NobelBiocare Global Sy
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PAGE 44 Le MAGAZINE NobelBiocare Global Sy Le NobelBiocare Global Symposium s’est tenu à New York du 24 au 26 juin dernier. C’est dans le cadre historique et mythique de l’hôtel Waldorf Astoria, construit en 1931 et patrimoine culturel de la ville, que ce congrès a regroupé plus de 1500 praticiens. Trois jours pour participer aux conférences principales, sessions parallèles et workshop… une superbe organisation à la précision suisse…Plus de 45 nationalités y étaient représentées, la plus grosse délégation (hors américains) venant d’Allemagne. La manifestation s’est ouverte par un discours du président du comité scientifique, Jonathan Ferencz. Il a relayé les messages de bienvenue du gouverneur de NY, David Patterson, et du maire Michael Bloomberg qui avait déclaré la « Nobel biocare week ». Des conférenciers de prestige ont tenu en haleine les participants lors des 3 jours de congrès. AOnews a choisi de s’intéresser aux français…de la direction de Nobel France aux participants en passant par les conférenciers… Domenico Scala, CEO de Nobelbiocare Gros Plan sur les intervenants français Bernard Touati AON. Le Platform Switching a transformé l’approche implantaire sur le risque de perte osseuse, vous semblez défendre un autre concept… plus porté sur la connection gingivale. Dites nous en plus ! Lorsqu’un implant perce la muqueuse buccale il se forme une barrière muqueuse tridimensionnelle, composée d’un tissu conjonctif et d’un épithelium jonctionnel, que l’on appelle habituellement « l’espace biologique ». Ce dernier requiert pour sa formation que le matériau soit biocompatible, c’est à dire que les cellules épithéliales (avec leurs hemidesmomes) et les fibroblastes puissent y adhérer grâce à leurs protéines adhésives et y former un joint étanche protégeant l’organisme contre bactéries et toxines de la cavité buccale. Avec les implants « 2-pièces », comme par exemple les implants « bonelevel » utilisés au secteur antérieur, où esthétique et stabilité muqueuses sont essentielles, cette barrière muqueuse adhère aux moignons prothétiques biocompatibles en Zircone, Titane, et peut-être aussi au polymère PEEK. Cette stabilité « verticale » est garante d’une meilleure préservation de l’os crestal aux dépens duquel l’espace biologique se forme (en tout il a besoin de 3 à 4 mm) lorsque, par exemple, ces conditions ne sont pas réunies. Mais le volume 3D de la barrière muqueuse, en particulier celui du tissu conjonctif, joue un rôle prépondérant dans la protection de l’os crestal et la prévention du remaniement osseux. Deux architectures des moignons prothétiques y contribuent : le « platform-switching » et le concept « Curvy » car tous deux ont pour conséquence un volume accru de tissu conjonctif. Le premier en « déplaçant » vers l’intérieur les limites cervicales du moignon par rapport à celles de la plate-forme de l’implant (Lazzara-Porter 1988) et le second en ayant un profil transmuqueux concave (Rompen/ Touati/Van Dooren 2003). Lorsque la connectique apporte en plus une étancheité accrue (« Cône morse » par exemple) il en résulte une muqueuse épaisse avec moins d’infiltrat inflammatoire et qui joue pleinement son rôle protecteur vis-à-vis de l’os crestal périimplantaire. Plateform-Switching et concept »Curvy » sont donc similaires dans leurs effets positifs sur les tissus péri-implantaires et la stabilité osseuse. AON.Tous les systèmes implantaires répondent ils à votre préoccupation ? Certainement pas ! Quelques systèmes, connus ou moins connus, intègrent ces évolutions recentes ainsi que d’autres … sur le design des implants, des composants prothétiques et de leur état de surface, par exemple ; mais beaucoup d’autres systèmes implantaires en sont restés à des concepts dépassés. Combien de systèmes font la distinction entre implants « bonelevel » et « soft-tissue level » ? Combien proposent des cols lisses et évasés pour le secteur antérieur avec des moignons surdimensionnés en trans-muqueux et aux faces divergentes ? De nos jours le résultat esthétique doit être biologique et il dépend de la stabilité des tissus péri-implantaires après préservation ou et ne se résume pas au simple choix des implants et de leurs composants prothétiques. AON. Les travaux de Peter Schupbach sur le « sulcus implantaire » semblent démontrer que la zirconia offre une réelle avancée dans la biocompatibilité autour du pilier prothétique. Qu’en pensez vous ? Peter Schupbach a Zurich à réalisé de nombreuses études histologiques qui nous ont aidé à mieux comprendre les tissus péri-implantaires et leur comportement biologique. En Juin dernier à New-York il a communiqué que des résultats préliminaires, à ma connaissance pas encore publiés, qui ont montré que le tissu conjonctif serait plus ferme et plus tonique grâce à ses faisceaux de fibres de