À l`abri du danger – Consommateurs de drogues injectables
Transcription
À l`abri du danger – Consommateurs de drogues injectables
Rapport de plaidoyer FICR À l’abri du danger Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Décembre 2010 www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités. FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 Phnom Penh, 2000 – Les enfants des rues courent souvent un grand risque de devenir des usagers de drogues par injection. ONUSIDA. S. Noorani. Dans cette édition : Ce dernier rapport de sensibilisation de la Fédération internationale sur la santé de 2010 décrit la dure réalité des consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH. Il examine les besoins en prévention, en traitement, en soins et en soutien de cette population extrêmement vulnérable, et l’action de la Fédération internationale visant à atténuer ses souffrances. Il offre en outre aux Sociétés nationales et aux lecteurs un outil de sensibilisation qui pourra être utilisé pendant plusieurs années. Le but ? Rappeler aux gouvernements et aux Sociétés nationales leur obligation de respecter les droits de l’homme, qui protègent également les consommateurs de drogues injectables infectés, ou risquant d’être infectés, par le VIH. Bien que nous nous intéressions au monde entier, nous plaçons un accent particulier sur l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, où la situation est de plus en plus grave. 2 Résumé •La réduction des risques désigne diverses politiques et pratiques de santé publique pragmatiques et fondées sur des faits, ayant pour but d’atténuer les effets négatifs de la toxicomanie et d’autres facteurs de risque associés comme le VIH et le sida. Ces interventions constituent une application pratique des droits de l’homme, visant, si besoin est, à réduire les dangers auxquels font face les consommateurs de drogues injectables, sans faire de distinction et sans porter de jugement. La Fédération internationale encourage la réduction des risques pour une raison très simple : elle fonctionne. •Les Nations Unies estiment qu’environ 15,9 millions de personnes vivant dans 148 pays s’injectent régulièrement des drogues. Ces « consommateurs de drogues injectables » sont particulièrement vulnérables au VIH et à l’hépatite B et C en raison de comportements à risque, comme le partage de seringues et d’aiguilles, les rapports sexuels non protégés et un comportement généralement peu propice à la santé. Dans le monde, il est estimé que trois millions de consommateurs de drogues injectables vivent aujourd’hui avec le VIH. •L’usage de drogues par injection constitue donc un grave problème de santé publique qui ne peut être résolu que par la mise en oeuvre rationnelle d’activités de santé publique non moralisatrices qui mettent l’accent sur les programmes de réduction des risques et non sur les sanctions et la censure. •Dans ce contexte, la Fédération internationale recommande que des preuves scientifiques et un esprit humanitaire guident l’intervention relative au VIH. Les consommateurs de drogues injectables, qui font régulièrement face au harcèlement, à l’opprobre, à la violence et à l’exclusion sociale, n’ont pas seulement besoin de soins mais aussi de compassion. L’opprobre ne fait que marginaliser davantage des personnes déjà vulnérables et entrave directement les efforts visant à freiner la propagation du VIH. La réduction de la marginalisation contribue aussi à enrayer la transmission du VIH et d’autres maladies infectieuses. FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 Appel à l’action La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge plaide la cause des personnes souffrant le plus de l’exclusion dans un groupe déjà marginalisé : les consommateurs de drogues injectables infectés, ou risquant d’être infectés, par le VIH. Dans ce rapport, elle encourage les décideurs, les gouvernements et les donateurs à oublier leurs préjugés pour collaborer avec les parties prenantes, les organisations multilatérales, la société civile et les personnes vivant avec le VIH afin de fournir prévention, traitement, soins et soutien aux consommateurs de drogues injectables et à leur famille. Recommandations de la Fédération internationale : Les gouvernements doivent s’engager, dans leur pays, à recueillir des données, mener des recherches et des analyses, et diffuser des informations, afin de guider plus précisément les politiques et la mise en œuvre de programmes. Il leur serait ainsi plus facile d’adopter les mesures stratégiques nécessaires pour répondre de façon adéquate aux épidémies liées à la toxicomanie. En refusant aux consommateurs de drogues injectables l’accès à des services généraux vitaux, on risque de générer une catastrophe de santé publique. L’accès universel à des interventions de santé publique fondées sur des faits, y compris pour les toxicomanes, constitue un droit fondamental à la santé et une urgence de santé publique1. Les gouvernements doivent mettre en place des politiques et des règlements propices, qui favorisent la mise en œuvre de programmes de réduction des risques. Les stratégies actuellement disponibles peuvent fortement limiter et atténuer les effets nocifs de l’épidémie de VIH parmi les consommateurs de drogues injectables. Pour produire un impact, les programmes de réduction des risques doivent être adaptés au contexte local. Des interventions efficaces peuvent : a) réduire la marginalisation sociale des consommateurs de drogues injectables et la vulnérabilité qui en découle ; b) améliorer l’accès aux soins de santé et aux services sociaux, notamment aux programmes de réduction des risques et à un ensemble de services intégrant la prévention du VIH, le traitement, les soins et le soutien ; c) promouvoir une approche non répressive fondée sur les droits de l’homme et des principes de santé publique. Les dangers de l’inaction conduisent à la transmission continue du VIH et d’autres maladies infectieuses à de nouvelles populations et régions, des épidémies de VIH plus complexes et un taux élevé de mortalité, et l’instabilité socio-économique. La Fédération internationale recommande vivement que les gouvernements élaborent des politiques favorables, qui respectent les droits de l’homme et facilitent la mise en œuvre de programmes de réduction des risques. Les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les professionnels de la santé doivent sensibiliser les toxicomanes, et agir pour et avec eux, dans les secteurs des soins de santé et de la justice pénale. Toutes les parties prenantes doivent associer les toxicomanes à leur action et les écouter : leur voix doit se faire entendre et leur participation – à tous les aspects de la prise de décisions et de l’élaboration de politiques, de la planification et de la mise en œuvre – est absolument cruciale. Les lois répressives, qui prévoient notamment l’emprisonnement et des brimades, poussent de nombreux toxicomanes à entrer dans la clandestinité, loin des services de santé et d’aide sociale. Il devient alors presque impossible de leur fournir prévention, traitement, soins et soutien en matière de VIH, ce qui accroît les risques encourus par l’ensemble de la population. Les changements de politiques et la réforme de la justice font partie intégrante de la réduction des risques. La consommation de drogues injectables ne devrait pas être considérée comme un acte criminel mais comme une question majeure de santé publique. La Fédération internationale plaide en faveur de la décriminalisation des toxicomanes et pour que les consommateurs de drogues, à l’intérieur et à l’extérieur des centres de détention, aient accès à une procédure juridique équitable et aux services de santé. Le plaidoyer, ainsi qu’une volonté et un engagement politiques courageux, sont absolument indispensables si l’on veut que les actions encouragées dans ce rapport soient mises en œuvre. Les preuves indiquent sans équivoque que l’inaction accroît la transmission du VIH. La restriction de l’accès aux programmes de prévention et de traitement du VIH et l’emprisonnement des toxicomanes constituent une violation des droits de l’homme et une menace pour la santé publique. 1.Wolfe, D., et al., « Treatment and care for injecting drug users with HIV infection: a review of barriers and ways forward », The Lancet, publié en ligne en juillet 2010, PubMed. 2. Beyrer, Ch., et. al., « Time to act: a call for comprehensive responses to HIV in people who use drugs », The Lancet, Vol. 376, n° 9740, p. 551-563, 14 août 2010, http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS01406736%2810%2960928-2/fulltext. 3 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 Introduction P rès de trente ans ont passé depuis que des scientifiques de l’Institut Pasteur ont découvert que le VIH était l’agent responsable d’une mystérieuse pandémie qui a, depuis, pris la vie de millions de personnes dans le monde. Aujourd’hui, grâce en grande partie à l’apparition des antirétroviraux combinés à un traitement plus précoce, le VIH et le sida ne sont plus une condamnation à mort, mais une maladie chronique qui peut être traitée. Néanmoins, alors même que la science montre comment le VIH peut être contenu – voire éliminé3 –, les gouvernements et les donateurs continuent de traîner les pieds. Chaque jour, quelque 7 400 personnes sont infectées, les épidémiologistes estimant le taux actuel d’infection à 33,4 millions dans le monde, avec un taux de mortalité annuel de 2 millions.4 L’opprobre continue aussi de faire des victimes – et elle n’est nulle part plus manifeste que dans le cas des consommateurs de drogues injectables. Aujourd’hui, le VIH reste concentré dans les neuf pays ayant la prévalence la plus élevée en Afrique subsaharienne, où le mode de transmission reste principalement hétérosexuel. Ailleurs, cependant, les statistiques laissent entrevoir un paysage plus sombre. Le Groupe de référence des Nations Unies sur le VIH et la consommation de drogues injectables estime que 15,9 millions de personnes dans 148 pays utilisent régulièrement des drogues injectables. Ces « consommateurs de drogues injectables » sont particulièrement vulnérables au VIH et à l’hépatite B et C en raison de comportements à risque, comme le partage de seringues et d’aiguilles, les rapports sexuels non protégés et un comportement généralement peu favorable à la santé. Il est estimé que trois millions de consommateurs de drogues injectables dans le monde vivent aujourd’hui avec le VIH5 (voir partie 1 : ampleur de l’épidémie). En plus des dégâts que provoque ce comportement chez le toxicomane et ses proches, l’injection de drogues constitue une sérieuse menace pour la santé publique, qui ne peut être éliminée que par la mise en œuvre rationnelle d’activités de santé publique non moralisatrices qui mettent l’accent sur des programmes de réduction des risques plutôt que sur les sanctions et la censure. Dans ce rapport, nous nous concentrons principalement sur l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, car c’est là que l’épidémie de VIH liée à l’usage de drogues par injection s’aggrave et que les politiques continuent de criminaliser et de stigmatiser les utilisateurs, ce qui compromet les tentatives de lutter contre l’épidémie par le biais d’activités de santé publique solides, fondées sur des faits et efficaces. Tout au long du document, nous illustrons les interventions de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge par des études de cas provenant des pays ayant la plus forte prévalence de VIH/ consommation de drogues injectables au monde. Elles figurent au début de chaque chapitre. 