Vincent Labrune, fidèle en affaires - CROS Provence

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Vincent Labrune, fidèle en affaires - CROS Provence
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Portrait
Vincent Labrune, fidèle en affaires
LE MONDE | 18.02.10 | 16h04 • Mis à jour le 18.02.10 | 16h22
ongtemps, il a été une ombre au milieu des paillettes et des sunlights. Son nom n'avait
encore aucune importance. C'était Vincent le petit jeune, celui qui fait le travail, celui qui
n'a pas d'ego, le rigolo... Et puis, en juin 2009, son nom apparaît en plein jour. Au moment où
une nouvelle crise secoue l'Olympique de Marseille, le grand public découvre Vincent Labrune
et son air de Vincent Vega, le personnage qu'interprète John Travolta dans Pulp Fiction. "C'est
aussi un tueur, mais plus efficace que Travolta", sourit son ami Eric Hannezo, le producteur de
"Téléfoot" sur TF1.
Depuis deux ans , Vincent Labrune est le président du conseil de surveillance de l'Olympique
de Marseille (OM), président également d'Eric Soccer, la holding qui détient à 100 % le club
phocéen. En résumé, le patron. "Non, martèle-t-il, je représente l'actionnaire Robert LouisDreyfus."
Cet homme de 38 ans était la cible préférée de Pape Diouf, lorsque celui-ci présidait le
directoire de l'OM. Pape Diouf ne supportait pas que ce "dandy parisien" vienne lui demander
de diminuer "l'hallucinante" masse salariale des joueurs, de prolonger le contrat de l'entraîneur
Eric Gerets. Bref, qu'un personnage venu du "néant" montre au vieux sage du foot comment se
tenir chez lui à Marseille.
Mais voilà, Vincent Labrune n'est pas seulement l'homme de confiance du propriétaire du club,
Robert Louis-Dreyfus, dit RLD : c'est sa doublure. "Robert a changé ma vie", lance-t-il. Depuis
un soir de novembre 2000 où Louis Acariès, le manager de boxe, le présente à RLD. Ensemble,
ils parlent de football et de l'équipe d'Argentine 1978. RLD l'emmène dans son jet voir des
matches à travers le monde. Il devient son confident, son proche conseiller lorsque le
milliardaire suisse comparaît au procès des comptes de l'OM en 2006. Sa canne aussi tout au
long d'une longue maladie qui emportera l'homme d'affaires en juillet 2009. A l'OM, Vincent
Labrune est les yeux, les oreilles et la bouche du patron. "Il répétait au mot près les paroles de
Robert", rappelle Xavier Bokobza, le conseiller juridique de RLD.
Ainsi, s'attaquer à Vincent Labrune, c'est s'en prendre à Robert Louis-Dreyfus. Pape Diouf en
est conscient, mais il n'y survivra pas... "Je n'ai jamais viré Pape", assure aujourd'hui Vincent
Labrune. "Il aurait pu avoir le club, il m'a attaqué", lâche-t-il. "Il n'est pas payé pour répondre
mais pour fournir des réponses", explique Daniel Bilalian, le directeur des sports de France
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Télévisions, qui le connaît bien.
Vincent Labrune ne veut plus parler de Pape Diouf. Assis au bar du Fouquet's, l'hôtel parisien
de luxe, il enchaîne les cafés. Il a maigri depuis la mort de son mentor. Des cheveux blancs ont
surgi. Il a l'air moins arrogant. Il soupire. Son BlackBerry n'arrête pas de se plaindre, un peu
comme lui. Il semble parfois lassé de son existence, de l'OM, dont le parcours sportif jusque-là
est décevant cette saison.
Ces dernières années, il s'est totalement dévoué pour RLD. "Loyal", "fidèle", voilà comment
unanimement ses amis le définissent. Il rêve de produire des films, de grandes émissions. Il
doit se contenter de son talk-show ("Telle est ma télé") sur TPS Star. "J'ai mis ma vie entre
parenthèses pour Robert", murmure-t-il. Sa vie est celle d'un homme des médias. Il possède un
interminable carnet d'adresses. Il connaît par coeur les numéros de portable des patrons des
chaînes de télévisions (des amis), des producteurs qui comptent (des amis aussi), des vedettes
du petit écran (toujours des amis). Il connaît, évidemment, les journalistes médias (encore des
amis).
