Pour un jardin naturel

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Pour un jardin naturel
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JARDIN
Le Quotidien de la Réunion - dimanche 03/05/09
COLIMACONS CHEZ THIERRY ALBERTO
Vu dans la plantation
Pour un jardin naturel
Pionnier de la vente de plantes et de graines sur Internet, spécialiste des succulentes sous toutes leurs
formes, Thierry Alberto dessine également patiemment depuis une vingtaine d’années,
un jardin naturel au milieu des zépinars de la côte saint-leusienne.
Plus précisément, un jardin écologique dédié aux générations futures.
Vu dans le jardin naturel, chez Thierry Alberto, de haut en
bas et de gauche à droite : un Cyphostema mauricien ; un
baobab malgache (Adansonia madagascariensis) ; le jolie
fleur d’un hibiscus endémique de la Grande île ; un
Pachypodium ambongense.
Le jardin naturel de Thierry Alberto est un hymne à l’adaptation de plantes poussant dans des conditions a priori extrêmes,
qu’il s’agisse des pachypodiums (à droite), des succulentes en général, comme des palmiers de zone sèche (en bas à gauche).
Ancien enseignant en sciences
physiques, Thierry Alberto a depuis belle lurette troqué la sécurité de son emploi pour vivre sa
passion pour les plantes, et plus
largement la nature. C’est aux
Colimaçons, dans les hauts de
Saint-Leu, sur une terre aride,
martelée par le soleil, royaume
des zépinars, qu’il laisse libre
cours depuis plus de vingt ans à
son amour pour les plantes succulentes.
Adeniums,
pachypodiums,
baobabs, aloès, euphorbes, agaves, plantes à caudex en tout
genre et autres bizarreries venues de la Grande île, d’Afrique
ou d’Amérique du Sud. Ce n’est
pas tout.
Car Thierry Alberto s’intéresse
plus largement à toutes les
plantes capables de survivre
dans des conditions quelque peu
extrêmes en terme de chaleur et
de sécheresse. Les palmiers de
zone sèches notamment (Thierry
a été cofondateur de l’association Palmeraie-Union) ou les
frangipaniers dont il ne cesse de
créer de nouvelles variétés (voir
par ailleurs) comptent ainsi parmi ses marottes.
À la pointe de la vente de
semences et de plantes rares sur
Internet, Thierry Alberto a fait
de son terrain saint-leusien un
jardin naturel, écologique et durable qu’il dédie aux générations
futures.
« Le jardin s’améliore d’année
en année. Mais je passe plus de
temps devant mon ordinateur
que les mains dans la terre. Dans
ce genre de secteur, si on veut
que ça tourne, il faut être toujours à la pointe. Et comme je
n’ai pas les moyens d’embaucher un développeur, un programmeur et un référenceur, je
fais tout ça en même temps. Le
jardin, c’est ma détente.»
Transformer
une « mauvaise
herbe » en atout
écologique
Alors que des centaines de
frangipaniers commencent à
montrer le bout de leurs fleurs
un peu partout au milieu de la
savane, le jardin s’articule autour d’une splendide plantation
de pachypodiums.
À terre prennent place les
variétés aux développements les
moins spectaculaires, tandis que
s’élancent à plusieurs mètres de
hauteur les plus démonstratives
(geayi, mikea, lamerei). Tels de
succulents petits palmiers aux
stipes gonflés de sève qui dominent de toute leur superbe des
tapis de roses du désert. Prêts à
péter en fleur dès les premiers
frimas de l’hiver.
Alors que le regard domine
l’océan dans ses grandes largeurs, un large sentier bordé
d’aloès, d’agaves ou d’arbres
bouteille australiens, invite à la
promenade. Une promenade botanique qui permet au visiteur,
guide en main, de faire une
boucle parsemée de balises qui
invitent à déchiffrer les trésors
qui se cachent ici et là. Car dans
la verdure ambiante, on ne se
doute en effet pas forcément
que plus de 200 baobabs représentant les huit variétés que
compte la planète. Des géants en
puissance qui sont en terre depuis plusieurs années, dont certains, des Adensonia madagascariensis, de loin les plus rapides à
la pousse, étalent déjà leur majesté.
