Introduction Se séparer : une problématique pour

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Introduction Se séparer : une problématique pour
Introduction
Je n’aime pas me séparer. La séparation meurtrit et blesse mais c’est aussi un processus qui permet de
structurer la personnalité
La vie est faite de séparations, à commencer par la naissance, le sevrage…
Chaque nouveau pas accompli par l’enfant est une prise de distance, un éloignement.
La séparation meurtrit et blesse, c’est un processus qui permet de structurer la personnalité,
de grandir.
Pour se construire, l’enfant doit aborder des étapes structurantes. Il doit accepter de se
séparer, de perdre, car la vie n’est constituée que par des deuils successifs faits de
renoncements.
L’enfant dépressif souffre de ne pas savoir perdre.
Certaines séparations ont douloureuses comme :
Laisser partir ses parents, s’en aller ou partir sans eux, découvrir que la mort existe, voir ses
parents divorcer.
Il n’y a pas que des petites séparations. Toutes sont des étapes qu’il ne faut ni banaliser, ni
dramatiser.
L’étude de l’angoisse de séparation chez l’enfant est celle aussi que porte en lui l’enfant
inclus dans tout adulte.
Il faut interroger chez l’adulte que nous sommes, les traces toujours vivaces de nos
chagrins, de nos révoltes et de nos victoires.
L’angoisse que manifeste un enfant par rapport à la séparation nous renvoie à nos propres
angoisses.
Se séparer : une problématique pour la vie
Ce qui se joue autour de la séparation est une problématique humaine fondamentale qui pèse
sur les individus la vie durant.
C’est dire que les angoisses de séparation, tantôt diffuses, tantôt aiguës accompagnent les
êtres que nous aimons, même si nous sommes convaincus de l’utilité ou du caractère
inévitable ponctuant le déroulement même de la vie.
Nous sommes naturellement inquiets lorsque nous quittons. Car même lorsqu’il s’agit d’une
séparation apparemment banale et programmée, chacun peut sentir se réactiver, sous les
angoisses de séparation, des inquiétudes plus profondes renvoyant à l’angoisse d’abandon de
la personne aimée.
La gestion au jour le jour des inévitables angoisses de séparation exige donc un travail
psychique, très variable d’un individu à l’autre mais aussi chez un même individu selon les
différents moments de la vie.
Nous traversons en effet tous des périodes tranquilles ou au contraire plutôt anxieuses qui ne
manquent pas de faire varier notre tolérance à la séparation.
Pouvoir se séparer suppose une confiance suffisante en soi et en l’autre concernant le fait que
l’on pourra se retrouver ; ainsi, les séparations peuvent se révéler favorables et fécondes.
Des réactions différentes selon l’âge, la maturité et la
situation
Les séparations successives que vit l’enfant contribuent à son autonomisation.
La naissance une première séparation
?
Les premières séparations
La naissance d’un enfant est une des premières séparations.
Du côté de la mère : pour devenir mère, la femme doit perdre sa position da fille dans la
lignée généalogique. Comme l’écrit P. Legendre, la généalogie ne fonctionne pas par
accumulation de places, mais à coup de perte, permutations symboliques du sujet à travers les
places juridiques désignées, sur la base de la relation oedipienne.
Naître et se séparer.
Les 3 premiers mois de grossesse peuvent être qualifiés de fusionnels dans la mesure où les
hormones nécessaires au maintien de la grossesse sont sécrétées par les ovaires de la femme
enceinte.
Au terme du troisième mois, le placenta formé à partir de tissu embryonnaire est
suffisamment développé pour prendre le relais et assurer à son tour cette fonction.
Le placenta est dans la vie de l’enfant le premier élément qui le sépare de sa mère.
La fameuse dyade mère enfant est, en fait dès le troisième mois une collaboration
extrêmement sophistiquée entre deux organismes distincts mais très dépendants l’un de
l’autre.
Dès avant la naissance, la question de la séparation est un compromis entre deux personnes,
le fœtus et sa mère.
La naissance est vécue différemment par le bébé et ses parents, selon les conditions dans
lesquelles elle a lieu et ses suites : césarienne, déclenchement médical de l’accouchement,
accouchement sous x, réanimation néonatale, baby blues de la mère.
Baby blues : si tout se passe bien, trois jours vont se dérouler pour chacun dans la sidération et
la fatigue dues à l’événement. Mais le 3ème ou 4ème jour tout bascule et la majorité des femmes
présentent un baby blues ou dépression précoce du post partum. L’enfant est là mais sa
présence doit encore s’inscrire matériellement et socialement. Du point de vue de
l’inconscient de la mère, le baby blues peut s’entendre comme une réactivation de tous les
deuils et de toutes les séparations mal symbolisées de son histoire.
Pour Otto Rank, la naissance est une séparation traumatique et elle est le modèle de notre
vécu d’angoisse. L’angoisse de la naissance corrélative à l’état de détresse biologique du
nourrisson, a pour condition déterminante la séparation de la mère.
Pour Freud il y a une continuité entre la vie intra utérine et l’acte de la naissance assuré par le
psychisme maternel.