4 Dans la partie 1, nous montrons l’ampleur du problème dans une analyse brève de la situation. Dans la partie 2, nous décrivons nos messages de sensibilisation relatifs aux conditions inhumaines où se trouvent trop souvent piégés les consommateurs de drogues injectables et leur famille – maladies graves, opprobre et solitude. Dans la partie 3, nous résumons l’intervention de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en matière de réduction des risques, qui est fondée sur les lignes directrices de 2003 : « Diffuser la lumière de la science ».6 Dans la partie 4, nous étudions comment toutes les parties prenantes peuvent travailler ensemble pour ajuster les politiques, mettre en place des programmes et réduire les risques parmi certaines des populations les plus dénuées de droits et défavorisées du monde. Qui sont exactement les consommateurs de drogues injectables ? Alors que les consommateurs de drogues viennent d’horizons, de nationalités et de couches socio-économiques extrêmement variés, la plupart des consommateurs de drogues injectables sont de jeunes hommes sexuellement actifs. Nombre d’entre eux seront infectés par le VIH et le transmettront, non seulement en partageant leur matériel d’injection, mais aussi en ayant des rapports sexuels avec des partenaires réguliers ou occasionnels. La consommation de drogues injectables est aussi liée au commerce du sexe, car il est fréquent que les consommateurs achètent des services sexuels, ou en vendent pour financer leur dépendance à la drogue. 3.Granich, R. M., et al., « Universal Voluntary HIV testing with immediate antiretroviral therapy as a strategy for the elimination of HIV transmission: a mathematical model », The Lancet, 26 novembre 2008. 4.Le point sur l’ épidémie de sida 2009, ONUSIDA, http://www.unaids.org/fr/ KnowledgeCentre/HIVData/EpiUpdate/EpiUpdArchive/2009/default.asp. 5.Beyrer, C., et al., 2010. 6.http://www.ifrc.org/fr/cgi/pdf_pubs.pl?health/hivaids/harmreduction_fr.pdf partie 1 Étude de cas La province du Yunnan est blottie contre la frontière sud-ouest de la Chine, lovée contre le Viet Nam, le Laos et le Myanmar, et liée à la Thaïlande et au Cambodge par le Mékong (aussi appelé la rivière Lancang en Chine). En raison de sa proximité avec le « Triangle d’or », la population du Yunnan est « inondée » d’héroïne et d’autres drogues illégales. Le premier cas d’infection par le VIH a été signalé parmi les consommateurs de drogues injectables vivant le long de la frontière en 1989. Fin 2005, les autorités avaient signalé 40 157 citoyens vivant avec le VIH, tandis que 1 541 étaient déjà décédés. Les experts estiment que le nombre réel de personnes vivant avec le VIH est déjà supérieur à 80 000. Les 16 régions de la province sont touchées, trois d’entre elles ayant atteint le stade de « prévalence élevée ». Au Yunnan, la Croix-Rouge chinoise s’appuie sur des volontaires pour desservir les communautés et les familles. HomeAIDS, un centre de services de soutien psychologique, joue un rôle clé dans la prévention de la transmission du VIH. Le centre, effort conjoint de la section de la Croix-Rouge au Yunnan et de l’Armée du Salut de Hong Kong et de Macao, travaille avec des spécialistes du VIH et du sida, des collaborateurs d’autres ONG, du personnel médical, des officiers de police, de jeunes volontaires, des journalistes, des chauffeurs de taxi et des employés d’hôtel. UNAIDS RCSC RCSC L’Ampleur de l’épidémie gression du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement et par le sang. En quatre ans, HomeAIDS a déjà créé deux centres et 11 sections bénévoles, et a mobilisé et déployé plus de 800 volontaires. L’organisation mène des activités de sensibilisation, soutient les communautés, offre des formations, plaide pour des changements de politiques et élabore un modèle efficace et durable de prévention, de traitement, de soins et de soutien en matière de VIH. Un élément clé est la fourniture d’un « lieu sûr » pour les consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH. Pour ce faire, HomeAIDS insiste particulièrement sur l’éducation par les pairs, qui aide les consommateurs de drogues injectables, les travailleurs du sexe et d’autres groupes exposés à se protéger. En plus d’orienter les patients vers des traitements et des soins, HomeAIDS offre aux participants une vaste gamme de cours et de formations professionnelles qui comprennent l’éducation par les pairs, les premiers secours élémentaires, l’informatique, l’électronique, le tricot et la cosmétologie. — Zahng Ran, Croix-Rouge chinoise : Projet de réduction des risques Le but est de fournir des services de réduction des risques qui sauvent des vies et ralentissent la pro- 5 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 01. L’ampleur de l’épidémie Le VIH et les consommateurs de drogues injectables (CDI) dans le monde Europe de l’Est 3,476,500 CDI Europe occidentale 1,044,000 CDI Canada et États-Unis 2,270,500 CDI Caraïbes 186,000 CDI Asie centrale 247,500 CDI Moyen-Orient et Afrique du Nord 185,500 CDI Amérique latine 2,018,000 CDI Prévalence du VIH chez les usagers de drogues par injection <5% 5% to <10% Asie du Sud-Est et de l’Est 3,957,500 CDI Asie du Sud 569,500 CDI Afrique subsaharienne 1,778,500 CDI Océanie 193,000 CDI 10% to <15% 15% to <20% >20% Source : The Lancet 2010; 376:551-563 (DOI:10.1016/S0140-6736(10)60928-2) L e Groupe de référence des Nations Unies sur le VIH et la consommation de drogues injectables estime que trois millions de consommateurs de drogues injectables vivaient avec le VIH en 2007. Bien que certains pays aient réussi à juguler la propagation du VIH parmi les consommateurs de drogues injectables en déployant l’ensemble des interventions de réduction des risques recommandées conjointement par l’OMS, l’ONUSIDA et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), nombreux sont ceux pour qui ce n’est pas le cas. Il s’agit là d’une préoccupation majeure, d’autant plus que des preuves montrent que, quand les consommateurs de drogues injectables bénéficient d’un bon accès à ces services, l’incidence du VIH reste stable et faible pendant des années, voire des décennies (Allemagne, Australie, Brésil, France, Hong Kong, Royaume-Uni et plusieurs villes américaines). À quelques rares exceptions près, les études montrent aussi invariablement que les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues entraînent une diminution marquée de la transmission du VIH – pouvant atteindre 33 à 42 % dans certains contextes7. En effet, ces expériences révèlent systématiquement 6 que les activités de santé publique sont efficaces et que la lutte contre le VIH chez les toxicomanes est relativement facile à mener et peu coûteuse. Toutefois, il semblerait que les succès rencontrés par ces pays ne suffisent pas à vaincre l’opprobre et les mauvaises politiques. En 2010, des centaines de milliers de consommateurs de drogues injectables et leurs partenaires intimes – en particulier en Europe de l’Est, en Asie de l’Est, du Sud-Est et centrale, et dans le cône sud de l’Amérique du Sud – continuent d’être infectés. Cinq pays en particulier (la Chine, la Malaisie, la Russie, l’Ukraine et le Viet Nam) sont qualifiés de « méga-épidémies » en raison du nombre de consommateurs de drogues injectables qu’ils comptent. Ensemble, ces pays représentent environ 2 à 4 millions de cas de VIH et la principale concentration de consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH au monde.8 En Europe de l’Est et en Asie centrale, la situation est particulièrement préoccupante. Les consommateurs de drogues injectables représentent plus de 60 % de tous les cas de VIH au Bélarus, en Géorgie, en Iran, au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Moldavie, en Ouzbékistan, en Russie, au Tadjikistan et en Ukraine.9 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 01. L’ampleur de l’épidémie En Afrique subsaharienne, de nouvelles épidémies commencent à apparaître parmi les consommateurs de drogues injectables. Quelque 221 000 consommateurs de drogues injectables sont aujourd’hui séropositifs. Selon certaines enquêtes, on estime que la prévalence du VIH parmi les consommateurs de drogues injectables dans d’autres pays africains va de 12,4 % en Afrique du Sud à 42,9 % au Kenya.10 Dans ce dernier pays, la transmission liée à la consommation de drogues injectables représenterait 3,8 % des nouveaux cas de VIH en 2006.11 Au Ghana, des chercheurs estiment qu’en 2008, le taux annuel de séropositivité chez les consommateurs de drogues injectables s’élevait à 4 %.12 En 2007, 10 % des consommateurs de drogues injectables interrogés dans la région de Kano, au Nigéria, étaient séropositifs (ministère fédéral de la Santé, 2007). De plus, les chercheurs prédisent que la consommation de drogues injectables sera probablement la cause de plusieurs épidémies émergentes dans des communautés musulmanes auparavant peu touchées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, comme cela s’est produit en Chine occidentale, en Indonésie, en Iran et en Malaisie.13 7. Guide technique OMS, UNODC, ONUSIDA (2009). 