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ul Le se deux à d canar es qui ball e que ût ne co cs ! 3 fran Jumelles Lâchez les chiens ! p. 2 Valais Bisse bille à Sierre p. 4 Neuchâtel Philip Morris se fait enfumer p. 7 Tête de Truc Alex Frei, plutôt rance p. 16 Fukushima Nos adresses gourmandes p. 17 « Il est plus difficile de bien faire l’amour que de faire la guerre. » [Ninon de Lenclos] VENDREDI 25 MARS 2011 No 55 Fr. 3.– / Abonnement annuel Fr. 140.– www.vigousse.ch JAA CH–1025 Saint-Sulpice PP/Journal AVS garantie pour les 15 prochaines années. Séisme non compris. 2 C’est Rubrique pas pour dire ! Knut toujours ! Pierrick Destraz I l fut un temps où le décès prématuré de l’ours Knut, le Justin Bieber des plantigrades, aurait fait la une de tous nos journaux jusqu’à l’indigestion. Un temps où même les pages économie et sports de vos magazines préférés auraient cédé leurs places à des posters de l’ours populaire le plus polaire au monde (ou le contraire…). Un temps où les plus respectés et les plus inspirés des rédacteurs en chef de la presse helvétique auraient mouillé leur chemise pour pondre un édito sur la tragédie knutienne berlinoise. Un temps où la Migros aurait sorti une série de pin’s collectors à l’effigie de la boule de poils prématurément disparue (disponibles aux caisses uniquement les samedis impairs entre 16 h et 16 h 30, à partir de 820.– d’achat). Un temps où les boutiques Beate Uhse auraient proposé des déguisements de nounours polaires sado-maso pour les couples en manque de sensations fortes. Malheureusement, ce temps est révolu. Il y a des signes qui ne trompent pas. Si le décès de Knut ne fait pas plus de bruit que ça dans les médias, c’est que l’heure est grave. Très grave. Tous les regards sont désormais tournés vers l’Orient plus ou moins proche. La Libye et le Japon monopolisent l’attention. Et personne n’a plus que faire des faits divers du zoo de Berlin, ni de ceux d’ailleurs d’ailleurs… Pour peu qu’une centrale nucléaire explose ou qu’un pays riche en pétrole s’embrase, ce qui émeut un jour tombe le lendemain au plus bas de l’échelle humaine des gravités. C’est triste à dire, mais vivement que recommence le temps des chiens écrasés, des femmes battues, des fonctionnaires suicidaires, des vieux qui meurent de chaud et des enlèvements d’enfants. Ça sent l’arnaque à pleine truffe Faux flair Un brave chien saint-hubert œuvre à la recherche des « jumelles disparues » ; la presse de caniveau renifle le bon coup et agite la queue, mais il y a un os. M algré une actualité cataclysmique, l’émotion suscitée par la disparition d’Alissia et Livia ne faiblit pas. Sont-elles encore vivantes ? Rien ne semble l’indiquer. Les enquêteurs tentent toujours d’établir l’équipée du père sur la base d’indices et de témoignages décousus. Mais il y a pourtant du solide : la présence des filles à Genève le 30 janvier a été « confirmée » (par Le Matin.ch, Le Matin et 20 Minutes, 17.03.11). Comment ? Un chien saint-hubert, accompagné d’enquêteurs professionnels, « a signalé des éléments qui concordent avec les deux témoignages connus ». On apprend donc que « le chien a pu marquer des éléments positifs qui vont dans le sens des deux témoignages rendus publics le 7 mars ». Comment les fins limiers s’y sontils pris ? On l’ignore, mais on espère qu’ils ne se sont pas contentés de chercher des éléments allant dans le sens de leur hypothèse. Car une étude récente a montré que les chiens spécialisés dans la détection d’odeurs sont très sensibles aux croyances de leur maître. Dans une expérience un peu méchante, les chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont demandé à des équipes qui détectent les drogues et les explosifs de chercher ce genre de substances dans une chambre aménagée pour l’occasion. Mais il n’y avait ni drogues, ni explosifs... La seule trouvaille, c’est que les chiens se sont précipités sur les « cibles » qui avaient été indiquées aux maîtres comme renfermant des substances illicites. Autrement dit, les chiens font tout pour plaire à leurs bons maîtres et sont hypersensibles aux indices signalant leurs désirs, même si ceux-ci sont inconscients. En attendant, il se pourrait bien que les jumelles soient passées par Genève le 30 janvier. Mais pour « confirmer » cette hypothèse, il vaut mieux utiliser des maîtres qui ne savent pas déjà ce qu’il faut chercher et où il faut le trouver. Vigousse vendredi 25 mars 2011 Le Bochuz de notre drame Château de cartes François Légeret est à nouveau au centre d’une embrouille : il pourrait être faux que les faux des EPO soient des faux, mais il faut que nos institutions travaillent comme il faut. « L e dirlo des EPO fait des faux ! » titrait Vigousse du 11 mars. En cause, des documents qui démontraient que, lors d’une enquête disciplinaire contre « l’assassin et meurtrier de sa mère, d’une amie de celle-ci et de sa sœur », le directeur des EPO, Sébastien Aeby, avait produit sur les même faits trois « rapports d’enquête » datés du même 19 novembre 2010, mais qui bizarrement présentaient des versions et des signatures différentes. Lequel de ces documents est finalement parvenu à l’Office d’exécution des peines et éventuellement à la JAP, la juge qui applique et contrôle lesdites peines ? Selon François Légeret et son avocat Me Assaël, c’est la pièce la plus défavorable au condamné qui a été jointe au dossier. Et c’est en contrôlant tous les documents qu’ils ont flairé l’embrouille malveillante. Ils ont déposé plainte d’autant que bien d’autres fautes légales et réglementaires entachent la mise au cachot de Légeret et son transfert à la Stampa de Lugano. Un beau merdier donc, que ne conteste pas le Département de l’intérieur du canton de Vaud. Son patron Philippe Leuba a remonté les bretelles du directeur de la prison, Sébastien Aeby, lequel avoue s’être montré « maladroit » en n’établissant pas ces trois rapports avec la rigueur voulue. Et surtout en ne changeant pas les dates des documents, qui s’étalent entre le 19 et le 25 novembre. Reçu au Château, siège du Gouvernement La geôle de l'emploi vaudois, Vigousse a rencontré Monsieur Aeby. Celui-ci a réussi à convaincre le Conseil d’Etat qu’il n’avait pas la volonté de nuire à François Légeret, « traité comme tout autre détenu ». On veut bien le croire. Techniquement, si l’on présente les rapports dans l’ordre inverse de celui que François Lé- geret a inventorié, la théorie de la « maladresse simple » se tient. Mais à défaut de datage précis, les doutes subsistent... D’autant que d’autres pièces de l’enquête menée aux EPO contre Légeret souffrent également de troublants « changements » dans les énoncés. A ce stade de l’enquête et des pro- cédures, Vigousse ne peut conclure dans un sens ou dans un autre. Mais il peut constater une authentique chienlit et se demander quelles nouvelles surprises l’affaire Légeret va nous offrir ! Patrick Nordmann