1 Journée d`études Université de Bordeaux 3, jeudi 27 mars 2014

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1 Journée d`études Université de Bordeaux 3, jeudi 27 mars 2014
« GENRE EN SÉRIES : PRODUCTIONS, REPRÉSENTATIONS ET APPROPRIATIONS
GENRÉES D’UN DISPOSITIF TÉLÉVISUEL »
Journée d’études
Université de Bordeaux 3, jeudi 27 mars 2014
Appel à communication
Comité d’organisation :
Laetitia Biscarrat, Docteure en SIC, Université Bordeaux 3, EA MICA
Mélanie Bourdaa, MCF Information-Communication, Université Bordeaux 3, EA MICA
Gwénaëlle Le Gras, MCF Études Cinématographiques, Université Bordeaux 3, EA MICA
Soutiens institutionnels :
Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine
Équipe d’accueil MICA - Médiations, Information, Communication, Arts - Université
Bordeaux 3
Atelier Genre, Université Bordeaux 3
La conférence inaugurale sera prononcée par Geneviève Sellier, Professeure en Études
Cinématographiques, Université Bordeaux 3, EA MICA.
Argumentaire
Autrefois dénigrées pour leur fonction de divertissement populaire (entertainment), les
séries télévisées – entendues au sens large de fictions télévisuelles épisodiques – sont
devenues un objet culturel légitime aux USA, là où elles aspirent à le devenir en France. Très
largement dominées par une production américaine pour le public américain, mais
fonctionnant au-delà des frontières, par leur posture hégémonique, comme un modèle
universel, les séries attirent aujourd’hui l’attention d’un public diversifié et élargi, dont les
préoccupations s’organisent en trois grands ensembles : divertissement, analyse et critique.
Les technologies actuelles (DVD, VOD, streaming, téléchargement) offrent aux « publics »
(Esquenazi, 2002) un accès quasiment immédiat à la diffusion américaine. Des collectifs de
téléspectateurs engagés participent de ce phénomène en relayant les épisodes sur des
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plateformes internet et en proposant bénévolement des sous-titrages. L’engouement pour ce
mode de narration a catalysé un renouveau des productions nationales européennes. Ainsi, les
chaînes espagnoles produisent de nombreux feuilletons historiques à succès (Aguila Roja,
Tierra de Lobo) ou des soap communautaires qui atteignent d’importants taux d’audience
(Aida, Las chicas de oro). En France, le label Création Originale de Canal Plus diffuse des
séries à succès (Braquo, Engrenages). On l’aura compris, la « sériephilie » (Glévarec, 2012)
est aujourd’hui un phénomène culturel incontournable.
Les travaux de Dominique Pasquier ont montré le rôle joué par la sitcom Hélène et les
garçons dans la socialisation des adolescents (Pasquier, 1999). Sabine Chalvon-Demersay a
souligné le rôle des héros dans la perception des professions par les publics (ChalvonDemersay, 2004). Enfin, Henry Jenkins a développé les notions d’engagement et de
convergence culturelle pour analyser les pratiques des communautés de fans (Jenkins, 2006).
Ces recherches témoignent de l’articulation entre les produits d’une industrie culturelle et les
pratiques et identifications personnelles des publics. La fiction sérielle est en effet intimement
liée aux sentiments, interrogations et préoccupations individuelles et sociales de ces derniers.
Entre productions transnationales et expériences spectatorielles individuelles, cet appel à
contributions propose d’interroger les séries télévisées au prisme du genre, le genre étant
entendu comme principe organisateur des rapports sociaux de sexe. Il permet d’étudier la
construction historique, sociale et culturelle de la différence des sexes pour repenser
collectivement les questions de pouvoir, de structure sociale et de rôles construits sur ces
différences.
A la suite de Teresa de Lauretis, nous partons de l’hypothèse de travail que les fictions
sérielles, en tant qu’elles sont parties intégrantes du dispositif télévisuel, sont une
« technologie de genre » (De Lauretis, 2007). La fiction sérielle est à la fois constituée et
constitutive des représentations de genre, tiraillée et nourrie par des contradictions sociales
genrées tout autant qu’une recherche de consensus (Beylot & Sellier, 2004). Interroger les
séries télévisées au prisme du genre permet d’identifier le « non-conscient socioculturel »
(Carcaud-Macaire & Clerc, 1995) qui structure les pratiques et représentations médiatiques.