8. Wolfe et al., 2010. 9. Beyrer, C., et al. 2010. 10.Mathers, et al., « Global epidemiology of injecting drug use and HIV among people who inject drugs: a systematic review », The Lancet, 2008, 372: 1733-1745. 11. ONUSIDA, 2010. 12.Bosu, et al., 2009. 13.Strathdee, S.A., Hallett, T.B., Bobrova, N., et al., « HIV and risk environment for injecting drug users: the past, present, and future », The Lancet, 201010.1016/S0140-6736(10)60743-X, publié en ligne le 20 juillet sur PubMed. Pakistan – les consommateurs de drogues injectables courent un risque accru d’être infectés par le VIH et de mourir. ONUSIDA, Pierre Virot, 2010. 7 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 01. L’ampleur de l’épidémie Double risque et double négligence (Extrait et adaptation de : El-Bassel, N., et al., 2010) Le VIH et les consommatrices de drogues Santé reproductive injectables et consommatrices de drogues De nombreuses consommatrices de dro- les seringues, les femmes risquent gues n’ont pas suffisamment de pouvoir de subir des violences physiques et injectables pour négocier des rapports sexuels protégés. Pourtant, la plupart des stratégies de prévention du VIH imposent aux femmes la responsabilité d’insister pour utiliser des moyens de protection, ce qui augmente les risques de violences physiques et sexuelles. Les femmes toxicomanes dépendent souvent de leur partenaire pour leur procurer de la drogue. Comme ce sont souvent leurs partenaires qui leur injectent la drogue, elles utilisent l’aiguille après lui, ce qui augmente le risque d’infection par le VIH et d’autres maladies. Si elles refusent de partager les aiguilles et sexuelles de la part de leur partenaire intime, ce qui accroît également le risque d’infection par le VIH. Les femmes toxicomanes, en particulier les consommatrices de crack/cocaïne, ont trois fois plus de risques que les autres femmes de subir des violences physiques et sexuelles de la part de leur partenaire intime au cours de leur vie. Ces violences constituent un risque majeur d’infection par le VIH.14 15 Cependant, très peu de stratégies de prévention du VIH fondées sur des faits abordent ces interactions complexes par une approche holistique. Odessa, Ukraine – Les femmes toxicomanes ont deux fois plus de risques d’ infection par le VIH par le biais de rapports sexuels non protégés et d’ injections à risques. ONUSIDA. John Spaull. 14. Wechsberg, W.M., et al., « Substance use and sexual risk within the context of gender equality in South Africa », Subst use misuse 2008, 4: 1186-1201. CrossRef PubMed 8 Très peu de stratégies s’occupent du sort des femmes qui subissent des violences et des traumatismes sexuels de la part de leur partenaire intime, et moins encore insistent sur la nécessité de la santé reproductive, en particulier au sujet des travailleuses du sexe et des femmes incarcérées. Dans de nombreux pays, les toxicomanes enceintes n’ont pas accès aux services de prévention et de traitement du VIH. La plupart des programmes n’informent pas leurs clientes des effets de la consommation de drogues sur la grossesse, tandis que de nombreuses femmes risquent d’encourir des sanctions pénales si elles continuent de consommer des drogues durant leur grossesse. L’opprobre et la criminalisation de la consommation de drogues durant la grossesse poussent les femmes à cacher leur dépendance aux prestataires de soins de santé, ce qui met aussi leur bébé à naître en danger, car elles ne peuvent donc pas accéder aux services de prévention de la transmission mère-enfant. En raison de l’absence d’infrastructures ou de programmes de soins pour les enfants, les mères toxicomanes ont encore plus de difficultés à accéder aux services dont elles ont si désespérément besoin. Si les besoins des femmes toxicomanes enceintes ne sont pas satisfaits, le cycle de la dépendance et de l’infection par le VIH sera transmis à la génération suivante. 15.El Bassel, N., et al., « HIV and intimate partner violence among methadonemaintained women in New York City », Soc Sci Med, 2005, 61: 171-183. Cross Ref PubMed FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 01. L’ampleur de l’épidémie Consommateurs de drogues « à problèmes » : questions d’opprobre 16 En septembre 2010, la United Kingdom Drug Policy Commission a publié un rapport qui portait spécifiquement sur les consommateurs de drogues « à problèmes », ceux qui consomment des drogues par injection et/ou consomment régulièrement et à long terme des opiacés, de la cocaïne et/ou des amphétamines. Le rapport, intitulé Sinning and sinned against: the stigmatisation of problem drug users, arrivait à la conclusion que les toxicomanes subissent une opprobre si forte que leur capacité de se défaire de leur dépendance en est compromise. Ils peuvent subir une discrimination relative au traitement, au logement ou à l’emploi. La commission a exclu les drogues euphorisantes, comme l’alcool, le cannabis et l’ecstasy, mais a reconnu que les consommateurs de ces drogues portent d’autres étiquettes stigmatisantes. La commission a relevé que l’opprobre joue un rôle et qu’elle la ressent fortement car « nous sommes des êtres fondamentalement sociaux ». La commission a aussi relevé que le discours électoraliste sur la « guerre contre la drogue » ou la « tolérance zéro » signifie que les personnalités politiques et les décideurs ne manifestent qu’un intérêt de pure forme à l’approche compatissante du « chemin vers la guérison ». Elle leur conseillait de mieux réfléchir avant d’utiliser ce langage, qui entrave les efforts de sensibilisation en nommant et en couvrant de honte les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées. La commission appelle aussi le public, les professionnels de la santé, et en particulier les médias, à prendre davantage conscience des conséquences destructrices de l’opprobre que subissent les toxicomanes. Elle a aussi salué l’ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, pour son soutien au Recovery Month (le mois de la guérison), un événement qui a lieu chaque année au mois de septembre. Son but est de faire connaître et de soutenir les efforts de ceux qui contribuent au traitement, à la guérison et aux soins des toxicomanes. 16.Extrait de The Lancet, Volume 376, n° 9743, p. 744, 4 septembre 2010. Prisonniers toxicodépendants Dans de nombreux pays, une proportion outre plus susceptibles de partager leur considérable de prisonniers sont toxi- matériel qu’à l’extérieur 17. Les rapports codépendants : le taux d’incarcération sexuels sans protection – notamment les atteindrait 56 à 90 %. Étant donné les violences sexuelles – peuvent entraîner la mesures répressives qui les menacent, il transmission du VIH et d’autres IST.18 19 Bien que les programmes d’échange n’est pas étonnant que les consommateurs de drogues injectables dépendants évitent d’aiguilles et de seringues et les traiteles autorités de santé publique, ce qui a, ments de substitution puissent provoquer inutile de le préciser, des conséquences une baisse des comportements susceptibles d’entraîner graves pour euxLes centres de détention ont des le V IH, seuls mêmes et pour le résultats médiocres en matière de public dans son enquelques prisonprévention de la toxicomanie et de semble. niers y ont accès. réduction des risques. O n le u r r e f u s e Les personnes qui consommaient des drogues avant aussi souvent les cures de désintoxicad’être emprisonnées continueront de le tion et les informations sur la prévention faire en prison. Elles ne peuvent tout sim- du VIH, et ce, bien que des recherches plement pas arrêter du jour au lendemain. entreprises en Russie et en Chine monD’autres y consommeront des drogues trent très clairement que la rareté des pour la première fois – généralement pour services de prévention dans les prisons supporter le surpeuplement, l’ennui et la augmente le risque que les prisonniers séviolence. Les prisonniers qui consom- ropositifs transmettent le virus après leur ment des drogues injectables seront en libération.20 21 Dans certains pays, 40 % des consommateurs de drogues injectables vivent avec le VIH. Timo Luege, Fédération internationale. 17. OMS, UNODC, ONUSIDA, Interventions to address HIV in prisons: drug dependence treatments, Evidence for Action Technical Papers, Genève, OMS, UNODC, ONUSIDA, 2007. 18. Taylor, A., Goldberg, D., Emslie, J., et al., « Outbreak of HIV infection in a Scottish prison », BMJ, 1995, 310: 289-292, PubMed. 19. Hughes, R., Huby, M., « Life in prison: perspectives of drug injectors », Deviant Behav, 2000, 21: 451-479, PubMed. 20. Sarang, A., Rhodes, T., Platt, L., « Access to syringes in three Russian cities: implications for syringe distribution and coverage », Int J Drug Policy, 2008, 19 (suppl. 1), S25-S36, PubMed. 21. Cohen, J.E., Amon, J.J., « Health and human rights concerns of drug users in detention in Guangxi Province, China », PLoS Med, 2008, 5: e234, CrossRef | PubMed. 