Sebastian Dieguez Lit, L, Schweitzer JB, Oberbauer AM (sous presse). Handler beliefs affect scent detection dog outcomes. Animal Cognition. Le petit Vigousse de la langue française Vigousse Sàrl, Rue du Simplon 34, CH-1006 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected] Tél. +41 21 612 02 50 > Fax +41 21 601 11 75 > Directeur rédacteur en chef : Barrigue > Rédacteurs en chef adjoints : Laurent Flutsch & Patrick Nordmann > Chef d’édition : Roger Jaunin > Secrétaire de rédaction : Monique Reboh > Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 695 95 81 > Publicité : Inédit Publications, Jordils 40, CH-1025 Saint-Sulpice [email protected] > Layout et production : www.unigraf.com > Imprimé en Suisse chez Courvoisier-Attinger SA/Bienne > Tirage : 15 000 ex. 3 Un nouveau sponsor pour Solar Impulse. Piccard est sur « La Liste de Schindler ». Faits divers et variés Chien [Sj*] n. m. Mammifère à odorat développé, rapide à la course, dont l’homme s’est fait un compagnon de vie, de loisirs ou de travail. Mon chien, c’est mon meilleur ami. Il sait ce que je ressens au fond de moi et il comprend absolument tout ce que j’ai dans la tête. (Paris Hilton). ♦ Syn. Bête à poil. Bahreïn : une répression sanglante made in Switzerland Petit commerce On l’avait prédit, voilà qui est fait : à Manama, la Suisse a tiré dans la foule par procuration. C omme on le narrait ici il y a 3 semaines déjà (Vigousse, 04.03.2011), notre vertueux Conseil fédéral jurait en 2008 de ne plus tolérer la vente de jouets militaires aux méchants régimes bafouant les droits humains ; et autorisait en 2010 des exportations d’armes vers le Bahreïn (3,4 millions de francs) et l’Arabie Saoudite (132,6 millions). Or, depuis 10 jours, ces deux excellents clients ont montré tout le cas qu’ils font des droits de l’homme. Avec le renfort de 1000 soldats saoudiens débarqués tout exprès, l’armée du Bahreïn a lancé contre les manifestants « un nettoyage d’une extrême brutalité. L’ONU a d’ailleurs dénoncé les excès des troupes qui ont forcé la porte des hôpitaux et des centres de soins, où des manifestants blessés la veille ont pu trouver refuge » (RFI, 17.03.11). Le régime a décrété la loi martiale, le couvre-feu et l’ouverture de la chasse aux opposants. Arrestations musclées, passages à tabac, attaques d’ambulances et autres exactions se multiplient, entre deux séances de tir dans le tas. Les funérailles des victimes font ellesmêmes l’objet d’attaques ciblées. Et ce n’est pas fini. Parmi les petites emplettes suisses du Bahreïn en 2010 figurent des armes individuelles, qui doivent faire des étincelles en ce moment. Pour mémoire, le conseiller fédéral Schneider-Ammann déclarait le 26 février dernier : « Je ne crois pas que nous devions avoir mauvaise conscience. » Ça ressemble de plus en plus à une perle, comme la place du même nom. Laurent Flutsch Vigousse vendredi 25 mars 2011 4 McDo : chiffre d’affaires en hausse, consommateurs obèses. Rubrique Faits divers et variés Bisse repetita Le Parlement cherche les chercheurs Bourré d'éthique En Suisse, la recherche se doit de « respecter la dignité humaine ». Et Didier Burkhalter se fait fort de faire respecter ce principe. Canal historique Le bisse urbain de Sierre n’en finit pas de faire des vagues. A Paris, François Mitterrand a eu sa Pyramide du Louvre et sa Grande Arche. A Sierre, le président libéral-radical François Genoud veut son bisse urbain. Le Conseil général a beau voter contre en 2009, Genoud ne fléchit pas : « C’est un préavis et non une décision formelle. La question mérite qu’on y réfléchisse encore », s’acharne-t-il dans le Journal de Sierre. Pour les PDC et l’Alliance de Gauche, c’est tout réfléchi. Il y a d’autres priorités financières qu’un canal reliant quatre fontaines en plein milieu de la ville. Devisée à 800 000 francs, la plaisanterie coûterait encore 94 000 balles par année en frais d’exploitation. Qui plus est, le machin ne serait pas écolo et pas assez sécurisé. Le verdict de juin 2009 était des plus limpides : 37 non contre 17 oui. Mais l’entêté François Genoud passa outre et commanda, aux frais du contribuable sierrois bien sûr, une jolie étude à 15 000 francs. En avril 2010, pour justifier son obstination, il brandit une pétition de 300 signataires lui demandant de ne pas abandonner le bisse. Le 23 février 2011, le serpent de mer ressurgit donc à l’ordre du jour du Conseil général. Les habituels opposants, plus quelques radicaux-libéraux, se levèrent pour Politique de caniveau PUB Conso ts & consor aller bouder au fond de la salle. Ils ne voulaient rien entendre, même pas rentrer en matière. « Ils sont très susceptibles », réagit François Genoud à la télévision régionale Canal 9. Et d’ajouter, faraud, que c’est avec « une pensée provocatrice que le débat doit s’instaurer ». Entre-temps, ô miracle, le devis du bisse urbain a fondu comme un flocon sous le fœhn : moins 60% ! Mais de droite comme de gauche, on rappelle que l’argent de la commune est assez peu soluble dans l’eau : la réfection de la piscine de Guillamo a coulé tous les budgets et il manque 50 000 francs pour retaper la fontaine, hors d’usage, à l’entrée de la ville. Nonobstant, le bisse et ses coûts seront examinés derechef par le Conseil général à l’automne 2012. Sierre, c’est la Cité du Soleil ; normal que son président agisse comme le Roy du même nom ! Pierre-Pascal Chanel L e Conseil national a approuvé le 10 mars la future loi relative à la recherche sur l’être humain. Il s’agit ainsi de placer des « garde-fous » à la recherche, de s’assurer qu’elle soit « pertinente » au plan scientifique et qu’elle « respecte la dignité humaine ». Il était en effet urgentissime de remettre nos savants dans le droit chemin, même s’il est difficile de trouver dans les 30 dernières années un seul exemple de recherche scientifique en Suisse qui n’aurait pas respecté la « dignité humaine ». Au moins la loi permet-elle de rappeler aux chercheurs que le plus sûr moyen de trouver des fonds et d’avancer dans leur carrière n’est pas de mener des recherches n’ayant aucune « pertinence ». Des fois que nos universités formeraient de parfaits imbéciles. Du reste, il était probablement indispensable d’ajouter un tel article constitutionnel en plus des Codes de Nuremberg (1947), de la Déclaration d’Helsinki (révisée six fois depuis 1964) et des innombrables obstacles administratifs et autres commissions d’éthique auxquels les scientifiques doivent déjà faire face avant de pouvoir faire leur boulot. Il est en outre rassurant de savoir que le maître d’œuvre de cette nouvelle loi n’est autre que Didier Burkhalter, l’homme qui a voulu que l’homéopathie et l’acu- Vincent 5 Dioxyde de titane, nocivité titanesque Poison en pot Le dioxyde de titane est une dangereuse saloperie dont on se tartine et qu’on ingurgite en toute ignorance. S puncture soient remboursées par l’assurance de