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COLLOQUE INTERNATIONAL SOUFISME ET POLITIQUE AU MAROC ET AU SENEGAL. TERMES ET ENJEUX CONTEMPORAINS RABAT 08 et 09 NOVEMBRE 2012 Salle des conférences de l'Institut d'Études Africains Avenue Allal Fassi, Madinat al Irfane Coordinateurs : Abdourahmane Seck Nazarena Lanza Salim Hmimnat AVEC LE SOUTIEN DE: Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique (CODESRIA), Dakar Centre d’Études Africaines, École des Hautes Études en Sciences Sociales (CEAf), Paris ARGUMENTAIRE 2 Le cadre thématique et l’espace géographique de ce colloque se justifient par la nature des trajectoires contemporaines du soufisme que le Maroc et le Sénégal ont en partage, mais façonnent, l’un et l’autre, de manière singulière. Une grande partie des musulmans sénégalais, en effet, appartiennent à la Tijaniya, confrérie soufie dont le lieu de culte et de pèlerinage se trouve à Fès, ville marocaine qui abrite le mausolée du fondateur. L’objectif du colloque est de voir comment les voies soufies de l’islam, dans le contexte géographique et géopolitique de deux pays (qui se présentent comme) « frères », se sont interpénétrées avec les dynamiques de changements socioculturels qui marquent leur respective histoire postcoloniale. Il s’agira de documenter les mutations de l’islam soufi, ses permanences et variations en cours dans les pratiques de spiritualité, systèmes de représentations symboliques et socles de communautarisation dans les deux espaces, mais encore d’analyser ses apports et rapports au politique (entendu comme espace, lien, discours, projet). Dans le contexte actuel de renouveau de l’attachement du Maroc à l’Afrique subsaharienne d’une part et, d’autre part, de recomposition des forces sociales qui font le jeu politique dans ces deux pays, l’étude d’une ressource aussi transversale que les voies soufis de l’islam, reste indispensable et stratégique. Le Maroc et le Sénégal sont interpellés par les usages des ressources de la baraka des saints, dans l'espace privé comme dans les arcanes des luttes de pouvoir. Au Sénégal, l’arrivée d’Abdoulaye Wade au pouvoir, en 2000, a laissé entendre, un moment, la fin de l’implication des confréries dans le jeu politique. La suite de sa mandature a plutôt donné à repenser moins une sortie que d’autres formes d’investissements de la sphère publique par la confrérie et surtout le même intérêt du politique pour les chefs communautaires confrériques. Au Maroc aussi, dans les mouvements politiques actuels, on remarque une présence inédite des mouvements soufis dans l'arène politique: le mouvement d'Al Adl, actif depuis les années 80, s'est imposé comme force déterminante dans le mouvement du 20 février pour le renouvellement politique au Maroc; la confrérie de la Bouchichia, à son tour, a appelé ses adhérents à manifester en faveur de la nouvelle constitution. La frontière reste donc plus que jamais ténue entre mysticisme soufi et politique tout court. A une échelle plus large, l’analyse des logiques de transformation des multiples usages et mésusages de la spiritualité dans les jeux politiques, ne peut que difficilement échapper aux débats post 11 Septembre, notamment sur le rôle que jouerait le soufisme comme alternative face aux « islamismes ». Il serait heureux, et ce colloque veut en être un prélude, d’arriver, à partir de terrains privilégiés, à mieux sonder le potentiel de révélateurs, voire de conducteurs de changements, au niveau global et local, des mutations contemporaines du soufisme. Retombés et Attendus scientifiques du Colloque Publication des contributions révisées par leurs auteurs, à l’issue du colloque. Cette liste n’est pas fermée à l’arrivée d’autres chercheurs qui seraient intéressés par le projet d’édition. PRESENTATION DES COMMUNICANTS 3 Abdoulaye Kane est Associate Professor au département d’Anthropologie et au Centre d’Etudes Africaines de l’Université de Floride (University of Florida). Il a publié en 2010, un ouvrage sur la finance informelle, chez l’Harmattan : Tontine, Caisses de Solidarite et Banquiers Ambulants. Il est également coéditeur de deux ouvrages collectifs à paraitre chez Indiana University Press : Medicine, Mobility, and Power in Global Africa"? et African Migrations: Patterns and Perspective. Il est aussi auteur de plusieurs articles et chapitres d’ouvrages portant principalement les réseaux sociaux et religieux dans les contextes des migrations de la vallée du fleuve Sénégal en Europe et en Amérique du Nord. Fabienne Samson est anthropologue, chargée de recherche à l’IRD et directrice adjointe du Centre d’Etudes Africaines (CEAF) à l’EHESS à Paris. Elle travaille sur des mouvements religieux de jeunes urbains, et est l’auteur de plusieurs articles sur l’islam au Sénégal et au Burkina Faso. Elle étudie également les mouvements évangéliques, en concurrence avec les mouvements de l’islam, dans ces deux pays. Son ouvrage « les marabouts de l’islam politique » a été publié en 2005 chez Karthala, et elle prépare un nouvel ouvrage sur une église évangélique au Sénégal, terre d’islam. El Hadji Samba Amadou Diallo est docteur en anthropologie sociale. Il est chargé d'enseignement à Washington University à Saint-Louis, Département des études africaines et afro-américaines. M. Diallo poursuit actuellement ses recherches sur la Tijāniyya en Afrique du Nord, de l’Ouest et dans la diaspora (plus particulièrement aux États-Unis d’Amérique). Il s’intéresse également au thème de l’islam en Guinée (Conakry), et a publié des articles dans Social Compass, French Colonial History et Afrika Zamani. Son livre La Tijāniyya sénégalaise: les métamorphoses des modèles de succession a été publié par les Éditions Publisud en 2010. Kae AMO est doctorante en anthropologie à l’EHESS. Titulaire de master en anthropologie (l’EHESS), sociologie (l’Université de Dakar, Sénégal) et en Science politique (l’Université de Keio, Japon), elle a réalisé de nombreux voyages d’études et des travaux sur l’Islam en Afrique subsaharienne, notamment dans le cadre d’équipe « Islam and Global Governance » (2007-2009, Japon), du projet ANR Publislam (2009-2012) et du ANR Priverel (2012-2016). Amadou Dramé est Doctorant inscrit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Département d’histoire. Il prépare une thèse de doctorat sur l’Histoire des bureaux de contrôle des personnes et des savoirs du gouvernement colonial français en Afrique de l’Ouest. Il est Membre du Groupe de d’Etude et de Recherche sur la Marginalité et l’Exclusion au Sénégal Nina ter Laan est anthropologue et doctorante au Département d’Islam et Arabe dans la Faculté de Philosophie, Théologie et sciences religieuses à l’université Radboud, Nijmegen, Pays-Bas. Sa thèse de doctorat porte sur l’utilisation de la musique religieuse dans la construction des idéologies religieuses islamiques au Maroc. 