Tu seras « le » Président

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Tu seras « le » Président
 Michel GRELIER Tu seras « le » Président Vous trouverez dans l'onglet "pièce jointe" une présentation de l'ouvrage
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C’est sous le regard bienveillant de cinq Marianne que je décris cette année 2011 à la française. Ce jardin est superbe, mais il est entouré de hautes clôtures qui empêchent de voir chez les voisins. Pour situer le petit carré national dans le grand jardin international et les serres européennes, le voyage dans la partie intitulée : « Par‐dessus nos haies épaisses, que se passe‐t‐il ? » vous permettra d’emboîter, semaine après semaine, les informations françaises dans un cadre élargi. Vous y trouverez les événements de Tunisie, d’Egypte, de Libye, de Syrie, … comme du FMI. En avril 2012, avant de faire votre choix, je souhaite vous aider à rassembler les éléments de ce véritable marathon politique. Vous en profiterez pour découvrir et comprendre mille et une de ces choses que l’on a omis de vous dire ou que vous avez oubliées. Vous trouverez aussi une multitude d’informations européennes sur le site, mis à jour chaque matin : www.greliermichel.eu www.greliermichel.eu
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Introduction
Thomas EINSTEIN Du 14 au 31 décembre 2010… Les personnes qui agacent le plus les Français Calendrier des semaines de 2011 Janv 01 02 03 04 05 Fév 05 06 07 08 09 Mars Avr 09 13 10 14 11 15 12 16 13 17 Mai 17 18 19 20 21 22 Juin 22 23 24 25 26 Juil 26 27 28 29 30 Août 31 32 33 34 35 Sept 35 36 37 38 39 Octo 39 40 41 42 43 44 Semaine et Titre 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 Des vœux Attention ! Un LE PEN peut en cacher une autre 889.200 visiteurs pour Claude MONET Des « usines à gaz » rose et verte La fête à MAM (Michèle ALLIOT‐MARIE) Deux eurodéputés français fantômes Les pieds français dans le tapis tunisien et une langue de bois… une ! Toute la classe politique au cul des vaches Le réveil d’une tortue « Tsunami » au Japon, séisme à la « fédé » PS des Bouches‐du‐Rhône L’arme attend en Libye ? Non, l’Harmattan en Libye Les abstentionnistes vainqueurs des cantonales « Nanard » est de retour Les plans de « l’usine à gaz » rose NH, DdV, DSK : « J’y vais ! », « Retenez‐moi ! », « RV le 28 juin » BHL, l’insurgé libyen à l’Elysée Le « rêve français » de François ou de Carla Aie confiance ! DSK : l’homme qu’il « ne fallait pas laisser seul dans un hôtel » Historique : Elisabeth II s’incline à Dublin Le G‐8 de Nicolas SARKOZY à Deauville : du vent et de la marche à pied Nos politiques font « relâche » : Cannes, Ascension, Roland‐Garros… Une favorite française pour le FMI et quelques « turpitudes » Trois informations pour sept jours Coluche : tes « Restos du Cœur » vont manquer de produits ! Christine couronnée à New York, Martine présidentiable à Paris Le temps des vacances… déjà www.greliermichel.eu
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Nov 44 45 46 47 48 Déc 48 49 50 51 52 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 Que nos hommes et femmes politiques nés en dehors de l’Hexagone se lèvent ! 27 juillet, le salarié français est, enfin, libéré de ses obligations fiscales Où il sera question d’un bonnet d’âne pour la France, par défaut « Votre silence nous tue » = Notre silence les tue Oubliez Saladin ou Palmyre, n’envisagez pas de vacances en Syrie Eva JOLY frappe les trois coups Blanchi par le « doute raisonnable », mais pas innocenté L’homme politique de la semaine : Jean‐Pierre RAFFARIN Le déficit de la Sécu, les pizzas du PS héraultais Primaire PS : un 1er débat « courtois » et « propret » Le train des sénateurs entre en gare…sur la voie de gauche Alain JUPPE a‐t‐il ouvert une boîte de Pandore ? HOLLANDE 39, AUBRY 31, MONTEBOURG 17 … and the winner is… François HOLLANDE Elle est née, la divine enfant… L’incontournable Nicolas SARKOZY La dame de grande vertu : TVA La rigueur de l’austère Monsieur FILLON Tricher, c’est voler ! Ce n’est pas la fusion entre Eva et François ! C’est même une fission de leurs atomes François HOLLANDE la jouera « perso » Au bal des candidats : trois nouveaux danseurs « Il ne faut pas se foutre du monde ! » Qui a dit ? Tout finit, dans la difficulté, par des vœux… www.greliermichel.eu
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Repères Du 14 au 31 décembre 2010............................................................................................................... 10 Semaine 01 – du samedi 01 au dimanche 09 janvier 2011 .............................................................. 13 Semaine 02 – du lundi 10 au dimanche 16 janvier 2011 ................................................................. 17 Semaine 03 – du lundi 17 au dimanche 23 janvier 2011 ................................................................. 21 Semaine 04 – du lundi 24 au dimanche 30 janvier 2011 ................................................................ 23 Semaine 05 – du lundi 31 janvier au dimanche 06 février 2011 ..................................................... 29 Semaine 06 – du lundi 07 au dimanche 13 février 2011 ................................................................. 32 Semaine 07 – du lundi 14 au dimanche 20 février 2011 ................................................................. 37 Semaine 08 – du lundi 21 au dimanche 27 février 2011 ................................................................. 41 Semaine 09 – du lundi 28 février au dimanche 06 mars 2011....................................................... 45 Semaine 10 – du lundi 07 au dimanche 13 mars 2011 ..................................................................... 49 Semaine 11 – du lundi 14 au dimanche 20 mars 2011 ..................................................................... 52 Semaine 12 – du lundi 21 au dimanche 27 mars 2011 ..................................................................... 55 Semaine 13 – du lundi 28 mars au dimanche 03 avril 2011 ............................................................ 58 Semaine 14 – du lundi 04 au dimanche 10 avril 2011 ..................................................................... 62 Semaine 15 – du lundi 11 au dimanche 17 avril 2011........................................................................ 65 Semaine 16 – du lundi 18 au dimanche 24 avril 2011 ..................................................................... 68 Semaine 17 – du lundi 25 avril au dimanche 01 mai 2011 .............................................................. 70 Semaine 18 – du lundi 02 au dimanche 08 mai 2011...................................................................... 74 Semaine 19 – du lundi 09 au dimanche 15 mai 2011 ...................................................................... 77 Semaine 20 – du lundi 16 au dimanche 22 mai 2011 ...................................................................... 80 Semaine 21 – du lundi 23 au dimanche 29 mai 2011 ...................................................................... 85 Semaine 22 – du lundi 30 mai au dimanche 05 juin 2011.............................................................. 91 Semaine 23 – du lundi 06 au dimanche 12 juin 2011 ...................................................................... 94 Semaine 24 – du lundi 13 au dimanche 19 juin 2011..................................................................... 101 Semaine 25 – du lundi 20 au dimanche 26 juin 2011 ................................................................... 103 www.greliermichel.eu
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Semaine 26 – du lundi 27 juin au dimanche 03 juillet 2011 ........................................................ 109 Semaine 27 – du lundi 04 au dimanche 10 juillet 2011 ................................................................ 124 Semaine 28 – du lundi 11 au dimanche 17 juillet 2011 .................................................................. 127 Semaine 29 – du lundi 18 au dimanche 24 juillet 2011 ................................................................ 133 Semaine 30 – du lundi 25 au dimanche 31 juillet 2011 ................................................................. 139 Semaine 31 – du lundi 01 au dimanche 07 août 2011.................................................................... 145 Semaine 32 – du lundi 08 au dimanche 14 août 2011 ................................................................... 148 Semaine 33 – du lundi 15 au dimanche 21 août 2011 .................................................................... 150 Semaine 34 – du lundi 22 au dimanche 28 août 2011 .................................................................. 152 Semaine 35 – du lundi 29 août au dimanche 04 septembre 2011 ............................................... 163 Semaine 36 – du lundi 05 au dimanche 11 septembre 2011 ......................................................... 167 Semaine 37 – du lundi 12 au dimanche 18 septembre 2011.......................................................... 176 Semaine 38 – du lundi 19 au dimanche 25 septembre 2011 ......................................................... 184 Semaine 39 – du lundi 26 septembre au dimanche 02 octobre 2011 .......................................... 191 Semaine 40 – du lundi 03 au dimanche 09 octobre 2011 ............................................................ 202 Semaine 41 – du lundi 10 au dimanche 16 octobre 2011............................................................... 210 Semaine 42 – du lundi 17 au dimanche 23 octobre 2011 .............................................................. 223 Semaine 43 – du lundi 24 au dimanche 30 octobre 2011 ............................................................. 234 Semaine 44 – du lundi 31 octobre au dimanche 06 novembre 2011 ........................................... 241 Semaine 45 – du lundi 07 au dimanche 13 novembre 2011.......................................................... 248 Semaine 46 – du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2011 ......................................................... 261 Semaine 47 – du lundi 21 au dimanche 27 novembre 2011 .......................................................... 276 Semaine 48 – du lundi 28 novembre au dimanche 04 décembre 2011 ...................................... 288 Semaine 49 – du lundi 05 au dimanche 11 décembre 2011 .......................................................... 307 Semaine 50 – du lundi 12 au dimanche 18 décembre 2011 .......................................................... 321 Semaine 51 – du lundi 19 au dimanche 25 décembre 2011........................................................... 333 Semaine 52 – du lundi 26 au samedi 31décembre 2011 ................................................................ 345 www.greliermichel.eu
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Le 14 novembre 2010, sur le perron de l'Élysée, le nouveau gouvernement est annoncé. Le Premier ministre reste François FILLON. Depuis le 17 mai 2007, son gouvernement porte le numéro 3 si l'on ne tient compte que des grandes modifications, et le numéro 13 si l'on tient compte des remaniements, modifications et aménagements successifs. Le 15 novembre, un collègue conférencier allemand m’appelle et évoque en souriant ce remaniement annoncé de longue date et attendu comme la panacée aux problèmes français. Il me rappelle la stabilité des gouvernements allemands et déclare : - Ce changement n'est qu'un pétard mouillé. C'est comme dans les magasins de mode, on a seulement changé les mannequins de place dans la vitrine. Et il passe en revue quelques ministres parmi les plus connus, avec son commentaire éventuel. Michèle ALLIOT‐MARIE, dite MAM, ministre d'Etat. - Mannequin‐vedette « Affaires étrangères et européennes » Roselyne BACHELOT - Elle a eu sa splendeur médiatique à « Santé et Sports ». Elle vient d’être mise à l’ombre, à l’arrière de la vitrine, aux « Solidarités et Cohésion sociale ». Mais qui donc aurait bien pu la prendre en grippe ? François BAROIN - Mannequin‐ministre « Budget, Comptes publics et Réforme de l'Etat, Fonction publique », et porte‐parole, à voix basse, du gouvernement. Luc CHATEL - En bleu de chauffe « Education nationale, Jeunesse et Vie associative ». Brice HORTEFEUX - C’est d’abord l’ami de longue date du « mannequin‐chef de la vitrine ». Il en est au quatrième épisode de son feuilleton ministériel : « Intérieur, Outre‐mer, Collectivités territoriales et Immigration ». Christine LAGARDE - C’est votre ministre de l’élégance et du charme. Elle débuta avec l’ensemble « Agriculture et Pêche » avant d'occuper Bercy avec le tailleur « Economie, Finances et Emploi », puis amélioration du tailleur : « Economie, Industrie et Emploi », et maintenant nous touchons à la haute‐couture avec : « Economie, Finances et Industrie ». Bruno LE MAIRE - Il est dorénavant grand mannequin‐ministre avec « Agriculture, Alimentation, Pêche, Ruralité et Aménagement du territoire ». Laurent WAUQUIEZ - C’est un mannequin qui monte… apparemment ; mannequin‐ministre « Affaires européennes ». Mais si ce domaine est essentiel, il est traité d’abord à l’Elysée, puis par MAM au Quai d’Orsay, et par lui en numéro 3. www.greliermichel.eu
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Serait‐il un simple porte‐parole ? Laurent WAUQUIEZ est votre quatrième secrétaire d’Etat aux « Affaires européennes » depuis l’entrée en fonction de Nicolas SARKOZY. Dans l’ordre : Jean‐Pierre JOUYET, de mai 2007 à décembre 2008, soit 19 mois ; Bruno LE MAIRE, de décembre 2008 à juin 2009, soit 6 mois ; Pierre LELLOUCHE, de juin 2009 à novembre 2010, soit 17 mois ; et Laurent WAUQUIEZ, depuis le 14 novembre 2010. Pour combien de mois ? Qui d’autre ? Votre nouveau mannequin‐vedette parisien, tout droit sorti de sa réserve bordelaise, Alain JUPPÉ, déjà été sorti lors de Fillon 1 pour « Ecologie, Développement et Aménagement durables », qui revient avec l’uniforme « Défense et Anciens combattants ». Il a attiré mon attention sur des « mannequins‐étoiles filantes » : Patrick DEVEDJIAN et Marc‐Philippe DAUBRESSE ; et sur quelques « mannequins usagés mis en réserve » : Fadela AMARA, Jean‐Louis BORLOO, Bernard KOUCHNER, Hervé MORIN, Eric WOERTH et Rama YADE. - Et n’oublie pas les mannequins‐ministres que « l’Elyséen » a remerciés : Rachida DATI, Christine BOUTIN et Martin HIRSCH. - N’as‐tu rien à dire sur cet « Elyséen » ? - Nicolas SARKOZY est le « chef de rayon » de cette vitrine. Nous aurons l'occasion de suivre ses exploits nationaux tout au long de 2011. Nous progresserons ainsi dans la réponse à la question qui nous carbonise les neurones : « Sera‐t‐il candidat pour le concours quinquennal Elysée 2012 ? ». - « Elysée 2007 » est le concours qu’il a gagné, le suivant sera : « Elysée 2017 ». www.greliermichel.eu
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Thomas EINSTEIN A 08 heures 30, le vendredi matin, nous avions la même habitude : faire nos courses au supermarché, dès l’ouverture. Avant que les portes s’ouvrent, nous attendions, le caddie devant nous et la liste des achats en main. Au fil du temps et des rayons, lors des attentes pour le passage en caisse, nous nous sommes salués. Quelques semaines plus tard, nous avons échangé un « Bonjour ». Comme de bons Français ordinaires, nous avons bavardé de la pluie et du beau temps pour commencer, puis de l’actualité du voisinage avant d’en venir à des sujets d’actualité plus large. C’est ainsi que nous avons échangé des informations sur nos activités. Intéressé par la politique française, il n’y connaît pas grand‐chose. Il est d’une nature méfiante. Il craint tout ce qui est politique européenne ou internationale, et aussi l’économie globalisée. Il est curieux des choses qu’il connait mal, il est curieux de savoir qui sont ces gens dont on parle et ce qu’ils font. Il est intéressé par ce qui se passe, par l’actualité. Il s’informe régulièrement par les moyens habituels : la radio matinale chez lui et en voiture, la télévision et la presse quotidienne régionale, mais il répète, avec autorité : « ce n’est pas parce que c’est écrit dans le journal ou qu’on en parle à la télé que c’est vrai. Oh non ! » Il sourit ironiquement devant ce qui est, de près ou de loin, « people » ou « bling‐bling ». Il hurle devant les « usines à gaz ». Et tout ce qu’il ne comprend pas devient très vite une « usine à gaz » contre laquelle il ronchonne, roudoudouille ou s’emporte. Je lui ai dit ce que je faisais, ce travail d’écriture. Il a tout de suite posé mille questions sur ce que je trouve et comment je le trouve. J’ai promis de lui faire lire quelques‐uns de mes propos au fur et à mesure de la rédaction. Dès la première période, c’est‐à‐dire le chapitre qui suit, il est venu vers moi, un sourire aux lèvres et les sourcils froncés. « J’ai aimé ce que vous avez dit, mais il y a plein de choses que je connais pas. Vous pouvez m’en dire plus ? » J’ai accepté. Nous avons échangé par courriels, par téléphone. Il n’attend même plus que la semaine soit écoulée. Les premiers moments de plaisir et de fierté passés, je le trouvais un peu envahissant. Espérant le calmer, pour réduire les minutes au téléphone et récupérer du temps de recherche et d’écriture, je lui ai demandé l’autorisation d’utiliser certaines de ses questions et certains de ses commentaires pour illustrer mes informations. Il a accepté. Vous allez donc trouver assez régulièrement des questions et des commentaires de Thomas. Pour vous permettre de les repérer, ils sont de couleur verte et en gras. Thomas est un prénom qu’il ne reniera sûrement pas car, comme le saint du même nom, il est du genre à ne croire que ce qu’il voit, ou ce qu’il comprend. Quant à son nom, je vous le donne en mille : EINSTEIN. Comme Albert et sa théorie de la relativité. Il m’a assuré, avec regret, n’avoir aucun lien familial, de près ou de loin, avec le génial mathématicien ; ses grands‐parents étaient natifs d’Alsace. www.greliermichel.eu
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Du 14 au 31 décembre 2010 Les personnes qui agacent le plus les Français - L’introduction a permis de vous présenter quelques acteurs de la pièce en 52 actes qui va se jouer en 2011. D’autres viendront s’y ajouter. Le développement de l’actualité, semaine après semaine, va mettre ces acteurs en situation, sous vos yeux, au fil de divers événements. Pour vous familiariser avec ce rythme, le survol d’une quinzaine de jours de décembre 2010 va nous permettre de prendre en mains les fils de l’actualité. C’est ce que j’appelle l’Information (avec un « I » majuscule). Nous le ferons en suivant gentiment le calendrier. - Qu'y a‐t‐il eu d’intéressant pendant cette période ? - C’est Thomas EINSTEIN, que vous connaissez un peu mieux, qui vient de me poser la question. En pensant aussi à vous, je vais lui donner l’information et, en cas de besoin, quelques explications complémentaires qui pourront être utiles à chacun. Notre période commence le mardi 14 décembre 2010. Ce qui suit est une information. Pour gérer sa dette, EDF se sépare comptablement d’une partie, pour faire une place suffisante à l’endettement prévisible pour les coûts de remplacement de ses centrales nucléaires. Le jeudi 16, EDF reconnaît avoir perdu des contrats de fourniture d'électricité à la RATP et chez Carrefour. La libéralisation totale de La Poste sera effective le 01 janvier 2011. - Quelqu’un pourra‐t‐il me dire pourquoi et comment on en est là ? Pourquoi les politiques se taisent‐ils ? Pourquoi les syndicats hurlent‐ils ? - Le même jour… Eva JOLY est mise en examen pour diffamation envers Florence WOERTH. Marine LE PEN trouble l'UMP à propos des prières de rue de musulmans. Martine AUBRY visite des usines à Calais et Lille. Dimanche 19 décembre, début de la campagne pour les primaires du PS : Ségolène ROYAL « s'est mise en mouvement » et Dominique STRAUSS‐KAHN (DSK) « chemine ». - Mardi 21 décembre. Nicolas SARKOZY visite au pas de charge le centre hospitalier d’Avignon et dit qu’il ne peut pas rester avec les 2/3 des hôpitaux français en déficit. - Suivez mon regard… - Vers la porte ? Jean QUATREMER répond sur le même ton à Jean‐Luc MÉLENCHON qui s’en était pris à lui. - Qui sont ces deux acteurs ? - Jean QUATREMER est le correspondant de Libération à Bruxelles et l’animateur d’un www.greliermichel.eu
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excellent blog sur les affaires belges et européennes : « Les coulisses de Bruxelles, UE ». Jean‐Luc MÉLENCHON est un imprécateur à l’extrême gauche, ancien sénateur, et actuellement député européen. Pour quel motif leur dispute ? Jean QUATREMER avait signalé « l'évasion » de Jean‐Luc MELENCHON de la séance plénière du Parlement européen lors de la remise du Prix Sakharov pour les droits de l'homme au journaliste dissident cubain Guillermo FARINAS et la signification de ce geste vis‐à‐vis de la dictature cubaine. Imaginant le tempérament des deux hommes, les choses ne vont pas en rester là. Le mercredi 22 décembre, Yama RADE devient ambassadeur de France auprès de l’UNESCO. Le 24, Nicolas SARKOZY rentre d’une semaine de vacances marocaines pour entamer le double marathon de ses vœux aux Français et des présidences des G‐8 et G‐20. - Le 25 décembre, c’est Noël. - Comme chaque année… et rien à signaler dans la hotte à informations. Dimanche, le 26. Le jeu du « t’as peur ! Non, c’est toi ! » est lancé entre l'UMP (Christian JACOB) et le PS (Jean‐Christophe CAMBADELIS), à propos de la candidature de DSK. - Pour le mercredi 29, j’hésite. Une dépêche fait part d’un sondage des Français sur les personnes qui les agacent le plus. - Des noms ! Des noms ! - Les quatre qui sont cités dans le chapeau de la dépêche sont : Raymond DOMENECH, Ségolène ROYAL, Brice HORTEFEUX et Carla BRUNI. Dans le corps de la dépêche, d’autres noms sont cités suivant leur domaine de médiatisation. Jeudi 30 décembre - Pourquoi prendre cet air triste ? - Parce que c’est la date anniversaire de l’enlèvement en Afghanistan de Stéphane TAPONIER et d’Hervé GHESQUIERE, les plus médiatisés des otages français. Denis ALLEX, agent extérieur de la DGSE, est « retenu » en Somalie depuis le 14 juillet 2009. Les cinq salariés d’Areva et de Satom (filiale de Vinci), enlevés le 15 septembre au Niger, sont détenus au Mali. - Ils sont donc huit. - Le 31 décembre, comme chaque année, c’est le jour des vœux pour « l’An Neuf » et je m’interroge : vaut‐il mieux en parler aujourd’hui ou attendre le 01 janvier 2011 ? Je fais le choix d’ouvrir 2011 avec des vœux et des promesses d’hommes et de femmes politiques. Et de nouvelles questions : vœux pieux ou vœux sincères ? Promesses tenables ou promesses en l’air ? - Dans tous les cas, 2011 nous le dira. *** - Avant d’entrer dans l’année 2011, permettez‐moi, chers lecteurs, une observation générale : www.greliermichel.eu
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la connaissance des affaires de politique française ne nous arrive que par des articles de la presse nationale ; il n’y a pas ou peu de dépêches sur ces thèmes en provenance des agences de presse internationales, accessibles gratuitement, et qui ont des bureaux en France : REUTERS et Associated Press. Que faut‐il déduire et comprendre sur l’importance de ces affaires ? Qu’elles sont à mettre à leur juste place. La plupart du temps, les dépêches d’agence nous donnent des faits, sans humeur, sans passion, sans affectivité. Dans le même temps, et sur les mêmes faits, les différents médias nationaux donnent tout ou partie des faits avec leurs humeurs, leurs passions, leurs intérêts, et leur jugement. Deux questions découlent de ce constat. Qu'avez‐vous su des différents événements évoqués ? Qu'avez‐vous retenu de ce que vous avez su ? Je ne suis pas fier de mon résultat personnel. Et comment accéder à toutes ces dépêches ? Je vous recommande Yahoo ! Actualités qui chaque jour vous en présente une quantité satisfaisante par thème. C’est mon outil généraliste de référence. Y’a plus qu’à… ! Cher ami, quoi qu’il en soit, le citoyen‐électeur que vous prétendez être ‐ et je ne suis pas de ceux qui mettraient en doute votre civisme ! ‐ est concerné de la même façon par le crocodile ou l'éléphant qui circulent au coin de sa rue que par le colibri ou le papillon qui battent des ailes à l'autre bout du monde. Ce citoyen‐électeur devra sortir de sa léthargie en 2012 pour faire une série de choix. Des choix éclairés par la connaissance des enjeux à affronter, des moyens et des politiques à mettre en œuvre, par la qualité et la compétence des futurs élus qui devront les traiter ? Des choix aveuglés par l'ignorance des situations à supporter, par les guirlandes festives installées par les candidats, par des réalités politiquement gommées, ou par une illusoire discipline de pensée partisane ? Je préfère le sort du voyant, en passant progressivement de ma sévère myopie actuelle à une vue de plus en plus corrigée et nette. D’accord. … Après la présidentielle et les législatives de 2012, citoyen‐électeur, tu pourras te rendormir pour cinq nouvelles années. La légitimité démocratique et populaire à laquelle tu auras participé échappera à ton contrôle. Celles et ceux qui vont en profiter pensent que la politique est une chose bien trop sérieuse ou beaucoup trop dangereuse pour qu'on la confie à des citoyens sages, économes, libres et intelligents. www.greliermichel.eu
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Semaine 01 – du samedi 01 au dimanche 09 janvier 2011 Des vœux -
En ce 01 janvier : « Bonne année à chacune et à chacun de vous ». Bonne année aussi à Thomas EINSTEIN et à sa bonne humeur. Astiquez vos neurones, vérifiez le niveau de votre mémoire, car le sourire, les grimaces, la franche rigolade, les cris d’indignation, l’émotion, les larmes, entre autres, vont être de la partie. Mon cher Thomas, comme j’en avais fait le choix, hier – c’était l’année dernière, comme le temps passe ‐, de ne parler qu’aujourd’hui des vœux présentés, commençons donc par là. Martine AUBRY : « En 2011 comme en 2010, nous serons à vos côtés pour reconstruire la France forte, confiante et juste que nous attendons ». Puis « la responsabilité des socialistes est de proposer un autre avenir ». Avant de terminer « La France est un pays formidable, énergique et plein d’atouts et les Français ne baissent jamais les bras ». -
Elle fut la première à parler, dans un message enregistré avant son départ en vacances en Chine. Et plus rapide que Ségolène ROYAL et que Nicolas SARKOZY. Ségolène ROYAL : « Les forces de progrès et de la gauche sont au travail pour qu'au cours de l'année 2011, chaque citoyen, chaque citoyenne puisse réfléchir, prendre en main son destin et choisir le moment venu, le modèle de civilisation que nous aurons à construire ensemble ». -
Dans l’atelier de confection des promesses, Ségolène n’est pas installée au rayon « dentelles ». Nicolas SARKOZY : « La fin de l'euro serait la fin de l'Europe », « Je m'opposerai de toutes mes forces à ce retour en arrière qui ferait fi de 60 ans de construction européenne ». « La France tiendra donc ses engagements en équilibrant ses comptes. Je ne transigerai pas sur cet objectif ». -
Je le trouve plus européen que jamais sur l’euro, ce qui me ravit, mais il m’inquiète sur tout le reste. Comme président des G‐8 et G‐20 en 2011, il a réaffirmé que la France défendrait l'idée d'un monde « plus régulé » et « moins brutal ». Avec les vœux du début d’année, il y a la traditionnelle promotion du Nouvel An dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. Sont promues, parmi d’autres, au grade de commandeur : la cycliste Jeannie LONGO ; au grade de chevalières : Fadela AMARA et Christine BOUTIN. (le 01janvier) -
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Ce sont bien deux des mannequins‐ministres rangés dans les placards ? Monsieur EINSTEIN, vous avez manifesté de l’intérêt pour la vitrine politique gouvernementale. Il y a en a aussi une en face, celle de l’opposition. Et, dans cette vitrine, un mannequin s’agite. Né catalan, il est député de l’Essonne et maire d’Evry. Qui est‐il et que dit‐il ? www.greliermichel.eu
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Manuel VALLS, « Oui, nous devons déverrouiller les 35 heures ». (le 02) -
Cela m’amuse beaucoup. Que va faire Martine AUBRY, la « dame des 35 heures », devant cet appel au meurtre de son enfant (politique) ? Le mannequin‐chef de cette vitrine reste silencieux. Mais pourquoi le rideau de leur magasin reste‐t‐il baissé ? Il n’y a plus de mannequins visibles de la rue, pourquoi ? Ils ont tous un rendez‐vous à Jarnac. Ségolène ROYAL avoue, dans Le Monde : « Depuis longtemps, au fond de moi, j'ai envie de succéder à François MITTERRAND par amour de la France, du peuple français, de son histoire, de sa culture ». A la sortie du cimetière de Jarnac, Martine AUBRY : « On est là pour rendre hommage à un homme. La politique, ce n'est pas de parler de soi, de parler de la façon dont on arrive au pouvoir, c'est d'abord de dire ce qu'on veut faire pour la France, de parler aux Français, de savoir ce qu'est la France et ce qu'elle a envie d'être ». Arnaud MONTEBOURG, un candidat rival pour la primaire, a été éclipsé par Ségolène ROYAL, en campagne lors de ce pèlerinage sur la tombe de l’ancien président. (le 08) - Depuis ses vœux sur les 35 heures, Manuel VALLS voit se lever une opposition parmi ses amis politiques, avec Benoît HAMON, le porte‐parole du PS, rejoint par Ségolène ROYAL. « Je n'accepte pas que l'on remette en cause la protection sociale ». (le 05) - Encore sur les 35 heures, mais dans le camp de la majorité, Xavier BERTRAND est en désaccord avec la stratégie de l’UMP, et de son chef Jean‐François COPÉ. François BAROIN, se range avec Xavier BERTRAND pour la suppression des 35 heures. L’UMP réagit en montant un groupe de travail dirigé par Hervé NOVELLI et Gérard LONGUET. (le 05) -
Le « coach » élyséen, prend le parti de la disparition des 35 heures, aux côtés de Xavier BERTRAND et de François BAROIN. Si des propositions sont faites, Nicolas SARKOZY installe deux garde‐fous : « Touche pas au pouvoir d’achat des salariés !… Touche pas à la compétitivité des entreprises ! ». (le 06) -
Il nous manque l’avis des Français. Non, nous l’avons via un sondage Harris Interactive pour L’Humanité. Les sondés sont 44% à se dire favorables à leur démantèlement. En cas de leur suppression, 56% envisagent une dégradation des conditions de travail. Et 30% estiment que cela créerait des emplois. (le 07) - Etonnant ! www.greliermichel.eu
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- Autre chose, il arrive que les affaires françaises et européennes se croisent. En juin 2010, le sauvetage budgétaire grec amène Nicolas SARKOZY à demander un rapport sur la gouvernance économique européenne. L’eurodéputée française du Parti populaire européen (PPE) Constance LE GRIP et le député national Henri PLAGNOL, tous deux de l’UMP, ont remis le travail demandé. Trois pistes essentielles. 1. Développer une convergence économique et fiscale de la France avec l’Allemagne, un programme d’investissements commun, et un emprunt conjoint. 2. Créer un « Trésor européen » pour gérer en commun les dettes souveraines des Etats membres vertueux de la zone euro. 3. Repenser en profondeur le budget de l’Union pour lui garantir des recettes pérennes et croissantes. L’Elysée souligne l’intérêt de ce travail et précise que ces propositions seront transmises au président du Conseil européen : Herman VAN ROMPUY. (le 06) -
Une information qui reste, momentanément, anecdotique dans notre concours « Elysée 2012 ». Le PCF a démenti des informations du journal Le Monde annonçant son ralliement à une candidature de Jean‐Luc MÉLENCHON. (le 07) -
Beaucoup plus sérieux, mais toujours triste : huit et deux font dix. C’est le nombre d’otages français dans le monde. Deux Français viennent d’être enlevés au Niger, mais le décompte des otages laisse à désirer. Nicolas SARKOZY, de la Martinique, parle de : « sept autres au Mali, deux autres en Afghanistan et deux autres en Somalie », soit un total de treize. - Il est cité par Associated Press, à 16h47. La même Associated Press, à 17h11, fait une liste de onze : les cinq au Mali, un en Somalie, deux en Afghanistan et le franco‐israélien Gilad SCHALIT à Gaza. Sans oublier les trois accompagnateurs afghans, le Togolais et le Malgache au Niger. - Dramatique ! La mort des deux otages français au Niger est annoncée. (le 08) - Le macabre décompte redescend à neuf Français. - Oui, mais qui est derrière la malheureuse intervention française ? La décision d’intervenir au Niger a été prise par Nicolas SARKOZY, François FILLON et Alain JUPPÉ. (le 09) -
Sans transition, pour reprendre une formule classique des JT, des liens militaires français et américains avec la Chine. Du côté des Etats‐Unis, le chef du Pentagone, Robert GATES part en Chine pour une visite de trois jours. Chez nous, un « fabuleux contrat » pour la fourniture, à partir de la mi‐2011… de près de 3.000 chevaux par le Cadre Noir de Saumur (le 08). www.greliermichel.eu
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Excusez du peu ! Mon cher monsieur EINSTEIN, pour finir cette semaine, je vous signale la parution aux Editions du Moment d’un livre de Dorothée MOISAN. Le Justicier, c’est son titre, explore les rapports de Nicolas SARKOZY et de la Justice quand il était ministre de l’Intérieur, en 2002. Il pratique alors l’influence ou le placement d’hommes à lui dans la magistrature : Yves BOT, Philippe COURROYE. Des pratiques qui n’ont pas cessé avec son arrivée à l’Elysée (le 08). www.greliermichel.eu
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Semaine 02 – du lundi 10 au dimanche 16 janvier 2011 Attention ! Un LE PEN peut en cacher une autre La France est restée observatrice des événements en Tunisie, elle a fait profil bas pour ne pas être accusée d’ingérence. Elle a été prise de court quand les troubles ont précipité le départ du président BEN ALI. Après une réunion d’urgence au sommet de l’Etat, Paris a décidé de lui refuser son hospitalité. (le 16 janvier) -
Bonjour Monsieur EINSTEIN, je vous en prie, installez‐vous. Merci. Puis‐je lire ce que vous écrivez ? Oui, et je tiendrai compte parfois de vos commentaires. Nicolas SARKOZY passe quelques heures à Washington, accompagné de Carla BRUNI, Michèle ALLIOT‐MARIE et Christine LAGARDE. Il déjeune avec Barack OBAMA. Au menu : la réforme du système monétaire international (SMI), la volatilité des prix des matières premières, la hausse des prix alimentaires. But du déjeuner pour Nicolas SARKOZY : tester ses « intuitions » auprès de son « grand ami » étatsunien. (le 10) -
Venons‐en au jeu de société entre amis socialistes, celui des « primaires ». Martine AUBRY a réuni tous les ténors qu’elle avait déjà rencontrés en tête‐à‐tête. Ségolène ROYAL était à cette réunion pour la première fois depuis la fin de 2008. Présents aussi : François HOLLANDE, Bertrand DELANOË, Laurent FABIUS, Henri EMMANUELLI ; Manuel VALLS aussi. - C’est décidé : la finale se déroulera les 09 et 16 octobre. Les candidats sont priés de se faire connaître entre le 28 juin et le 13 juillet. (le 11) Ségolène ROYAL en appelle au respect d’un code éthique et redit que le jeu des primaires devra être « transparent, honnête et incontestable ». (le 10) - Et pour la gestion de la vitrine de son magasin, que fait le mannequin‐chef ? Martine AUBRY dresse la feuille de route pour l’année 2011. Il faudra attendre mai pour connaître son projet « pour les 100 premiers jours, pour la législature et à l’horizon d’une décennie ». (le 13) -
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C’est un véritable marathon auquel elle se prépare. Pendant ce temps, dans l’échoppe à l’extrême‐droite, c’est le match « Marine vs Bruno » qui se prépare. Il aura lieu à Tours les 15 et 16 janvier. En jeu, le titre de champion(ne) de France du Front national (FN). Le vainqueur de la rencontre sera qualifié pour le marathon « Elysée 2012 ». Marine part favorite. Oui, monsieur Thomas. www.greliermichel.eu
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A 82 ans, après 38 années de présidence, Jean‐Marie LE PEN prend sa retraite. Va‐t‐il confier la gérance à sa fille, Marine, ou au cadre expérimenté, Bruno GOLLNISCH ? Pour en décider, il fait un appel direct à ses adhérents et sympathisants fidèles, environ 24.000. -
Quelques dates et faits à rappeler sur notre extrême‐droite. Le 05 octobre 1972, Jean‐Marie LE PEN et Ordre nouveau déposent les statuts du Front national (FN). Mai 1974, première candidature de Jean‐Marie à l’Elysée : 0,74% des voix. Septembre 1976, Jean‐Marie hérite des ciments Lambert. Juin 1984, Jean‐Marie recueille 11% des voix aux élections européennes, il entre au Parlement européen. Il sera ensuite réélu à toutes les consultations européennes. 13 septembre 1987 : le « point de détail de l’histoire de la deuxième guerre mondiale » : les chambres à gaz. 24 avril 1988, élection présidentielle, Jean‐Marie est à 14,4% des voix (4ème). 23 avril 1995, élection présidentielle, Jean‐Marie : 15% des voix. Juin 1999, débâcle du FN aux élections européennes : 5,69% des voix. 21 avril 2002, Jean‐Marie se qualifie pour le second tour de la présidentielle avec 16,86% des voix. 10 avril 2003, Jean‐Marie est déchu de son mandat de député européen par la Cour de justice européenne. 22 avril 2007, élection présidentielle, Jean‐Marie obtient 10,44% des voix. -
Marine est‐elle « l’héritière » ? C’est le portrait craché de son père, sa mère l’aurait surnommée « le clone ». Expansive, 42 ans, avocate de formation, elle a su se faire un prénom. Elle est conseillère régionale FN du Nord‐Pas de Calais et députée européenne. -
Elle dit d’elle‐même… « Je pense avoir le cuir dur, l'estomac bien accroché, avoir une vraie rectitude et une vraie cohérence de pensée politique ». (le 13) Le résultat du vote a fuité. C’est Marine qui devient la nouvelle présidente. Si cette fois on est passé par le vote des adhérents, Jean‐Marie LE PEN, lui, était élu par acclamations, comme le faisait l’antique Sparte. -
Est‐ce que Nicolas SARKOZY et la gauche pensent que Marine LE PEN est un danger ? Marine LE PEN pourrait fragiliser le score de Nicolas SARKOZY au premier tour et gêner le report des voix au second. Elle pourrait rejouer le scénario « à la Jospin » d’avril 2002. Qui en serait la victime cette fois ? (le 14) Résultats officiels du vote des 22.403 inscrits. 17.127 ont voté, donnant 67,65% à Marine LE PEN et 32,35% à Bruno GOLLNISCH. (le 16) -
Certains, maintenant, vont dire qu’elle fait figure d’épouvantail pour le www.greliermichel.eu
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marathon « Elysée 2012 ». Possible. Quelques informations pour les citoyens‐contribuables français. La France aura un « Défenseur des droits ». Elle perdra à cette occasion son « Médiateur de la République », son « Défenseur des enfants », sa « Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) », sa « Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) », et son « Contrôleur général des lieux de privation de liberté ». (le 11) -
