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cs !
3 fran
Jumelles Lâchez les chiens ! p. 2
Valais
Bisse bille à Sierre p. 4
Neuchâtel
Philip Morris se fait
enfumer p. 7
Tête de Truc
Alex Frei, plutôt rance
p. 16
Fukushima Nos adresses gourmandes
p. 17
« Il est plus difficile de bien faire
l’amour que de faire la guerre. »
[Ninon de Lenclos]
VENDREDI 25 MARS 2011
No 55 Fr. 3.– / Abonnement annuel Fr. 140.– www.vigousse.ch
JAA CH–1025 Saint-Sulpice PP/Journal
AVS garantie pour les 15 prochaines années. Séisme non compris.
2
C’est
Rubrique
pas pour dire !
Knut toujours !
Pierrick Destraz
I
l fut un temps où le décès prématuré de
l’ours Knut, le Justin Bieber des
plantigrades, aurait fait la une de tous
nos journaux jusqu’à l’indigestion. Un
temps où même les pages économie et
sports de vos magazines préférés auraient cédé
leurs places à des posters de l’ours populaire le
plus polaire au monde (ou le contraire…). Un
temps où les plus respectés et les plus inspirés
des rédacteurs en chef de la presse helvétique
auraient mouillé leur chemise pour pondre un
édito sur la tragédie knutienne berlinoise. Un
temps où la Migros aurait sorti une série de pin’s
collectors à l’effigie de la boule de poils
prématurément disparue (disponibles aux
caisses uniquement les samedis impairs entre
16 h et 16 h 30, à partir de 820.– d’achat). Un
temps où les boutiques Beate Uhse auraient
proposé des déguisements de nounours polaires
sado-maso pour les couples en manque de
sensations fortes.
Malheureusement, ce temps est révolu. Il y a des
signes qui ne trompent pas. Si le décès de Knut
ne fait pas plus de bruit que ça dans les médias,
c’est que l’heure est grave. Très grave. Tous les
regards sont désormais tournés vers l’Orient
plus ou moins proche. La Libye et le Japon
monopolisent l’attention. Et personne n’a plus
que faire des faits divers du zoo de Berlin, ni de
ceux d’ailleurs d’ailleurs… Pour peu qu’une
centrale nucléaire explose ou qu’un pays riche
en pétrole s’embrase, ce qui émeut un jour
tombe le lendemain au plus bas de l’échelle
humaine des gravités.
C’est triste à dire, mais vivement que recommence
le temps des chiens écrasés, des femmes battues,
des fonctionnaires suicidaires, des vieux qui
meurent de chaud et des enlèvements d’enfants.
Ça sent l’arnaque à pleine truffe
Faux flair Un brave chien saint-hubert œuvre à la recherche
des « jumelles disparues » ; la presse de caniveau renifle le bon
coup et agite la queue, mais il y a un os.
M
algré une actualité cataclysmique,
l’émotion
suscitée par la disparition
d’Alissia et Livia ne faiblit pas.
Sont-elles encore vivantes ? Rien
ne semble l’indiquer. Les enquêteurs tentent toujours d’établir
l’équipée du père sur la base d’indices et de témoignages décousus.
Mais il y a pourtant du solide :
la présence des filles à Genève le
30 janvier a été « confirmée » (par
Le Matin.ch, Le Matin et 20 Minutes, 17.03.11). Comment ? Un
chien saint-hubert, accompagné
d’enquêteurs professionnels, « a
signalé des éléments qui concordent avec les deux témoignages
connus ». On apprend donc que
« le chien a pu marquer des éléments positifs qui vont dans le sens
des deux témoignages rendus publics le 7 mars ».
Comment les fins limiers s’y sontils pris ? On l’ignore, mais on espère qu’ils ne se sont pas contentés
de chercher des éléments allant
dans le sens de leur hypothèse.
Car une étude récente a montré
que les chiens spécialisés dans
la détection d’odeurs sont très
sensibles aux croyances de leur
maître. Dans une expérience un
peu méchante, les chercheurs de
l’Université de Californie à Davis
ont demandé à des équipes qui détectent les drogues et les explosifs
de chercher ce genre de substances
dans une chambre aménagée pour
l’occasion. Mais il n’y avait ni drogues, ni explosifs... La seule trouvaille, c’est que les chiens se sont
précipités sur les « cibles » qui
avaient été indiquées aux maîtres
comme renfermant des substances
illicites. Autrement dit, les chiens
font tout pour plaire à leurs bons
maîtres et sont hypersensibles
aux indices signalant leurs désirs,
même si ceux-ci sont inconscients.
En attendant, il se pourrait bien
que les jumelles soient passées par
Genève le 30 janvier. Mais pour
« confirmer » cette hypothèse, il
vaut mieux utiliser des maîtres
qui ne savent pas déjà ce qu’il faut
chercher et où il faut le trouver.
Vigousse vendredi 25 mars 2011
Le Bochuz de notre drame
Château de cartes François Légeret est à nouveau au centre
d’une embrouille : il pourrait être faux que les faux des EPO
soient des faux, mais il faut que nos institutions travaillent
comme il faut.
« L
e dirlo des EPO fait
des faux ! » titrait Vigousse du 11 mars. En
cause, des documents qui démontraient que, lors d’une enquête
disciplinaire contre « l’assassin et
meurtrier de sa mère, d’une amie
de celle-ci et de sa sœur », le directeur des EPO, Sébastien Aeby,
avait produit sur les même faits
trois « rapports d’enquête » datés
du même 19 novembre 2010, mais
qui bizarrement présentaient des
versions et des signatures différentes.
Lequel de ces documents est finalement parvenu à l’Office d’exécution des peines et éventuellement
à la JAP, la juge qui applique et
contrôle lesdites peines ? Selon
François Légeret et son avocat Me
Assaël, c’est la pièce la plus défavorable au condamné qui a été jointe
au dossier. Et c’est en contrôlant
tous les documents qu’ils ont flairé
l’embrouille malveillante. Ils ont
déposé plainte d’autant que bien d’autres
fautes légales et réglementaires entachent la
mise au cachot de Légeret et son transfert à la Stampa
de Lugano.
Un beau merdier donc, que ne
conteste pas le Département de
l’intérieur du canton de Vaud.
Son patron Philippe Leuba a remonté les bretelles du directeur de
la prison, Sébastien Aeby, lequel
avoue s’être montré « maladroit »
en n’établissant pas ces
trois rapports avec la rigueur voulue. Et surtout
en ne changeant pas les
dates des documents,
qui s’étalent entre le 19
et le 25 novembre.
Reçu au Château, siège
du Gouvernement
La geôle de l'emploi
vaudois, Vigousse a rencontré
Monsieur Aeby. Celui-ci a réussi à
convaincre le Conseil d’Etat qu’il
n’avait pas la volonté de nuire à
François Légeret, « traité comme
tout autre détenu ». On veut bien
le croire. Techniquement, si l’on
présente les rapports dans l’ordre
inverse de celui que François Lé-
geret a inventorié, la théorie de
la « maladresse simple » se tient.
Mais à défaut de datage précis,
les doutes subsistent... D’autant
que d’autres pièces de l’enquête
menée aux EPO contre Légeret
souffrent également de troublants
« changements » dans les énoncés.
A ce stade de l’enquête et des pro-
cédures, Vigousse ne peut conclure
dans un sens ou dans un autre.
Mais il peut constater une authentique chienlit et se demander
quelles nouvelles surprises l’affaire
Légeret va nous offrir !
Patrick Nordmann
Sebastian Dieguez
Lit, L, Schweitzer JB, Oberbauer AM
(sous presse). Handler beliefs affect scent
detection dog outcomes. Animal Cognition.
