HISTOIRE DES JÂ OU DYAN
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HISTOIRE DES JÂ OU DYAN
HISTOIRE DES JÂ OU DYAN Il y a longtemps, les Dagara-Wule chassèrent les Jâ de Cungbunyo au Ghana près de Nandom (où ils étaient installés) et s'installèrent sur leur territoire auquel ils donnent le nom dagara de Tuo-pèr. La raison du plus fort faisait la loi en matière domaniale. Une fois le terrain conquis, la terre a une destination universelle selon l'usage et selon le principe sacré dagara que la terre ne se refuse à personne " tisow bè sibr è ". Les Jâ, dépossédés de leur terre, avant de traverser la Volta Noire (Mouhoun) s'établirent à Bû et c'est de là qu'ils se scindèrent en plusieurs groupes, les uns allant vers Diébougou et les autres vers Poura. Une partie des Jâ après l'étape de Tuo-pèr, se dirigea vers Diébougou où après une guerre régionale à Jikolo entre Jâ et Dagara Wule, déterminés à exterminer la race Jâ de la planète, les Jâ furent sauvés par l'intervention d'un chef de file Dagara-Ioba de grande renommée qui se prénommait Bra-maar de Dissin, de la grande famille royale des Bèkuo-Dacari. Arrachés des mains des Dagar-Wule, les Jâ fuyaient affolés vers Diébougou qu'ils traversent en toute vitesse et sans arrêt (par peur des assaillants Dagara-Wule) jusqu'à Dolo et Wâ où ils établirent leur camp. Plus tard quand l'atmosphère devint plus calme, sous le leadershirp de Mè-Siô, ils rappliquèrent sur Diébougou où ils s'installèrent à Mule. Les Dagara comme les autres, ont affronté la guerre des Djerma au cours de laquelle il y a eu des massacres et une partie des Dagara traversa la Volta Noire en même temps que des Jâ, des Lobis et des Birifors. Origine de l'amitié indéfectible entre Dagar-Lobr et Jâ Au cours de leur étape migratoire, les groupes ethniques composés de Dagara-Wule ou wiile, de Lobis, de Birifors et de Jâ, passèrent par Bilbaalè anciennement appelé Mwolobadougou ou Bibaal-tégue. (Le nom Bilbaalè actuel aurait été donné en 1922 par le commandant Berté et un auxiliaire de l'administrateur colonial, inspecteur des viandes de la colonne de l'armée française ; probablement Suukûu Kpowda sir Sékou Somé, infirmier vétérinaire de l'époque à Diébougou : fait confirmé par des notes manuscrites retrouvées après sa mort en 1977). De Bilbaale, ils arrivèrent à Jikolo où éclata une guerre tribale entre ethnies dans laquelle les Lobis, les Birifor, les Dagara et les Jâ s'entretuaient. Les Dagara-Wule avaient identifié les mêmes Jâ qu'ils avaient chassés à Tuo-pèr au Ghana avec leurs flèches empoisonnées. Cette fois-ci il n'est plus question de les chasser, il faut les exterminer. Ces tireurs d'élite, les Dagara-Wiile ou Wule étaient décidés en alliance avec les autres ethnies, 1 les Lobis et les Birifors, d'en finir avec cette race Jâ. Et c'est là que le groupe dagara se scinda en deux. Certains (les Dagara Lobr), trouvaient que les Jâ étaient des êtres humains comme eux. D'autres (les Dagara-Wule), qui les avaient chassés de leurs terres au Ghana à l'étape de Tuo-pèr, trouvaient qu'ils n'ont plus de raison de continuer à exister et à cheminer avec eux. Il fallait les exterminer une fois pour toutes de la terre. Cette vision de conception divergente, provoqua une scission du groupe dagara. Les Dagara-Lobr se démarquèrent de leurs frères Dagara-Wiile (Wule), vu les massacres qu'ils faisaient dans le camp des Jâ. " Arrêtez, ce sont des êtres humains comme nous." Dit Bra-maar de Dissin, chef de file des Dagara-Lobr. Et pour défendre les Jâ, Baakumè, une grande figure Dagar-Loba pour combattre et refouler les Dagara-Wule des mains des Jâ. C'est ainsi que les Jâ furent sauvés. C'était la deuxième guerre régionale entre les ethnies migrantes avant la conquête par les Européens en