collagène autour des moignons en Oxyde de Zirconium. Cela semblerait confirmer Hadi Antoun AON. Chez l’édenté total, faut il être plus prudent au maxillaire qu’à la mandibule, quand on lui propose une implantation immédiate ? La mise en charge immédiate a été initiée à la mandibule à l’aide de 4 implants et d’une overdenture sur barre. La densité osseuse au niveau de la symphyse mentonnière permettant une bonne stabilité primaire a largement contribué au développement de cette approche dans un premier temps au niveau de la mandibule. L’évolution de la forme des implants permet d’obtenir une stabilité primaire compatible avec la mise en charge immédiate quelque soit la densité osseuse à part de rares cas avec ’une hypodensité particulièrement prononcée. L’état de surface modifié des implants accélère et améliore la cicatrisation osseuse permettant des taux de succès implantaires quasi identiques quelque soit le site implantaire. Les publications très nombreuses au début sur les mises en charges immédiates à la mandibule, celles du maxillaire commencent à devenir importantes et suffisamment étayées. Tous ces éléments font que la mise en charge immédiate devrait se faire au maxillaire comme à la mandibule avec quelques précautions techniques supplémentaires comme le sous forage adapté à la densité osseuse afin d’assurer une stabilité primaire optimale des implants. AON. Dans les cas de parodontite très avancée, comme prévenir le patient sur le risque encouru si on n’intervient pas ? Il est vrai qu’une maladie parodontale mal contrôlée pour des raisons de motivation de la part du patient, de présence de plusieurs facteurs de risque associés ou quant il s’agit d’une maladie parodontale réfractaire, l’extraction devient incontournable. Cependant, la mise en place ALPHA OMEGA NEWS - N° 137 - NOVEMBRE 2010 nos observations cliniques sur la rapidité de la cicatrisation muqueuse et la tonicité des tissus autour des moignons prothétiques que pour notre part nous installons chaque fois que possible dès la phase chirurgicale (« One abutment-One time »). Peu d’études à ce jour étayent ces constatations sur la Zircone. On sait que celle-ci retient moins les plaques bactériennes que le Titane, mais beaucoup reste à savoir sur l’incidence de l’hydrophylicité, de la polarité de surface, on encore du rôle de la décontamination après passage au laboratoire de prothèse. AON. D’après vous faut il toujours préconiser de transvisser les prothèses plutôt que de les sceller ? Des études récentes ont montré qu’un facteur irritatif fréquent pour les tissus implantaires était le ciment en exces autour des restaurations prothétiques implanto-portées et que ce dernier était responsable de certaines pertes osseuses. Wilson (2009) a trouvé dans 81 % des cas du ciment en exces, et celui-ci associé a une inflammation péri-implantaire. Pour Agar et al (1997) dans tous les cas il y avait un peu de ciment en exces ( !). Pour l’université de Liège (Rompen) dans 26,4 % des cas il ya du ciment sous-gingival visible à la radiographie. Les ciments à base de résine, plus difficiles à nettoyer, ont tendance à aggraver ce phénomène irritatif qu’il est intéressant d’éliminer. De ce point de vue il est certain qu’une prothèse trans-vissée est avantageuse, sans parler de la possibilité de démontage si le besoin s’en fait sentir… pour des problèmes de maintenance ou autre. A présent avec des infrastructures monobloc en Zircone (CAD-CAM) l’esthétique est maintenue et nous éliminons l’interface moignon / couronne. C’est une solution de choix au secteur esthétique chaque fois que le moignon n’a pas pu être installé à la phase chirurgicale… et que l’axe de la vis émerge du côté lingual, bien sûr ! Au secteur postérieur l’accès à la vis sur la face occlusale peut facilement être obturé avec des résines composites dont la teinte, très proche de la céramique de stratification, ne constituera plus le problème inesthétique que l’on observait avec les infrastructures en Titane. d’implants pour remédier à l’absence de dents tout en gardant les facteurs liés à la maladie parodontale, n’est pas une solution non plus. De plus, l’idée véhiculée que nous devons extraire rapidement les dents afin de préserver l’os périphérique n’est valable que dans certaines situations bien précises et ceci peut amener assez facilement à des décisions thérapeutiques radicales qui peuvent être injustifiées. Il ne faudrait pas perdre à l’esprit que nous avons comme premier objectif, la conservation qu’elle soit dentaire ou parodontale. La solution implantaire, qui n’est pas démunie de complications et de pertes osseuses, ne doit être la solution qu’après avoir épuisé le reste des thérapeutiques de soins traditionnelles sans tomber non plus dans l’acharnement thérapeutique. Un patient qui n’est pas gêné par la longueur inesthétique de ses dents ou les espaces exagérés entre