9 partie 2 Nikolay et Irina dépensent tout leur argent en semechki, une pâte artisanale de graines de paÉtude vot, la drogue préférée dans la de cas morne ville de Slutsk (70 000 habitants, rasée durant la Seconde Guerre mondiale), à deux heures de voiture de la capitale du Bélarus, Minsk. Leur famille les a jetés dehors depuis longtemps. Ils travaillent, ils vivent, ils consomment. Ils passent leurs heures de lucidité à souhaiter n’avoir jamais commencé, jusqu’à ce que les rats commencent à gratter dans leur cerveau et qu’ils ne puissent penser qu’à une seule chose : leur prochaine « dose », leur prochain « shoot ». La libération est immédiate : la béatitude, l’amour… jusqu’à ce que cette sensation disparaisse progressivement et que le cycle « hainebesoin-amour » recommence. Pour l’observateur distrait, Nikolay et Irina ne sont qu’un autre couple de toxicomanes, des déchets humains flottant sur la mer post-soviétique du désespoir. Mais ils ont un but. Nikolay et Irina sauvent des vies, une aiguille après l’autre. Chaque jour, ils se rendent dans un appartement miteux tapi à l’ombre de deux cheminées massives dans la banlieue et commencent leur travail. Chacun a environ 40 clients, qui se font plusieurs injections par jour. Nikolay et Irina leur apportent des aiguilles propres et reprennent les aiguilles usagées (qui portent des restes de stupéfiants, ce qui, sans un accord spécial entre la Croix-Rouge et la police, pourrait les amener en prison), les emballent en vue de leur 10 J L martinage / I F R C J L martinage / I F R C J L martinage / I F R C L’Appel à l’action destruction, puis ressortent, retournent dans les allées et les tours d’habitation où leurs compagnons d’infortune les attendent. « Aucune des personnes avec lesquelles je travaille n’utilise de seringues sales maintenant, alors que nous le faisions tous auparavant, dit Nikolay. Nous savons ce que peut faire le sida et nous ne voulons pas l’attraper. » En plus de gérer l’échange d’aiguilles, le couple distribue des aiguilles, des compresses, des préservatifs, des vitamines, et des barres chocolatées fortifiées spéciales qui aident à nourrir ceux qui sont trop malades, trop pauvres ou trop dépendants pour s’alimenter eux-mêmes correctement. Nikolay et Irina connaissent les rues, les consommateurs et les risques. Ils suscitent une confiance qu’aucun agent de police, partenaire, parent ou chef religieux ne pourra jamais inspirer. C’est pourquoi ils se rendent dans les écoles et expliquent aux enfants ce que c’est que d’être toxicomane : combien cette vie peut être dure, horrible et dangereuse. « Nous ne disons pas : ‘Dites non’, mais : ‘C’est comme ça. À vous de choisir’. » — Joe Lowry, Fédération internationale, Budapest. Bélarus : Projet de réduction des risques de la Fédération internationale FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 02. L’appel à l’action L a tentative consistant à gérer le problème des toxicomanes en niant leur existence, ou par la répression, la négligence, le refus de financement, la détention ou le traitement forcé n’a pas réussi. Malgré tout, de nombreux gouvernements continuent d’adopter des politiques qui favorisent la discrimination, le jugement et la répression, et l’incarcération. Aujourd’hui, la Fédération internationale signale que les patients qui luttent avec la toxicodépendance souffrent toujours de discrimination, que leurs droits sont restreints et que les interventions fondées sur des faits avérés sont soit limitées, soit purement et simplement refusées. Un certain nombre de Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – bien qu’elles soient bien placées pour la réduction des risques en général – sont encore réticentes ne serait-ce qu’à imaginer que les attitudes doivent changer, et plus encore à plaider activement la cause des consommateurs de drogues et des droits de l’homme qui les protègent. Mais il y a des progrès. Durant la XVIIIe Conférence internationale sur le sida à Vienne (18-23 juillet 2010), des dirigeants politiques, de la société civile et du développement du monde entier, avec la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, ont renouvelé leurs engagements et ont plaidé en faveur d’un accès universel à la prévention, aux soins, au traitement et au soutien en matière de VIH – et notamment pour la réduction des risques. Les représentants de 36 Sociétés nationales de la CroixRouge et du Croissant-Rouge et du Secrétariat de la Fédération internationale ont reconnu que le VIH et le sida constituent toujours l’une des plus grandes crises de santé publique affectant la vie de millions de personnes appauvries et marginalisées vivant dans des pays à faible et à moyen revenu. Ils se sont aussi engagés Disponibilité des traitements de substitution aux opiacés dans le monde Disponibles Non disponibles à gérer la situation catastrophique des consommateurs de drogues injectables en invoquant les sept Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du CroissantRouge. Trois d’entre eux – humanité, impartialité et neutralité – sont particulièrement pertinents et doivent être appliqués à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien des consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH. Néanmoins, bien que les recherches et les programmes en matière de VIH se soient étendus, la crise financière provoque une diminution des ressources, alors que le nombre de personnes ayant besoin d’un traitement augmente. Les participants à la Conférence ont aussi relevé la nécessité d’accorder plus d’attention aux droits de l’homme et à l’expansion des programmes fondés sur des faits (voir page 14 : Nos dépenses actuelles, les coûts futurs). À cette fin, la Fédération internationale soutient activement les programmes d’échange de seringues et d’aiguilles, les traitements de substitution, la distribution de préservatifs et le soutien psychosocial. Ces efforts doivent être adaptés au contexte de chaque pays afin de produire le plus grand impact possible à long terme. La Fédération internationale souligne aussi que des preuves scientifiques et un esprit humanitaire devraient guider la réponse à la propagation du VIH. Les consommateurs de drogues injectables, qui font tous les jours face aux brimades, à l’opprobre, à la violence et à l’exclusion sociale, n’ont pas seulement besoin de soins, mais aussi de compassion. L’opprobre ne fait qu’accentuer la marginalisation de personnes déjà vulnérables et entrave directement les efforts visant à freiner la propagation du VIH. La réduction de la marginalisation entraîne aussi une diminution de la transmission du VIH et d’autres maladies infectieuses. Disponibilité des programmes d’échange d’aiguilles et de seringues dans le monde Disponibles Non disponibles Source : Cook, C. (2010), « Global State of Harm Reduction 2010 at a glance » International Harm Reduction Association, Londres, Grande-Bretagne. Pour plus d’informations sur la situation de la réduction des risques dans le monde, veuillez consulter www.ihra.net (en anglais) 11 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 02. L’appel à l’action Consommateurs de drogues injectables et transmission du VIH Le moyen le plus simple et le plus efficace de transmettre le VIH et d’autres maladies transmises par le sang, en particulier l’hépatite C, est de partager et de réutiliser du matériel d’injection contaminé. Une fois dans le sang, le VIH se répand rapidement et inexorablement. Quand un consommateur de drogues injectables séropositif partage son aiguille, la transmission est pour ainsi dire « garantie ». Un toxicomane séropositif peut transmettre le virus à des milliers de personnes par le biais de matériel contaminé et, dans l’ensemble de la population, par le biais de rapports sexuels avec son conjoint et d’autres partenaires intimes. Dans de nombreux pays, les toxicomanes ne dépendent que du commerce du sexe pour financer leur dépendance et s’assurer une survie sommaire, ce qui amplifie les risques. De nombreux pays, en particulier en Europe de l’Est et en Asie centrale, signalent une épidémie qui était auparavant fortement concentrée parmi les toxicomanes, mais qui est de plus en plus caractérisée par une forte transmission sexuelle 22 . De plus, en cas de diagnostic ou de traitement inadéquats, les consommatrices de drogues injectables enceintes risquent de transmettre le virus à leur enfant. 22. ONUSIDA, Outlook 2010, http://data. unaids.org/pub/Outlook/2010/jc1868_ outlook_vienna_fr.pdf. 12 Ne pas faire de mal : Une question de santé publique Bien que la consommation de drogues injectables ait entraîné la propagation généralisée du VIH dans le monde, les services de prévention, de traitement et de soins en matière de VIH destinés aux consommateurs de drogues injectables restent terriblement inadéquats. En 2009, seuls 8 % des consommateurs de drogues injectables dans le monde bénéficiaient d’un accès à des services de prévention du VIH d’une forme ou d’une autre, tandis que les traitements de substitution – c’est-à-dire, offrant aux toxicomanes de la méthadone au lieu de l’héroïne – ne sont autorisés que dans 70 pays. Les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues ne sont disponibles que dans 82 pays.23 Jusqu’en 2009, le gouvernement américain – principal donateur mondial en matière de VIH – refusait fermement de financer des programmes globaux de réduction des risques. Ailleurs – notamment dans certains des pays comptant la plus forte proportion de consommateurs de drogues injectables au monde –, les décideurs continuent de restreindre la disponibilité des seringues et des aiguilles propres et interdisent la méthadone comme traitement de substitution pour les personnes dépendantes aux opiacés. En Europe de l’Est et en Asie centrale – qui rassemblent, selon les estimations, 3,7 millions des consommateurs de drogues injectables – seuls 3 746 patients avaient accès à un traitement de substitution en 2008.24 La volonté de criminaliser les personnes toxicodépendantes et de leur refuser des services peut avoir des conséquences graves – sur les plans social et économique, et dans une perspective de sécurité publique. Là où les traitements de substitution aux opiacés et les programmes d’échange de seringues et d’aiguilles sont illégaux ou inexistants, l’infection par le VIH peut rapidement devenir immaîtrisable. En Russie, où les traitements de substitution sont interdits, la transmission du VIH des hommes toxicomanes à leurs partenaires sexuelles semble être un des principaux facteurs d’une brusque hausse du nombre de femmes récemment infectées.25 Bien que certains pays étendent les traitements de substitution – notamment la Chine, l’Iran, le Kirghizistan et le Viet Nam –, la mauvaise qualité des traitements et l’opprobre continue à laquelle sont soumis les patients compromettent les efforts de sensibilisation. Au Bélarus, en Géorgie, en Indonésie, en Iran, au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Moldavie, en Ouzbékistan, en Russie, au Tadjikistan et en Ukraine, les consommateurs de drogues injectables n’ont pas droit à l’ensemble des services essentiels et ne reçoivent, en moyenne, pas plus de deux aiguilles par consommateur et par mois.26 En 2008, seuls 8 % des consommateurs d’opiacés avaient accès à un traitement de substitution et seuls 4 % des consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH recevaient un traitement antirétroviral.27 23. Mathers, et al., 2010. 