l'occurrence des Français. (...) Sauvés par les Dagara-Lobr, les Jâ poursuivirent leur route et se dirigèrent vers Diébougou sous l'autorité de Mè-Seo vers la fin du XVIIIème siècle. Arrivés à Diébougou, ils se sauvèrent rapidement dans une course affolée et effrénée (par crainte des représailles des Dagara Wule), vers Dolo et Wâ où ils s'établirent provisoirement. Jusqu'à aujourd'hui Dolo est reconnu territoire Jâ. Quand la situation est devenue plus calme et sans danser des Dagara-Wule, de Dolo, une partie des Jâ rebroussa chemin plus tard sur Diébougou sous le leadership de Mè-Seo et de son fils Olegbana (Ole le riche) laissant la grande partie de leurs congénères à Dolo jusqu'à aujourd'hui reconnu capitale des Jâ. Chemin faisant vers Diébougou, les Jâ tombèrent de nouveaux sur des attaques armées Lobis et Birifors décidés à les exterminer comme les Dagar-Wule à l'étape de Jikolo. Les Kpong-Dioula par l'intermédiaire du Inberma Bakari Ouattara, combattant avec la puissance du diable, envoyèrent un guerrier Kpong-Dioula à la rescousse des Jâ que les Lobis et les Birifors étaient en train de massacrer. En premier lieu il se rendit à Koubo, canton de Dolo où il avait défendu les jâ, puis il s'avança vers Loto où il étendit sa peau de combat qui est le drapeau des guerriers Kpong-Dioula. De là il 2 s'orienta vers Diébougou pour attaquer les Birifors de Sie-Ure-Gâwn et les Lobis qui massacraient les Jâ sans savoir que les nommés Baakume de Diébougou et son cousin Bramaar de Dissin avaient pris depuis longtemps la défense des Jâ et les avaient protégés contre toutes attaques de leurs ennemis d'où qu'ils viennent. et pour cette raison, il y eut un change de poignée de main en signe d'amitié entre ces notables dagara et les chefs jâ à leur retour à Diébougou après leur fuite affolée depuis l'étape de Jikolo. Toujours est-il que les raisons et le mode d'accès du retour des Jâ de Dolo à Diébougou restent toujours inconnus. A Loto où il avait sa peau de combat, Inberma Bakari Ouattara avait nommé Nakou, chef de terre absolu de Loto. Puis il ajouta que malgré le fait que les jâ fussent les premiers à traverser Diébougou sans s'arrêter par peur des représailles des DagaraWule et vu la faiblesse au combat des jâ, toujours défendus et protégés par les Dagara-Lobr avant son arrivée, pour toutes ces raisons il demanda à Baakume de bien vouloir lui céder les jâ de Diébougou pour être rattachés à ceux de Loto. Il demanda également avec insistance à Baakume de céder une portion de sa terre qui sera aussi rattachée à Loto d'autant plus que Baakume et sa suite ne parlent pas Jula. Baakume était d'accord, sa terre fut parcellée et une portion fut rattachée à la terre de Loto de telle sorte qu'à strictement parler, à l'époque coloniale, il n'existait pas de vrai chef de terre Jâ à Diébougou. Cependant , après la conquête et avec l'avènement de la politique moderne, on parle de chef de terre de Diébougou, qui n'est qu'un simple représentant de la terre de Loto. Le capitaine Brollot était arrivé à Diébougou pour fonder le cercle. Il avait nommé Karamokjo-Gnidjan chef général des Jâ et répondant de tous les Jâ de Diébougou pour servir d'interface devant l'administrateur colonial dans sa politique de gouvernement des populations. Il ne l'avait pas nommé chef de terre. il faisait confiance à l'organisation sociale coutumière selon laquelle, en ce qui concerne la chefferie de la terre, tous les produits de la terre des Jâ de Diébougou iraient directement à Loto et c'est le chef de Loto qui décide. Diébougou n'a pas d'ordre à donner à Loto du point de vue de la chefferie de la terre. 