4 Aziz Hlaoua est doctorant, inscrit à l’Université Pierre Mendès de Grenoble (UPMF), Laboratoire PACTE. Associé au Centre Jacques Berque depuis octobre 2010, sa thèse porte sur la confrérie Al Qadiriya AlBoutchichiya au Maroc. Nazarena Lanza est doctorante en Anthropologie, inscrite à l’Université de Aix-en-Provence, (Institut d’Ethnologie Méditerranéenne et Comparative –IDEMEC). Elle est également chercheure associée au Centre Jacques Berque pour les sciences sociales de Rabat (Maroc). Sa recherche de thèse porte sur les mobilités religieuses, vers le Maroc, des disciples de la confrérie soufi Tijannyya du Sénégal. Youssef Mouncif, doctorant en sciences sociales et humaines, Université Hassan II, Casablanca chercheur associé au centre marocain des sciences sociales CM2S où il intervient dans le groupe « Elections et vie politique au Maroc ». Sa thèse porte sur les nouvelles formes de la culture militante chez les islamistes du Maroc : le cas du groupe Adl Wal Ihssan Ruggero Vimercati Sanseverino est docteur en islamologie et chercheur associé à l’IREMAM (Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabe et Musulman, Aix-en-Provence). Spécialisé dans l’histoire et l’anthropologie religieuse de la spiritualité musulmane, il s’intéresse à l’exégèse coranique, au soufisme et à l’hagiographie marocaine, à la transmission et l’interprétation de la tradition prophétique ainsi qu’à la conception du sacré dans l’islam. Sa thèse Fès et sainteté : hagiographie, tradition spirituelle et héritage prophétique. Jillali El Adnani, Université Mohammed V, Agdal, Rabat ; Chef de département d’histoire. Il a publié, entre autres : -Le maraboutisme chez C. Geertz, Ouvrage collectif, H. Addi et L. Obadia éds, Archives contemporaines, Paris 2010. -Les saints à l’épreuve du pouvoir : histoire d’une sainteté et anthropologie d’une culture, Hespéris-Tamuda, Vol. 31, 2008. - La Tijâniyya (1791-1880) : les origines d’une confrérie maghrébine, éditions Marsam, Rabat, 245p, 2007. -Regionalism, islamism and amazigh identity : translocality in the Souss region of morocco according to M. Mukhtar Soussi, Duke university, Vol1, 2007. Anthropologie religieuse et colonialisme : le dilemme de la modernité (étude et présentation d’un document inédit de J. Berque, in Critique économique, N°18, 2006. Salim Hmimnat, Enseignant-chercheur à l’Institut des Etudes Africaines (UM5S, Maroc). Titulaire d’une thèse de doctorat en sciences politiques de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales RabatAgdal (Maroc). Il mène des recherches qui portent sur deux principaux axes: les interactions entre politique religieuse, mouvements islamistes et modernisation au Maroc post-colonial; Les enjeux et défis sécuritaires au Sahel. 5 Khalid Chegraoui, Professeur chercheur est responsable de l’équipe de Recherche en Afrique, Espaces et civilisations (ERAEC) – IEA Rabat. Il a, entre autres, publié, "Etat et Islam en Afrique de l'Ouest; à propos du discours politique soudanais au XIX° siècle",in AL-Maghrib al- Ifriqi, n° 3, 2002, p. 5-14. "Le voyage d'El-Hadjj Umar en Orient ou la quête du pouvoir" (en arabe), in Le voyage dans le monde arabo-musulman ; Publications de la Faculté des Lettres de Rabat, série colloques, 2003, p. 141-156. « Idéologie, Religion et ethnocentrisme au Maghreb », in Intellectuels et nationalisme et idéal panafricain ; perspective historique, sous la direction de Thierno Bah, CODESRIA, Dakar, 2005. Abdourahmane Seck est Maître de Conférences en Histoire Moderne et contemporaine (CNU- Section 22), il est également philosophe et anthropologue de formation. Chercheur associé au Centre Jacques Berque de Rabat, il a publié La question musulmane au Sénégal, en 2010, aux éditions Karthala et plusieurs autres articles et chapitres d’ouvrages sur l’islam, les migrations Sud-Sud et les cultures juvéniles en contexte urbain. Il est enseignant-chercheur au Centre d’Etudes des religions (CER) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis. Bakary Sambe est Enseignant-chercheur au Centre d’Etude des Religions (CER) – (UFR-CRAC « Civilisations, Religions, Arts et Communication ») de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal). Docteur en Sciences politiques et spécialiste des relations internationales (IEP Lyon), il est, aussi, titulaire d’un Master en Lettres et Civilisations Arabes (Université Lumière Lyon 2). Depuis 2003, Dr. Bakary Sambe est chercheur associé au Groupe de Recherches sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO)-Maison de l’Orient et Méditerranée de Lyon. Il rejoint l’Aga Khan University- Institute for the Study of Muslim Civilisations, à Londres en 2009. Sambe intègre, ensuite, l’European Foundation for Democracy (EFD) à Bruxelles comme Chercheur Principal (Senior Fellow), spécialiste du monde musulman et des réseaux transnationaux. Son livre Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc, est paru en 2010 chez Marsam, à Rabat, puis réédité aux Etats-Unis (Phoenix Press International, 2011). RESUMES DES COMMUNICATIONS JILLALI EL ADNANI La sacralité de la recherche en sciences humaines et sociales : continuités et ruptures (le cas du thème confrérique). 