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30.09.2002
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Les articles
Formation continue
Et si on retournait à l’école?
plurielle
écouter
Alors que les hommes accordent la priorité aux cours ciblés sur leur carrière,
les femmes suivent plutôt des formations axées sur leur développement
personnel. Mais il y a les exceptions... Trois d’entre elles nous livrent leur
expérience.
portraits
dossiers
à vif
Au bénéfice d’un bon niveau d’études, Aurélie, Aude et
Claire ont suivi durant une année une formation continue
en gestion et management proposée par l’Université de
Genève. Une initiative aux retombées positives aussi bien
sur le plan personnel que professionnel (lire leurs
témoignages ci-après). D’une manière générale, ce sont
souvent les personnes les mieux qualifiées qui se
perfectionnent, qu’il s’agisse de rafraîchir leurs
connaissances ou d’en acquérir de nouvelles. En revanche, la pers-pective de retourner
sur les bancs d’école ne séduit guère les classes ouvrières, qui privilégient les
apprentissages concrets ou «sur le tas». A ces différences entre les divers groupes
socioculturels s’ajoutent les attitudes propres à chaque sexe qui ont «un effet
amplificateur», selon Laurence Marti. Dans une récente étude* menée au-près
d’ouvrières et d’ouvriers, la sociologue a relevé que, à compétences égales, les femmes
n’envisagent pas forcément la formation continue comme un tremplin pour leur
promotion professionnelle...
style - g
accesso
soins
savoir diététiq
cuisine
parents
En menant à terme une formation continue, Aurélie, Aude et Claire ont acquis les outils
nécessaires pour concrétiser leurs projets. Destins croisés de trois femmes issues
d’horizons divers.
"Aux cours d'entrepreneurship, j'ai acquis des notions indispensables pour
gérer mon ONG" Claire, psychologue
Une carrière de danseuse stoppée à la première grossesse, deux années d’études de
philosophie à la Sorbonne (Paris), une formation de sage-femme en Israël (non
reconnue en Suisse), Aurélie présente un parcours en dents de scie. Native de Genève,
elle séjournera sept ans à l’étranger avec son époux avant de rentrer en Suisse.
Quelques mois plus tard, c’est le divorce, prononcé dans une atmosphère conflictuelle.
A 27 ans, Aurélie se retrouve sans emploi, avec trois jeunes enfants à charge. Dotée
d’un tempérament fonceur, elle se dégote un job dans une entreprise qui commercialise
les fontaines d’eau et se démarque rapidement par son dynamisme. Tant et si bien
qu’une société d’agencement de bureau la débauche et lui propose un poste à
responsabilités. La jeune femme, qui ressent le besoin de se perfectionner, s’informe
auprès de l’Université de Genève. «Je voulais acquérir des connaissances commerciales
pour mettre toutes les chances de mon côté. La formation d’entrepreneurship
correspondait en tout point à ce que je cherchais.» Elle en touche un mot à son
employeur, qui la soutient dans sa démarche et s’engage à lui offrir les cours.
Créer et innover
Le certificat d’entrepreneurship dont l’Université de Genève a l’exclusivité s’adresse à
tous ceux qui s’intéressent au business et à la gestion. Ceux qui rêvent de lancer leur
start-up, soit une entreprise en relation avec les nouvelles technologies comme
internet; ceux qui souhaitent créer une PME; ou encore ceux qui veulent favoriser les
comportements innovants au sein des banques, compagnies d’assurances et autres
grandes entreprises... Raphaël Cohen, l’instigateur de cet ambitieux programme, est
lui-même un entrepreneur aux multiples facettes: «Beaucoup de gens ont des idées
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sans jamais oser les concrétiser, assure-t-il. Par exemple, une dame en a ramené une
d’un voyage en Italie, que j’ai trouvée très bonne. Il s’agit d’un petit accessoire qui
permet d’éviter de se faire voler son sac dans les lieux publics. Cette femme avait
trouvé le concept génial, mais ne savait pas comment l’importer en Suisse. Elle vient
maintenant d’obtenir l’exclusivité mondiale pour la distribution de ce produit! Fournir les
outils nécessaires pour qu’un projet devienne réalité, c’est précisément l’objectif de la
formation.»