Le petit Vigousse de la langue française
Vigousse Sàrl, Rue du Simplon 34, CH-1006 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected]
Tél. +41 21 612 02 50 > Fax +41 21 601 11 75 > Directeur rédacteur en chef : Barrigue > Rédacteurs
en chef adjoints : Laurent Flutsch & Patrick Nordmann > Chef d’édition : Roger Jaunin > Secrétaire de
rédaction : Monique Reboh > Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 695 95 81 > Publicité :
Inédit Publications, Jordils 40, CH-1025 Saint-Sulpice [email protected] > Layout et production :
www.unigraf.com > Imprimé en Suisse chez Courvoisier-Attinger SA/Bienne > Tirage : 15 000 ex.
3
Un nouveau sponsor pour Solar Impulse. Piccard est sur « La Liste de Schindler ».
Faits divers et variés
Chien [Sj*] n. m. Mammifère à odorat développé, rapide à la course, dont l’homme
s’est fait un compagnon de vie, de loisirs ou
de travail. Mon chien, c’est mon meilleur ami.
Il sait ce que je ressens au fond de moi et il
comprend absolument tout ce que j’ai dans la
tête. (Paris Hilton). ♦ Syn. Bête à poil.
Bahreïn : une répression sanglante made in Switzerland
Petit commerce On l’avait prédit, voilà qui est fait : à Manama, la Suisse a tiré dans la foule par procuration.
C
omme on le narrait ici il y a
3 semaines déjà (Vigousse,
04.03.2011), notre vertueux
Conseil fédéral jurait en 2008 de
ne plus tolérer la vente de jouets
militaires aux méchants régimes
bafouant les droits humains ; et
autorisait en 2010 des exportations d’armes vers le Bahreïn
(3,4 millions de francs) et l’Arabie
Saoudite (132,6 millions). Or, depuis 10 jours, ces deux excellents
clients ont montré tout le cas qu’ils
font des droits de l’homme.
Avec le renfort de 1000 soldats
saoudiens débarqués tout exprès,
l’armée du Bahreïn a lancé contre
les manifestants « un nettoyage
d’une extrême brutalité. L’ONU
a d’ailleurs dénoncé les excès des
troupes qui ont forcé la porte des hôpitaux et des centres de soins, où des
manifestants blessés la veille ont pu
trouver refuge » (RFI, 17.03.11).
Le régime a décrété la loi martiale,
le couvre-feu et l’ouverture de la
chasse aux opposants. Arrestations musclées, passages à tabac,
attaques d’ambulances et autres
exactions se multiplient, entre
deux séances de tir dans le tas. Les
funérailles des victimes font ellesmêmes l’objet d’attaques ciblées.
Et ce n’est pas fini.
Parmi les petites emplettes suisses
du Bahreïn en 2010 figurent des
armes individuelles, qui doivent
faire des étincelles en ce moment.
Pour mémoire, le conseiller fédéral Schneider-Ammann déclarait
le 26 février dernier : « Je ne crois
pas que nous devions avoir mauvaise conscience. » Ça ressemble de
plus en plus à une perle, comme la
place du même nom.
Laurent Flutsch
Vigousse vendredi 25 mars 2011
4
McDo : chiffre d’affaires en hausse, consommateurs obèses.
Rubrique
Faits
divers et variés
Bisse repetita
Le Parlement cherche les chercheurs
Bourré d'éthique En Suisse, la recherche se doit
de « respecter la dignité humaine ». Et Didier
Burkhalter se fait fort de faire respecter ce principe.
Canal historique Le bisse urbain de Sierre n’en finit
pas de faire des vagues.
A
Paris, François Mitterrand
a eu sa Pyramide du Louvre
et sa Grande Arche. A
Sierre, le président libéral-radical
François Genoud veut son bisse
urbain. Le Conseil général a beau
voter contre en 2009,
Genoud ne fléchit
pas : « C’est un préavis
et non une décision
formelle. La question
mérite qu’on y réfléchisse encore »,
s’acharne-t-il dans le Journal de
Sierre.
Pour les PDC et l’Alliance de
Gauche, c’est tout réfléchi. Il y a
d’autres priorités financières qu’un
canal reliant quatre fontaines en
plein milieu de la ville. Devisée
à 800 000 francs, la plaisanterie
coûterait encore 94 000 balles par
année en frais d’exploitation.
Qui plus est, le machin ne
serait pas écolo et pas assez
sécurisé.
Le verdict de juin 2009 était
des plus limpides : 37 non
contre 17 oui. Mais
l’entêté
François
Genoud passa outre
et commanda, aux
frais du contribuable
sierrois bien sûr, une jolie étude à
15 000 francs. En avril 2010, pour
justifier son obstination, il brandit
une pétition de 300 signataires lui
demandant de ne pas abandonner le
bisse. Le 23 février 2011, le serpent
de mer ressurgit donc à l’ordre
du jour du Conseil général. Les
habituels opposants, plus quelques
radicaux-libéraux, se levèrent pour
Politique de
caniveau
PUB
Conso ts
& consor
aller bouder au fond de la salle. Ils
ne voulaient rien entendre, même
pas rentrer en matière. « Ils sont
très susceptibles », réagit François
Genoud à la télévision régionale
Canal 9. Et d’ajouter, faraud, que
c’est avec « une pensée provocatrice
que le débat doit s’instaurer ».
Entre-temps, ô miracle, le
devis du bisse urbain a fondu
comme un flocon sous le
fœhn : moins 60% ! Mais de
droite comme de gauche,
on rappelle que l’argent de
la commune est assez peu
soluble dans l’eau : la réfection
de la piscine de Guillamo a coulé
tous les budgets et il manque
50 000 francs pour retaper la
fontaine, hors d’usage, à l’entrée
de la ville.
Nonobstant, le bisse et ses coûts
seront examinés derechef par le
Conseil général à l’automne 2012.
Sierre, c’est la Cité du Soleil ;
normal que son président agisse
comme le Roy du même nom !
Pierre-Pascal Chanel
L
e Conseil national a approuvé
le 10 mars la future loi relative à la recherche sur l’être
humain. Il s’agit ainsi de placer des
« garde-fous » à la recherche, de
s’assurer qu’elle soit « pertinente »
au plan scientifique et qu’elle
« respecte la dignité humaine ».
Il était en effet urgentissime de
remettre nos savants dans le
droit chemin, même s’il est
difficile de trouver dans les
30 dernières années un seul
exemple de recherche scientifique en Suisse qui n’aurait pas respecté la « dignité
humaine ». Au moins la loi
permet-elle de rappeler aux
chercheurs que le plus sûr
moyen de trouver des fonds
et d’avancer dans leur carrière n’est pas de mener des
recherches n’ayant aucune
« pertinence ». Des fois que
nos universités formeraient de
parfaits imbéciles.
Du reste, il était probablement indispensable d’ajouter un tel article
constitutionnel en plus des Codes
de Nuremberg (1947), de la Déclaration d’Helsinki (révisée six fois
depuis 1964) et des innombrables
obstacles administratifs et autres
commissions d’éthique auxquels
les scientifiques doivent déjà faire
face avant de pouvoir faire leur
boulot. Il est en outre rassurant
de savoir que le maître d’œuvre de
cette nouvelle loi n’est autre que
Didier Burkhalter, l’homme qui a
voulu que l’homéopathie et l’acu-
Vincent
5
Dioxyde de titane, nocivité titanesque
Poison en pot Le dioxyde
de titane est une dangereuse
saloperie dont on se tartine
et qu’on ingurgite en toute
ignorance.
S
puncture soient remboursées par
l’assurance de base, mais plus les
lunettes. Un politicien qui connaît
donc par cœur la notion de « pertinence » en matière scientifique *.