6 Le champ des études confrériques a été investi depuis au moins la deuxième moitié du XIXe siècle. La trame principale des travaux coloniaux ayant comme objet le thème confrérique se résume en la conversion d'une force religieuse et spirituelle à une puissance sociale et politique. Ce schème fut ensuite adopté à la période postcoloniale par les chercheurs nationaux et étrangers (francophones et anglo-saxons) relevant des sciences humaines et surtout des sciences sociales. Ce passage a eu comme effet la consolidation de certaines erreurs d'appréciation des rôles des acteurs et surtout de jugement quant aux potentialités et perspectives d'avenir des confréries. Notre objectif sera d'établir un état des lieux sur la question et surtout de déterminer comment et quand les grandes théories de l'époque coloniale ont refait surface à l'époque postcoloniale et même actuelle. Cette communication traitera surtout du débat et des confusions ayant marqué, d'une part la relation géographie-ethnographie et histoire, et d'autre part la relation Histoire-sociologieanthropologie. AMADOU DRAME Le pèlerinage des Tijann à Fèz (Maroc) : des restrictions imposées par l’administration coloniale française à la modernisation postcoloniale L’islam confrérique constitue aujourd’hui un élément incontournable dans l’analyse des relations sociohistoriques entre le Sénégal et le Maroc. Ces liens socio-confrériques se renforcent à partir du XIXème siècle à l’introduction de la Tijaniyya au Sénégal par l’intermédiaire des ulémas mauritaniens, puis par El hadj Umar Tall. Première confrérie religieuse au Sénégal par le nombre de ces disciples, elle entretient de relations privilégiées avec la zawiya de Fèz. Un des aspects qui symbolisent le mieux ce lien religieux, basé sur la pratique de la spiritualité et de la communautarisation, est le pèlerinage à la ville marocaine de Fèz régulièrement effectués par des musulmans Sénégalais au mausolée du fondateur de cette confrérie. Si de nos jours ce voyage de recueillement est fréquent chez les musulmans Sénégalais, il a parfois fait l’objet de mesures restrictives strictes du temps de l’administration coloniale française en Afrique de l’Ouest. Ce papier analyse l’évolution de ce pèlerinage des musulmans Sénégalais au Maroc, marquée par le contrôle et la modernisation, marquée par le contrôle et la modernisation, de la période coloniale à nos jours. Précisément, il examine les contours des mesures politico-administratives prises par les autorités coloniales contre les déplacements, surtout de certaines notabilités religieuses soufies Sénégalaises, au Maroc. Il s’agit de montrer sur quoi l’administration française se fondait pour limiter ou interdire les mouvements de ces chefs musulmans vers Fèz. Ce qui permet d’étudier le rôle des bureaux de surveillances des ordres soufis dans la colonie du Sénégal destiné à circonscrire les contacts des musulmans de l’Afrique sub-saharienne avec le monde arabo musulman. Cette démarche permet de répondre aux interrogations suivantes : quels impacts eurent ces contrôles sur les liens de dépendance confrérique entre le Sénégal et le Maroc ? Ce papier suggère dans ce sens une réflexion sur la compréhension de l’espace de mobilité des musulmans et son inscription dans les espaces géopolitique colonial et postcolonial. En suivant l’évolution de cette circulation des musulmans entre le Sénégal et le Maroc (de la période coloniale à nos jours), nous tentons d’expliquer l’apport de l’islam confrérique à l’éclosion d’un sentiment d’appartenance communautaire entre les deux peuples. Aujourd’hui, le pèlerinage à Fèz concerne presque tous les musulmans Sénégalais sans distinction confrérique. Qu’est qui explique cette évolution de la situation ? Peut-on l’analyser sous l’angle d’une marche normale de la croyance aux ordres soufis ou sous le signe d’un fort sentiment d’appartenance à un même territoire religieux ou des opportunités économiques en rapport avec le commerce ? Nous tenterons par une approche historique d’apporter des éléments d’explication à ces interrogations. ABDOULAYE KANE 7 L’ethnographie d’un espace religieux transnational : la Zawiya Tijani de Fès. La Tijaniyya a été dès sa naissance une tariqa transnational. Le fondateur est Algérien et il est enterré à Fès et l’écrasante majorité de ses disciples sont éparpillés en Afrique de l’Ouest. Fès a toujours été un lieu symbolique pour les disciples de la Tijaniyya autour du Sahara. La Zawiya Tijani de Fès est un lieu sacré qui attirent des milliers de pèlerins par an dont l’écrasante majorité vient des pays Africain au sud du Sahara. Pour cette raison, la zawiya est un espace social transnational ou se côtoient des disciples Tijani venant de pays et de cultures différents. L’objet de ce projet de communication est d’examiner les relations sociales (dans leurs dimensions spirituelle et culturelle) que les pèlerins entretiennent durant leur séjour à Fès. Nous envisageons de donner les éléments d’analyse qui vont dans le sens de confirmer notre argument central qui est que la zawiya est un espace social transnational, un microcosme culturel reflétant la diversité qui marque les communautés transsahariennes de la Tijanniya et sa Diaspora. C’est également un espace fraternel dans lequel pour le temps du pèlerinage se dissout les différences d’identité nationales et ethnique, les différences autour de familles religieuses clamant l’authenticité de la tariqa (au Sénégal par exemple), etc… Nous allons nous appesantir sur trois points essentiels dans la communication. Le premier point consiste à identifier les pèlerins (individuel, en famille ou en groupe) et les principales objectifs qu’ils ont identifiés comme étant derrière leurs décision de faire le pèlerinage. Le deuxième point va élaborer sur les interactions, les rituels, et les échanges dans l’espace de la zawiya qui ont pour principal moteur la recherche par les disciples de la Baraka. Le dernier point concerne les espaces de sociabilité, d’entraide et de commerce en dehors de la zawiya qui jouent un rôle capital dans la prise en charge des pèlerins. RUGGERO VIMERCATI SANSEVERINO Repenser la « voie muhammadienne » : le renouveau soufi à Fès au XIXesiècle. La ville de Fès apparaît, à partir de la fin du XIIe/XVIIIe siècle, comme un des centres d’un renouveau du soufisme qui gagne l’ensemble du monde musulman. Face aux changements socioreligieux qui s’annoncent avec l’affaiblissement politique et économique des états arabes et de l’empire ottoman, certains cercles soufis s’engagent à renouveler le cadre organisationnel et doctrinal de leur enseignement et de leur pratique. Le Hedjaz, le Yémen et le Caire semblent constituer le point de départ d’une démarche doctrinale renouvelée qui investit l’Afrique, l’Inde, l’Asie centrale, l’Indonésie. S’il n’est en aucun cas possible de parler d’une rupture avec le soufisme médiéval (cf. Bernd Radtke, 1993), il s’agit néanmoins de revisiter les fondements de la tradition islamique et du soufisme selon une approche réformée qui pose la figure du Prophète comme paradigme central de la pensée et de la pratique islamique, mais aussi de toute forme d’activisme sociétal et politique. Dans cette intervention, nous proposons de montrer comment cette « voie muhammadienne », fruit d’une conception spirituelle et métaphysique du Prophète, inspire à Fès la formation des grands ordres soufis comme la Darqâwiyya, la Tijâniyya et la Kattâniyya. Il s’agit ainsi d’envisager le renouveau soufi comme une façon alternative à celle du réformisme et du modernisme musulman de réagir à ce qui est ressenti comme le déclin du monde musulman. KAE AMO Le corps des saints, le corps du pouvoir, le corps politique : Corps et Soufisme à l’ère de la modernisation politique (Sénégal) 8 L'expérience de sainteté dans le processus de « sanctification » d’un corps d’homme, ainsi que dans la reconnaissance ou la « consécration» de cette sainteté fut le cœur des débats, souvent polémiques, autour du soufisme au Sénégal. Aujourd’hui, il y a d’un côté, les critiques internes de certains soufis lettrés vis-à-vis de ce qu’ils qualifient du « culte de saint » et ainsi la tendance rationaliste de « retour aux écrits (Coran et Sunna) ». Nous assistons, d’un autre côté, à un renouvellement des rites et des cultes autour des saints et de l’amplification de ces manifestations dans les sphères publiques, tout en donnant aux symboliques du corps, d’autres valeurs et lieux d’expression, à la fois spirituelle, rationnelle, « scientifique » et physique. Ces tendances recto-verso, du rationalisme et du retour au spirituel, impliquent les hommes religieux et aussi les hommes politiques, à la recherche du « souverain moderne », symbolisé par le corps des saints, mais aussi par les corps des disciples qui se mobilisent autour de ces saints et se forment en un « corpsuni», « corps-monde », « corps-nation », et un corps du pouvoir et de la souveraineté politique. Au-delà de cette représentation politique des corps physiques, le corps des soufis représentent une force spirituelle et des liens de transmissions (silsilah) du pouvoir invisible et de la sainteté, de la grâce divine (baraka). Le corps n’est pas vu par les disciples, comme la chair et les os, une matérialité d’un vivant, mais il est vu comme une « enveloppe de l’âme ». Ils se prosternent, non pas devant un corps-physique mais devant un corps-âme, force spirituelle et immatérielle. Les liens entre un disciple et son maître ou son condisciple reposent ainsi sur une dimension spirituelle, compréhensible aux yeux des seuls « initiés », ayant une certaine maîtrise des « codes ésotériques », désignées par l’expression « l’œil dedans (batin)». Ce travail propose, pour une autre lecture de ce thème, le corps des saints et la politique au Sénégal, sans rentrer dans le piège des critiques et des débats polémiques usés. Nous essayerons d’analyser les différentes représentations du corps des soufis et la souveraineté qu’il symbolise dans ses multiples dimensions, spirituelles, symboliques ou politiques. HLAOUA ABDELAZIZ Séquence de vie dans la confrérie soufie Al Boutchichiya au Maroc La confrérie Al-Boutchichiya est l'une des plus grandes confréries soufie contemporaines du Maroc, située dans le village de Madagh dans la Province de Berkane au Nord-Est du pays. Lieu de méditation, de prière, de transe, d'effort et de socialisation, la confrérie religieuse Al Boutchichiya au Maroc représente également un espace réservé à des fins pratiques de disciplinarisation des corps. Le cheikh (maître soufi) de cette confrérie confirme cette représentation dans ses propos : « tous les disciples sont mes patients, la confrérie est une grande clinique, je tente de jouer le rôle d'un médecin polyvalent». Le lieu de la confrérie est un espace d'enfermement affectif et de contraintes, sans qu'il soit hôpital psychiatrique ou lieu de rétention. L'engagement des disciples à adhérer au mode de vie enfermé d'une communauté religieuse passe par l'acceptation d'un « contrat social » entre eux et leur maître, « médecin » et éducateur. L'un des moments forts de la mise en place de ce contrat est le pacte qui est la cérémonie d'adhésion à l'ordre confrérique. Le pacte permet au maître soufi de posséder le corps de son disciple, le pacte d'adhésion pratiqué dans l'institution de la confrérie passe par le idne (autorisation) du cheikh, ce qui lui donne le pouvoir d'intervenir dans la vie sociale de ses disciples/patients. Le corps du disciple se construit par identification au corps du maître. La tariqa (voie) initiatique s'envisage sous la forme d'un pacte qui réunit le disciple et le guide. Ce pacte est l'ordre naturel qui prolonge l’ordre social et réfléchi comme l'explique Caillois (1950 : 32). Le 9 cheikh accompagne ses disciples en bénissant leurs occupations dans la vie quotidienne. Le maître exploite de multiples formes de démonstration de pouvoir pour appeler les fidèles à Dieu. Assurant ses responsabilités envers le groupe de disciples, le cheikh Sidi Hamzagagne le mérite à être servi, c'est la notion de don et contre don(El Boudrari,1993 :261-280). Les pratiques de traitement au sein de de la confrérie sont divers, mais la plus connue est le toucher thérapeutique qui consiste à mettre face à face le maître et le patient, main dans la main, le cheikh donne l'autorisation d'accepter le disciple dans le groupe et le disciple s'engage à obéir aux procédures de traitement à long terme. La confrérie appartient à ces lieux que Foucault (1975) identifie comme des « institutions totales ». C'est un lieu dans lequel les acteurs tentent de pratiquer une maîtrise sur les corps par la construction d'un savoir et par la disciplinarisation. Ma contribution montre certaines de ces actions empiriquement documentées. elle montre un certain déploiement de pratiques disciplinaires, d'émotions, dont l'ennui, les pleurs et les craintes, d'accomplissement de gestes et de techniques, dont le balancements, les scansions et les rythmes. Ma contribution traite la place que les disciples/patients accordent à leurs cheikh/maître et la relation entre eux institutionnalisée par des codes, des règles, des contraintes et des normes