Oui, mais avant de plonger dans une nouvelle formation, reste à
surmonter quelques obstacles. Aurélie, elle, panique au dernier
moment. Totalement ignorante en ma-tière de business, elle n’ose
pas se présenter le premier jour des cours. Heureuse-ment, sa
peur de se sentir perdue sera rapidement levée. «Raphaël Cohen
m’a convaincue d’y aller et j’ai vraiment croché. On a touché à
tous les domaines, des ressources humaines à la finance.» A cela
s’ajoute une ambiance «géniale» au sein de la classe: «Ça m’a
redonné confiance en moi. J’en avais besoin, car mon em-ployeur
m’a virée dans les mois qui ont suivi. J’ai aussi dû payer la
formation de ma poche, mais je ne l’ai pas regretté.»
"On a touché à tous les domaines, des ressources humaines à la finance. J'ai
repris confiance en moi!" Aurélie, créatrice de repas librés à domicile
Issue de la même volée d’étudiants, Aude Jacquet présente un parcours très diffé-rent
de celui d’Aurélie et partage avec elle une même ouverture d’esprit. Employée dans
l’entreprise familiale, cette architecte paysagiste de 31 ans a toujours eu envie d’élargir
son horizon. Maturité en poche, elle apprendra son métier dans une école à Londres,
avant d’effectuer divers stages à travers le monde. «De retour en Suisse après cinq
années passées dans des pépinières et des bureaux d’études, j’ai réalisé que les
responsabilités que j’allais devoir endosser ne se limitaient pas aux techni-ques de mon
métier. J’avais acquis de l’expérience durant mes stages, mais je ne connaissais rien au
fonctionnement d’une entreprise.» Son supplément de formation à l’université
représentera «une année de sacrifices» compensée par une ambiance motivante et les
bénéfices que la jeune femme dit en avoir retirés. Peu familiarisée avec les branches
financières – «c’était la partie la plus ardue» – Aude a travaillé d’arrache-pied. Elle est
désormais à l’aise avec les outils nécessaires à l’élaboration d’un projet. «A la suite de
l’étude de marché effectuée dans le cadre de mon di-plôme, j’ai pu convaincre
l’entreprise familiale de lancer notre nouveau produit, un revêtement de courts de
tennis novateur auquel je crois dur comme fer. J’aurais été incapable de concevoir et de
défendre ce projet auparavant.»
Rêve devenu réalité
Echo tout aussi positif auprès de Claire Colliard, qui n’a pourtant pas suivi la forma-tion
avec l’intention de se lancer dans le business. Après vingt-cinq ans de pratique en
cabinet privé, cette psychologue a eu envie de fonder une unité de soutien psychologique pour les expatriés traumatisés par les horreurs vécues durant leurs missions humanitaires. Depuis quatre ans, son rêve est devenu réalité. «J’ai beaucoup
hésité à m’inscrire à ce certificat, car mon but n’était pas de faire du profit, raconte-telle. En fin de compte, j’ai laissé tomber les cours trop axés sur l’aspect lucratif et je me
suis contentée de suivre ceux qui m’intéressaient.» Elle n’a pas eu à regretter ses
choix: «Non seulement j’ai acquis des notions indispensables pour gérer mon ONG (qui
compte désormais 25 bénévoles, ndlr), mais je suis en plus entrée en contact avec tout
un réseau d’étudiants provenant d’horizons très divers. Ça a créé une émulation, je me
suis fait des amis et même des collègues. L’un des participants a rejoint mon équipe et
nous avons monté un grand projet ensemble.»
Sélection sur dossier
Persuadé que les femmes ne tirent pas suffisamment parti de leur potentiel, Raphaël
Cohen voudrait recevoir davantage de candidatures féminines. «Dommage qu’elles se
montrent si réticentes lorsqu’il s’agit d’entreprendre ou d’innover...» D’autant qu’il n’est
pas nécessaire d’avoir un titre universitaire pour être admis aux cours gene-vois. «Ce
que nous attendons de nos étudiants, c’est qu’ils fassent preuve d’intelligence et de
motivation, c’est pourquoi nous les sélectionnons sur dossier.»