Tout cela est parfaitement justifié,
car qui peut faire confiance à des
chercheurs qui consacrent leur
vie à la connaissance et gagnent
moins que la plus inepte des esthéticiennes ? Et qui d’autre mérite à
ce point d’être ainsi fliqué jusque
dans la Constitution ? Faudraitil étendre la loi aux journalistes,
aux curés, aux patrons, aux publicitaires, aux collectionneurs
d’armes ou aux politiciens ? Bien
sûr que non, voyons : tous ceux-là,
c’est évident, sont suffisamment
adultes pour être capables de ne
se limiter d’eux-mêmes qu’aux actions respectueuses de la « dignité
humaine » et aux décisions d’une
irréprochable « pertinence ».
Non ?
Sebastian Dieguez
* Détail amusant : il est prouvé que
les lunettes corrigent la vue plus efficacement qu’un placebo.
ous sa forme nanométrique,
le dioxyde de titane (TiO2
pour les intimes) entre dans
la composition de nombreux cosmétiques (dont des crèmes solaires), de dentifrices, de colorants
alimentaires, de médicaments ou
encore de pigments pour peinture.
Or, selon des recherches récentes,
menées notamment à l’Université
de Lausanne, cette substance serait
aussi toxique que l’amiante.
Comme le souligne l’auteur principal de l’étude lausannoise, le
professeur Jürg Tschopp, les nanoparticules de dioxyde de titane
ont « un effet pro-inflammatoire sur
les poumons et le péritoine comme
l’amiante et la silice » et sont potentiellement cancérogènes. Donc
mortelles. L’étude précise que
« l’amiante et le nano-TiO2 sont
vraiment similaires et ont la même
puissance ». Avant d’ajouter: « Nos
données suggèrent que le nano-TiO2
devrait être utilisé avec une plus
grande prudence qu’il ne l’est actuellement. »
De fait, s’il n’existe pas encore de
données suffisantes quant aux effets néfastes d’une absorption par
voie cutanée ou alimentaire, l’ingestion par voie respiratoire est très
préoccupante. Et le TiO2 pourrait
se révéler être une véritable bombe
à retardement.
Quelles précautions faut-il donc
prendre ? C’est bien le nœud du
problème. Comme le relève Jürg
Tschopp, tout est désormais « une
question politique » et « il y a déjà
des commissions dans plusieurs pays
qui réfléchissent à des mesures ». Le
hic, rappelle-t-il, c’est que de tels
appels à la prudence avaient été
lancés à propos de l’amiante, mais
qu’il a tout de même « fallu presque
100 ans et d’innombrables décès
jusqu’à ce que l’amiante soit banni ».
Allez, soyons optimistes : cette foisci, il suffira peut-être de 50 ans !
Anne Monmarché
Vigousse vendredi 25 mars 2011
Vigousse vendredi 25 mars 2011
6
Rubrique
Faits
divers et variés
Des hommes toutes belles
Ils le valent aussi bien Les traitements minceur prennent
aussi les hommes pour des gourdes.
M
aintenant que le mâle est
aussi soucieux de son apparence que la plus égocentrée des pouffes à frange, les
crèmes « miracle » pour hommes
envahissent la réclame et les rayons
des magasins.
Ainsi la nouvelle pommade Somatoline promet-elle un ventre aminci
et musclé, sans le moindre effort :
il n’y a qu’à s’en tartiner la brioche
avant de dormir. Le distributeur
met le paquet : une campagne de
pub massive, des couleurs qui évoquent la salle d’opération, un prix
très élevé pour faire scientifique
(c’est cher donc, c’est sérieux) et un
slogan simpliste : « Ça fonctionne. »
Bref, les bedonnants complexés,
qui représentent une grosse part de
marché, se précipitent pour acheter ce produit révolutionnaire en
PUB
croyant dur comme fer que ça
va marcher à coup sûr.
Hélas : le produit antiventre, c’est du bidon. Il
suffit de savoir lire la
notice jusqu’au bout :
« La circonférence de
votre ventre se réduit de 2 cm en 4 semaines * », dit-elle ; et
l’astérisque renvoie
à une note en tout
petit : « Résultat
moyen
obtenu
sur 36 hommes
testés.
Action
cosmétique qui ne
comporte pas de perte
de poids. » Moins de
40 cobayes et un résultat « moyen » sans
perte de poids, voilà des
7
Maître Capello rejoint l’orthographe dans la tombe.
données tout ce qu’il
y a de scientifiques !
De quoi refroidir sec
l’enthousiasme des
consommateurs.
Par ailleurs, les pigeons qui en sont à
leur deuxième mois
d’utilisation
quotidienne gueulent sur
internet que rien ne change.
A voir la recette de la pommade, rien d’étonnant : on y
trouve de la caféine, des algues marines et un arbuste
brésilien, ainsi que de la cabromine. Bon, la cabromine,
au moins, ça fait sérieux. Sauf
qu’il s’agit bêtement d’extrait
de cacao. En gros donc, il y a
dans le Somatoline Homme de
quoi se faire un casse-croûte.
Mais pas de quoi obtenir des
abdos en plaque de chocolat.
Jonas Schneiter
Quel cinéma !
L
Tourner autour de l’impôt
Appât du vain Alléché par l’annonce
d’avantages fiscaux, Philip Morris* s’est très
vite installé à Neuchâtel. Mais la votation
du 3 avril risque de griller le cigarettier.
L
es taux d’imposition pratiqués en Suisse sont fort
intéressants pour les entreprises étrangères, chacun le
sait. Il y a des cantons qui détiennent la palme du paradis fiscal, comme Obwald,
Schwyz et Zoug.
Mais il y a toujours des
envieux. Ainsi Neuchâtel tente en 2010, à
l’aide d’un projet de loi, une échappée pour rejoindre le trio de tête :
« Le Conseil d’Etat propose d’abaisser
de manière significative l’impôt sur le
capital des sociétés holdings et de réduire de moitié et par étape le taux de
l’impôt sur le bénéfice des personnes
morales, soit de 10% à 5% entre 2011
et 2016. » (Présentation du projet du
Conseil d’Etat au Grand Conseil,
29.04.10).
A peine 3 mois plus tard, Philip Morris International Holding
quitte donc le paradis de Zoug
pour installer son siège de production à Neuchâtel, qui s’annonce
encore plus paradisiaque.
Pourtant le cigarettier prend des
risques, car, comme l’explique le
député vert Laurent Debrot, « la
loi n’est alors qu’un
projet tout frais
sur le bureau des
députés. Mais qu’à cela ne tienne,
les premiers sont les mieux servis. Comme la loi en discussion
semble être rétroactive au 1er janvier 2010, chaque jour compte. Et la
holding, au capital actions de
10 milliards, paie bon an mal an
310 000 fr. d’impôts à Zoug alors
qu’à Neuchâtel le Conseil d’Etat lui
prépare un nid douillet pour 100 000
fr. par an ». Le risque semble donc
valoir largement la chandelle.
Le 1er septembre 2010, la loi est ap-
Achetez un
paquet fiscal !
prouvée au Grand Conseil neuchâtelois par 99 voix sur 115. De
quoi réjouir Philip Morris… Mais
la victoire est de courte durée :
le peuple neuchâtelois gronde et
s’oppose, par voie de référendum,
à la révision de la fiscalité des entreprises. Le 3 avril prochain donc,
les citoyens vont décider du sort
de Philip Morris : la holding devrat-elle payer 100 000 francs ou 10
millions de francs d’impôts par
année ?
Réponse sous peu. Mais si les Neuchâtelois rejettent la révision, on
imagine déjà le cigarettier repartir
à Zoug la queue entre les jambes,
avec plus de 7 millions à verser au
fisc de Neuchâtel. En regrettant
amèrement d’avoir tenté ce coup
fumeux !
