Les conséquences et impacts possibles de la loi du 5 mars sur le
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Les conséquences et impacts possibles de la loi du 5 mars sur le
Dépêche n°494062 Par Christophe Marty, le 23/01/2015 Les conséquences et impacts possibles de la loi du 5 mars sur le droit de la formation. Une analyse de J.-M. Luttringer La loi du 5 mars 2014 a modifié le paysage de la formation professionnelle en France au travers de plusieurs évolutions importantes, voire structurantes, telles que la nouvelle architecture du financement de la formation ou la création du CPF. Dans sa nouvelle contribution publiée par AEF, JeanMarie Luttringer propose une "réflexion critique sur la part du droit dans la régulation de notre système de formation professionnelle tout au long de la vie" après l’entrée en vigueur de cette loi. Articulée autour de dix "thèses", cette réflexion interroge l’impact, en premier lieu juridique mais aussi pour certaines pratiques, des nouveautés issues de la loi et cela, à la fois pour le système de formation lui-même mais aussi pour les acteurs que sont les entreprises ou les Opca. Il accorde également une large place au CPF, qui pourrait avoir une action "structurante". "L’acclimatation progressive à moyen long terme du CPF (compte personne de formation) contribuera, peut-être, à réduire le poids des règles, institutions et contraintes qui sont aujourd’hui celle du droit périphérique de la formation professionnelle pour laisser davantage de place à la formation tout au long de la vie considérée comme un droit social fondamental de toute personne." L’impact sur le droit et le système français de formation de la mise en œuvre de ce nouveau dispositif issu des ANI du 11 janvier 2013 sur la sécurisation de l’emploi et du 14 décembre 2013 sur la formation professionnelle, est une des dix thèses développées par Jean-Marie Luttringer dans sa nouvelle contribution intitulée "La pente du droit de la formation professionnelle continue après la loi du 5 mars 2014". CONSTRUCTION DU "CONTINUUM" ENTRE FORMATIONS INITIALES ET CONTINUE Le CPF devrait ainsi avoir un rôle à jouer dans la construction du "continuum entre formation initiale et formation continue". Une évolution qui est, pour Jean-Marie Luttringer, un "impératif absolu" mais qui ne coule pas de source dans la mesure où "le droit de l’éducation, qui est placé sous le signe du service public organique, et le droit de la formation continue, sous le signe d’une 'obligation nationale', sont inconciliables". Dans ce contexte, le CPF "ouvre des perspectives d’une plus grande porosité entre formation initiale et formation continue en facilitant la reprise d’études sous statut d’élève ou d’étudiant et non pas nécessairement de stagiaire de la formation professionnelle". Pour aller plus loin, Jean-Marie Luttringer estime qu’il reviendra "sans doute" au Cnefop "de construire au plan juridique le continuum qu’appelle la formation tout au long de la vie". ACCOMPAGNEMENT "INCITATIF" DU CPF Le CPF, qui est présenté comme un élément de responsabilisation des individus vis-à-vis de la sécurisation de leur employabilité devra être accompagné pour réellement pouvoir s’installer. Jean-Marie Luttringer estime ainsi que, "à long terme son avenir dépendra sans doute, de la mise en place par la loi d’un système d’épargne rendu fiscalement incitatif, permettant aux ménages qui disposent de ressources suffisantes de co-investir, ce qui permettra à ceux dont les ressources sont plus modestes d’accéder à des abondements au titre de la solidarité nationale et de la notion 'de garanties sociales' instituées par voie de négociations de branche et d’entreprise". S’il se développe correctement, "le bon usage du CPF peut également avoir pour effet de promouvoir le développement à grande échelle de la VAE et du bilan de compétences", note le juriste. QUESTION SUR L’UTILITÉ DE LA COEXISTENCE DES OPCA ET FONGECIF Parmi les autres thèmes abordés par Jean-Marie Luttringer figure celui du "conflit de logique" instillé au cœur des Opca par la loi du 5 mars 2014. En rendant ces organismes tributaires de "trois maîtres" (les pouvoirs publics, la branche professionnelle et l’entreprise qui verse une contribution volontaire), la loi a en effet mis en place un système "susceptible d’entraîner des tensions dont l’issue n’est pas écrite à ce jour, d’autant que [le] modèle économique [des Opca] fondé sur une contribution captive de nature fiscale se trouve ébranlé". De plus, l’objet social des Opca étant interrogé par "le renforcement de l’individualisation et la personnalisation des droits", la question du "sens et [de] la pertinence de la coexistence entre Opca et Fongecif" peut se poser. DIX THÈSES/THÈMES POUR MESURER LES IMPACTS DE LA LOI Dans l’ordre, les dix thèses développées par Jean-Marie Luttringer dans cette dernière chronique ont pour thèmes : • • • • • • • • • • le "relativisme juridique dans le domaine de la formation" ; l’organisation du continuum entre formation initiale et formation continue en tant qu'"impératif absolu" ; le "conflit de logique entre la loi fiscale et la loi sociale : normalisation et stérilisation mais sécurisation pour l’une, responsabilisation et innovation mais déstabilisation pour l’autre" ; la formation professionnelle tout au long de la vie en tant que "garantie sociale" ; l’obligation faite à l’employeur de "'veiller à la capacité du salarié à occuper un emploi', le cas échéant par le recours à la formation" face à l’arrivée du CPF qui fait porter une part de responsabilité au salarié "dans le maintien de son employabilité" ; l’inscription du CPF en tant que "pari sur l’avenir" inscrit dans "le courant de personnalisation des droits sociaux fondamentaux" ; "la mobilité subie ou choisie" ; la recherche d’identité des Opca ; "la qualité" de l’offre de formation ; "les limites du droit idéal et formel, la quête du droit effectif, le choc de la simplification…"