Deux années après avoir obtenu leur certificat, les
«anciens» de la volée de Claire, Aude et Aurélie se
rencontrent régulièrement dans le cadre d’un club de
solidarité. «Si quelqu’un arrive avec un problème à
soumettre, les autres doivent lui apporter une solution»,
explique Aurélie, qui garde un merveilleux souvenir de sa
période es-tudiantine. Grâce à sa nouvelle formation, la
jeune femme a trouvé un nouveau job à plein temps dans
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une société de recrutement. En parallèle, elle se démène pour développer l’AngeGourmand, sa petite entreprise qui livre à domicile des menus «raffinés et créatifs»
qu’Aurélie concocte dans sa cuisine. Lancée à peu de frais, l’affaire aurait plutôt bien
démarré.
"L'étude faite dans le cadre de mon diplôme a convaincu mon entreprise de
lancer un nouveau produit." Aude, architecte paysagiste
«J’ai commencé par aller tester la cuisine des grands chefs pour trouver mon
inspiration, puis j’ai créé mes propres plats, calculé les prix, inventé un logo et imprimé
mes menus. Je me suis constitué une clientèle en quelques mois, uniquement par le
bouche à oreille.» Et de confier avec enthousiasme: «Cette formation à l’université a
vraiment bouleversé mon existence, car c’est aussi durant ces cours que j’ai rencontré
l’homme qui partage désormais ma vie. Nous avons flashé l’un sur l’autre au premier
regard...»
Qui dit que l’école c’est ennuyeux?
* «Participation et non-participation à la formation continue professionnelle.
L’exemple des horlogers-ères et des cuisiniers-ères», Laurence Marti. Rapport de
valorisation.
Programme national de recherche 43 Formation emploi. 2003.
Une promotion? Non merci...
Moins carriéristes que les hommes, les femmes manquent aussi de confiance
en el-les. Résultat: elles s’excluent des postes à responsabilités. C’est la
conclusion d’une enquête sociologique sur la formation continue des
cuisinières et horlogères.
Dans les secteurs de l’horlogerie et de la cuisine, pris en compte dans l’étude sociologique de Laurence Marti, les ouvriers titulaires du certificat fédéral de capacité (CFC)
peuvent suivre une formation complémentaire afin de décrocher le brevet ou la maîtrise
généralement exigé pour diriger une équipe. «Faire le brevet?... Un petit peu plus de
responsabilités, peut-être oui. Pour pouvoir apprendre. Apprendre la gestion d’une
cuisine, c’est intéressant. J’aime assez calculer, tout ça. Je ne suis pas forte en calcul,
mais j’aime assez.»* Ainsi s’exprime, dans l’étude de Laurence Marti, l’une des rares
cuisinières désireuses de passer ce diplôme, qui constitue pourtant un sésame pour un
poste à responsabilités. Tandis que les hommes se per-fectionnent pour asseoir leur
carrière ou obtenir une promotion, les motivations fémi-nines sont souvent plus
complexes.
Pour les besoins de son enquête, la sociologue a sélectionné deux professions où
hommes et femmes sont généralement au bénéfice de la même formation de base, à
savoir le fameux CFC. Premier étonnement: à qualifications égales, les ouvrières ne se
sentent pas sur un pied d’égalité avec leurs collègues masculins. Ainsi, cette horlogère
en possession d’une maîtrise ne s’imagine pas l’utiliser à des fins profes-sionnelles.
«Non, y a pas besoin. Moi je voulais ça parce que, en tant que femme, je me sens
dévalorisée. Alors je voulais ce papier pour avoir un plus par rapport aux hommes.» Un
sentiment d’infériorité pousse donc certaines ouvrières à se former, quitte à n’en retirer
aucun avantage au plan professionnel.