base, mais plus les lunettes. Un politicien qui connaît donc par cœur la notion de « pertinence » en matière scientifique *. Tout cela est parfaitement justifié, car qui peut faire confiance à des chercheurs qui consacrent leur vie à la connaissance et gagnent moins que la plus inepte des esthéticiennes ? Et qui d’autre mérite à ce point d’être ainsi fliqué jusque dans la Constitution ? Faudraitil étendre la loi aux journalistes, aux curés, aux patrons, aux publicitaires, aux collectionneurs d’armes ou aux politiciens ? Bien sûr que non, voyons : tous ceux-là, c’est évident, sont suffisamment adultes pour être capables de ne se limiter d’eux-mêmes qu’aux actions respectueuses de la « dignité humaine » et aux décisions d’une irréprochable « pertinence ». Non ? Sebastian Dieguez * Détail amusant : il est prouvé que les lunettes corrigent la vue plus efficacement qu’un placebo. ous sa forme nanométrique, le dioxyde de titane (TiO2 pour les intimes) entre dans la composition de nombreux cosmétiques (dont des crèmes solaires), de dentifrices, de colorants alimentaires, de médicaments ou encore de pigments pour peinture. Or, selon des recherches récentes, menées notamment à l’Université de Lausanne, cette substance serait aussi toxique que l’amiante. Comme le souligne l’auteur principal de l’étude lausannoise, le professeur Jürg Tschopp, les nanoparticules de dioxyde de titane ont « un effet pro-inflammatoire sur les poumons et le péritoine comme l’amiante et la silice » et sont potentiellement cancérogènes. Donc mortelles. L’étude précise que « l’amiante et le nano-TiO2 sont vraiment similaires et ont la même puissance ». Avant d’ajouter: « Nos données suggèrent que le nano-TiO2 devrait être utilisé avec une plus grande prudence qu’il ne l’est actuellement. » De fait, s’il n’existe pas encore de données suffisantes quant aux effets néfastes d’une absorption par voie cutanée ou alimentaire, l’ingestion par voie respiratoire est très préoccupante. Et le TiO2 pourrait se révéler être une véritable bombe à retardement. Quelles précautions faut-il donc prendre ? C’est bien le nœud du problème. Comme le relève Jürg Tschopp, tout est désormais « une question politique » et « il y a déjà des commissions dans plusieurs pays qui réfléchissent à des mesures ». Le hic, rappelle-t-il, c’est que de tels appels à la prudence avaient été lancés à propos de l’amiante, mais qu’il a tout de même « fallu presque 100 ans et d’innombrables décès jusqu’à ce que l’amiante soit banni ». Allez, soyons optimistes : cette foisci, il suffira peut-être de 50 ans ! Anne Monmarché Vigousse vendredi 25 mars 2011 Vigousse vendredi 25 mars 2011 6 Rubrique Faits divers et variés Des hommes toutes belles Ils le valent aussi bien Les traitements minceur prennent aussi les hommes pour des gourdes. M aintenant que le mâle est aussi soucieux de son apparence que la plus égocentrée des pouffes à frange, les crèmes « miracle » pour hommes envahissent la réclame et les rayons des magasins. Ainsi la nouvelle pommade Somatoline promet-elle un ventre aminci et musclé, sans le moindre effort : il n’y a qu’à s’en tartiner la brioche avant de dormir. Le distributeur met le paquet : une campagne de pub massive, des couleurs qui évoquent la salle d’opération, un prix très élevé pour faire scientifique (c’est cher donc, c’est sérieux) et un slogan simpliste : « Ça fonctionne. » Bref, les bedonnants complexés, qui représentent une grosse part de marché, se précipitent pour acheter ce produit révolutionnaire en PUB croyant dur comme fer que ça va marcher à coup sûr. Hélas : le produit antiventre, c’est du bidon. Il suffit de savoir lire la notice jusqu’au bout : « La circonférence de votre ventre se réduit de 2 cm en 4 semaines * », dit-elle ; et l’astérisque renvoie à une note en tout petit : « Résultat moyen obtenu sur 36 hommes testés. Action cosmétique qui ne comporte pas de perte de poids. » Moins de 40 cobayes et un résultat « moyen » sans perte de poids, voilà des 7 Maître Capello rejoint l’orthographe dans la tombe. données tout ce qu’il y a de scientifiques ! De quoi refroidir sec l’enthousiasme des consommateurs. Par ailleurs, les pigeons qui en sont à leur deuxième mois d’utilisation quotidienne gueulent sur internet que rien ne change. A voir la recette de la pommade, rien d’étonnant : on y trouve de la caféine, des algues marines et un arbuste brésilien, ainsi que de la cabromine. Bon, la cabromine, au moins, ça fait sérieux. Sauf qu’il s’agit bêtement d’extrait de cacao. En gros donc, il y a dans le Somatoline Homme de quoi se faire un casse-croûte. Mais pas de quoi obtenir des abdos en plaque de chocolat. Jonas Schneiter Quel cinéma ! L Tourner autour de l’impôt Appât du vain Alléché par l’annonce d’avantages fiscaux, Philip Morris* s’est très vite installé à Neuchâtel. Mais la votation du 3 avril risque de griller le cigarettier. L es taux d’imposition pratiqués en Suisse sont fort intéressants pour les entreprises étrangères, chacun le sait. Il y a des cantons qui détiennent la palme du paradis fiscal, comme Obwald, Schwyz et Zoug. Mais il y a toujours des envieux. Ainsi Neuchâtel tente en 2010, à l’aide d’un projet de loi, une échappée pour rejoindre le trio de tête : « Le Conseil d’Etat propose d’abaisser de manière significative l’impôt sur le capital des sociétés holdings et de réduire de moitié et par étape le taux de l’impôt sur le bénéfice des personnes morales, soit de 10% à 5% entre 2011 et 2016. » (Présentation du projet du Conseil d’Etat au Grand Conseil, 29.04.10). A peine 3 mois plus tard, Philip Morris International Holding quitte donc le paradis de Zoug pour installer son siège de production à Neuchâtel, qui s’annonce encore plus paradisiaque. Pourtant le cigarettier prend des risques, car, comme l’explique le député vert Laurent Debrot, « la loi n’est alors qu’un projet tout frais sur le bureau des députés. Mais qu’à cela ne tienne, les premiers sont les mieux servis. Comme la loi en discussion semble être rétroactive au 1er janvier 2010, chaque jour compte. Et la holding, au capital actions de 10 milliards, paie bon an mal an 310 000 fr. d’impôts à Zoug alors qu’à Neuchâtel le Conseil d’Etat lui prépare un nid douillet pour 100 000 fr. par an ». Le risque semble donc valoir largement la chandelle. Le 1er septembre 2010, la loi est ap- Achetez un paquet fiscal ! prouvée au Grand Conseil neuchâtelois par 99 voix sur 115. De quoi réjouir Philip Morris… Mais la victoire est de courte durée : le peuple neuchâtelois gronde et s’oppose, par voie de référendum, à la révision de la fiscalité des entreprises. Le 3 avril prochain donc, les citoyens vont décider du sort de Philip Morris : la holding devrat-elle payer 100 000 francs ou 10 millions de francs d’impôts par année ? Réponse sous peu. Mais si les Neuchâtelois rejettent la révision, on imagine déjà le cigarettier repartir à Zoug la queue