24. Déclaration d’engagement des Nations Unies 2007, Rapport du CCP de l’ONUSIDA 09. 25. Niccolai, L.M., et al., « The potential for bridging of HIV transmission in the Russian Federation: sex risk behaviors and HIV prevalence among drug users (DUs) and their non-DU sex partners », J Urban Health, 2009, 86 (suppl. 1): 131-143, CrossRef | PubMed. 26. ONUSIDA, Le point sur l’ épidémie de sida. 27. Mathers, et al., 2010. FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 02. L’appel à l’action Ne pas faire de mal : une question liée aux droits de l’homme Régions les plus touchées Les violations généralisées des droits de l’homme continuent d’alimenter l’épidémie de VIH parmi les consommateurs de drogues injectables. Les problèmes sont : le refus d’accorder des services de réduction des risques, les pratiques médicales discriminatoires – en particulier pour ce qui est de l’accès au traitement antirétroviral –, l’application abusive de la loi, les peines pénales disproportionnées et les cures de désintoxication forcées et abusives. Les gouvernements ne ciblent toujours pas de façon adéquate les groupes vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. De plus, l’opprobre associée à la fois à la consommation de drogues et à l’infection par le VIH est probablement la principale raison poussant les décideurs à continuer de nier l’évidence et de s’opposer aux programmes de réduction des risques. Partout, sauf dans une poignée de nations, l’injection de drogues est illégale. L’attitude du public à l’égard des toxicomanes est rarement autre chose qu’hostile – non seulement parce qu’ils s’adonnent à une activité illégale, mais aussi parce que ce comportement est jugé suspect sur le plan moral. Les hypothèses voulant que les toxicomanes soient plus susceptibles de commettre des actes criminels et de délinquance alimentent aussi les craintes du public, et les consommateurs de drogues injectables sont donc isolés et rejetés. L’opprobre et la peur de l’arrestation découragent des millions de personnes de demander des services de santé ou d’aide sociale, quels que soient leurs besoins. L’intervention relative au VIH chez les consommateurs de drogues injectables est particulièrement faible dans nombre des pays où les mesures de réduction des risques sont les plus nécessaires. L’accès aux traitements antirétroviraux pour les consommateurs de drogues injectables séropositifs est aussi d’une faiblesse inacceptable. Dans le monde, seuls 4 % des consommateurs de drogues injectables suivent un traitement antirétroviral.28 Jusqu’au milieu des années 1990, les droits de l’homme étaient rarement mentionnés ou étudiés dans le contexte du VIH et de la consommation de drogues injectables. Dans la plupart des pays, les politiques se concentraient en majorité sur la criminalisation et l’imposition de lourdes peines plutôt que sur l’action de santé publique. Pas une seule disposition du droit international des droits de l’homme n’évoque les consommateurs de drogues injectables, ni ne mentionne qu’ils méritent une protection. Néanmoins, les lois dérivant des droits de l’homme actuel s’applique à tous, toxicomanes ou non. Le droit de chacun de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint inclut le droit d’obtenir des services de santé sans craindre d’être puni. Les politiques qui entraîneront probablement une morbidité inutile et une mortalité évitable enfreignent l’obligation du gouvernement de respecter le droit à la santé. Ce droit – comme tout autre – est garanti par le droit international et sans discrimination. Les toxicomanes ont aussi droit à la vie, à la liberté, à l’intégrité physique, à l’intimité, à l’éducation, à l’égalité devant la loi, à la liberté de mouvement, de réunion et d’association, et à l’information. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques protège tout le monde contre les arrestations ou la détention arbitraires. En 2009, le Programme commun des Nations Unies sur le V IH/sida (ONUSIDA) a estimé que près de 40 % de tous les consommateurs de drogues injectables vivaient en Chine, en Fédération de Russie et aux États-Unis. Cependant, c’est en Europe de l’Est et en Asie centrale que la prévalence du VIH continue de croître, l’injection de drogues constituant la principale voie de transmission. En Ukraine par exemple, les chercheurs estiment qu’entre 38,5 et 50,3 % des consommateurs de drogues injectables vivent avec le VIH.29 En août 2010, les chercheurs ont relevé que 1,3 % de la population adulte étaient séropositifs, ce qui fait de l’Ukraine le pays comptant le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH de toute l’Europe et ce qui la rapproche dangereusement du stade d’épidémie « généralisée ». 28. Beyrer C, et al, 2010, http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2810%2960928-2/fulltext Les consommateurs de drogues injectables peuvent déposer leurs seringues usagées et obtenir de la nourriture et des conseils. ONUSIDA, Pierre Virot, 2010. 29. Kruglov, et al., « The most severe HIV epidemic in Europe: Ukraine’s national HIV prevalence estimates for 2007 », in Sex Transm Infect, 2008, 84:i37-i41 doi:10.1136/ sti.2008.031195. 13 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 02. L’appel à l’action Kohima, Nagaland, Inde – Des salles d’injection offrent aux toxicomanes un environnement sûr et contrôlé. Sanjit Das. Réduction des risques : nos dépenses actuelles, les coûts futurs L’ONUSIDA estime qu’à 160 millions de dollars, les dépenses consacrées à la réduction des risques en 2007 ne représentaient que 7 % des 2,13 milliards de dollars nécessaires pour la prévention du VIH chez les toxicomanes en 2009, et seulement 5 % des 3,2 milliards de dollars requis en 2010. C’est-à-dire que les dépenses en matière de réduction des risques sont 14 à 20 fois supérieures aux fonds qui y sont alloués actuellement. Selon les calculs de l’ONUSIDA,30 cela ne représente que trois cents américains par jour et par toxicomane. Les dépenses consacrées à la réduction des risques liés au VIH devraient plutôt atteindre en moyenne 170-256 dollars américains par toxicomane et par année. Par conséquent, les dépenses actuelles ne représentent qu’une infime partie des fonds requis. En fait, il existe 14 une énorme différence entre les ressources dépensées et les ressources nécessaires. Les dépenses actuelles en matière de réduction des risques sont en outre d’une faiblesse disproportionnée par rapport aux dépenses destinées aux programmes généraux de lutte contre le VIH et le sida, n’atteignant que 1,4 % du total (11,3 milliards de dollars).31 30. ONUSIDA (2007), « Financial ressources », op. cit. 31. Stimson, G. V., et al., « Three cents a day is not enough, resourcing HIV-related harm reduction on a global basis », IHRA, 2010. partie 3 V illa M araini V illa M araini F ernando N u ñ o / I F R C LA RÉPONSE de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge « J’ai commencé à me droguer relativement jeune, à 14 ou 15 ans. Au début, je consommais des droÉtude gues légères comme le cannabis de cas et l’alcool, mais après quelques années je suis passé à des drogues dures comme l’héroïne. Ensuite, pour avoir le même effet, j’ai dû prendre des doses plus importantes… ce qui m’a posé des problèmes d’argent, alors j’ai commencé à faire du trafic. Par chance, quand j’ai débuté ce programme à la Villa Maraini (centre de désintoxication et de réduction des risques de la Croix-Rouge italienne), ils envisageaient d’ouvrir un bureau pour lever des fonds auprès de l’Union européenne, non seulement en Italie, mais aussi ailleurs. J’ai un diplôme universitaire et je parle anglais, alors ils m’ont proposé le poste. J’ai tout de suite accepté car il m’était plus facile de rester à l’intérieur que de sortir. Je fais un travail qui me plaît vraiment. Je suis fier de ce que j’ai fait… J’ai une nouvelle relation avec mes parents, ce que je n’avais jamais eu. Mais le petit monde que j’avais créé était complètement artificiel, et il s’est juste effondré… J’ai fini en prison, en manque d’héroïne. J’avais oublié ce que c’était car cela faisait des années que je n’avais plus été en état de manque. Quand vous êtes toxicomane, vous réussissez presque toujours à l’éviter. C’est alors que j’ai entendu parler de la fondation Villa Maraini – un projet conjoint de la Croix-Rouge italienne. Je parle avec eux depuis plusieurs années maintenant. Je veux dire, je leur parle vraiment. C’est paradoxal, mais sur le plan émotionnel, ma vie aujourd’hui… Je me sens mieux, beaucoup plus positif qu’avant. Avant, j’avais besoin de prendre de l’héroïne pour être positif. C’est impressionnant… et chaque jour – chaque jour je me le dis. C’est tout. » J’avais entendu parler de la méthadone, mais je n’en avais jamais pris. Je leur ai parlé et ils m’ont invité. À ma sortie du tribunal, je suis allé directement à la Villa Maraini. Il y a aussi des médecins et des psychologues à qui on peut parler. — Philippe Garcia, ancien toxicomane travaillant pour la Croix-Rouge italienne à la Villa Maraini à Rome, Italie J’étais certain de ce que je voulais faire, et j’étais convaincu que j’avais besoin d’aide, mais j’ai été vraiment surpris par l’attitude accueillante des personnes qui travaillaient là-bas, souriantes et faisant preuve d’une grande humanité. Vous arrivez et, avant toute chose, on vous demande si vous voulez du café ou à manger. À partir de là, il m’a fallu une année et demie pour réintégrer la société. 