«C’est un peu comme si, faute d’être assurée d’une réelle possibilité de progression à
long terme dans l’entreprise, il y avait utilisation de la formation d’abord pour son
propre développement, pour soi-même, pour sa propre culture générale, commente
Laurence Marti. A plusieurs reprises, ces ouvrières insistent sur leur goût de la découverte, sur leur plaisir à apprendre, faisant par là même preuve d’un intérêt approfondi pour leur métier.
Dans ces professions valorisant le travail à temps complet, le passage à un temps
partiel après le premier enfant apparaît comme «une cassure, une déqualification
entraînant une exclusion de toute possibilité de formation». Ayant pris conscience de
leur difficulté à faire carrière, les femmes se mettent elles-mêmes en retrait. Plus qu’un
véritable choix, c’est une sorte de résignation, parfois vécue de manière dou-loureuse.
Encore largement féminin, le temps partiel tel qu’il est pratiqué aujourd’hui peut avoir
des répercussions allant bien au-delà des baisses de salaire, car trop souvent réser-vé à
des emplois peu qualifiés, sans perspectives de promotion. En revanche, les femmes à
plein temps sont légèrement plus nombreuses que les hommes à se per-fectionner
(41% contre 39%).
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"Quand les femmes se réorientent, ce n'est pas par ambition mais pour obtenir
des horaires plus compatibles avec leur vie de famille."
Autre constat de la sociologue: la plupart des ouvrières envisagent leur carrière «en
raccourci». Elles déploient beaucoup d’énergie tant qu’elles n’ont pas fondé de fa-mille,
puis se désinvestissent à l’arrivée des enfants. En réalité, la plupart des fem-mes ont
intériorisé ces principes bien avant de devenir mères, comme le démontrent les propos
de cette cuisinière: «Ici, j’espère bouger, voir différents secteurs. J’ai pas envie de
rester à ma place pénarde. (…) Je dis ça pour l’instant, parce que je n’ai pas de famille,
pas d’enfant. Peut-être qu’après je verrai les choses autrement aussi. Mais pour
l’instant, franchement, j’ai envie de prendre tout ce qu’il y a à prendre ici, comme on
dit.»
A vrai dire, ces remarques ne valent pas seulement pour les horlogères et les cuisinières. L’enquête** sur la formation continue menée à grande échelle par l’Office fédéral de la statistique obtient des résultats analogues: les hommes accordent une nette
priorité aux cours ciblés sur leur carrière, alors que nombre de femmes suivent des
formations sans lien direct avec leur profession, des cours axés sur le dévelop-pement
personnel, la gestion du stress, la culture générale, etc. Il est d’ailleurs fré-quent
qu’elles se forment à leurs frais, en dehors de l’entreprise. «C’est souvent le cas pour
celles qui veulent se réorienter, ou se spécialiser dans un domaine plus compatible avec
leurs responsabilités familiales, note Laurence Marti. Les cuisiniè-res choisiront par
exemple de se spécialiser en diététique afin de travailler dans une structure aux
horaires compatibles avec une vie de famille.»
André Schaefli, directeur de la Fédération suisse pour la formation continue, dresse le
portrait type de l’employé ayant le plus de chance de se voir offrir une formation par
son entreprise. Il s’agit d’un homme de 35-45 ans, actif à plein temps, jouissant d’un
salaire élevé et d’une bonne qualification... Les laissés-pour-compte? Les fem-mes à
temps partiel, peu qualifiées et mal rémunérées... qui cumulent décidément tous les
désavantages.
* Tous les témoignages d’horlogères et de cuisinières sont tirés de l’étude mention-née.
** «La formation continue en Suisse 2001. D’après les enquêtes suisses sur la
population active de 1996 à 2000.»
Entrepreneurship, mode d’emploi
Le certificat proposé par l’Université de Genève dure un an et s’organise en douze
modules de vingt-quatre heures, programmés deux fois par mois, les vendredis aprèsmidi et samedis matin. Coût: 9900 francs pour la totalité, et 1800 francs par module.
Informations auprès de Magdalena Weatherby, tél. 022 705 81 05, ou Ra-phaël Cohen,
tél. 022 304 89 00, internet http://entrepreneurship.unige.ch
Sandra Andrade
Photos: Myriam Ramel
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