Alinda Dufey
*nom connu de la rédaction
a jeunesse helvète, a priori,
est entre de bonnes mains :
les commissions du cinéma
fixent un âge légal pour chaque
film qui sort sur le territoire. Le
problème, c’est qu’il y en a une
au Tessin, une en Suisse romande
(harmonisée entre Genève et
Vaud) et trois en Suisse alémanique ! En 2010, 87 films ont ainsi
été visionnés à la fois par la Commission romande et par la Commission zurichoise. Résultat, des
émoluments payés à double par
les distributeurs, sans parler des
décisions contradictoires pour un
même film…
Devant cette situation kafkaïenne, la
CCDJP (Conférence des directrices
et directeurs des départements cantonaux de justice et de police) a
rédigé une convention en vue de
créer, dès juillet 2011, une « Commission nationale du film et de la
protection des mineurs ». Petit hic,
ce machin est d’inspiration très teutonne. Il suit le modèle allemand, où
c’est une instance privée qui traite
les films arrivant sur le marché.
Critères économiques
Audience en correctionnelle dans un Tribunal d’arrondissement. Noms fictifs,
mais personnages réels et dialogues authentiques.
B
« Moi, on m’a donné ma chance... »
randon, 21 ans, comparaît pour avoir rué de
coups et détroussé un jeune homme à l’aide
d’un complice.
– Avez-vous quelque chose à déclarer avant qu’on
commence ? demande le président.
Le prévenu, manifestement fan de hip-hop et de séries
américaines qui finissent bien, se lève et entame une
espèce de slam :
– Aujourd’hui j’ai 21 ans, une autre perspective de la
vie, j’ai changé et je cherche à m’intégrer...
– Et de quoi vivez-vous ?
– Ben… c’est dur…
– Oui mais c’est nous qui payons, vous savez ça ?
Bon, donnez-nous votre version des faits.
– Ce matin-là, on était dans la rue, on buvait des
bières quand on est tombé sur Michaël ici présent.
On a commencé à discuter et je me sentais près de
devenir ami avec lui. Mais mon copain Titus a commencé à l’attaquer et j’ai tenté de les séparer.
Il regarde le plaignant, la main sur le cœur :
– Vrai ! J’ai bien vu que tu étais dans la difficulté !
Mais Titus a gueulé, il m’a dit : « Prends son portemonnaie ! » Il baisse la tête, penaud, et dit au plaignant
d’une voix douce :
– Mais je ne comprends pas pourquoi tu dis qu’on t’a
sauté dessus… Au début, on s’entendait bien !
– C’est strictement vrai, ce que Brandon vient de dire,
concède le plaignant. Il n’était pas du tout agressif et
moi-même… j’étais assez alcoolisé.
– Mais vous avez été agressé quand même ! Vous
maintenez votre plainte ?
– Non. Toute la Cour se tourne vers lui. Je décide de la
retirer. Moi, on m’a donné ma chance… Pourquoi je
ne lui donnerais pas sa chance, à lui aussi ?
– C’est tout à votre honneur, lance le juge entre ses
dents. Vous pouvez disposer.
– Attendez ! crie Michaël.
– Qu’est ce qu’il y a ? demande le magistrat exaspéré.
– Est-ce que vous pouvez me laisser lui serrer la
main ?
– Mais oui, mais bien sûr, évidemment ! On va faire
comme ça !
Les deux jeunes se retrouvent au centre de la salle et
se serrent dans les bras. Brandon tape sur son cœur
avec son poing et regarde, les yeux mouillés, partir
l’ex-plaignant.
Ne manquent que les violons.
Milou
Les Romands, chez qui le contrôle
des âges est jusqu’ici dévolu à des
professionnels de la jeunesse, y
voient un gros problème éthique.
D’autant que le secrétariat de la
future commission nationale serait délégué à Pro Cinéma, l’Association suisse des exploitants et
distributeurs de films : « On peut
évidemment craindre que les critères
des distributeurs soient essentiellement économiques », s’alarment les
Welsches dans une pétition.
Motif supplémentaire à la grogne
romande, les Suisses alémaniques
tendent à imposer leurs vues en
usant de méthodes plutôt cavalières, voire agressives : « Personne
ne voulait adhérer, mais ils ont
réussi à faire signer en catimini le
conseiller d’Etat sortant à Genève,
Charles Baer », râle un Romand.
Pire, l’irréductible canton de Vaud
serait soumis à des « pressions » insistantes. Mais pourquoi s’affoler ?
La commission nationale sera composée de 5 Romands, 5 Tessinois et
20 Alémaniques. Une belle volonté
d’hégémo… euh... d’harmonisation !
Vigousse vendredi 25 mars 2011
Milou
Vigousse vendredi 25 mars 2011
8
Traits percutants
Payez-vous un dessinateur : [email protected]
L’ex-président israélien condamné à sept ans de prison pour viol de territoires non conquis.
9
Laurent Gbagbo
Vigousse vendredi 25 mars 2011
Vigousse vendredi 25 mars 2011
10
Göldi en chie un Max !
Eloge de la mutation
Pitch
L
cesse plus déchaînée.
Notre unique chance
de salut réside dans
la mutation artificielle générée par
les isotopes radioactifs. Les radiations,
avec leurs petits doigts
habiles et crochus, peuvent
détricoter nos brins d’ADN
et les recombiner pour
nous rendre plus
forts, mieux adaptés à la nouvelle
donne planétaire.
L’eau des océans
monte, les tsunamis
redoublent? Le mutant
n’en a cure, car grâce au
plutonium il est doté de
branchies et de nageoires.
Les volcans vomissent lave
et nuées ardentes? Le mutant
s’en lave les mains, car l’uranium a
rendu sa peau ignifugée. La Terre
est réduite en poussière par un
séisme de 15 sur l’échelle de Richter? Le mutant s’en beurre le cul et
affiche un petit sourire satisfait, car
Les mutants votent UDC
Les vieux sont cons
Michel, 44 ans
Malabar mal barré
Monsieur Malabar s’est fait virer. C’est un
horrible scandale ! Depuis que je suis tout petit,
je mâchouille ces énormes chiclettes mi-goûts
avec un côté rose et un côté jaune en regardant
la tête de ce mec tellement classe et si joliment
musclé. L’autre jour, en allant au kiosque avec
mon meilleur pote à la pause du matin, je n’ai
pas trouvé mes chewing-gums de beau gosse.
Mais attends, mec, ils ont remplacé un gars si
cool par un chat avec des lunettes. C’est quoi, ce
bordel ? On est censé s’identifier à un félin qui
porte une cravate jaune totalement has been et
qui a un sourire de naze ? Faut pas s’étonner que
nous les jeunes, on pète un câble. Si ces vieux
cons d’industriels ne nous rendent pas notre vrai
Malabar original, on va faire un scandale avec tous
les collègues du bureau !
Vigousse vendredi 25 mars 2011
grâce aux bienfaits du strontium 90 il est parfaitement à son
aise dans le vide intersidéral.
Cette technique de survie par évolution forcée, que nous appellerons
le «darwinisme radioactif», néces-
site tout de même un minimum de précautions.
Il faut rester raisonnable
avec les dosages afin
d’obtenir la mutation désirée et non, entre autres
désagréments possibles,
la destruction du système nerveux central. Le
darwinisme radioactif est
également déconseillé aux
petites natures qui attrapent
facilement le cancer.
Moi, par exemple, qui suis
un darwiniste radioactif de
la première heure, cela fait
belle lurette que j’ai déménagé à côté d’une centrale.
J’ai déjà des écailles qui me
poussent sur les fesses. Je
ne sais pas encore à quoi ça
me servira lors d’une catastrophe, mais en tout cas ça
fait sensation sur les plages
nudistes où je passe mes vacances.