La venue d’un enfant au monde provoque une reviviscence du narcissisme des parents qui
projettent sur lui tous les rêves auxquels ils ont dû eux-mêmes renoncer. Ils imaginent que
leur enfant aura une vie meilleure.
Dépendance et ses différentes étapes de séparation.
A la naissance les enfants sont en état de prématuration et totalement dépendants de l’adulte.
La fragilité du nouveau-né, son besoin de soins, de sécurité et d’amour nécessite le soutien de
son entourage.
Dans ce contexte, toute absence des proches est source d’angoisse quelle que soit sa durée, car
l’enfant ne sait pas distinguer l’absence temporaire de la perte durable.
Comme l’explique Freud : « la situation dans laquelle il ressent l’absence de la mère étant mal
comprise, n’est pas pour lui une situation de danger mais une situation traumatique » suscitant
une angoisse liée au danger de la perte de la mère.
Peu à peu l’enfant va pouvoir intégrer la permanence de sa mère et en même temps avoir le
sentiment de sa perte.
Il faudra la répétition de l’expérience pour qu’il intègre et maîtrise la présence absence de la
mère.
Les doudous (« objets transitionnels D.W.Winnicott ») vont permettre à l’enfant d’instaurer
une continuité menacée de rupture. Les doudous rassurent les enfants et leur donnent le
sentiment de sécurité.
Les doudous sont très utilisés et exploités au-delà de leur fonction en France mais toutes les
mamans n’introduisent pas de doudou dans la vie de leur enfant pour gérer la séparation. Dans
certains pays proches comme l’Italie par exemple les mamans n’y ont pas recours.
# Film le doudou les maternelles.
Le sevrage de l’allaitement au sein et un processus de séparation qui permet l individuation
Dans le meilleur des cas, l’allaitement au sein est une étape transitoire où le « cordon lacté »
prend le relais du cordon ombilical. Il permet à l’enfant de se séparer progressivement de sa
mère à mesure qu’il engrange suffisamment de force pour s’autonomiser. Il prolonge le
dialogue établi pendant la grossesse entre la mère et l’enfant.
Ce sont les temporisations, les privations de satisfaction qui font que l’enfant se sent peu à
peu être, corporellement puis psychiquement.
Le sevrage mené dans le respect de la maturité du bébé –on ne sèvre pas de la même manière
un bébé de 1 mois et un de 6 - est une pièce maîtresse de cette individuation. C’est quand il y
séparation de la mère et de l’enfant que celui-ci se sent exister.
Le lien de sang et de chair à la mère se transmue au fur et à mesure du sevrage en un lien
symbolique.
Le sevrage de la mère
La mère doit aussi se sevrer de cette relation charnelle, intime et privilégiée avec son enfant.
En allaitant, elle se sent utile et peut craindre de l’être moins après le sevrage. Redouter le
sevrage est pour certaines la crainte du vide. Sevrer son enfant renvoie la mère à ses propres
expériences de séparation. Si elles ont été sources de structuration, il lui sera plus facile de
sevrer son enfant si c’est le contraire le sevrage lui paraîtra insurmontable.
Dans la peur de ne pas souffrir, elle peut retarder l’échéance le plus possible ou l’expédier
rapidement en se coupant de son ressenti.
Ancrage relationnel indispensable pour mieux se séparer
C’est la qualité de l’ancrage relationnel avec l’adulte que l’enfant aime qui aide le mieux à
franchir les obstacles pour devenir grand en se séparant.
Winnicott a définit le dispositif affectif indispensable pour instaurer une relation nécessaire et
suffisante entre la mère et l’enfant. Il considère que les soins doivent être suffisamment bons
–good enough- pour répondre au besoin du nourrisson, tant physiologiques que
psychologiques.
En étant seulement good enough la mère a forcément des inadéquations, des failles, qui
permettent à l’enfant de construire son autonomie personnelle et de se séparer de
l’attachement fusionnel qui le relie primitivement à elle.
Cette incomplétude permet d’accéder à la pensée, à la construction du monde intérieur.
Les soins prodigués par la mère doivent aboutir à la constitution du narcissisme de l’enfant, la
capacité de s’aimer lui-même dans sa propre image unifiée, séparée de celle de sa mère.
L’enfant prend conscience de lui et donc de la mère, avec en même temps une reconnaissance
de dedans et du dehors. A cette période il y a une véritable structuration de l’espace un
passage de la dimensionnalité à la tridimensionnalité.
Les travaux de Winnicott à propos du holding et du handling et du presenting révèlent
l’importance de la qualité des premiers soins accordés à un bébé dans le processus
d’individuation et de séparation de l’enfant.
Le holding qui correspond à la façon dont la mère soutient son enfant. Les postures et les
déplacements du corps de l’enfant sont étroitement liés au mode de la présence de l’adulte. La
qualité du holding permettra de supporter la brèche ouverte entre mère et enfant par la
séparation de la naissance. Elle va être déterminante et le fonder comme sujet.
Le handling qui correspond à la manipulation avec le bébé avec la satisfaction de celui-ci,
L’object presenting qui correspond à la capacité de la mère de mettre à disposition de l’enfant
un objet au bon moment.
