Le bambou noir
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Le bambou noir
Le bambou noir Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun Un théâtre de la francophonie Depuis douze ans, le Théâtre du Versant mène une réflexion autour de la diversité culturelle par la multiplication des rencontres et des coproductions avec des artistes du sud. L'Afrique 2001, Mali, Maroc « Le fripon divin » de Ali Sankaré 2005, Madagascar, Réunion « Le fripon de l'Océan Indien » de Michèle Rakotoson La Caraïbe 1999 Mexique Hommes de Maïs de Miguel Angel Asturias 2003, Mexique, Martinique « Scapino, ange de la rue » de Adam Guevara 2006, Venezuela, Haïti, Guadeloupe « Arlequín Caribe » de Goldoni 2012, Mexique, Haïti, Mali « La troisième racine » de Alejandro Roman, Et aujourd'hui le Pacifique. Né d’une rencontre à Tahiti entre Gaël Rabas et l’auteur au cours d’une précédente tournée. Ce n’est pas exagéré de considérer « Le bambou noir » comme une véritable révélation de la littérature polynésienne contemporaine. Le thème est le parcours d’un jeune artiste tahitien entre Paris et la Polynésie. Son ascension sociale, puis la chute et le bannissement. La confrontation entre les idéaux de jeunesse et les réalités politiques de son pays. Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun par Stéphanie Ariirau - Richard Anthropologue de formation, il a passé l'essentiel de son activité professionnelle dans le secteur de la culture polynésienne où il a occupé des fonctions importantes : directeur du département des traditions du Centre Polynésien des sciences humaines, chef de service de la culture de la mairie de Faa'a, directeur de la maison de la culture de Papeete, conseiller auprès du gouvernement local à deux reprises. Pourtant, contre toutes les apparences, son parcours institutionnel fut loin d'être tranquille puisqu'il a été limogé à deux reprises par deux ministres de la culture du gouvernement Flosse pour son indocilité. Car, ce qui caractérise ce contestataire invétéré c'est son franc-parler et son refus de se plier à ce qu'il appelle « tout ce qui insulte l'intelligence humaine ». Rebelle à toute forme d'autoritarisme, profondément attaché à la liberté d'expression, il ne fait aucune concession à ceux qui menacent de l'entraver. Personnalité dérangeante autant par ses actes que par ses écrits, parallèlement ou alternativement à ses fonctions publiques, il a porté la contestation dans de nombreux domaines de l'activité polynésienne : culture, recherche, enseignement, environnement, syndicalisme, journalisme... Autant de facettes qui font de cet humaniste et intellectuel engagé, un auteur à part et créatif qui écrit dans les genres les plus divers : pamphlétaire, conteur, poète, essayiste, dramaturge, auteur de nouvelles. Par son éclectisme déroutant, il reste pour le moment un auteur inclassable. Depuis 2000, il se consacrait entièrement à l'écriture pour, dit-il « servir de porte-parole au peuple polynésien ». Un engagement pour lequel il s'est vu être récompensé par le Salon insulaire du livre d'Ouessant qui lui a décerné le Prix fiction 2004 pour sa pièce Les parfums du silence. Avec cette distinction, le milieu littéraire des îles lui a donné une véritable dimension culturelle et intellectuelle en Polynésie. Depuis août 2005, il occupait également les fonctions de Directeur du Musée de Tahiti et des Îles, Te Fare Manaha. Vaite Urarii La mise en scène : un théâtre pour voyager En scène, trois comédiens répètent « Le bambou noir ». « Elle » et « Lui » incarnent tour à tour tous les personnages. « Lui », la plupart du temps est la figure de Pambrun, à la fois le personnage et le narrateur. « Elle », donne vie à plusieurs femmes qui ont compté pour l’auteur, Agathe, Minia, mais aussi sa mère, sa sœur, si importantes. « Le musicien » est le troisième personnage. Il incarne l’autre côté de la réalité, l’autre versant du monde, celui des « déambulateurs de la nuit » dont parle Pambrun. Il est le rêve, la musique, il permet de dépasser la dimension personnelle pour arriver à une destinée collective et mythologique de l'histoire du peuple Ma'ohi. Se déroulent ainsi, sur un rythme rapide, les épisodes marquants d’Ouessant à Papeete, de l’assemblée générale des étudiants tahitien (de Paris) aux négociations immobilières avec un promoteur à Punauia. En scène, ce décor de valises, objets de répétition, de désordre d’où surgissent d’intenses moments de théâtre – drôles souvent, et parfois bouleversants. Texte Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun Dramaturgie Nicole Piron Mise en scène Gaël Rabas – Françoise Dorgambide Avec Teuhi Teina Ronald Safia Hammideche Samuel Jego Scénographie Brigitte Rabas, Virginie Salane, Christian Dubois Marionnettes Louis Philippe Della Valentina Costumes Claudie Cocquerelle Lumières Jacky Rivoal PAR Bénédicte de Loriol – PUBLIK’ART