entre les jambes, avec plus de 7 millions à verser au fisc de Neuchâtel. En regrettant amèrement d’avoir tenté ce coup fumeux ! Alinda Dufey *nom connu de la rédaction a jeunesse helvète, a priori, est entre de bonnes mains : les commissions du cinéma fixent un âge légal pour chaque film qui sort sur le territoire. Le problème, c’est qu’il y en a une au Tessin, une en Suisse romande (harmonisée entre Genève et Vaud) et trois en Suisse alémanique ! En 2010, 87 films ont ainsi été visionnés à la fois par la Commission romande et par la Commission zurichoise. Résultat, des émoluments payés à double par les distributeurs, sans parler des décisions contradictoires pour un même film… Devant cette situation kafkaïenne, la CCDJP (Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et de police) a rédigé une convention en vue de créer, dès juillet 2011, une « Commission nationale du film et de la protection des mineurs ». Petit hic, ce machin est d’inspiration très teutonne. Il suit le modèle allemand, où c’est une instance privée qui traite les films arrivant sur le marché. Critères économiques Audience en correctionnelle dans un Tribunal d’arrondissement. Noms fictifs, mais personnages réels et dialogues authentiques. B « Moi, on m’a donné ma chance... » randon, 21 ans, comparaît pour avoir rué de coups et détroussé un jeune homme à l’aide d’un complice. – Avez-vous quelque chose à déclarer avant qu’on commence ? demande le président. Le prévenu, manifestement fan de hip-hop et de séries américaines qui finissent bien, se lève et entame une espèce de slam : – Aujourd’hui j’ai 21 ans, une autre perspective de la vie, j’ai changé et je cherche à m’intégrer... – Et de quoi vivez-vous ? – Ben… c’est dur… – Oui mais c’est nous qui payons, vous savez ça ? Bon, donnez-nous votre version des faits. – Ce matin-là, on était dans la rue, on buvait des bières quand on est tombé sur Michaël ici présent. On a commencé à discuter et je me sentais près de devenir ami avec lui. Mais mon copain Titus a commencé à l’attaquer et j’ai tenté de les séparer. Il regarde le plaignant, la main sur le cœur : – Vrai ! J’ai bien vu que tu étais dans la difficulté ! Mais Titus a gueulé, il m’a dit : « Prends son portemonnaie ! » Il baisse la tête, penaud, et dit au plaignant d’une voix douce : – Mais je ne comprends pas pourquoi tu dis qu’on t’a sauté dessus… Au début, on s’entendait bien ! – C’est strictement vrai, ce que Brandon vient de dire, concède le plaignant. Il n’était pas du tout agressif et moi-même… j’étais assez alcoolisé. – Mais vous avez été agressé quand même ! Vous maintenez votre plainte ? – Non. Toute la Cour se tourne vers lui. Je décide de la retirer. Moi, on m’a donné ma chance… Pourquoi je ne lui donnerais pas sa chance, à lui aussi ? – C’est tout à votre honneur, lance le juge entre ses dents. Vous pouvez disposer. – Attendez ! crie Michaël. – Qu’est ce qu’il y a ? demande le magistrat exaspéré. – Est-ce que vous pouvez me laisser lui serrer la main ? – Mais oui, mais bien sûr, évidemment ! On va faire comme ça ! Les deux jeunes se retrouvent au centre de la salle et se serrent dans les bras. Brandon tape sur son cœur avec son poing et regarde, les yeux mouillés, partir l’ex-plaignant. Ne manquent que les violons. Milou Les Romands, chez qui le contrôle des âges est jusqu’ici dévolu à des professionnels de la jeunesse, y voient un gros problème éthique. D’autant que le secrétariat de la future commission nationale serait délégué à Pro Cinéma, l’Association suisse des exploitants et distributeurs de films : « On peut évidemment craindre que les critères des distributeurs soient essentiellement économiques », s’alarment les Welsches dans une pétition. Motif supplémentaire à la grogne romande, les Suisses alémaniques tendent à imposer leurs vues en usant de méthodes plutôt cavalières, voire agressives : « Personne ne voulait adhérer, mais ils ont réussi à faire signer en catimini le conseiller d’Etat sortant à Genève, Charles Baer », râle un Romand. Pire, l’irréductible canton de Vaud serait soumis à des « pressions » insistantes. Mais pourquoi s’affoler ? La commission nationale sera composée de 5 Romands, 5 Tessinois et 20 Alémaniques. Une belle volonté d’hégémo… euh... d’harmonisation ! Vigousse vendredi 25 mars 2011 Milou Vigousse vendredi 25 mars 2011 8 Traits percutants Payez-vous un dessinateur : [email protected] L’ex-président israélien condamné à sept ans de prison pour viol de territoires non conquis. 9 Laurent Gbagbo Vigousse vendredi 25 mars 2011 Vigousse vendredi 25 mars 2011 10 Göldi en chie un Max ! Eloge de la mutation Pitch L cesse plus déchaînée. Notre unique chance de salut réside dans la mutation artificielle générée par les isotopes radioactifs. Les radiations, avec leurs petits doigts habiles et crochus, peuvent détricoter nos brins d’ADN et les recombiner pour nous rendre plus forts, mieux adaptés à la nouvelle donne planétaire. L’eau des océans monte, les tsunamis redoublent? Le mutant n’en a cure, car grâce au plutonium il est doté de branchies et de nageoires. Les volcans vomissent lave et nuées ardentes? Le mutant s’en lave les mains, car l’uranium a rendu sa peau ignifugée. La Terre est réduite en poussière par un séisme de 15 sur l’échelle de Richter? Le mutant s’en beurre le cul et affiche un petit sourire satisfait, car Les mutants votent UDC Les vieux sont cons Michel, 44 ans Malabar mal barré Monsieur Malabar s’est fait virer. C’est un horrible scandale ! Depuis que je suis tout petit, je mâchouille ces énormes chiclettes mi-goûts avec un côté rose et un côté jaune en regardant la tête de ce mec tellement classe et si joliment musclé. L’autre jour, en allant au kiosque avec mon meilleur pote à la pause du matin, je n’ai pas trouvé mes chewing-gums de beau gosse. Mais attends, mec, ils ont remplacé un gars si cool par un chat avec des lunettes. C’est quoi, ce bordel ? On est censé s’identifier à un félin qui porte une cravate jaune totalement has been et qui a un sourire de naze ? Faut pas s’étonner que nous les jeunes, on pète un câble. Si ces vieux cons d’industriels ne nous rendent pas notre vrai Malabar original, on va faire un scandale avec tous les collègues du bureau ! Vigousse vendredi 25 mars 2011 grâce aux bienfaits du strontium 90 il est parfaitement à son aise dans le vide intersidéral. Cette technique de survie par évolution forcée, que nous appellerons le «darwinisme radioactif», néces- site tout de même un minimum de précautions. Il faut rester raisonnable avec les dosages afin d’obtenir la mutation désirée et non, entre autres désagréments possibles, la destruction du système nerveux central. Le darwinisme radioactif est également déconseillé aux petites natures qui attrapent facilement le cancer. Moi, par exemple, qui suis un darwiniste radioactif de la première heure, cela fait belle lurette que j’ai déménagé à côté d’une centrale. J’ai déjà des écailles qui me poussent sur les fesses. Je ne sais pas encore à quoi ça me servira lors d’une catastrophe, mais en tout cas ça fait sensation sur les plages nudistes où je passe mes vacances. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine s e l i c a f s r i s i a l p Petits Il n’est pas toujours aisé de faire chier les grands de ce monde. Essayons donc avec les petits. Aujourd’hui : un Japonais (pour autant qu’on en ait envie). Le Japonais est travailleur par essence. Il déteste le désœuvrement au plus haut point. La paresse le constipe (pour un mangeur de riz c’est ballot) et l’oisiveté le hérisse malgré l’absence presque totale de poils sur son corps (sauf là où se trouvent habituellement des touffes chez l’être humain). Quant au mot vacances, il ne figure même pas dans son dictionnaire de trime. Vous l’avez bien compris, il est inutile de donner le moindre fil à retordre professionnel à un Djap’ (comme disent les Yankees dans les films pour gagner du temps), car il le maîtrisera. Non, au contraire, pour faire chier un Japonais avec force, il suffit de l’empêcher de turbiner. Comment ? C’est une bonne question et je me targue d’y répondre ! Ne lui cassez surtout pas les jambes, il serait capable d’aller bosser quand même. Détruisez simplement son lieu de travail et tous les Mammaires déceptions A La vie selon le professeur Junge Cette semaine : pourquoi les radiations sont bénéfiques pour l’avenir de l’humanité. e monde entier a les yeux braqués sur le Japon dans la crainte que des doses massives de radiations ne s’échappent de la centrale de Fukushima. Voilà qui est vraiment idiot. La radioactivité est au contraire une bénédiction à même de sauver l’humanité. En effet, depuis son apparition il y a quelques dizaines de milliers d’années, l’homo sapiens n’a pratiquement pas changé, piégé dans un culde-sac évolutif. La raison en est que l’homme a cessé de s’adapter à son environnement pour, à la place, le modifier à sa convenance. Du coup, à la moindre contrariété (ouragan, inondation, fin du monde), l’homme moderne, rabougri dans son confort, a tendance à défunter bêtement. Notre espèce dégénérée n’étant plus capable d’évoluer par ellemême, elle risque de perdre le combat contre une nature sans 11 Un curé annonce qu’il est papa. Attention, un père peut en cacher un autre. Bien profond dans l’actu ! moyens qu’il pourrait emprunter pour y accéder. Attention : à moins que vous ne soyez Japonais vous-même, faire chier un Japonais de la sorte pourrait vous prendre plusieurs mois, voire plusieurs années d’un travail à plein temps et à plusieurs. Mais le résultat est garanti. Le Japonais, coupé de sa raison de vivre la plus chère, finira par arrêter de respirer dans un délai allant de un à plusieurs jours environ. L’avantage : sa dépouille sera invisible et inodore. Le désavantage : les cours de la bourse risquent de chuter. Tonton Pierrick La semaine prochaine : comment faire chier les vieilles. u secours ! Malheureux du monde entier, vous que tout accable, venez vite vous réfugier sous la bannière de Max Göldi ! Il vous protégera, cet homme, car il a été désigné par le Ciel, la Confédération et l’entreprise ABB pour tout recevoir dans la gueule. Il fut l’otage emblématique de la Suisse pendant 2 ans dans les geôles de Kadhafi. Il subit la terrible épreuve de revenir en Suisse en compagnie de Calmy-Rey. Et voici, Mesdames et Messieurs, que le sort, une fois de plus, s’acharne contre lui : il est prisonnier au Japon de son patron ABB qui ne veut pas qu’il soit libéré des miasmes atomiques ! Admettez qu’à part Jésus on n’a jamais vu un tel martyr ! Cet homme est maudit. Où qu’il passe, quoi qu’il fasse, le malheur fond sur lui comme une glace dégoulinante. Alors, suivez Max Göldi et vous serez sauvé ! Quelle que soit la calamité qui s’abattra sur Terre, il sera là pour se la goinfrer ! Vous prévoyez un picnic printanier ? C’est Max qui ramassera le retour de flamme Les P our freiner l’augmentation du coût de la santé en Suisse, des membres zurichois de l’UDC ont enfin trouvé LA solution : faire des coupes dans l’assurance de base des femmes. Car il est scientifiquement prouvé que les femelles ont la santé d’un syphilitique asthmatique en phase terminale. Pire, elles courent chez le médecin au moindre petit bobo. Ces bonnes femmes trop douillettes coûtent beaucoup trop cher. Il faut donc leur serrer la vis médicale ! Les géniaux auteurs de cette proposition vont jusqu’à énumérer les prestations qu’il s’agit de biffer de l’assurance de base : les « bagatelles » comme le stress ou les refroidissements, les césariennes planifiées, les avortements, ainsi que les mammographies pour les femmes en bonne santé. Toutes des s... du barbecue. Vous décidez d’aller skier ? Max sera le premier à passer sous la coulée de neige. Votre conjoint pète les plombs ? Max les prendra dans le poitrail. Max Göldi est le Héros de l’Armageddon qui nous tend les bras. Où que se produise le prochain désastre, Max y sera ! Merci à lui. Et gloire à notre nouveau Winkelried ! Patrick Nordmann rèves Passé par le Hublot ! « Hublot se mobilise pour le Japon. » Quoi de plus généreux ? La fabrique de montres de luxe de l’armailli Jean-Claude Biver fait très fort. Alors que les autres grosses boîtes industrielles envoient des dizaines de millions à nos « amis japonais », Hublot communique : « Pour chaque franc versé via Hublot.com, Hublot double le don. » Impeccable : vous versez 10 balles, Hublot en envoie 20. Petit problème tout de même. Si les concurrents horlogers de la firme s’avisaient de mettre, allez, 100 millions sur le compte Hublot, Jean-Claude Biver serait obligé d’envoyer le double au Japon. Et ferait faillite ! « Il est bon d’être charitable ; mais envers qui ? » disait ce bon Jean de La Fontaine. Le zoo de Berlin (Allemagne), Thomas Dörflein son soigneur, la presse mondiale, Peter Rothenbühler, Ariane Dayer et toute la rédaction du Matin, du Matin Dimanche, de 20 Minutes à Lausanne (Suisse) ont la profonde douleur de faire part du décès de KNUT ours blanc qui s’est endormi à tout jamais le 19 mars 2011, suite à un tragique accident dans sa piscine. Livré en pâture à tous les médias en mal d’informations sans intérêt, Knut a supporté avec vaillance les innombrables imbécillités qui ont été écrites à son sujet. La famille exprime le souhait de ne recevoir ni fleurs ni couronnes ; on peut adresser des harengs au zoo de Berlin. « Je ne suis pas Knut. Je suis la somme de vos angoisses. Le labyrinthe désarticulé des brisures de votre miroir. » (Ariane Dayer, in « Le Matin ») C’est vrai, ça. Il est grand temps que toutes ces Marie-couche-toi-là qui n’assument pas leurs grossesses et toutes ces geignardes irréfléchies qui craignent les légères douleurs de l’enfantement retrouvent le droit chemin. Qu’elles pondent en série, sans choix possible, accroupies