Professeur Junge,
phare de la pensée contemporaine
s
e
l
i
c
a
f
s
r
i
s
i
a
l
p
Petits
Il n’est pas toujours aisé de faire chier les grands de ce monde. Essayons donc
avec les petits. Aujourd’hui : un Japonais (pour autant qu’on en ait envie).
Le Japonais est travailleur par essence. Il
déteste le désœuvrement au plus haut point.
La paresse le constipe (pour un mangeur de
riz c’est ballot) et l’oisiveté le hérisse malgré
l’absence presque totale de poils sur son
corps (sauf là où se trouvent habituellement
des touffes chez l’être humain). Quant au mot
vacances, il ne figure même pas dans son
dictionnaire de trime.
Vous l’avez bien compris, il est inutile de
donner le moindre fil à retordre professionnel
à un Djap’ (comme disent les Yankees dans
les films pour gagner du temps), car il le
maîtrisera. Non, au contraire, pour faire chier
un Japonais avec force, il suffit de l’empêcher
de turbiner. Comment ? C’est une bonne
question et je me targue d’y répondre ! Ne
lui cassez surtout pas les jambes, il serait
capable d’aller bosser quand même. Détruisez
simplement son lieu de travail et tous les
Mammaires
déceptions
A
La vie selon le professeur Junge Cette
semaine : pourquoi les radiations sont
bénéfiques pour l’avenir de l’humanité.
e monde entier a les yeux
braqués sur le Japon dans la
crainte que des doses massives de radiations ne s’échappent
de la centrale de Fukushima. Voilà
qui est vraiment idiot. La radioactivité est au contraire une bénédiction à même de sauver l’humanité.
En effet, depuis son apparition il
y a quelques dizaines de milliers
d’années, l’homo sapiens n’a pratiquement pas
changé, piégé
dans un culde-sac évolutif.
La raison en est
que l’homme a
cessé de s’adapter à son environnement pour, à la place, le modifier à sa convenance. Du coup,
à la moindre contrariété (ouragan, inondation, fin du monde),
l’homme moderne, rabougri dans
son confort, a tendance à défunter
bêtement.
Notre espèce dégénérée n’étant
plus capable d’évoluer par ellemême, elle risque de perdre le
combat contre une nature sans
11
Un curé annonce qu’il est papa. Attention, un père peut en cacher un autre.
Bien profond dans l’actu !
moyens qu’il pourrait emprunter pour y
accéder. Attention : à moins que vous ne soyez
Japonais vous-même, faire chier un Japonais
de la sorte pourrait vous prendre plusieurs
mois, voire plusieurs années d’un travail à
plein temps et à plusieurs. Mais le résultat est
garanti. Le Japonais, coupé de sa raison de
vivre la plus chère, finira par arrêter de respirer
dans un délai allant de un à plusieurs jours
environ.
L’avantage : sa dépouille sera invisible et
inodore.
Le désavantage : les cours de la bourse
risquent de chuter.
Tonton Pierrick
La semaine prochaine : comment faire chier les vieilles.
u secours ! Malheureux du
monde entier, vous que
tout accable, venez vite
vous réfugier sous la bannière de
Max Göldi !
Il vous protégera, cet
homme, car il a été désigné
par le Ciel, la Confédération
et l’entreprise ABB pour tout
recevoir dans la gueule.
Il fut l’otage emblématique de
la Suisse pendant 2 ans dans
les geôles de Kadhafi. Il subit la terrible épreuve de revenir en Suisse en compagnie
de Calmy-Rey. Et voici, Mesdames
et Messieurs, que le sort, une fois
de plus, s’acharne contre lui : il est
prisonnier au Japon de son patron
ABB qui ne veut pas qu’il soit libéré des miasmes atomiques !
Admettez qu’à part Jésus on n’a jamais vu un tel martyr !
Cet homme est maudit. Où qu’il
passe, quoi qu’il fasse, le malheur
fond sur lui comme une glace dégoulinante.
Alors, suivez Max Göldi et vous
serez sauvé !
Quelle que soit la calamité qui
s’abattra sur Terre, il sera là pour
se la goinfrer ! Vous prévoyez un
picnic printanier ? C’est Max qui
ramassera le retour de flamme
Les
P
our freiner l’augmentation du
coût de la santé en Suisse, des
membres zurichois de l’UDC
ont enfin trouvé LA solution : faire
des coupes dans l’assurance de
base des femmes. Car il est scientifiquement prouvé que les femelles
ont la santé d’un syphilitique asthmatique en phase terminale. Pire,
elles courent chez le médecin au
moindre petit bobo. Ces bonnes
femmes trop douillettes coûtent
beaucoup trop cher. Il faut donc
leur serrer la vis médicale !
Les géniaux auteurs de cette proposition vont jusqu’à énumérer
les prestations qu’il s’agit de biffer
de l’assurance de base : les « bagatelles » comme le stress ou les
refroidissements, les césariennes
planifiées, les avortements, ainsi
que les mammographies pour les
femmes en bonne santé.
Toutes des s...
du barbecue. Vous décidez d’aller
skier ? Max sera le premier à passer sous la coulée de neige. Votre
conjoint pète les plombs ? Max les
prendra dans le poitrail.
Max Göldi est le Héros de l’Armageddon qui nous tend les bras.
Où que se produise le prochain
désastre, Max y sera ! Merci à lui.
Et gloire à notre nouveau Winkelried !
Patrick Nordmann
rèves
Passé par le Hublot !
« Hublot se mobilise pour le Japon. »
Quoi de plus généreux ? La fabrique
de montres de luxe de l’armailli
Jean-Claude Biver fait très fort.
Alors que les autres grosses boîtes
industrielles envoient des dizaines
de millions à nos « amis japonais »,
Hublot communique : « Pour chaque
franc versé via Hublot.com, Hublot
double le don. »
Impeccable : vous versez 10 balles,
Hublot en envoie 20. Petit problème
tout de même. Si les concurrents
horlogers de la firme s’avisaient de
mettre, allez, 100 millions sur le
compte Hublot, Jean-Claude Biver
serait obligé d’envoyer le double au
Japon. Et ferait faillite ! « Il est bon
d’être charitable ; mais envers qui ? »
disait ce bon Jean de La Fontaine.
Le zoo de Berlin (Allemagne), Thomas Dörflein son soigneur,
la presse mondiale, Peter Rothenbühler, Ariane Dayer et toute
la rédaction du Matin, du Matin Dimanche, de 20 Minutes
à Lausanne (Suisse)
ont la profonde douleur de faire part du décès de
KNUT
ours blanc
qui s’est endormi à tout jamais le 19 mars 2011, suite à un tragique
accident dans sa piscine.
Livré en pâture à tous les médias en mal d’informations sans intérêt,
Knut a supporté avec vaillance les innombrables imbécillités qui
ont été écrites à son sujet.
La famille exprime le souhait de ne recevoir ni fleurs ni couronnes ;
on peut adresser des harengs au zoo de Berlin.
« Je ne suis pas Knut. Je suis la somme de vos angoisses.
Le labyrinthe désarticulé des brisures de votre miroir. »
(Ariane Dayer, in « Le Matin »)
C’est vrai, ça. Il est grand temps
que toutes ces Marie-couche-toi-là
qui n’assument pas leurs grossesses
et toutes ces geignardes irréfléchies
qui craignent les légères douleurs
de l’enfantement retrouvent le
droit chemin. Qu’elles pondent
en série, sans choix possible, accroupies dans la cuisine, avant de
repartir illico au labeur, ramasser le
foin et traire les chèvres.