établies par un contrat. FABIENNE SAMSON La Tidjaniyya du Sénégal au Maroc, mobilisations sociales et lutte de leadership. La présentation, construite en deux parties, a pour objectif de montrer le dynamisme de la Tidjaniyya actuellement, et de démontrer que les adaptations de cette târiqa au monde contemporain sont liées, en partie tout au moins, à des questions de rivalité de leadership. La communication portera, tout d’abord, sur les mutations de la Tidjaniyya au Sénégal, puis sur le rôle de la Tidjaniyya dans les rapports sénégalo-marocains. Au Sénégal, les nouvelles générations de guides religieux, en recherche de légitimité et de fidèles, se démarquent de leurs aînés en transformant leur tariqa d’origine en mouvements dits « néo-confrériques ». Si cette appellation a ses limites, elle caractérise les nouveaux groupes qui, dans ce pays, se spécialisent dans un public de jeunes urbains, s’adaptent aux mutations de leur société, et tiennent un discours de remoralisation (réislamisation) des mœurs quotidiennes, sociales et politiques. Le mouvement des Moustarchidine, précurseur de ce type de mouvement au Sénégal, transforme ainsi la pratique de la Tidjaniyya chez une grande partie de la jeunesse en quête d’un nouvel idéal social et religieux. La rivalité de leadership permet également de comprendre les différentes représentations que se font Sénégalais et Marocains sur les pratiques religieuses des uns et des autres. Pays frères dans l’islam, le Maroc et le Sénégal ont noués des liens très anciens. Mais au sein de la Tidjaniyya, confrérie trait d’union entre les deux pays, la légitimité des Cheikhs sénégalais et marocains ne repose pas forcément sur les mêmes bases. Il est alors intéressant de voir, au delà du discours fraternel, quels sont les enjeux de leadership qui se jouent au sein de cette « grande famille » au nord et au sud du Sahara. NAZARENA LANZA Le tourisme religieux des sénégalais tijanes au Maroc. Quelques enjeux. Au Maroc les journaux et la télévision parlent souvent de la Tijaniyya, mais toujours en référence aux relations avec l'Afrique subsaharienne et particulièrement aux pays qui abritent une composante importante de musulmans tijanes. Ceci est particulièrement vrai quand il s'agit du Sénégal, pays qui partage avec le Maroc les mêmes références à l'islam et à la Tijaniyya, ciment des relations d'amitié toujours mises en avant lors des rencontres politiques, économiques et même culturelles. On constate aussi une présence 10 (physique et médiatique) de plus en plus importante de pèlerins sénégalais qui se rendent à Fès, pour faire leur zyara sur le tombeau du fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmed Tijani. Dans cette communication, je voudrais aborder la question du pèlerinage religieux tijane, dans ses formes qui privilégient des groupes organisés par des agences touristiques. Je m’intéresserai aux discours qui sont produits dans ces circuits aussi bien religieux que touristiques. L’objectif sera de voir les fonctions que ces filières nouvelles ont dans la construction du discours plus général sur l'amitié entre le Maroc et le Sénégal. On s’interrogera en conséquence sur les statuts pluriels de ces discours dans la production et la réinvention des imaginaires politico-religeux et historico-culturels qui lient le Maroc et le Sénégal. Je baserai cette démarche sur l’exploration partielle de donnés ethnographiques recueillis auprès de pèlerins sénégalais à Fès, mais aussi de marocains natifs de la capitale sénégalaise de la tijannyya. BAKARY SAMBE Tijâniyya subsaharienne et stratégies d’influence marocaine : Le soufisme à l’heure du soft power ? A la différence d’autres pays du Maghreb, le Maroc a toujours tenu à donner un sousbassement idéologique et un contenu symbolique à son engagement continental. Cette implication africaine du Maroc trouve ses fondements dans ses déterminants historiques qui en font le pays maghrébin et/ou arabe le plus « présent » en Afrique subsaharienne. Dans sa constante recherche de modèles religieux et d'une influence au Sud du Sahara, le Royaume s'est toujours appuyée sur ses énormes ressources symboliques, à travers l’islam et surtout la confrérie Tijâniyya. Cette stratégie repose, entre autres, sur une vieille tradition d’ouverture diplomatique vers le sud du Sahara, considéré, au sein de l’élite politique marocaine, comme un prolongement naturel et historique du royaume. Mais l'arrivée en force d'autres acteurs sur le continent africain impose désormais à Rabat de réadapter sa stratégie. Déjà défié par l'Algérie sur ce terrain de la concurrence des symboles, le Maroc a saisi l'enjeu de ce qui ressemble fort à une fin d'exclusivité. De plus, il doit composer avec l'émergence de nouvelles puissances sur le terrain diplomatique africain comme son traditionnel concurrent, - l'Algérie-, mais aussi l'Iran et, depuis peu, la Turquie. Il est vrai que, suite à l’effervescence islamiste des dernières décennies en Algérie, les autorités semblent redonner de l’importance au soufisme et aux confréries après que ses nationalistes les aient farouchement combattus et dénigrés. La conscience des possibilités en termes d’influence au Sud du Sahara que fournit la Tijâniyya, la replace, ainsi, au cœur des préoccupations politiques et diplomatiques. Mais, jusqu’ici, le Maroc semble, de loin, l’emporter sur l’Algérie et gagner la bataille de l’image auprès des populations subsahariennes. Cependant les dizaines de millions de Tijânis du Nigeria semblent être un enjeu futur si l’on connaît les positions de Lagos sur la question du Sahara. Ces différents usages de la confrérie Tijâniyya que nous voulons analyser montrent qu’au-delà du politique classique, des institutions et des procédés dits rationnels, il y a les constructions imaginaires, les idéaux et les ressources symboliques mobilisables, à volonté, pour leur efficacité, par les acteurs politiques. MOUNSIF YOUSSEF L’expérience soufie et ses expériences militantes. Le cas de la confrérie Adl Wal Ihssan Ma présente proposition porte essentiellement sur la pratique soufie, et sa concordance militante, vue l’aspect mystique du groupe –objet d’étude- et son positionnement politique, il rassemble une tradition éducatif sur une voie soufie, qui vise la purification ‘tazkia’ de l’âme, dans un ordre relationnel avec le maitre ‘cheikh’, et l’appropriation d’un projet politique obsédée par le sphère état (khilafat). 