ses dents par exemple, qui présente une perte parodontale sévère avec une bonne motivation, n’est pas nécessairement un bon candidat aux implants. AON. Faut il réaliser après l’E.I.I une mise en charge (chez l’édenté total) et dans quelles conditions ? Une extraction implantation immédiate n’est pas nécessairement synonyme de mise en charge immédiate. Cependant, chez l’édenté total, tout l’intérêt fonctionnel, qu’esthétique ou de confort, est de mettre en charge immédiatement les implants. De plus, l’’extraction implantation immédiate associée à une prothèse amovible complète nous semble plus risquée que la mise en charge immédiate à l’aide d’une prothèse fixe. L’option amovible sollicite les implants individuellement et selon des forces mal contrôlées. L’option fixe immédiate, quand les implants sont bien distribués et solidarisés entre eux avec une prothèse rigide, réduit les sollicitations et les micro-mouvements au niveau de l’interface os/ implant. Le MAGAZINE PAGE mposium 2010 New-York Interview croisée de Christian Rocton & Truong Nguyen David Nisand AON. En parodontologie, quel doit être notre objectif : conserver la dent ou conserver de l’os ? La mise en œuvre d’un traitement parodontal actif associé à une thérapeutique parodontale des soutiens permettra la conservation à long terme des dents dans la cavité buccale. A ce titre les travaux de Leininger et coll (2010) indiquent un taux de survie dentaire de 94,4% plus de 8 ans après la mise en œuvre d’un traitement parodontal. Ce traitement parodontal aura un impact direct sur les variables de substitution de la morbidité dentaire telles que la perte d’attache et la perte osseuse. Ainsi les travaux de Rosling et coll (2001) indiquent sur un groupe de patients présentant des parodontites sévères une perte d’attache moyenne de 0,8mm et une perte osseuse moyenne de 0,8mm douze ans après la mise en œuvre d’un traitement parodontal. En d’autres termes, la conservation des dents grâce aux traitements parodontaux permettra le maintien à long terme du niveau osseux à condition que le patient soit intégré dans un programme de thérapeutique parodontal de soutien. AON. Aurons nous des échelles de valeur objectives qui nous aide à extraire pour mieux préserver de l’os ? L’extraction préventive de la future perte osseuse d’origine parodontale ne repose sur une aucune base scientifique. En effet toute la littérature scientifique, indique clairement que les traitements parodontaux permettent une conservation à long terme du niveau osseux sous réserve de la mise en œuvre d’une thérapeutique parodontale de soutien. Si une perte osseuse moyenne compris entre 0,5 et 1mm peut être attendue après 10 ans de thérapeutique parodontale de soutien, il faut se souvenir qu’une extraction dentaire engendre une perte osseuse moyenne non négligeable (Schropp et coll. 2003) et souvent supérieure à celle provoquée par une évolution parodontale contrôlée. AON. Quelles sont aujourd’hui à l’échelle dentaire, les critères qui permettent d’indiquer l’extraction d’une dent pour raison parodontale ? Une mobilité axiale ou une lésion inter radiculaire de classe 3 combinée à une perte osseuse supérieure à 50% de la hauteur radiculaire sont des critères d’extraction à l’échelle dentaire. Il faut se souvenir néanmoins que la décision de conservation ou d’extraction d’une dent présentant une atteinte parodontale repose rarement sur des critères uniquement dentaires. En effet, cette décision doit également s’appuyer sur le patient (compliance, maladie systémique, tabac) et sur le plan de traitement global qui reste au centre de la décision thérapeutique. AON. Enfin, question plus personnelle, qu’avez-vous ressenti en intervenant devant un tel parterre ? Un tel évènement demande toujours un travail de préparation considérable mais c’est également un honneur d’y participer. Bibliographie : - Leininger M, Tenenbaum H, Davideau JL. Modified periodontal risk assessment score: long-term predictive value of treatment outcomes. A retrospective study. J Clin Periodontol. 2010;37:427-35 - Rosling B, Serino G, Hellström MK, Socransky SS, Lindhe J. Longitudinal periodontal tissue alterations during supportive therapy. Findings from subjects with normal and high susceptibility to periodontal disease. J Clin Periodontol. 