La relation précoce mère enfant est une relation au corps. La mère à un rôle primordial dans la
maturation de l’enfant.
D’après une opinion courante, plus l’enfant est petit, plus la séparation est facile. C’est là une
fausse interprétation du comportement de l’enfant dont les manifestations moins bruyantes
que chez l’enfant plus grand, sont pourtant bien réelles, mais restent à décoder : pleurs,
troubles du contact, de l’appétit, du sommeil, maladies diverses, sont un langage à travers
lequel le nourrisson exprime son désarroi face à une séparation non aménagée.
Aux alentours de six mois, l’enfant émet des signaux plus directs.
L’angoisse du huitième mois ?
L’angoisse du huitième mois est un phénomène bien connu qui désigne les réactions de peur
de l’enfant confronté à des étrangers.
René Spitz a montré l’importance de l’angoisse de séparation et de la peur qu’elle détermine
au moment du deuxième semestre de la première année de la vie, c'est-à-dire au moment où
intervient l’existence de relations intersubjectives de la triade initiale, définissant la relation
entre le bébé, son père et sa mère.
Paradoxalement, ce progrès de la conscience, puisque désormais il commence à distinguer
que sa mère est unique et différente, le rend hypersensible à la séparation…
Aujourd’hui tout le monde s’accorde à dire que les réactions à la vue d’un inconnu
apparaissent bien avant 8 mois. La maturité relationnelle variant d’un enfant à l’autre. On ne
peut donc plus parler de l’angoisse du huitième mois comme on le faisait il y a 20 ans.
Les psychologues ont mis cette angoisse en évidence avant que l’on commence à parler aux
bébés dans le ventre de leur mère, à la naissance, à la maternité en leur expliquant qui ils sont,
qui sont leurs parents d’où ils viennent.
Certains bébés même après l’âge critique des 9 mois, se montrent étonnamment indifférents à
la séparation d’avec leur mère ou père. Parfois les parents s’en félicitent et peuvent dire avec
fierté que leur enfant est « facile ».
Ce signe pourtant ne plait pas aux psychanalystes qui s’occupent de tout ce qui est
somatique : il traduit une insuffisante distinction entre toutes les personnes humaines qui sont
apparemment toutes investies comme bonnes par le bébé.
Or le développement du bébé qui favorise un progressif accès à l’autonomie s’étaye sur la
discrimination fine des objets d’amour.
Les angoisses du « 8 ème mois », la peur de l’étranger révèlent le début d’un long travail
psychique qui aboutit peu à peu à une possible séparation.
Dans la deuxième et troisième année, tout va dépendre de la capacité à nouer des relations et à
s’autonomiser, plus ou moins développée selon le travail psychique antérieur. Cependant, en
général, l’enfant accepte mieux la séparation à cette période de sa vie.
Il faudra pourtant attendre l’âge de six ou sept ans pour qu’il aborde les séparations sans
angoisse et y trouve même du plaisir. Néanmoins, à tout âge, le contexte, les raisons de la
séparation, la présence ou l’absence de repères pour surmonter le vide de la perte et du
sentiment d’abandon, vont jouer un rôle essentiel.
Elaboration psychique et symbolique de la séparation par le jeu
L’enfant parvient à élaborer la perte psychique de sa mère grâce à des petits jeux de cache
cache, coucou. Dans ses jeux l’enfant manie lui-même l’absence et la présence de la mère.
C’est à travers l’évolution des conduites de jeu que l’on peut repérer aisément le travail
psychique qui s’élabore autour de la séparation car ce jeu se complique aussitôt que le bébé
peut se déplacer à quatre pattes ou lorsqu’il a acquis la marche.
Ce jeu de cache cache est une variante du jeu de la bobine décrit par Freud en 1920 le « Vor
da ». Par ce jeu le jeune enfant symbolise l’absence mais aussi la maîtrise sur l’objet qui
s’absente qu’il pouvait faire disparaître et réapparaître à son gré.
Cette expérience répétée lui donne un gain de plaisir et lui permet de surmonter l’angoisse de
séparation.
Ce travail sur la séparation et l’absence s’accompagne d’une prise de conscience de soi
et des autres en tant que personne distincte.
Importance du père dans les processus de séparation mère enfant
Le père à un rôle important dans cette distanciation progressive de l’enfant à la mère. Dans
un contexte de difficulté à se séparer, le rôle du père se révèle fondamental : c’est celui qui
par nature, sépare, entrave les tentations régressives de la relation mère bébé et ouvre vers le
monde extérieur des jeux et de la connaissance. Son rôle est celui de tiers organisateur, il
favorise l’émergence de jeux physiques et actifs, dès l’âge de 3-4 mois, il lance en l’air son
bébé qui répond par des rires aux éclats. Dans les jeux de coucou se mêlent la peur d’être
perdu et la joie de se retrouver à l’abri, dans les bras d’un père tout puissant que le garçon
souhaite imiter et que la petite fille veut séduire.
En prenant une place de tiers dans cette dyade mère /enfant il donne accès à son enfant à la
symbolisation, au langage.