15 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 03. La réponse de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge L a réduction des risques adopte une position morale Pour de nombreux toxicomanes, la réduction des risques repréneutre vis-à-vis de la consommation de drogues, sans sente la seule occasion d’accéder à ces services vitaux et, souvent, l’approuver, ni s’y opposer. Elle se concentre sur les effets leur seul contact avec le système de santé publique. En 2002, le Conseil de direction de la Fédération internocifs de l’injection de drogues, c’est-à-dire le VIH et l’hépatite B et C, et part du principe que certaines nationale a fait de la réduction des risques une partie intégrante d’une politique et stratégie personnes continueront de consommer Comme l’indiquent les Lignes des drogues injectables, malgré la réglobale en matière de sida, centrée sur directrices de la Fédération les toxicomanes. Un élément essenpression du gouvernement. internationale « Diffuser la lumière tiel est la mise en œuvre d’un La réduction des risques de la science » (2003), ensemble d ’inter ventions tient aussi compte du fait l’intervention comprend : fondées sur des faits et pragque de nombreux consomles centres d’accueil les programmes d’échanges mateurs sont toxicomatiques, qui contribuent thérapeutiques d’aiguilles et de seringues à la prévention, offrent dépendants et que la les salles d’injection des traitements, encoudépendance n’est rien les traitements de substitution ragent l’intégration sod ’autre qu’une mala prévention, l’orientation vers le dépistage et le traitement de la ciale et fournissent une ladie qui devrait être tuberculose l’orientation vers le dépistage de assistance. prise en charge avec l’hépatite, le traitement (hépatite la fourniture de préservatifs Même si nombre huma nité et comA, B et C) et la vaccination gratuits et de bonne qualité (hépatite A et B) de gouvernement s, passion, comme une la sensibilisation par le organisations et indiquestion de santé pubiais d’une information, l’orientation vers les vidus voudraient une blique et non une acd’une éducation et d’une traitements antirétroviraux communication ciblées société absolument sans tivité criminelle. Ainsi, drogues, le but des prosi les consommateurs de grammes de réduction des drogues injectables doivent risques est ailleurs. Les strapoursuivre leurs activités, on la prévention des les services de infections sexuellement conseils et dépistage tégies de réduction des risques devrait leur offrir la possibilité transmissibles volontaires du VIH font exactement cela : réduire les de le faire d’une façon qui réduise risques et ainsi atténuer les effets nocifs. les risques et soit la moins nocive posLa réduction de la demande est sible, pour eux-mêmes et les autres. une stratégie distincte qui cherche à réduire la Lorsqu’elle est correctement mise en œuvre, la réduction des risques offre une gamme de services qui com- consommation de drogues. La réduction des risques reconnaît prend aussi la désintoxication, la réhabilitation, le soutien psy- l’existence de la consommation de drogues sans l’approuver ni chologique et l’accès à des services comme les soins de santé, le s’y opposer et cherche à réduire ses effets nocifs sur l’individu et, logement, la formation professionnelle et d’autres aides sociales. par extension, la société dans son ensemble. La hiérarchie des objectifs de la réduction des risques est la suivante : commencer une cure de désintoxication. Celles qui offrent des traitements médicamenteux à long terme, comme le traitement de substitution à la méthadone, sont plus efficaces ; si la désintoxication n’est pas une option, passer de la consommation de drogues injectables à des drogues non injectables ; si l’injection continue, toujours utiliser du matériel d’injection stérile et ne pas partager le matériel ou les solutions de drogue ; 16 s’il n’est pas possible d’utiliser du matériel d’injection stérile, nettoyer et réutiliser votre propre matériel ; ne pas le partager ; en cas de partage, nettoyer le matériel d’injection entre chaque utilisation (à l’aide d’eau de javel par exemple). Ne pas partager les « réchauds », les conteneurs de drogue ou les filtres utilisés pour l’injection, et ne pas utiliser, ni partager l’eau employée pour rincer le matériel ou procéder à la préparation ; éviter les rapports sexuels sans protection. Toujours utiliser des préservatifs. FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 Principes directeurs de la contribution de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge aux activités de réduction des risques (Diffuser la lumière de la science, Fédération internationale, 2003) Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est la plus grande organisation humanitaire au monde. En 1919, la Fédération internationale a été créée dans le but de prévenir et d’atténuer les souffrances humaines sans porter de jugement – sans discrimination liée au lieu géographique, au statut socio-économique, à l’origine ethnique ou au sexe. Conformément à son mandat et sur la base de sa Stratégie 2020, Sauver des vies et changer les mentalités, la Fédération soutient la cause des consommateurs de drogues injectables en améliorant l’accès au traitement, en appelant les gouvernements à mettre en œuvre des mesures efficaces visant à réduire l’exposition au VIH et au sida, et en encourageant l’intégration sociale. À cette fin, la Fédération s’attache à respecter « [les] principes de la santé publique et [les] principes humanitaires, promouvoir et, s’il y a lieu, faciliter les stratégies de réduction des risques face aux comportements et aux pratiques traditionnelles particulièrement dangereuses, et même, s’il le faut, plaider pour un changement de législation ». Cet engagement est cohérent avec l’objectif du Millénaire pour le développement 6, à savoir « d’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et avoir commencé à inverser la tendance actuelle ». Deux éléments clés sont l’éducation et la sensibilisation – en particulier pour ce qui est des 50 millions de volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. En 2009, la jeunesse de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a rédigé une déclaration à Solferino, en Italie, dans laquelle elle s’est engagée à « promouvoir le ‘droit de savoir’ sur les dommages liés à l’abus de substances, en renforçant l’éducation par les pairs et la participation de la communauté » et à « agir pour éliminer la stigmatisation et la discrimination liées à la tuberculose, au VIH et à la toxicomanie ». La Déclaration d’engagement sur le VIH/sida adoptée par la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS, 2001) a reconnu le travail de la Fédération internationale dans son ensemble, notamment celui des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Elle a aussi spécifiquement fait référence à la réduction des risques, à la consommation de drogues et à l’opprobre et à la discrimination. En avril 2002, la Conférence européenne de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Berlin a soutenu à l’unanimité la mise en œuvre de stratégies de réduction des risques, en tant que progrès majeur dans la lutte contre la propagation rapide du VIH dans la région. Par ailleurs, le Plan d’action de Manille, adopté lors de la Conférence de Manille en décembre 2002, demande que toutes les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en Asie, dans le Paci- fique et au Moyen-Orient, mettent en place des programmes de réduction des risques adaptés à leur culture. Les Lignes directrices de la Fédération internationale, Diffuser la lumière de la science, publiées en 2003, présentent en détail la raison d’être des programmes de réduction des risques. Elles définissent des approches générales que les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peuvent adapter à la réalité de leur pays pour élaborer et mettre en œuvre des programmes de réduction des risques. Elles les aident aussi à conduire des activités de sensibilisation relatives à la réduction des risques. Plusieurs Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont déjà lancé des stratégies de réduction des risques en collaboration avec les gouvernements et d’autres organisations multilatérales et non gouvernementales. Dans plusieurs pays (Australie, Bélarus, Croatie, Espagne, Italie, Kenya, Ouganda, Portugal et Russie), les Sociétés nationales mènent des programmes relatifs à la consommation de drogues injectables, et la Croix-Rouge chinoise ainsi que la Croix-Rouge du Viet Nam progressent bien. Beaucoup d’autres Sociétés nationales ont recours aux réseaux actuels, qui peuvent être utilisés pour soutenir les consommateurs de drogues injectables et promouvoir l’acceptation, l’introduction et l’entretien de programmes de réduction des risques. 17 partie 4 Arrêt sur l’autoroute de l’héroïne (extraits) 32 Étude de cas Au cœur de la zone industrielle de la ville d’Urumqi, dans le nord-ouest de la Chine, à côté de la mine de charbon, de l’usine à papier et de l’usine chimique, vivent Arkin* et sa fille de six ans. Dans cette ville animée de deux millions d’habitants, les apparences peuvent être trompeuses : pour Arkin et ses semblables, il n’y a pas de travail, pas même dans la mine de charbon, à quelques rues de chez lui. Pour atténuer l’ennui et la pauvreté, Arkin a commencé à consommer de l’héroïne en 1993. L’héroïne se déverse dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en suivant l’autoroute de l’héroïne depuis l’Afghanistan voisin et remonte depuis la province du Yunnan, près du célèbre Triangle d’or de l’Asie du SudEst. Elle se vend bien parmi les Ouïgours – une minorité musulmane représentant 8 des 20 millions de personnes vivant dans la région. Il est estimé que huit consommateurs de drogues injectables sur dix proviennent de ce groupe ethnique. Il est facile de se procurer de l’héroïne, mais à environ RMB 50 le « bolaq » (USD 7 la dose), ce n’est pas bon marché, en particulier lorsqu’on a pour seule source de revenus une allocation du gouvernement de RMB 150. Depuis le premier diagnostic en 1995, plus de 18 206 personnes dans la région autonome ont été diagnostiquées positives au VIH. Selon l’organe sanitaire du gouvernement, le Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC), quelque 77 % d’entre elles sont des consommateurs de drogues injectables. La dépendance d’Arkin augmentant, il a commencé à commettre des actes criminels et, en 14 ans, la drogue l’a pratiquement dévoré. Ses relations, sa confiance en soi et sa santé se sont détériorées. Il a découvert qu’il était séropositif en 2001, après un test sanguin gratuit au CDC. Sous le choc, mais incapable d’abandonner l’hé- 18 IFRC UNAIDS UNAIDS Obstacles et perspectives roïne, il ne pouvait rien faire d’autre que de commencer à utiliser des seringues propres. Arkin a pour la première fois entendu parler de la CroixRouge et de son programme de