Est‐ce un problème ? Oui, car les autorités administratives supprimées étaient indépendantes quand le « Défenseur des droits » sera nommé par le président de la République. Oui aussi car la CNDS était la bête noire des syndicats de police. Oui enfin, car il y a là une vraie réduction de nos libertés individuelles. L’année 2010 de l’Etat « France » s’achève sur un déficit budgétaire de 148,8 Mia euro. -
Que représente ce déficit français par rapport au budget total de l’UE‐27 ? Ils sont du même ordre, autour de 140 Mia euro. Il faudra attendre la fin mars 2011 pour connaître le déficit public. L’Etat a dépensé 422,5 Mia euro, ses recettes totales sont de 273,7 Mia euro. (le 14) Pour 2010, la croissance de l'économie allemande s'est élevée à 3,6%, un niveau record depuis la réunification. Cette croissance a été tirée par des exportations vigoureuses et par un regain de la consommation intérieure. Le déficit public de l'Allemagne en 2010 a atteint 88,6 Mia euro, soit 3,5% du PIB. (le 12) - Pourquoi écrivez‐vous euro au singulier, même quand il y en a des milliards ? - Parce que notre pays a fait des choix nationaux lors de l’arrivée de la monnaie unique. Nous sommes pratiquement les seuls à parler de centimes d’euro quand ailleurs on utilise « cent ». Les Français ont choisi, et imposé, d’écrire « un euro, des euros ». Soit, mais sortez de votre porte‐monnaie un billet de 5, 10 ou 20… Que lisez‐vous ? - Euro sans « s ». - En fait, le nom d’une monnaie est neutre. C’est le choix que j’applique. Quand à « Mia » pour milliard et « Mio » pour million, ce sont des commodités d’écriture. Autre sujet, à droite : le sort des 35 heures. Jean‐François COPÉ défend le droit de l’équipe UMP de débattre de tous les sujets. (le 12) Et Nicolas SARKOZY les fustige à nouveau. Il invite à « réhabiliter le travail » ; « Le travail n'est pas une aliénation, c'est le chômage qui est une aliénation. On ne peut pas travailler moins dans un monde qui avance à une vitesse stupéfiante ». (le 13) -
Le président encore. Les remèdes prescrits pour sortir de la crise sont : ne pas défaire l’euro, aller vers un gouvernement économique de la zone euro, aller vers l’intégration des politiques économiques de ses membres. Pour rapprocher les fiscalités allemande et française, il faut baisser nos déficits publics. Cela passe par la maîtrise des dépenses et par la réduction des niches fiscales. L’objectif de Nicolas SARKOZY à terme est d’inscrire dans notre www.greliermichel.eu
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Constitution la fixation d’un objectif de retour à l’équilibre des finances publiques. (le 13) -
Que devient François FILLON ? Notre Premier ministre depuis mai 2007 vient de faire sa première visite officielle en Grande‐Bretagne. David CAMERON l’a reçu au 10, Downing Street. Le Britannique est resté poli lors de ses propos sur l’euro. (le 13) -
Une information beaucoup plus triste, hélas, pour terminer cette semaine. Les deux jeunes nordistes, otages au Niger, étaient entravés quand ils ont été tués. (le 13) www.greliermichel.eu
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Semaine 03 – du lundi 17 au dimanche 23 janvier 2011 889.200 visiteurs pour Claude MONET -
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Bonjour Monsieur EINSTEIN. Déjà là ? Oui, j’ai repéré que vous écriviez chaque lundi matin. Alors, j’ai décidé de venir vous voir en fin de matinée. Est‐ce que cela dérange ? J’ai déposé différentes choses comestibles à la cuisine pour quand nous aurons fini. Soit, mais laissez‐moi faire ce travail sans me perturber. Cela demande de la concentration et de manipuler quelques feuilles de papier. Puisque vous êtes là, vous pouvez me passer la pile de lundi ? D’accord. Merci. Puisque nous sommes amenés à nous voir régulièrement, moi c’est Michel et vous c’est Thomas. D’accord ? D’accord. Alors, Thomas, regardez comme pour son marathon « Elysée 2012 », Nicolas SARKOZY soigne l’Europe verte. Parmi ses vœux au monde agricole : rendre le secteur plus compétitif et lui permettre de faire face à la concurrence de pays comme l’Allemagne, surtout en Alsace où il était. Et Nicolas SARKOZY s’opposera à toute baisse du budget alloué à la PAC. Depuis mars 2010, c’est sa huitième intervention sur l’agriculture et la ruralité. (le 18 janvier) -
Manifestement, Nicolas SARKOZY cherche à reconquérir un électorat rural. Et d’autres « marathoniens » soignent leur préparation. Jean‐Luc MÉLENCHON, « le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas » selon ses propres dires, va proposer sa candidature au Parti de gauche dont il est le président. Il la proposera ensuite au Parti communiste et au Nouveau parti anticapitaliste (NPA) car il ambitionne d’être leur candidat unique. Olivier BESANCENOT n’est pas d’accord. (le 21) -
Chez les « marathoniens » socialistes. Ségolène ROYAL est venue prononcer un bref discours dans le Pas‐de‐Calais, à Bully‐les‐
Mines. Elle y a dit vouloir refonder notre république sur la solidarité et la résistance. -
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Il est bon d’observer qu’à cette occasion, elle a joué un coup triple. 1. Son discours fut prononcé dans le complexe sportif Pierre MAUROY qui reste un modèle de socialiste historique. 2. Bully‐les‐Mines est à une cinquantaine de kilomètres du beffroi lillois de Martine AUBRY. 3. Bully‐les‐Mines est à une vingtaine de kilomètres du fief héninois (Hénin‐
Beaumont) de Marine LE PEN. C’est ce qui s’appelle occuper le terrain sur les orteils de ses concurrentes. Chez les Verts, il y des « primaires » aussi. Une candidate s’est déclarée, Eva JOLY ; l’autre hésite, Nicolas HULOT. (le 23) www.greliermichel.eu
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Revoilà le Défenseur de nos droits. A l’Assemblée nationale, les députés ont approuvé (303 pour – UMP et Nouveau Centre ‐) la création du « Défenseur des droits ». 211 députés ont voté contre (groupes socialiste, radical et citoyen, comme la gauche démocrate et républicaine, le Parti communiste et les Verts). (le 18) -
Si les députés se décident rapidement sur certains dossiers, d’autres sont proches de l’enterrement discret. La libéralisation du rail pour les voyageurs nationaux fait partie des dossiers qui avancent lentement, parce qu’il est sensible. Les enjeux sont connus par l’ensemble des professionnels : la qualité et le financement des infrastructures, le schéma de délégation de pouvoir, la tarification de l’accès et de la maintenance du réseau, le statut social et la reprise des personnels de la SNCF, le rôle de l’Etat et des collectivités locales… Manifestement la lenteur évoquée est avant tout un choix politique. L’une des conséquences de l’absence de choix politique est le mauvais état du réseau ferroviaire français. Au plan européen, le transport ferroviaire est totalement libéralisé pour le fret et le transport international de voyageurs. (le 18) -
Parmi les événements divers de la semaine. Louis‐Ferdinand CÉLINE, prix Renaudot en 1932, est décédé en juillet 1961. Son nom figurait dans le bottin des grands hommes français de l’année 2011. Frédéric MITTERRAND a souligné son apport à l’histoire de la littérature, avant de déclarer qu’ayant mis sa plume au service d’une idéologie répugnante, l’antisémitisme, il ne pouvait s’inscrire dans une célébration des valeurs de la Nation et de la République. Il n’y aura donc pas de 50ème anniversaire de la mort de Louis‐Ferdinand CELINE. (le 21) - Et pour terminer cette semaine, un chiffre : 889.200. - De quoi s’agit‐il ? C’est le nombre total de visiteurs entre le 22 septembre 2010 et le 23 janvier 2011 (18h00) qui se sont pressés à la rétrospective Claude MONET au Grand‐Palais à Paris. C’est un probable record de fréquentation. Lors d’un procès imaginaire pour « atteinte à la sûreté du Beau », le peintre a été condamné « à hanter encore longtemps les musées du monde entier de sa lumière ». (le 23) www.greliermichel.eu
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Semaine 04 – du lundi 24 au dimanche 30 janvier 2011 Des « usines à gaz » rose et verte -
Mon cher Michel, je suis bien assis, quel est le programme de cette semaine ? Mon cher Thomas, vous allez avoir du Nicolas SARKOZY, vous allez retrouver notre jeu de société des « primaires » et le marathon « Elysée 2012 », et Jean‐Luc MELENCHON. Commençons par notre Président. Lundi 24 janvier, conférence de presse présidentielle à l’Elysée. Des ambassadeurs en poste à Paris côtoyaient 300 journalistes dont la moitié de correspondants étrangers, sans oublier une dizaine de ministres. Parmi les points à l’ordre du jour : tenter de réduire l’« instabilité du non‐système monétaire international » avec l’Allemagne et le Mexique ; tenter de réduire la « volatilité des prix des matières premières » avec la Russie -
Ce sont deux travaux d’Hercule auxquels s’attaque Nicolas SARKOZY. Il va s’employer à les réaliser comme président du G‐20 cette année. Ces deux travaux seraient‐ils insuffisants ? C’est vrai puisqu’il en ajoute deux autres. Une « taxe sur les transactions financières » contre la spéculation et pour financer le développement des pays les moins favorisés, ainsi qu’un « socle de protection sociale universelle ». -
Thomas, le logo de la présidence sarkozyenne pour le G‐20 est une tour Eiffel tricolore avec le slogan « Nouveau monde, nouvelles idées ». Y a‐t‐il eu des réactions à sa conférence de presse ? Oui. De gauche d’abord. Des socialistes cherchent, sans les trouver, les « grandes ambitions de Nicolas SARKOZY ». Les Radicaux de gauche relèvent une contradiction entre les projets globaux pour le G‐20 et la politique menée en France, surtout dans le domaine social. Le PCF conteste la représentativité et la légitimité des G‐8 et G‐20. Lutte ouvrière voit en Nicolas SARKOZY « un loup qui veut se faire passer pour un agneau ». - Et de la majorité présidentielle. Pour Jean‐François COPÉ : « un cap ambitieux », « des pistes innovantes, réalistes et crédibles ». -
C’est un coup d’encensoir politiquement bien naturel. Attac réclame une volonté politique plutôt qu’une « énième étude ou nouveau rapport ». Oxfam France demande que ce pays, la France, montre l’exemple. (le 24) -
Toutes ces réactions sont classiques et très prévisibles. www.greliermichel.eu
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A Saint‐Nazaire, Nicolas SARKOZY, que l’on surnomme parfois « l’obsédé des usines », est venu lancer la filière éolienne off‐shore française. (le 25) -
Est‐on encore dans la période des vœux présidentiels ? A l’occasion de la signature d’une lettre d’intention pour la construction de deux navires de guerre, il exprime sa « gratitude » à la Russie. (le 25) -
Piquerait‐il du vocabulaire à Ségolène ROYAL ? Et une passe d’armes entre Nicolas SARKOZY et la Commission européenne. Encore une ? Celle‐ci concerne la fluctuation des cours agricoles et la spéculation. Nicolas SARKOZY exprime de vives critiques sur la spéculation, coupable de la volatilité des prix agricoles. La Commission lui répond qu’il existe plusieurs hypothèses pour expliquer ces fluctuations. Elle a même préparé une communication qui devait être publiée ce 26 janvier mais qui est reportée. Nicolas SARKOZY recommande une date pour la publier : « le 01 avril ». (le 25) Bruno LE MAIRE soutient Nicolas SARKOZY contre la Commission européenne sur la spéculation et les prix alimentaires volatils. Pour lui, ce que fait la Commission européenne, c’est « débattre autour du sexe des anges ». (le 26) Sur le même sujet, Jean QUATREMER indique que le document bruxellois, qui n’était que préparatoire, avait « fuité » par l’AFP la veille de la conférence de presse. L’entourage de José Manuel BARROSO est bien embêté car cela donne l’impression de glisser une peau de banane sous les pieds de Nicolas SARKOZY. (le 26) -
Partons en Suisse… A Davos, Nicolas SARKOZY met en garde contre « trois grands risques pour 2011 » : les « dettes souveraines », les « déséquilibres monétaires et financiers », et la « volatilité extrême du prix des matières premières ». (le 27) -
C’est quoi Davos ? C’est le sommet annuel grands patrons de multinationales/chefs d’Etat, en Suisse. Les chefs d’entreprise y sont 1.400, les chefs d’Etat plus de 30, sans oublier 8 présidents de Banque centrale. C’est le 41ème Forum économique mondial. - Ce Forum de Davos est une sorte d’interface plus informelle avec le G‐20. Le Russe Dmitri MEDVEDEV a prononcé le discours inaugural. Il a demandé aux investisseurs de ne pas s’effrayer suite à l’attentat dans le plus grand aéroport de Moscou, il a donné les raisons pour lesquelles les investisseurs doivent continuer à s’intéresser à son pays. Il reconnaît que les critiques sont parfois méritées, qu’il veut bien recevoir des conseils amicaux, mais pas qu’on lui fasse la leçon. La Chine et l’Inde ont envoyé leur plus importante délégation à Davos. Il faut cesser de www.greliermichel.eu
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qualifier la Chine de pays « émergent ». Le premier employeur d’Europe est d’avis que les marchés de l’emploi les plus prometteurs sont en Asie, et il ajoute qu’en termes de croissance quantitative, l’Occident ne peut pas faire grand‐chose. Lars OLOFSSON est le patron de… Carrefour. (le 26) -
Thomas, cette information concerne directement Nicolas SARKOZY. L’Union pour la Méditerranée (UpM) a été lancée en 2008 à Paris, la veille du 14 juillet. Elle regroupe 43 pays dont l’UE‐27, la Turquie, Israël, et les pays arabes riverains. L’UpM a son siège à Barcelone parce qu’aucun des pays de l’autre rive ne l’a voulu chez lui. Le conflit israélo‐palestinien bloque son évolution, rendant même impossible la tenue de son 2ème sommet prévu se tenir en juin 2010. Au bout d’un an, son secrétaire général démissionne. Ahmad MASSA’DEH est jordanien. (le 27) -
Ce sont d’étranges nouvelles pour un projet « sarkozyen » qui a du plomb de gros calibre dans l’aile. Et inquiétantes. Plus réjouissantes sont les nouvelles du jeu entre amis socialistes, leurs « primaires ». Dans l’organigramme socialiste, il y avait un comité technique restreint, un Comité national d’organisation des primaires (CNOP), et voici qu’arrive une « Haute autorité » chargée de trancher les litiges et de valider les résultats. Pour pouvoir s’exprimer, les sympathisants socialistes devront verser un euro minimum, signer une charte d’adhésion aux valeurs de la gauche (non encore rédigée), et signer la « charte éthique » de la campagne. Pour 178.000 militants (chiffre d’octobre 2010), le PS a pour objectif de mettre en place 10.000 bureaux de vote tenus par 60.000 à 80.000 sympathisants pour accueillir au moins un million de votants. - Etapes suivantes et difficultés rencontrées. Constituer une liste électorale à jour et une carte des bureaux de vote. Comment sécuriser les transmissions des résultats ? SMS ou communications téléphoniques sécurisés ? Combien cela‐t‐il va coûter ? Quel plafond des dépenses ? Les fonds personnels autorisés ou non ? Quid des frais de campagne et de pré‐campagne pour les candidats ? (le 25) -
Oh ! La belle « usine à gaz » toute rose. Chez les Verts aussi, des « primaires » auront lieu les 24 juin et 09 juillet. Sur les rangs Eva JOLY, la favorite, Yves COCHET et Nicolas HULOT restent possibles. (le 30) -
Oh ! La belle « usine à gaz » toute verte. As‐tu d’autres choses sur le marathon « Elysée 2012 » ? Oui, et revoilà Jean‐Luc MELENCHON. Jean‐Luc MÉLENCHON a pris pour cible privilégiée Dominique STRAUSS‐KAHN. www.greliermichel.eu
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Dans la « primaire » du Front de gauche, les candidats sont Jean‐Luc MÉLENCHON du Parti de gauche, André CHASSAIGNE et André GERIN du PCF, Maxime GREMETZ, apparenté au PCF. (le 26) -
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Y aurait‐il aussi une « usine à gaz » toute rouge ? Et les progrès en intentions de vote et en bonnes opinions de Jean‐Luc MELENCHON vont‐ils amener la gauche à sortir de leurs archives… la machine à perdre de 2002 ? Je ne sais pas anticiper une telle situation. Il y a manifestement un lien qui s’installe entre les élections cantonales des 20 et 27 mars et le marathon « Elysée 2012 ». Le PS considère les cantonales comme un tremplin pour sa reconquête du pouvoir. Il y a plus de 110 conseils généraux en France. Le PS détient la majorité dans une soixantaine et espère en conquérir quelques autres. Martine AUBRY a annoncé que le thème de la campagne du PS pour ces cantonales serait le « bouclier territorial » contre la majorité nationale de droite. (le 30) -
Thomas, avant de passer à un autre sujet, j’ai encore quelque chose sur Jean‐Luc MELENCHON. J’écoute. Le 21 décembre 2010, j’avais parlé de l’affrontement Jean QUATREMER/Jean‐Luc MÉLENCHON par blogs, buzz et internet interposés. Après Cuba, leur nouveau sujet de « haine » est la Biélorussie et le refus de Jean‐Luc MELENCHON de voter une résolution du Parlement européen demandant des sanctions ciblées contre certains de ses dirigeants. Devant les insultes proférées, Jean QUATREMER fait une mise au point détaillée. Il y est même question de poursuite en diffamation. (le 25) -
Par curiosité, j’ai voulu vérifier les propos de Jean QUATREMER quant à l’activité de Jean‐Luc MÉLENCHON comme député européen. Il existe un site internet qui compare les activités de tous les eurodéputés (ils sont 736) : www.votewatch.eu . Avec 61,45%, son taux de présence aux séances plénières place Jean‐Luc MÉLENCHON en 722ème place ex‐aequo avec Marine LE PEN et un eurodéputé italien. Il bat quand même Rachida DATI (728ème) et Philippe de VILLIERS (735ème). - C’est pas vrai ! Autre chose ? - Oui, un retour en France pour du sérieux, et quelques anecdotes. Fin décembre 2010, 2.725.200 personnes pointaient au chômage dans la catégorie A. C’est le niveau le plus élevé depuis mars 2000. Si l’on ajoute les catégories B et C, le chiffre s’établit à 4.051.700 personnes en métropole. Avec les départements d’Outre‐mer, les trois catégories confondues, on est à 4.309.500 personnes. (le 26) -
La marée continue de monter en France pour le non‐emploi, le chômage si vous préférez ce mot. A quoi correspondent les catégories A, B et C ? D’accord, je me renseigne. www.greliermichel.eu
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… - Renseignements pris, il y a d’abord trois définitions de ce qu’est un « chômeur ». Pour l’Organisation internationale du travail (OIT), c’est un individu qui appartient à la population active, qui n’a pas d’emploi, et qui en cherche un activement. Pour Eurostat et l’INSEE, est chômeur une personne en âge de travailler (16 ans ou plus) qui est sans emploi, c’est‐à‐dire ne pas avoir travaillé, même une heure, pendant une semaine de référence, qui est à la recherche active d’un emploi, et qui est disponible dans les quinze jours. Pour « Pôle Emploi » et le gouvernement français quand il communique les chiffres du chômage, est chômeur tout individu qui est inscrit à Pôle Emploi comme « demandeur d’emploi ». - Vous devinez que ces notions se chevauchent et que les chiffres qui en ressortent ne sont pas cohérents. Et rajoutons une couche administrative. A Pôle Emploi, il y a cinq catégories d’inscrits. A. Les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi. B. Les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (78 heures ou moins au cours du mois). C. Les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois). D. Les demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie, etc., sans emploi. E. Les demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (les bénéficiaires de contrats aidés par exemple). - Cela me suffit, j’ai compris. - Autre information, sur les conflits d’intérêt dans la vie publique française. Il s’agirait (c’est un conditionnel) de promouvoir une véritable culture de la déontologie dans la vie publique française. Et pour cela, Nicolas SARKOZY a demandé la préparation d’un projet de loi à François FILLON. -
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Je ne vous ennuierai pas avec la définition du conflit d’intérêt. Sachez que 4.000 personnes environ sont potentiellement concernées, mais pas les députés ni les sénateurs. Ouf ! Je suis rassuré pour eux. Puis‐je me permettre cette boutade : quand le monstre du Loch Ness fait des cabrioles, cela provoque des vagues. Et les vagues c’est ce que détestent ceux qui ont des intérêts un peu obscurs à protéger. Le score définitif pour Claude MONET est de 913.064 visiteurs. (le 25) - Voilà une vraie bonne nouvelle. - Oui, Thomas. Dites‐moi, depuis tout à l’heure, je tourne mes phrases pour n’utiliser ni le tutoiement ni le vouvoiement. Peut‐on convenir que dorénavant entre nous, c’est le « tu » qui www.greliermichel.eu
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l’emporte ? Tu as raison. www.greliermichel.eu
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Semaine 05 – du lundi 31 janvier au dimanche 06 février 2011 La fête à MAM (Michèle ALLIOT‐MARIE) Comment pourrions‐nous appeler cette semaine autrement que « la fête à MAM » ? Tu veux quelque chose de plus léger ? Carla BRUNI‐SARKOZY n’a jamais voté pour la gauche en France, alors qu’elle l’avait fait en Italie Elle ne se sent « plus vraiment » appartenir à cette famille politique. -
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Mais rassure‐toi. Elle sera derrière Nicolas SARKOZY s’il se représente en 2012. Pour elle, « la politique reste un monde difficile. Ce ne sera jamais mon métier, je n’en ferai jamais ». -
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Et maintenant allons‐y : les vacances tunisiennes d’une ministre de la République, la ministre des Affaires étrangères : Madame Michèle ALLIOT‐MARIE. Qu’est‐ce que tu prends comme précautions. Il me vient une formule : « le ridicule ne tue plus – la ministre ‐, mais beaucoup en sont atteints – ses électeurs ‐ ». Je te laisse ta formule, et voici des faits. C’est en pleine révolte populaire, commencée le 17 décembre 2010, que Michèle ALLIOT‐
MARIE (MAM) a passé le réveillon de Noël en Tunisie avec ses parents et son compagnon Patrick OLLIER. Elle assure avoir payé son séjour. Le trajet entre l’aéroport de Tunis et Tabarka, lieu du séjour, a été fait dans un jet privé de la compagnie Nouvelair appartenant à Aziz MILED et Belhassen TRABELSI (beau‐frère de BEN ALI). MAM assure qu’Aziz MILED, un ami de longue date, ne faisait pas partie du clan Ben Ali ; il fait pourtant partie des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs. -
En cette occasion, j’apprécie l’image des vitrines politiciennes de ton collègue allemand. Cet épisode peut s’appeler « le mannequin‐ministre dans les oasis » Qu’en est‐il de la voiture officielle et de l’escorte qui les attendaient à l’arrivée à Tabarka ? (le 01 février) -
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Je suis étonné par la complaisance de ses amis politiques et par la prudence de ses adversaires face à une telle pratique. MAM est depuis longtemps ministre de notre République. Attends Thomas, la situation va devenir d’une gaminerie avancée. Quand l’opposition demande sa démission, MAM peut rester ministre après avoir fait son mea culpa et après avoir promis de ne pas recommencer. Et l’affaire est close. C’est le porte‐parole du gouvernement lui‐même, François BAROIN, qui le déclare. Ce sont les ministères des mêmes qui ont signé, le 12 janvier 2011, des autorisations de livraison de grenades lacrymogènes aux autorités tunisiennes. (le 03) www.greliermichel.eu
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Quand je dis les mêmes, je parle bien de MAM et de François BAROIN. MAM annonce que les avoirs d’Aziz MILED ne sont pas gelés par l’Union européenne. C’est pour elle la preuve que son ami de longue date n’appartenait pas au clan Ben Ali. -
Mais Aziz MILED reste‐t‐il sur la liste suisse ? Et un premier élément tragi‐comique de la situation. Selon l’historique des vols du même jet, il a été utilisé le 14 janvier pour un aller simple Tunis‐Cagliari, en Sardaigne. Le 14 janvier, c’est le soir de la fuite de BEN ALI. La destination finale du vol reste inconnue. -
Second élément tout aussi tragi‐comique. En octobre 2010, le même jet à fait un Tunis‐Biarritz et un Biarritz‐Paris. Biarritz est l’aéroport le plus proche de Saint‐Jean‐de‐Luz, le fief de MAM. Si MAM, qui était là‐bas, n’a pas utilisé l’avion, serait‐ce Aziz MILED lui‐même qui aurait été l’invité de la famille. (le 04) -
Mais pourquoi faut‐il découvrir ces réalités en mille épisodes ? Ce n’est pas un mais deux vols en jet privé que MAM a effectués en Tunisie. Le second a été effectué le 29 décembre 2010, un aller‐retour entre Tabarka et Tozeur, dans le grand sud tunisien. Il apparaît aussi que le fameux jet, enregistré au nom de la compagnie Karthago Airlines, appartient plus à Belhassen TRABELSI qu’à Aziz MILED. (le 05) -
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Pour moi, tout ce que tu dis, toutes ces infos découvertes péniblement les unes après les autres, cela s’appelle – pour un enfant – lui « tirer les vers du nez ». En voilà assez, changeons de sujet. Plaisant ou sérieux ? Sérieux, s’il te plaît. Sais‐tu que… En France, pour les élections cantonales. Les députés socialistes vont défendre un « bouclier rural » sur les services publics, sur l’économie ou sur la modernisation des structures agricoles. -
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Et que lors de ces élections, la moitié des sièges de conseillers généraux sera renouvelée dans tous les départements. Les nouveaux conseillers généraux seront élus pour trois ans et non six comme jusqu’à présent, afin que leur mandat s’achève en 2014, date de la mise en place des nouveaux conseillers territoriaux qui siègeront également à la région. Tu n’as rien sur notre marathon « Elysée 2012 » ? Si. Chez les Verts, on respecte scrupuleusement les traditions. Le Conseil fédéral vote le 28 janvier pour des primaires en septembre, « dans la précipitation » selon Cécile DUFLOT, la secrétaire nationale. Ce vote est annulé. Un second vote, qui donne une « infinie tristesse » au président du Conseil fédéral, Philippe MEIRIEU, dit que le vainqueur du scrutin par correspondance sera déclaré le 24 juin ou le 09 juillet 2011. www.greliermichel.eu
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Eva JOLY reste favorite, Yves COCHET est challenger, en attendant… HULOT (Nicolas). (le 01 février) Jean‐Luc MELENCHON pratique un chantage vis‐à‐vis du PS en s’appuyant sur ses électeurs de l’autre gauche qu’il estime à 12‐15%. Alors qu’il n’est que candidat potentiel du Front de gauche, il estime que si DSK – « le FMI, c’est lui ! » ‐ arrive au second tour de la présidentielle, « on va au désastre ». (le 05) -
Et j’ai deux choses sur le jeu des « primaires » au PS. Pierre JOXE et Robert BADINTER ne feront pas partie de la Haute autorité qui supervisera les primaires socialistes. Par contre l’avocat Jean‐Pierre MIGNARD en sera avec Mireille DELMAS‐MARTY, docteur en droit et professeur au Collège de France. Le troisième membre sera Rémy PAUTRAT, ancien conseiller de Michel ROCARD, ancien préfet de l’Essonne, de Basse‐Normandie et du Nord‐Pas de Calais. (le 02) François HOLLANDE annonce sa candidature aux « primaires ». Pour rendre l’information moins simple, il la conditionne à sa réélection comme président du Conseil général de Corrèze, qui ne tient qu’à un siège. (le 06) www.greliermichel.eu
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Semaine 06 – du lundi 07 au dimanche 13 février 2011 Deux eurodéputés français fantômes Lundi matin, je suis à ma table de travail depuis une bonne heure. Thomas EINSTEIN est arrivé il y a une vingtaine de minutes et s’est installé près de moi, très calme et silencieux. - Il est habituel de commencer par l’information qui paraît la plus importante, et ce sont deux informations de la dimension européenne qui me semble dominer la semaine. - Oui. Quelle est la première ? Il manque deux eurodéputés français à Strasbourg et à Bruxelles. Les Traités de Lisbonne nous en attribuent 74 depuis le 01 décembre 2009, quand nous en avions 72 avant. - Qui sont, ou plutôt qui seront ces deux élus ? - Je ne pense pas que le mot « élus » soit opportun. Le mot « désignés » serait plus adapté. - Pourquoi ? Le 26 janvier, Jean TIBERI (député UMP) est devenu le rapporteur sur le sujet. - Et nous n’avons ni candidats ni calendrier. - Inquiétant, que s’est‐il passé ? Le 23 juin 2010, les 27 Etats membres ont adopté un protocole aux Traités de Lisbonne qui donne les mesures transitoires pour que l’effectif du Parlement européen soit correct à la fin de la législature, passant de 736 aujourd’hui à 751 en juin 2014. Ce protocole est en cours de ratification dans les Etats, celle de la France est attendue en mai 2011. Il faut attendre la fin de cette procédure pour désigner officiellement nos deux eurodéputés supplémentaires. - Attention ! Qui seront les candidats ? Ce sont des députés nationaux intéressés qui seront présentés par les groupes politiques, par paquet de quatre, et en respectant la parité. (le 07 février) -
Ce qui veut dire que nos prochains eurodéputés auront été élus ailleurs, pour autre chose, et ensuite désignés. Madame Démocratie, Mademoiselle Marianne, n’auriez‐vous pas pris un coup de froid tricolore ? Bilan de la situation : la France est le dernier des 27 à statuer sur la désignation de ses nouveaux eurodéputés. Faut‐il être plus clair ? Non. Et la seconde information ? Elle permet de comparer, sous un certain angle, l’application des systèmes « démocratiques » français et européen. Combien de rumeurs ont couru sur les invitations et les cadeaux extraordinaires reçus par www.greliermichel.eu
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les commissaires ou les députés européens. Toutes sont aussi fausses ou fantaisistes les unes que les autres. Si MAM avait eu des responsabilités semblables aux leurs, elle aurait dû faire ses valises. -
Y a‐t‐il eu un précédent dans cette dimension européenne ? Oui, à la Commission européenne, du temps de Jacques SANTER et Edith CRESSON. C’était en mars 1999. Depuis il existe un code de bonne conduite qui lie les commissaires européens. (le 10) Il a été présenté par José Manuel BARROSO aux parlementaires européens. Pas d’invitations dépassant les normes « de l’usage diplomatique et de la courtoisie ». Pas de cadeaux de plus de 150 euro. Pas de nuit d’hôtel dépassant 300 euro. Pas de vols sur des avions privés. Pas d’usage irrégulier d’une voiture de fonction avec chauffeur. (le 11) -
Il y en a même qui trouvent que ce n’est pas suffisant. Les eurodéputés se réjouissent de l’obligation faite aux commissaires européens – et à leur époux ou épouse – de déclarer l’intégralité de leurs revenus et de leurs biens. (le 11) -
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Ce sont les ministres français qui vont faire une drôle de tête, et peut‐être même le président de la République. Tu sors du code, tu fais ta valise ! Est‐il vrai que, depuis l’affaire SANTER/CRESSON, une lettre de démission signée par chaque commissaire est dans le coffre de José Manuel BARROSO ? Et que, le cas échéant, il peut la sortir, la dater et la faire exécuter ? Je ne peux pas l’affirmer, mais cela m’avait été rapporté pour la précédente Commission européenne, déjà présidée par José Manuel BARROSO. Pourquoi estimes‐tu que cette information est importante ? Certains Européens ne comprennent pas ce qui se passe en France et critiquent le laxisme apparent dont nous faisons preuve. Il suffit de parcourir les informations suivantes pour les comprendre. MAM se rend compte, au mois de février 2011, que « des gens ont été choqués » par ses déplacements de fin décembre 2010 en Tunisie. Elle reconnaît : « C’est vrai qu’on est ministre 24 heures sur 24, ceci dit, vous comprendrez qu’avec le rythme que nous avons, de temps en temps on a besoin de se poser ». Le samedi 05 février, MAM avait lâché : « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des Affaires étrangères ». (le 07) -
Elle sait aussi être ridicule. « Il n’est pas question que je remonte dans un avion, quelles que soient les circonstances, tant que je serai ministre ». (le 07) -
J’imagine une ministre des Affaires étrangères qui ne circulerait qu’en train, bateau, voiture ou à bicyclette. O tempora ! o mores !, disait Cicéron dans les pages roses de notre dictionnaire familial. « Je voudrais dire à Michèle tout mon soutien. Elle a le soutien du président de la République www.greliermichel.eu
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et du Premier ministre », dixit François FILLON devant les députés UMP. Et les députés ont applaudi MAM sur demande du chef du groupe, Christian JACOB. (le 08) -
Est‐ce que l’information précise si la « claque » de service l’a fait lors d’une « standing ovation » ? Le même jour, François FILLON admet avoir été « hébergé par les autorités égyptiennes » lors de ses vacances de fin d’année 2010. Matignon fait une mise au point préventive. François FILLON, le Premier ministre, était invité par les autorités égyptiennes. Il s’est rendu à cette invitation. Il a utilisé un Falcon de l’Escadron de transport ETEC pour se rendre de France à Assouan. (le 08) -
Matignon, ce sont bien les services du Premier ministre, les services de François FILLON ? Oui. Et tout paraît normal, mais est‐ce qu’on n’oublierait pas quelque chose ou quelques‐uns ? Mais oui ! Madame FILLON, une citoyenne française comme toi et moi, et les enfants FILLON, de simples citoyens français, étaient du voyage. Et voilà poindre l’ambigüité. Les autorités égyptiennes avaient‐elles invité la famille FILLON ou le Premier ministre de la République française. Et tout change. Nous pourrions nous interroger sur la tarification d’un appareil de la République pour une utilisation semi‐publique et semi‐privée. Matignon ajoute : « Lors de ce voyage, le Premier ministre a rencontré le président MOUBARAK, le 30 décembre 2010, à Assouan ». (le 08) -
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Michel, j’ai une question impertinente. MAM en Tunisie, FILLON en Egypte. Il faut vite déclencher une enquête pour savoir quelle fut leur influence dans les événements qui s’y sont déroulés après leurs vacances de Noël. Et Nicolas SARKOZY, lui, a‐t‐il dit quelque chose ? Oui, lors de sa rencontre avec des Français à la télévision, à propos des voyages en Tunisie et en Egypte : « Pas un centime d’argent public n’a été détourné. La politique étrangère de la France n’a été impactée ni par l’un ni par l’autre de ces déplacements ». (le 10) -
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On reste en droit de s’interroger sur cette utilisation généreuse de l’argent public. Et je suis de ceux qui doutent que l’image de la diplomatie française n’ait pas été impactée. Pour terminer sur ce sujet. Le Premier ministre est en voyage officiel en Arabie saoudite. Lors d’une conférence de presse, François FILLON rappelle les nombreux voyages en Egypte de François MITTERRAND et de Jacques CHIRAC, celui de Nicolas SARKOZY, tous faits à l’invitation de Hosni MOUBARAK. (le 12) -
Madame FILLON et les enfants FILLON n’étant pas de ce voyage, c’était donc un vrai voyage officiel dans la plus stricte tradition politique nationale. Et l’autre, celui en Egypte, c’était quoi alors ? www.greliermichel.eu
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Je ne te répondrai pas là‐dessus. Retrouvons « MAM, la tunisienne » ! Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Ahmed OUNAIES, ne sera resté en fonction que du 27 janvier au 13 février 2011. Il a dû démissionner. (le 13) Ahmed OUNAIES avait ulcéré nombre de ses compatriotes en déclarant que sa rencontre à Paris avec MAM était « un rêve devenu réalité ». Et plusieurs centaines de fonctionnaires de son ministère s’étaient mis en grève. (le 13) -
Déclaration inopportune, déclaration maladroite quand tu nous tiens. A propos l’un, le tunisien, a démissionné « vite fait » ; l’autre, la française, est toujours en place, couverte par sa hiérarchie. Est‐ce normal ? Seule la réalité n’est pas inopportune ni maladroite. Quittons ces turpitudes pour les jeux des « primaires ». Un sondage d’opinion place Nicolas HULOT bien devant Eva JOLY, que ce soit chez les Français (61‐30) en général et chez les Verts (64‐34) en particulier. (le 07) -
Daniel COHN‐BENDIT et José BOVE affichent une relative neutralité. Un coup de dés socialistes à rebondissements. Anne SINCLAIR, son épouse, ne souhaite pas que DSK fasse un second mandat au FMI. (le 09) Ma question est : qui se décide ? Est‐ce DSK lui‐même ou Anne Sinclair, pour elle‐
même et pour lui ? Et l’UMP tente de troubler le jeu en rose avec des attaques contre DSK. Pour Pierre LELLOUCHE, DSK incarne une « gauche ultra‐caviar ». Pour Christian JACOB, « Ce n’est pas l’homme de la réussite en politique si on le juge à l’aune des 35 heures qu’il a inventées ». Les amis politiques de DSK ont réagi de façon traditionnelle, appelant à la rescousse les principes républicains, la hargne, Déroulède ou Maurras. (le 13) François BAROIN souhaite que DSK termine son mandat au FMI (en novembre 2012), ce qui l’empêcherait de se présenter à la « primaire » du PS et probablement à la prochaine élection présidentielle. (le 13) -
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Ne passons pas sous silence la suite des aventures de Jean‐Luc MELENCHON. C’était la fin du 2ème congrès du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à Montreuil (93). Son porte‐parole, Olivier BESANCENOT, a rejeté un rapprochement avec le Parti de gauche de Jean‐Luc MELENCHON qu’il trouve trop proche du Parti socialiste. Celui‐ci a laissé éclater sa colère devant ce procès en manque de radicalité. (le 13) -
Et notre Président ? Il passe à la télé. Je t’ai déjà donné son commentaire sur l’argent public et les voyages officiels ; dans le même programme…. www.greliermichel.eu
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Nicolas SARKOZY reconnaît deux échecs : la délinquance des mineurs et le traitement des multirécidivistes. Il fait machine arrière sur ses précédents propos à l’encontre des magistrats dans l’affaire Laëtitia1. Il déclare ses priorités absolues : la sécurité et le chômage. Ce débat fut courtois entre lui et un panel de neuf Français sélectionnés par la chaîne (TF1). Seuls le jeune agriculteur et l’enseignante lui ont porté une réelle contradiction. (le 10) 1
Lors d'une allocution devant des policiers et des gendarmes, le 03 février à Orléans, Nicolas SARKOZY avait promis
que les « dysfonctionnements graves » des services de police et de la justice qui ont permis la remise en liberté de Tony
MEILHON, le principal suspect du meurtre de la jeune Laëtitia à Pornic, seraient sanctionnés.