Le père joue également un rôle en même temps protecteur pour la mère. Il contient l’angoisse
de séparation de la mère pour lui permettre de se séparer de son bébé.
La composition familiale influence la tonalité des réactions lors des séparations. Une mère de
famille de plusieurs enfants porte une attention à l’ensemble de ses enfants et l’exclusivité
avec son bébé est moins possible.
Lors de séparations familiales il est très important de prendre en compte la place de chacun
dans la dynamique familiale.
Pour l’enfant en situation d’être accueilli chez une assistante maternelle, la séparation renvoie
inévitablement au vécu antérieur avec l’entourage maternel, c'est-à-dire la séparation
symbolique.
C’est ainsi que l’enfant aura d’autant plus mal dans la séparation, que les expériences
antérieures auront été douloureuses. C’est le cas des enfants vivants dans l’incohérence de
l’organisation du lien.
Incohérence et instabilité parentale, discontinuité des soins, défaillance des interactions
précoces.
Le traumatisme de l’abandon
Ce sont les premiers moments de la vie du bébé dans la qualité de relation à la mère (le
narcissisme primaire) et la solidité du lien qui se tisse entre eux qui vont définir le caractère
fondamental de l’existence continue de soi : celui-ci contribue au maillage narcissique qui
permet à l’enfant de rétablir l’image maternelle en son absence.
Le vrai traumatisme serait la séparation avec la mère ou la peur de la perdre.
C’est à partir de l’élaboration de la séparation que l’enfant construit sa sécurité intérieure et sa
capacité d’autonomie.
Lorsque la séparation est très importante, l’enfant va se sentir en état d’abandon et vivre de
très importantes souffrances pouvant mener à un traumatisme.
Ferenczi étend la notion de traumatisme, pour lui il s’agit d’une série de micro traumatismes
résultant du désintérêt parental, de l’indifférence de la mère face à l’angoisse de son enfant.
Cette défaillance crée un terrain favorable pour les traumatismes plus importants.
La souffrance abandonnique surgit moins de l’abandon que du caractère diffus d’un rejet avec
manque affectif, défaut de langage, distorsion d’une parole inadéquat.
L’enfant est un être de langage, un être de relation
Il puise dans sa relation à l’autre, sa construction psychique et sa relation à lui-même.
L’importance de la parole a été mise en évidence par l’expérience que Frédéric II avait
naguère tentée pour savoir quelle était la langue spontanée des enfants. Le monarque avait
confié des nouveau-nés aux soins de nourrices ayant reçu pour consigne formelle de veiller à
satisfaire tous leurs besoins, mais de s’abstenir de tout usage de la parole en leur présence.
Selon les chroniqueurs, la tentative s’avéra inutile car les petits moururent tous. (P.Watzlwick
le langage du changement)).
Les travaux de Spitz, Bowlby, de Jenny Aubry ont attiré l’attention sur les dangers majeurs
psychiques courus par les jeunes enfants placés en institution lorsque le respect de la vie
psychique n’est pas pris en compte.
Spitz en particulier a réalisé et observé dans une pouponnière l’effet que peut produire une
séparation prolongée chez un très jeune enfant.
Il a parlé d’hospitalisme pour désigner l’ensemble des perturbations somatiques et psychiques
provoquées sur les enfants (pendant les 18 premiers mois) par un séjour prolongé dans une
institution où ils sont complètement privés de leur mère.
Ces troubles graves se composent notamment de retard du développement corporel, de la
maîtrise manipulatoire, de l’adaptation du milieu, du langage, associés à une fragilité aux
affections et à un marasme.
Les moyens que l’on se donne pour aider l’enfant à élaborer une séparation sont une
prévention d’éventuels troubles de la relation.
Le travail sur la séparation essentiel pour la santé mental des enfants.
Tout un courant de pensée de la psychologie de l’enfant a fortement mis en évidence les effets
des carences affectives et des séparations sur la santé mentale des enfants.
Dans les années 50 on pensait que le bien être de l’enfant dépendait entièrement de la mère.
70 le père est apparu dans la version papa poule et les années féministes
amène l’idée de l’indifférenciation des sexes.
Les recherches sur les relations des enfants entre eux et des personnes relais sont venues
tardivement.
La séparation
Assistante maternelle un travail dans la séparation ?
Le travail sur la séparation est un axe sensible du travail des assistantes maternelles. Lors des
premiers jours chez l’as mat où l’enfant est éloigné de son milieu familial.
Cette expérience dans la réalité n’implique pas que le travail psychique de séparation soit
accompli. Il ne fait souvent que commencer.
¤ Séparation du côté de l’assistante maternelle
Accueil d’un enfant de jour pour une durée déterminée souvent jusqu’à la scolarisation de
celui-ci. L’assistante maternelle assure les soins et l’éducation de l’enfant, sans que celui-ci
lui « appartienne pour autant ».
Des observations montrent que l’enfant s’épanouit dans le temps où il s’attache à l’assistante
maternelle. Celle-ci se substitue à la mère pendant le temps de la séparation.