sensibilisation au VIH, de nutrition et d’hygiène personnelle à la télévision. La Croix-Rouge a récemment conduit six ateliers sur l’hygiène personnelle dans le voisinage et, dans le reste d’Urumqi, plus de 380 personnes ont participé à 25 ateliers, conduits en majorité en langue ouïgoure. Le programme de la Croix-Rouge de lutte contre le VIH et le sida au Xinjiang a débuté ses visites à domicile en 2001, avec des fonds et un soutien de la Croix-Rouge australienne. Les projets de sensibilisation trouvent petit à petit un public dans les communautés autour d’Urumqi, mais Arkin et ses semblables craignent toujours de révéler leur consommation de drogue et leur statut sérologique par peur de la discrimination. « Au début, tout le monde me fuyait. Même les enfants ne voulaient plus jouer avec ma fille. Maintenant, tout le monde découvre ce qu’est le VIH, la prise de conscience se répand et chacun commence à comprendre », dit Arkin. Un des 38 lieux d’échange de seringues à Urumqi a ouvert au coin de la rue il y a une année, et le dispensaire de méthadone a ouvert il y a six mois. Aujourd’hui, il y en a quatre. Arkin dit que la méthadone est un bon médicament. Il ne touche plus à la drogue, il mène une vie normale, et sa vision du monde a changé. Maintenant qu’il ne consomme plus d’héroïne, Arkin a moins de mal à trouver de l’argent pour acheter des aliments nutritifs et prendre soin de sa famille. « La découverte de la Croix-Rouge était une bonne chose ; cela m’a permis de rester en bonne santé, dit-il. La Croix-Rouge m’a secouru, elle m’a sauvé, elle m’a appris à manger de la nourriture saine et à me protéger. » — Région autonome ouïgoure du Xinjiang : Projet de réduction des risques de la Croix-Rouge chinoise avec le soutien de la Croix-Rouge australienne. Par Kelly Chandler, Croix-Rouge australienne. 32. http://www.redcross.org.au/ourservices_aroundtheworld_developmentprograms_ntheastasia_china_HIV_feature1.htm FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 04. Obstacles et perspectives L a lutte contre le VIH et le sida est une responsabilité conjointe que personne – aucun donateur, aucun gouvernement, aucune institution multilatérale ni aucune ONG – ne peut assumer seul. Les partenariats sont cruciaux, tout comme l’innovation et l’imagination. Cependant, en raison de la crise financière mondiale, le climat des donateurs change rapidement et menace de faire avorter plus de deux décennies de progrès. Selon un nouveau rapport de l’ONUSIDA, l’UNICEF et l’OMS (septembre 2010), une pénurie mondiale de fonds compromet fortement la concrétisation de l’accès universel à la prévention, au traitement et aux soins. Bien que le délai des objectifs du Millénaire pour le développement soit fixé à 2015, il est de plus en plus évident que l’objectif 6 – enrayer la propagation du VIH/sida et avoir commencé à inverser la tendance actuelle – ne sera pas non plus atteint. En 2009, 70 Sociétés nationales ont réussi à mobiliser 36 millions de francs suisses pour la mise en œuvre de programmes de lutte contre le VIH et le sida – soit 22 % de moins qu’en 2008. Cette diminution est probablement due à la crise financière mondiale. L’ONUSIDA estime qu’il manque 10 milliards de dollars américains dans le monde pour financer l’intervention globale en matière de VIH et de sida, ce qui nuit à la mise en œuvre de nombreux programmes nationaux. Les Sociétés nationales de la CroixR o u g e e t d u C r o i s s a n t- R o u g e devraient : de réduction des risques ciblant les consommateurs de drogues injectables ; renforcer les capacités techniques et de gestion de leur personnel et de leurs volontaires afin de leur permettre de mettre en œuvre des programmes efficaces ; utiliser les forums publics et – en particulier – les médias pour expliquer ce que sont les programmes de réduction des risques, leurs avantages, leur raison d’être et leur rapport coût-efficacité ; élaborer, mettre en œuvre et étendre des programmes globaux de lutte contre le VIH, notamment des stratégies de réduction des risques visant les populations vulnérables, y compris les prisonniers ; promouvoir le dialogue dans le but de persuader les gouvernements d’élaborer et d’appliquer des politiques et des cadres législatifs appropriés à travers des discussions avec des membres clés des communautés et d’autres parties prenantes. Le but est de les encourager à respecter les droits de l’homme et de promouvoir et mettre en œuvre des programmes communiquer des informations sur les programmes de réduction des risques au grand public par le biais des médias, lors d’événements nationaux, régionaux ou mondiaux comme des conférences ou des journées spéciales, notamment la Journée mondiale de lutte contre le sida, la Journée mondiale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, etc. Pour aider les Sociétés nationales à mettre en œuvre des activités de réduction des risques, la Fédération internationale poursuivra ses activités de diplomatie humanitaire, afin de ONUSIDA Nous pouvons faire plus et faire mieux sensibiliser les esprits et d’essayer de changer la mentalité des parties prenantes compétentes au sujet de la réduction des risques. 19 UNAIDS FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 Le chemin à suivre P our la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, l’accès universel au traitement et le respect des droits de l’homme requièrent de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire entendre la voix de ceux qui n’en ont pas – c’est-à-dire donner aux consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH, ou risquant d’être infectés, la possibilité de communiquer leurs préoccupations avec les gouvernements et les donateurs, et de participer à la prise de décisions et au débat politique. La Fédération internationale, en étroite collaboration avec des organisations de la société civile, des organisations internationales et des donateurs, s’engage à encourager les gouvernements à élaborer des politiques favorables et fondées sur des faits, et à mettre en place des pratiques de réduction des risques conformes aux principes et aux lignes directrices humanitaires de santé publique et des droits de l’homme. La réduction des risques est pragmatique, d’un bon rapport coût-efficacité et fondée sur des faits. Dans une perspective de santé publique, elle garantit le bienêtre des toxicomanes en leur permettant de réduire le mal qu’ils causent à eux-mêmes et aux autres en offrant une gamme de services – par exemple, échange de seringues et d’aiguilles, substitution aux opiacés, distribution de préservatifs, programmes de nutrition et de formation professionnelle – visant à enrayer la propagation du VIH. Elle fournit en outre aux consommateurs le traitement nécessaire pour entretenir leur santé et réduire leur charge virale jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus transmettre le virus. 20 Comme nous l’avons relevé plus haut, d’un point de vue humanitaire, les lois répressives qui prévoient l’emprisonnement et les brimades ne font qu’éloigner les toxicomanes des services de santé et d’aide sociale. Ces lois constituent une violation des principes humanitaires et de la législation des droits de l’homme et, de plus, rendent pratiquement impossible la prévention du VIH, le traitement, les soins et le soutien, et exposent la population à un danger accru. Les changements de politiques et la réforme de la justice sont essentiels à la réduction des risques. La consommation de drogues injectables ne devrait pas être considérée comme un acte criminel mais comme une question majeure de santé publique. La Fédération internationale plaide en faveur de la décriminalisation des consommateurs de drogues et pour que ces derniers aient accès, à l’intérieur et à l’extérieur des centres de détention, à des procédures juridiques équitables et aux services de santé. Enfin, la question de la réduction des risques n’a rien à voir avec la violation de la loi ou la moralité. Il s’agit de respecter les droits de l’homme fondamentaux afin que nous puissions protéger, traiter, soigner et soutenir nos frères et sœurs, nos mères, nos pères, nos fils et nos filles, nos amis et nos connaissances vivant avec une dépendance à la drogue et avec le VIH. En étendant notre aide et notre compassion à nos semblables les plus vulnérables et les plus marginalisés, nous aidons nos communautés et nous nous aidons nous-mêmes. annexes FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 L’Alliance mondiale contre le VIH 56 SOCIÉTÉS NATIONALES DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE ONT ÉLABORÉ DES PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LE VIH DANS LE CADRE DE L’ALLIANCE MONDIALE ➑ ➒ ➋ ➌ ➎ ➏ ➎ ➐ ➐ ➊ Lors de la Journée mondiale de la lutte contre le sida en 2006 (le 1er décembre), le Secrétariat de la Fédération a lancé l’Alliance mondiale contre le VIH, dans le but de relever de façon plus efficace les défis posés par le VIH et le sida. Fondée sur une approche classique de la santé publique, l’Alliance offre un mécanisme d’élaboration et de mise en œuvre de programmes normalisés et globaux de lutte contre le VIH à l’échelle de la Fédération. ➍ ➊ Argentine Belize Colombie El Salvador Équateur Guatemala Guyane Haïti Honduras Jamaïque ➋ Burkina Faso République centrafricaine République Dém. du Congo Guinée Nigéria ➌ Éthiopie Djibouti Kenya Madagascar Ouganda Rwanda Somalie Soudan Tanzanie ➍ Angola Botswana Lesotho Malawi Mozambique Namibie Afique du Sud Swaziland Zambie Zimbabwe Bangladesh Inde Népal Sri Lanka Îles Cook Kiribati Micronésie Samoa ➏ Cambodge Indonésie Laos Myanmar Philippines ➑ Arménie Bélarus Kazakhstan Kirgizstan Ouzbékistan Russie Ukraine ➒ Chine Mongolie Tableau montrant les SN qui ont mené des programmes de lutte contre le VIH en 2009 En 2009, 18 644 009 personnes au total, notamment des consommateurs de drogues injectables, ont été touchées par des messages de prévention et ont reçu un soutien psychosocial. Pas moins de 119 370 volontaires ont acquis des compétences et mené des interventions de lutte contre le VIH, consacrant 17,5 millions d’heures bénévoles à la fourniture de services. Performance des programmes de lutte contre le VIH des Sociétés nationales en 2008 Service fourni Afrique