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Semaine 07 – du lundi 14 au dimanche 20 février 2011 Les pieds français dans le tapis tunisien et une langue de bois… une ! -
Un petit tour, vite fait, en Tunisie et un large détour vers MAM. Les parents de Michèle ALLIOT‐MARIE (MAM), qui possédaient déjà 13% de la société civile immobilière à Gammarth ont finalisé son rachat total à Aziz MILED et à son fils Ikram, le 30 décembre 2010, durant les vacances avec leur fille, pour un montant nominal de 755.000 dinars, soit 325.000 euro. Son père a publiquement pris la défense de MAM, indiquant qu'il avait lui‐même choisi ce lieu de vacances et en avait profité pour finaliser un achat prévu de longue date. Il dit aussi avoir payé le séjour dans l'hôtel d'Aziz MILED, dont les factures n'ont toujours pas été produites à ce jour par la ministre ou sa famille. « Ma femme et moi sommes les seuls responsables », a‐t‐il dit, précisant que sa fille ne possédait aucune part de la société civile immobilière achetée dans le sud du pays. (le 16 février) -
Question : quel est l’âge du capitaine ? Pourquoi demandes‐tu cela, Thomas ? Ma question est alors : quel est l’âge des parents de MAM ? Je te vois venir : son père, Bernard MARIE, a 94 ans et sa mère, Renée MARIE, en a 92 et alors ? Investir pour soi‐même à ces âges‐là me paraît hasardeux. Ne s’agit‐il pas d’une acquisition pour compte de tiers – MAM et son compagnon, ministre de la République lui aussi, si le contrat qui les unit le permet – faisant partie d’une succession possible ? Tout ceci ne serait alors qu’une énorme manipulation. François BAROIN, au nom du gouvernement : « MAM s’est expliquée et elle bénéficie du soutien de toute l’équipe gouvernementale ». (le 16) -
Il me semble que MAM ignore, elle qui fut ministre de la Justice, la formule du témoin devant un tribunal : « Je jure de dire la vérité ! Toute la vérité ! Rien que la vérité ! ». Michèle ALLIOT‐MARIE a eu le président BEN ALI au téléphone pendant ses vacances, alors qu'elle avait affirmé n'avoir eu « aucun contact privilégié » avec lui. Confirmant cet échange téléphonique, le cabinet de MAM a assuré qu'il s'inscrivait dans les activités quotidiennes d'un ministre des Affaires étrangères. (le 16) N’est‐ce pas MAM elle‐même qui a dit, avant de se reprendre, qu’en vacances, elle n’était plus la ministre des Affaires étrangères de la France ? - Attends, Thomas, j’ai encore une info sur la France et la Tunisie qui vaut son pesant de « diplomate », cette pâtisserie faite d’une génoise imbibée de Grand Marnier et entrecoupée d'une couche de crème pâtissière fourrée aux fruits confits, l'ensemble étant recouvert de crème Chantilly, elle‐même surmontée d'un bigarreau confit. - Miam… sans jeu de mot ! Vas‐y. Arrivé le 16 février 2011, à peine a‐t‐il présenté ses lettres de créances que le nouvel -
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ambassadeur de France à Tunis, Boris BOILLON, a présenté ses excuses publiques à la télévision nationale tunisienne pour avoir été cassant avec des journalistes dont il avait trouvé le questions « débiles » sur MAM ou les liens de la France avec BEN ALI. (le 19) Au Quai d’Orsay, on minimise, on relativise, on appelle au calme. (le 19) Paris tentait de rectifier le tir avec Tunis après avoir reconnu, fin janvier 2011, que les autorités françaises avaient tardé à prendre la mesure de la contestation populaire. Ensuite, Nicolas SARKOZY a fait débarquer l’ancien ambassadeur, Pierre MENAT, et nommé Boris BOILLON pour le remplacer. (le 19) -
Mauvaise pioche. Retour chez nous, pour des infos en vrac. D’abord la « règle d’or » du retour à l’équilibre des finances publiques. Nicolas SARKOZY et François FILLON vont réviser la Constitution pour y intégrer cette « règle d’or » qui dira quand notre pays cessera ses déficits chroniques. La réunion du Congrès, pour entériner la révision, devrait avoir lieu un lundi à Versailles, « avant l’été ». (le 14) -
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Pourquoi cette apparente précipitation ? Parce qu’en septembre 2011, il y a des élections sénatoriales dont le résultat pourrait être son basculement à gauche. Et un Sénat à gauche compliquerait la ratification de cette révision. Nicolas et François doivent donc précipiter « le train de sénateur » législatif et le transformer en un 110 mètres haies, avec un record de France à la clé. Oui, tu as compris. J’ai aussi à ta disposition un rapport annuel toujours très instructif, celui de la Cour des comptes. C’est l’un des moments les plus savoureux de l’année publique française. C’est un vrai hommage annuel rendu à Georges COURTELINE. C’est le répertoire des dysfonctionnements de la République. Et comme pour le tabagisme actif ou passif, on peut dire « Nuit gravement à la santé financière du pays », mais on s’en moque tout aussi ouvertement. Alors Michel, tu te lâches ? Quelles sont les cibles de l’année ? H1N1. Son coût s’élève à 662,6 Mio euro, après annulations de commandes aux laboratoires. Le gouvernement avait annoncé 510 Mio euro. Moins de 8,5% de la population (5,4 millions de personnes) a été vaccinée. (le17) -
Mais dans quel ministère se cache maintenant Roselyne BACHELOT ? Corps d’armée européens. L’Eurocorps et la brigade franco‐allemande n’ont connu aucun engagement depuis 2004. La force navale franco‐allemande n’a connu que deux engagements en vingt ans. (le 17) Les militaires prennent le train. Les 75% de réduction remontent au XIXe siècle. Ils sont compensés par l’Etat à la SNCF pour un montant de 192,4 Mio euro en 2009 contre 143 Mio euro en 2002. La raison de cet écart serait dû à une fraude systématique et à l’absence de contrôle. (le 17) -
L’Etat c’est bien « nous » ? www.greliermichel.eu
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Le Musée national du sport. Créé en 1963, il détient 600.000 objets et documents. Son problème est : pas de galeries, pas de personnel, pas de public. Son coût est de 900.000 euro par an à l’Etat. (le 17) -
L’Etat c’est bien encore « nous » ? Les 196.000 arbitres sportifs ne paient ni cotisation sociale ni impôt sur leurs indemnités. Coût estimé entre 37 et 134 Mio euro par an. (le 17) La prime pour l’emploi. C’est une distribution d’argent de l’Etat censée inciter à travailler, c’est plutôt une aide sociale. Elle est versée à plus de huit millions de foyers pas toujours défavorisés ; son montant : 4 Mia euro en 2009. (le 17) -
L’Etat c’est bien toujours « nous » ? Si quelqu’un cherche des sous au fond de la caisse vide, il y en a… dans nos poches ! Le déficit et la dette publique française. Quand le gouvernement annonce un objectif de 3,0% de déficit fin 2013, la Cour lui répond : « cet objectif ne peut pas être atteint sans nouvelles mesures de redressement ». Quand l’effort de redressement est estimé à 7,5 Mia euro, la Cour répond qu’il faudrait réduire d’au moins 20 Mia euro le déficit structurel national. Pour elle, « le redressement des comptes publics viendra seulement de réformes de grande ampleur ». (le 17) Le Fonds de réserve des retraites (FRR). Créé en 1999, il était censé constituer une cagnotte de 150 Mia euro destinée à contribuer à partir de 2020 au financement des régimes de retraite des salariés, artisans et commerçants. Mais la réforme des retraites adoptée en 2010 a modifié son rôle en l'obligeant notamment à verser 2,1 Mia euro par an jusqu'en 2024 à la Cades, la Caisse d'amortissement de la dette sociale. Alors même que ses propres dotations avaient été revues à la baisse, tombant entre 1,5 et 1,8 Mia euro contre 8,8 Mia euro en 2002. Pour la Cour, la réorientation du FRR « témoigne de l’abandon d’une ambition de long terme ». (le 17) -
C’est vrai que cette semaine est chargée car il me reste encore quelques informations. Tu nous emmènes où ? Nous restons chez nous. Jean‐François COPE, UMP, a annoncé pour avril un débat sur l’exercice des cultes en France et sa compatibilité avec les lois laïques de la République. Pour Marine LE PEN, un tel débat ferait à nouveau le jeu du Front national. La fois dernière, c’était le débat sur l’identité nationale. Pour elle, le débat de l’UMP « va arriver exactement aux solutions inverses de celles qu’attendent les Français ». (le 18) -
Dans le jeu des « primaires », en rose. Michel VAUZELLE, président de la région PACA, appelle à arrêter la partie qu’il trouve « dévastatrice ». (le 19) www.greliermichel.eu
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Le DSK du FMI était reçu officiellement à Paris pour une rencontre du G‐20. Son clone, le DSK du PS, était aussi à Paris, traqué par la presse et les politiques. Le Journal du Dimanche (JDD) et Le Nouvel Observateur assurent que DSK a pris sa décision et qu’il sera candidat. Sur France 2, dans les colonnes du Parisien, comme à CNN, DSK a « botté en touche ». (le 20) -
Cette phrase de DSK au journal de 20 heures sur France 2 peut‐elle être révélatrice ? « Je suis un homme plus libre que je n’ai jamais été car aujourd’hui j’ai la possibilité de dire à tous les chefs d’Etat ou de gouvernement de la planète ce qui va et ce qui ne va pas ». (le 20) -
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Réduits à l’exégèse de ses propos, certains journalistes, agacés, passent d’une presse d’information à une presse de supputation ou de spéculation… ce n’est plus de l’information. Les faits sont têtus, l’information n’est pas une vérité, c’est un tissu de réalités. Et avant l’heure, ce n’est toujours pas l’heure ! Pourquoi ne dis‐tu rien sur les propos de Christine LAGARDE après la réunion du G‐20, tes notes en marge me plaisent bien. D’accord. Les pays sont parvenus à un accord qui évite toute friction avec la Chine. La France a pu annoncer un succès. Christine LAGARDE : « Les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses et elles ont fait l’objet d’un compromis final dont on ne peut pas dire qu’il est attribuable à tel ou tel ». (le 19) -
La « langue de bois » c’est quand même une « usine à gaz » intellectuelle et technocratique. Citoyens ! Aux abris ! Attends Thomas, ce n’est pas fini. Christine LAGARDE : « Ça n’a pas été simple, il y avait évidemment des intérêts divergents. Mais nous avons réussi à faire converger les positions vers un texte qui nous paraît à la fois équilibré et exigeant dans sa mise en œuvre ». (le 19) -
La zone industrielle vient de se doter d’une nouvelle « usine à gaz » destinée à la production en grande série de « langues de bois pour tous usages publics ». www.greliermichel.eu
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Semaine 08 – du lundi 21 au dimanche 27 février 2011 Toute la classe politique au cul des vaches Une fois encore, Thomas est arrivé de bonne heure. Autour d’un café, nous avons échangé pour savoir quel était le fil conducteur de la semaine. - C’est la Libye qui domine tout et je me demande comment et quand cela va finir. - Je n’en sais rien. Alain JUPPE a dit souhaiter que Mouammar KADHAFI « vive ses derniers moments de chef d’Etat en Libye ». Il a réclamé un durcissement des sanctions « de tous ordres », allant jusqu’à une exclusion de l’espace aérien international voire l’arrêt des achats de pétrole. Il a écarté l’idée d’une intervention militaire étrangère. (le 24 février) En France, qu’y a‐t‐il au menu ? Aurais‐tu une fringale ? Je me doute que les informations françaises sont plus légères ou croustillantes. Et c’est vrai que je m’en mettrais bien quelques‐unes sous la dent. - Au programme, j’ai DSK, le salon de l’agriculture, Marine LE PEN, et Nicolas SARKOZY qui s’adresse à ses « chers compatriotes ». - Tu n’oublies pas le dernier remaniement ? - Bien sûr que non. Mais d’abord, une bonne nouvelle à propos des otages français au Niger. A Paris, la présidence de la République a annoncé la libération de l’otage française et des otages malgache et togolais. (le 25) -
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Le bilan des otages français dans le monde descend d’un cran, à sept. Le DSK du FMI est passé au JT de 20 heures. Et de nombreux socialistes sont agacés par le suspense entretenu par le DSK du PS. Si Martine AUBRY n’a fait aucun commentaire, François HOLLANDE y est allé du sien. Pour Henri EMMANUELLI, les socialistes en sont au « degré zéro » de la politique. Benoît HAMON, un non‐candidat, trouve Martine AUBRY « plus solide ». Pour Marie‐
Noëlle LIENEMANN, DSK ne rassemble pas son camp. Pour Jean‐Luc MELENCHON, ce fut « assez consternant ». (le 21) La droite dénonce l’« opération de promotion » de DSK. Pour Laurent WAUQUIEZ : « Beaucoup de bruit pour rien » ; François BAROIN a été « choqué par la mise en scène invraisemblable ». Pour Eric BESSON, « un match SARKOZY/STRAUSS‐KAHN paraît une bonne nouvelle ». Jean‐François COPE l’a trouvé « lointain » et « hautain ». (le 21) -
Que se passe‐t‐il à la Porte de Versailles, un défilé digne du 14‐juillet au Salon de l’agriculture ? Martine AUBRY, « petite‐fille de paysan », vient d’en arpenter les allées. Nicolas SARKOZY et Jacques CHIRAC l’avaient précédée. Elle y a croisé Arnaud www.greliermichel.eu
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MONTEBOURG et Bertrand DELANOË. Sont attendus François FILLON, Eva JOLY, François HOLLANDE, Marine LE PEN et François BAYROU. Pour Martine AUBRY, l’agriculture est un secteur « dont tout le monde a besoin » qui est abandonné. (le 23) Pour sa première visite en qualité de présidente du FN, Marine LE PEN a affirmé que son parti était le seul à pouvoir sauver le monde agricole en crise. Elle prône le remplacement de la « PAC » par la « PAF, la politique agricole française ». Bien que vivant à Saint‐Cloud, Marine LE PEN prétend avoir toujours eu la fibre agricole. (le 25) C’est bien le dernier salon où l’on cause, où il faut être vu, et où on y va de son commentaire, avec chacun(e) sa mission politique : capter un électorat rural. Alors chacun y va de sa larme et de sa compassion publique. - Marine LE PEN encore. Marine LE PEN accuse le gouvernement de dissimuler les chiffres de l’immigration pour 2010. Elle estime que Nicolas SARKOZY favorise l’immigration à des niveaux inégalés en laissant s’installer « une politique d’islamisation ». Elle distribue aussi un coup en face : « La déferlante migratoire, la gauche l’a rêvée. Nicolas SARKOZY l’a fait ». (le 21) -
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Et… Dirigeante du FN, députée européenne et conseillère régionale, Marine LE PEN se trouvait en position de cumul de mandats et devait renoncer à l’un d’eux. Au nom de l’efficacité politique, elle démissionne de ses fonctions de conseillère municipale d’Hénin‐
Beaumont (Pas de Calais). (le 24) -
Thomas, pour t’amuser un peu. Dominique de VILLEPIN et Nicolas SARKOZY vont déjeuner ensemble le 24 février. Dominique de VILLEPIN assure n’avoir plus de ressentiment à l’égard d’un président qu’il a durement critiqué depuis son arrivée au pouvoir. Il a ajouté qu’il n’aspirait à « aucun portefeuille ministériel ». (le 22) -
Cela me rappelle la devinette enfantine : « Pince‐mi et pince‐moi sont dans un bateau… » Et maintenant une bonne dose de vie politique nationale. Je te donne tout dans la foulée, tu pourras commenter ensuite. Les ministres et secrétaires d’Etat seront tenus d’informer le secrétaire général du gouvernement « de tout séjour effectué à titre strictement privé dans un pays situé en dehors de l’UE ». C’est François FILLON qui est à l’origine de cette circulaire. (le 23) La diplomatie française doit retrouver une vision. Nicolas SARKOZY va s’y employer un dimanche, le 27 février, dans une intervention solennelle télévisée. Il pourrait annoncer un remaniement ministériel où MAM serait remplacée. Il semble qu’Alain JUPPE, sous la pression de Nicolas SARKOZY, négocie ce changement contre www.greliermichel.eu
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des coudées franches et un recul de la tutelle de l’Elysée. (le 26) En avant‐goût de l’intervention télévisée de Nicolas SARKOZY, Martine AUBRY y est allé de ses critiques : « Aujourd’hui, la voix de la France n’existe plus. C’est véritablement un naufrage de la diplomatie française ». (le 27) -
C’est le « printemps arabe » qui a révélé le profond malaise qui couvait dans la diplomatie française. L’intervention de Nicolas SARKOZY à la télé sera enregistrée un peu avant sa diffusion. (le 27) -
Donc pas en direct. Pour avoir les coudées franches au Quai d’Orsay, Alain JUPPE a du demander et obtenir que Claude GUEANT quitte l’Elysée où il a joué un rôle important dans la définition et la conduite de la politique étrangère française depuis 2007. (le 27) - Ça y est ! Après avoir rencontré François FILLON, Michèle ALLIOT‐MARIE a présenté sa démission dans une lettre adressée au président Nicolas SARKOZY. (le 27) Le remaniement est annoncé par Nicolas SARKOZY lors de son allocution solennelle à la télévision. Alain JUPPE remplace Michèle ALLIOT‐MARIE, démissionnaire, aux Affaires étrangères. Gérard LONGUET remplace Alain JUPPE à la Défense. Claude GUEANT quitte le secrétariat général de l’Elysée pour l’Intérieur et remplace Brice HORTEFEUX, qui disparaît du gouvernement. (le 27) Le fidèle parmi les fidèles de Nicolas SARKOZY, Brice HORTEFEUX quitte le gouvernement. Son bilan est plus fait de dérapages, de condamnations et de résultats peu convaincants que d’actions mémorables. (le 27) -
Le parcours de Brice HORTEFEUX est du style « Marche à l’ombre… » de Nicolas SARKOZY. Oui, voici leurs parcours. Ils se croisent au RPR en 1976. Dès 1983, ils sont à la Mairie de Neuilly que Nicolas SARKOZY a enlevé à Charles PASQUA. Après huit ans dans la préfectorale, Brice HORTEFEUX devient le chef de cabinet de Nicolas SARKOZY au ministère du Budget dans le gouvernement d’Edouard BALLADUR. En 2002, Nicolas SARKOZY se battra pour faire accepter par Alain JUPPE la nomination de son ami comme secrétaire général adjoint de l’UMP. Nommé préfet en avril 1995 – une promotion éclair ‐, il attendra une année pour avoir une affectation. Quand Nicolas SARKOZY traverse son désert politique, Brice HORTEFEUX reste à Paris, chargé d’une mission de service public. Aux élections européennes de 1999, il est 13ème sur la liste RPR‐DL qu’emmène Nicolas SARKOZY. Il devient eurodéputé suite au retrait de Nicolas SARKOZY. Ce qui ne l’empêche pas d’être son plus proche conseiller, membre de ses cabinets aux ministères de www.greliermichel.eu
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l’Intérieur (2002‐2004) et de l’Economie (2004). En juin 2004, il vole de ses propres ailes. Pour les élections européennes, il conduit la liste UMP dans la grande région Centre et obtient le meilleur score des candidats UMP. -
Il y a un autre proche de Nicolas SARKOZY qui voit sa carrière bousculée par les nécessités politiciennes. Eminence grise de Nicolas SARKOZY, surnommé « le cardinal », Claude GUEANT a été pendant des années son homme de confiance et des missions délicates. Il était une sorte de Premier ministre bis. Sa carrière de plus de 30 ans s’est faite dans l’administration préfectorale, la police et les cabinets ministériels. C’est Charles PASQUA qui le nommera directeur général de la police nationale en 1994. Entre 2002 et 2007, Nicolas SARKOZY fait de Claude GUEANT son directeur de cabinet aux ministères de l’Intérieur puis de l’Economie. Jacques CHIRAC ayant refusé de le nommer préfet de Paris, Claude GUEANT sera le directeur de campagne de Nicolas SARKOZY pour la présidentielle de 2007. -
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Si je t’ai bien suivi, la semaine des « évacuations » s’est poursuivie en France. MAM s’est « évacuée » elle‐même… et Brice HORTEFEUX a été « évacué » par la fenêtre. E pericoloso sporgersi, comme on disait dans les trains, quand les passagers pouvaient encore baisser eux‐mêmes les fenêtres. Oui, tout cela part d’Alain JUPPE qui remplace MAM après avoir exigé que Claude GUEANT s’efface des affaires étrangères. Du coup le « chef » vire « son ami de trente ans » pour « son éminence grise ». Cela confirme bien l’image des mannequins‐ministres que l’on déplace dans la vitrine du début, selon son bon plaisir. Tout cela est‐il bien sérieux, bonnes gens ? www.greliermichel.eu
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Semaine 09 – du lundi 28 février au dimanche 06 mars 2011 Le réveil d’une tortue A gauche de mon bureau, j’ai affiché une carte de la partie nord de la Libye, celle que borde la Méditerranée, entre l’Egypte et la Tunisie. Thomas l’a repéré dès son entrée. - Tu n’as pas de carte d’état‐major plus détaillée que cette carte générale ? - Thomas, cette carte générale me permet d’avoir une vision globale de la géographie du pays. Parce que, je te l’avoue, je ne m’étais pas mis en mémoire ce pays qui fut longtemps un pays verrouillé de l’intérieur et cadenassé par l’extérieur. - Pourquoi cet intérêt pour la Libye ? - Pour cette information. Un bâtiment de la Marine nationale, le « Mistral », et des avions vont arriver pour participer à l’évacuation de réfugiés égyptiens en Tunisie venant de Libye. L’objectif est de permettre l’évacuation de 5.000 personnes en moins d’une semaine. Plus de 170.000 personnes ont quitté la Libye depuis le début de la crise, dont environ 75.000 vers la Tunisie, 63.000 vers l’Egypte, et 800 vers le Niger. La Grande‐Bretagne fait de même avec ses avions. (le 02) - En France… François FILLON a annoncé que Brice HORTEFEUX allait devenir le conseiller politique de Nicolas SARKOZY dans le cadre de la préparation de l’élection présidentielle de 2012. (le 28 février) -
Le voilà en route pour l’Elysée ! Et s’il rejoignait Rachida DATI à Bruxelles ? C’est possible en droit français. Un ancien ministre peut redevenir eurodéputé s’il a été élu lors des élections européennes précédentes. Il a un mois pour manifester son intention ; au‐delà il doit renoncer à son mandat. - Il y a une différence d’appréciation de cette situation entre Paris et le Parlement européen. A Paris, l’élu français est eurodéputé dès le soir de l’élection. A Strasbourg, l’élu devient eurodéputé en assistant à la première séance plénière de la législature. Brice HORTEFEUX, élu le 14 juin 2009, a démissionné aussitôt pour être le ministre de l’Intérieur. Aux yeux du PE, Brice HORTEFEUX n’a jamais été élu député européen de cette législature. Il ne peut donc pas « retrouver » un siège qu’il n’a jamais occupé. (le 28) Ce qu’aurait dû faire Brice HORTEFEUX : prendre exemple sur Jean‐Claude MARCOURT, un ministre socialiste wallon. La loi française et la loi belge sont les mêmes en cette matière. Jean‐Claude MARCOURT détient le record du mandat européen le plus court de la législature actuelle… une journée. Le 07 juin 2009, il est élu eurodéputé belge ; il est aussi ministre de l’Economie du gouvernement wallon sortant, qui est sur le départ pour cause d’élections régionales. www.greliermichel.eu
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C’est donc sans problème que Jean‐Claude MARCOURT siège le 14 juillet 2009 à la première plénière du PE à Strasbourg, et il vote une seule fois, pour le président du PE. Le lendemain, il démissionne pour aller rejoindre le nouveau gouvernement wallon qui prend ses fonctions ce jour‐là. (le 02 mars) -
De droite à gauche… Grâce à une intense campagne de terrain, François HOLLANDE, souriant, bronzé, amaigri, en forme, remonte la pente en vue de la primaire. Il ressemble ainsi à la tortue de la fable de La Fontaine. François HOLLANDE a rejoint DSK et Martine AUBRY dans le cercle des socialistes capables de battre Nicolas SARKOZY. (le 01 mars) -
Thomas, si tu vois de la malice dans ce qui suit, tu aurais raison. C’est la proximité de deux informations, offertes le même matin par Maxisciences et par Reuters, qui m’a rempli de malice, à propos de tortue(s). Le rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) indique que sur les 328 espèces connues de tortues, la moitié est en grand danger. Aux Galapagos, « Lonesome Georges » est le dernier individu de l’espèce Pinta. Dans les zoos chinois, il ne reste que quatre survivants de la tortue géante à carapace molle du Yangtze. Au Bangladesh, des tortues sauvages sont capturées et vendues pour être mangées à l’occasion d’une journée de fête religieuse, une fois par an. -
Plus malicieux, l’avant‐dernier paragraphe de l’information… « Certaines organisations mettent en place le TSA (l’alliance pour la survie des tortues) qui cherche à rapprocher les mâles et les femelles d’une même espèce pour leur assurer une descendance ». -
Et plus malicieux encore, le dernier paragraphe… « Mais la lutte est difficile car plus les tortues se font rares, plus leur prix de vente grimpe et certaines espèces très recherchées peuvent se monnayer plusieurs centaines de milliers de dollars », rapporte l’IUCN. (le 01 mars) -
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Je ne te savais pas, comme tu le dis toi‐même, malicieux. Moi, vois‐tu, je suis plus direct, un tantinet agressif quand l’occasion se présente. La tortue qui nage entre deux eaux de la politique française, c’est François HOLLANDE. Alors prépare une de tes répliques pour ce qui suit. On reste à gauche. Le projet PS pour 2012, qui doit être validé par les militants du Parti socialiste en mai, « est pratiquement prêt », dit Martine AUBRY. C’est le fruit d’une construction « pendant deux ans à l’écoute des préoccupations des Français ». De convention en convention, en 2010, ont été additionnées des mesures économiques et sociales, des propositions sur la sécurité ou « l’égalité réelle ». Le texte du projet, hiérarchisé et financé, sera présenté au bureau national le 05 avril. Martine AUBRY promet : « Tout ce que nous proposons sera réalisé, mais il faudra du temps, dix, quinze ans ». Et elle entretient le mystère sur ses propres intentions en ne www.greliermichel.eu
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répondant pas à la question de savoir s’il s’agit « du projet du PS ou de Martine AUBRY ». (le 02) -
Le projet PS pour 2012 est, comme ils le disent, une proposition d’ « offensive de civilisation ». « Trois idées forces : le redressement de la France, la promotion d’une société de justice et de respect, de nouvelles pratiques démocratiques ». « Nous avons pour ambition de construire 150.000 logements sociaux chaque année ». « Nous voulons instituer le blocage transitoire des loyers au moment de la relocation ». « Dans l’Education nationale, nous créerons des postes là où les besoins existent pour assurer la réussite scolaire ». Martine AUBRY préconise de « s’attaquer au chômage des jeunes en leur proposant des emplois d’avenir ». Et « chaque acte d’incivilité ou de délinquance, et d’abord le premier, même le plus mineur, doit conduire à une sanction juste, proportionnée et rapide ». Une autre préconisation, constatant que l’écart entre le salaire le plus haut et le plus bas peut aller de 1 à 500, serait de fixer une rémunération maximale. Et Martine AUBRY propose de limiter cet écart de 1 à 20 dans les entreprises publiques. (le 02) -
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Tu dis cela pour me faire plaisir. C’est trop facile de finir par cela. Pourquoi ? Parce que si je gagne 1.000 et que je suis au milieu de la fourchette, celle‐ci va d’un plus haut de 2.000 à un plus bas de… 4 ! Oui, et… ? Pour passer d’un écart de 500 à 20, si je prends 4 comme minimum incompressible, le plus haut sera de 4 x 20 = 80. Une seule conclusion : fuyons ! Fuyons les entreprises publiques… ou la gauche ! Et si tu fais l’inverse ? C’est toi qui te moques de nous, tu sais bien qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat pour même commencer à y réfléchir. Arrête, Michel, tu vas te faire du mal. Et Nicolas SARKOZY ? Le 25 février, Nicolas SARKOZY a redit, lors d’une brève visite de cinq heures à Ankara, la première depuis son élection et la première d’un président français en 19 ans, son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’UE. La Turquie n’a pas caché sa déception. - Avec l’anecdote qui tue ! - Michel ! Oh, Michel ! De nombreux médias ont évoqué le fait que Nicolas SARKOZY aurait mâché un chewing‐
gum lors de son arrivée à l’aéroport, ce qui serait aux yeux des Turcs un manque de respect. Le maire d’Ankara lui a répondu en mâchant du chewing‐gum à son tour lorsqu’il s’est retrouvé à l’aéroport pour voir s’en aller Nicolas SARKOZY quelques heures après son arrivée. Ce ne serait pas la première fois que Nicolas SARKOZY aurait eu cette attitude qui énerve les fonctionnaires turcs. Il l’aurait eu en accueillant le président Abdullah GÜL à Paris en 2009. (le 28 février) www.greliermichel.eu
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Est‐ce tout pour la France ? Non, il y a aussi le « double bang » de Marine LE PEN. Elle a passé le mur du son ? Les sondages d’opinion ne sont pas pour moi des informations. Ils sont comme des photographies éphémères, fiables techniquement mais tellement sujets à remise en cause et polémiques, ils seront donc rares ici. C’est George Gallup, un spécialiste, qui disait : « Il y a trois façons de mentir : par affirmation, par omission, par sondage d’opinion ». Tout dépend de la précision ou de l’ambigüité de la question posée et de l’humeur de celui qui répond. Celui qui nous intéresse a été fait par Harris Interactive pour Le Parisien Dimanche. Réalisé du 28 février au 03 mars 2011 auprès de 1.618 personnes âgées de 18 ans et plus, il étudiait les intentions de vote pour la présidentielle de 2012. Au premier tour, Marine LE PEN aurait 23% des voix, Nicolas SARKOZY 21%, Martine AUBRY 21% aussi. Suivent François BAYROU avec 8%, Eva JOLY, comme Dominique de VILLEPIN, en aurait 7%. Marine LE PEN serait présente au second tour. (le 05) -
Ce sondage suscite le trouble à droite comme à gauche et perturbe les stratégies des deux camps. La prudence est de mise car, à gauche, l’hypothèse de la candidature de Martine AUBRY semble avoir un potentiel de voix inférieur à celui de DSK. De plus, à droite, Dominique de VILLEPIN (7%) est présent à côté de Nicolas SARKOZY. Pour Pascal PERRINEAU du Cevipof, « Marine LE PEN bénéficie du fait que dans les autres partis politiques, personne n’est prêt pour l’instant ». (le 06) www.greliermichel.eu
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Semaine 10 – du lundi 07 au dimanche 13 mars 2011 « Tsunami » au Japon ; séisme à la « fédé » PS des Bouches‐du‐Rhône -
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Cette semaine, en Libye, ce sont les développements diplomatiques qui me paraissent prendre le pas sur les opérations de terrain. Michel, n’oublies‐tu pas ces principes essentiels que tu redis souvent : l’homme, avec ses droits et ses devoirs, et la démocratie ? Je sais que le colonel KADHAFI bafoue les uns et les autres. Il fait tuer ou blesser certains de ses concitoyens lors de bombardements terrestres et aériens. Thomas, deux mots d’explication sur ce que tu me vois faire semaine après semaine. Au travers des faits, des hommes et des événements, je cherche à comprendre ce qui se passe et à le décrire ou à l’expliquer pour celles et ceux qui n’ont pas eu le temps de le faire. Deux pistes sont possibles, et j’ai fait mon choix. Soit je ne décris que les faits qui me paraissent significatifs, quitte à paraître froid ou inhumain. Soit j’y mets mon cœur et mes émotions, je paraîtrais alors chaleureux et humain, mais je ne pourrai pas transmettre la compréhension des faits. Certains parlent d’objectivité, je parlerai plutôt d’intelligence des réalités. Mais alors, pour qui et pourquoi fais‐tu ce travail ? Je le fais pour tous ceux qui seront appelés, en mai 2012, à choisir le chef de l’Etat, puis les députés de notre pays. Un choix lourd pour cinq années. Je le fais parce que l’information intelligente des réalités laisse trop souvent la place à l’appel à la sensibilité collective voire à la sensiblerie, transmise et entretenue par une majorité de médias et de politiciens. Ce qu’un ami appelait, il y a peu, « de la poudre aux yeux ». Ouaaah ! Te voilà bien sérieux. Non, Thomas. Je cherche, pour moi, la lucidité et le sourire. Je cherche, ensuite, à les transmettre. Et les informations disent… La France et la Grande‐Bretagne préparent un texte sur la zone d’exclusion aérienne ; les Etats‐Unis restent partagés sur la sagesse et les modalités de l’initiative. La Turquie se déclare hostile et l’Allemagne est réticente ; la Chine et la Russie, qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, y sont opposées. (le 08) Deux émissaires du CNLT (Conseil national libyen de transition) ont été reçus à l’Elysée par Nicolas SARKOZY. La France reconnaît le CNLT comme représentant du peuple libyen et enverra un ambassadeur à Benghazi. Il ne s’agit pas d’une reconnaissance d’un gouvernement. « Ce n’est pas une reconnaissance juridique, c’est un acte politique d’encouragement ». (le 10) Après la reconnaissance du CNLT, la Libye va réfléchir à une rupture de ses relations avec la France. L’ambassade de France à Tripoli est fermée depuis fin février et son personnel a été rapatrié. (le 10) Les partenaires européens, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères ont été surpris et critiques sur la reconnaissance française du CLNT. (le 10) www.greliermichel.eu