En l’absence de liens substitutifs, les observations montrent l’apparition chez l’enfant de
troubles dépressifs et l’installation insidieuse d’état de carence qui en fait compromettent les
retrouvailles, alors que le retour de l’enfant auprès de sa mère, ou de ses parents se fait
précisément dans de meilleurs conditions lorsque l’enfant a bénéficié de soins dans le cadre
d’une relation privilégiée.
Seul les soins donnés sont substitutifs et ils sont bien des soins de type maternel. La relation
qui se développe entre l’enfant et l’assistante maternelle ne se substitue pas à la relation
maternelle, elle est en plus, se situe à côté.
L’enfant sa mère, l’as mat qui assure des soins privilégiés de type maternels, tous trois ont un
w à faire pour que le bébé puisse s’engager dans cette relation qui lui est nécessaire et d’autre
part garder et reprendre la relation à sa mère en dépit de la faille introduite par la séparation,
en faisant tous les efforts possible et en inventant les moyens aptes à réduire cette faille
pendant tous le temps de la séparation. Las mat doit remplir les fonctions maternelles pendant
l’absence de la mère, sans prendre la place de celle ci dans la tête de l’enfant, tandis que
l’enfant doit être aidé à poursuivre la relation à distance avec sa mère, à ne pas la perdre tout
en établissant une relation avec l’as mat. La fonction d’accueil est une fonction d’étayage.
Le départ de chez l’assistante maternelle
Le départ de l’enfant de son contexte quotidien le prive de ses repères visuels, auditifs,
olfactifs, tactiles et gustatifs qui étaient jusqu’à présent les siens : il ne voit plus les mêmes
personnes ni les mêmes choses, il n’entend plus les mêmes voix, ni les mêmes bruits, il ne
sent plus les mêmes odeurs corporelles ou environnementales, il ne touche plus les mêmes
peaux ni les mêmes objets : il ne goûte plus les mêmes préparations alimentaires.
C’est tout le champ de ses perceptions qui va changer.
Il va quitter un cadre connu, rassurant et sécurisant vers l’inconnu…
S’il rentre à l’école il va être confronté à l’intervention de personnes nouvelles avec des
objectifs différents dans un temps qui marque la fin de la petite enfance : C’est le début de la
scolarisation. Le temps se redéroule jusqu’à la fin de sa scolarité.
La séparation peut devenir autre chose qu’une rupture de lien. Elle peut être pour l’enfant
une chance d’inventer des réponses qui lui permettront de grandir.
Ainsi la séparation quotidienne peut s’avérer constructive si elle à du sens pour les as mat si
elle est acceptée par les parents et si elle est préparée et progressive pour l’enfant. Il est
important que les parents ne se sentent pas arrachés à leur enfant et que lors des séparations ils
puissent anticiper les retrouvailles.
Comment le bébé appréhende t-il le monde ? Comment réussit-il à prendre des appuis
psychologiques peut-il retrouver du papa et maman dans les personnes et les lieux qui lui sont
étrangers. La période dite d’adaptation de quelques jours est indispensable à l’enfant pour
prendre des repères rassurants et nouer des attachements multiples. La qualité tient à la
souplesse. Toute rigidité en la matière ne peut qu’amener des situations absurdes.
Suite dignité des petits 97
L’idée de préserver la continuité psychique de l’enfant à travers les changements et les
différentes relations est au centre du travail des personnes qui s’occupent des bébés. Cela
requiert chez elles de la sensibilité, de la compétence et du professionnalisme. Partir de
l’enfant exige une organisation plus complexe et un engagement professionnel plus grand. La
stabilité de l’assistante maternelle son implication, sa capacité à s’engager à long terme dans
une relation privilégiée avec l’enfant à long terme sont des marques de qualité
professionnelle.
Rôle de l’assistante maternelle. Malaise dans la séparation.
La route de la professionnalisation des femmes qui gardent les enfants est longue. Entre un
savoir dit inné (féminin) et un savoir plaqué il y a la place de la formation qui prend en
compte l’expérience de chacun.
Un peu d’histoire.
Entre 1150 et 1400 le séparation se réalise surtout dans les milieux aristocratiques avec de
multiple précautions.
La théorie d’une transmission de valeur par le lait font que les parents sont particulièrement
vigilants et sur les conseils des médecins veillent à ce que la nourrice ressemble physiquement
à la mère, qu’elle soit de même complexion, qu’elle ne soit pas bavarde pour éviter que
l’enfant le devienne, qu’elle soit âgée de 25 à 35 ans, qu’elle ait de bonnes habitudes que ses
seins ne soit ni gros ni maigres,ni durs ni mous et pour éviter qu’elle corrompe le lait qu’elle
évite les relations charnelles pendant le temps de l’allaitement. Cette séparation peut durer 2 à
3 ans.
Les variations historique de prise en compte de l’enfant film
Les pièges de l’évolution de la prise en compte des enfants et de l’évolution de la profession
d’assistante maternelle.
Elle est loin l’idée selon laquelle s’occuper d’enfants est une pratique naturelle dénuée de
toute qualification innée et propre aux femmes.
De la « gardeuse » aux professionnelles de l’accueil.
La garde des enfants qui était perçue comme une activité féminine s’étayant sur des qualités
comme le dévouement, la patience, la générosité et l’oubli de soi est révolue.