dans la cuisine, avant de repartir illico au labeur, ramasser le foin et traire les chèvres. L’éclatante logique des brillants UDC zurichois atteint le firmament de l’intelligence avec les mammographies : à quoi bon la prévention du cancer du sein ? Il est infiniment plus sensé de se préoccuper de la maladie lorsqu’elle est déclarée et qu’elle a déjà fait quelques ravages ! Bien évidemment, si en Suisse le taux de mortalité par cancer du sein a diminué de 23% au cours des 20 dernières années, ça n’a strictement rien à voir avec le fait que les contrôles annuels préviennent plus efficacement les risques. Pour les éminents experts de l’UDC, mieux vaut donc guérir que prévenir, quitte à payer davantage ensuite. En tout cas pour les femmes. Une telle démonstration de sagacité subtile mérite d’être saluée. Et une telle preuve de considération envers les femmes, ça nous réchauffe l’organe qui se trouve derrière le sein gauche. Alinda Dufey Vigousse vendredi 25 mars 2011 12 La preuve par Flutsch ins Les copoard d'ab « L PUB tude du corps humain à la crucifixion, dénonce le scandale du lapin en chocolat, décortique l’impact psychologique du feu rouge, explique le sens religieux de l’éternuement, montre l’influence de la rotation terrestre sur le morse, s’insurge contre les orteils et les endives. Le tout ponctué de preuves parfaitement irréfutables. Non sans citer Spinoza, pour qui « judicieusement insérée dans le discours, une citation, ça fait toujours bien ». En images pince-sans-rire et en voir « DVD »o, ir ou rev … L’art à l’eau Cirque conférence C’est un fait, les oursins s’ennuient. Pour le public, c’est exactement le contraire. a preuve par la pieuvre » : une éclatante démonstration de l’existence de Dieu par un dénommé Laurent Flutsch. Malgré ce patronyme ridicule, l’homme a su se hisser dans les hautes sphères de la pensée moderne. Accueillons à bras ouverts ces sages qui prennent un peu de hauteur. Assister à la conférence de notre Flutsch sur « les ravages de l’ennui chez les oursins », c’est comprendre l’importance des raisonnements concrets. Dans la mouvance d’autres scientifiques de pointe tels Vialatte ou Desproges, Flutsch disserte sur une multitude de sujets hors sujet, vante l’apti- 13 Les folles machines de Mr. T Crimes des cols blancs en hausse, crimes des jeunes en baisse. Le voleur attend le nombre des années. Culture Rubrique et déconfiture Fig. 1. Croix pour pieuvre : étude de faisabilité. (Archives du Vatican, carton 71648-b). langage explosif, les arguments s’enchaînent avec ce délicieux détachement qui fait les vrais rigolos. La preuve, Flutsch est un vrai rigolo. CQFD. Milou Les Ravages de l’Ennui chez les Oursins, Laurent Flutsch, sur la scène du Musée romain de Lausanne-Vidy, les 31.03, 8, 9 et 15.04 à 20 h 30. Drôle de petite expo au Mudac à Lausanne, autour de l’inondation des réserves du musée en 2008. Un récit postdiluvien qui retrace le périple des œuvres dans la tourmente : celles qui ont flotté avant de se poser délicatement et miraculeusement au sol après la décrue, celles qui se sont brisées, celles qui ont été simplement salies, traumatisés légers en somme. Dans cette catastrophe à l’échelle de l’art, tous les moyens sont employés pour sauver les rescapés : histoires d’assurance, de restauration, de transports… Une expo intelligemment conçue qui résonne cruellement en ces jours d’apocalypse nipponne. Mais ce qui est bien avec l’art, c’est qu’on peut faire ressusciter les morts. Sauvés des Eaux, Mudac, Lausanne, jusqu’au 13.06.11. Chancelante plaidoirie I l n’y a pas que dans les tribunaux romands qu’on trouve des avocats bourrés : la réédition récente du film un peu oublié d’Henri Decoin, Les Inconnus dans la Maison (1941), en atteste. D’après un roman de Simenon adapté par Clouzot (qui s’en inspira un an plus tard pour Le Corbeau), ce petit bijou offre à Raimu l’un de ses plus grands rôles dans la rédemption de l’avocat alcoolique, thème éternel s’il en est. Le film a été interdit après la Libération pour cause d’antisémitisme suspecté, mais ce sont surtout les dialogues au scalpel, la charge contre les bourgeois hypocrites et l’avocat à la gnôle qu’on remarque. Et ça fait du bien par où ça passe. Michael Frei Karloff, films-cultes, rares et classiques, Lausanne. Les Inconnus dans la Maison, Henri Decoin, Studio Canal/Disques Office, version française, 100 minutes. L’anar pour l’art Vingt ans après la mort de Jean Tinguely, un documentaire trop conformiste l’achève. Q ue la vie du maître du mouvement ait été mouvementée peut paraître normal. Pourtant, la normalité, ce n’était pas son truc, à l’anar constructeur de farfelus mécanos, de sculptures arachnéennes, rigolotes et signifiantes, de totems gigantesques (Le Cyclope). Fidèle à son credo « tout est mouvement – l’immobilité n’existe pas », Jean Tinguely, génie de la ferraille, a bougé et fait bouger l’art, connu la faim, puis la gloire. L’art, l’utopie, les femmes: toujours libre, toujours à fond la caisse, comme ces bolides qu’il aimait conduire et aller voir sur les circuits. Cette liberté-là fait défaut à ce documentaire scolaire qui, malgré certaines archives inédites, manque de folie et reste avare sur les aspirations créatrices et les amours de l’artiste. A sa décharge, on notera que, côté témoignages, presque toute « la bande à Jeannot » manque à l’appel. Comme ses œuvres, les mots de Tinguely bougent encore : « Renoncez à établir sans cesse des « valeurs » qui finissent quand même par s’écrouler. Soyez libres, respirez ! Respirez profondément, vivez dans le présent, vivez à fond et avec votre – voire d’adultes – des thèmes aussi épineux que les différences et la tolérance. « Etait-il grand ou petit ? Blanc, noir ou gris… ? » se demande Mademoiselle en pensant à son futur amoureux. Le livre est agrémenté d’illustrations très réussies, d’une mise en page coquette et d’un CD sur lequel Franco Rau narre l’histoire avec rythme et vie. Un vrai conte sans fées, mais avec une bestiole ailée. Alinda Dufey Les Rocambolesques Aventures de Mademoiselle Coccinelle, Ariane et Franco Bérard Rau. Editions Le Cadratin, Vevey. www.lecadratin.ch. Brouillon de culture GRONDER Mise en scène pour la première fois, S’opposer à l’Orage, du Français Christophe Pellet, c’est des histoires d’humains qui habitent quelque part, et c’est du tonnerre. S’opposer à l’Orage par la Cie VoeffrayVouilloy, Pulloff Théâtre, Lausanne, du 29.03 au 17.04.11. Vigousse vendredi 25 mars 2011 ASSISTER Des croquis sur la faune qui hante les palais de justice : les dessins d’audience apportent une surprenante lumière sur de bien sombres affaires. Croqueurs d’audience. Sous les traits de la justice, Maison du Dessin de Presse à Morges, du 30.03 au 29.05.11, mercredi à dimanche de 14 à 18 h, entrée libre. Tinguely, documentaire de Thomas Thümena. Durée : 1 h 28. Sortie le 30 mars. Faa si la jeter ! Bon dieu de