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Washington, Londres et Paris se félicitent de l’appel de la Ligue arabe pour une zone d’exclusion aérienne. (le 13) -
Toujours en Libye, mais en marge des combats, la part française dans les évacuations et l’humanitaire. Le pont aérien Djerba‐Le Caire (21 rotations) mis en place par la France a permis d’évacuer 3.700 Egyptiens qui ont fui la Libye. (le 07) -
Nous allons pouvoir revenir chez nous. Je commence par le PS. J’aurai ensuite du DSK, du FN, du BHL et du NS. C’est qui NS ? Allons Thomas, Nicolas S… D’accord ! « Clientélisme féodal », c’est l’accusation qui est adressée à la fédération PS des Bouches‐
du‐Rhône. C’est aussi le prétexte de l’affrontement entre Arnaud MONTEBOURG et Martine AUBRY. Arnaud MONTEBOURG révèle et accuse Martine AUBRY et son entourage de faire régner « la loi du silence » au PS. Le chef du PS local, Jean‐Noël GUERINI, est mis en cause par Arnaud MONTEBOURG qui réclame sa destitution et la mise sous tutelle de la fédération départementale. Des proches de François HOLLANDE et de Ségolène ROYAL ont réclamé que la clarté soit faite sur les agissements critiqués. (le 07) Une pétition réclamant l’annulation pure et simple des primaires a été lancée par Michel VAUZELLE, président de la région PACA. Elle a recueilli 17.000 signatures en quinze jours. (le 09) Pour Jean‐Marc AYRAULT, « le calendrier des primaires a été décidé, il faut donc l’assumer ». (le 10) -
Du PS à DSK, il n’y a qu’un pas. Dominique STRAUSS‐KAHN a pris sa décision sur sa participation aux primaires socialistes, mais entend la garder pour lui pour l’instant. C’est sur la base de propos échangés dans un reportage que Canal+ lui a consacré que cette information a été donnée. Pour DSK, « Être un homme de gauche, ce n’est pas nier la réalité ; il faut dépasser le possible mais pas promettre l’impossible ». (le 13) -
C’est quoi son petit jeu. « Moi je le sais, mais je te le dirais pas ». On ne joue pas à la marelle ou aux devinettes. C’est de démocratie qu’il s’agit. Selon une seconde vague du sondage de Harris Interactive, Marine LE PEN arriverait en tête du premier tour de la présidentielle, quel que soit le candidat du PS. Marine LE PEN à 24%, DSK à 23% et Nicolas SARKOZY à 21%. Autre scénario : Marine LE PEN à 24%, Nicolas SARKOZY à 21% et François HOLLANDE à 20%. (le 07) Eric BESSON explique le résultat du sondage : « Une frange des Français a peur de la www.greliermichel.eu
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mondialisation, a peur de la construction européenne, a peur que l’identité française se dissolve dans le libéralisme européen ». Il poursuit : « Une autre part des Français a peur de l’étranger, de l’islam, d’un certain nombre de conditions de l’intégration ». (le 08) -
Deux questions à Eric BESSON. 1 ‐ Quelles sont les tailles respectives de « la frange » et de « la part » ? Ces mots « frange » et « part » sont des fourre‐tout ou des attrape‐nigauds que le vocabulaire politicien consacre régulièrement. 2 – Un chef de l’Etat et un gouvernement, soutenus par une majorité parlementaire et un parti présidentiel, ne sont‐ils pas là essentiellement pour atténuer voire faire disparaître les diverses peurs des citoyens ? Ou bien ces apprentis‐sorciers n’ont pas fait leur travail, ou bien leur fonds de commerce est l’entretien voire l’amplification de ces différentes peurs. Au plus haut dans certains sondages, le Front national est rattrapé par des difficultés de trésorerie. Il doit près de 200.000 euro de cotisations sociales qu’un huissier est venu réclamer pour l’Urssaf. Le parti aurait une dette cumulée de 10 Mio euro. (le 09) -
Qu’a donc fait Nicolas SARKOZY pour que tu l’inscrives à ton tableau de chasse ? Abderrahmane DAHMANE, ancien secrétaire national en charge de l’immigration de l’UMP, était le conseiller à l’intégration de Nicolas SARKOZY. Lors d’une réunion à la Grande Mosquée de Paris, Abderrahmane DAHMANE s’est élevé contre le débat sur la laïcité et l’islam : « L’UMP de COPE, c’est la peste pour les musulmans ». (le 11) -
Il a été limogé par le président. Quant à BHL et NS. Bernard‐Henri LEVY, qui a déclaré être à l’origine de la rencontre, assistait à l’entretien de l’Elysée entre Nicolas SARKOZY et les représentants du CNLT. Il a rapporté que Nicolas SARKOZY s’est dit favorable, « si le CNLT le demande », à des actions « défensives et ciblées contre un nombre extrêmement réduit d’objectifs, sous parapluie international ». BHL a indiqué aussi que la France était intervenue par la voie diplomatique auprès des pays africains (Mali, Tchad et Niger) qui fournissent des mercenaires à KADHAFI pour leur demander d’empêcher le passage de leurs ressortissants en Libye. (le 10) -
Avons‐nous, encore, changé de ministre des Affaires étrangères ? Alain JUPPE a été remplacé par BHL. C’est politiquement indécent. ….. Je tiens à terminer par un moment de recueillement sincère, auquel Thomas se joint, pour tous les Japonais qui ont perdu la vie, le 11 mars 2011, lors du tremblement de terre et du « tsunami » qui a suivi… www.greliermichel.eu
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Semaine 11 – du lundi 14 au dimanche 20 mars 2011 L’arme attend en Libye ? Non, l’Harmattan en Libye -
Depuis le Conseil européen du 11 mars, une nouvelle opportunité se présente à Nicolas SARKOZY pour qu’il discute de son projet d’établissement « aussi vite que possible » d’une zone d’exclusion aérienne dans le ciel de Libye. C’est le G‐8 des ministres des Affaires étrangères, où seront présents les Etats‐Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume‐Uni, l’Italie et la Russie. « Pour l’instant, je ne les ai pas convaincus », a dit Alain JUPPE en parlant de ses collègues, ministres des Affaire étrangères du G8. (le 15 mars) « La France appelle solennellement tous les membres du Conseil de sécurité à prendre pleinement leurs responsabilités… Ensemble sauvons le peuple libyen martyrisé ! Le temps se compte maintenant en jours, voire en heures », souligne Nicolas SARKOZY. (le 16) -
Là, il est le dos au mur. Oui, Thomas. Je pense que Nicolas SARKOZY a pris des risques « insensés » et qu’il n’est pas sûr d’aboutir. Alain JUPPE se rend à New York pour tenter d’arracher le vote d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye. (le 17) -
Aurions‐nous retrouvé un « vrai » ministre des Affaires étrangères ? Exit BHL ! Ouf… Mais que ce serait‐il passé si MAM avait été encore à ce poste ? « Il serait étonnant qu’il y ait un veto d’un membre permanent… Nous sommes persuadés d’avoir les neuf voix nécessaires ». Pour les membres permanents, les voix de la France, du Royaume‐Uni et des Etats‐Unis sont acquises, la Russie ne semble pas vouloir s’opposer au texte et la Chine pourrait s’acheminer vers une abstention. (le 17) - Voici l’information tant attendue à L’Elysée et sur le terrain, en Libye. Par dix voix contre cinq, le Conseil de sécurité s’est prononcé pour l’instauration d’une zone d’exclusion dans le ciel libyen. Il n’y a pas eu de vote négatif. Les cinq abstentions lors de l’adoption de la résolution 1973 sont le Brésil, la Russie, l’Inde, le Chine et l’Allemagne. (le 17) L’épisode libyen laissera des traces dans le bloc communautaire. Le couple franco‐
britannique s’est affirmé en opposition à une Allemagne réticente. Cela montre qu’il est difficile d’avoir une politique étrangère commune, alors que l’évacuation des ressortissants européens et l’assistance humanitaire ne posent pas de problème pour être coordonnées. Nicolas SARKOZY est décrié pour son empressement à intervenir en Libye alors qu’il avait reçu en grande pompe KADHAFI à Paris. (le 18) -
Les opérations qui découlent de la Résolution 1973 portent le nom générique d’« Aube www.greliermichel.eu
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de l’odyssée ». Cette appellation est la traduction de « Odyssey Dawn » le nom de code utilisé par les Etats‐Unis. La même opération est appelée « Opération Harmattan » par les Français, « Operation Ellamy » par les Britanniques, et « Operation Mobile » par les Canadiens. C’est quoi l’Harmattan ? L’Harmattan est un vent alizé, chaud, sec et poussiéreux d’Afrique de l’Ouest qui souffle vers le Sud. Les actions militaires qui découlent de la Résolution 1973 pourraient être menées par la France, le Royaume‐Uni, les Etats‐Unis et plusieurs pays arabes. (le 18) Nicolas SARKOZY déclare que l’opération militaire aérienne a commencé. (le 19) - Il a eu chaud aux plumes, parce que les 15 et 16 mars, rien n’était fait. Le 17, la Résolution 1973. Le 18, on se regarde pour voir qui y va. Et le 19, la France lance ses premiers avions. La France a mobilisé une vingtaine d’avions pour ses opérations en Libye. Elle a frappé une large zone autour de Benghazi. (le 19) Le ministère russe des Affaires étrangères a déploré le tir français sur un véhicule militaire libyen et a demandé que « la sécurité des missions diplomatiques étrangères et de leur personnel soit assurée ». (le 19) -
Et l’Hexagone, loin de ces opérations aériennes, poursuit sa route législative. Le projet de loi modifiant la Constitution, pour y inscrire la « règle d’or » de l’équilibre budgétaire, doit être soumis à référendum ou à un vote majoritaire des trois cinquièmes du Parlement réuni en Congrès. Si le gouvernement ne réussit pas à faire le plein des voix à droite et au centre, si la gauche s’oppose massivement, l’inscription de cette « règle d’or » dans la Constitution ne verra pas le jour. (le 16) - Même si la « règle d’or » était adoptée, ce ne serait pas la fin brutale du déficit public. Il était de 7,7% du PIB en 2010. Les objectifs du gouvernement sont d’arriver à 6,0% en 2011, à 4,6% en 2012, à 3,0% en 2013, et à 2,0% en 2014. Le Parlement a voté les lois créant le poste de Défenseur des droits voulu par la révision constitutionnelle de juillet 2008. Le premier titulaire du poste doit être nommé en juin par Nicolas SARKOZY. (le 15) - Dans la maison PS… Arnaud MONTEBOURG a présenté les preuves de ses accusations contre le président – PS ‐ du Conseil général des Bouches‐du‐Rhône, Jean‐Noël GUERINI. Ces preuves sont constituées par 24 pièces, 20 témoignages et un enregistrement audio. Le rapport d’Arnaud MONTEBOURG à Martine AUBRY et ces « preuves » n’ont pas été communiqué à la presse. (le 18) -
Il y a aussi des rapports « stupéfiants » entre la France et le Parlement européen. www.greliermichel.eu
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Catherine SOULLIE, l’eurodéputée française PPE issue de l’UMP, avait affirmé, le 03 mars, que sa démission « ne ferait qu’aggraver » le « problème juridique » posé par le PE quant au retour de Brice HORTEFEUX. Le 15 mars, Catherine SOULLIE annonce sa démission. (le 15) -
Tour de passe‐passe politique, fait du prince… Dame Démocratie, n’as‐tu pas encore des démangeaisons ? Les deux futurs eurodéputés seront désignés au sein de l’Assemblée nationale, selon un scrutin proportionnel de liste. Les groupes de gauche ont annoncé qu’ils ne présenteraient pas de candidats. Les deux députés nationaux élus cesseront alors d’exercer leur mandat à Paris. Pour les groupes politiques de gauche, les candidats auraient dû être choisis sur les listes des élections européennes de juin 2009 ayant reçu le plus de suffrages. Pour François BAYROU : « Le Parlement européen, ce n’est pas la représentation des parlements nationaux, c’est la représentation des peuples au jour de l’élection ». L’une des difficultés vient du découpage français en grandes circonscriptions avec des listes différentes. Pour les Etats membres à circonscription unique, il suffit d’aller à la suite dans les listes élues. (le 18) www.greliermichel.eu
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Semaine 12 – du lundi 21 au dimanche 27 mars 2011 Les abstentionnistes vainqueurs des cantonales - Quelques informations sur l’intervention française dans le ciel libyen. Le porte‐avions Charles‐de‐Gaulle est désormais opérationnel au large de la Libye. Deux Rafale en ont décollé pour effectuer un vol de reconnaissance, sans frappe. (le 22 mars) Un Rafale français a détruit un appareil d’entraînement libyen qui se posait à proximité de Misrata. (le 24) Une patrouille française est intervenue avec une bombe guidée laser et a détruit une batterie d’artillerie qui tirait sur Ajdabiyah. (le 25) Le Soudan a accepté d’ouvrir son espace aérien aux avions de la coalition. (le 25) Des avions français ont détruit cinq avions de combat Galeb et deux hélicoptères MI‐35 sur l’aéroport de Misrata. (le 26) -
Ce panorama rapide rend bien compte de ce qui s’est passé. Il va être plus difficile de rendre compte de la partie « diplomatie ». La Maison Blanche a l’intention de confier le commandement des opérations dans les prochains jours. David CAMERON souhaite qu’elles le soient à l’OTAN ; Alain JUPPE a fait valoir que les pays arabes ne voulaient pas d’un transfert à l’OTAN. (le 21) Pour Alain JUPPE, la France ne veut pas que l’OTAN ait le contrôle des opérations mais qu’elle intervienne en soutien. David CAMERON a assuré les membres de la Chambre des Communes que son intention était de transférer à l’OTAN le contrôle des opérations. (le 21) Les pays membres de l’OTAN, au niveau de leurs ambassadeurs, s’employaient à surmonter leurs désaccords. La France s’oppose à la prise de commandement par l’OTAN. L’Italie y est favorable. Les Etats‐Unis restent très nuancés. La Pologne, la Bulgarie, Chypre et d’autres Etats membres n’approuvent pas l’action militaire. (le 22) Les Etats‐Unis, la France et le Royaume‐Uni se sont mis d’accord sur le rôle de l’OTAN dans la mise en œuvre de la zone d’exclusion aérienne au‐dessus de la Libye. Ils sont convenus que l’OTAN doit jouer un rôle important dans cette intervention, sans lui en confier la direction politique de crainte de heurter les susceptibilités des pays arabes. (le 22) -
Ce qui donne les grandes orientations… 1. Militaires ‐ La coalition menée par Paris, Londres et Washington assurera le pilotage politique des opérations militaires en Libye, qui seront conduites et planifiées par l’OTAN. www.greliermichel.eu
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2. Politiques ‐ Un « groupe de contact » sera composé de l’ensemble des pays participant à l’opération, plus l’Union africaine, la Ligue arabe et tous les pays européens qui voudront s’y associer. (le 23) Les 28 pays membres de l’OTAN sont convenus de faire respecter une zone d’exclusion aérienne en Libye pour protéger les civils face aux forces de KADHAFI. Ils ne sont pas tombés d’accord pour prendre le commandement de l’ensemble des opérations politiques et militaires. Si les pays membres de l’OTAN élargissent le mandat, cela équivaudrait à donner à l’OTAN le contrôle politique des opérations militaires, tout en prenant en compte les avis de l’instance de pilotage politique comprenant des pays arabes. Cette situation représenterait un compromis entre les positions de la France et de la Turquie. La France estime que le « tout OTAN » deviendrait impopulaire dans les pays arabes. La Turquie souhaite que l’OTAN commande les opérations et en contrôle l’étendue. (le 25) La France, la Grande‐Bretagne, les Etats‐Unis, les pays arabes et africains qui soutiennent l’intervention militaire de la coalition tiendront une réunion politique sur la Libye, à Londres, le 29 mars. Nicolas SARKOZY et David CAMERON y présenteront une initiative commune. (le 25) -
Après la fureur des armes, le confort douillet des isoloirs français. Avec le premier tour des élections cantonales. Abstention : 64,90%. ‐ Résultats : PS 24,94%, UMP 16,97%, FN 15,06%, Divers droite 9,32%, Europe Ecologie–Les Verts 8,22%, PCF 7,91%, Nouveau centre 5,45%, Divers gauche 5,41%, Parti radical de gauche 1,48%, autres 1,35%, MoDem 1,22%, Parti de gauche 1,01%, Extrême gauche 0,58%, Régionalistes 0,53%, Ecologistes 0,37%, Extrême droite 0,15%. Abstentions 64,90%. (le 21) Pour le second tour, la gauche part globalement unie pour affronter la droite et le FN. Europe Ecologie‐Les Verts joue les trouble‐fête en se maintenant dans 37 cantons. (le 23) Le Parti socialiste, qui contrôlait 58 départements sur 100, a pris à la droite le Jura et les Pyrénées‐Atlantiques. Il semble bien placé pour faire de même en Savoie, à La Réunion et à Mayotte. L’UMP a repris le Val‐d’Oise à la gauche. (le 27) Résultats du second tour. Inscrits : 18.732.568, Votants : 8.401.991, Exprimés : 7.805.271 ‐ Abstention : 55,15% Parti socialiste : 35,75% obtient : 660 sièges UMP : 20,24% 264 FN : 11,73% 2 Divers droite : 9,44% 182 PCF : 4,88% 94 Divers gauche : 4,82% 112 39 Nouveau centre : 3,64% Europe Ecologie–Les Verts : 2,77% 27 Majorité : 2,52% 41 Radicaux de gauche : 1,53% 34 www.greliermichel.eu
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Divers : 1,32% MoDem : 0,95% Parti de gauche : 0,21% Régionalistes : 0,14% Extrême droite : 0,06% 27 14 4 2 1 (le 27) -
Des nouvelles de la santé financière du FN. La Société Générale a demandé la saisie du « Paquebot », l’ancien siège du FN à Saint‐
Cloud. Le FN doit 5,4 Mio euro à la banque. Le tribunal de Nanterre a donné deux mois au FN pour rembourser cette somme. (le 22) Le FN va rembourser sa dette à la Société Générale a dit Marine LE PEN. Quant à sa campagne présidentielle de 2012, elle sera financée par un emprunt. (le 23) Marine LE PEN entend présenter des candidats aux législatives de 2012, qui suivront la présidentielle, sous l’étiquette d’un rassemblement et non plus du Front national. (le 23) -
Après ces élections locales, cela va bouger dans les « usines à gaz » rose et verte. Oui, François HOLLANDE va se lancer dans les « primaires » du PS. François HOLLANDE devrait déclarer sa candidature dès sa reconduction à la tête du conseil général de Corrèze. (le 23) - Finalement, Brice va rejoindre Rachida. Débarqué du gouvernement en février, Brice HORTEFEUX sera élu député européen le 24 mars. Y aura‐t‐il un parlementaire français pour saisir le Conseil d’Etat sur ce mandat de convenance ? (le 23) Brice HORTEFEUX a récupéré sa carte d’accréditation et ses bureaux. La commission des affaires juridiques du PE s’est estimée non compétente et a estimé qu’il revenait au droit français de déterminer qui devait remplacer Catherine SOULLIE, démissionnaire « forcée ». (le 24) www.greliermichel.eu
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Semaine 13 – du lundi 28 mars au dimanche 03 avril 2011 « Nanard » est de retour -
D’abord les actions françaises de la semaine en Libye. L’aviation française a bombardé un centre de commandement à 10 km au sud des faubourgs de Tripoli. (le 28 mars) Alain JUPPE déclare que la France est prête à discuter avec ses partenaires de la fourniture éventuelle d’armes aux insurgés libyens. Il reconnaît qu’une telle aide n’est pas prévue dans les résolutions du conseil de sécurité. (le 29) Pour David CAMERON, la résolution 1973 permet de le faire pour protéger les populations civiles, mais Londres n’a pas décidé de le faire. Hillary CLINTON affirme que ce serait légal. Barack OBAMA dit : « Je ne l’exclus pas mais je ne l’inclus pas non plus ». (le 30) - Et Pékin ne reste pas muet. HU Jintao a critiqué fermement l’intervention en Libye lors d’une rencontre avec Nicolas SARKOZY. Il estime que le recours à la force ne réglerait pas la crise et que la diplomatie reste préférable. (le 30) -
Avant de clore cette partie des informations, sachez que… Les autorités italiennes ont transféré plus de 2.000 migrants clandestins, essentiellement des Tunisiens, de Lampedusa vers des camps de rétention de l’Italie continentale, à Manduria (Pouilles). (le 31) -
Et que… En 2010, l’UE‐27 a enregistré 257.800 demandes d’asile, soit 515 demandes par million d’habitants. Le chiffre pour 2009 était de 264.000 demandes. En 2010, les demandeurs étaient des Afghans (20.600), des Russes (18.500), des Serbes (17.700), des Iraquiens (15.800), des Somaliens (14.400), etc. En 2010, les demandes d’asile ont été enregistrées en France (51.600), en Allemagne (48.500), en Suède (31.900), en Belgique (26.100), au Royaume‐Uni (23.700), aux Pays‐Bas (15.100), en Autriche (11.000), en Grèce (10.300), en Italie (10.100), en Pologne (6.500). Ces dix Etats membres ont enregistré plus de 90% des demandes. En comparaison de la population, les taux les plus élevés de demandes ont été observés à Chypre (3.600 demandes par million d’habitants), en Suède (3.400), en Belgique (2.400), au Luxembourg (1.600), en Autriche (1.300),… France (795). Dans certains Etats, une grande proportion des demandes provenait d’un seul pays. En Pologne, 73% des demandes provenaient de Russie ; en Lituanie, 50% des demandes de Géorgiens ; en Bulgarie, 44% d’Irakiens ; en Lettonie, 38% d’Afghans ; en Hongrie, 33% d’Afghans. (le 29) -
Ici… www.greliermichel.eu
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Au lendemain des cantonales, les partis politiques se mettent en ordre de marche pour la bataille élyséenne de 2012. Pour Martine AUBRY, le PS a un « devoir de victoire en 2012 ». Cécile DUFLOT a souligné que son mouvement avait doublé le nombre de ses conseillers généraux et a prévenu le PS qu’il faudra un « projet profondément écologiste ». (le 28 mars) Quarante‐huit députés socialistes ont lancé un appel à Martine AUBRY afin qu’elle rassemble la gauche, avec la « gauche de la gauche » et les écologistes, en vue de la présidentielle de 2012, sans se prononcer explicitement sur sa candidature. (le 28) François HOLLANDE a été réélu à la présidence du Conseil général de Corrèze. (le 31) François HOLLANDE s’est officiellement déclaré candidat aux primaires du PS. « Je pars pour la primaire pour la gagner ». Sa candidature déplaît à la direction socialiste ainsi qu’aux partisans de DSK. (le 31) -
François HOLLANDE rejoint Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG et Ségolène ROYAL. DSK ne dévoile pas ses intentions. Martine AUBRY est poussée dans le dos par 48 députés socialistes. Martine AUBRY et François HOLLANDE veulent séduire les jeunes ; ils le font quasi au même moment et dans des termes très voisins. Pour Martine AUBRY, devant le Mouvement des jeunes socialistes, à Paris : « La place que l’on donne à la jeunesse mesure l’ambition que l’on a pour un pays ». Quarante‐huit heures auparavant, en Corrèze, François HOLLANDE avait dit : « De la réussite de la jeunesse dépend la réussite de notre pays ». (le 02 avril) -
Si Thomas avait été là, je pense qu’il se serait interrogé sur un double « copier‐coller » du manuel PS des discours de campagne. Martine AUBRY a dit vouloir lancer la campagne pour la présidentielle de 2012 avec la présentation du projet qui doit être dévoilé le 05 avril et non avec les « primaires » d’octobre. (le 28 mars) Vingt propositions du projet socialiste ont été publiées par le Journal du dimanche (JDD). Parmi elles, la sortie du tout‐nucléaire d’ici 20 ans, le plafonnement des salaires des patrons et l’égalité salariale hommes‐femmes en cinq ans. Ce projet présidentiel sera discuté le 05 avril en bureau national du PS, débattu et adopté le 09 avril en Conseil national, voté par les militants le 19 mai, avant une adoption finale le 28 mai lors d’une convention nationale. Les salaires dans les entreprises où l’Etat est présent serait encadrés dans les limites de 1 à 20. Les PDG de Renault, Carlos GHOSN, et d’EDF, Henri PROGLIO, devraient diviser leurs salaires par deux. Création de 300.000 emplois d’avenir, dans l’administration et l’économie sociale, financés par le maintien de l’ISF ou la suppression de l’exonération des heures supplémentaires. L’impôt sur le revenu serait fusionné avec la Contribution sociale généralisée (CSG) pour créer un grand impôt progressif prélevé à la source. Dans le domaine de la sécurité, le PS propose de créer 500 emplois de magistrats et de www.greliermichel.eu
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greffiers supplémentaires, ainsi que 10.000 postes dans les gendarmeries et commissariats sur cinq ans. (le 03 avril) -
Au PS, tout ne se passe pas dans la franche camaraderie. Le PS a créé une commission d’enquête interne composée de huit membres et dirigée par Alain RICHARD, ancien ministre de la Défense. Elle devra étudier le fonctionnement de la fédération des Bouches‐du‐Rhône, l’une des plus grosses du PS. (le 29 mars) Jean‐Noël GUERINI a été réélu président PS du Conseil général des Bouches‐du‐Rhône. (le 31) -
Et revoilà « Nanard » ! Neuf députés du PS ont demandé la saisie de la Cour de justice de la République (CjR) à propos du règlement par un tribunal arbitral du litige entre le Crédit Lyonnais et Bernard TAPIE en faveur de ce dernier. En 2008, le tribunal arbitral avait condamné le consortium de réalisation (CDR), société chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais à verser 285 Mio euro, hors intérêts, dont une indemnité de 45 Mio euro au titre du préjudice moral, au groupe Bernard Tapie ainsi qu’aux époux TAPIE, sur la vente d’Adidas. Cette décision avait été entérinée par Christine LAGARDE. Des députés socialistes estiment que ces décisions « avaient pour objet de favoriser des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt public ». Ils ajoutent que la décision de recourir à une procédure d’arbitrage relevait de l’« abus d’autorité » et visait à contourner une décision de justice. Pour Jean‐Marc AYRAULT, Christine LAGARDE, est directement impliquée. (le 02 avril) Après la rose, vient l’usine à gaz verte Les primaires d’EELV (Europe Ecologie‐Les Verts) se dérouleront en juin par correspondance et sur internet. Les résultats seront communiqués le 24 juin ou le 09 juillet en cas de second tour. Le corps électoral sera composé des seuls adhérents et « coopérateurs » (sympathisants non adhérents) et à ceux qui le deviendront d’ici là, moyennant une cotisation de 20 euro et la signature du Manifeste du rassemblement. (le 03 avril) -
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Du côté de l’extrême‐droite… Marine LE PEN affirme : « Le FN a enregistré une progression de 47% entre les deux tours des élections cantonales dans les 403 cantons où il était présent. Il est passé ainsi de 622.262 voix au premier tour à 912.279 voix au second, dans les cantons où il concourait ». Il apparaît que pour une majorité de Français, le FN est désormais un parti comme les autres. (le 28 mars) -
Sans oublier les souverainistes… Pour les législatives de 2012, Paul‐Marie COÛTEAUX, qui anime le Rassemblement pour l’Indépendance de la France (RIF), appelle à une alliance avec le Front national et Debout www.greliermichel.eu
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la République de Nicolas DUPONT‐AIGNAN, notamment. Il vise aussi les parlementaires de l’UMP qui ne pourront éviter une déroute si le FN maintient des candidats contre eux. Il précise être en contact avec les leaders souverainistes, de Philippe de VILLIERS à Jean‐Pierre CHEVENEMENT. (le 31) www.greliermichel.eu
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Semaine 14 – du lundi 04 au dimanche 10 avril 2011 Les plans de « l’usine à gaz » rose Le projet du PS pour la présidentielle de 2012 s’appelle « Le changement ». Il sera le « socle commun » pour tous les candidats à la primaire. Le PS juge possible de dégager cinq Mia euro de marge de manœuvre budgétaire par an pendant cinq ans pour le financer. Ses bases sont donc 25 Mia euro de ressources budgétaires et une hypothèse de croissance moyenne annuelle de 2,5% du PIB pour le prochain quinquennat. Les 25 Mia euro de marge de manœuvre viendraient d’une « meilleure sélectivité des dépenses », de la suppression des « cadeaux fiscaux » (bouclier fiscal et baisse de la TVA dans la restauration) et de la réduction de la dette et des déficits. (le 04 avril) Le document de travail du bureau national comprend 30 « priorités 2012 ». Martine AUBRY soutient le texte, François HOLLANDE l’approuve, Arnaud MONTEBOURG est sur une ligne plus à gauche, Manuel VALLS est plus au centre, et Ségolène ROYAL n’a encore rien dit. (le 05) A son arrivée au siège du PS, Martine AUBRY a eu cette phrase ambigüe à une question sur ses priorités : « Je vous le dirai quand je serai candidate ». En fin de journée, elle s’est reprise : « Si je suis candidate, je vous le dirai, je vous le confirme ». (le 05) Le document de travail du PS dresse un tableau assez noir de l’Union européenne, en proie à un « inachèvement politique et social », « où la croissance est la plus faible et le chômage le plus élevé » de la planète. Pour les socialistes, il faut faire « redémarrer » l’Europe. Ils proposent de renforcer la coordination économique des pays de l’UE. Ils préconisent l’utilisation des « coopérations renforcées », avec un « groupe pionnier » adossé à la France et à l’Allemagne. Pêle‐mêle, on trouve : une relation Paris‐Berlin par TGV, la naissance d’un emprunt européen, une assiette commune et un taux minimal de l’impôt sur les sociétés, une taxation de 0,05% des transactions financières au sein de l’UE, les « dépenses d’avenir » que sont l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche. (le 05) L’UMP s’est dite « troublée » par certaines modalités d’organisation des primaires du PS : le recours à des fichiers électoraux publics susceptibles d’être utilisés à d’autres fins, et « le caractère censitaire de cette élection, puisqu’il faut payer » pour y participer. (le 06) Le conseil national qui est la réunion des cadres du PS a adopté à l’unanimité son projet électoral pour 2012. Quant au vote ouvert à tous les sympathisants de gauche, il aura lieu les 09 et 16 octobre 2011, si besoin. (le 09) -
Ton image d’une « usine à gaz » est parfaite, des tuyaux partout. On ne voit pas bien d’où ils partent et où ils vont. Le cœur de l’usine est bien visible puisqu’ils l’ont peint en rose. A côté, il y a des ateliers plus ou moins grands qui portent les noms des candidats et il s’en construit des nouveaux. Et au‐dessus de l’entrée, cette magnifique enseigne que l’on vient d’accrocher : « Le changement ». www.greliermichel.eu
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Thomas, je te trouve très en forme. Tu auras d’autres moments pour t’énerver. Que dirais‐tu d’une autre « usine à gaz », plus petite et verte celle‐là ? Quelques jours avant l’entrée en lice de Nicolas HULOT, ses partisans et ceux d’Eva JOLY n’arrivent pas à s’accorder sur la date de leur future primaire présidentielle. (le 08) - Et finalement ? Les partisans d’Eva JOLY et de Nicolas HULOT vont repousser toute décision sur l’organisation de leur primaire et attendre l’entrée en lice de Nicolas HULOT. (le 08) -
C’est très « Vert » tout cela. Et je vois que les deux informations sont du même jour ! C’est pire que ce que tu vois. Regarde mieux les deux dépêches de Reuters. La première est de 17h47 et la seconde est de 18h08. A voir ce qui suit, je déclare ouvert le bal des soutiens tièdes et des mimiques. François FILLON a promis son soutien à Nicolas SARKOZY pour la présidentielle mais n’a pas renoncé à marquer sa différence. « Gaulliste social », il n’apprécie pas une stratégie de « droitisation » qui consisterait à s’approprier les thèmes du Front national. (le 04) -
Est‐ce que cela veux dire que le « mannequin‐sous‐chef » n’est pas d’accord avec le « chef de rayon » de cette vitrine politique ? Je continue. Le secrétaire national du PCF, Pierre LAURENT, s’est prononcé pour Jean‐Luc MELENCHON comme candidat pour la présidentielle de 2012. Les militants se prononceront début juin lors d’une conférence nationale du PCF. (le 08) Rama YADE, qui avait rejoint le Parti radical en décembre 2010, quitte l’UMP par solidarité avec Jean‐Louis BORLOO qui envisage une candidature présidentielle en 2012. (le 08) Jean‐Louis BORLOO s’est dit « prêt » à être le candidat présidentiel de la confédération des centres qu’il appelle de ses vœux. Le Parti radical doit arrêter une position officielle lors de son congrès des 14 et 15 mai prochains. (le 08) -