11 Une communauté religieuse, basé sur l’éducation soufi, en incluant la notion du service, qui me parait importante, pour vérifier les démentions de l’entre soi militant. Les conseils d’exoration (Majaliss nassiha) constituent à ce propos, un modèle vif, ce sont des moments forts, qui illustrent la volonté d’une purification spirituelle, et une pratique religieuse intramondaine, et les maisons des croyants (bouyout almouminin) constituent un espace réservé à des fins pratiques de disciplinarisation, d’une socialisation ‘méthodique’. Ensuite, il présente l’islam comme la tradition par excellence qui concilie l’organisation religieuse (exotérisme) et la connaissance intérieure (ésotérisme). Ce rapprochement de l’islam et de la tradition s’accompagne d’une mise en perspective historique dans le cadre de la modernité. Comment la confrérie accommode-t-elle des méthodes traditionnelles, avec un postulat moderne ? Et quelles sont les notions clés de cette procédure ? EL HADJI SAMBA DIALLO Confréries musulmanes et politique au Sénégal : La Tijāniyya et le régime de l’alternance (2000-2012). Après les évènements politiques récents en Tunisie, en Égypte et en Libye, les « islamistes » prennent le pouvoir. Dans d’autres pays, comme le Maroc, ils deviennent majoritaires à l’Assemblée nationale et influencent ainsi les importantes décisions publiques. Pourtant ces groupes religieux étaient confinés pendant longtemps dans des stéréotypes de phobie et de violence, et par conséquent ostracisés par les gouvernants. La première remarque à tirer de ce processus d’ouverture politique, c’est qu’elle est survenue à un moment où beaucoup d’observateurs désespéraient de la pertinence de voir émerger des régimes démocratiques dans les pays d’Afrique du Nord. C’est cela, entre autres facteurs sociaux internes, qui explique la surmédiatisation qui a accompagné le Printemps arabe à partir de janvier 2011. Contrairement à l’Afrique subsaharienne où le manque d’intérêt notoire –non pas des chercheurs mais des médias non-africains –, a relégué au second plan, pour ne pas dire a mis aux oubliettes, cette grande vague de démocratisation des institutions depuis les années 1990. Le Sénégal par exemple, pays à majorité musulmane, a une longue tradition de culture civique et de démocratie électorale. Le problème n’est plus donc de se demander si l’islam ou les confréries sont compatibles avec la démocratie, mais comment l’État et ses représentants attitrés utilisent la religion et sa symbolique pour rendre leur politique opérante. Comment alors les principes laïques hérités de la colonisation française ont-ils été réajustés, bricolés ou affaiblis selon certains, par les hommes du régime d’alternance au Sénégal ? Le jeu d’État avec les institutions, sous forme de violence symbolique légitime, est devenu la nouvelle règle avec l’élection d’Abdoulaye Wade en 2000, en tant que troisième président de ce pays. À mesure de ses années de présidence, il y a constamment graduellement un renforcement des relations avec les confréries musulmanes (turuq), lesquelles participent pour beaucoup à la dé-sécularisation de la sphère religieuse sénégalaise. Wade se réclame d’être membre de l’une d’elles : je veux nommer la Muridiyya, très puissante sur le plan économique et politique. Il a créé un système qui récompense les marabouts qui le soutenaient, combat ceux qui résistaient à ses différentes politiques d’approvisionnement ou de rapprochement – pour ainsi filer une métaphore coloniale –, et enfin ignore ceux considérés religieusement moins importants ou électoralement peu rentables, de quelque confrérie qu’ils soient. Dans mon papier, je vais surtout m’appesantir sur les relations que ce régime d’alternance a eues avec les marabouts de la Tijāniyya, confrérie majoritaire au Sénégal, mais fragmentée en sous-branches indépendantes. Certains marabouts tidianes non-domestiqués, même très minoritaires dans le champ politique, s’affirment à haute voix dans l’espace public pour dénoncer ces stratégies à la fois objectives et subjectives de division des confréries. Mais, il ne faut pas aller trop vite 12 dans l’analyse, en n’insistant que sur les lignes de clivages entre institutions dominantes de la société. Il est aussi important de nuancer, pour voir en ces marabouts des vigiles de la démocratie et des droits de l’homme, lequel n’est pas ici forcément religieux ou confrérique. En bref, leur engagement pour une justice sociale n’est pas le résultat de, ou plutôt n’a rien à voir avec, la crainte de perdre des avantages sociaux et économiques acquis de l’État central, telle que le suggèrent certains spécialistes des confréries africaines. Quelles ont été les stratégies de réponses des disciples-citoyens face à l’autorité spirituelle et au pouvoir politique durant ces douze dernières années ? Je m’attacherai donc à expliquer l’usage des symboles de l’État et/ou des confréries pour faire accepter à la grande masse, le point de vue et le projet politique des groupes dominants. SALIM HMIMNAT Official Islam & Sufism in Morocco: Some key findings from the religious policy (1984-2002) This paper aims to discuss some key findings from the religious policy during the period time between 1984 and 2002. This policy has been able to strengthen and promote a “New State’s Fundamentalism” that while neutralized the Sufism locally; it has strongly relied on it to support a part of the Moroccan foreign policy, especially towards some African countries. During the 20 years that followed the independence, Morocco’s diplomatic presence within the African continent has been very weak, and has not kept pace with the level of mutual interests that would induce these countries to back up the kingdom’s strategy and prop its external interests. Morocco had not had any diplomatic representative in the majority of African capitals. Besides, it was unable to promote any economic and cultural relations with those countries. For instance, Moroccan-Senegalese relation, considered among the best models in the Moroccan-African cooperation, was however very low and in permanent decline before the 1980s. Despite the awareness of this diplomatic shortcoming and its negative