Il semble loin, ce matin d'octobre 1994. Vincent Labrune, alors âgé de 23 ans, vient de terminer
son DEA en économie internationale et finance du développement à l'université Paris-I. Une
amie, Marie-Alix, la fille du journaliste Jacques Chancel, lui propose de la remplacer pour un
stage au service de communication de France 2. Ça tombe bien, Vincent se rêvait journaliste.
Il vit dans les coulisses d'une chaîne avec laquelle il a grandi. Ses parents, issus de la petite
bourgeoisie d'Orléans - un père expert-comptable, une mère professeure de comptabilité -, ne
regardaient que les JT de cette chaîne. L'ex-stagiaire Vincent Labrune doit y promouvoir les
stars de l'antenne, les émissions d'information. Il apprend le métier de la communication.
De l'info, il en donne. Il n'hésite pas à communiquer aux journalistes médias des chiffres
d'audience supposés confidentiels. Il tisse son réseau... "Il ne la ramenait jamais", se souvient
Jacques Chancel. "Il ne se prenait jamais pour le calife à la place du calife", ajoute Daniel
Bilalian. Vincent Labrune plaît et va vite, très vite.
Il quitte France 2 pour rejoindre la société de production florissante de Jean-Luc Delarue en
2000, comme directeur de la communication. "C'est un mec hyperfiable", admire le
producteur. Objectif : réconcilier Jean-Luc Delarue avec la presse, gommer son image de
"voleurs de patates" popularisée par les Guignols de Canal+. Delarue cartonne avec "C'est mon
choix", sur France 3, ou "Star à domicile", sur TF1. Les journalistes veulent des infos sur lui.
Vincent Labrune dose et distille scoops ou exclusivités. Il ne s'affiche pas.
Son discours c'est : "Jean-Luc dit", "Jean-Luc pense". "Mais je ne mens jamais", assure-t-il.
"C'est un grand manipulateur, mais dans le bon sens du terme", sourit Louis Acariès, qui
considère Labrune comme son fils, tout en s'en méfiant. Il le surnomme "Brutus". L'homme
fort de l'OM est un mordu de sport. Le football coule dans ses veines et l'équitation dans ses
artères. En 1999, il rencontre à une réception un jeune boxeur encore peu connu, Brahim
Asloum. Il lui prédit le titre olympique. Asloum remporte l'or deux ans plus tard aux Jeux
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olympiques de Sydney. Quelques mois plus tard, il lui présente Jean-Luc Delarue, avec qui le
boxeur va collaborer. "Et Vincent m'a fait une belle com'", assure Brahim Asloum.
Vincent Labrune est alors remarqué par TF1. En 2003, il quitte Jean-Luc Delarue pour créer sa
propre société "d'artisan " en communication (VLB) pour conseiller RLD et Etienne Mougeotte.
"Il apportait de la crédibilité à ce que je disais", explique l'ancien vice-président de TF1. "Si un
jour nous devions avoir une crise, je ferais appel à Vincent", souligne Rodolphe Belmer,
directeur général de Canal+.
Aujourd'hui, il continue à servir Margarita Louis-Dreyfus, la jeune veuve de RLD. "C'était un
jeune frère pour Robert, explique-t-elle. Un jour à l'hôpital, j'ai vu le visage de mon mari
s'éclaircir quand il a vu Vincent. J'ai compris."
Depuis la mort de son mari, Mme Louis-Dreyfus a une "confiance aveugle" en Labrune. Elle ne
connaît pas grand-chose à l'OM. Il prend des décisions sans la consulter. Il assume : elle était
très occupée par la succession. Se prend-il pour le patron ? "Non, dit-il, je représente
l'actionnaire, Margarita Louis-Dreyfus."
Mustapha Kessous
Parcours
1971
Naissance à Orléans.
1994
Effectue un stage au service de communication de France 2.
2000
Devient directeur de la communication de la société de production Réservoir Prod.
Rencontre Robert Louis-Dreyfus, actionnaire de l'Olympique de Marseille.
2003
Création de sa société VLB ; conseille TF1.
2008
Est nommé président du conseil de surveillance de l'OM.
2009
Mort de Robert Louis-Dreyfus.
Article paru dans l'édition du 19.02.10
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