CESR rapport vin juin 2007

3) Contribution de la filière vitivinicole à l’économie
régionale
L’approche du système vigne-vins permet de mieux percevoir l’impact plus général de
l’économie viti-vinicole dans l’activité économique régionale.
Un travail de recherche universitaire publié en 20028 a mis en évidence l’apport de cette
filière dans l’économie Aquitaine, qui se caractérise à la fois par :
-
-
-
son ancrage dans l’histoire économique régionale,
ses effets moteurs en matière de commerce extérieur régional (jusqu’en 2003, le
secteur des boissons était le premier poste d’exportation de la région avec 1,5
milliard € ; cette position s’est dégradée en 2004 et 2005, avec une baisse de la
valeur des exportations à moins de 1,3 milliard €, traduisant l’érosion des prix sur les
marchés à l’export),
sa dynamique en matière d’emploi (plus de 66 000 emplois consolidés pour cette
filière soit 6% de l’emploi total, dont 85% en Gironde où elle occupe 11% de l’emploi
total),
son importance pour certains territoires, notamment en Gironde où se concentrent
90% des fournisseurs de la filière.
Impacts de la
Aquitaine
filière viti-vinicole
Emplois
Valeur ajoutée
en Aquitaine
brute (M€)
Viticulture
32 020
897
Coopération
1 548
73
Négoce
6120
531
Courtage
360
27
TOTAL EFFETS
40 048
1 528
DIRECTS
Emploi org.
1 150
Professionnelles et
administrations
Effets indirects
2 831
123,59
exploitations
Effets indirects
485
23
coopération
TOTAL EFFETS
4 466
146,59
INDIRECTS
Injection
44 514
1 674,59
autonome (effets
directs + indirects)
TOTAL (+ effets
66 570
2 448
induits)
Source : Carole Doucet, Thèse de doctorat, 2002
Gironde
Emplois
28 350
797
5 930
330
35 407
Valeur ajoutée
brute (M€)
807
49
526
24
1 406
960
-
2 343
97,64
343
12
3 646
109,64
39 053
1 515,64
57 000
2 138
Les effets directs et le cœur de l’économie viticole recouvrent les exploitations, les
coopératives, le négoce et le courtage. Les effets indirects englobent les fournisseurs, les
organismes professionnels et les administrations spécifiques. Enfin, les effets induits
prennent en compte les mécanismes d’entraînement auprès des autres secteurs de
l’économie régionale (avec définition d’un multiplicateur régional pour le secteur viticole).
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« Activités viticoles et développement régional » Thèse de Doctorat ès Sciences Economiques soutenue par
Mlle Carole Doucet en septembre 2002, Université de Bordeaux IV
Communication sur les vins d’Aquitaine
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Sur la base des travaux réalisés, la contribution de la filière vigne et vins au PIB régional est
estimée à 4% (8% en Gironde), soit un volume de 2,5 milliards € (dont 2,1 milliards € pour le
seul département de la Gironde).
Un autre apport de cette étude a consisté à évaluer la répartition spatiale des impacts
économiques de la filière viti-vinicole en caractérisant plusieurs zones ou territoires :
Bordeaux et sa première couronne (Z1 : 12 communes), les centres secondaires et leur
zone d’influence directe (ex : Libourne, Langon, Arcachon, Bergerac : Z2, 9 communes), les
communes périurbaines de Bordeaux (Z3, 40 communes ; exemples : Cestas, Léognan…),
les villes isolées (Z4 : 128 communes, exemples : Pauillac, Sauveterre de Guyenne, Bourg
sur Gironde…) et les communes rurales (Z5 :352 communes), soit au total 541 communes
plus ou moins fortement influencées ou polarisées autour de l’économie viti-vinicole
régionale.
Valeur ajoutée créée auprès des fournisseurs en fonction de sa destination
et du type d’approvisionnement
Engrais
Travail de la vigne
Travail du vin
Analyses
Petit matériel viticole
Bouchons, bouteilles, capsules
Emballages divers
Etiquettes
Transports
Matériel viticole
Cuves
Barriques
Communication
Matériel informatique
Location de matériel
TOTAL
Z1
3%
26%
6%
35%
1%
28%
41%
4%
21%
3%
82%
93%
33%
11%
Z2
10%
9%
3%
5%
12%
4%
9%
12%
48%
13%
3%
39%
9%
2%
10%
ZONES
Z3
6%
18%
1%
5%
7%
23%
27%
12%
7%
19%
14%
3%
1%
5%
1%
13%
Z4
52%
33%
28%
19%
63%
33%
60%
42%
4%
41%
57%
55%
7%
2%
40%
40%
Z5
29%
39%
68%
46%
12%
6%
4%
6%
23%
5%
2%
24%
26%
De cette analyse sur le département de la Gironde, il ressort que le secteur viticole produit
des formes spatiales de croissance susceptibles de garantir une autonomie de
développement de l’espace rural. Il apparaît en outre que la valeur est non seulement
captée par les zones périphériques, mais aussi que ces dernières attirent des activités
spécialisées et qualifiées. Le secteur viticole produit également des centres d’activités
caractérisés par une complémentarité de fonctions d’approvisionnement et distincts des
agglomérations. Il contribue de ce fait à un maillage du territoire et à l’équilibre du
développement entre zones urbaines et rurales.