2001;28:241-9. - Schropp L, Wenzel A, Kostopoulos L, Karring T. Bone healing and soft tissue contour changes following single-tooth extraction: a clinical and radiographic 12-month prospective study. Int J Periodontics Restorative Dent. 2003;23:313-23 Christian Rocton, vous êtes devenu le Président Directeur Général de Nobel Biocare France en 2007, et vous Dr Nguyen, vous en êtes le Directeur Scientifique depuis 1992. Racontez-nous en quelques lignes vos parcours mutuels. Christian Rocton : Après un parcours de quinze ans dans le domaine médical en occupant des fonctions de Direction Générale de sociétés et de laboratoires pharmaceutiques internationaux, j’ai rejoint la société Nobel Biocare depuis presque quatre ans et je dois avouer que ces années sont passées à une vitesse vertigineuse. On peut dire que l’on ne s’ennuie pas chez Nobel Biocare. En effet, la dentisterie et le marché en particulier de l’implantologie, de la CFAO a considérablement évolué en l’espace de quelques années. Truong Nguyen : En fait, j’assume un rôle de conseiller scientifique et clinique depuis 1992 du temps où Nobel Biocare s ‘appelait encore NobelPharma. Mon cheminement dans le domaine de l’ostéointégration a démarré juste après mon assistanat à la Faculté de Paris V en 1987. Ayant fait mes premiers pas avec Jean François Tulasne et Yves Samama puis ensuite avec mon complice et ami Hadi Antoun, mon intégration auprès de l’industrie s’est avérée enrichissante. Un partage entre la clinique, les données scientifiques et les différentes pratiques de l’implantologie ! Et puis, écouter l’omnipraticien qui veut intégrer des traitements plus globaux pour développer des protocoles plus adaptés, telle est aujourd’hui ma mission. Aviez-vous déjà, à titre personnel, participé à un symposium international ou était-ce une première pour celui de New York ? Truong Nguyen : J’ai personnellement pris part à presque toutes les manifestations scientifiques organisées par Nobel Biocare. Avant, on les appelait Team Days, où se rencontrent les différentes équipes traitantes du monde entier autour du Professeur Per-Ingvar Brånemark. Puis, nous avions eu plus récemment, la série des World Tours et World Conferences qui rassemblaient des praticiens de tout horizon. Le nombre de participants est devenu un indice du développement de la pratique implantaire au travers de Nobel Biocare puisqu’en 2007, la manifestation de Las Vegas a attiré 10000 congressistes. Christian Rocton : Ayant rejoint en 2007 Nobel Biocare, j’avais participé à la World Conference de Las Vegas qui a impressionné par le nombre de participants mais aussi par la diversité des thèmes et des présentations. C’était un véritable show au noble sens du terme car toutes les interventions cliniques en direct retransmises de 7 sites dans le monde entier ont pu faire la démonstration des possibilités de traitement. Je ne dirai pas que je suis blasé en voyant le déroulement du Symposium de New York mais indéniablement c’est une formule plus adaptée aujourd’hui à la transmission des connaissances. Combien de participants et d’intervenants à ce symposium new yorkais ? Quels en ont été les points forts ? Christian Rocton : 1500 participants venant de 46 pays différents ont assisté à ce symposium et ont écouté 74 conférenciers internationaux. Les points forts ont été sans aucun doute la fréquentation des sessions aussi bien plénières que parallèles. Les masters classes ont eu lieu à « guichet fermé » même à des heures matinales. Je pense aussi que la visite de l’usine NobelProcera à Mahwah fut un événement exceptionnel pour ceux qui ont pu y aller. Enfin, la soirée de gala au Cipriani a marqué les esprits par le lieu et l’ambiance chaleureuse qui a rythmé tout le long de la nuit. Truong Nguyen : Le Symposium de New York marque un autre tournant. Autour du thème de la consolidation des acquis, Nobel Biocare a voulu rappeler à la communauté professionnelle l’héritage brånemarkien et l’origine des concepts thérapeutiques actuels tels que la mise en charge immédiate, la technologie prothétique CAD-CAM, la planification informatique, la chirurgie guidée…etc. On oublie souvent que les avancées ont des précurseurs. Ce qui m’a attiré l’attention se situe au niveau des biomatériaux prothétiques innovants en conjonction avec NobelProcera. Le disilicate de lithium (IPS – e.max – Ivoclar - Vivadent) décliné en différentes variantes d’utilisation selon les indications, les possibilités de céramisation du titane (Vita) de même que des résines acryliques (Telio – Ivoclar Vivadent) avec des performances mécaniques étonnantes constituent une véritable évolution. Trois jours intenses de congrès afin de présenter les plans de traitement les plus aboutis… Avez-vous été notamment marqué par l’une des conférences & pourquoi ? Christian Rocton : J’ai une sensibilité particulière pour les conférenciers français car nous avons pu obtenir une large tribune pour les cliniciens de l’hexagone. Ils ont le french touch pour faire passer des messages cliniques importants à l’audience. Truong Nguyen : Pour ma part, la demi-journée consacrée à l’apport des implants trans-zygomatiques a été exceptionnelle. Imaginez une salle comble de plus de 250 participants venir apprécier les protocoles chirurgicaux et prothétiques relatifs à cet ancrage implantaire. C’est un pas de plus vers les solutions sans greffe au même titre que le recours aux implants courts et la technique All-on-4. Je