C’est une nouvelle vitrine qui s’ouvre … avec des mannequins mis au rebut, dans la réserve, au dernier remaniement de la vitrine de Nicolas SARKOZY. Et ils vont se faire concurrence. Le programme économique de Marine LE PEN pour la présidentielle de 2012 est fondé sur l’idée de « patriotisme économique national ». D’abord, sortir la France de l’euro en six à huit mois, tout en restant dans l’UE. Un nouveau franc serait créé, à parité avec l’euro au départ, assorti de la possibilité de dévaluer rapidement cette monnaie pour stimuler l‘économie. Ensuite, indexer les salaires sur les prix pour éviter une baisse du pouvoir d’achat. Encore, réduire la dette à 25% du PIB à l’horizon 2025. Et « protection aux frontières » et « quotas d’importation dans les secteurs caractérisés par la concurrence déloyale » comme le textile et la grande distribution. Enfin, des renationalisations dans les www.greliermichel.eu
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secteurs de la banque, des transports et de l’énergie. (le 08) -
Même moi qui n’y connaît pas grand‐chose en économie, je vois bien qu’en moins d’un an notre pays aura une monnaie de singe, que les soupes populaires feront fortune et que notre pays sera entouré de barbelés et de miradors pour empêcher d’entrer et de sortir. A quand la guillotine ? Le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de VILLIERS menace de ne pas soutenir Nicolas SARKOZY à la présidentielle « si la composante souverainiste de la majorité n’est pas davantage prise en compte ». (le 09) -
Thomas, dans notre galerie de portraits, nous avions accroché Brice HORTEFEUX et Claude GUEANT. Oui, pas loin de celui de Nicolas SARKOZY. Que leur arrive‐t‐il ? Emmanuel TORREGROSA, l’un des cadres de la fédération du PS de l’Allier, a déposé un recours devant le Conseil d’Etat à propos des conditions de l’arrivée de l’ex‐ministre Brice HORTEFEUX au Parlement européen. (le 06) -
Quant au second, si la situation se dégrade à Lampedusa, elle se dégrade aussi entre l’Italie et la France. D’abord, une catastrophe humaine… Un bateau chargé de migrants libyens et de demandeurs d’asile originaires de Somalie, du Nigeria, du Bangladesh, de Côte d’Ivoire, du Tchad et du Soudan (entre 200 et 300 personnes) a chaviré de nuit à une soixantaine de kilomètres de Lampedusa. Bilan actuel : 15 morts et de 130 à 250 disparus. (le 06) Le gouvernement tunisien refuse le « rapatriement collectif » de ses ressortissants en situation irrégulière qui se trouvent en Italie. Leur nombre est estimé entre 22.000 et 23.000. Les Premiers ministres tunisien et italien auraient conclu un « accord inédit » prévoyant la régularisation de 22.000 Tunisiens en situation irrégulière en Italie. (le 06) Roberto MARONI et Claude GUEANT sont convenus que l’Italie et la France allaient patrouiller ensemble, avec des moyens aériens, au large des côtes tunisiennes pour contenir l’afflux de migrants vers l’Europe. A la frontière franco‐italienne, la France appliquera strictement les conditions de la Convention de Schengen. Claude GUEANT a dit que seuls les immigrés présentant des ressources économiques suffisantes et des documents d’identité en règle seraient admis en France. L’Italie avait accordé des permis de séjour provisoires aux migrants, leur permettant de se déplacer librement dans les pays de l’espace Schengen. (le 08) - A suivre, comme on dit. www.greliermichel.eu
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Semaine 15 – du lundi 11 au dimanche 17 avril 2011 NH, DdV, DSK : « J’y vais ! », « Retenez‐moi… ! », « RV le 28 juin » -
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Surprenant ! Que faut‐il comprendre à ce titre ? NH, DdV et DSK sont des abréviations de noms de personnes. L’une d’entre elles est familière : DSK = Dominique STRAUSS‐KAHN. Les deux autres sont Nicolas HULOT = NH et Dominique de VILLEPIN = DdV. Et les exclamations qui suivent ? Ce sont les propos des uns et des autres que tu vas retrouver dans les infos qui suivent. Ça y est, le « grand marathon » est lancé ? Presque ! Parce que les favoris des « bookmakers » politiques, des politologues et des sondeurs d’opinions sont encore dans les coulisses. François FILLON a mis en garde son camp contre de nouvelles scissions. Il avait lancé un appel à Jean‐Louis BORLOO. Il s’est fait plus sévère lors d’une réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale. (le 12 avril) Hypothétique candidat, Dominique de VILLEPIN dit vouloir « incarner » le projet qu’il élabore dans cette perspective, sans se prononcer clairement. (le 13) -
Je comprends mieux le « retenez‐moi… ! » du titre. Nicolas HULOT a annoncé sa candidature. Selon lui, les choix auxquels seront confrontés les électeurs sont : « soit prolonger le statu quo d’un système périmé en s’entêtant dans un modèle de développement qui n’est plus la solution mais qui est bien le problème, ou s’engager dans la dynamique du changement vers une société nouvelle, écologique et sociale ». Nicolas HULOT « souhaite favoriser l’émergence d’une nouvelle majorité politique, une nouvelle majorité de progrès, pour imaginer et mettre en œuvre ce changement de cap ». Nicolas HULOT participera aux primaires d’EELV. (le 13) -
EELV, dont la traduction est ? Europe Ecologie‐Les Verts. Nicolas HULOT souhaite rassembler la famille écologiste et n’envisage pas un schisme. Eva JOLY le critique sur son positionnement politique et sur le nucléaire : « Il ne faut pas confondre notoriété et crédibilité ». Nicolas HULOT a quitté TF1 et s’apprête à faire la même chose avec sa fondation. (le 14) Nicolas HULOT a rejeté la compatibilité mise en avant par Marine LE PEN entre son projet écologique pour 2012 et celui du FN. (le 14) -
Tu accepteras que je dise de la période qui arrive que ce ne seront sûrement pas des vacances pour Monsieur HULOT. Oui, Thomas, mais je tolère seulement. Pierre MOSCOVICI, l’un de ses soutiens, a déclaré que DSK prendra la décision de se www.greliermichel.eu
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présenter ou non avant le 28 juin 2011, date du début de la période de dépôt des candidatures socialistes pour les primaires. (le 15) -
Ira‐t‐y ? Ira‐t‐y pas ? Je ne sais pas, mais je parierai bien 1,5 euro sur ton « Ira‐t‐y pas ». Et pendant ce temps, la France continue de fonctionner. L’Assemblée nationale publie le projet de loi adopté relatif à l’élection des représentants au Parlement européen. (le 11) -
C’est l’affaire des deux eurodéputés français fantômes déjà évoquée. François FILLON, à Bruxelles, réaffirme l’engagement européen de la France et plaide pour un gel du budget de l’UE jusqu’en 2020. « Nous demandons pour le budget européen le même effort que celui qui s’impose aux budgets nationaux, c’est‐à‐dire la stabilité des dépenses », dit‐il. (le 14) - Geler le budget communautaire a priori, sans s’interroger sur ce que l’on veut faire de l’Union, n’a strictement aucun sens. Je t’ai dit que la France fonctionnait, je précise qu’elle fonctionne « cahin‐caha ». Pour l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la cure d’austérité et la hausse des matières premières vont empêcher la France de rattraper, à partir de 2012, son retard de production accumulé depuis 2008. Le regain de l’inflation lié à la hausse des matières premières, cumulé aux restrictions budgétaires, affectera en premier lieu le pouvoir d’achat des ménages. (le 15) -
Ça, c’est un « cahin ». As‐tu un « caha » ? Le gouvernement a annoncé l’abandon du « bouclier fiscal » (coût : 690 Mio euro en 2010) et l’alourdissement de la taxation de l’héritage alors que 97% des successions sont désormais exonérées. C’est un début de rééquilibrage de la fiscalité au détriment des plus riches auquel on assiste. Il ne reste plus que la non‐imposition des heures supplémentaires. A l’été 2007, avant le début de la crise des « subprimes », les ministres de la zone euro avait essayé de dissuader Nicolas SARKOZY de baisser les impôts, alors que le déficit français restait important, en faisant valoir qu’en cas de ralentissement de l’activité, Paris n’aurait plus aucune marge de sécurité. Alors que le déficit public français sera de ‐5,7% en 2011 et la dette publique à 84,6% du PIB, l’avertissement de l’époque apparaît pour le moins fondé. De son côté, l’Allemagne, qui n’a pas diminué ses impôts, aura ramené son déficit à 2,5% cette année et connaît une croissance supérieure à celle de la France. La France doit impérativement redresser ses comptes publics, non seulement à cause de ses engagements européens, mais aussi pour garder son AAA qui lui permet d’emprunter à bas coût sur les marchés financiers. (le 15) -
Il n’y a pas qu’en France que cela chahute. Revoilà des conséquences de Lampedusa… L’Allemagne, l’Autriche et la France n’ont guère apprécié le chantage italien de laisser www.greliermichel.eu
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passer librement les clandestins tunisiens chez ses voisins. « Il n’y a pas d’arrivée massive, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement italien et à ce que laissent croire les images spectaculaires venant de Lampedusa ». Pour Patrick WEILL, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de l’immigration, les 25.800 personnes qui ont débarqué représentent peu de monde au regard de la situation économique en Tunisie et de la guerre en Libye. Ce chiffre est d’autant moins spectaculaire que l’Italie a régularisé, en plusieurs vagues dont la plus récente en 2009, plus d’un million de sans‐papiers ces dernières années. Et, contrairement à ce que dit le gouvernement italien, la délivrance de titres de séjour temporaires ne permet pas de s’installer librement dans un autre pays de l’UE. Il leur faut un titre de longue durée (au‐delà de trois mois) et les moyens de subvenir à leurs besoins. (le 12) François FILLON a réitéré, à Bruxelles, le refus de la France d’accepter les immigrés clandestins qui transitent par l’Italie. « Les ressortissants tunisiens n’ont pas vocation à être répartis dans les différents pays européens. Ils ont vocation à retourner dans leur pays », dit‐il. (le 14) -
A propos de la Libye… Un responsable de l’opposition libyenne déclare que les Occidentaux doivent de façon urgente intensifier leurs opérations pour faire cesser les massacres de civils dans Misrata. A l’Elysée, Souleimane FORTEA a demandé que la France et la Grande‐Bretagne agissent seules si l’OTAN et les Nations unies sont réticentes. Souleimane FORTEA a quitté Misrata pour Benghazi ; il a mis trente heures à bord d’un bateau de pêche. Il est arrivé à Paris avec deux autres représentants de l’opposition dans un avion privé en compagnie de BHL, qui a assisté à la réunion de l’Elysée. (le 14) -
Il est encore là, BHL ? Mais pourquoi ? Je ne sais pas te répondre. Est‐il payé par Alain JUPPE, par Nicolas SARKOZY ? A quel titre intervient‐il ? Au nom de la France ? En son nom propre ? Autant de questions, Thomas, qui restent sans réponse. David CAMERON, Barack OBAMA et Nicolas SARKOZY ont publié une tribune commune « Le chemin vers la paix » dans Al Hayat, International Herald Tribune, Le Figaro et The Times. « Il ne s’agit pas d’évincer KADHAFI par la force. Mais il est impossible d’imaginer que la Libye ait un avenir avec KADHAFI ». (le 15) www.greliermichel.eu
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Semaine 16 – du lundi 18 au dimanche 24 avril 2011 BHL, l’insurgé libyen à l’Elysée -
Lundi de Pâques. Il fait encore très beau. Thomas est parti sur la côte avec sa famille. Son retour risque d’être difficile avec d’imposants embouteillages, sinon il sera nocturne. C’est donc seul que je vais évoquer cette semaine qui restera l’une des plus creuses de ce début d’année. Rendez‐vous compte ! La Grande‐Bretagne envoie une vingtaine d’officiers militaires en Libye pour aider les forces de l’opposition à s’organiser. Ils rejoindront des diplomates britanniques qui coopèrent déjà avec les chefs de l’opposition à Benghazi. Ces conseillers ne fourniront pas d’armes aux rebelles et ne les aideront pas dans leurs attaques contre les forces gouvernementales. (le 19) Des officiers de liaison français vont effectuer une mission auprès du CNT. Dix instructeurs militaires italiens vont entraîner les insurgés. (le 20) Nicolas SARKOZY a promis une intensification des raids aériens internationaux contre les forces de KADHAFI. Bernard‐Henri LEVY (BHL) joue les intermédiaires entre le CNT et Paris depuis le début. Selon lui, trois militaires ‐ un Français, un Britannique et un Italien ‐ sont déjà dans la salle d'opérations des insurgés à Benghazi. Leur rôle est « d'éviter les bavures » comme celle qui s'est récemment soldée par la destruction par erreur de quatre chars des insurgés. « L'ambassadeur de France m'a lui‐même présenté le 10 ou le 11 avril dans les bureaux du président du CNT le capitaine de corvette français qui venait d'arriver pour servir d'officier de liaison », a souligné BHL. (le 20) -
Pour la France, c’est en vrac avec si peu d’information. La lettre adressée à chacun des préfets de France pour leur dire que les serviteurs de l’Etat n’avaient rien à redouter de l’arrivée au pouvoir du Front national. Marine LE PEN a précisé qu’elle n’avait pas voulu rendre publique sa démarche. (le 19) La phrase de Martine AUBRY sur Nicolas SARKOZY : le président du « payer plus pour gagner moins ». (le 19) Le candidat unitaire de la gauche au premier tour de l’élection présidentielle grâce à des « primaires ouvertes », réclamé par des personnalités. Daniel COHN‐BENDIT, présenté comme un des signataires de cet appel, l’a démenti. (le 19) Les projections démographiques de l’Insee qui montrent que le financement de la protection sociale reposera sur une part toujours plus réduite d’actifs. Le ratio entre actifs et inactifs passera de 2,1 en 2010 à 1,5 en 2060, tout en tenant compte de l’impact de la réforme des retraites de 2010. (le 22) Le fascicule – une soixantaine de pages, 5.000 exemplaires, 8.500 euro – diffusé, comme en www.greliermichel.eu
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2009 et en 2010, par les services du chef de l’Etat pour vanter son action depuis le début de son quinquennat. (le 22) Le conseil éclairé de Dominique de VILLEPIN à Nicolas SARKOZY qui ne doit pas faire du conflit libyen « une affaire personnelle » au risque de s’engager dans une guerre longue ou un enlisement. De plus, sur le plan intérieur, « Nicolas SARKOZY lierait son sort politique à la situation de la Libye ; cela veut dire que Mouammar KADHAFI pourrait devenir l’arbitre de l’échéance électorale française ». Il a ajouté : « N’allons pas jouer Tintin en Afrique une nouvelle fois en Libye », et « ne nous prenons pas pour Rambo ». (le 24) -
Bonne semaine, et lundi prochain Thomas sera de retour. Nous aurons sûrement des informations plus substantielles. www.greliermichel.eu
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Semaine 17 – du lundi 25 avril au dimanche 01 mai 2011 Le « rêve français » de François ou de Carla -
Commençons par un échec diplomatique français. Tu es sûr que cela peut exister, au royaume de Nicolas ? Oui Thomas. La France, avec l’Allemagne, la Grande‐Bretagne et le Portugal demandent au Conseil de sécurité des Nations unies de condamner la violente répression exercée par la Syrie contre des manifestants. On ignore quelle sera l’attitude la Chine et de la Russie. (le 25 avril) L’initiative européenne a échoué au Conseil de sécurité de l’ONU en raison de l’hostilité de la Russie, de la Chine et du Liban. (le 28 avril) -
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Revoilà des migrants et des réfugiés. Comment dit‐on ? Ce problème est récurrent ? Oui, il se répète régulièrement. Que d’amalgames entre ces deux notions. Je sais bien qu’il est question d’hommes, de femmes et d’enfants dans l’un comme dans l’autre cas, mais ici les différences restent gigantesques. Nous, les Italiens et les Français, sommes confrontés à des migrants quand les Tunisiens sont confrontés à des flots de réfugiés, c’est bien cela ? Oui Thomas. Quelques 25.000 migrants, pour la plupart originaires de Tunisie et le plus souvent désireux de gagner la France, ont débarqué sur l’île de Lampedusa au terme d’une traversée périlleuse. Mais la grande majorité des 665.000 personnes, pour la plupart des travailleurs immigrés, qui ont fui la Libye depuis février se sont réfugiées principalement en Tunisie, et en Egypte, au Niger, en Algérie, au Tchad, au Soudan. Seuls 5.182 d’entre eux ont atteint l’Italie et Malte. (le 26) La situation humanitaire devient de plus en plus préoccupante pour les réfugiés passés en Tunisie. Ils seraient près de 24.000 à avoir traversé la frontière depuis le 06 avril. Ils sont plus de 1.500 dans le camp de Dehiba mis en place par les Emirats arabes unis et géré par le Croissant‐Rouge tunisien. (le 01 mai) -
Suit, naturellement, la querelle italo‐française sur nos migrants. Pour le 29ème sommet franco‐italien, la crise libyenne et l’afflux d’immigrants d’Afrique du Nord seront sur la table des discussions. Pour Laurent WAUQUIEZ, « l’Europe, ce n’est pas la libre circulation des immigrants illégaux ». (le 25) Silvio BERLUSCONI et Nicolas SARKOZY ont tourné la page de plusieurs semaines de tension entre les deux pays sur les questions d’immigration clandestine. Ils ont lancé une initiative commune pour demander la révision du traité de Schengen sur la libre circulation des personnes. (le 26) www.greliermichel.eu
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La Commission européenne se place en position d’arbitre entre la position française, qui a décidé de refouler à la frontière toutes les personnes en situation irrégulière, et la position italienne, qui a décidé d’accorder des visas temporaires à tous les immigrés arrivant sur son sol en provenance de Tunisie et de Libye. José Manuel BARROSO a écrit à Nicolas SARKOZY et à Silvio BERLUSCONI : « le rétablissement des frontières est une possibilité parmi d’autres, qui, à condition d’être soumise à des critères spécifiques et bien déterminés, pourrait constituer un élément pour renforcer la gouvernance de l’accord Schengen ». Il ajoute que « cette gestion ne devrait pas nous conduire à pencher vers une vision trop sécuritaire, qui pourrait paraître comme niant les valeurs mêmes sur lesquelles se fonde le projet européen, ni vers une vision trop laxiste de la politique sur l’immigration ». (le 01 mai) -
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Qu’est‐ce qu’il parle bien ce BARROSO, sous son grand parapluie politique. Ses propos sont pesés au gramme près. Tout cela dans le monde qui nous entoure… Et si peu de choses dignes d’intérêt chez nous, c’est bien ce que tu voulais dire ? Oui. Thomas, je t’invite à porter une attention particulière à cette information‐ci. Les noms des quatre otages français aux mains d’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) depuis septembre 2010 sont connus : Pierre LEGRAND, Daniel LAMBE, Thierry DOL et Marc FURRER. (le 27) François HOLLANDE a un programme pour les primaires du PS qui tourne autour d’un « rêve français ». Il comprend une réforme fiscale, la disparition des niches fiscales, une fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu. Pour les jeunes, François HOLLANDE propose « un référent qui suivrait l’élève tout au long de ses choix ». Pour les seniors, il propose un système de double exonération de cotisations réservé à tout « employeur qui s’engagerait à garder un senior jusqu’à la retraite tout en embauchant un jeune de moins de 25 ans ». Il dit réfléchir à « un nouveau mode de calcul du Smic ». (le 27) - « L’usine à gaz rose » a un nouveau guide. Le coup d’envoi informel de la campagne pour la primaire socialiste en vue de l’élection présidentielle de 2012 a été donné. François HOLLANDE a dégainé le premier, il a présenté les grandes lignes de son programme « rêve français ». Il a critiqué Nicolas SARKOZY, le « président de la division ». (le 28) Manuel VALLS a confirmé qu’il se retirerait de la primaire si DSK entrait en lice et a demandé à François HOLLANDE de faire de même. Celui‐ci a dit ne pas savoir si DSK, désigné par les sondages comme le meilleur candidat socialiste, serait sur la ligne de départ. « S’il l’est, ce sera une belle primaire. Je sais que nous ferons là une compétition loyale et que nous serons rassemblés derrière celui ou celle qui sera désignée par les socialistes ». (le 01 mai) -
De la gauche à l’extrême droite. L’ancien siège du Front national, en bordure de Seine à Saint‐Cloud, a enfin été vendu autour de 10 Mio euro à une chaîne de maisons de santé. Cette vente permettra au FN de www.greliermichel.eu
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sortir de ses difficultés financières et à Marine LE PEN d’envisager plus sereinement sa campagne pour la présidentielle. (le 27) Le thème de ce 1er‐Mai frontiste était « Liberté » et le défilé, plus fourni qu’en 2010, était « en l’honneur des travailleurs ». Des consignes ont été données pour éviter les débordements, les militants au crâne rasé ou en treillis militaire ont été exclus du rassemblement, faisant place aux jeunes du FN. Jean‐Marie LE PEN, devenu président d’honneur du FN, a défilé aux côtés de sa fille. (le 01 mai) -
Hmmmm… celle‐ci, j’hésite à te la donner. Je redoute ta réaction. Mais je ne sais pas du tout de quoi tu parles. Allez, vas‐y. Il ne peut pas y avoir pire que nos « berlusconneries » habituelles. Allez ! Carla BRUNI‐SARKOZY, 43 ans, a expliqué pourquoi elle ne communiquait pas sur le sujet, elle n’a ni confirmé ni démenti les rumeurs de grossesse qui agitent la presse « people ». (le 29) -
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Et ma réaction est… Thomas reste silencieux et mystérieux, mais un sourire éclaire son visage et les yeux pétillent. Alors ? Je souhaite vivement que le fruit de cette grossesse soit une fille. Les gènes de Carla me plaisent bien quand les gènes du père me gênent souvent. Et par quoi vas‐tu terminer après cela ? Par quelque chose de sérieux que tu peux sauter si tu le veux. Je tiens pourtant à mettre ces tableaux au service du public car depuis les crises budgétaires grecque, irlandaise, portugaise, un climat de doute pèse sur la validité de tous les chiffres donnés et la suspicion s’applique aussi à ceux qui les donnent, ce qui fut mon cas il y a quelques jours. Dans la série des « bulletins de santé » politiques et économiques, les déficits publics et les dettes publiques pour 2010 sont connus. Ce qui donne les trois tableaux (abrégés) suivants : 1/3 ‐ Produit intérieur brut aux prix du marché (PIB pm), en Mio euro. Par ordre décroissant de valeurs 2010 Rappel 2008 Union européenne – 27 (en euro) 12 280 644 12 494 352 Zone euro ‐ 17 (en euro) Allemagne (en euro) France (en euro) Royaume‐Uni (en GBP au taux 0,88715 pour 1 euro) Italie (en euro) Espagne (en euro) etc. www.greliermichel.eu
9 204 316 2 498 800 1 947 576 1 638 523 9 264 270 2 481 200 1 948 511 1 629 465 1 548 816 1 062 591 1 567 761 1 088 124 72
2/3 ‐ Déficit public, en % du PIB. Par ordre décroissant de valeurs Irlande Grèce Royaume‐Uni Espagne Portugal (5ème) France (10ème) Italie (17ème) Allemagne (21ème) Danemark (23ème) Finlande (24ème) Luxembourg (25ème) Suède (26ème) Estonie (27ème) 2010 ‐32,4 ‐10,5 ‐10,4 ‐9,2 ‐9,1 ‐7,0 ‐4,6 ‐3,3 ‐2,7 ‐2,5 ‐1,7 0,0 0,1 Rappel 2008 ‐7,3 ‐9,8 ‐5,0 ‐4,2 ‐3,5 ‐3,3 ‐2,7 0,1 3,2 4,2 3,0 2,2 ‐2,8 3/3 ‐ Dette publique, en % du PIB. Par ordre décroissant de valeurs 2010 Rappel 2008 Grèce 142,8 110,7 Italie 119,0 106,3 Belgique 96,8 89,6 Irlande 96,2 44,4 Portugal 93,0 71,6 Allemagne 83,2 66,3 ème
France (7 ) 81,7 67,7 ème
Royaume‐Uni (9 ) 80,0 54,4 ème
Espagne (14 ) 60,1 39,8 ème
Pologne (15 ) 55,0 47,1 ème
Finlande (16 ) 48,4 34,1 ème
Suède (20 ) 39,8 38,8 ème
Luxembourg (25 ) 18,4 13,6 (le 26 avril) - As‐tu un commentaire à faire ? - « No comment », comme on dit, sans un mot, en souriant, sagement, à Londres. www.greliermichel.eu
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Semaine 18 – du lundi 02 au dimanche 08 mai 2011 Aie confiance ! -
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Ton titre me trouble. Je ne vois pas dans ce que je sais de l’actualité ce qui justifie un tel impératif. Et il me rappelle furieusement le serpent Kaa face à Mowgli, les yeux dans les yeux, dans le dessin animé de Disney : « Le Livre de la Jungle ». C’est en réaction à l’attitude de Claude GUEANT et d’Alain JUPPE, qui sont comme Mowgli face à la candidature de Nicolas SARKOZY. Nous allons y venir. Je tiens à commencer cette semaine par deux lignes d’un faire‐part mortuaire. Lundi 02 mai 2011, 05h22 ‐ Oussama Ben LADEN est mort et son corps est aux mains des autorités américaines. Barack OBAMA doit le confirmer dans les minutes qui viennent. (le 02 mai) -
Pourquoi es‐tu si bref ? Parce que cet homme mérite que l’on détaille la longue liste de ses crimes et assassinats commandités de par le monde… ou d’être ignoré. C’est ce que je fais. D’accord, et passons à autre chose. Pas gai, pas gai, désolé. Le ministère français des Affaires étrangères évoque des cas de tortures accompagnant les arrestations de manifestants en Syrie. (le 07) -
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Pour la Libye, Thomas, tu te rappelles que les pays qui ont mis en application les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, dont la France, ont formé un « Groupe de contact » politique. Oui, c’est au moment où l’OTAN a pris les choses en mains pour la partie militaire. Exact, et le Groupe de contact se pose la question de l’aide financière à apporter aux insurgés. Le Groupe de contact sur la Libye s’est réuni à Rome pour trouver les moyens de financer la rébellion libyenne qui évalue ses besoins à 2 Mia euro pour payer les soldes des insurgés, la nourriture, les médicaments et d’autres fournitures de base. Pour l’aide humanitaire aux civils, les pays participants ont promis 170 Mio euro, mais le financement de l’insurrection est une affaire plus délicate. (le 05) Le Groupe de contact a convenu de créer un fonds international auquel le Conseil national de transition (CNT) pourrait avoir accès afin de fournir des services de base aux Libyens. « Le mécanisme transitoire de financement sera approvisionné par toutes sortes de dons, prêts et gels des avoirs », a dit Alain JUPPE. (le 05) -
Les diplomates restent actifs. La France a décidé d’expulser « 14 ex‐diplomates libyens en poste en France ». (le 06) www.greliermichel.eu
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Les pêcheurs aussi sont actifs. Que nous dis‐tu là ? Que viennent faire des pêcheurs dans les affaires libyennes ? Je t’explique… Sur le port de Sète, sept thoniers‐senneurs battant pavillon libyen achèvent leurs préparatifs pour l’ouverture de la pêche au thon rouge le 15 mai. Six d’entre eux sont gérés par deux armateurs français qui ont monté des sociétés communes avec des Libyens, dont une au moins appartient à l’un des fils KADHAFI. Dans quelques jours, ils devraient appareiller pour le golfe de Syrte où les thons rouges adorent se réunir pour forniquer par dizaines de milliers. Compte tenu des troubles en Libye, ces bateaux n’auraient jamais dû participer à la pêche cette année. (le 05) -
Quelques nouvelles de France. L’Assemblée nationale a adopté le texte de notre programme de stabilité 2011‐2014 que le Sénat avait approuvé le 27 avril. La France s’y engage à revenir à 3% de déficit public en 2013. Le document va être transmis à la Commission européenne. (le 02) Les députés ont engagé l’examen du projet de loi qui vise à inscrire dans la Constitution française le retour à l’équilibre des comptes publics. Comme toute modification de la Constitution, elle doit être adoptée dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat, puis soumise à référendum – peu probable ‐ ou au vote du Parlement réuni en Congrès. Au Congrès, la modification devra recueillir la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, ce qui obligera la majorité à obtenir le soutien de voix de l’opposition. La gauche a réaffirmé son opposition à cette réforme. Le vote solennel sur l’ensemble du texte est prévu pour le 10 mai. (le 03) -
Quelques nouvelles de nos compétiteurs annoncés et possibles pour 2012, en commençant par le dernier vainqueur. Nicolas SARKOZY affirme ne rien renier de son programme de 2007 et ne rien redouter à un an de la présidentielle, en dépit d’une popularité au plus bas quatre ans après son arrivée au pouvoir. « Plus le temps passe, plus je me sens indépendant de mes amitiés, de mes fidélités, et serein face à l’adversité ». (le 03) Alain JUPPE et Claude GUEANT se sont dits confiants dans la candidature de Nicolas SARKOZY à sa propre succession en 2012. Eric BESSON s’est aussi montré optimiste à ce sujet. - Michel, voilà pour ton titre. J’ai confiance ! Mais qui est Kaa ? - … Nicolas SARKOZY joue les « coquets » : « Je suis le dernier à pouvoir exprimer quelque désir que ce soit quant à la prochaine élection présidentielle. Je suis président. J’exerce la fonction, j’ai donc un devoir que n’ont pas les autres. Cela s’appelle la servitude du pouvoir. Je n’ai pas le droit de me livrer à des calculs si loin d’une échéance qui n’est pas encore dans la tête des Français ». (le 04) www.greliermichel.eu
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Cela ressemble étrangement à du DSK‐FMI. Pour Alain JUPPE, la candidature de Nicolas SARKOZY c’est un « secret de Polichinelle ». Pendant ce temps, dans la vitrine d’en face, la casserole marseillaise est sur le feu. La commission d’enquête du PS sur sa fédération des Bouches‐du‐Rhône a entamé ses auditions. Composée de huit membres, présidée par Alain RICHARD, elle doit entendre 90 élus, cadres, secrétaires de section et militants. Parmi les sujets abordés figurent le découpage des secteurs, la transparence dans l’organisation des votes et l’attribution des cartes de militants. Certains élus, Sylvie ANDRIEUX et Eugène CASELLI, ont demandé des auditions en tête‐à‐tête avec Alain RICHARD. Le président de la Région PACA, Michel VAUZELLE, sera entendu à Paris dans quelques semaines. La commission d’enquête doit rendre son rapport le 20 juin. (le 03) -
Chez leurs candidat(e)s. Des rumeurs, aussitôt formellement démenties, sur un éventuel renoncement de Martine AUBRY à se présenter à la primaire ont couru. Elles témoignent de la nervosité ambiante à un an de l’élection. A l’heure actuelle, sont candidats : Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG, Ségolène ROYAL et François HOLLANDE. Les prétendants potentiels sont : Martine AUBRY, Benoît HAMON et DSK. (le 03) Arnaud MONTEBOURG ne voit que quatre candidats se présenter in fine au suffrage des électeurs de gauche. DSK sans doute, François HOLLANDE et Ségolène ROYAL peut‐
être, et lui. Il tranche : « Les primaires, ce n’est pas sur les hommes, c’est sur les orientations ». Il veut « parler à l’intelligence des Français ». Il est le tenant d’une « démondialisation » qui protège les plus faibles et relance l’industrie. Il considère DSK comme « un employé du FMI. Il n’est pas le dirigeant du FMI ». (le 03) -
Nous avons nos inclassables, momentanément. Climat apaisé à l’ouverture du procès en appel de Dominique de VILLEPIN (DdV) dans l’affaire dite « Clearstream ». Ce second procès revêt de lourds enjeux politiques, DdV pouvant, s’il se présente à la présidentielle, mettre en péril les chances de réélection de Nicolas SARKOZY. (le 02) -
A l’extrême‐droite. Marine LE PEN rêve d’affronter DSK ou Nicolas SARKOZY au second tour de la présidentielle. Elle redoute beaucoup plus François HOLLANDE. (le 03) -
Et à l’extrême‐gauche. Olivier BESANCENOT, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), a annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle. Il l’avait été en 2002 (4,25% des voix) et en 2007 (4,08%). (le 05) www.greliermichel.eu