Moyen-Orient 31 SN 3 SN Asie Amériques 14SN 10 SN Europe Pacifique Total mondial 8 SN 4 SN 70 SN Nombre de personnes touchées par des messages de prévention 9 079 764 59 985 7 284 135 1 439 991 433 458 63 800 18 361 133 Nombre de personnes vivant avec le VIH soutenues 125 616 16 15 148 4090 2 822 8 147 700 Nombre d’orphelins aidés 131 054 - 2 775 843 504 - 135 176 Population totale touchée et desservie 9 336 434 60 001 7 302 058 1 444 924 436 784 63 808 18 644 009 Nombre de volontaires formés et affectés à ces activités 17 479 213 95 882 3052 2 643 101 119 370 Heures bénévoles mobilisées pour mener des activités en une année 10 440 768 116 668 5 784 844 612 908 585 024 32 712 17 572 924 23.5% 7% 9.2% - 12% (pourcentage) (pourcentage) (pourcentage) (pourcentage) - % du personnel des SN participant à des programmes sur le lieu de travail Ressources mobilisées pour des programmes de lutte contre le VIH (CHF) 26 308 581 665 366 4 597 144 2 057 944 2 086 575 402 366 36 117 976 21 FICR / À l’abri du danger – Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Rapport de plaidoyer / Décembre 2010 XVIIIe Conférence internationale sur le sida réunion satellite de la Fédération à Vienne Déclaration d’engagement À la veille de la XVIIIe Conférence internationale sur le sida, nous, les représentants de 36 Sociétés nationales et du Secrétariat de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, reconnaissons que l’épidémie de VIH reste l’un des plus grands problèmes de santé publique dans les pays à faible ou à moyen revenu, touchant la vie de millions de personnes pauvres et marginalisées. Durant deux jours de réunions à Vienne, les 17 et 18 juillet 2010, nous avons renforcé nos connaissances sur l’ampleur de la consommation de drogues injectables dans le monde et son rôle dans la transmission du VIH, ainsi que sur l’impact dévastateur de la tuberculose, principale cause de la mortalité accrue des personnes vivant avec le VIH et le sida. Par ailleurs, nous avons trouvé utiles le partage d’expériences et les enseignements tirés de la mise en œuvre de programmes globaux de lutte contre le VIH dans le cadre de l’Alliance mondiale contre le VIH dans 56 pays du monde. Les conclusions de l’évaluation à mi-parcours des programmes globaux mis en œuvre ces trois dernières années en Afrique australe nous aident à améliorer nos programmes et à accélérer les procédures administratives, et nous permettent de faire mieux et d’accroître notre portée. Nous renouvelons notre engagement à : 1) communiquer à plus de personnes des informations sur la prévention, en utilisant des stratégies appropriées ; 2) faire mieux et intensifier encore nos efforts visant à atteindre plus de personnes ayant besoin de soins et de soutien ; 3) continuer d’utiliser l’approche de l’Alliance mondiale pour concevoir des programmes globaux de lutte contre le VIH et la tuberculose, tout en les perfectionnant grâce aux enseignements tirés durant les évaluations ; 4) faire tous les efforts possibles pour intensifier la mise en œuvre des programmes et soutenir les efforts déployés par les gouvernements pour introduire le traitement antirétroviral, en améliorant l’observance du traitement et en fournissant un soutien psychosocial aux personnes infectées et touchées par le VIH et la tuberculose ; 5) intensifier les programmes de réduction des risques liés à la consommation de drogues injectables dans les pays où le problème est répandu ; 6) déployer tous les efforts possibles pour intégrer systématiquement les programmes de lutte contre la tuberculose et le VIH au niveau de la fourniture de services et soutenir la planification, le suivi, l’évaluation et les comptes rendus de ces services ; 7) soutenir activement les Sociétés nationales, afin qu’elles puissent avoir accès à des ressources dans leur pays, et faire tous les efforts possibles pour mobiliser des ressources aux échelons régional et mondial ; 8) s’assurer que des programmes sont mis sur pied sur le lieu de travail ; 9) enfin, soutenir les efforts des membres du réseau RCRC+ de toutes les manières possibles, car nous admirons le rôle important qu’ils jouent pour accroître la sensibilisation et lutter contre l’opprobre et la discrimination au sein des Sociétés nationales. Nous sommes heureux que le VIH figure comme programme prioritaire dans la Stratégie 2020 de la Fédération, et nous encourageons le Secrétariat de la Fédération à continuer de renforcer les efforts de lutte contre le VIH et la tuberculose. De plus, le Secrétariat de la Fédération doit aider et encourager toutes les Sociétés nationales à communiquer les résultats de leurs programmes aux bureaux de zone du Secrétariat conformément au calendrier défini. 22 Réduction des risques dans le monde 2010 En bref Comment lire le tableau Référence positive explicite à la réduction des risques dans des politiques nationales : Pays et territoires faisant explicitement référence à la réduction des risques dans des politiques nationales relatives à la santé ou à la drogue. Ce tableau présente la liste des pays et des territoires du monde qui contribuent, par leurs politiques ou par leurs pratiques, à la réduction des risques. Veuillez noter que la simple présence d’un pays dans cette liste ne fournit aucune indication sur la portée, la qualité ou la couverture de ses services. Il faut en outre être conscient qu’une référence positive explicite à la réduction des risques dans des politiques nationales ne signifie pas nécessairement qu’il existe des services d’une qualité et d’une couverture adéquates. De plus, dans de nombreux pays, les services de réduction des risques, en particulier les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues, sont assurés par des ONG et fonctionnent parfois sans le soutien du gouvernement. Pays ou territoire (93) Référence positive explicite à la réduction des risques dans des politiques nationales (79) Programmes opérationnels d’échange d’aiguilles et de seringues (82) Salles Programmes d’injection opérationnels de traitement de (8) substitution aux opiacés (73) ASIE Afghanistan Bangladesh Cambodge Chine Hong Kong Inde Indonésie Lao (Rep. Dem. Pop) Malaisie Maldives Mongolie Myanmar Népal Pakistan Philippines Taïwan Thaïlande Viet Nam CARAÏBES Porto Rico Trinité-et-Tobago EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET ASIE CENTRALE Albanie Arménie Azerbaidjan Bélarus Bosnie-Herzégovine Bulgarie Croatie Estonie Géorgie Hongrie Kazakhstan Kirghizistan Kosovo Lettonie Lituanie Macédoine Moldavie (Rép. de) Monténégro Ouzbékistan Pologne République tchèque Roumanie Russie (Fédération de) Serbie Slovaquie Slovénie Tadjikistan Turkménistan Ukraine Échange d’aiguilles en prison (10) Programmes opérationnels d’échange d’aiguilles et de seringues : Pays et territoires ayant au moins un site d’échange d’aiguilles et de seringues opérationnel. Programmes opérationnels de traitement de substitution aux opiacés : Pays et territoires ayant au moins un site de traitement de substitution aux opiacés à long terme (non seulement à des fins de désintoxication). Salles d’injection : Pays et territoires ayant au moins une salle d’injection opérationnelle (ou des locaux d’injection plus sûrs). Échange d’aiguilles en prison : Pays et territoires ayant au moins une prison proposant un programme opérationnel d’échange d’aiguilles et de seringues. Traitement de substitution aux opiacés en prison : Pays et territoires ayant au moins une prison proposant un traitement de substitution aux opiacés à long terme (non seulement à des fins de désintoxication). Traitement de substitution aux opiacés en prison (39) Pays ou territoire (93) Référence positive explicite à la réduction des risques dans des politiques nationales (79) Programmes opérationnels d’échange d’aiguilles et de seringues (82) AMÉRIQUE LATINE Argentine Brésil Colombie Mexique Paraguay Uruguay MOYEN-ORIENT et AFRIQUE DU NORD Egypte Iran Israël Liban Maroc Oman Palestine Tunisie AMÉRIQUE DU NORD Canada États-Unis OCÉANIE Australie Nouvelle-Zélande AFRIQUE SUBSAHARIENNE Afrique du Sud Kenya Maurice Sénégal Seychelles Tanzanie Zanzibar EUROPE OCCIDENTALE Allemagne Autriche Belgique Chypre Danemark Espagne Finlande France Grèce Irlande Islande Italie Luxembourg Malte Norvège Pays-Bas Portugal Royaume-Uni Suède Suisse Salles Programmes d’injection opérationnels de traitement de (8) substitution aux opiacés (73) Échange d’aiguilles en prison (10) Traitement de substitution aux opiacés en prison (39) Source : Cook, C (2010) Global State of Harm Reduction 2010 at a glance. International Harm Reduction Association, London, UK. For more information see www.ihra.net Les Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Humanité Indépendance Né du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples. Le Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement. Volontariat Il est un mouvement de secours volontaire et désintéressé. Impartialité Il ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes. Neutralité Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique. Unité Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son action humanitaire au territoire entier. Universalité Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel. À l’abri du danger Consommateurs de drogues injectables et réduction des risques Presse, relations publiques et pour plus d’informations sur la Fédération internationale : Ce rapport a été élaboré par : Getachew Gizaw, Paul Conneally, Patrick Couteau, Shannon Frame, Sadia Kaenzig, Patricia Leidl, Marie-Françoise Borel et Corinne Leuenberger. www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités. Photo de couverture : Lituanie – Au Centre Vilnius, des travailleurs sociaux, plutôt que des médecins, s’occupent de la gestion des dossiers des patients. Les médecins peuvent ainsi se concentrer sur les soins aux patients, et les travailleurs sociaux utilisent leurs connaissances pour orienter les patients vers le service de santé approprié. En outre, les patients peuvent bénéficier de formations professionnelles ainsi que d’autres services municipaux. ©OMS/Piotr Malecki 2009. 204902 12/2010 F 800 Service de presse de la Fédération internationale Courriel : [email protected] Site Internet : www.ifrc.org