Une autre étude a été réalisée par les réseaux consulaires (chambre de métiers de la
Gironde, chambre d’agriculture de la Gironde, chambres de commerce et d’industrie de
Bordeaux et de Libourne) dans le cadre d’une opération de modernisation programmée de
l’artisanat et des petites entreprises auprès des prestataires de la filière. Cette étude révèle
que plus de 600 établissements travaillent en tout ou partie pour la filière viti-vinicole en
Aquitaine. Ils totalisent plus de 10 000 emplois et réalisent un chiffre d’affaires estimé à 1,2
milliard €.
Communication sur les vins d’Aquitaine
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VIGNE
Fournitures diverses pour la
viticulture
Machinisme viticole
RAISIN
Patrimoine
viticole
(jardins,
allées…)
Équipements vinicoles
Cuverie
Maîtrise thermique
Tonnellerie
Bâtiments d’exploitation
Traitement des effluents
Laboratoires
d’œnologie et
autres prestations
de service
VIN
Informatique
Étiquettes
Caisses bois
Cartons
Conditionnement à façon
VIN COMMERCIALISÉ
Logistique
Négoce
Vente en direct
Les entreprises concernées opèrent dans plusieurs secteurs d’activités : matériels et
équipements viticoles, bâtiments d’exploitation, emballage et conditionnement, prestations
de services divers …
Secteur d’activités
Matériel viticole
Equipements viticoles
Bâtiments d’exploitation
Emballage conditionnement
Prestations de services
TOTAL
Nombre
Effectif moyen
d’établissements
137
16
116
15
100
19
85
34
171
13
609
CA estimé HT
en 2003 (k€)
2 987
1 696
1 615
2 251
1 283
Source : démarche OMPAPE 2004/2006 – CMA de la Gironde, CCI de Bordeaux et Libourne
Communication sur les vins d’Aquitaine
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Poids total
estimé (k€)
409 189
196 784
161 496
191 312
219 377
1 178 158
Cette étude confirme la concentration des activités sur le département de la Gironde et le
poids de la filière dans l’économie régionale. Les entreprises concernées se caractérisent
par leurs capacités d’adaptation aux méthodes de conduite et aux besoins hétérogènes de
la viticulture. Elles occupent pour certaines d’entre elles des positions de leader dans
certaines activités du cœur de métier (vinification, élevage, vieillissement…). Plusieurs
savoir-faire locaux dans des domaines tels que la tonnellerie, le travail de l’inox, l’étiquetage
ou la prestation de services spécialisés, apportent un avantage concurrentiel à la filière.
Enfin, l’analyse effectuée met en exergue une grande capacité d’innovation, favorisée par la
grande variété de pratiques. Toutefois, cet ensemble hétéroclite d’activités souffre d’un
certain manque de reconnaissance ou de lisibilité (ex : maintenance et installation des chais)
et de l’absence de tissu industriel de proximité adapté aux contraintes de la filière. Ces
entreprises pâtissent aussi de leur manque d’attractivité (pénurie de main d’œuvre qualifiée
associée à la saisonnalité, pénurie de repreneurs et faible rentabilité…). Les difficultés
récentes de la viticulture régionale ont accentué certains problèmes (baisse d’activité et
conséquences sur les trésoreries), sans fondamentalement remettre en question la survie
des entreprises les plus polyvalentes.
Vers une alliance entre tourisme et monde du vin
Enfin, il est un autre segment d’activité sur lequel la présence de la viticulture pourrait avoir
un impact relativement significatif, pour peu qu’il soit mieux valorisé : c’est celui du tourisme
œnologique ou du tourisme vitivinicole. En Aquitaine, la notoriété des vins de Bordeaux
conjuguée à la diversité des paysages, des patrimoines architecturaux, culturels et
gastronomiques liés au monde du vin constituent autant de facteurs d’attractivité pour des
visiteurs en quête de découverte des vins régionaux. Or, l’appropriation de ce facteur
d’image, de notoriété et de vente que représente le tourisme pour le monde du vin et la
thématique du vin pour les professionnels du tourisme n’a fait l’objet que d’une mobilisation
récente des acteurs concernés, privés et publics, en Aquitaine, notamment dans le vignoble
bordelais.