impacts on the Moroccan foreign interests, Morocco was in fact unable to do much because of the structural economic crisis the country suffered from due to the accumulation of foreign debt and the application of structural adjustment policies imposed by International Monetary Fund (IMF). In this context, the regime had to consider other no expensive options to overcome this difficult situation, and it seems that the late Hassan II, in view of its strong Islamic background and its pragmatic sense, did not find better than exploiting, heavily more than ever, the religious factor to rebuild the diplomatic relations with some African countries, on the horizon to make it stronger and more efficient.This trend has been clearly observed in the religious policy which started in 1984, where Moroccan regime has intensively mobilized the religious ideology to support its territorial integrity, and this by focusing on two elements: Enhancing the spiritual dimension that links throughout history the Saharan population with the Moroccan kings; Consolidating the spiritual ties that associate the Kingdom with some African countries, through the investment of some Sufi orders known by their strong influence within the African continent as it is the case for the Tidjania. KHALID CHEGRAOUI Islam politique et soufisme au Maroc et au Sénégal : les cas de Al adl Wa al Ihassan et de Ibadou al Rahmane. De nouvelles pratiques engagées de l’islam politique ont vu le jour en terre d’Islam, les cas que nous proposons d’étudier et de présenter sont assez imposant dans leur pays respectifs, ainsi qu’ils sont apparemment opposés en termes de voie et d’idéologie. Le mouvement marocain se veut une opposition religieuse sur un fond soufi non déclaré, mais hérité d’un passé de fort pratique de désillusion d’un disciple en face du maître et du fils, l’autre mouvement, sénégalais, est plus d’obédience anti-soufi proche du Wahhabisme, dans un espace producteur de sens en terme de soufisme et de pratique islamique malikite, loin du Hanbalisme et autre esprit d’Ibn Taymia. Dans ce travail nous proposons de voir les bases idéologiques et religieuses des deux mouvements, en relation avec leurs espaces de naissance et d’action et leurs relations dialectiques avec les différentes tendances politiques et religieuses en vigueurs dans les dits espaces. NINA TER LAAN 13 From zawiya to Stage: The impact of the political revival of Sufism on Sufi musical practices and their performers Over the last decade, Morocco has witnessed an increasing number of musical performances labeled as ‘Sufi’, outside the contexts in which music of the brotherhoods was expressed originally. Various factors have contributed to this re-emergence of Sufism in the cultural arenas of the Moroccan public sphere. Influences of the world music market, tourism and the recent political revival of Sufism are examples of crucial elements in the changing musical practices of the Sufi brotherhoods. In this presentation I will specifically explore the influence of recent government policies on musical representations of Sufism, the musical practices and its practitioners. After the 9/11 attacks and the Casablanca bombings in 2003, national politics, actively supported certain ‘approved’ forms of Sufism in the public sphere as a preferred alternative to religious-political ‘fundamentalism’. As a consequence Sufism has been attributed a growing importance in the representation of national religious identity. Sufi-music became a strong symbolic marker in the reformulation and construction of Moroccan Islam as being ‘moderate’. Sufi rituals and recitations are increasingly disseminated outside the confines of Sufi orders and presented as ‘sacred’ entertainment in official staged settings such as national TV- and radio shows and state supported music festivals. How does this instrumentalisation of Sufi music and musicians on state supported stages effect their musical practices? How do the performers think about these political protocols? Relocations of religious music from ritual settings to a politicized and mediatized stage are often judged as a loss of authenticity and religious meaning. I will argue that the impact of political protocols on the changing performance settings of Sufi brotherhoods is not a top-down decision process in which the artists only live up to the expectations of the audiences and are depended on political figures. It is a constant negotiation process between these various actors in which the artists take a specific place. ABDOURAHMANE SECK Communauté confrérique mouride et société numérique. Contribution à une relecture des imaginaires sociopolitiques dans le Sénégal postcolonial. Dans l’historiographie post-indépendance du Sénégal, parler de Démocratie et d’espace public politique, c’est souvent l’annoncer à l’épreuve de la religion ou des communautés confrériques. C’est tout le lancinant débat de la place des marabouts dans le jeu électoral, notamment la problématique du ndigël. Si l’impact du fait confrérique dans l’espace public sénégalais a, ainsi, fait l’objet d’une attention particulière, l’inverse se vérifie un peu moins. Cette communication s’interroge sur les dispositifs discursifs de réception ou contre-réceptions au travers desquels le discours de la confrérie est pris en charge dans les foras des médias internet. Elle s’interroge sur les significations des tensions occasionnées par ces processus délibératifs que suscitent, bien involontairement, les discours confrériques. Elle pose l’hypothèse que ces polémiques sont, parmi d’autres scènes, une surface d’expression et de lecture d’un processus d’impact de la société globale dans l’évolution, le fonctionnement, le positionnement et la prise de parole officielle de la confrérie. Cette communication s’appesantit sur le cas de la khoutba prononcée par le Khalife général des mourides et diffusée dans la presse, lors de la fête de la Tabaski de Novembre 2011. PROGRAMME DES JOURNEES PREMIERE JOURNEE 08/11/2012 8h008h30 Accueil Allocutions de bienvenue: 14 8h309h00 9h0010h00 10h0010h30 Yahia Abou El Farah (IEA)- Baudouin Dupret (CJB)– Helmut Reifeld (KAS)– Abdourahmane Seck (coordination) Conférences introductives : Variations sur le Thème Maati Monjib (Président) Jillali el Adnani, Rachid