http://publikart.net/le-bambou-noir-mise-en-scene-de-gael-rabas-et-francoise-dorgambide-biarritz/ Le bambou noir est une pièce extraite du texte de Tera’ituatini Pambrun, adapté par Nicole Piron. La mise en scène est de Gaël Rabaset Françoise Dorgambide. Au Théâtre du Versant du 8 au 14 février 2015, à Biarritz. Avec : Samuel Jego, Safia Hammideche,Teuhi Teina Ronald Présentation officielle de la pièce : Le bambou noir, c’est l’histoire de la formation, de l’ascension sociale, de la chute et du bannissement d’un jeune tahitien pétri de révolte et d’idéaux, à la vocation de peintre singulièrement contrariée par l’histoire politique et sociale de son pays. C’est dans la France et la Polynésie des années 70 et 80 que l’auteur nous entraîne sur les traces de cet artiste écorché par la vie qui va de certitudes en désillusions au fur et à mesure qu’il entre en contact avec la réalité humaine. Jean-Marc Tera’ituatini Pambrun nous a quittés en 2011 alors qu’il n’avait que 58 ans. Il était anthropologue de formation mais a consacré une grande partie de sa vie à la défense de la culture polynésienne, étant lui-même poète, dramaturge, romancier, essayiste et pamphlétaire et surtout très engagé. Avec Gaël Rabas, Directeur du Théâtre du Versant, il avait commencé un projet artistique autour de la culture Tahitienne. Hélas, sa mort prématurée l’a empêché d’aller plus loin. Mais ce n’est pas pour autant que Gaël Rabas abandonne ce projet, bien au contraire. Avec l’aide de Nicole Piron, la pièce prend forme à partir des nombreux écrits de Pambrun, en particulier « La natte » et surtout « L’île aux anthropologues ». Le bambou noir prend vie sous d’un très bel hommage rendu à Pambrun. Le bambou noir La pièce Le bambou noir est une totale réussite ! Tout est réuni pour faire de cet hommage une très belle découverte de la culture et de la littérature polynésiennes ! Les trois acteurs sur scène sont formidables. Samuel Jego incarne merveilleusement le révolutionnaire et toujours réactif Pambrun, avec toute la fougue et l’énergie de la jeunesse. Quant à Safia Hammideche, tous les rôles féminins lui sont attribués et en un tour de main, elle s’adapte avec brio à son nouveau personnage, avec beaucoup de grâce et de féminité. Bien sûr la pièce ne serait pas authentique si Teuhi Teina Ronald n’était là pour les accompagner en musique, en chansons et surtout en tahitien. Un personnage haut en couleurs : Ma’ohi ! Porteur de messages de la culture Ma’Ohi et de la vie de Pambrun. J’aimerais donner également une mention spéciale à Brigitte Rabas pour la création des marionnettes des oiseaux, absolument incroyables ! Et aussi, bien sûr à Virginie Salane qui a réalisé les magnifiques peintures sur soie, dont la gigantesque toile de fond que l’on admire à la scène finale. Tout simplement époustouflante ! Une très grande artiste Virginie ! Sur le Versant tahitien 11/02/2015 S. V. Trois artistes pétris de talent.© PHOTO PHOTO SUZANNE VIERGE En préambule à la représentation donnée samedi soir par les comédiens du Théâtre du Versant, Gaël Rabas, le metteur en scène, a souligné les liens d'amitié et de fidélité qui unissent cette compagnie à la commune de La Brède, et annoncé une soirée doublement exceptionnelle : d'abord un hommage à Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun, auteur polynésien décédé en 2011 dont le Théâtre du Versant interprétait « Le Bambou noir » et ce, en première dans la commune, en attendant de jouer à Biarritz à partir du 8 février, puis à Papeete et dans le reste de la Polynésie à partir de septembre 2015. Papeete. Dans un décor d'une grande sobriété, trois comédiens répètent « Le Bambou noir », échangent leurs points de vue sur les éléments qu'il convient de privilégier et de mettre en valeur pour retracer le parcours d'un jeune Tahitien -qui ressemble beaucoup à l'auteur-, entre Paris, Ouessant et Papeete, dans les années 1970-1980. Et, s'il y a loin de la coupe aux lèvres, il a loin aussi entre l'idéal de la jeunesse et la réalité socio-économique de l'île dont la richesse culturelle est incarnée par « le musicien ». Les deux autres acteurs sont, l'un, le représentant de l'auteur et l'autre les images successives de toutes les femmes qui ont compté pour lui, mère, compagnes, sœur, tante… La mise en scène, aussi élégante qu'efficace, aux jeux de lumière appropriés, met en valeur des phrases choc : « Certains songes sont des fenêtres qui s'ouvrent sur l'avenir », « Notre identité n'est pas négociable », « Je suis un étranger en exil dans son propre pays». La musique, le chant, les marionnettes d'oiseaux apportent l'indispensable touche de légèreté et d'humour dans une pièce grave qui a tiré des larmes à certains spectateurs et qui a été longuement -et justement- applaudie par un public que l'on aurait souhaité plus nombreux. La pièce et le talent des comédiens l'auraient amplement mérité. Suzanne Vierge