La garde des enfants est passée dans le registre de la professionnalisation, c'est-à-dire
subordonnée à un savoir propre à la profession, communicable, et à une déontologie.
Actuellement des connaissances techniques sont exigées. Une maîtrise de savoir scientifique
Des qualités relationnelles.
Les personnes chargées de la garde des enfants deviennent des acteurs efficaces de prévention
psychologique et sociale.
Si l’on se réfère aux travaux d’études depuis trente ans sur le sujet, le constat est identique : le
type de garde n’a pas en soi d’effets négatifs sur le développement de l’enfant. Ce qui est
déterminant pour le développement n’est ni le lieu ni la personne, mais la qualité de ce lieu et
la qualité de la relation entre cette personne et l’enfant.
Les personnes qui prennent en charge les jeunes enfants sont mises à rude épreuve au
quotidien.
Plus l’enfant est jeune, moins ses moyens d’expression sont développés, et plus le travail est
difficile et subtil. Plus l’enfant est dépendant, plus la responsabilité des adultes est grande.
Les informations entre les assistantes maternelles et les parents circulent sur la santé
l’éducation. La socialisation des enfants aide à lutter contre l’isolement des parents.
Tout cet ensemble contribue à faire de la garde de l’enfant un véritable agent du lien familial,
social et donc, de prévention psychologique.
Un cadre professionnel dans un espace privé
Comment concilier fonction professionnelle et fonction de mère quand on accueille les
enfants dans son propre domicile.
Comment faire face seule aux sollicitations multiples des parents et des enfants sans tiers
extérieur qui aide à prendre de la distance à démêler ce qui appartient à l’histoire personnelle
et ce qui appartient au vécu dans la relation à l’enfant. Enfin comment créer un cadre
professionnel dans un espace privé.
Beaucoup d’assistantes maternelles étayent leur motivation pro sur l’amour des enfants plutôt
que sur le choix d’un métier au risque de véhiculer dans leur fonction éducatives des relents
de conflits de leur propre histoire non résolu sans que cela puisse être retravaillé
Une séparation sans rupture
Comment préparer la séparation ?
Pour ne pas mettre l’équilibre de l’enfant en danger, séparation en danger, séparation ne soit
pas signifier, rupture. Une enveloppe sécurisante offerte par leur famille leur permet de
construire leur intégrité psychique. C’est ce lien d’attachement stable qui permet à l’enfant de
se séparer.
Accompagné de ses parents l’enfant prend connaissance avec ses parents de l’as mat et d’un
nouveau territoire en toute. Il est soutenu par l’accompagnement de ses parents, point
d’ancrage et de réassurance.
Il est important d’établir des passerelles entre nounou et famille. Les échanges avec les
parents sont précieux, afin de favoriser la continuité nécessaire dans la vie de l’enfant et de
préserver ainsi son sentiment d’exister.
La période d’adaptation
Dire qu’il faut une période d’adaptation est une généralité. Il faut l’appliquer au cas par cas. Il
est nécessaire d’aménager une période de séparation personnalisée et progressive. Si les
parents comprennent le sens du choix de cet aménagement cela sera ressenti par le bébé. La
séparation ne peut se faire que si l’adulte à qui il se réfère le soutient. Il faut parfois contenir
les éventuels passages dépressifs de la mère pour cette séparation. Une tristesse est une forme
d’élaboration de la séparation et qu’une étape doit se franchir.
Toutes les conditions doivent être réunies, en collaboration avec les parents, pour que l’enfant
continue à se sentir « entier » malgré leur départ. L’accueil authentiquement ne se réduit pas
à un comportement ou à des dispositions matérielles standardisées mais trouve tout son sens
dans une relation personnelle avec l’enfant et avec les parents. Des paroles vont s’échanger,
des liens vont se créer…
C’est bien cette aptitude de l’assistante maternelle à accueillir les parents, à les accepter, qui
constitue le soutien le plus précieux de la sécurité de l’enfant. En effet, l’adaptation d’un
enfant n’est pas, n’est jamais une question d’habitude ou d’automatisme. Elle repose sur sa
capacité à élaborer suffisamment de repères pour ne pas être perdu. C’est là un travail
complexe qui mérite d’être soutenu en développant observation, écoute et dialogue.
Ici encore, ce qui est à prendre en considération n’est pas strictement la durée ou le nombre
des rencontres préparatoires, mais la qualité des échanges et de liens qui s'y établissent :
paroles, observations à se transmettre sur les goûts et besoins de l’enfant, mais aussi partages
de gestes et de mots à l’occasion d’un change, d’un repas, du sommeil ou du jeu de l’enfant.
L’enfant doit être prévenu et informé
La séparation doit être annoncée à l’enfant, les éventuelles difficultés reconnues et
verbalisées. Il faut lui dire que sa relation avec sa mère est continue alors que l’accueil chez
l’assistante maternelle n’est qu’un passage : le temps où la maman va travailler.
Tous les enfants, même et surtout les nourrissons, doivent être informés, c'est-à-dire savoir
les raisons de cette séparation, sa durée, son organisation. Ils doivent entendre le nom ou le
prénom de la personne qui va les accueillir, qu’ils ne confondront pas avec un membre de
leur famille.