crois qu’avec les mises au point futures par l’imagerie et par NobelGuide, le patient édenté pourra bénéficier amplement de ces retombées. L’ambiance de cette manifestation était particulièrement conviviale… Comment se situe le marché français de l’implantologie par aux autres? Auriez-vous noté un particularisme spécifique ? Christian Rocton : Je ne crois pas qu’il y ait un particularisme français ; simplement, une orientation professionnelle qui fait que l’omnipraticien préfère mettre en pratique des soins conventionnels issus du cursus universitaire et post-universitaire. Aujourd’hui, le patient souhaite parfois être traité par le même chirurgien-dentiste de la pose de l’implant à l’insertion de la prothèse. Il adressera vers le spécialiste pour les situations complexes nécessitant une greffe par exemple. La profession dentaire a besoin d’observer, d’analyser avant d’appliquer. Truong Nguyen : Je suis d’accord. Il faut du temps. Le patient recherche une solution complète axée sur un résultat esthétique même si l’esthétique fait redouter certains confrères quant aux éventuelles conséquences. Le changement de paradigmes s’opérera en France de la même façon que dans les pays européens limitrophes. L’implication croissante des Universités, illustrée par des partenariats privilégiés avec Nobel Biocare, fera considérer l’implant dentaire comme un moyen et non plus une finalité. En cette veille de l’ADF, quels sont les projets de Nobel France qui vous tiennent à cœur ? Christian Rocton et Truong Nguyen : D’abord chronologiquement, l’ADF, qui est le rendez-vous annuel qu’il faut réussir car l’on rencontre toute la profession, du clinicien au prothésiste mais aussi des assistantes sans oublier les étudiants, futurs praticiens. C’est pour nous un lieu d’échange, de partage de connaissances mais aussi de sensibilités. Nous mettons un point d’honneur à rendre cet événement différent chaque année, la convivialité restant constante au fil du temps. Enfin, un projet fantastique que nous dévoilerons pendant cette semaine de novembre : un Symposium en France pour l’année 2011 pour tous les professionnels de l’art dentaire placé sous le signe du changement. Vous aurez la primeur de cette information sur notre stand. Propos recueillis par M. Popiolek ALPHA OMEGA NEWS - N° 137 - NOVEMBRE 2010 45 PAGE 46 Le MAGAZINE Luc Gillot AON. Depuis quand les techniques guides sont proposes? Nous utilisons les guides chirurgicaux proposés par la société Matérialise depuis la fin des années 90. Ils avaient l'avantage d'offrir la possibilité de choisir entre des guides appuis muqueux ou osseux. En 2004, nous avons intégrer le groupe pour le lancement du NobelGuide, qui apportait une grande stabilité du guide (qui ne peut être qu'appui muqueux) et qui offrait l'avantage d'être compatible avec la technique Procera , et donc de réaliser des mises en charge immédiates très sécurisés. AON. Combien d’expérimentateurs ont participé à votre étude? Deux opérateurs (Drs Gillot & Cannas) participent à l'étude de précision sur NobelGuide et cinq pour l'évaluation de la chirurgie main levée (Drs Gillot, Cannas ,Friberg, Vrielinck, Rohner) AON. La précision des critères gingivaux et osseux sur cadavres est elles superposables aux patients (in vivo)? Non parce que le protocole d'étude sur cadavres imposant plusieurs cycles de congélation -décongélation des sujets, les mesures "brutes" de déviation implantaire obtenues sont plus importantes sur cadavres que patients. L''interet est dans la comparaison sur un même modèle (le cadavre) entre main levée et chirurgie guidée afin de mesurer le gain de précision que celle-ci apporte. AON. Quelles sont vos premières conclusions? La chirurgie guide est deux à trois fois plus précise que les techniques classiques main levée. Elle demande en revanche un strict respect des étapes du protocole, particulièrement pour le chirurgical. Par exemple, il est crucial : - d'être très précis lors des empreintes pour réaliser le guide scanner, - puis lors de la parfaite mise en place du guide durant le scanner, - et de suivre scrupuleusement le protocole chirurgical pas à pas AON. Peut on recommander l’utilisation du Nobelguide dans des secteurs de petites étendues comme de grandes étendues? Absolument car un "petit secteur" veut généralement dire qu'il y a des supports dentaires du guide à proximité de la zone d'implantation, et donc a priori une meilleure précision du placement des implants Éric Rompen AON. Vous enseignez à l’université de Liège la parodontologie, et vos recherches portent sur l’environnement bactérien autour des tissus implantaire osseux et gingivaux. Vous préconisez la prudence dans l’usage de la vis de cicatrisation, pourquoi ? La vis de cicatrisation trans-muqueuse doit d'abord être fabriquée exclusivement dans un matériau biocompatible, tel le titane, faute de quoi une migration apicale