bêtes Une histoire avec un cheval blanc, une baleine chantante, une souris voleuse, un serpent musicien et, à la fin, une nouvelle espèce ! A Bertrand Lesarmes Des Cédés Une coccinelle qui fait dans la dentelle près s’être faite toute belle, Mademoiselle Coccinelle s’en va à la recherche de son Roi. Les prétendants sont nombreux : le puissant éléphant, le cheval à la chevelure de rêve, l’agile serpent... Mais l’héroïne tachetée a le caractère bien trempé, elle sait ce qu’elle veut et n’hésite pas à éconduire avec poigne ses soupirants : « Ce Roi-là, je ne l’aime pas ! Du balai ! » Finalement, celui qui fera battre son cœur pointera le bout de son museau ; s’ensuivra une succession de désopilantes aventures. Ce conte pour enfants est une vraie merveille. L’histoire, drôle et touchante, parvient à exposer gaiement à des yeux et des oreilles d’enfants temps. Pour une réalité belle et absolue ! » Pourquoi, aujourd’hui, ne pas y croire dur comme fer ? COMPARER Les œuvres anciennes et récentes du Genevois Charles de Montaigu révèlent les qualités graphiques de son univers jusqu’aux limites de l’abstraction. Trait trait bien. Charles de Montaigu : dessins, Cabinet d’arts graphiques des Musées d’art et d’histoire de Genève, jusqu’au 15.05.11. L’Avenir n’est plus comme avant, un titre de disque un peu prise de tête qui laisse songeur. Tout comme le nom, la musique et le look de l’artiste d’ailleurs. Comment dire ? Pris individuellement, tous les ingrédients de ce projet sorti lundi dernier en magasins pourraient donner quelque chose de vraiment super. Même les éléments qui constituent le visage de Pierre Faa pourraient faire un truc bien. Hélas, tels qu’ils sont organisés, ils font indubitablement penser à ce gars sympa de loin mais prétentieux et égocentré de près, qu’on a tous croisé au moins une fois dans nos vies. Mais, rassurez-vous, les fans d’Alain Chamfort et de l’orgue Bontempi y trouveront largement leur compte. Ceux qui aiment les chanteurs sans cordes vocales, la poésie sans rimes ni sens et la musique sans consistance seront comblés, c’est promis ! Un point positif tout de même : aucune obligation d’achat à l’écoute en magasin du disque de Pierre Faa. Et puis la pochette aussi : sympas les collages… Pierrick Destraz L’Avenir n’est plus comme avant. Pierre Faa. Distr. Disques Office. Vigousse vendredi 25 mars 2011 14 Bisbille en Libye. Sarkozy traité de petite frappe. Rubrique Rebuts de presse Tschopp respire encore ! Tout le monde était très inquiet sur le sort du directeur général adjoint de la SSR-SRG qui a totalement disparu de l’organigramme de la direction générale (Vigousse, 11.03.11). Eh bien, grâce au porteparole de la noble institution, nous voilà rassurés. Gérard Tschopp est toujours très actif à Berne et il a gardé son salaire de fonction. Il est désormais « responsable par intérim du secteur marché et qualité ». Et quand on demande en quoi cela consiste, on nous explique avec un fort accent alémanique que « Monsieur Tschopp s’occupe du marché et puis aussi de qualité. C’est très important et il a beaucoup de travail » ! Les mauvaises langues qui prétendent que cette haute fonction a tout l’air d’un placard ne sont que des malveillants. La vraie planque pour les anciens cadres hors de service, c’est directeur de la Chaîne du Bonheur. Le sera-t-il ? Courage, fuyons ! Dans sa chronique hebdomadaire, l’excellent Jean Ammann nous gratifie d’un billet martial des plus réjouissants (La Liberté, 19.03.11). Sous le titre « Les tigres n’ont pas de valises à roulettes », le journaliste revient sur le Temps présent consacré aux soldats suisses 2011. Le reportage montrait que nos pioupious ne sont plus que des mauviettes trop gâtées, dotées, entre autres, de valises à roulettes. C’est le terrible constat que faisait un ancien grenadier de montagne, regrettant le bon temps des marches forcées et des soldats aux bras noueux : « Je veux une armée de tigres intelligents, malins et forts ! » Jean Ammann l’admet : « On n’a jamais vu un tigre avec une valise à roulettes », mais cet insolent n’en conclut pas moins par un joyeux paradoxe : « Les seules fois où les armées ont joué sur les aptitudes sportives, c’est quand il a fallu détaler comme des lapins. Réclamer une armée d’athlètes, c’est prêcher le défaitisme. C’est une attitude indigne d’un ancien grenadier de montagne. » Et toc ! VIG...OUPS ! En raison d’un malencontreux incident survenu dans notre chaîne de distribution, une partie de nos abonnés a été douloureusement privée de Vigousse vendredi dernier et ne l’a reçu que le lendemain samedi. Merci à celles et ceux qui nous ont signalé la chose et nos excuses à tous pour ce regrettable retard. Le journal qui préfère les blondes « Elle est blonde, jeune et jolie ; elle vit en Suisse et se fait appeler Xenia. Ça vous rappelle quelqu’un ? Non, ce n’est pas la dauphine de Miss Suisse 2006, mais l’une des participantes à l’émission de TF1 « Carré ViiiP ». Voilà le scoop que le journal 20 Minutes expose en couverture de son numéro du 22 mars. Il est vrai qu’une blonde inconnue qui se fait passer pour une autre blonde inconnue dans une téléréalité pour demeurés profonds, c’est beaucoup plus important que ce qui se passe actuellement dans le monde. Double catastrophe Dépêche de l’Agence télégraphique suisse (21.03.11) largement reprise par la presse : sous le titre « Arrêt d’une centrale nucléaire en Suisse possible s’il y a danger », on apprend que « d’ici le 31 mars, les centrales doivent assurer qu’elles peuvent refroidir et protéger les piscines de stockage du combustible en cas d’un évènement combinant tremblement de terre et séisme ». Il est vrai que subir les deux à la fois, ce serait comme avoir de la pluie en plus d’une averse : on jouerait de malchance tout en manquant de pot. Profession : politicienne Le cahier des sports Dans un article intitulé « Karin Keller-Sutter, les clés d’un parcours sans faute », le journal Femina (20.03.11) retrace la fabuleuse carrière de la cheffe du Département de justice et police saint-galloise. Et la dame n’y va pas par quatre chemins en expliquant que pour elle il n’y a que l’efficacité qui compte et que « rien ne l’ennuie davantage que les réunions qui n’aboutissent à rien ». Et dire qu’elle briguait un poste au Conseil fédéral. Petite rêveuse, va ! Vengeance tardive « Kadhafi doit en être secoué… de rire. La Suisse veut juger les ravisseurs de deux de ses ressortissants, retenus sur le sol libyen pendant 2 ans en représailles de l’arrestation du fils Kadhafi dans son palace genevois en 2008. Berne montre désormais les crocs. Quel courage ! » (Marianne, 12-18.03.11). Merci, Marianne. Mass merdia La presse francaphone Balles à flan Partout dans le monde, le reportage sur la mort par balles d’un jeune Palestinien en septembre 2000 est considéré comme un faux. Sauf en France et en Suisse romande. Depuis plus de 10 ans, la