Il est indispensable de leur expliquer que cette personne exerce un métier d’accueil, c'est-àdire qu’elle est payée pour faire ce travail, même si elle est aussi maman d’autres enfants dont
elle s’occupe dans le même lieu et dans le même temps.
On présente aussi à l’enfant le conjoint de l’assistante maternelle, les autres enfants accueillis
et leurs parents.
Toutes ces distinctions clairement établies vont permettre à l’enfant d’organiser et d’intégrer
ces nouvelles données sans mettre en danger le développement de son identité.
Réalité quotidienne de la séparation
Une fois les premières séparations aménagées et réalisées, il ne faudrait pas négliger la réalité
quotidienne des séparations. En effet, si l’on n’y prend pas garde, celle-ci peut très vite se
réduire à l’arrivée des enfants le matin et à leur départ le soir, sans considération pour les
émotions auxquelles sont soumis enfants et parents.
Accueillir chaque matin l’enfant de quelqu’un d’autre n’est pas si simple dans la mesure où
régulièrement se rejoue l’épreuve de la séparation.
Il y a les parents pressés et ceux qui ne peuvent pas partir, ceux qui reviennent et ceux qui
partent en cachette. Il y a aussi ceux qui savent accompagner et accepter le rituel nécessaire à
l’enfant. Celui-ci par exemple, se rend dans une pièce ou dans plusieurs, va toucher ou
chercher un objet, revient vers le parent, s’en éloigne à nouveau……Ce comportement permet
à l’enfant de maîtriser la situation et de signifier que maintenant il est prêt à se séparer
L’assistante maternelle doit elle-même veiller à ne pas imposer à l’enfant un comportement
particulier mais respecter l’établissement progressif de rites personnels par lequel il organise
la séparation.
Elle invitera alors les parents à observer cet enchaînement de comportements, à y saisir le
sens, et à soutenir leur enfant dans ce moment délicat. Ce dialogue favorise l’ajustement des
comportements parentaux à la demande de l’enfant.
Que la séparation s’effectue rapidement ou prenne un peu de temps, que les manifestations
soient visibles ou très discrètes, l’essentiel est que chacun se sépare en sécurité.
Ce processus comporte bien des variantes des évolutions d’un parent d’un enfant a l’autre. Il
n’y a donc pas de règle absolue.
Néanmoins, le rôle d’accueil de l’assistante maternelle se fonde sur quelques repères bien
précis.
Des paroles plutôt que des baisers
L’assistante maternelle a un rôle difficile à jouer : présence, disponibilité mais aussi
neutralité face à la relation du parent et de son enfant. Elle ne doit pas déposséder les parents
de leur enfant par des attitudes verbales ou corporelles trop interventionnistes, ni imposer à
l’enfant, dès son arrivées, une proximité physique ou affective dont il n’est pas demandeur.
Elle préfèrera tisser le lien en respectant la distance nécessaire : ni embrassade systématique,
ni portage lorsque l’enfant est en âge de marcher, mais des paroles qui saluent, qui
accompagnent et acceptent les émotions manifestées par l’enfant, rires et sourires, joies, mais
aussi pleurs, colère ou tristesse.
Ces paroles si elles sont vraies, si elles parlent à l’enfant et non de l’enfant, sont alors
compréhensives et compréhensibles.
S’il s’agit d’un nourrisson, c’est jusque dans le geste de portage que se manifeste le respect
de son identité.
Dés l’arrivée du bébé qui vient de lui être remis dans les bras. L’assistante maternelle lui offre
la possibilité d’accueillir à son tour si le portage accepte la distance corporelle nécessaire à
un face à face.
Cette liberté assurée à l’enfant, à l’opposé d’un corps à corps trop contraignant, privilégie des
interactions plus authentiques entre l’assistante maternelle, l’enfant et le parent.
Il a besoin de son « doudou »
Les enfants sont très souvent attachés à leur sucette, pouce dans la bouche chiffon, « doudou »
ou peluche.
Ces objets dits « transitionnels » jouent un rôle rassurant et doivent absolument être laissés
à la libre disposition de l’enfant.
Pourquoi ?
Parce que cet objet représente sans doute sa mère. En tout cas, il y est symboliquement
associé, en souvenir du temps de la symbiose mère enfant. L’enfant y aura recours dans toutes
les situations où plane la menace de perdre continuité et sécurité : séparation, changement,
difficultés rencontrées, approche du sommeil (qui est aussi expérience de séparation).
Il sait mieux que quiconque quand est-ce qu’il a besoin du réconfort que lui procure cet objet.
S’il refuse continuellement de le lâcher, il faudra en chercher la raison plutôt que de le
contraindre à y renoncer.
Mais dans la plupart des cas, cet objet consolateur, toujours le même, restera soumis aux va
et vient de l’enfant, à ses allers retours entre la maison et l’assistante maternelle.
Il constitue un repère précieux pour l’enfant, un lien concret entre la réalité intérieure et la
réalité extérieure.
La séparation quotidienne avec l’assistante maternelle et le retour des parents.