de l'épithélium se produira avec formation de poche, puis perte osseuse par "effet domino". Cette vis en titane ne doit pas être polluée en surface, et il faut s'efforcer de limiter autant que possible le nombre de dévissages de celle-ci : en effet, tout dévissage déchirera l'épithélium jonctionnel, avec à nouveau un risque de migration apicale de l'espace biologique, donc de l'os. Si la vis est déposée et replacée, il faut être conscient qu'après dévissage elle est couverte de cellules épithéliales. Celles-ci mourront si la vis est, par exemple, plongée dans un désinfectant. Ce qui signifie que si cette même vis est replacée, la gencive trouvera face à elle, non plus du titane, mais une couche de cellules mortes, ce qui paraît beaucoup moins biocompatible. Lorsque les procédures prothétiques imposent plusieurs dévissages de la vis de cicatrisation, celle-ci peut être conservée dans du liquide physiologique stérile avant replacement, ou, mieux, être remplacée par une neuve. AON. Est il souhaitable, quand cela est possible, de poser l’implant et le pilier prothétique dans « un seul temps opératoire » (le one piece) Tout particulièrement en zone esthétique, il est souhaitable de placer le pilier définitif biocompatible immédiatement à la pose de l'implant. Ceci évite le placement d'une coiffe de cicatrisation dont la dépose ultérieure traumatisera l'attache des tissus mous. La plupart du temps, ceci ne peut se faire que si le système implantaire dispose de piliers en zircone festonnés, avec des niveaux de chanfrein prothétique différent en vestibulaire, proximal et palatin. AON. Faut il retenir que la zirconia reste bien supérieure au titane, pour cette zone supra crestale ? La zircone (ou zirconia si vous préférez) a fait la preuve de sa parfaite biocompatibilité vis-à-vis des tissus mous, au même titre que le titane. Elle n'est donc pas supérieure à celui-ci pour la formation de l'interface avec les tissus mous, mais à l'avantage d'allier biocompatibilité et qualités esthétiques. ALPHA OMEGA NEWS - N° 137 - NOVEMBRE 2010 Franck Renouard AON. Lors du congrès organisé par la société Nobel Biocare à NewYork vous avez présenté sur les implants courts. C’est un sujet que vous avez l’habitude de traiter. Comment en êtes vous arrivé là ? En 1992 j’ai reçu au cabinet une patiente qui avait un édentement maxillaire postérieur. Cette femme était très anxieuse, traumatisée par des traitements chirurgicaux antérieurs. A cette époque, les greffes de sinus en étaient à leurs balbutiements. Elle avait très peu d’os sous le sinus associé à une perte osseuse verticale importante. Après réflexion et en accord avec elle, j’ai placé 2 implants courts. Elle a eu ensuite une restauration prothétique avec un porte à faux important, une dent en extension, un ratio implant/couronne de 3, alors qu’il est enseigné partout que ce rapport doit être de 1 au risque d’avoir des problèmes biomécaniques importants.. J’étais persuadé que ces implants seraient voués à l’échec à court ou moyen termes. Puis, années après années je la revoyais en contrôle et à ma grande surprise tout allait bien. Aucun problème mécanique, aucune perte osseuse.. Je me suis dit alors que si je pouvais expliquer ce succès je ferai un pas dans ma compréhension de la biomécanique implantaire. Je me suis mis à interroger tous mes patients ingénieurs ou architectes. A chaque fois leur réponse était : « c’est normal » et ils me donnaient les considérations mécaniques des constructions antisismiques, des transmissions de forces etc. Petit à petit, j’ai commencé à entrevoir une issue à la question qui me taraudait : pourquoi ça marche ? Pour information les premiers implants posés par le Professeur Branemark faisaient 6mm de long. Le patient est décédé 40 après leur pose. Les implants étaient toujours fonctionnels. AON. Mais comment vous êtes passé de cette étape de réflexion à votre présence sur les podiums des congrès. J’ai eu de la chance d’avoir 2 amis qui m’ont beaucoup aidé et soutenu. Tout d’abord Bo Rangert qui était chef de la recherche chez Nobel Biocare, Nobel pharma à l’époque. Quand je lui ai dit en 1997 que je pensais sérieusement que les implants courts avaient un meilleur comportement biomécanique que les implants longs, il m’a tout d’abord pris par un doux dingue, mais il quand même commencé à discuté avec moi et m’a permis de commencer à présenter mes travaux dans des congrès. J’ai aussi pu grâce à lui participer à des réunions de travail avec des experts. La deuxième personne que je dois remercier ici est le Professeur Laurent Pierrisnard qui enseigne à Paris V Il est spécialiste des études en éléments finis. Il a tout de suite adhéré à mes propositions. Cela l’amusait de casser un dogme. Il a fait des études que l’on a publiées et qui ont commencées à perturber les esprits. AON. Mais pourquoi ce sujet est important et suscite