’appuie sur la réalisation, également obligatoire, d’un
bilan des émissions de gaz à effet de serre liées au patrimoine
et à l’exercice des compétences de la collectivité.
Météo-France accompagne les collectivités territoriales pour
l’élaboration des SRCAE et des PCET en leur proposant des
diagnostics sur l’évolution du climat passé et futur à l’échelle
de leur territoire :
analyse du climat régional décrivant les variations
spatiotemporelles
des
différents
paramètres
météorologiques ;
étude de l’évolution du climat passé et synthèse des
événements extrêmes ;
diagnostic de l’évolution future du climat sur la base de
simulations climatiques régionalisées.
Météo-France a déjà accompagné :
le Conseil régional de Bretagne (2011-2012) ;
les Régions Haute-Normandie, Picardie, Nord-Pas-deCalais ;
la DREAL Rhône-Alpes (2010).
Au-delà de la France
Dans le cadre d’une sous-traitance d’EGIS pour la Caisse des dépôts et consignations, MétéoFrance a réalisé une analyse du climat passé à Alger et des projections à l’horizon 2030.
Ce projet fait suite à une étude sur la vulnérabilité des villes côtières d’Afrique du Nord,
particulièrement exposées aux impacts du changement climatique et aux désastres naturels. Il
a été mené dans le but de renforcer les capacités de la ville d’Alger à anticiper les
changements climatiques et à prévenir les risques de catastrophes naturelles en mettant à
disposition des autorités algériennes et des acteurs locaux des outils d’aide à la décision
(recommandations et plans d’actions).
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Projets pluridisciplinaires sur la ville de demain
En ville, l'artificialisation des surfaces crée un climat spécifique
dont la manifestation la plus connue est « l'îlot de chaleur » :
un effet de surchauffe par rapport à la campagne
environnante. Dans le futur, les climatologues s’attendent à
une augmentation de la vulnérabilité des villes sous l’effet du
changement climatique et à une aggravation des impacts sur le
confort thermique des habitants et la santé, notamment lors
de canicules. Le changement climatique contribuera par
ailleurs nécessairement à modifier la demande énergétique
des villes. Acteurs institutionnels et professionnels de
l’aménagement urbain sont de plus en plus interpellés sur ces
problématiques, sur de possibles stratégies d’adaptation et sur
leur efficacité.
Aux échéances considérées (plusieurs décennies), la réponse à
ces questions exige une approche fortement interdisciplinaire.
Pour imaginer la ville de demain, Météo-France s’associe donc
à des experts issus de différentes disciplines : économie,
géographie, sciences humaines et sociales, architecture,
urbanisme, etc.
Focus sur trois projets interdisciplinaires menés sur la ville. .
EPICEA, mené en collaboration avec le Centre scientifique
et technique du bâtiment (CSTB) et financé par la ville de
Paris. Son objectif : évaluer les effets sur le climat urbain de
plusieurs scénarios théoriques d'adaptation (modification
des propriétés réfléchissantes des façades et toitures des
bâtiments,
végétalisation
de
l'espace
urbain,
humidification des chaussées).
EUROMED,
mené
avec
l’Établissement
public
d’aménagement EuroMéditerranée (EPAEM). Il visait à
quantifier les effets climatiques induits par l’urbanisation
du quartier de la Joliette à Marseille, en situation de
canicule et à l’horizon 2030. L’étude s’est aussi penchée sur
l’impact des choix d’aménagement sur le climat urbain :
utilisation d’un système innovant de climatisation par
boucle à eau de mer, travail sur les albédos des bâtiments,
introduction d’un nouveau parc.
MUSCADE, financé par l'Agence nationale de la recherche
(ANR) et réunissant des scientifiques du CIRED, du
laboratoire Littoral environnement et sociétés (LIENSs), du
CSTB, du Laboratoire de recherche en architecture (LRA) et
de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région
Île-de-France (IAU IdF). Il met en perspective, à l'horizon
2100, la consommation énergétique de la ville et ses
capacités de production d'énergies locales et
renouvelables.
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Accompagnement des acteurs de l’énergie
La consommation et la production d’électricité sont
intimement liées aux conditions météorologiques. En 2014,
Réseau de transport d’électricité (RTE), client historique de
Météo-France, a souhaité établir un « bilan de l’équilibre offredemande d’électricité ». Cela nécessitait de disposer d’un
référentiel climatique représentatif du climat actuel, afin
d’évaluer l’impact des situations climatiques contraignantes
(vagues de froid ou vagues de chaleur) sur le système
électrique au niveau européen.