L’éclatante logique des brillants
UDC zurichois atteint le firmament de l’intelligence avec les
mammographies : à quoi bon la
prévention du cancer du sein ? Il
est infiniment plus sensé de se préoccuper de la maladie lorsqu’elle
est déclarée et qu’elle a déjà fait
quelques ravages !
Bien évidemment, si en Suisse le
taux de mortalité par cancer du
sein a diminué de 23% au cours
des 20 dernières années, ça n’a
strictement rien à voir avec le fait
que les contrôles annuels préviennent plus efficacement les
risques. Pour les éminents experts
de l’UDC, mieux vaut donc guérir
que prévenir, quitte à payer davantage ensuite. En tout cas pour les
femmes.
Une telle démonstration de sagacité subtile mérite d’être saluée. Et
une telle preuve de considération
envers les femmes, ça nous réchauffe l’organe qui se trouve derrière le sein gauche.
Alinda Dufey
Vigousse vendredi 25 mars 2011
12
La preuve par Flutsch
ins
Les copoard
d'ab
« L
PUB
tude du corps
humain à la crucifixion, dénonce
le
scandale
du lapin en
chocolat, décortique l’impact psychologique
du feu rouge, explique le
sens religieux de l’éternuement,
montre l’influence de la rotation
terrestre sur le morse, s’insurge
contre les orteils et les endives.
Le tout ponctué de preuves parfaitement irréfutables. Non sans
citer Spinoza, pour qui « judicieusement insérée dans le discours,
une citation, ça fait toujours bien ».
En images pince-sans-rire et en
voir
« DVD »o, ir
ou rev …
L’art à l’eau
Cirque conférence C’est un fait, les oursins s’ennuient. Pour
le public, c’est exactement le contraire.
a preuve par la
pieuvre » : une éclatante démonstration
de l’existence de Dieu par un dénommé Laurent Flutsch. Malgré
ce patronyme ridicule, l’homme
a su se hisser dans les hautes
sphères de la pensée moderne.
Accueillons à bras ouverts ces
sages qui prennent un peu de
hauteur. Assister à la conférence
de notre Flutsch sur « les ravages
de l’ennui chez les oursins », c’est
comprendre l’importance des raisonnements concrets. Dans la
mouvance d’autres scientifiques de
pointe tels Vialatte ou Desproges,
Flutsch disserte sur une multitude
de sujets hors sujet, vante l’apti-
13
Les folles machines de Mr. T
Crimes des cols blancs en hausse, crimes des jeunes en baisse. Le voleur attend le nombre des années.
Culture
Rubrique
et déconfiture
Fig. 1. Croix pour
pieuvre : étude
de faisabilité.
(Archives du
Vatican, carton
71648-b).
langage explosif, les arguments
s’enchaînent avec ce délicieux détachement qui fait les vrais rigolos.
La preuve, Flutsch est un vrai rigolo. CQFD.
Milou
Les Ravages de l’Ennui chez les Oursins,
Laurent Flutsch, sur la scène du Musée
romain de Lausanne-Vidy, les 31.03, 8, 9
et 15.04 à 20 h 30.
Drôle de petite expo au Mudac à
Lausanne, autour de l’inondation
des réserves du musée en 2008.
Un récit postdiluvien qui retrace
le périple des œuvres dans la
tourmente : celles qui ont flotté
avant de se poser délicatement et
miraculeusement au sol après la
décrue, celles qui se sont brisées,
celles qui ont été simplement
salies, traumatisés légers en
somme. Dans cette catastrophe à
l’échelle de l’art, tous les moyens
sont employés pour sauver les
rescapés : histoires d’assurance, de
restauration, de transports… Une
expo intelligemment conçue qui
résonne cruellement en ces jours
d’apocalypse nipponne. Mais ce
qui est bien avec l’art, c’est qu’on
peut faire ressusciter les morts.
Sauvés des Eaux, Mudac, Lausanne,
jusqu’au 13.06.11.
Chancelante plaidoirie
I
l n’y a pas que dans les tribunaux romands qu’on trouve
des avocats bourrés : la réédition récente du film un peu
oublié d’Henri Decoin, Les Inconnus dans la Maison (1941),
en atteste. D’après un roman de
Simenon adapté par Clouzot (qui
s’en inspira un an plus tard pour
Le Corbeau), ce petit bijou offre
à Raimu l’un de ses plus grands
rôles dans la rédemption de l’avocat alcoolique, thème éternel s’il
en est. Le film a été interdit après
la Libération pour cause d’antisémitisme suspecté, mais ce sont
surtout les dialogues au scalpel, la
charge contre les bourgeois hypocrites et l’avocat à la gnôle qu’on
remarque. Et ça fait du bien par
où ça passe.
Michael Frei Karloff,
films-cultes, rares et classiques,
Lausanne.
Les Inconnus dans la Maison, Henri Decoin,
Studio Canal/Disques Office, version
française, 100 minutes.
L’anar pour l’art Vingt ans après la mort de Jean
Tinguely, un documentaire trop conformiste l’achève.
Q
ue la vie du maître du mouvement ait été mouvementée peut paraître normal.
Pourtant, la normalité, ce n’était
pas son truc, à l’anar constructeur
de farfelus mécanos, de sculptures
arachnéennes, rigolotes et signifiantes, de totems gigantesques
(Le Cyclope). Fidèle à son credo
« tout est mouvement – l’immobilité
n’existe pas », Jean Tinguely, génie de la ferraille, a bougé et fait
bouger l’art, connu la faim, puis la
gloire. L’art, l’utopie, les femmes:
toujours libre, toujours à fond la
caisse, comme ces bolides qu’il aimait conduire et aller voir sur les
circuits.
Cette liberté-là fait défaut
à ce documentaire scolaire
qui, malgré certaines archives inédites, manque de
folie et reste avare sur les
aspirations créatrices et les
amours de l’artiste. A sa décharge, on notera que, côté
témoignages,
presque
toute « la bande à Jeannot » manque à l’appel.
Comme ses œuvres, les mots de
Tinguely bougent encore : « Renoncez à établir sans cesse des « valeurs » qui finissent quand même par
s’écrouler. Soyez libres, respirez !
Respirez profondément, vivez dans
le présent, vivez à fond et avec votre
– voire d’adultes – des thèmes
aussi épineux que les différences
et la tolérance. « Etait-il grand ou
petit ? Blanc, noir ou gris… ? » se
demande Mademoiselle en pensant
à son futur amoureux. Le livre est
agrémenté d’illustrations très réussies, d’une mise en page coquette
et d’un CD sur lequel Franco Rau
narre l’histoire avec rythme et vie.
Un vrai conte sans fées, mais avec
une bestiole ailée.
Alinda Dufey
Les Rocambolesques Aventures de
Mademoiselle Coccinelle, Ariane et Franco
Bérard Rau. Editions Le Cadratin, Vevey.
www.lecadratin.ch.
Brouillon de culture
GRONDER Mise en scène pour
la première fois, S’opposer à l’Orage,
du Français Christophe Pellet, c’est
des histoires d’humains qui habitent
quelque part, et c’est du tonnerre.
S’opposer à l’Orage par la Cie VoeffrayVouilloy, Pulloff Théâtre, Lausanne, du
29.03 au 17.04.11.
Vigousse vendredi 25 mars 2011
ASSISTER Des croquis sur la faune
qui hante les palais de justice : les dessins
d’audience apportent une surprenante
lumière sur de bien sombres affaires.
Croqueurs d’audience. Sous les traits de
la justice, Maison du Dessin de Presse à
Morges, du 30.03 au 29.05.11, mercredi à
dimanche de 14 à 18 h, entrée libre.
Tinguely, documentaire de Thomas Thümena.
Durée : 1 h 28. Sortie le 30 mars.
Faa si la jeter !