maintenant tant de passions. Aujourd’hui de plus en plus de monde place des implants. Les praticiens généralistes ont intégré l’implantologie à leur pratique au quotidien. Mais il faut avouer que peu d’entre eux peuvent pratiquer les techniques de chirurgies avancées telles que les greffes osseuses. Même les greffes de sinus, présentées comme simples, peuvent être à l’origine de complications per ou post opératoires non négligeables. Pouvoir placer des implants plus courts quand le volume d’os est faible, ouvre une porte énorme pour les praticiens. AON : La question est : est ce que ça marche vraiment ? nous avons à notre disposition un grand nombre de publications scientifiques et plusieurs méta analyses, qui montrent tous que le taux de succès des implants courts, c’est dire moins de 8 mm dans l’os est d’environ 96%, tout systèmes implantaires confondus. AON: 96 % c’est quand même moins que les 98% généralement présenté avec des implants plus longs ? Vous mettez le doigt sur le problème. On place des implants courts généralement dans les secteurs postérieurs, là où l’os est de faible volume et de « mauvaise »qualité. Les implants longs, sont le plus souvent placés dans le prémaxillaire ou dans la symphyse mentonnière entre les trous mentonniers donc dans un volume et une densité plus favorable. Nous nous sommes aperçus qu’en réalité la longueur des implants reflète l’état de l’os dans lequel ils sont placés. Une suédoise du nom e Hermann a publié une étude de littérature. Elle rapporte que seulement 1.2% des implants longs sont placés dans un os de type IV. Si vous voulez être honnêtes, il faut comparer les implants de différentes longueurs par indications. Par exemple, vous devez comparer les implants courts dans les secteurs postérieurs avec les implants longs placés dans des greffes. Mais les complications des greffes doivent être prises en considération. De même il faut incorporer dans votre évaluation l’ensemble des patients que vous n’allez pas traiter par ce qu’ils refusent la greffe, parce qu’ils ont peur où parce que c’est trop cher. Il faut également envisager les patients qui ne peuvent être opérer pour des questions médicales et enfin les patients que vous n’allez pas opérer car vous ne maîtrisez pas la technique. Et bien quand vous mettez tout ça dans la balance je peux vous assurez que le taux global de succès des implants courts est largement gagnant. En plaçant les implants courts vous augmenter votre pratique de 15 à 20 % sans rien changer sauf à ouvrir un tout petit peu votre esprit. Ca vaut le coup de se pencher sur le problème ! Superbe Patrick Palacci AON. Vous avez une longue expérience, depuis 10 ans, des implants étroits. Quels sont les diamètres que vous recommandez ? Et quelles sont vos précautions d’utilisation ? J'utilise des implants Branemark Narrow Platform de 3,3 mm de diamètre. Précautions particulières : - Il faut cependant impérativement conserver une distance de 7mm de centre à centre, si l'on veut utiliser des piliers de type MultiUnit. Ceux-ci étant les mêmes pour les RP et NP. - Lors du forage, ne pas hésiter à forer à 3mm à la mandibule et au maxillaire 2,7 à 2,85 en fonction de la densité osseuse. AON. Les sites mandibulaires et maxillaires présentent ils les mêmes risques ? A la mandibule, l'utilisation est limitée dans les secteurs postérieurs car les implants les plus courts font 10mm. Une analyse du scanner méticuleuse est donc indispensable pour éviter toute lésion du nerf dentaire inférieur. AON. Votre choix des implants Nobel a changé tout au long de votre étude clinique. Avez-vous fait la différence entre le Nobel Replace et le Nobel Active ? Dans ma pratique, je n'utilise qu'un seul système le Branemark System Mk III TiUnite à hexagone externe. Il me donne entièrement satisfaction quant aux diamètres étroits. Je n'ai pas d'opinion sur la connexion interne trilobée de Replace car je ne l'utilise pas de même que celle du NobelActive. Je pense cependant qu'il faut bien analyser la densité osseuse pour éviter de placer des implants étroits à connexion interne avec des couples d'insertion trop élevés; ce qui pourrait altérer mécaniquement le col AON. D’autres études longitudinales ont-elles donné les mêmes conclusions ? A ma connaissance, il n'existe pas d'autres études comparables sur ce type d'implants. Cependant, de nombreux praticiens de part le monde ont une utilisation clinique des ces implants similaires à la mienne et en tirent les mêmes conclusions. Le MAGAZINE Impressions en Live ! Deux participants nous ont livré leurs impressions... Nicolas Frydman Michael Corcos Ce congrès Nobel à NY était-ce une première ou avez-vous déjà participé à l’un d’eux ? Ce congrès était ma seconde participation, le précédent était à LAS VEGAS. Ce congrès n'était pas une première. Ayant fait une partie de mon troisième cycle universitaire aux Etats Unis, j'ai