3 après la guerre régionale de 1891 entre les Jâ, les Birifors, les Dagara-Wule et les Lobis, cinq ans après, l'Européen est venu à Diébougou en 1896 disent certains témoins ou en 1897 affirment avec plus d'assurance d'autres témoins privilégiés. (...) Le capitaine Brollot était arrivé à Diébougou muni des écrits du capitaine Cazemajou lors de son passage à Diébougou. A son arrivée, le capitaine Brollot avait fait une enquête d'opinion et de moralité sur les habitants du territoire de Diébougou et Barkatou lui avait répondu en ces termes : " les Jâ sont les premiers à traverser la Volta et le territoire de Diébougou pour aller s'établir à Dolo, puis plus tard à Loto et enfin à Diébougou. Mais c'est une race minoritaire et surtout faible au combat des conquêtes des terres, ils ont besoin d'être défendus par d'autres pour exister comme les Dagara-Lobr qui les suivaient de très près et sont arrivés aussitôt après eux à Diébougou. A l'entrée de Diébougou, ces Dagara se sont trouvés face à une rivière à traverser et ils ont fait fétiche au marigot, c'est-à-dire qu'ils ont sacrifié à l'esprit du marigot pour se réconcilier avec toutes les puissances spirituelles enfouies en son sein, avant de traverser pour entrer dans le territoire de Diébougou. Si ce n'était pas grâce aux Dagara-Lobr Bra-maar et son cousin Baakumè, on n'allait pas trouver (vous et moi), la race Jâ sur cette terre. donc la terre revient aux Dagara. Après ces explications du vieux Barkatou, l'officier s'adressa au vieux Olegbana : " que dites-nous ? est-ce vrai ou non ? " Le vieux Olegbana avait affirmé que c'était vrai. Barkatou était d'accord et le capitaine Brollot aussi. Le capitaine Brollot nomma Karamoko-Gnidjan, répondant que tous les jâ devant l'administration coloniale et non pas chef de terre de tous les jâ de la subdivision de Diébougou pendant et après la conquête. (..) En 1913, le lieutenant Labouret était nommé capitaine et était affecté à Gaoua comme commandant de cercle en remplacement du capitaine Gateau appelé à d'autres fonctions. Dans la même année, par suite d'une combine des jâ, Kamamoko-Gnidjan fut arrêté par le capitaine Labouret et révoqué de ses fonctions. Quant à Baakume, devant le capitaine Brollot, il avait déclaré que lui et sa suite, ne comprenaient ni ne parlaient le jula. Et à cause de cet handicap pour la communication avec l'administrateur, il délègue son ami intime Olegbana qui maîtrise la langue, pour servir d'interface entre lui et le Blanc pour lui transmettre ses ordres. Toujours devant le capitaine Brollot, Olegbana - fils de Me-Seo - avait déclaré qu'il était trop vieux pour remplir cette fonction, cependant il y a son neveu Ardjouma qui est jeune, vif et apte à remplir cette fonction. Ce qui fut fait, Ardjouma fut désigné 4 pour interpréter Baakume devant l'adminisrateur colonial. Ce dernier encore, par suite d'une combine des jâ, fut arrêté en 1905 et condamné à 20 ans de prison ferme. alors le vieux Olegbana fit nommer encore un de ses neveux qui s'appelait Olibou. Ce derniers fut arrêté aussi en 1908 par le lieutenant Guegno et condamné également à 20 ans de prison par suite d'une combine des Jâ. Alors le vieux Olegbana ne savait plus que faire et finalement il fit nommer son propre fils comme chef de la cavalerie, monsieur Bema devenu plus tard interprète. Un quartier de Diébougou porte aujourd'hui encore le nom de "quartier Olegbana ". C'est ensuite qu'arrivèrent à Diébougou les Waale (ceux qui sont venus de Wa) et qu'on appelle à Diébougou, les Dagara-Jula (Daga-Juule). Tiré de (avec son aimable autorisation) " La terre dagara au Sud-Ouest du Burkina Faso ", Fascicule II Diébougou septembre 2009 Abbé Bèkuonè Some Der Joseph Mukassa, Docteur ès Sciences Sociales expert en sociologie du développement Téléphone cellulaire : (00 226) 70 28 49 40 Téléphone fixe : (00 226) 20 90 53 85 Courriel : [email protected] 5