Météo-France a produit, grâce à son modèle ARPEGE-Climat,
des bases de données de températures, de vent, de nébulosité
et de rayonnement solaire, sur une grille couvrant l’Europe,
correspondant à 200 années météorologiques au pas de temps
horaire, fictives mais toutes représentatives du climat actuel.
Ce référentiel climatique permet de caractériser la dispersion
des paramètres météorologiques en garantissant leur
cohérence spatiale et temporelle.
Développé au Canada à la
fin des années 1970,
l'indice
indice forêt météo (IFM),
permet d'estimer le
danger météorologique de
feux de forêts en tenant
compte de la
température, de
l’humidité de l’air, de la
vitesse du vent et des
précipitations.
Une réanalyse
atmosphérique est une
représentation spatiale et
temporelle homogène de
l’état de l’atmosphère sur
une longue période. Elle
est obtenue en combinant
observations et résultats
de modèles de prévision
du temps.
Anticipation des risques
En 2008, une mission interministérielle (ministères du
Développement durable, de l’Intérieur et de l’Agriculture) a
été constituée pour analyser les conséquences du changement
climatique, dans les décennies à venir (2030-2050) sur l’aléa
feux de forêts, l’extension probable des zones sensibles sur le
territoire et faire les propositions nécessaires pour permettre
au gouvernement de préparer ces échéances.
Dans ce cadre, Météo-France a réalisé un rapport sur l'impact
du changement climatique sur l'Indice forêt météo (IFM). Les
climatologues ont utilisé une réanalyse atmosphérique sur la
période passée et le modèle ARPEGE-Climat pour suivre
l'évolution de l'IFM de 1958 à l'horizon 2100.
Les chercheurs de Météo-France ont ensuite croisé ce danger
météorologique de feux avec les cartographies de vulnérabilité
aux feux de forêts des principaux peuplements forestiers,
établies par l'Office national des forêts (ONF) et l'Inventaire
forestier national (IFN). Des cartes de sensibilité potentielle
aux incendies de forêts estivaux aux horizons actuel (19892008) et moyen terme (2031-2050) ont ainsi été établies.
13
Le portail Drias, les futurs du climat
Initié en 2009 et inscrit au Plan national d’adaptation au
changement climatique (PNACC), le projet DRIAS (Donner
accès aux scénarios climatiques régionalisés français pour
l'impact et l'adaptation de nos sociétés et environnements)
avait pour objectif de faciliter l’appropriation par les acteurs
socioéconomiques des données scientifiques sur le
changement climatique, souvent difficiles d’accès du fait de
leur technicité.
Météo-France a développé un portail répondant aux besoins
des diverses communautés impliquées dans l’adaptation au
changement climatique : il permet de consulter et d’obtenir
aisément les scénarios climatiques régionalisés sur la
métropole et l’outre-mer, produits par la communauté
scientifique française. Ce travail a été effectué en collaboration
avec les chercheurs des laboratoires français (CERFACS, IPSL)
et en étroite association avec des utilisateurs issus de
collectivités territoriales, du monde de la recherche, de grands
groupes industriels ou de PME, de bureaux d’études ou
d’associations.
Ce portail à forte composante didactique est à la fois riche et
simple à utiliser. Il propose une démarche d’appropriation en
trois étapes via les espaces « Accompagnement »,
« Découverte » et « Données et Produits » qui présentent
respectivement une base documentaire, des cartes
interactives des différentes projections et un espace de
téléchargement des données numériques. DRIAS offre un
accès à un grand nombre de paramètres et indicateurs
climatiques, sur une grille de 8 km de résolution, simulés par
plusieurs modèles et pour différents scénarios d’émission de
gaz à effet de serre, dont les scénarios RCP (voir p. 17) utilisés
dans le dernier exercice du GIEC.
Le portail, ouvert en 2012, est régulièrement alimenté par les
nouveaux scénarios et études produits dans les laboratoires
français de modélisation du climat (IPSL, CERFACS, CNRM).
Disponible en anglais, il a été enrichi en 2015 d’une nouvelle
rubrique consacrée aux impacts du changement climatique.
Elle intègre les résultats du projet ClimSec coordonné par
Météo-France, portant sur l’évolution des sécheresses.