Bon dieu de bêtes Une histoire avec un cheval blanc,
une baleine chantante, une souris voleuse, un serpent
musicien et, à la fin, une nouvelle espèce !
A
Bertrand Lesarmes
Des Cédés
Une coccinelle qui fait dans la dentelle
près s’être faite toute belle,
Mademoiselle Coccinelle
s’en va à la recherche de son
Roi. Les prétendants sont nombreux : le puissant éléphant, le cheval à la chevelure de rêve, l’agile
serpent... Mais l’héroïne tachetée a
le caractère bien trempé, elle sait ce
qu’elle veut et n’hésite pas à éconduire avec poigne ses soupirants :
« Ce Roi-là, je ne l’aime pas ! Du
balai ! » Finalement, celui qui fera
battre son cœur pointera le bout de
son museau ; s’ensuivra une succession de désopilantes aventures.
Ce conte pour enfants est une vraie
merveille. L’histoire, drôle et touchante, parvient à exposer gaiement
à des yeux et des oreilles d’enfants
temps. Pour une réalité belle et absolue ! » Pourquoi, aujourd’hui, ne
pas y croire dur comme fer ?
COMPARER Les œuvres anciennes
et récentes du Genevois Charles de
Montaigu révèlent les qualités graphiques
de son univers jusqu’aux limites de
l’abstraction. Trait trait bien. Charles
de Montaigu : dessins, Cabinet d’arts
graphiques des Musées d’art et d’histoire
de Genève, jusqu’au 15.05.11.
L’Avenir n’est plus comme avant,
un titre de disque un peu prise de
tête qui laisse songeur. Tout comme
le nom, la musique et le look de
l’artiste d’ailleurs.
Comment dire ? Pris
individuellement,
tous les
ingrédients de
ce projet sorti
lundi dernier
en magasins
pourraient
donner
quelque chose
de vraiment super. Même les
éléments qui constituent le visage
de Pierre Faa pourraient faire un truc
bien. Hélas, tels qu’ils sont organisés,
ils font indubitablement penser à ce
gars sympa de loin mais prétentieux et
égocentré de près, qu’on a tous croisé
au moins une fois dans nos vies. Mais,
rassurez-vous, les fans d’Alain Chamfort
et de l’orgue Bontempi y trouveront
largement leur compte. Ceux qui
aiment les chanteurs sans cordes
vocales, la poésie sans rimes ni sens
et la musique sans consistance seront
comblés, c’est promis ! Un point positif
tout de même : aucune obligation
d’achat à l’écoute en magasin du disque
de Pierre Faa. Et puis la pochette aussi :
sympas les collages…
Pierrick Destraz
L’Avenir n’est plus comme avant.
Pierre Faa. Distr. Disques Office.
Vigousse vendredi 25 mars 2011
14
Bisbille en Libye. Sarkozy traité de petite frappe.
Rubrique
Rebuts de presse
Tschopp respire
encore !
Tout le monde était très inquiet sur
le sort du directeur général adjoint
de la SSR-SRG qui a totalement
disparu de l’organigramme de
la direction générale (Vigousse,
11.03.11). Eh bien, grâce au porteparole de la noble institution, nous
voilà rassurés. Gérard Tschopp est
toujours très actif à Berne et il a
gardé son salaire de fonction. Il est
désormais « responsable par intérim
du secteur marché et qualité ». Et
quand on demande en quoi cela
consiste, on nous explique avec
un fort accent alémanique que
« Monsieur Tschopp s’occupe du
marché et puis aussi de qualité.
C’est très important et il a beaucoup
de travail » !
Les mauvaises langues qui
prétendent que cette haute fonction
a tout l’air d’un placard ne sont que
des malveillants. La vraie planque
pour les anciens cadres hors de
service, c’est directeur de la Chaîne
du Bonheur. Le sera-t-il ?
Courage, fuyons !
Dans sa chronique hebdomadaire, l’excellent Jean Ammann nous gratifie
d’un billet martial des plus réjouissants (La Liberté, 19.03.11). Sous le
titre « Les tigres n’ont pas de valises à roulettes », le journaliste revient
sur le Temps présent consacré aux soldats suisses 2011. Le reportage
montrait que nos pioupious ne sont plus que des mauviettes trop gâtées,
dotées, entre autres, de valises à roulettes. C’est le terrible constat que
faisait un ancien grenadier de montagne, regrettant le bon temps des
marches forcées et des soldats aux bras noueux : « Je veux une armée de
tigres intelligents, malins et forts ! »
Jean Ammann l’admet : « On n’a jamais vu un tigre avec une valise à
roulettes », mais cet insolent n’en conclut pas moins par un joyeux
paradoxe : « Les seules fois où les armées ont joué sur les aptitudes sportives, c’est
quand il a fallu détaler comme des lapins. Réclamer une armée d’athlètes, c’est prêcher
le défaitisme. C’est une attitude indigne d’un ancien grenadier de montagne. » Et toc !
VIG...OUPS !
En raison d’un malencontreux incident survenu dans notre chaîne de distribution, une partie de nos abonnés a été
douloureusement privée de Vigousse vendredi dernier et ne l’a reçu que le lendemain samedi. Merci à celles et ceux
qui nous ont signalé la chose et nos excuses à tous pour ce regrettable retard.
Le journal qui préfère les blondes
« Elle est blonde, jeune et jolie ; elle vit en Suisse et se fait appeler Xenia. Ça vous rappelle quelqu’un ?
Non, ce n’est pas la dauphine de Miss Suisse 2006, mais l’une des participantes à l’émission de TF1 « Carré
ViiiP ». Voilà le scoop que le journal 20 Minutes expose en couverture de son numéro du 22 mars. Il est
vrai qu’une blonde inconnue qui se fait passer pour une autre blonde inconnue dans une téléréalité pour
demeurés profonds, c’est beaucoup plus important que ce qui se passe actuellement dans le monde.
Double
catastrophe
Dépêche de
l’Agence
télégraphique
suisse (21.03.11)
largement reprise
par la presse : sous
le titre « Arrêt d’une
centrale nucléaire
en Suisse possible
s’il y a danger », on
apprend que « d’ici le 31 mars,
les centrales doivent assurer
qu’elles peuvent refroidir et protéger
les piscines de stockage du combustible en cas d’un évènement
combinant tremblement de terre et séisme ». Il est vrai que subir
les deux à la fois, ce serait comme avoir de la pluie en plus d’une
averse : on jouerait de malchance tout en manquant de pot.
Profession :
politicienne
Le cahier des sports
Dans un article intitulé « Karin
Keller-Sutter, les clés d’un parcours
sans faute », le journal Femina
(20.03.11) retrace la fabuleuse
carrière de la cheffe du Département
de justice et police saint-galloise.
Et la dame n’y va pas par quatre
chemins en expliquant que pour elle
il n’y a que l’efficacité qui compte
et que « rien ne l’ennuie davantage
que les réunions qui n’aboutissent
à rien ». Et dire qu’elle briguait
un poste au Conseil fédéral. Petite
rêveuse, va !
Vengeance tardive
« Kadhafi doit en être secoué… de rire. La Suisse veut juger
les ravisseurs de deux de ses ressortissants, retenus sur le
sol libyen pendant 2 ans en représailles de l’arrestation
du fils Kadhafi dans son palace genevois en 2008. Berne
montre désormais les crocs. Quel courage ! » (Marianne,
12-18.03.11). Merci, Marianne.
Mass merdia
La presse francaphone
Balles à flan Partout dans le monde, le reportage sur la mort par balles d’un jeune Palestinien
en septembre 2000 est considéré comme un faux. Sauf en France et en Suisse romande.