Un public non averti, en revanche, passera à côté de zimias
et autres cycas qui profitent de
l’ombrage du fatac (Panicum
maximum) durant la saison
chaude pour mieux se nourrir du
mulsh qu’il produira une fois
coupé et broyé. C’est ça aussi le
développement durable. Transformer une « mauvaise herbe »
en atout écologique.
« Small is
beautiful »
Difficile aussi de reconnaître
ces Delonix, flamboyants nains
de la Grande île aux troncs ramassés et au feuillage coriace,
ces hibiscus malgaches ou ces
fantastiques mapous mauriciens
(Cyphostema mapia) qui donnent quasiment son baobab aux
Mascareignes.
Le jardin de Thierry Alberto
est comme ça. Naturel. Entretenu juste ce qu’il faut pour qu’on
puisse y circuler, mais prêt à être
totalement autonome. « Mon
rêve, mon objectif, ma lubie,
c’est d’essayer de laisser quelque
chose qui me survive et qui
demande le moins de soins possible à ceux qui en prendront la
suite. Un jardin entretenu est le
reflet de la passion de son propriétaire. Tenu ainsi à bout de
bras, comment peut-il survivre le
jour où son propriétaire disparaît?», interroge-t-il.
Au jardin naturel des Colimaçons, chaque plante a dû faire
son chemin avec le peu qu’on lui
donnait, Thierry Alberto n’ayant
de l’eau agricole que depuis peu.
À terme, son jardin sera ni plus
ni moins qu’une forêt d’essences
rares mais autonomes, demandant un minimum d’entretien.
Et vingt ans après s’être lancé, la
nature lui donne raison.
« Toutes ces plantes qui tiennent debout aujourd’hui me
poussent à continuer. Le jardin
tient le coup et il va bien. Ça
m’encourage. Des plantes meurent, d’autres naissent. Il ne faut
jamais se décourager. Il faut
juste entretenir la vie et continuer à planter, préparer la relève.»
Et tant pis si le jardin naturel
n’est pour l’instant dans aucun
guide touristique. « Les gens qui
viennent nous voir nous ont en
général repérés sur Internet où
on peut virtuellement visiter le
jardin (1). Le peu d’entrées
qu’on fait permet juste de contribuer un peu à l’entretien. De
toute façon, on ne veut pas être
une usine. On refuse les groupes
la plupart du temps. Small is
beautiful », conclut Thierry. On
ne lui fait pas dire.
Vincent PION
Créateur
de frangipaniers
À gauche, la fleur de frangipanier de nos cimetières.
À droite, la variété « Bali », créée par Thierry Alberto.
« C’est un travail de longue
haleine. » Thierry Alberto s’est
décidé il y a une dizaine d’année
à créer de nouvelles variétés de
frangipanier à partir du Plumeria rubra, le frangipanier à fleurs
blanches et jaunes de nos cimetières. La seule espèce capable
de donner une infinie variété de
couleurs. Et pour ce faire, il faut
laisser la loterie génétique faire
son œuvre.
Dans le monde entier
En effet, si vous bouturez un
rameau de frangipanier, vous
obtiendrez son parfait clone. Si
vous semez les graines de son
fruit, vous obtiendrez autant
d’espèces de frangipaniers, donc
de fleurs et d’odeurs différentes,
qu’il y a de graines.
Le procédé n’est pas forcé-
ment sorcier, mais il est extrêmement long. Il faut en effet quatre
à cinq ans pour obtenir les premières fleurs et effectuer les
premières sélections. Puis attendre encore deux nouvelles
floraisons pour vérifier la stabilité de l’espèce.
Ne reste plus alors qu’à baptiser la nouvelle venue (Pink
Queen, Bali parmi celles créées
par Thierry Alberto) et à la faire
grandir pour pouvoir ensuite la
multiplier par bouturage.
« C’est un peu fou comme
projet. Mais il faut y croire. Plutôt que d’importer de nouvelles
couleurs, j’ai trouvé que c’était
plus intelligent de les créer, d’en
faire des espèces réunionnaises
qui vont être demandées dans le
monde entier.»
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