L’organisation de la journée, la succession régulière des séquences de la vie quotidienne ;
arrivées et départs, mais aussi repas, couches, changes, sorties, retours, etc... contribuent à
assurer la stabilité dont l’enfant à besoin. La encore, les paroles explicatives de l’assistante
maternelle, pour accompagner ces divers changements, inscrivent toutes ces « micro
ruptures » dans une continuité.
C’est ainsi que tout petit est aidé à construire progressivement la continuité psychique de
son être à travers l’inévitable discontinuité des situations quotidiennes.
Enfin, le soir, l’enfant quitte le domicile de l’assistante maternelle pour retrouver ses parents
et sa maison. Contrairement à ce qu’on pourrait supposer, se retrouver n’est pas si simple….
En effet, il arrive fréquemment que le retour du parent réactive chez l’enfant l’épreuve de la
séparation.
Les retrouvailles imposent à l’enfant, et même quelquefois aux adultes, un travail de
« recomposition » intérieure.
En fait, c’est lui-même qu’il essaye de retrouver, confronté à une sorte de dilemme : « moi-ma
maman, moi-mon assistante maternelle…. Moi-ma maman… qui suis-je ? » Cette question
impossible à dire, cette angoisse de morcellement sont alors formulées dans un
comportement ambivalent qui met souvent le parent en difficulté.
Parfois ce sont des cris, des pleurs ou des tensions qui se manifestent, parfois, selon l’âge de
l’enfant, ce sont des attitudes de fuite, souvent après un premier contact physique avec le
parent qui vient d’arriver.
D’autres enfants semblent ignorer la présence du parent….. chez les plus jeunes, on assiste
quelquefois à un évitement du contact corporel ou visuel : le bébé tourne la tête et raidit son
corps.
Chez les plus grands, ce sont l’excitation motrice, les transgressions d’interdits qui font bien
souvent dire aux assistantes maternelles :
« Dés que sa mère arrive, lui qui était si gentil, il devient insupportable… ».
Que faire ?
Prendre garde aux interprétations réductrices, aux jugements en termes de « méchant » ou
« gentil » qui ne feraient que développer, chez les parents la rivalité et la culpabilité, et chez
l’enfant, le sentiment d’être incompris.
L’enfant a besoin d’un peu de temps pour créer un lien entre les différents moments de sa vie.
Lui accorder ce temps, inviter les parents à observer l’enfant, à tenir compte de ses réactions,
lui parler, l’écouter, c’est le considérer comme un sujet et non que l’on « prend » le matin,
pour le « récupérer » ou le « rendre » le soir, sans aucun égard pour ses émotions.
Ce temps, c’est aussi celui de l’accueil des parents, du partage de l’interdit pour l’enfant où
l’authenticité des échanges ne manquera pas de participer à la qualité des retrouvailles.
L’enfant bien « réuni » va alors pouvoir vivre à la maison, avec ses parents, des heures pleines
et aborder le sommeil avec sérénité. Ce temps des retrouvailles, cependant n’est pas sans
limite. C’est celui d’un départ et d’une nouvelle et nécessaire séparation.
Quelquefois, l’assistante maternelle aura le rôle difficile de mettre un terme à certain
« débordements » dans la mesure où ils pourraient devenir chroniques : bavardages
excessifs, confidences personnelles, installation d’un parent qui ne sait plus partir…
Ici, l’intérêt de l’enfant n’est plus en jeu, il faut alors rappeler les limites professionnelles d’un
contrat dans lequel l’assistante maternelle ayants bien rempli sa mission, dispose à son tour du
droit de se séparer et de se retrouver avec elle-même ou avec les siens.
Se séparer, c’est apprendre à grandir
La séparation physique et le changement matériel n’aident pas en eux-mêmes l’enfant à
grandir.
La conquête de l’autonomie ultérieure repose sur la création de liens symboliques qui relient
les situations, les personnes, les lieux et les temps. Ce type d’accueil n’est pas simple. Il exige
de l’assistante maternelle réflexion, remises en question et formation. Il constitue alors pour
l’enfant un lieu de vie, de socialisation et de préparation à de nouvelles séparations.
Solidement relié à lui-même et à l’autre, l’enfant devient de plus en plus capable de se
séparer, de créer par lui-même de nouveaux liens, de s’aventurer, de découvrir le monde et de
quitter son assistante maternelle…
Le départ
N’ignorant pas le danger des ruptures pour l’équilibre des jeunes enfants, l’assistante
maternelle, sauf cas de force majeure, se révèle fidèle à l’engagement moral lié à sa
profession. Elle a donc souvent accueilli l’enfant pendant plusieurs années avant que n’arrive
le moment du départ définitif précédant l’entrée à l’école maternelle.
C’est alors au tour de l’assistante maternelle de grandir en faisant un deuil quelquefois
douloureux.
Elle aussi gardera, au-delà des photos et des souvenirs, des traces psychiques de sa rencontre
avec l’enfant, traces vivantes qui aident à vivre, à se séparer, et à se retrouver soi-même,
enrichie et disponible, pour de nouvelles aventures d’attachement et détachement.