Benlabbah, Eric Ross, Léonardo Villalon Pause-Café SESSION 1 : ETHNO-HISTOIRE DE LIEUX, ESPACES ET TERRITOIRES SOUFIS – Première partie Jillali el Adnani La sacralité de la recherche en sciences humaines et sociales : continuités et ruptures (le cas du thème confrérique) 10h3012h15 Eric Ross (Président) Ibrahima Thioub, Amadou Dramé Le pèlerinage des Tijann à Fèz (Maroc) : des restrictions Fiona Mc imposées par l’administration coloniale française à la Laughlin modernisation postcoloniale. (Rapporteur) Abdoulaye Kane L’ethnographie d’un espace religieux transnational : la Zawiya Tijani de Fès. 12h4514h00 Pause-Déjeuner SESSION 2: ETHNO-HISTOIRE DE LIEUX, ESPACES ET TERRITOIRES SOUFIS – Deuxième partie 14h0015h45 15h4516h00 Ruggero Vimercati Sanseverino Repenser la « voie muhammadienne » : le renouveau soufi à Rachid Benlabbah Fès au XIXesiècle (Président) Kae Amo Le corps des saints, le corps du pouvoir, le corps politique : Léon Busken Corps et Soufisme à l’ère de la modernisation politique (Rapporteur) (Sénégal) Hlaoua Abdelaziz Séquence de vie dans la confrérie soufie Al Boutchichiya au Maroc Pause-café SESSION 3: LES VOIX DE LA TIJANNIYYA: UNE CONFRERIE AUX MULTIPLES CAPITALES 15 16h0017h30 Fabienne Samson La Tidjaniyya du Sénégal au Maroc, mobilisations sociales Jillali el et lutte de leadership. Adnani Nazarena Lanza (Président) Le tourisme religieux des sénégalais tijanes au Maroc. Khalid Quelques enjeux. Chegraoui (Rapporteur) Bakary Sambe Tijâniyya subsaharienne et stratégies d’influence marocaine : Le soufisme à l’heure du soft power ? DEUXIEME JOURNEE 09/11/2012 SESSION 4: EN FACE DU POLITIQUE ET DE LA MODERNITE: LES VOIES DU SOUFISME AU MAROC ET AU SENEGAL - Première partie 9h0010h45 Mounsif Youssef L’expérience soufie et ses expériences militantes. Le cas de la confrérie Adl Wal Ihssan El Hadj Samba Diallo Confréries musulmanes et politique au Sénégal : La Tijāniyya et le régime de l’alternance (2000-2012) Salim Hmimnat Official Islam & Sufism in Morocco: Some key findings from the religious policy (1984-2002) Pause-café Léonardo Villalon (Président) Abdourahmane Seck (Rapporteur) 10h4511h15 SESSION 5: EN FACE DU POLITIQUE ET DE LA MODERNITE: LES VOIES DU SOUFISME AU MAROC ET AU SENEGAL - Deuxième partie 11h1512h45 Khalid Chegraoui Islam politique et soufisme au Maroc et au Sénégal : les cas de Al adl Wa al Ihassan et de Ibadou al Rahmane. Fiona Mc Laughlin (Président) Nina ter Laan “From zawiya to Stage. The impact of the political revival of Sufism on Sufi musical practices and their performers” Benjamin Soarès (Rapporteur) Abdourahmane Seck Communauté confrérique mouride et société numérique. Contribution à une relecture des imaginaires sociopolitiques dans le Sénégal postcolonial. 12h4514h45 14h4516h15 16h1516h30 Pause-Déjeuner Secondes variations sur le thème : bilans des débats Fiona Mc Laughlin, Abdourahmane Seck, Khalid Chegraoui, Benjamin Soares Allocutions de clôture IEA + KAS+ CJB+ Coordination Léon Buskens (Rapporteur général) REPERTOIRE Abdoulaye Kane Assistant Professor Anthropology, University of Florida, Gainesville [email protected] 16 Abdourahmane Seck Anthropologue, histoirien, Enseignant-chercheur, Centre d’Etudes des religions (CER), de l’Université de Saint-Louis. Associé au Centre Jacques Berque [email protected] Amadou Dramé Doctorant en Histoire, inscrit à l’Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal [email protected] Aziz Hlaoua Doctorant en anthropologie, inscrit à l’Université Pierre Mendès France Grenoble (UPMF), Laboratoire PACTE, chercheur associé au Centre Jacques Berque. [email protected] Bakary Sambe Politologue, enseignant-chercheur au Centre d’Etudes des religions (CER) de l’Université Gaston Berger Saint-Louis [email protected] Benjamin Soares Anthropologue, Centre d’Études africaines de Leiden – Pays-Bas [email protected] El Hadji Samba A. Diallo Lecturer in African and African American Studies, Washington University in St. Louis Campus [email protected] Eric ross Associated professor, Al Akhawayn University, School of Humanities and Social Sciences, Ifrane, Morocco. [email protected] Fabienne Samson Directrice adjointe du CEA. Chargée de recherche IRD, Anthropologie. (EHEES, CEAf/UMR 194) [email protected] Fiona Mc Laughlin Associate Professor of Linguistics & African Languages, University of Florida [email protected] Ibrahima Thioub Professeur d’Histoire, Faculté des lettres et Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et Directeur du Centre Africain de Recherches sur les Traites et les Esclavages (CARTE). [email protected] Jillalli El Adnani Enseignant-Chercheur en Histoire, Université Mohamed V-Agdal, Rabat [email protected] Kae Amo Doctorante en anthropologie associée au CEAf, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris [email protected] Khalid Chegraoui Professeur Histoire et Anthropologie politique, Institut des Etudes Africaines, Rabat [email protected] 17 Léon Buskens Associate professor Islamic law and society, based at the department of Arabic Language and Culture of the Leiden Faculty of Arts. [email protected] Leonardo Alfonso Villalon Professor, Center for African Studies & Departement of Political Science, University of Florida [email protected] Maati Monjib Enseignant-chercheur Institut des Etudes africaines, Rabat [email protected] Mounsif Youssef Doctorant en sociologie associé CM2S, Université de Casablanca [email protected] Nazarena Lanza Doctorante en anthopologie à l'IDEMEC (MMSH), chercheure associée au Centre Jacques Berque, Rabat [email protected] Nina ter Laan Doctorante en anthropologie des sciences religieuses à la faculté de philosophie, theologie et sciences religieuses de l'Université Radboud Nijmegen, Pays-Bas. [email protected] Rachid Benlabbah Chercheur, Institut des Etudes Africaines. [email protected] Ruggero Vimercati Sanseverino Docteur en islamologie et chercheur associé à l’IREMAM, Aix-en-Provence [email protected] Salim Hmimnat Docteur en sciences politiques, chercheur , Institut des Etudes Africaines, Rabat [email protected] Les coordinateurs remercient l’ensemble des personnels administratifs et techniques du Centre Jacques Berque, de la Fondation Konrad Adenauer, de l’Institut des études africaines, du Codesria et du Ceaf qui se sont mobilisés dans le cadre de ce colloque.