chaîne de télévision France 2 et son correspondant en Israël, Charles Enderlin, maintiennent mordicus que les images du petit Mohamad tué par des « tirs israéliens » à Gaza sont véridiques. Le journaliste francoisraélien a même sorti en 2010 un bouquin intitulé Un Enfant est mort, où il tente de « laver son honneur » en fustigeant tous les salauds qui prétendent que cette séquence a été entièrement truquée par le cameraman de France 2, Talal Abu Rhamé. Sur les ondes de La Première, dans Médialogues, une auditrice a laissé la semaine dernière un message où elle s’étonnait de voir que la presse suisse romande n’a jamais démonté la supercherie alors que les médias alémaniques ne se sont pas privés de fustiger les bobards d’Enderlin. On imagine bien qu’en France, où l’art du mensonge est une vertu, les « professionnels de la profession », comme disait Godard, se tiennent tous par la barbichette et ne veulent pas dégommer un confrère. Mais en Suisse, pourquoi cette complaisance pour un grand reporter coincé dans une sale affaire ? L’argument qui invoque la difficulté de se faire une opinion ne tient pas une seconde. En quelques clics, tout un chacun peut trouver toutes les pièces à charge du dossier. Par exemple les images d’autres caméras sur les lieux des tirs entre Israéliens et Palestiniens et qui, elles, n’ont rien vu de la mort du gosse. On dé- A la bonne hauteur Bon, d’accord, le hockey sur glace autrichien ne plane pas à des hauteurs stratosphériques. Mais de là à imaginer jouer… sous la glace, il y a quelques coups de patin au cul qui se perdent. C’est pourtant ce « nouveau » sport que pratiquent avec assiduité quelques farfelus du côté d’Innsbruck. En résumé, il s’agit de dénicher un lac gelé, de s’équiper d’une combinaison de plongée, d’une crosse et de pousser un palet dans une cage, elle-même collée sous la surface de glace. L’arbitre est muni de bouteilles d’oxygène, les joueurs pas, ce qui les oblige à remonter à la surface toutes les 30 secondes. Trop tôt disparus de la lutte pour le titre de champion suisse, les joueurs de GenèveServette et de Fribourg-Gottéron feraient peut-être bien de s’en inspirer. Là au moins, ils seraient à leur juste hauteur. Comparaison PUB Vigousse vendredi 25 mars 2011 15 Vendredi 25 mars : « Georges Baumgartner. Heureux anniversaire. Tokyo ! » couvre même des opérateurs qui sont planqués derrière le même tonneau en béton que le petit Mohamad et son père. Des enquêteurs ont effectué des reconstitutions qui démontrent le bidonnage. Plus fortiche encore dans le tour de passe-passe, France 2 a filmé la jeune « victime » morte, à l’hôpital, plus de 3 heures… avant la fusillade ! Il n’est donc pas très compliqué de se faire une religion et de rétablir la vérité : Charles Enderlin, qui n’était pas sur place, s’est fait enfumer par son cameraman palestinien. Et après la diffusion « en exclusivité » du reportage, la chaîne française et son correspondant ont préféré mentir effrontément et obstinément plutôt que d’avouer qu’ils se sont fait avoir ! La presse suisse romande est-elle à ce point servile et complexée par la France qu’elle n’ose pas remettre en cause les grands journalistes parisiens ? Sortie piteuse du Lausanne HC battu en quatre manches par le « modeste » HC Viège : tous s'accordent pour dire que le club de Malley a souffert à la fois de trop de suffisance et de manque de compétences. Et de le comparer avec son voisin genevois. Autrement dit de mélanger les torchons et les Servette. 48 heures plus tard Reprenant une « information » du Blick, 24 heures nous a révélé samedi dernier (19.03.11) les aventures extraconjugales de Stan Wawrinka, coupable, selon le torchon zurichois, d’entretenir une liaison avec une jeune Vénézuélienne employée de l’ATP. Pour sa part, Le Matin avait pris la peine de joindre l’accusé qui, lui, avait formellement démenti. Lundi (21.03.11), « le grand quotidien vaudois » publiait à son tour le même démenti, cette fois-ci repiqué sur le site du joueur. De deux choses l’une : ou 24 heures avait pris 48 heures de retard ou à la rédaction en chef on s’était souvenu que Stan Wawrinka était… Vaudois de St-Bar’ et qu’il valait mieux entretenir les meilleures relations avec lui… Et ce sera tout pour cette semaine. Roger Jaunin Patrick Nordmann Vigousse vendredi 25 mars 2011 16 Tête de Truc La suite au prochain numéro Les abris suisses ne sont pas sûrs. Tous aux abris ! Alex Frei, fils de but ! A lex Frei l’a juré, promis… craché, il ne tirera plus jamais un penalty. Du moins sous le tricot de la Nati. Simple, d’ailleurs, il ne tire plus rien, sinon la gueule. Brillant comme un sou 9 en 2001 – quand pour sa deuxième sélection en équipe nationale il avait réussi un triplé face au Luxembourg – il se targue aujourd’hui d’être, toutes générations confondues, le meilleur réalisateur de l’histoire du foot suisse : 42 buts en 82 rencontres, compteur bloqué en novembre 2010, au Stade de Genève contre l’Ukraine. Sa sortie, Frei l’a programmée pour « dans 180 minutes », après les rencontres face à la Bulgarie ce samedi et face à l’Angleterre début juin. « Punktschluss ! » qu’il dit. « A moins que tous les attaquants suisses soient blessés en même temps… » Sait-on jamais, en effet, ce que réserve le statut de sauveur de la Nation ? Le rôle, en tout cas, lui plairait bien. Même s’il se prétend modeste : se qualifiant lui-même Vigousse vendredi 25 mars 2011 d’« agressif, combatif, volontaire et parfois excessif » sur la pelouse, le superhéros se dit à l’opposé dans la vie (Le Matin, 21.03.11). Bizarrement, d’aucuns qui ont vécu une soirée en sa présence gardent plutôt l’impression d’un « immense crétin bouffi d’orgueil qui se la pète à mort ». Des jaloux, sans doute. C’est arrivé la semaine prochaine (ou du moins, ça se pourrait bien) Très précis lorsque d’un jet de salive il s’agit d’ajuster un adversaire par-derrière, comme à l’Eurofoot 2004, Alex Frei l’est moins quand il évoque l’équipe suisse. L’ambiance ? Pas terrible, « quand on compte sept points de retard sur le Montenegro ». Mais encore ? « Le reste, je le garde pour moi. » Sousentendu : « Que puis-je bien penser et dire d’une équipe de pieds carrés ? » Et de toute façon « la Suisse, compte tenu de son potentiel, ne sera jamais que la Suisse ». Alexandre le Grand a commencé à Begnins pour aller jouer en France, puis en Allemagne, avant de rejoindre sa ville natale de Bâle. Et là, compte tenu du potentiel (bis) du championnat suisse, il lui arrive encore de marquer. Habile recyclage pour un gars qui confesse : « Si je n’avais pas réussi, j’aurais probablement travaillé dans la comptabilité .» Une autre manière d’aligner les zéros ? Roger Jaunin Droite suisse et atome Avant les éoliennes, les girouettes Bulgare terminus La Nati patine dans le yoghourt Pruneaux de Damas Les salades d’El-Assad lassent Rires jaunes Les Japonais victimes d’un poison d’avril