toujours eu l'habitude de participer à des manifestations scientifiques Américaines. Quelle est votre impression générale sur cette manifestation ? Mon impression générale est que ce congrès était celui des bilans : bilans concernant les états de surface, de la chirurgie guidée, des implants NOBEL ACTIVE, de l'évolution des protocoles chirurgicaux. Ce congrès, à mon avis, était celui des utilisateurs de la société NOBEL BIOCARE, la quasi totalité des conférences a été réalisée par des cliniciens expérimentés avec un niveau de présentation très élevé. Les "workshop" ont permis d'approfondir certaines conférences, en particulier celles de Sasha JOVANOVIC et celle de Sonia LEZIY. Dès le premier instant, on se rend compte de l'incroyable force de frappe de l'entreprise "Nobelbiocare ». Le célèbre hôtel New Yorkais "Waldorf Astoria" pratiquement entièrement occupé pour la cause : plus d'un millier de congressistes, un amphithéâtre pour les séances plénières dans le style des grandes salles de bal à l'Américaine, un étage entier dédié aux nouveautés Nobel, une deuxième salle pour les séances parallèles et bien évidement les non moins célèbres "Hands On" ou encore séances de travaux pratiques que les confrères outre atlantique affectionnent tant. Au niveau marketing, tout est fait pour que le GP (Dentiste Généraliste) ait l'impression d'entrer dans le Saint des Saint de l'implantologie. Les commerciaux sont hyper affutés ; il est totalement exclu que vous passiez près d'un stand - ou on promotionne le CAD/CAM Procéra ou encore le nouvel implant Nobel Active - sans que vous soyez alpagué gentiment et avec le sourire et de manière excessivement professionnelle. Il leur suffira de 15 minutes pour que vous soyez convaincu de poser du Nobel..... Quelle conférence a retenue particulièrement votre attention ? Dites nous tout ! Il est difficile de résumer l'ensemble à une seule conférence. Ce que j'ai le plus remarqué se résume de la manière suivante. Cependant les spécialistes en implantologie sont eux aussi parfaitement servi, une cohorte de conférenciers internationaux de renom était là ... Plus court : Il n’est plus nécessaire de chercher obligatoirement les implants les plus longs, les nouvelles formes d'implants "groovy", et Active permettent de réduire la longueur des implants et donc la nécessité de chirurgies osseuses complémentaires. Après un très sympathique petit déjeuner avec la délégation Française en ce premier jour de congrès, je retrouve avec plaisir des ex-assistants de Paris V, et je fais la connaissance de sympathiques confrères venus comme moi faire le voyage à New York. Puis c'est le départ pour 3 jours intenses en conférences et ateliers cliniques. J'oscille entre les 2 salles de conférences au grès des sujets et des conférenciers qui m'intéresse. Finalement, et c'est ce qui grandit ce genre de manifestation, peu étaient les conférenciers qui faisaient l'apologie de Nobelbiocare en tant que marque (je n'en ai vu que deux !). Les sujets traités étaient éminemment scientifiques et le niveau de certaines conférences était vraiment remarquables. J'ai retenu bien évidement mon ami et mentor Sascha Jovanovic sur la gestion des tissus mou du secteur antérieur, mais aussi Peter Worhle et Eugon Euwe qui ont fait de remarquables présentations aussi bien au niveau didactique que clinique. Plus étroit : dans les cas d'extraction implantation il ne faut pas forcément chercher à combler l'alvéole avec un implant de gros diamètre, même s'il persiste un petit gap, il est surtout important d'avoir une très bonne stabilisation primaire. Cependant dans un très grand nombre de cas présentés, une chirurgie gingivale est présente afin d'améliorer le volume gingival, sa qualité et diminuer "la transparence" de la gencive qui laisse apparaître un élément grisâtre. Transvissé : c'est le point qui est le plus ressorti lors de ce congrès, c'est la tendance du moment autant pour les possibilités de réintervention, que pour le fait qu'il n'y a pas de ciment qui "fuse" sous la couronne et qui semble être à l'origine de très nombreuses "péri implantites". De plus cette tendance est aidée par les possibilités qui s'étendent de réaliser des armatures de couronnes unitaires ou de bridge tant en titane qu'en alumine-zircone, permettant d'avoir une excellente bio compatibilité. On ne peut également que se féliciter de la magnifique représentation nationale. Bernard Touati incontournable "Opinion Leader" et parfait maitre des cérémonies lors de la session du jeudi après midi, Hadi Antoun qui nous à gratifié d'une très belle présentation, très clinique et réelle par rapport au quotidien des plans de traitement implantaire et de leur gestion, et l'émergence de nouveaux talents comme David Nizand. soirée de gala sur la 42e rue, au Cipriani Avec le CEO, Domenico Scala ALPHA OMEGA NEWS - N° 137 - NOVEMBRE 2010 PAGE 47