Poème: La légende de zéphir

Transcription

Poème: La légende de zéphir
Un conte qui semble inspiré de la fable antique de l’enlèvement de Pithys et
d’Orythée par Borée”, rappelait le rapt, dans un tourbillon, par Zéphyr, le génie
des vents, d’une princesse d’Afrique dont il était tombé amoureux. Miguel
Zamacoïs a transposé l’histoire dans sa “Légende du Zéphyr”
“Le souffle qui
frôlant de son haleine
remue imperceptiblement
Cette jeune glycine au
pied d’un vieux sarment,
C’est l’âme d’un zéphyr
dont je connais l’histoire.
Donc, jadis, un zéphyr,
flânant, musant, rêvant,
Entra dans un très vieux
castel en coup de vent,
Etourdi et léger,
Une enfant de seize ans qui filait de la laine.
L’enfant pour rétablir la coquette harmonie
De l’onduleux repli d’une bouche fournie
Eut un geste du bras, de la main et des doigts,
Si souple, si troublant et si chaste à la fois
Que le petit zéphyr, faiseur de pirouettes,
Qui comptait des amours aux sauts de girouettes
Sentit qu’il n’aurait plus désormais d’autre reine
Que l’enfant de seize ans qui filait de la laine.
Et dès lors la fillette entraîna sur ses pas
Un amant éperdu qu’elle ne voyait pas.
Il allait lui chercher des chansons dans les nids
IL allait lui cueillir des papillons dans l’herbe
Allait chercher de quoi embaumer la maison des parfums d’oranger,
Des senteurs de la sauge ou de la marjolaine.
Si le vent était froid, il se faisait plus tiède,
Si l’air était brûlant et le ciel orageux,
Il rapportait du frais des grands sommets neigeux.
Et quand elle dormait...
Il mêlait, pour avoir de son corps quelque chose,
Son souffle au souffle pur de sa bouche mi-close;
Longtemps, il contemplait l’harmonieux dessin
Des petits doigts dormant sur la rondeur du sein
Et tout enamouré, pour apaiser sa fièvre,
Sans qu’elle eut à rougir, la baisait sur la lèvre.
Un jour, vêtu d’un somptueux pourpoint,
Un seigneur arriva qu’on ne connaissait point.
Sa grâce, sa beauté, quelques riches présents
Sans peine eurent raison de ce coeur de seize ans.
On parla de mariage, on échangea des bagues.
Si parfumés qu’ils soient, que peuvent les zéphyrs
Contre des cavaliers qui donnent des saphirs ?
……..En souffle de tempête
Le zéphyr se rua sur le castel en fête ;
Pendant des jours, des nuits, on l’entendit hurler.
Et le jour où l’on fut en cortège à l’église
Tour à tour aquilon, bourrasque, orage ou bise….
Força la grosse cloche à ne sonner qu’un glas.