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Semaine 19 – du lundi 09 au dimanche 15 mai 2011 DSK : l’homme qu’il « ne fallait pas laisser seul dans un hôtel » Thomas est arrivé de bonne heure, tout excité. - Qu’est‐ce qui t’arrive ? - Tu as entendu, les Américains ont arrêté DSK et lui ont passé les menottes ! C’est fou ! Mais où va‐t‐on ? - Calme‐toi un peu, Thomas. Ne te laisse pas emporter par la vague médiatico‐people. Reprends tes esprits et regarde les différentes dépêches sur la table. Si tu le veux bien, gardons les faits et leurs conséquences, pas les humeurs. - D’accord. Voyons cela. Dominique STRAUSS‐KAHN a été interpellé à l’aéroport international J.F. Kennedy dans l’avion d’Air France qui devait l’emmener vers Paris. Il sera interrogé dans le cadre d’une enquête sur l’agression sexuelle d’une femme de chambre d’un hôtel new‐yorkais. (le 15 mai) Une jeune femme noire, âgée de 32 ans, a affirmé aux autorités qu’on lui avait demandé de faire le ménage dans la suite qu’occupait DSK à l’hôtel Sofitel, en lui précisant qu’elle était vide. Elle était entrée dans la suite et avait été agressée sexuellement par DSK. La femme de chambre dit avoir réussi à se libérer et à s’échapper de la chambre avant de raconter au personnel de l’établissement ce qui s’était passé. La police a été alertée. La femme de chambre a été transportée dans un hôpital afin de recevoir des soins pour des blessures qualifiées de mineures. DSK, ayant oublié sur place son téléphone mobile, semble être parti précipitamment vers l’aéroport. (le 15) DSK devait rencontrer Angela MERKEL à Berlin, puis rejoindre les ministres des Finances de l’UE à Bruxelles les 16 et 17 mai. (le 15) DSK a été officiellement placé en état d’arrestation pour des faits présumés d’agression sexuelle, tentative de viol et séquestration. Il devrait être présenté à un juge qui décidera ou non de le remettre en liberté sous caution. DSK plaide non‐coupable. (le 15) -
Après les faits, quelques réactions parmi toutes celles disponibles… Ségolène ROYAL est la première à réagir. Il serait « indécent de commenter les conséquences » de la « nouvelle bouleversante » et du « choc » que constitue l’interpellation de DSK. Elle rappelle le droit à la présomption d’innocence. (le 15) Martine AUBRY parle d’un « coup de tonnerre » et appelle « à attendre la réalité des faits, à respecter la présomption d’innocence et à tous de garder la décence nécessaire ». (le 15) Bernard TAPIE estime que les accusations visant DSK pouvaient « évidemment » être un coup monté. (le 15) www.greliermichel.eu
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François HOLLANDE, stupéfait : il faut « se garder de toute conclusion prématurée ». Il est « trop tôt pour dire » si cette affaire empêchera DSK d’être candidat à l’élection présidentielle. (le 15) François BAROIN, porte‐parole du gouvernement : il faut « être d’une extraordinaire prudence dans l’expression, dans l’analyse, dans les commentaires et dans les conséquences » concernant les accusations visant DSK. (le 15) Marine LE PEN : la candidature de DSK à la primaire socialiste a subi « un coup d’arrêt définitif ». (le 15) -
Après les faits et des réactions, des conséquences… Le FMI a dépêché Nemat SHAFIK, un vice‐directeur général qui supervise ses actions dans plusieurs pays européens, à la réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles où il remplacera DSK. Cette réunion devait être consacrée aux difficultés persistantes de la Grèce mais aussi au plan de sauvetage de 78 Mia euro pour le Portugal et aux progrès de l’Irlande. (le 15) DSK ne pourra pas participer au sommet du G‐8, les 26 et 27 mai à Deauville, et sans doute pas non plus à celui du G‐20 début novembre à Cannes. C’est une mauvaise nouvelle pour la présidence française du G‐8 et du G‐20, qui comptait sur son soutien actif. L’Elysée refuse encore de faire le moindre commentaire sur l’affaire DSK, en se retranchant derrière les procédures judiciaires en cours aux Etats‐Unis. (le 15) -
Voilà pour ce midi. Nul doute que le déchaînement médiatique va suivre dans les jours prochains. Eh bien Michel, je n’en reviens pas. Mon Silvio BERLUSCONI aurait‐il trouvé un maître ? Sache quand même qu’au moment où DSK connaissait le sort que tu sais, l’Elysée faisait cette communication officielle… L’élection présidentielle se déroulera les 22 avril et 06 mai 2012. Les élections législatives se dérouleront les 10 et 17 juin 2012. (le 11) -
Toujours en France… Ah ! Respirer le bon air de nos provinces et écouter les doux propos de nos hommes et femmes politiques. A la demande des autorités judiciaires françaises, les députés européens ont levé l’immunité de Bruno GOLLNISCH afin qu’une plainte pour incitation à la haine raciale puisse être examinée. Ils ont estimé que l’affaire n’est pas liée à ses activités en tant que parlementaire européen mais plutôt à son rôle de conseiller régional de Rhône‐Alpes. (le 10) Le parquet général de la cour de cassation a saisi la commission des requêtes de la Cour de justice de la République d’éventuels faits d’abus d’autorité concernant Christine LAGARDE dans l’affaire Tapie. Son entourage estime qu’il s’agit d’une étape normale de la procédure. www.greliermichel.eu
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Quant à Bernard TAPIE : « Je vous confirme, quitte à vous décevoir, que toutes les gesticulations n’ont pas le pouvoir d’inverser le cours de la décision. C’est un arbitrage en dernier ressort. Qu’on arrête ces fantasmes ». (le 10) L’Assemblée nationale a adopté (321 pour et 229 contre) le projet de loi constitutionnelle sur l’équilibre des finances publiques, destiné à introduire une « règle d’or » budgétaire dans la Constitution. Le Sénat doit examiner ce texte à partir du 14 juin. (le 10) Nicolas SARKOZY a rappelé à l’ordre Laurent WAUQUIEZ, ministre des Affaire européennes, à l’origine d’une vaste polémique de quatre jours sur le RSA (Revenu de solidarité active). Le 08 mai, Laurent WAUQUIEZ avait proposé que les bénéficiaires du RSA fassent gratuitement 5 heures par semaine de tâches d’intérêt général. (le 11) -
Et, Thomas, c’est tout pour cette semaine. J’ai hâte d’être à lundi prochain pour savoir si la justice américaine va dévorer DSK tout cru. Salut Michel ! et merci. www.greliermichel.eu
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Semaine 20 – du lundi 16 au dimanche 22 mai 2011 Historique : Elisabeth II s’incline à Dublin - Bonjour Thomas, tu me parais moins énervé que la semaine dernière. - Oui, la pression médiatique est un peu retombée, mais la curiosité reste aussi grande, et le conversations matinales n’ont pas diminué. Tu as certainement noté plein de choses dont beaucoup m’avait échappé. - Je vais te décevoir, et tu dois retenir cette curiosité débordante. - Je fais partie de ces Français qui en redemandent. C’est un événement exceptionnel ! - Je ne suis pas d’accord avec toi et avec ces Français que tu cites. Vous me rappelez les chasses à courre. Quand la bête est traquée, encerclée, que la meute des chiens aboie autour d’elle, on sonne l’hallali. Dis‐moi, Thomas, seras‐tu de ceux qui vont administrer le coup de grâce ? - Beuh… - Ecoute Thomas, face à ton événement exceptionnel, je te propose un événement historique que ton événement exceptionnel a gommé. Je te demande d’imaginer la scène… Au début de sa visite d’Etat historique, Elisabeth II a rendu hommage aux Irlandais tombés en combattant pour l’indépendance de l’Irlande contre la Grande‐Bretagne. Elle a déposé une gerbe au Jardin du souvenir de Dublin. Cette visite est la première d’un monarque britannique depuis l’indépendance irlandaise, en 1921. Le « God Save the Queen » a retenti dans l’un des principaux sanctuaires irlandais. (le 17 mai) Elisabeth II a accompli un geste diplomatique fort en visitant Croke Park, à Dublin, qui fut le théâtre du « Bloody Sunday » de 1920. Elle a pénétré dans le stade par la porte Hogan, du nom d’un joueur tué lors de ce dimanche sanglant. Quatorze civils, dont l’un était âgé de 10 ans, trouvèrent la mort lorsque les forces britanniques ouvrirent le feu dans le stade, le 21 novembre 1920, au lendemain de la mort de 14 agents des services de renseignement. Ce drame a fait de Croke Park, haut lieu des sports gaéliques, un symbole du nationalisme irlandais. (le 18) - Et tu dis que c’est historique ? - Oui Thomas, c’est vraiment historique. A son échelle, cet événement marque la réconciliation entre deux Etats, le Royaume‐Uni et la République d’Irlande. Je compare cette démarche politique et humaine à la réconciliation franco‐allemande. - C’est aussi important que cela ? - Oui, Thomas, ça l’est. Peut‐être verras‐tu, ou tes enfants, la réunification de l’Irlande, l’Eire et l’Ulster ne formant plus qu’un seul pays, qu’un seul Etat. - C’est vrai qu’au rugby, dans le tournoi des Six nations, les Irlandais font déjà équipe commune. D’accord c’est historique, mais tu ne m’empêcheras pas de constater que les sportifs sont plus rapides à la détente que les politiques. - Je te l’accorde. ….. Thomas et moi sommes restés silencieux quelques instants. Le dossier que nous avions sous les yeux était celui de « DSK ». Thomas a continué de me regarder sans rien dire, www.greliermichel.eu
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il avait retenu mes premiers propos sur la chasse à courre. Ce sont ses yeux, puis ses mains, qui m’ont invité à parler. Thomas, avant d’ouvrir ce dossier, je souhaite te soumettre ce texte de Jean QUATREMER. J’ai surligné les passages qui m’ont paru importants et prémonitoires. Merci. Le 09 juillet 2007, Jean QUATREMER avait écrit quelques phrases à propos de celui qui n’était alors que le candidat de la France à la tête du FMI : « Le seul vrai problème de STRAUSS‐KAHN est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo‐saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique ». Des affirmations qui s’appuyaient évidemment sur des faits et des témoignages. Jean QUATREMER fut immédiatement accusé d’avoir franchi la « ligne rouge », de violer la « vie privée » des politiques. Curieusement, la révélation par le Wall Street Journal, en octobre 2008, de la courte relation sexuelle que DSK a eue avec l’une de ses subordonnées n’a pas éveillé l’appétit de la presse française pour la « vie privée » de DSK. Cette tolérance des médias à l’égard de DSK est d’autant plus sidérante qu’une autre affaire, cette fois de tentative de viol, l’incriminait gravement, celle dont aurait été victime, en 2002, Tristane BANON qui, sur pression de sa mère, n’avait pas porté plainte. Jean QUATREMER reprend quelques cas où le tabou a joué : la fille naturelle de François MITTERRAND ; la fille du ministre syrien de la Défense maîtresse de Roland DUMAS ; la séparation en pleine campagne électorale de Ségolène ROYAL et François HOLLANDE. Pour Jean QUATREMER, le journaliste est paralysé quand on est dans le soi‐disant domaine de la « vie privée ». Il estime irrecevable cet argument : la vie privée doit être étroitement circonscrite aux relations entre adultes consentants et à condition qu’il n’y ait ni harcèlement, ni abus de pouvoir de quelque nature que ce soit, c’est‐à‐dire absence d’un possible délit pénal. Elle doit être aussi respectée lorsqu’il n’y a pas d’interférence entre la sphère privée et publique. (le 19) - Maintenant ouvrons le dossier et voyons ce qui lui arrive, un peu comme dans un film. DSK « nie » l’ensemble des faits qui lui sont reprochés et à l’intention de se défendre avec vigueur dans cette affaire. (le 16) Melissa JACKSON, juge au tribunal pénal de Manhattan, a refusé la remise en liberté sous caution de DSK et décidé son placement en détention jusqu’au 20 mai, date d’une nouvelle comparution. Le procureur adjoint, John McCONNELL, avait requis le placement en détention, en faisant valoir que les fonctions de DSK, patron du FMI, l’amenaient à quitter les Etats‐
Unis. « Il n’a pratiquement pas d’avantage à rester dans ce pays et tous les avantages à partir. S’il allait en France, nous n’aurions pas de mécanisme légal pour garantir son retour » aux Etats‐Unis. (le 16) Rikers Island, où DSK a passé sa première nuit dans une cellule individuelle, est un énorme complexe pénitentiaire connu pour être le théâtre de violences. C’est l’une des www.greliermichel.eu
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plus grandes prisons des Etats‐Unis. DSK ne sera pas en contact avec les autres prisonniers puisqu’il prendra tous ses repas seul dans sa cellule. Chaque fois qu’il en sortira, il sera escorté par un gardien. (le 17) Benjamin BRAFMAN est l’avocat de DSK. C’est une des plus grosses pointures du barreau de New York. Juif orthodoxe, fils de victimes de l’Holocauste, Benjamin BRAFMAN a grandi à New York. Diplômé de l’Ohio Northern University College of Law, il a été procureur adjoint à Manhattan au milieu des années 1970 avant de se spécialiser dans la défense des clients tombés dans la disgrâce et dont les dossiers faisaient les grands titres de la presse. (le 18) Jeffrey SHAPIRO, l’avocat de la victime présumée, a écarté toute idée d’affabulation ou de relation sexuelle consentie. La jeune femme est arrivée aux Etats‐Unis en 2004 en provenance de Guinée « dans des circonstances très difficiles » avec sa fille alors âgée de huit ans. Le père de l’enfant est mort, la mère et sa fille n’ont pas d’autres parents aux Etats‐Unis. Elle ne « peut pas rentrer chez elle », dans le quartier du Bronx, « ni revenir à son travail au Sofitel ». (le 18) Deuxième nuit à Rikers pour DSK. Il a été placé par précaution sous surveillance anti‐
suicide, jour et nuit, après un examen psychologique pratiqué sur chaque détenu à son arrivée. Il n’est pas tenu de porter l’uniforme de la prison. Il peut choisir ses vêtements, à l’exception des chaussures qui doivent toujours être dépourvue de lacets. Il a accès dans la journée à une pièce où il peut regarder la télévision, y compris les informations. (le 18) Michael OBUS, juge au tribunal pénal de Manhattan a accepté de remettre en liberté DSK sous caution d’un million de dollars et assignation à résidence, 24 heures sur 24, dans un appartement de New York où il sera sous la surveillance constante de gardes armés. DSK devra en outre souscrire une assurance de cinq millions de dollars (3,5 Mio euro). DSK a auparavant été formellement inculpé dans l’affaire de tentative de viol et d’agression sexuelle présumée. Cette inculpation formelle signifie que le « grand jury », composé de citoyens, a estimé que l’accusation a rassemblé suffisamment de preuves pour renvoyer DSK devant un tribunal. (le 19) La sortie de prison de DSK a pris du retard en raison de difficultés de dernière minute. Michael OBUS a reçu la caution et la garantie bancaire. La difficulté restante est la résidence new‐yorkaise, louée par Anne SINCLAIR, où devait séjourner DSK. (le 20) Anne SINCLAIR avait loué un appartement dans le très chic quartier de l’Upper East Side mais les habitants de l’immeuble se sont opposés à la venue de DSK, redoutant le tourbillon médiatique qui entoure le célèbre accusé. Après avoir dormi en prison quatre nuits, DSK a été transféré à l’Empire Building, un gratte‐ciel de 20 étages situé dans le quartier financier de Manhattan. Les conditions de la libération conditionnelle se traduisent maintenant par le port d’un bracelet électronique, la surveillance jour et nuit par au moins un garde armé, alarmes et caméras vidéos aux portes extérieures de l’appartement. DSK n’a pas le droit de quitter son logement. (le 21) Les frais de surveillance sont évalués à 200.000 US$ par mois et c’est DSK qui doit payer la facture. (le 22) www.greliermichel.eu
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Quelques commentaires… Nathalie KOSCIUSKO‐MORIZET (NKM) estime que la France est victime de l’affaire DSK en termes d’image. (le 16) Alain JUPPE : l’inculpation de DSK est « un événement de très grande portée ». « Ne préjugeons pas de l’enquête ». (le 16) Claude GUEANT : l’inculpation de DSK serait « très grave, y compris pour l’image de la France ». (le 17) Des organisations féministes déplorent d’avoir observé en France « une fulgurante remontée à la surface de réflexes sexistes et réactionnaires ». Elles rappellent : « le viol et la tentative de viol sont des crimes ». Elles citent les propos tenus par Jack LANG le 16 mai : « Il n’y a pas mort d’homme ». (le 21) - Le chapitre DSK/FMI va se refermer définitivement. L’euro a reculé brièvement après l’arrestation de DSK, mais cette baisse est restée limitée, les marchés estimant que cela aurait peu d’impact sur la crise de la dette en Europe. (le 16) La pression monte pour que DSK présente sa démission du FMI. Maria FEKTER, ministre autrichienne des Finances : « il doit arriver à comprendre qu’il fait du tort à l’institution ». Elena SALGADO, ministre espagnole des Finances : « Si je devais témoigner ma solidarité à quelqu’un, ce serait envers la femme qui a été agressée » si les faits sont confirmés. (le 17) Le conseil d’administration du FMI a tenté d’entrer en contact avec DSK pour déterminer s’il entendait se maintenir à son poste pendant le cours de l’instruction ou s’il comptait se retirer. (le 18) DSK a démissionné de son poste de directeur général du FMI. (le 19) - On dit qu’une française serait bien placée pour succéder à DSK. - C’est exact. Parmi les successeurs possibles, figurent au moins quatre Européens dont Christine LAGARDE et l’ancien patron de la Bundesbank, Axel WEBER. Christine LAGARDE est pressentie, mais elle est menacée par l’affaire Tapie. Le journal économique allemand Handelsbaltt annonce le soutien d’Angela MERKEL, « mais aucune décision n’a été prise ». Christine LAGARDE a des atouts pour une éventuelle désignation. Comme femme, elle peut effacer l’image laissée par DSK. Comme européenne, elle permettrait au continent de conserver la direction du FMI. Surtout, Christine LAGARDE est l’une des actrices majeures des négociations impliquant le FMI : la crise des dettes européennes et la réduction des déséquilibres économiques et financiers mondiaux. Elle connaît tous les dirigeants qui choisiront le prochain directeur du FMI et a vécu longtemps aux Etats‐Unis. Deux problèmes pourraient lui barrer la route. D’abord, les accusations contre DSK pourraient disqualifier une candidature française. Enfin, l’enquête pour « abus d’autorité » demandée contre elle par le procureur général de la Cour de cassation dans l’affaire Tapie. www.greliermichel.eu
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Dans cette affaire, trois magistrats doivent rendre leur réponse à la mi‐juin sur l’attribution de 285 Mio euro d’argent public à Bernard TAPIE, en compensation d’un manque à gagner présumé sur la revente d’Adidas, autorisée par Christine LAGARDE à la suite d’une procédure d’arbitrage contestée. (le 19) -
L’autre chapitre qui se referme définitivement pour DSK s’appelle « Elysée 2012, élection présidentielle, primaires du PS ». Martine AUBRY a réitéré son appel à « l’unité, la responsabilité et la combativité » des socialistes, pour être « au rendez‐vous de 2012 », à l’issue du bureau national du PS. (le 17) Intentions de vote des sympathisants de gauche aux primaires socialistes, selon un sondage Opinionway‐Fiducial pour Le Figaro et LCI. Si le premier tour avait lieu le dimanche 22 mai 2011, François HOLLANDE aurait 49% des voix (+12 points par rapport au mois d’avril), Martine AUBRY 27% (‐8 points), Ségolène ROYAL 12% (‐1 point), Arnaud MONTEBOURG 7% (‐3 points) et Manuel VALLS 5% (inchangé). Face à un choix plus large, les sondés optent à 45% pour François HOLLANDE, 24% pour Martine AUBRY, 9% pour Ségolène ROYAL, 9% pour Bertrand DELANOË, 5% pour Manuel VALLS, 5% pour Arnaud MONTEBOURG et 3% pour Laurent FABIUS. (le 18) - Dis‐moi Michel, tu me surprends à utiliser un sondage d’opinion dans ta suite d’informations. Pourquoi ici et maintenant ? - Thomas, tu te rends compte que notre « Landerneau » politique a été bousculé par la disparition de DSK du paysage médiatico‐politique national. Je suis persuadé que même les abstentionnistes professionnels et les pêcheurs à la ligne du dimanche d’élections ont reçu l’information, l’ont analysée et se sont déterminés pour l’avenir. Je sais que ces chiffres ne sont que des sondages, valables aujourd’hui, obsolètes demain, quasi inutiles après. www.greliermichel.eu
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Semaine 21 – du lundi 23 au dimanche 29 mai 2011 Le G‐8 de Nicolas SARKOZY à Deauville : du vent et de la marche à pied -
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Encore un de tes titres à sous‐entendus ? Oui et non, Thomas. J’ai simplement regardé des images de l’événement sur le site du Conseil de l’UE et j’ai vu tous ces personnages les cheveux au vent et pressant le pas vers leurs différents lieux de réunions. C’est vrai que les drapeaux n’indiquaient pas une gentille brise, mais plutôt un vent bien établi. Et de quoi s’agissait‐il dans cette bonne ville aux planches fameuses ? Deauville va accueillir, les 26 et 27 mai, le sommet du G‐8. Nicolas SARKOZY aura des entretiens bilatéraux avec Barack OBAMA, Dmitri MEDVEDEV et David CAMERON. (le 23 mai) -
Thomas, pourquoi as‐tu sorti cette feuille de la pile consacrée au G‐8 ? Parce que c’est amusant de découvrir des à‐côtés plus légers d’un événement sérieux avec des personnalités importantes, dans des décors officiels. Je te la lis… Carla BRUNI‐SARKOZY a affiché sa grossesse à Deauville. Elle est apparue en robe blanche légère, mains sur le ventre et s’est prêtée au jeu des photographes. -
J’ajoute ces informations « people »… Carla BRUNI sera mère pour la seconde fois, elle a un fils de 9 ans, Aurélien. Nicolas SARKOZY sera père pour la 4ème fois, il a trois fils de deux mariages successifs : Louis a 14 ans, Pierre en a 26 et Jean 25 ans. (le 26) -
A Paris, c’est la quinzaine de tennis à Roland Garros. C’est aussi la quinzaine politique qui démarre. Le projet du Parti socialiste pour l’élection présidentielle a été adopté lors d’une convention nationale à Paris, à l’unanimité des 2.000 délégués présents. « Nous sommes prêts », assure Martine AUBRY. (le 28) A l’approche du dépôt officiel des candidatures à la primaire, une ligne semble se dessiner entre les partisans de François HOLLANDE et les autres, membres officieux d’un courant « Tout sauf HOLLANDE ». Face à ce duel possible, Arnaud MONTEBOURG, également candidat, a des mots durs pour l’un comme pour l’autre. (le 24) Unies et tout sourire, Ségolène ROYAL et Martine AUBRY ont présenté à Poitiers le projet du PS pour 2012, attentives à afficher leur bonne entente. (le 24) Laurent FABIUS a apporté son soutien à Martine AUBRY pour la primaire, un soutien de poids qui renforce le front en cours de formation contre François HOLLANDE. Laurent FABIUS a choisi d’annoncer sa préférence au moment où Ségolène ROYAL et Martine www.greliermichel.eu
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AUBRY s’affichaient ensemble à Poitiers. (le 24) La recomposition tactique imposée par la chute de DSK se fait sous couvert de la cohésion du PS, mais le duel qui se profile entre Martine AUBRY et François HOLLANDE promet un nouvel affrontement. Laurent FABIUS, qui a pris fait et cause pour Martine AUBRY, a clairement donné le signal : François HOLLANDE doit être neutralisé. Arnaud MONTEBOURG pourrait rejoindre Martine AUBRY dans l’hypothèse d’un second tour délicat de la primaire, comme il l’avait fait au congrès de Reims, aux côtés des troupes de Laurent FABIUS et DSK. (le 25) A 344 jours de l’élection présidentielle, Martine AUBRY a appelé les socialistes à « rester soudés dans l’adversité ». Elle a maintenu le suspense sur son éventuelle candidature à la primaire. (le 28) François HOLLANDE ne goûte guère son nouveau statut de favori obtenu à la faveur de la chute de DSK. Parti parmi les premiers dans la course, il s'est retrouvé propulsé sans combattre en tête des sondages d'opinion, largement devant Ségolène ROYAL et Martine AUBRY, même si cette dernière n'a pas encore dévoilé ses intentions. Il explique qu’être favori « n'est pas une calamité », qu'il aurait été candidat dans tous les cas de figure, avec ou sans DSK dans la compétition, mais « ça ne m'arrange pas ». François HOLLANDE parle d'une position « précaire » et « même dangereuse ». « Quand vous êtes premier, vous n'avez rien à espérer mais tout à perdre. » (le 29) -
Une seule info hollandaise, il sait rester discret cet homme‐là. Manuel VALLS n’a pas exclu de participer à la primaire, tout en mettant en garde contre le risque d’un affrontement fratricide. (le 25) Manuel VALLS annonce qu’il serait « sans doute » candidat à la primaire, car il « a envie d’être candidat ». (le 27) -
En face. Lors de leur Conseil national, les dirigeants de l’UMP ont sonné la charge contre un PS en proie aux affres de l’affaire DSK et privé d’un de ses espoirs pour la présidentielle. François FILLON : « A l’heure où les socialistes se trouvent dans l’obligation de ravaler toutes les leçons de morale qu’ils n’ont cessé de nous adresser, l’UMP débat, l’UMP réfléchit, l’UMP concentre ses forces ». (le 28) -
Chez les Verts ? Drôle de campagne électorale pour Nicolas HULOT, qui caracole en tête des sondages de popularité en France mais doit se battre pour s’attirer la sympathie des militants écologistes. (le 27) -
C’est bien lui qui fait une campagne à tout casser ? Si tu le dis ainsi. www.greliermichel.eu
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Le 25 mai, Nicolas HULOT arrive de Paris à Toulouse‐Blagnac, tout sourire malgré son bras droit dans le plâtre. « Ca m’est arrivé hier », « triple fracture ! ». Il précise qu’il est « tombé de vélo, à Saint‐Malo, en allant prendre le train pour Paris ». (le 27) -
Et un candidat toujours en embuscade… Tu parles de Jean‐Louis BORLOO ? La Convention démocrate d’Hervé de CHARRETTE a voté son rattachement à la future confédération des centres, qui pourrait porter la candidature de Jean‐Louis BORLOO à l’élection présidentielle. Après le Nouveau Centre le 07 mai et le Parti radical le 14 mai, cette petite formation vient grossir les rangs de l’alliance. Hervé de CHARRETTE avait quitté en 2009 l’UMP qu’il juge trop à droite. Et il ajoute : « Pour perdre les élections, Nicolas SARKOZY n’a besoin de personne. Pour gagner, il a besoin de nous ». (le 25) -
Quand des gènes Le Pen se réveillent… A l’occasion d’un passage à Bruxelles, le 24 mai, Marine LE PEN a rencontré Filip DEWINTER, l’un des chefs du Vlaams Belang, le parti flamand d’extrême‐droite qui serait à l’origine du rendez‐vous. Le Front national n’a pas souhaité évoqué les détails de la rencontre mais reconnaît que les idées des deux partis « convergent dans des domaines comme l’immigration, la lutte contre l’insécurité et l’islamisation de l’Europe ». (le 27) -
Quand des pavés Le Pen éclaboussent… Marine LE PEN a demandé la démission de Georges TRON, visé par des plaintes pour abus sexuels de deux femmes : « Après avoir discuté avec un certain nombre de journalistes, il s’avère que les dérives de M. TRON étaient assez largement connues par le milieu journalistique et le milieu politique ». (le 27) -
C’est quoi cette affaire ? Le maire de Draveil (Essone) est sous le coup d’une enquête préliminaire pour agressions sexuelles et viols après que les plaintes de deux anciennes employées municipales soient arrivées au parquet d’Evry. Le maire de Draveil s’appelle Georges TRON, il est aussi secrétaire d’Etat à la Fonction publique. La plainte vise aussi une proche de Georges TRON. (le 25) François FILLON a évoqué avec Georges TRON les « conséquences » de la situation créée par les plaintes déposées contre lui. Dirigeants de l’UMP et membres du gouvernement restaient très prudents, se retranchant derrière la présomption d’innocence. Quant à la suite politique, son avocat dit que Georges TRON « n’entend pas démissionner », et il ajoute : « Si le président de la République ou le Premier ministre manifestent le moindre souhait qu’il quitte le gouvernement, il s’y résoudra immédiatement ». (le 28) François FILLON annonce que Georges TRON a présenté sa démission dont il prend acte. Selon l’Elysée, c’est François BAROIN qui reprendra les attributions de Georges TRON. (le 29) www.greliermichel.eu
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De Georges TRON à DSK, il n’y a qu’un pas. Lettre de DSK aux fonctionnaires du FMI publiée sur le site internet de CNN. Il y exprime sa « tristesse et sa frustration » d’avoir dû quitter le FMI « dans de telles circonstances ». (le 23) Des traces d’ADN correspondant à celui de DSK ont été retrouvées sur les vêtements de la femme de chambre qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement. (le 24) DSK a quitté l’appartement qu’il occupait provisoirement depuis sa remise en liberté sous caution. Il est désormais assigné à résidence dans une maison luxueuse d’un quartier chic de Manhattan. Elle a été louée pour 50.000 US$ par mois (35.309 euro). Equipée de cinq chambres, une salle de projection, une salle de gym et une cheminée, elle se trouve près du tribunal où DSK devra se présenter. Les conditions strictes de son assignation restent les mêmes. (le 26) L’employée de l’hôtel Sofitel de New York qui accuse DSK envisage une action au civil en plus de la procédure pénale. Aux Etats‐Unis, au pénal, la culpabilité doit être établie au‐
delà de tout doute raisonnable. Au civil, la personne se disant victime d’une agression sexuelle doit simplement apporter plus d’éléments en sa faveur que la défense, ce qui s’appelle prépondérance de preuve. (le 26) Les avocats de DSK ont demandé à TD International, société de consultants de Washington dont le personnel comprend d’anciens officiers de la CIA et d’ex‐diplomates américains, de se joindre à son équipe de défense. Selon les documents du département de la Justice, TD International a accompli en 2007 des tâches de « relations publiques » pour le compte de DSK lorsqu’il était dans la course pour le poste de directeur général du FMI. (le 26) Pour Nicolas SARKOZY, l’affaire DSK est « suffisamment triste pour que l’ensemble des responsables politiques essayent de garder de la hauteur de vue et de la dignité ». C’est sa première réaction publique. (le 27) -
Et maintenant, Thomas, de DSK à DdV. Au procès en appel de l’affaire Clearstream, une peine de quinze mois avec sursis a été requise contre Dominique de VILLEPIN (DdV). L’arrêt a été mis en délibéré au 14 septembre. (le 26) -
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Oh ! un gros dossier pour finir. Oui, Thomas, j’ai fait le choix de terminer par Christine LAGARDE car il me semble y avoir, dans cette affaire, tant de manœuvres politiques et tant d’intérêts économiques et financiers en jeu, que j’ai pris ma loupe pour suivre les opérations. Vas‐y Sherlock ! Cinq pays émergents – Chine, Inde, Russie, Brésil et Afrique du Sud ‐ ont rédigé un même communiqué disant que la désignation du directeur général du FMI sur la base de la nationalité compromet la légitimité du Fonds. Pour eux, la crise financière a démarré dans www.greliermichel.eu
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les pays développés, elle montre la nécessité de réformer les institutions, et elle a donné aux pays émergents le droit de s’exprimer. (le 24) Vue de Bruxelles, Christine LAGARDE sera la candidate de l’UE à la direction du FMI. Les Européens n’imaginent même pas que la direction du FMI puisse leur échapper en pleine crise de la zone euro. Un diplomate européen de haut niveau prévient que, après le fiasco DSK et les départs en cours de mandat de l’Allemand Horst KÖHLER et de l’Espagnol Rodrigo RATO, « les Américains ont fait passer le message qu’ils ne voulaient pas d’un candidat qui traîne des casseroles ». -
Michel, c’est quoi ces casseroles ? Une casserole judiciaire dans l’affaire Tapie, déjà évoquée ; et une casserole conflit d’intérêts, qui est une nouveauté. Christine LAGARDE signalait, fin avril (2011), dans sa « déclaration d’intérêt » désormais exigée de tous les membres du gouvernement, avoir investi dans la petite société Applicatour, pour réduire son ISF. Mais elle omettait de préciser que cet éditeur de logiciel était dirigé par Stanislas DROUIN, le fils du patron d’Oséo, la banque publique des PME, placée sous la tutelle de Bercy. François DROUIN avait été nommé à la tête de la banque sur proposition de Christine LAGARDE en novembre 2007. Ce qui pourrait constituer un cas de conflit d’intérêts. (le 24) Christine LAGARDE brigue la succession de DSK à la tête du FMI. « J’ai décidé de présenter ma candidature à la direction générale » du FMI. Elle précise avoir le soutien de Nicolas SARKOZY et de François FILLON. « Si j’étais élue, j’apporterais au Fonds toute mon expérience d’avocat, de dirigeant d’entreprise, de ministre et de femme ». Elle a tenu à ne se présenter ni comme la candidate de l’Eurogroupe, « ni la candidate européenne », ni même la candidate française. (le 25) Timothy GEITHNER est le secrétaire au Trésor des Etats‐Unis. Il a loué Christine LAGARDE, mais n’a pas apporté son soutien à sa candidature. Pour Timothy GEITHNER, le président de la Banque centrale du Mexique, Agustin CARSTENS, et Christine LAGARDE sont tous les deux des postulants « très compétents ». (le 25) Christine LAGARDE est née le 1er janvier 1956 à Paris. Ancienne championne de natation synchronisée, son curriculum vitae est impressionnant : Institut d’études politiques d’Aix‐