Depuis plus de 10 ans, la chaîne de
télévision France 2 et son correspondant en Israël, Charles Enderlin, maintiennent mordicus que les
images du petit Mohamad tué par
des « tirs israéliens » à Gaza sont
véridiques. Le journaliste francoisraélien a même sorti en 2010
un bouquin intitulé Un Enfant est
mort, où il tente de « laver
son honneur » en
fustigeant tous les
salauds qui prétendent que cette
séquence a été entièrement truquée par le
cameraman de France 2,
Talal Abu Rhamé.
Sur les ondes de La Première, dans Médialogues,
une auditrice a laissé
la semaine dernière un
message où elle s’étonnait de voir que la presse
suisse romande n’a jamais démonté la supercherie alors que
les médias alémaniques ne se
sont pas privés de fustiger les
bobards d’Enderlin.
On imagine bien qu’en France, où
l’art du mensonge est une vertu, les
« professionnels de la profession »,
comme disait Godard, se tiennent
tous par la barbichette et ne veulent
pas dégommer un confrère. Mais
en Suisse, pourquoi cette complaisance pour un grand reporter coincé dans une sale affaire ?
L’argument qui invoque
la difficulté de se
faire une opinion
ne tient pas une
seconde.
En
quelques clics,
tout un chacun peut trouver toutes les
pièces à charge
du dossier. Par
exemple
les
images d’autres
caméras sur les
lieux des tirs
entre Israéliens
et Palestiniens et
qui, elles, n’ont
rien vu de la mort
du gosse. On dé-
A la bonne hauteur
Bon, d’accord, le hockey sur glace
autrichien ne plane pas à des
hauteurs stratosphériques. Mais
de là à imaginer jouer… sous la
glace, il y a quelques coups de
patin au cul qui se perdent. C’est
pourtant ce « nouveau » sport
que pratiquent avec assiduité
quelques farfelus du côté
d’Innsbruck. En résumé, il s’agit de
dénicher un lac gelé, de s’équiper
d’une combinaison de plongée,
d’une crosse et de pousser un palet
dans une cage, elle-même collée
sous la surface de glace. L’arbitre
est muni de bouteilles d’oxygène,
les joueurs pas, ce qui les oblige
à remonter à la surface toutes les
30 secondes. Trop tôt disparus de
la lutte pour le titre de champion
suisse, les joueurs de GenèveServette et de Fribourg-Gottéron
feraient peut-être bien de s’en
inspirer. Là au moins, ils seraient à
leur juste hauteur.
Comparaison
PUB
Vigousse vendredi 25 mars 2011
15
Vendredi 25 mars : « Georges Baumgartner. Heureux anniversaire. Tokyo ! »
couvre même des opérateurs qui
sont planqués derrière le même
tonneau en béton que le petit Mohamad et son père. Des enquêteurs
ont effectué des reconstitutions
qui démontrent le bidonnage.
Plus fortiche encore dans le tour
de passe-passe, France 2 a filmé
la jeune « victime » morte, à l’hôpital, plus de 3 heures… avant la
fusillade !
Il n’est donc pas très compliqué
de se faire une religion et de rétablir la vérité : Charles Enderlin,
qui n’était pas sur place, s’est fait
enfumer par son cameraman palestinien. Et après la diffusion
« en exclusivité » du reportage, la
chaîne française et son correspondant ont préféré mentir effrontément et obstinément plutôt que
d’avouer qu’ils se sont fait avoir !
La presse suisse romande est-elle à
ce point servile et complexée par
la France qu’elle n’ose pas remettre
en cause les grands journalistes
parisiens ?
Sortie piteuse du Lausanne HC
battu en quatre manches par
le « modeste » HC Viège : tous
s'accordent pour dire que le
club de Malley a souffert à la
fois de trop de suffisance et de
manque de compétences. Et de le
comparer avec son voisin genevois.
Autrement dit de mélanger les
torchons et les Servette.
48 heures plus tard
Reprenant une « information »
du Blick, 24 heures nous a révélé
samedi dernier (19.03.11) les
aventures extraconjugales de
Stan Wawrinka, coupable, selon
le torchon zurichois, d’entretenir
une liaison avec une jeune
Vénézuélienne employée de l’ATP.
Pour sa part, Le Matin avait pris
la peine de joindre l’accusé qui,
lui, avait formellement démenti.
Lundi (21.03.11), « le grand
quotidien vaudois » publiait à
son tour le même démenti, cette
fois-ci repiqué sur le site du joueur.
De deux choses l’une : ou 24 heures
avait pris 48 heures de retard ou
à la rédaction en chef on s’était
souvenu que Stan Wawrinka
était… Vaudois de St-Bar’ et
qu’il valait mieux entretenir les
meilleures relations avec lui…
Et ce sera tout pour cette semaine.
Roger Jaunin
Patrick Nordmann
Vigousse vendredi 25 mars 2011
16
Tête
de Truc
La suite au prochain numéro
Les abris suisses ne sont pas sûrs. Tous aux abris !
Alex Frei, fils de but !
A
lex Frei l’a juré, promis…
craché, il ne tirera plus jamais un penalty. Du moins
sous le tricot de la Nati. Simple,
d’ailleurs, il ne tire plus rien, sinon la gueule. Brillant comme
un sou 9 en 2001 – quand pour
sa deuxième sélection en équipe
nationale il avait réussi un triplé
face au Luxembourg – il se targue aujourd’hui
d’être, toutes
générations
confondues, le meilleur réalisateur de l’histoire du foot suisse :
42 buts en 82 rencontres, compteur bloqué en novembre 2010, au
Stade de Genève contre l’Ukraine.
Sa sortie, Frei l’a programmée
pour « dans 180 minutes », après
les rencontres face à la Bulgarie
ce samedi et face à l’Angleterre
début juin. « Punktschluss ! » qu’il
dit. « A moins que tous les attaquants suisses soient blessés en
même temps… » Sait-on jamais,
en effet, ce que réserve le statut
de sauveur de la Nation ? Le rôle,
en tout cas, lui plairait bien.
Même s’il se prétend modeste : se qualifiant lui-même
Vigousse vendredi 25 mars 2011
d’« agressif, combatif, volontaire et
parfois excessif » sur la pelouse, le
superhéros se dit à l’opposé dans
la vie (Le Matin, 21.03.11). Bizarrement, d’aucuns qui ont vécu
une soirée en sa présence gardent
plutôt l’impression d’un « immense
crétin bouffi d’orgueil qui se la pète
à mort ». Des jaloux, sans doute.
C’est arrivé la
semaine prochaine
(ou du moins, ça se pourrait bien)
Très précis lorsque d’un jet de salive il s’agit d’ajuster un adversaire
par-derrière, comme à l’Eurofoot
2004, Alex Frei l’est moins quand
il évoque l’équipe suisse. L’ambiance ? Pas terrible, « quand on
compte sept points de retard sur le
Montenegro ». Mais encore ? « Le
reste, je le garde pour moi. » Sousentendu :
« Que
puis-je bien penser et dire d’une
équipe de pieds
carrés ? » Et de
toute façon « la Suisse, compte tenu
de son potentiel, ne sera jamais que
la Suisse ».
Alexandre le Grand a commencé à Begnins pour aller jouer en
France, puis en Allemagne, avant
de rejoindre sa ville natale de Bâle.
Et là, compte tenu du potentiel
(bis) du championnat suisse, il
lui arrive encore de marquer. Habile recyclage pour un gars qui
confesse : « Si je n’avais pas réussi,
j’aurais probablement travaillé dans
la comptabilité .» Une autre manière d’aligner les zéros ?
Roger Jaunin
Droite suisse et atome Avant les éoliennes, les girouettes
Bulgare
terminus La Nati patine dans le yoghourt
Pruneaux de Damas Les salades d’El-Assad
lassent
Rires jaunes Les Japonais victimes d’un poison d’avril