Le portail a également été mis à jour pour tenir compte des
nouveaux scénarios de référence pour la France au XXIe siècle,
utilisés dans le cadre du 4e rapport de la « mission Jouzel ».
www.drias-climat.fr
14
L’évolution
du climat
en France
Climat passé
Hausse des températures moyennes en France de 1,4 °C
depuis 1900
Accentuation sensible du réchauffement au cours des 3
dernières décennies
Augmentation de la fréquence des vagues de chaleur
depuis le milieu du XXe siècle
Diminution de la durée de l’enneigement en moyenne
montagne
Assèchement du sol et accentuation de l’intensité des
sécheresses
Climat futur
Les tendances d’évolution du climat au XXIe siècle
Poursuite du réchauffement au cours du XXIe siècle en
métropole, quel que soit le scénario
Selon le scénario sans politique climatique, le
réchauffement pourrait atteindre 4 °C à l'horizon 20712100 par rapport à la période 1976-2005
Peu d’évolution des précipitations annuelles au XXIe siècle,
mais des contrastes saisonniers et régionaux
Poursuite de la diminution du nombre de jours de gel et de
l’augmentation du nombre de journées chaudes, quel que
soit le scénario
Des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et
intenses
Assèchement des sols de plus en plus marqué au cours du
XXIe siècle en toute saison
Les phénomènes, à l’horizon 2071-2100
Par rapport à la période de référence 1976-2005
Journées chaudes : sur l'ensemble du territoire
métropolitain, le nombre annuel de journées chaudes
pourrait augmenter de
18 jours selon le scénario RCP 4.5,
et de 47 jours selon le RCP 8.5 (voir p. 17).
Jours de gel : sur l'ensemble du territoire métropolitain, le
nombre de jours de gel annuel pourrait diminuer en
moyenne en plaine de l'ordre de 17 jours selon le scénario
RCP4.5, et de 27 jours selon le RCP 8.5 (voir p. 17).
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La
modélisation
climatique
Les modèles de climat
Les simulations climatiques sont effectuées à partir de
modèles dit de circulation générale. Contrairement aux
modèles de prévision qui sont en permanence recalés sur les
observations, les modèles climatiques évoluent librement. Ils
« reçoivent » de l’énergie sous forme de rayonnement solaire
et en « perdent » sous forme de rayonnement infrarouge émis
vers l’espace. Le climat simulé (température, précipitations,
etc.) est le résultat de cet ajustement entre énergie reçue et
énergie perdue.
Le rayonnement solaire dépend de paramètres astronomiques
et est fixé a priori au modèle. Le rayonnement infrarouge
dépend notamment des concentrations de gaz à effet de serre
(qui dépendent de l’activité humaine) contenues dans
l’atmosphère. Ces dernières sont également fixées a priori au
modèle, par le biais des scénarios RCP.
Les scénarios RCP
Les scénarios RCP (pour Representative Concentration
Pathway) sont représentatifs d’évolution des concentrations
de gaz à effet de serre, d’ozone et de précurseurs des aérosols
pour le XXIe siècle et au-delà. Ils ont été définis par un groupe
international d’experts dans la perspective de l’élaboration du
5e rapport d’évaluation du GIEC (2014). On peut les lier à des
efforts plus ou moins grands de réduction des émissions de gaz
à effet de serre au niveau mondial.
Leur sélection a été effectuée par les scientifiques sur la base
de 300 scénarios publiés dans la littérature. Le plus pessimiste
n’est dépassé que par environ 10 % des hypothèses
envisagées, tandis que le plus favorable ne dépasse que près
de 10 % d’entre elles.
Pour le CO2, par exemple, les scénarios se distinguent de la
manière suivante:
RCP 2.6, le plus modéré en émission, est sans équivalent par
rapport aux anciens scénarios du GIEC. Il tient compte de
l'application de politiques de réduction drastique des
émissions de CO2, pour arriver à des émissions quasi nulles à la
fin du XXIe siècle.
RCP 4.5 : les émissions de CO2 dans l'atmosphère diminuent
avant 2050, mais la concentration ne se stabilise qu'en 2100.
RCP 6.0 : les émissions de CO2 augmentent jusque vers 2080,
mais la concentration de CO2 ne continue à augmenter qu'en
2150.
RCP 8.5, le plus fort en émissions : augmentation soutenue des
émissions au cours du XXIe siècle.
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