en‐Provence, DESS en droit social à l’université de Paris X‐Nanterre, maîtrise d’anglais, diplôme de la Holton Arms School de Bethesda (Etats‐Unis). Avocate au barreau de Paris en 1981. Elle rejoint, à Chicago, le cabinet juridique international Baker & McKenzie. Elle en gravit tous les échelons, jusqu’à devenir la première présidente du comité exécutif mondial de la firme en 1999, puis présidente du comité stratégique mondial en 2004. En juin 2005, elle quitte cette brillante carrière pour entrer dans le gouvernement de Dominique de VILLEPIN comme ministre déléguée au Commerce extérieur. Elle saura se faire apprécier de Nicolas SARKOZY qui, élu président, la nomme à la tête du ministère de l’Agriculture. Elle y reste à peine un mois : dès le remaniement de juin 2007, elle est promue ministre de l’Economie, en remplacement de Jean‐Louis BORLOO. Néophyte en politique, cette mère de deux enfants, mariée à un chef d’entreprise, a appris très vite son nouveau métier. A l'automne 2008, la crise financière qui éclate dans le sillage www.greliermichel.eu
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de la crise des « subprimes » donne à Christine LAGARDE la possibilité de démontrer ses qualités de travailleuse acharnée et de pédagogue ainsi que son habileté dans les négociations internationales. Elle porte ainsi les initiatives de la France, alors présidente de l'UE, qui s'efforce d'être un moteur des efforts pour stabiliser et assainir la finance mondiale et faire du G‐20 la nouvelle enceinte de décision économique internationale. Le rôle de Christine LAGARDE est aussi perçu comme prépondérant dans l'élaboration des plans de sauvetage de la Grèce, en 2010, puis de l'Irlande et du Portugal, dont les crises de la dette menacent l'euro. Parfaitement bilingue, cette Française élégante qui assume ses cheveux blancs séduit la presse anglo‐saxonne. En 2009, le Financial Times désigne Christine LAGARDE comme le meilleur ministre des Finances de l'UE, le magazine américain Forbes la classant en 17ème position dans la liste des femmes les plus influentes de la planète. (le 25) L’Inde discute d’une candidature commune aux BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud ‐ et aux économies émergentes. Leur candidat pourrait être Agustin CARSTENS. Quelques heures avant la publication de leur communiqué, François BAROIN avait pourtant déclaré que la Chine soutenait la candidature de Christine LAGARDE. Le ministère chinois des Affaires étrangères a dit ne pas avoir de commentaires à formuler à ce sujet. (le 25) José Manuel BARROSO, a immédiatement apporté son soutien à Christine LAGARDE. Didier REYNDERS, le ministre belge des Finances, qui s’était dit « intéressé » par le poste, a rendu les armes en assurant qu’il y aurait « un consensus en Europe » pour soutenir Christine LAGARDE. Christine LAGARDE devra s’assurer le soutien des Etats‐Unis pour l’emporter lors du vote qui doit désigner le nouveau directeur général du FMI, au plus tard le 30 juin ; ce soutien n’est pas acquis. Les 187 pays membre du FMI participent au scrutin mais leurs voix sont pondérées en fonction de leur participation au capital de l’institution. (le 25) Christine LAGARDE semble proche d’obtenir des soutiens capitaux à sa candidature, comme ceux des Etats‐Unis et de la Russie, après le sommet du G‐8 à Deauville. Elle a prévu de se rendre prochainement au Brésil et en Chine. Nicolas SARKOZY a laissé entendre que Barack OBAMA soutiendrait sa candidature : « Je crois savoir que sa décision est prise et qu’il se réserve le moment opportun pour l’annoncer ». (le 27) Christine LAGARDE a contre‐attaqué dans l'affaire Tapie. Elle estime n'avoir rien à se reprocher et a mis en cause le procureur général de la Cour de cassation, Jean‐Louis NADAL. Sa « saisine de la commission des requêtes ne m'a jamais été communiquée, ce que je trouve assez curieux du point du vue des droits de la défense mais maintenant elle est sortie sur des sites divers et variés. Ça m'a permis de constater que cette saisine était factuellement, pour certains aspects, fausse et juridiquement très curieusement fondée ». (le 29) -
C’est vrai qu’elle a du charme cette Christine‐là… Thomas, je pense qu’elle peut être aussi une femme redoutable, qui ne manque pas d’ambition. La suite nous le dira. www.greliermichel.eu
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Semaine 22 – du lundi 30 mai au dimanche 05 juin 2011 Nos « politiques » font relâche : Cannes, Ascension, Roland‐Garros… -
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Bonjour Thomas, tu as bonne mine. Aurais‐tu fait un long week‐end ensoleillé ? Oui. Et pourtant je ne suis pas allé bien loin, sur la Mer du Nord, côté belge, entre Nieuport et Ostende. Les journées sont de plus en plus longues, le soleil était omniprésent, les températures estivales et le léger vent frais. Tout pour rendre la vie en famille plaisante et reposante. Désolé de casser l’ambiance, je t’emmène suivre les opérations françaises au‐dessus de la Libye. Des hélicoptères de combat français sous commandement de l'OTAN sont entrés en action pour la première fois en Libye. Il s’agit de Tigre et de Gazelle qui opéraient à partir du bâtiment de projection et de commandement (BPC) porte‐hélicoptères « Tonnerre » en Méditerranée. Ils ont frappé 15 véhicules militaires et cinq bâtiments militaires de commandement. Ils ont essuyé des tirs d'armes légères mais n'ont pas été touchés et ont rejoint sans difficulté le « Tonnerre ». Jusqu'à présent, les bombardements de l'OTAN étaient menés par des avions de combat, opérant généralement vers 4.500m d'altitude. Les hélicoptères d'attaque, plus maniables et évoluant beaucoup plus bas, donnent à l'OTAN un avantage pour le combat rapproché, en frappant des objectifs difficiles à repérer à plus haute altitude. (le 04 juin) -
Avant de venir aux maigres affaires françaises, je te signale ces aides dont la Tunisie et les Tunisiens vont avoir un réel besoin et auxquelles la France participe. La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé l'octroi d'un prêt de 500 Mio US$ (350 Mio euro) à la Tunisie pour aider le gouvernement de transition à restaurer la stabilité socio‐économique. Une des priorités de l'opération est la réduction des disparités régionales et d'aider le gouvernement à réduire le chômage des jeunes, en particulier parmi les diplômés. Ce financement de la BAD fait partie d'un programme de 1.4 Mia US$ (980 Mio euro) financé par la Banque mondiale (500 Mio US$), l'UE (90 Mio euro) et l'Agence française de développement (185 Mio euro). (le 30 mai) - Elle a quand même de l’allure cette femme là ! - De qui parles‐tu, Thomas ? - De notre « Jeanne d’Arc » des marchés… financiers ! Celle qui va « bouter » le dollar hors du champ des monnaies dictatoriales ! - Comme tu y vas ! - Tu sais, Michel, je pourrais continuer les similitudes avec le bûcher… médiatique et l’évêque… Cauchon ! - Ça va, Thomas, j’ai compris. Certains pays moins développés ont ouvertement critiqué la position des dirigeants de l'UE qui estiment que le prochain directeur général du FMI doit être européen, comme le veut une tradition officieuse qui remonte à la création du Fonds, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. www.greliermichel.eu
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Pour Pravin GORDHAM, le ministre sud‐africain des Finances : « Les pays du G‐8 sont membres du G‐20, et dans le cadre du G‐20, les Etats se sont entendus sur un processus de succession très différent du processus traditionnel, qui serait basé sur la transparence, l'ouverture, le mérite, sans condition de nationalité ». « Et bien avant la date butoir du dépôt des candidatures le 10 juin, on observe déjà que les ententes traditionnelles se nouent lors de négociations auxquelles les économies émergentes ne participent pas. Donc oui, je suis en effet surpris ». (le 30 mai) Christine LAGARDE a entamé au Brésil une tournée destinée à convaincre les pays émergents de la soutenir dans la course à la succession de DSK. Elle a rencontré son homologue Guido MANTEGA, précisant qu'elle appuyait les réformes visant à donner plus de poids aux pays en développement dans le fonctionnement de l'institution. En dépit de cette ouverture, Guido MANTEGA a déclaré que le Brésil étudierait toutes les candidatures à la direction générale du FMI avant de se prononcer. S'exprimant depuis le Mexique, son adversaire, Agustin CARSTENS a prédit une bataille « complexe » autour du poste de directeur général du FMI. Si un candidat d'un pays émergent venait à l'emporter, ce succès mettrait fin à « un paradigme de 65 ans ». Dans l’entourage de Christine LAGARDE, on expliquait qu'elle poursuivrait sa campagne par des visites en Inde et en Chine. JIANG Yu, porte‐parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déjà suggéré d'abroger le statu quo en vigueur au FMI, estimant que la sélection devait être fondée sur « l'impartialité, la transparence et le mérite ». (le 31) Le quotidien japonais Nikkei affirme que Christine LAGARDE sera probablement la prochaine directrice générale du FMI avec le soutien des Etats‐Unis et du Japon qui sont les deux premiers pays membres du FMI en nombre de voix, attribué proportionnellement à l'importance du pays dans l'économie mondiale. Washington et Tokyo pourraient officiellement soutenir la candidature de Christine LAGARDE dès le 10 juin, à la fermeture du dépôt des candidatures. Le gouvernement japonais n'a pour l'heure rien déclaré d'officiel. Les Etats‐Unis et l'Europe détiennent 48% des voix au FMI, le Japon un peu plus de 6%. (le 05 juin) - Comme je te le disais au début, beaucoup de nos hommes et femmes politiques ont fait comme toi, Thomas, un week‐end prolongé. C’est‐à‐dire que nous avons la semaine la moins fournie en informations dignes d’intérêt. - De quoi faut‐il se contenter ? Nicolas SARKOZY envisage de nommer Dominique BAUDIS au poste de défenseur des droits. « Le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat sont saisis de ce projet de nomination, afin que la commission intéressée de chacune des assemblées se prononce », conformément à la Constitution. Le défenseur des droits doit remplacer à la fois le médiateur de la République, le défenseur des enfants, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) et la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Cette fonction a été créée par la réforme constitutionnelle de 2008. Le défenseur des droits pourra être saisi directement et gratuitement par toute personne s'estimant lésée dans ses droits et libertés par le fonctionnement d'une administration. En matière de protection de l'enfance et de déontologie de la sécurité, il pourra également www.greliermichel.eu
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être informé des agissements de personnes privées. (le 03 juin) François HOLLANDE propose que la France réduise « de 75 à 50% » sa dépendance au nucléaire en 15 ans, sur le modèle de l'Allemagne. « Je ne propose pas de définir des échéances à 30 ou 40 ans, mais de poser un engagement pour les 15 prochaines années ». « Les écologistes ont le droit d'être pour la sortie du nucléaire, mais nous avons le devoir de dire ce que nous ferons ensemble pour le prochain quinquennat ». François HOLLANDE souligne toutefois qu’« en Allemagne, 22% de la production vient du nucléaire ; en France, 75% de l'électricité est d'origine nucléaire ». (le 04) - Après « l’usine à gaz rose », aurais‐tu quelque chose en provenance de « l’usine à gaz verte » ? Daniel COHN‐BENDIT lâche Europe écologie‐Les Verts. Sa décision a été prise après le rejet, en assemblée générale, de sa motion « Construire l’écologie pour toutes et tous ». Elle n’a recueilli que 26,24 % des voix, contre 50,6% pour celle de Cécile DUFLOT, qui est ainsi réélue secrétaire nationale du parti. Décidé à privilégier son mandat de député européen, Daniel COHN‐BENDIT a également déclaré qu'il ne se rendrait pas au premier congrès national du parti à la Rochelle. (le 30 mai) - Et pour finir, à propos des différents acteurs de la procédure judiciaire américaine dans l’affaire DSK. Le procureur général de Manhattan Cyrus VANCE Jr, à 56 ans, est en poste depuis 18 mois. Fils du secrétaire d'Etat de Jimmy CARTER de 1977 à avril 1980, il est né à New York et est diplômé de Yale et de la faculté de droit de Georgetown. Dans les années 1980, il a passé six ans sous les ordres du procureur Robert MORGENTHAU ‐ en poste pendant 34 ans ‐, avant de partir pour Seattle où il a notamment officié en tant qu'avocat de la défense. De retour à New York en 2004, il a été élu procureur général de Manhattan en 2009, un poste très exposé médiatiquement, et où le travail ne manque pas. Avec environ 500 avocats et environ 110.000 affaires par an, le bureau du procureur de Manhattan est l'un des plus occupés des Etats‐Unis. Pourtant, ses proches et les observateurs l'affirment, ce père de deux enfants n'est que peu sensible aux sirènes de la renommée. S'il ne fuit pas l'attention du public, Cyrus VANCE Jr évoque en revanche à reculons les affaires médiatiques. Il préfère parler de projets plus confidentiels mais, selon lui, tout aussi importants, comme son idée de renforcer les peines pour les violences conjugales afin de désengorger les salles d'audience de Manhattan. La seule affaire qu'il a jusqu'ici choisi de diriger personnellement ‐ fait rare pour un procureur général ‐ n'implique aucune célébrité ni scandale financier. Elle concerne un réseau de trafiquants de drogue qui terrorisent, selon lui, un quartier de Harlem, dans le nord de Manhattan. (le 05 juin) www.greliermichel.eu
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Semaine 23 – du lundi 06 au dimanche 12 juin 2011 Une favorite française pour le FMI et quelques « turpitudes » -
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Alors, Michel, tu n’es pas un « pentecôtiste » ? Ton café est sur la table à côté de l’ordinateur et les piles d’informations sont prêtes, comme chaque lundi. Non Thomas, je ne suis pas « pentecôtiste » comme tu le dis. Aux deux sens du terme. D’abord, je ne suis pas parti vers les plages ou la campagne en ce jour férié. Ensuite, je n’appartiens pas à la mouvance protestante évangélique qui croie que le baptême du Saint‐Esprit est toujours accompagné au départ par le fait de parler en d’autres langues. Bien, bien. Cela me laisse sans voix. Thomas, sache qu’en Syrie, Pentecôte ou pas, les combats se prolongent et que des milliers de réfugiés passent en Turquie. Que fait la France ? Le ministère français des Affaires étrangères a mis à jour sa fiche sur la Syrie, conseillant de « différer tous les projets de voyage » vers ce pays et recommandant aux Français « dont la présence n'est pas indispensable ou motivée par des raisons impératives de quitter provisoirement » la Syrie par des moyens de transport commerciaux. Le ministère souligne que des violences sont « survenues ces dernières semaines dans le pays (notamment dans le Hauran et à Deraa, à Homs, Banias, Lattaquié, Hama, Jisr al‐
Choughour et dans certaines zones périphériques de Damas) », « régions et villes où il convient d'éviter de se rendre » et « où sont désormais à déplorer plus d'un millier de morts ». (le 10) -
Qu’est‐ce que c’est que ces quelques informations que tu as « trombonées » et marquées en rouge « intox » ? Je te les donne dans l’ordre chronologique. L'ambassadrice de Syrie en France Lamia CHAKKOUR a annoncé sa démission, dénonçant le « cycle de violences » dans son pays et reconnaissant « la légitimité des demandes du peuple pour plus de démocratie et de libertés ». « Ma démission en tant qu'ambassadeur de Syrie en France prend effet immédiatement ». Peu après, la télévision d'Etat syrienne a affirmé que l'ambassadrice n'avait pas démissionné. Dans une déclaration diffusée par la chaîne et attribuée à Lamia CHAKKOUR, on peut entendre une femme démentant cette démission et indiquant qu'elle engagera des poursuites contre FRANCE 24. Renée KAPLAN, directrice adjointe de la rédaction en charge des contenus anglophones à FRANCE 24, a déclaré que la chaîne avait appelé un numéro qui avait été précédemment utilisé pour joindre Lamia CHAKKOUR et que la diplomate avait annoncé sa démission. (le 07) Lamia SHAKKOUR a démenti avoir quitté son poste. « Je suis toujours ambassadrice de Syrie, l'ambassadrice de la République arabe de Syrie. On s'est fait passer pour moi. Je n'ai parlé à aucune chaîne au monde ». (le 07) France 24 a déclaré avoir été vraisemblablement victime d'une manipulation ou d'une provocation lors de l'annonce de la démission de l'ambassadrice de Syrie de France, qui a www.greliermichel.eu
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été démentie par la suite. Une femme disant être la représentante du régime de Damas à Paris, Lamia CHAKKOUR, avait annoncé sur la chaîne publique internationale qu'elle démissionnait de ses fonctions. France 24, affichant à l'écran une photo de l'ambassadrice, avait diffusé une déclaration faite par téléphone, où l'on entendait la voix dire : « Je ne peux soutenir ce cycle de violences, je ne peux ignorer tous les manifestants qui ont trouvé dans la mort dans l'honneur et dont les familles vivent aujourd'hui dans la douleur ». Un courriel de l'ambassade de Syrie en France avait confirmé ces propos à Reuters. « Nous confirmons les informations que vous avez pu voir en direct sur France 24. L'ambassade de Syrie en France ne fera pas plus de commentaires pour l'instant ». (le 08) -
Que reste‐t‐il de nos affaires françaises ? Christine LAGARDE se déplace beaucoup. Christine LAGARDE est en Inde dans le cadre d'une tournée mondiale visant à rallier les pays émergents à sa candidature. Elle a déclaré que les autorités indiennes avaient exprimé des avis positifs sur ses références en vue de sa candidature à la direction générale du FMI. Elle n'a toutefois pas précisé si New Delhi soutenait sa candidature ou non. Les autorités indiennes ont tenté de s'entendre avec les autres pays du groupe BRICS (Brésil, Russie, Chine et Afrique du Sud) pour proposer un candidat de consensus, mais le processus semble jusqu'à présent avoir été infructueux. Pranab MUKHERJEE, le ministre indien des Finances a lui‐même reconnu des divergences entre les pays du groupe à ce sujet. (le 07) Christine LAGARDE s'est dite « très satisfaite » de ses entretiens avec les dirigeants chinois, sans pouvoir toutefois revendiquer leur soutien à sa candidature. Ni les Brésiliens, ni les Indiens, à qui elle a aussi rendu visite, n'ont dit s'ils la soutiendraient. « Je suis très positive sur mon voyage en Chine mais la décision (du soutien) n'appartient pas à moi. Elle appartient aux autorités chinoises ». Christine LAGARDE a rencontré le vice‐Premier ministre, WANG Qishan, et le gouverneur de la Banque populaire de Chine, ZHOU Xiaochuan, avec qui elle a eu une discussion « consistante et profonde » au sujet de sa candidature. Christine LAGARDE se rendra en Arabie Saoudite et au Caire, dans le cadre de sa tournée financée par la France. (le 09) -
Quant à son rival direct… La Colombie a annoncé qu’une dizaine de pays d'Amérique Latine soutiennent la candidature d’Agustin CARSTENS à la présidence du FMI. Ce sont le Venezuela, la Bolivie, le Pérou, le Panama, l'Uruguay, le Mexique, le Paraguay, Bélize, le Honduras, le Guatemala, la République dominicaine et le Nicaragua. De son côté, le Costa Rica a également annoncé son soutien. (le 09) L'Union africaine a pris position contre la candidature de Christine LAGARDE, expliquant préférer un non‐Européen pour succéder à DSK. Le bloc africain ne suggère aucun nom. (le 09) A Djeddah, Christine LAGARDE a déclaré que l'une de ses priorités, si elle est choisie www.greliermichel.eu
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pour diriger le FMI, sera d'aider les pays du « printemps arabe », parallèlement à l'aide bilatérale fournie par des pays comme l'Arabie saoudite. Ryad a promis 4 Mia US$ d'aide à l'Egypte ou 20 Mia US$ à Bahreïn ou Oman pour des projets de créations d'emplois. Le ministre saoudien des Finances a de son côté plaidé pour un rôle accru de l'Arabie saoudite au sein de l'institution internationale. (le 11) -
Entrée en scène d’un troisième homme… Le gouverneur de la banque centrale d'Israël, Stanley FISCHER, a annoncé qu'il se portait candidat au poste de directeur général du FMI. Stanley FISCHER a ajouté être conscient du fait qu'il s'agissait d'un processus compliqué et semé d'embûches, mais que cela ne constituait pas un obstacle à sa décision. Originaire de Zambie, Stanley FISCHER, âgé de 67 ans, a occupé les fonctions de directeur général adjoint du FMI et il est considéré comme l'un des artisans de la résistance de l'économie israélienne lors de la crise financière de 2008. Il a procédé à 10 reprises à des relèvements des taux d'intérêt afin de contenir l'inflation et garantir une croissance économique de son pays qui devrait être de 4,5% en 2011. (le 11) Stanley FISCHER a plusieurs désavantages à commencer par son âge. Les règlements du FMI fixent à 65 ans l'âge maximum pour être élu au poste de directeur et à 70 ans l'âge maximum pour occuper cette fonction. La nationalité israélienne de Stanley FISCHER pourrait, d'autre part, lui valoir une opposition de la part des pays arabes. Stanley FISCHER peut compter sur les sympathies américaines ainsi que sur sa proximité avec le patron de la Réserve fédérale, Ben BERNANKE, dont il était le conseiller. (le 12) En visite au Caire, Christine LAGARDE a déclaré bénéficier du soutien « très affirmé » de l'Egypte à sa candidature. « J'ai l'honneur d'être présentée par Bahreïn et de bénéficier de l'appui d'autres pays (de la région) qui se sont exprimés », a déclaré Christine LAGARDE, après avoir rencontré les ministres égyptiens des Finances et des Affaires étrangères ainsi que le gouverneur de la banque centrale. Christine LAGARDE bénéficie du soutien d'une poignée de « petits » pays comme la Géorgie et l'île Maurice. Les Emirats arabes unis ont fait savoir qu'ils soutenaient sa candidature. (le 12) -
Cela ressemble à une marche triomphale… Mais n’a‐t‐elle pas encore des cailloux dans ses escarpins ? C’est de l’affaire Tapie dont tu parles ? Oui, de « Nanard ». La Cour de justice de la République (CJR) a repoussé au 08 juillet sa décision d'ouverture d'une éventuelle enquête sur Christine LAGARDE dans l'affaire Tapie. Le 10 mai, Jean‐
Louis NADAL avait saisi la commission des requêtes de la CJR d'éventuels faits d'abus d'autorité qu'auraient commis Christine LAGARDE. Jean‐Louis NADAL, qui part à la retraite le 30 juin, considère que le recours à la solution arbitrale, retenue par Christine LAGARDE, est contraire à la loi en matière d'intérêts publics. Reste que si l'avis est favorable le 08 juillet, le successeur de Jean‐Louis NADAL n'aura pas encore été nommé. Aucune décision ne sera prise sans que le nouveau procureur général ne soit nommé. Un délai allant de plusieurs semaines à plusieurs mois pourrait www.greliermichel.eu
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s'écouler avant que l'information judiciaire ne soit ouverte. (le 10) -
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Je suis surpris de ne quasiment rien entendre ni lire dans tes informations sur les grandes manœuvres politiciennes en vue de 2012. Pourquoi ? Parce que les froncements de sourcils, les sourires appuyés, les petites phrases, les « vacheries » entre collègues ne sont pas des informations pertinentes. J’ai, depuis le début, fait le choix d’utiliser les informations de deux agences de presse généralistes : Associated Press et Reuters. Si elles ne me donnent rien, c’est que leur filtre professionnel a tout laissé passer et n’a rien retenu de pertinent. Et, en plus, les dépêches de ces agences sont accessibles ‐ gratuitement ‐ à chaque citoyen qui veut les consulter. Cela te va ? Oui. Dans le registre des informations pertinentes, celle‐ci concerne François HOLLANDE. Sur son blog, François HOLLANDE évoque sa vision de l'Union européenne. La politique actuelle menée par « MERKEL, SARKOZY et BARROSO » serait « antisociale » et « antiéconomique ». Les mouvements de jeunes en Espagne, Portugal et Grèce n'en seraient que la conséquence. « Les plans de sauvetage des pays de la zone euro (...) font porter les efforts uniquement sur la population » alors que « rien n'est demandé aux entreprises (...), ni aux banques qui ont prêté à ces Etats ». De plus, ces actions ne sont accompagnées « d'aucune politique structurelle visant à aider ces pays à faire face à leurs vraies difficultés (...) et à lancer des programmes de développement économique » ce qui ne ferait que refléter que « l'absence de solidarité au sein de la zone euro qui impose la rigueur à ses membres les plus fragiles ». Pour faire « renouer l'Europe avec la croissance et la solidarité », François HOLLANDE fait trois propositions : 1 ‐ Regrouper la dette publique en euro de « tous les Etats membres » au sein d'une Agence européenne de la dette. Il rejoint le point de vue de Jean‐Claude JUNCKER. 2 ‐ Donner la possibilité à l'UE d'avoir ses propres ressources financières en l'autorisant à taxer les transactions financières. Si les chefs d'Etat et de gouvernement européens y sont actuellement opposés, les parlementaires européens de tous bords l'ont déjà demandé à de nombreuses reprises. 3 ‐ Investir le budget européen dans « l'éducation, la formation », au « service du développement durable » ce qui permettra à l'Europe de se doter « d'une stratégie de croissance à long terme ». (le 07) - Commentaire : si dans un avenir proche, François HOLLANDE devient président de la République française, il ne lui restera plus qu'à convaincre ses 26 homologues européens de suivre ses recommandations. Ce qui semble dominer notre actualité politicienne, ce sont les « turpitudes » nationales dénoncées ici et là. - Et mon Berlusconi alors ? - Désolé, Thomas, tu en seras encore privé cette semaine. Mai je reviens sur ces réflexions que Jean QUATREMER évoquait déjà le 19 mai (semaine 20) et qu’il reprend cette semaine. La vie privée des politiques doit‐elle, hormis les cas évidents de crime ou de délit révélés par une plainte, être exclue du champ d’investigation journalistique ? Depuis l’arrestation www.greliermichel.eu
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de DSK, le 14 mai, les médias sont en pleine introspection : avons‐nous, collectivement, fait notre travail d’information ? Un questionnement salutaire alors qu’il apparaît qu’un aspect central de la personnalité de l’ancien patron du FMI a été systématiquement passé sous silence : son rapport compulsif et agressif aux femmes qui rend plausible la tentative de viol qui aurait eu lieu dans la suite 2806 du Sofitel de New York. Ceux qui souhaitent que rien ne change brandissent la loi sur le respect de la vie privée, estiment que seule la justice peut enquêter dans ce domaine extrêmement sensible et brandissent les dangers de la pudibonderie, du moralisme, voire du totalitarisme. Bref, le choix serait binaire : omerta ou Torquemada. Cette façon de poser le débat vise à le tuer dans l’œuf et ce n’est pas un hasard si ceux qui le résument ainsi appartiennent tous à l’élite masculine hexagonale. L’affaire est évidemment infiniment plus complexe. Il faut d’abord savoir ce qu’on entend par « vie privée ». Avant les années 80, le patrimoine des élus, de leurs proches ou même le financement des partis politiques faisaient partie de la « vie privée ». Aujourd’hui, la vie privée concerne seulement ce qui a un rapport, direct ou non, avec le sexe et la santé. Or ce tabou doit lui aussi être remis en cause pour les titulaires d’un mandat public. Il faut instaurer de la transparence sans qu’il soit question de créer une « police des chambres à coucher ». C’est l’interaction entre sphère privée et vie publique qui doit marquer la limite du champ journalistique. Ainsi, au nom du respect de la « vie privée » de François MITTERRAND, les médias ont tu l’existence de sa maîtresse et de sa fille naturelle. Or, cette omerta a permis une utilisation frauduleuse des fonds publics (la mère et la fille étaient hébergées par l’Etat et protégées par les forces de l’ordre) et a conduit François MITTERRAND à ordonner des écoutes illégales pour protéger son secret. En manquant à son devoir d’information, la presse a donc permis une violation de l’Etat de droit. De même, fallait‐il taire la liaison qu’entretenait son ministre des Affaires étrangères, Roland DUMAS, avec la fille du ministre de la Défense syrien, un pays qui n’était pas alors précisément un ami de la France. L’interaction peut être plus subtile. Le 09 juillet 2007, sur mon blog, j’ai écrit un portrait de DSK qui venait d’être désigné comme candidat de la France (et de l’UE) à la direction du FMI, portrait qui signalait, sous l’angle du conflit culturel, que « le seul vrai problème de Strauss‐Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo‐saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique ». Des affirmations qui s’appuyaient évidemment sur des témoignages précis et non sur des « rumeurs » non vérifiées. D’ailleurs, aucun procès en diffamation ne me fut intenté. Cette irruption dans ce qui semblait relever de la seule vie privée me fut beaucoup reprochée. Quelques mois plus tard, en octobre 2008, l’affaire Piroska NAGY, du nom de cette économiste hongroise qui travaillait sous les ordres de DSK et avec laquelle il eut une brève relation sexuelle, éclatait. Il fut certes blanchi en interne (et non par la justice), mais il n’en reste pas moins que Piroska NAGY a manifestement été harcelée comme elle l’a expliqué dans une lettre que les médias ont traitée a minima en février 2009. Cette affaire démontre que le silence observé par la presse sur le comportement notoire de DSK à l’égard des femmes a tout simplement abouti à cacher une information essentielle qui seule permettait d’expliquer ce scandale sexuel. Le cas de DSK est intéressant en ce qu’il montre que la « vie privée » ne l’est que parce que les médias le veulent ainsi : l’ancien directeur du FMI, et il n’est pas le seul, n’a jamais hésité à faire des propositions inappropriées à des journalistes dans l’exercice de leurs www.greliermichel.eu