Afin d’éviter une re-substantivation des assignations de genre qu’il s’agit de déconstruire, la
journée s’inscrira dans une approche relationnelle et intersectionnelle du genre. Le genre est
transversal aux trois niveaux du processus médiatique - production, représentations et
réception.
Les
propositions
de
contributions
pourront
porter
spécifiquement
ou
synchroniquement sur ces différentes étapes. Elles répondront, de manière non-exclusive aux
questions suivantes :
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1. Comment le genre organise-t-il la production des séries télévisées ?
Parce que l’industrie médiatique est une industrie culturelle dont la visée est économique, la
production de séries repose sur un « contrat de communication » (Charaudeau, 1997) ou du
moins une « promesse » (Jost, 1997), qui vise à l’intelligibilité des contenus. En ce sens, la
production capitalise sur les attentes, réelles ou supposées, des publics. Le genre participe dès
lors des imaginaires de la production, mais aussi de leur effectivité. Les rapports de genre
façonnent en effet l’organisation de l’industrie médiatique tout en devenant de « nouveaux
territoires de la série télévisée » (Macé, 2007).
2. Quelles normes et assignations de genre les séries véhiculent-elles ?
Les représentations sont à la fois produites par le genre et contribuent à sa reproduction sur un
mode itératif. Aussi, en analysant les contenus des séries, nous pouvons accéder au travail de
naturalisation des normes de genre. Celles-ci seront étudiées au croisement des différents
rapports de pouvoir qui organisent la monstration du féminin et du masculin. Il s’agira de
mettre en exergue les imaginaires genrés qui organisent l’intelligibilité du texte médiatique.
Dans cet axe, les contributions pourront également analyser les représentations contrehégémoniques, les failles et disruptions éventuelles aux normes de genre, ainsi que les
processus de réappropriations des figures déjouant la norme. La confrontation entre la
réception et les représentations construites pourra aussi servir à mettre au jour les
ambivalences d’une série, ses enjeux et les contradictions et même les non-dits d’une époque
en rendant compte des préoccupations d’alors (ce que la réception a retenu), tout en révélant
les éléments occultés dans le texte sériel par la réception.
3. En quoi l’expérience spectatorielle des publics est-elle façonnée par le genre ?
L’approche pragmatique souligne que le contenu est une coproduction. La rencontre entre le
contenu et les publics donne lieu à des pratiques de « décodage » (Hall, 1994) diversifiées. Au
niveau individuel, le rapport entre téléspectateur et série se caractérise par une forte
dimension affective. Ces liens inscrivent l’objet sériel dans un « paradigme du sentiment »
(Ang, 1985) qui génère des stratégies variées d’appropriations et de « braconnage » (De
Certeau, 1980). Les communautés de fans sont symptomatiques de cette relation aux séries.
Elles obéissent à une organisation stricte et codifiée (Bourdaa, 2012) qui témoigne de la
normativité de ces pratiques. Partant de ce constat, nous souhaitons interroger l’expérience
spectatorielle sérielle au prisme du genre. Comment le genre participe-t-il de l’appropriation
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par les publics d’une série ? Comment organise-t-il les pratiques de réception, tant du point de
vue de la quotidienneté que des usages numériques ?
Au travers de ces trois axes, c’est donc la fabrique médiatique du genre dans les séries
télévisées qui est interrogée. La journée se veut un cadre de réflexions et d’échanges autour
d’un champ scientifique interdisciplinaire, à la croisée des Sciences de l’Information et de la
Communication, des Études Cinématographiques et de la Sociologie des Médias. Les
contributions qui mettront l’accès sur leurs pratiques de recherche et leurs choix
méthodologiques seront particulièrement appréciées.
Modalités pratiques :
Les propositions de communication devront être envoyées au plus tard le 20 novembre 2013
aux
trois
adresses
suivantes :
[email protected];
[email protected];
[email protected]. Le mail devra être intitulé « JE Genre en séries ».
Les propositions, d’une longueur de 500 mots, seront accompagnées de mots-clés et de
quelques références bibliographiques.
La journée aura lieu le jeudi 27 mars 2014, à la Maison des Sciences de l’Homme
d’Aquitaine, salle Jean Borde (10, esplanade des Antilles, 33607 Pessac).
Une publication des actes est envisagée.
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