Une étude réalisée au niveau national en 1999 par l’Agence Française de l’Ingénierie
Touristique (ex AFIT devenue ODIT France) avait mis en évidence qu’environ 5 000 caves,
domaines et châteaux étaient ouverts au public, soit relativement peu à l’échelle des
vignobles français, avec une offre de prestations très hétérogène. Cette étude a par ailleurs
souligné le fort potentiel de demande pour cette forme de tourisme autour du thème vinicole,
la plupart des touristes concernés étant par ailleurs acheteurs de vin (7,5 millions de
visiteurs dans les caves selon cette enquête dont un tiers d’étrangers et 88% d’acheteurs).
De multiples initiatives ont vu le jour en Aquitaine (routes des vins,
hébergements spécifiques dont les « gîtes Bacchus », charte
d’accueil dans les propriétés en Gironde « Vignobles et chais en
bordelais », produits de découverte à vélo des vignobles, musées du
vin, fêtes du vin, coopérations et réseaux tels Great Wine Capitals
Global Network…). Plusieurs caves coopératives (ex : Buzet,
Jurançon…) et de plus en plus de viticulteurs ont choisi d’exploiter
cette voie de diversification et de commercialisation des vins. D’autres projets restent en
suspens (dont parc thématique sur le vin), mais cette valorisation souffre encore d’une trop
forte atomisation et d’une insuffisante coordination ou structuration des opérateurs à
l’échelle des grandes destinations.
Communication sur les vins d’Aquitaine
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L’opération « Destination vignobles » lancée par le Conseil Régional
d’Aquitaine marque une tentative louable car attendue d’organisation
des projets dans un cadre commun.
Certaines manifestations professionnelles ou événements en région
témoignent de l’intérêt de cette valorisation pour une région comme
l’Aquitaine et de son attractivité auprès de certains publics. Ainsi, le
salon professionnel Vinexpo (45 000 à 50 000 visiteurs) contribue à la
reconnaissance internationale de la place de Bordeaux.
La Fête du Vin organisée à Bordeaux depuis quelques années (250 000 visiteurs en 2004)
constitue un autre événement fédérateur. Au delà de sa dimension locale ou régionale, la
volonté de ses initiateurs est de lui donner une réelle dimension internationale. L’édition
2006 a proposé plusieurs forfaits séjours destinés aux clientèles touristiques. On pourrait
encore citer les multiples fêtes locales organisées autour du vin ou d’autres événements tels
que le Marathon des vins du Médoc.
L’offre régionale de service touristique autour de la découverte du vin s’est récemment
enrichie avec l’ouverture de « La Winery », à la fois projet et concept développé par un
négociant bordelais par ailleurs propriétaire viticole. Ce projet est le plus important en
matière d’œnotourisme à ce jour en Aquitaine voire au plan national. Implanté sur un site de
26 ha, l’infrastructure associe un espace de vente de vins (une gamme de 1 500 vins du
monde entier), formules de dégustation à petit prix (dont une formule ludique de
caractérisation du profil des visiteurs selon leur « signe œnologique »), restaurant,
amphithéâtre et salles de réunions, lieu d’activité culturelle (expositions, concerts), aires de
pique-nique …
Au niveau national, un groupe de travail spécifique a été mis en place auprès de Maison de
la France, le tourisme vitivinicole faisant partie des axes retenus dans le cadre de la
stratégie nationale de promotion du tourisme français pour la période 2005/2010.
Le pôle de compétitivité « Bordeaux-Aquitaine Inno’vin » : une nouvelle synergie entre
opérateurs ?
Les acteurs de la filière vignes & vins d’Aquitaine (sous le portage du Conseil
Interprofessionnel des Vins de Bordeaux et du Conseil Régional des Vins d’Aquitaine) ont
déposé en juillet 2006 un projet de pôle de compétitivité mondial « Bordeaux-Aquitaine
Inno’vin ». Ce projet, qui n’a pas encore été validé par le Comité Interministériel
d’Aménagement et de Compétitivité des Territoires, rassemble une centaine d’acteurs
économiques de la filière, associés à des organismes de formation et à des centres de
recherche, notamment ceux impliqués dans l’Institut des Sciences de la Vigne & du Vin. A
ce jour, ce projet de pôle de compétitivité est le seul intéressant la filière au niveau national.
Dans ce cadre, une cinquantaine de projets ont été définis autour de plusieurs axes ou
objectifs prioritaires :
l’anticipation des attentes des consommateurs, avec un projet de création d’observatoire
des consommateurs internationaux
le développement des marchés, notamment à l’export (dont projet de développement de
vins à moindre teneur en éthanol)
l’augmentation de la valeur ajoutée en améliorant la productivité (dont création d’un centre
régional d’expérimentation et de diffusion viti-vinicole)
le soutien à une logique de développement durable (dont gestion et élimination des
composés indésirables du vin et des déchets viti-vinicoles, adaptation du matériel végétal aux
facteurs de changement, recherche d’alternatives à l’utilisation de produits phytosanitaires)
le développement territorial intégrant l’oenotourisme (dont plate-forme touristique régionale)
Communication sur les vins d’Aquitaine
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