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fonctions, voire à les harceler ou à les agresser physiquement par des gestes déplacés. Là, on n’est plus dans la sphère privée, mais dans le cadre du travail. Si un politique tenait des propos racistes à l’égard d’un journaliste noir, arabe ou juif venu l’interviewer, personne n’hésiterait à le raconter. Pourquoi une telle pudeur dès qu’il s’agit d’un comportement grossièrement sexiste à la limite de la légalité ? De même, faut‐il taire le fait qu’un politique fréquente notoirement des boîtes échangistes, lieux parfaitement publics, ce qui pourrait donner lieu à des chantages, les services secrets, français ou étrangers, n’ignorant rien de ces activités ? Un président de la République aurait‐il envie de voir des photos compromettantes s’étaler dans la presse ? C’est encore plus vrai lorsqu’il y a un possible délit ou crime, par exemple lorsqu’un politique se livre au tourisme sexuel. Tout ce qui menace l’indépendance d’un représentant de l’Etat doit être connu. Mais comment enquêter s’il n’y a pas plainte, entend‐on ici ou là ? C’est cela qui a justifié le silence observé par la presse sur la tentative de viol dont aurait été victime, en 2002, la journaliste et écrivaine Tristane BANON de la part de DSK. Un argument curieux : faut‐il attendre une plainte en bonne et due forme ou un jugement pour dénoncer un enrichissement personnel sur fonds publics, un abus de pouvoir ou un détournement de fonds ? Nul doute que le monde politique aimerait que les interdits que la presse française s’impose en matière de vie privée soient étendus à tous les domaines de la vie publique. Enfin, c’est le dernier point, lorsque la vie privée devient un élément du message politique, elle tombe dans la sphère publique. C’est notamment le cas des politiques qui mettent en scène leur vie de famille pour attirer le suffrage des électeurs. Sinon, en se contentant de relayer le message au nom du respect de la vie privée, les médias se transforment en agents de communication. Ainsi, la presse aurait dû révéler que Ségolène ROYAL et François HOLLANDE avaient rompu avant la campagne présidentielle de 2007, alors que le couple faisait semblant de filer le parfait amour. Si un politique affirme qu’il a été un excellent gestionnaire, il ne viendrait à l’esprit d’aucun journaliste de ne pas vérifier cette information. Quand on prétend à l’exemplarité et à la transparence, on se doit d’être irréprochable. Sinon, cela s’appelle un mensonge. Si les politiques veulent préserver leur intimité, ils doivent ériger une muraille de Chine entre leur vie privée et leur vie publique en ne la mettant pas en scène et en pratiquant, en privé, une sexualité entre adultes consentants. Ce qui est vrai pour la vie privée l’est encore plus pour la santé : savoir si un politique est alcoolique, souffre d’une maladie mentale ou d’un cancer relève de la sphère publique, sa capacité à diriger étant clairement dépendante de son état de santé. Georges POMPIDOU ou François MITTERRAND, tous deux atteints d’un cancer, n’étaient clairement plus en état de diriger le pays sans que l’on sache encore très bien à quel moment ils ont perdu le contrôle. Bien sûr, le degré de transparence en matière de vie privée et de santé varie en fonction des fonctions auxquelles prétend l’élu ou futur élu : un simple conseiller général sera moins exposé qu’un président de la République. Mais les politiques doivent admettre que leurs fonctions les exposent au regard des citoyens. Invoquer le totalitarisme de la transparence est risible : le totalitarisme, comme l’a très bien décrit ORWELL, c’est lorsque le pouvoir se dissimule et sait tout de ses citoyens. Un pouvoir transparent, cela s’appelle la démocratie. Il faut espérer que l’affaire DSK marquera la fin du tabou de la vie privée trop longtemps instrumentalisé par les politiques. Y a‐t‐il un risque de dérapage généralisé vers l’inquisition ? Sans doute, mais c’est vrai de toute activité journalistique, comme l’ont montré plusieurs affaires politico‐
financières récentes. A la presse de se montrer inflexible avec ses règles déontologiques. (le 06) www.greliermichel.eu
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Comme je partage ce point de vue et le raisonnement qui le sous‐tend, j’ai repris le texte in extenso. Et tu vas en venir aux applications actuelles ? Oui, bien sûr. L'association « Touche pas à mon enfant » a déposé plainte contre X, à Paris, à la suite des propos de Luc FERRY qui avait affirmé qu'un ancien ministre avait été arrêté au Maroc pour des relations sexuelles pédophiles. Cette plainte vise les délits de viols et agressions sexuelles et non‐dénonciation de crime. Luc FERRY avait déclaré sur Canal+ : « Dans le Figaro magazine, vous avez un épisode qui est raconté d'un ancien ministre qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons ». « Probablement, nous savons tous ici de qui il s'agit ». Luc FERRY a expliqué aux enquêteurs avoir eu connaissance de cette affaire en 2002 lorsqu'il était ministre de l'Education nationale. Il s'est refusé à donner quelque nom que ce soit aux policiers, affirmant qu'il ne disposait d'aucune preuve. Toutefois, il a expliqué aux enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs que cette affaire serait mentionnée dans les carnets d'Yves BERTRAND, l'ex‐patron des Renseignements généraux. Luc FERRY avait assuré ne pas être le seul informé de cette histoire. « L'affaire m'a été racontée par les plus hautes autorités de l'Etat en particulier par le Premier ministre », disant n'avoir « évidemment pas » de preuves, mais « simplement des témoignages ». (le 08) Yves BERTRAND a été entendu par les policiers dans le cadre de l'enquête sur les déclarations de Luc FERRY. Avant son entrée dans les locaux de la Brigade de protection des mineurs de la police judiciaire parisienne, Yves BERTRAND a reconnu avoir entendu parler d'un « ragot », d'une « rumeur » insistante. A la question de savoir s'il avait fait remonter cette rumeur aux autorités de l'Etat, Yves BERTRAND a glissé que ses interlocuteurs étaient alors « Daniel VAILLANT, le ministre de l'Intérieur, et Lionel JOSPIN, le Premier ministre ». Puis, il a tenu à préciser : « si j'en ai rendu compte, ça a été à deux amis politiques de Jack LANG ». (le 10) -
Et sur DSK, une seule information, la plus récente. Lors d'une brève audience préliminaire – environ cinq minutes ‐ devant la Cour suprême de New York, DSK a plaidé non coupable, d'une voix forte, entouré de ses avocats, Benjamin BRAFMAN et William TAYLOR, et sous les yeux d’Anne SINCLAIR. Comme le veut l'usage, le juge Michael OBUS lui a déclaré qu'il avait le droit d'être présent à son procès. Les avocats de la défense ont expliqué dans un document remis à la Cour qu'ils voulaient avoir accès aux rapports de police, analyses médico‐légales et à toute déclaration de l'accusation à des témoins potentiels. Ils ont également demandé si des poursuites au civil destinées à obtenir des dommages et intérêts avaient été lancées. L'accusation dispose de plusieurs semaines pour répondre. DSK, qui était attendu devant le siège de la Cour par de nombreux journalistes, a été hué par une cinquantaine d'employés d'hôtel, dont le transport en autobus jusqu'au site avait été organisé par leur syndicat. « Honte à vous ! », ont‐ils crié à son arrivée et à sa sortie. De son côté, l'avocat de la femme de chambre, Kenneth THOMPSON, a expliqué que sa cliente viendrait témoigner à la barre. (le 06) www.greliermichel.eu
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Semaine 24 – du lundi 13 au dimanche 19 juin 2011 Trois informations pour sept jours -
Une semaine sans Thomas qui m’a prévenu d’un rendez‐vous l’empêchant de nous rejoindre. Nous ferons ce parcours hebdomadaire en tête‐à‐tête. Un tout petit parcours avec seulement trois informations françaises. Agustin CARSTENS a rencontré à Tokyo son homologue, Masaaki SHIRIKAWA, ainsi que le ministre des Finances, Yoshihiko NODA, dans le cadre de sa candidature au poste de directeur général du FMI. Au sortir de ses entretiens, il a déclaré que ses interlocuteurs s'étaient contentés de l'écouter. Prié de dire s'il avait rallié le soutien de Tokyo à sa candidature : « Le grand argentier japonais a écouté avec beaucoup d'attention mes propos. C'est toujours prématuré mais nous avons eu une bonne discussion ». Christine LAGARDE dispose notamment du soutien de pays européens et ouest‐
africains, Agustin CARSTENS essentiellement de celui de l'Amérique latine. Les Etats‐Unis et le Japon, principaux contributeurs au budget du FMI et qui détiennent en conséquence le plus de droits de vote, n'ont pas encore fait connaître officiellement leur préférence. (le 17) -
Et d’une. Rama YADE confirme qu'elle quitte son poste d'ambassadrice auprès de l'Unesco. Elle dit avoir « besoin de renouer avec une liberté totale ». Rama YADE, qui s'est plusieurs fois opposée à la ligne officielle du gouvernement ou de l'UMP, a rejoint le Parti radical de Jean‐Louis BORLOO. Elle a fait l'objet de critiques pour sa liberté de ton, certains estimant qu'elle n'était pas compatible avec son devoir de réserve à l'Unesco. « Je ne pense pas qu'il y aurait eu un départ contraint ». « L'objectif des rappels à l'ordre était de me priver d'expression, de me faire renoncer à mon soutien à Jean‐Louis BORLOO. Me démettre de mes fonctions m'aurait rendu ma liberté, ce qui n'était pas précisément le but. Cette liberté, j'ai décidé de la prendre ». Rama YADE explique que Jean‐Louis BORLOO veut lui « confier des responsabilités, ce qui suppose de retrouver du temps pour (s)'investir complètement ». « J'ai également décidé de m'engager pour être élue au Parlement », déclare Rama YADE, précisant avoir expliqué à Nicolas SARKOZY son « souhait » de s'investir dans la campagne de Jean‐Louis BORLOO. A la question de savoir quand son départ sera effectif : « Je pense qu'il l'est. Je vais juste transmettre les dossiers dans de bonnes conditions ». Le ministère des Affaires étrangères a confirmé qu'Alain JUPPE avait « bien reçu la lettre de démission de Rama YADE », et précise qu’ « elle prendra effet au mois de juillet ». (le 16) - Et de deux. Le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre LAURENT a annoncé que Jean‐Luc MELENCHON sera le candidat du Front de gauche (PCF et Parti de gauche) pour l'élection présidentielle. Pour la première fois depuis 1974, le PCF ne sera pas présent www.greliermichel.eu
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dans la course à l'Elysée. Pierre LAURENT précise qu'à l'issue de la consultation menée auprès des adhérents du parti, l'accord de candidature commune aux législatives et à la présidentielle sous l'étiquette Jean‐Luc MELENCHON a recueilli 59,12% des voix parmi près de 49.000 votants. Le député communiste du Puy‐de‐Dôme André CHASSAIGNE en a totalisé 36,82% et le militant communiste Emmanuel DANG TRAN 4,06%. La nomination de Jean‐Luc MELENCHON a été saluée par le Parti de gauche : ce choix « confirme bien qu'il existe à gauche une alternative unitaire et conquérante face à Nicolas SARKOZY et Marine LE PEN. Un autre vote à gauche est possible, celui pour une révolution citoyenne pacifique et démocratique qui mettent fin au règne de l'oligarchie en France ». En revanche, le député communiste de Rhône André GERIN, qui soutenait son collègue André CHASSAIGNE, a dénoncé ce choix, en déplorant : « Une nouvelle fois, les responsables du PCF ont choisi la division des communistes en mettant à l'écart l'opposition lors du dernier congrès. Beaucoup d'adhérents aujourd'hui ne sont pas dupes ce qui confirme que des milliers de communistes ont été interdits de vote ». (le 19) - Et de trois, et c’est tout ! www.greliermichel.eu
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Semaine 25 – du lundi 20 au dimanche 26 juin 2011 Coluche, tes « Restos du Cœur » vont manquer de produits ! -
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Après une semaine d’absence, je vois que les piles d’informations sont toujours peu garnies. Ce sont déjà, ou encore, les vacances ? Comment te dire, Thomas, qu’entre les informations disponibles et celles qui s’avèrent intéressantes, il y a autant de différence qu’entre un déluge et un filet d’eau. Et dans ce petit ruisseau, dans ce « ru » comme on dit chez les cruciverbistes, qu’as‐tu trouvé pour nous ? Deux informations franco‐européennes. Toutes les deux devraient nous donner un « coup de torchon » aux neurones, comme tu aurais pu le dire. Pour ton information, Cecilia MALMSTRÖM est la commissaire suédoise chargée des Affaires intérieures. Cecilia MALMSTRÖM observe, au cours des dernières années, un soutien croissant dans l'UE pour les mouvements populistes et les partis politiques d'extrême‐droite. Dans ses domaines de responsabilité ‐ l'asile, la migration, l'intégration et la coopération transfrontalière – elle a constaté la hausse de la xénophobie. Pour elle, les dirigeants politiques partout en Europe se sont empressés de condamner la violence en Libye, en Syrie et en Côte d'Ivoire, et de féliciter nos voisins de l'Afrique du Nord dans leur lutte pour la démocratie et la liberté. Mais quand il s'agit de faire face aux conséquences de ces développements, et surtout quand il s'agit de gérer l'arrivée des hommes, des femmes et des enfants qui viennent en Europe à la recherche d'une protection ou d'une meilleure vie, les dirigeants européens se sont révélés plus réticents à offrir leur soutien. Jusqu'à présent, seuls environ 15.000 personnes, sur plus d'un million fuyant les violences en Libye, sont entrées dans l'UE. Tous ensembles, les États membres ont déclaré qu'ils seraient prêts, initialement, à offrir une protection à 800 de ces personnes. Or, seule, la Norvège a accepté d'en prendre plus de 300. Cecilia MALMSTRÖM encourage les chefs d’Etat ou de gouvernement à montrer que nous sommes sérieux lorsque nous disons que nous sommes prêts à les accompagner sur le chemin de la démocratie et le progrès économique. (le 22 juin) - Ce qu’elle critique c’est notre « complexe de Lampedusa ». Cachez ces migrants, cette misère humaine, que je ne saurai voir ! Cachez cette misère humaine que je ne saurai voir… chez moi ! C’est le principe très franco‐
français : « Je suis d’accord à 100%, mais pas dans mon jardin ! » - C’est vrai aussi des éoliennes, des trains, des porcheries et de toute nouveauté qui perturbe nos petits égoïsmes. - Cela me perturbe aussi que ce soit une suédoise‐européenne qui nous force à ouvrir les yeux. N’y a‐t‐il donc personne chez nous, dans nos hautes sphères, qui est une même lucidité, pour ne pas parler de courage politique. - Thomas, l’information qui suit vient aussi de la Commission européenne et je te demande de la lire entièrement avant de réagir. - Pourquoi ? - Tu verras… www.greliermichel.eu
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Les fonds européens alloués dans le cadre du programme 2012 de distribution de denrées alimentaires aux personnes les plus démunies dans l'UE atteignent un total de 113 Mio euro dont la répartition entre les États membres concernés est fixée précisément. Les près de 500 Mio euro alloués ces dernières années – et inscrits au budget de cette année ‐ ont donc été sévèrement amputés (divisés par 4,4) ; cette réduction est le fait d'un arrêt rendu par la Cour de justice en avril 2011. Par conséquent, le programme 2012 prévoit exclusivement de puiser dans les stocks d'intervention disponibles. La Commission, qui craignait qu’un tel problème apparaisse, a proposé de modifier le régime ; c'était en 2008. En dépit de l'appui du Parlement européen, cette proposition est restée lettre morte, bloquée en examen au Conseil (celui des ministres, celui des Etats membres). Désireuse de faire avancer le dossier, la Commission en a présenté une version modifiée en septembre 2010, laquelle n'a pas, elle non plus, franchi le cap des discussions au Conseil. Bien que l'UE affiche en moyenne l'un des niveaux de vie les plus élevés au monde, certaines personnes sont dans l'incapacité de se nourrir correctement. Selon les estimations, 43 Mio de personnes dans l'UE sont menacées par la pauvreté alimentaire. Le programme d'aide en faveur des plus démunis permet à des particuliers ou à des familles vulnérables qui connaissent des difficultés de bénéficier de la fourniture de denrées alimentaires. En 2009, ce sont plus de 440.000 tonnes de produits qui ont été distribuées à 18 Mio de personnes dans 19 États membres. Les associations caritatives et les ONG qui viennent en aide aux personnes dans le besoin comptent sur la participation de l'UE à cet effort. Le PEAD, Programme européen d'aide alimentaire aux plus démunis, a vu le jour en décembre 1987, date à laquelle le Conseil a adopté les règles visant à débloquer des produits agricoles placés en stocks d'intervention publique à l'intention des États membres souhaitant les utiliser au titre de l'aide alimentaire pour les personnes les plus démunies de la Communauté. Afin de garantir la continuité de l'approvisionnement, le PEAD a été modifié au milieu des années 1990 pour permettre de compléter les stocks d'intervention avec des achats sur le marché. Il ne s'agissait pas d'une solution à long terme, mais d'une solution qui pouvait s'appliquer lorsque la disponibilité de certains produits était insuffisante. La base du programme restait l'intervention « jusqu'à la réduction des stocks à un niveau normal ». Le PEAD est financé par le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA). Son budget a été porté d'un peu moins de 100 Mio euro en 1987 à plus de 500 Mio euro depuis 2009. La participation au programme est facultative. Chaque année, les États membres souhaitant participer informent la Commission de ce que seront leurs besoins en signalant les quantités requises de produits disponibles dans les stocks d'intervention. En se fondant sur ces informations et compte tenu des statistiques d'Eurostat sur la pauvreté, la Commission définit un plafond budgétaire pour chaque État membre participant et établit une liste de produits à retirer des stocks publics ou à acheter sur le marché, en utilisant le budget alloué. Lorsque les stocks d'intervention sont mis à disposition, des appels d'offre sont lancés pour la conversion de ces matières premières (le blé par exemple) en produits transformés de la même « famille » (la farine ou les pâtes par exemple) ou pour l'échange de ces matières premières contre de tels produits. Ces produits sont distribués sous la forme soit de paniers alimentaires soit de repas servis dans des www.greliermichel.eu
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centres gérés par des organisations caritatives et autres organismes compétents, désignés par les États membres. Le Tribunal de la Cour de justice a rendu un arrêt le 13 avril 2011 dans le cadre d'un recours déposé par l'Allemagne, laquelle mettait en cause le programme 2009 d'aide aux plus démunis : l'issue du pourvoi a été défavorable à la Commission et le Tribunal a, en résumé, dit qu'il fallait que les denrées alimentaires couvertes par le programme proviennent majoritairement de stocks publics. Vingt Etats sont concernés par le PEAD ; l’Allemagne, l’Autriche, Chypre, le Danemark, les Pays‐Bas, le Royaume‐Uni et la Suède n’en sont pas. Le total des moyens financiers pour 2012 s’élève donc à 113,49 Mio euro. La France vient au 4ème rang, avec 15,87 Mio euro, derrière l’Italie, l’Espagne et la Pologne. En quantité, pourront être retirés des stocks d’intervention 162.411 tonnes de céréales et 53.575 tonnes de lait écrémé. La France n’a pas accès aux céréales, elle pourra retirer 8.859 tonnes de lait écrémé. (le 20) -
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Alors, Thomas, un commentaire ? Oui, évidemment, je pense à Coluche, aux Restos du Cœur et à tous ceux qui en ont besoin. Cette information désigne les affameurs, mais je ne comprends pas pourquoi ! Moi non plus ! La campagne pour les primaires socialistes n’ayant pas encore commencé, la matière reste la même depuis quelques semaines. Vladimir POUTINE a renouvelé son soutien à Christine LAGARDE, à l'occasion de sa visite en France : elle constituerait une directrice « très compétente, moderne et pondérée ». (le 21) Agustin CARSTENS était le premier candidat à s'entretenir avec les 24 membres du conseil qui annonceront d'ici au 30 juin le nom du prochain directeur général. Agustin CARSTENS a listé quatre défis qui se présenteront au futur directeur général du FMI : accroître la représentation des pays en développement au sein de l'institution, renforcer la surveillance de l'économie au niveau mondial, renforcer la capacité du FMI à prévenir les crises et superviser la coordination politique mondiale. Il a également plaidé en faveur d'un ajustement de la taille des quotes‐parts, chaque membre du FMI se voyant attribuer une quote‐part en fonction de la taille de son économie, qui détermine le nombre de voix qui lui est attribué. Agustin CARSTENS a reconnu que Christine LAGARDE avait face à lui des chances « très élevées » mais a évoqué le risque d'un « conflit d'intérêt » avec l'UE à l'heure où le FMI est au chevet de la Grèce sur fond de crise de dette européenne. (le 22) Le secrétaire américain au Trésor Timothy GEITHNER estime que Christine LAGARDE est une candidate « exceptionnellement douée » pour diriger le FMI. Ils se sont rencontrés et ont discuté de la situation en Europe. Timothy GEITHNER n'ira pas jusqu'à soutenir un candidat en particulier tant que le conseil d'administration du FMI n'aura pas progressé sur le sujet. Il a déjà dit publiquement que Christine LAGARDE et Agustin CARSTENS étaient deux candidats « crédibles ». Timothy GEITHNER a déjà rencontré Agustin CARSTENS et a déclaré qu'il possédait un solide mélange de talents financiers et politiques, faisant de lui un www.greliermichel.eu
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« candidat exceptionnellement compétent ». (le 23) -
Wait and see ! et langue de bois ! Dans un rapport préparatoire au débat d'orientation des finances publiques, le gouvernement confirme sa trajectoire de réduction du déficit public à 5,7% du PIB fin 2011, 4,6% fin 2012, 3,0% fin 2013 et 2,0% fin 2014. En 2010, le déficit s'est établi à 7,1%. La dette publique atteindrait 85,4% du PIB fin 2011, 86,9% fin 2012, 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014. Le gouvernement prévoyait auparavant un ratio de 84,6% fin 2011, 86,0% en 2012, 85,6% en 2013 et 84,1% en 2014. Le gouvernement confirme d'autre part prévoir une croissance économique de 2,0% cette année et de 2,25% en 2012. Il table sur une hausse de 2,4% de la consommation des ménages en 2012 après 1,7% en 2011, un investissement des entreprises non financières en hausse de 6,7% après 4,7%, des exportations en hausse de 6,0% après 7,6% et des importations en hausse de 5,9% après 7,5% en 2011. L'inflation ralentirait légèrement à 1,75% en 2012 après 1,8% cette année. (le 21) -
Dis‐moi, Michel, ce sont des informations ou bien des promesses électorales ? Je ne pense pas que les candidats à la présidentielle se lancent devant les électeurs potentiels dans des discussions interminables sur ces chiffres. Trop compliqué, peu sûr et pas rentable. Alors, au bénéfice du doute, ce sont des informations. Nommé Défenseur des droits en Conseil des ministres, Dominique BAUDIS a assuré qu'il se consacrerait à sa mission « en toute indépendance ». « Je mesure les devoirs et les exigences de la mission que m'ont confiée le président de la République, le Parlement et le gouvernement ». « Je m'y consacrerai de tout mon cœur, de toutes mes forces et en toute indépendance. Aujourd'hui même, j'ai mis fin à mon mandat au Parlement européen et à l'Institut du monde arabe ». Dominique BAUDIS sera le premier à exercer la fonction de Défenseur des droits dans le cadre d'un mandat non renouvelable de six ans. Dominique BAUDIS ajoute qu'il ira « dès demain à la rencontre des équipes du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) et de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) ». Elles « apporteront leurs expériences acquises au service des droits et libertés de chacun à cette institution nouvelle inscrite dans la Constitution ». Dominique BAUDIS qui avait la préférence de Nicolas SARKOZY. (le 22) -
Moins nobles, les suites des sous‐entendus de Luc FERRY. Les policiers chargés de l'enquête sur les déclarations de Luc FERRY souhaitent entendre les diplomates français en poste au Maroc au début des années 2000. Une demande en ce sens vient d'être adressée au ministère des Affaires étrangères par les enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs à Paris. (le 22) -
Dans le même répertoire des bassesses humaines… Trois personnes, dont Georges TRON, ont été placées en garde à vue à la PJ de www.greliermichel.eu
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Versailles. Dans le cadre d'une enquête pour « agressions sexuelles » et « viols » visant Georges TRON, une perquisition était également en cours à la mairie de Draveil (Essonne) dont il est le premier magistrat. Outre Georges TRON, les enquêteurs entendaient également l'une de ses adjointes à la mairie de Draveil et une assistante parlementaire. (le 20) La garde à vue de Georges TRON devrait être prolongée. Celles de l'une de ses adjointes et de son assistante parlementaire devraient l’être également. (le 21) Georges TRON était toujours entendu sous le régime de la garde à vue, celle‐ci ayant été prolongée. Les enquêteurs ont procédé à des perquisitions à son domicile à Draveil, ainsi qu'à la mairie. Les gardes à vue prennent fin le 22 juin en début d'après‐midi. (le 21) Le parquet d'Evry a ouvert une information judiciaire pour viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité contre Georges TRON à l'issue de sa garde à vue. Cette information judiciaire vise également une de ses adjointes à la mairie de Draveil. Georges TRON et Brigitte GRUEL devraient être présentés à un juge d'instruction. L'assistante parlementaire a été remise en liberté. En garde à vue, elle a admis avoir exercé des pressions sur l'une des victimes à la demande de Georges TRON. (le 22) Le parquet d'Evry a requis une mise en examen pour « viols et agressions sexuelles en réunion par personne ayant autorité » contre Georges TRON. Le procureur a demandé son placement sous contrôle judiciaire. Une mise en examen pour « viols et agressions sexuelles en réunion » a été requise contre Brigitte GRUEL, ainsi que son placement sous contrôle judiciaire. (le 22) -
Quant à DSK… Son affaire a mis les procureurs new‐yorkais chargés des crimes sexuels sous le feu des projecteurs, et la diffusion, sur la chaîne HBO aux Etats‐Unis, d'un documentaire qui leur est consacré devrait encore davantage les mettre sur le devant de la scène. Tourné longtemps avant son arrestation, « Sex Crimes Unit » devrait profiter de l'effet DSK, mais aussi du récent procès pour viol de deux policiers, très suivi aux Etats‐Unis. Dans son documentaire, la réalisatrice Lisa JACKSON présente toutes les facettes du travail des procureurs, montrés en train d'examiner une scène de crime, de choisir des jurés, ou de discuter de base‐ball. Le documentaire évoque aussi l'aspect bureaucratique du métier, les longues journées de travail et les personnalités zélées, mais aussi très humaines des procureurs, dont certains sont directement impliqués dans l'affaire DSK et celle des deux policiers. Le bureau du procureur de Manhattan possède une unité s'occupant des crimes sexuels depuis 1974, la « Sex Crime Unit », présentée comme la première du genre à avoir vu le jour aux Etats‐Unis. Elle compte aujourd'hui une quarantaine de juristes et en permanence environ 300 affaires à traiter. Lisa JACKSON souhaitait depuis des années tourner un film sur cette unité. Elle en avait parlé avec Robert MORGENTHAU, procureur de Manhattan en 2009, qui s'apprêtait à prendre sa retraite. En général, les procureurs n'aiment guère évoquer leur travail en dehors du tribunal. www.greliermichel.eu
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Ainsi, les services de Cyrus VANCE Jr, ont refusé une demande d'interview pour le documentaire. Si Lisa JACKSON a pu tourner pour la première fois dans les bureaux de la « Sex Crime Unit », on lui a aussi imposé certaines limites : ne pas utiliser de séquences concernant toute affaire non résolue au moment de la finalisation du film. Le documentaire montre des personnes qui ont travaillé sur l'affaire DSK, la responsable de la « Sex Crime Unit » Lisa FRIEL et le procureur adjoint John "Artie" McCONNELL. (le 20) Un avocat français a été mandaté par la défense américaine de la femme de chambre afin d'identifier d'éventuelles victimes en France. Me Thibault de MONTBRIAL a fait savoir : « Je suis le relais du cabinet de Kenneth THOMPSON en France notamment pour voir s'il existe d'autres victimes de Dominique STRAUSS‐KAHN », et qu’il laisse à son confrère américain la communication sur cette affaire. (le 23) -
C’est tout ? Oui pour aujourd’hui, mais vient la semaine où les « présidentiables » socialistes vont faire acte de candidature pour leurs primaires. Martine ? Ségolène ? Et d’autres ? Peut‐être. Alors, vivement lundi prochain. www.greliermichel.eu
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Semaine 26 – du lundi 27 juin au dimanche 03 juillet 2011 Christine couronnée à New York, Martine présidentiable à Paris -
Bonjour Michel, est‐ce que je suis en retard ? Ou bien as‐tu commencé plus tôt que d’habitude ? J’ai commencé plus tôt parce que les événements se sont multipliés cette semaine, en plus des sujets habituels. Je vais donc y passer plus de temps, beaucoup plus de temps. Laisse‐moi compter … un, deux, trois, …, cinq et six piles d’informations françaises. Et certaines ne sont pas minces. Que s’est‐il donc passé ? Thomas, tu as déjà deux pistes données dans le titre. Je commence par une troisième, le remaniement gouvernemental. Pour moi, il porte le millésime « Fillon 16 ». Le nom du successeur de Christine LAGARDE n'a pas filtré à l'issue du conseil des ministres. Le porte‐parole du gouvernement, François BAROIN, a demandé « un peu de patience » aux journalistes, ne faisant « aucun commentaire sur une décision qui relève du président de la République et du Premier ministre ». François BAROIN fait lui‐même partie des trois favoris, avec Valérie PECRESSE et Bruno LE MAIRE. (le 29) François BAROIN a été nommé ministre de l'Economie. Valérie PECRESSE lui succède au ministère du Budget. Laurent WAUQUIEZ la remplace au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. (le 29) A 46 ans, François BAROIN succède à Christine LAGARDE au ministère de l'Economie. Un renversement de situation pour le maire de Troyes, proche de Jacques CHIRAC, dont l'ascension politique s'était essoufflée avec l'accession à la présidence de Nicolas SARKOZY, avant de s'envoler depuis son entrée au gouvernement. Ministre du Budget depuis le 22 mars 2010, François BAROIN était aussi, depuis le remaniement du 14 novembre 2010, en charge de la Fonction publique, et porte‐parole du gouvernement. Elu pour la première fois en 1993 à l'Assemblée nationale, cet avocat fut, sous Jacques CHIRAC, un représentant de la génération montante des « quadras », perçu même comme possible premier ministrable. Lors de la présidentielle de 1995, François BAROIN avait été choisi par Jacques CHIRAC pour être son porte‐parole. Ce « chiraquien de cœur » s'était dit en 2008 « infiniment reconnaissant » envers Jacques CHIRAC, à qui il doit « tout ». En 1992, c'est Jacques CHIRAC qui convainc François BAROIN de s'engager en politique. Auparavant, alors qu'il était étudiant, ce titulaire d'un DESS de techniques de l'information et de la communication avait travaillé dans le cabinet d'Edgar FAURE pour préparer le Bicentenaire de la Révolution française (1987‐1988). En 1988, il s'essaie au journalisme, pour quatre ans, à Europe‐1, poussé par Jean‐Pierre ELKABBACH. Une fois Jacques CHIRAC élu, François BAROIN est nommé secrétaire d'Etat, porte‐
parole du premier gouvernement d'Alain JUPPE, dont il est le benjamin. Il y fera un court séjour, de mai à novembre 1995, avant d'être brutalement évincé. Jacques CHIRAC l'accueille alors à l'Elysée comme chargé de mission, jusqu'en 1997. Parallèlement, François BAROIN gravit les échelons du RPR. Il est élu vice‐président de l'Assemblée nationale en juin 2002. François BAROIN a également œuvré à la mise sur pied du grand projet de parti unique www.greliermichel.eu
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de la droite, d'abord baptisé Union en mouvement (UEM) avant de devenir l'UMP (Union pour un mouvement populaire) lors de la présidentielle de 2002. Quand le président de l'UMP, Alain JUPPE, passe la main en juillet 2004 après sa condamnation par la justice, François BAROIN lui reste fidèle. C'est donc logiquement à lui qu’Alain JUPPE confie provisoirement les clés du mouvement : François BAROIN est nommé secrétaire général délégué de l'UMP en avril 2004. Il plaide vainement pour la constitution de courants au sein du parti, jusqu'à devoir finalement passer le relais à Nicolas SARKOZY, élu triomphalement par les adhérents en novembre 2004. Nicolas SARKOZY garde François BAROIN dans l'état‐major du mouvement, en le nommant conseiller politique, tout en entamant une « déchiraquisation » intensive du parti. Après l'échec des régionales de mars 2004, François BAROIN avait refusé d'entrer dans le gouvernement Raffarin III comme ministre de la Santé. Il s'était toutefois laissé tenter plus tard par le gouvernement de Dominique de VILLEPIN, acceptant le portefeuille de l'outre‐mer en juin 2005. François BAROIN a également remplacé Nicolas SARKOZY à l'Intérieur, de mars à mai 2007, après la démission de ce dernier pour se consacrer à la campagne présidentielle. Avant d'entrer au gouvernement Fillon, François BAROIN s'était opposé ouvertement à Nicolas SARKOZY, notamment à propos du retour de la France au sein du commandement intégré de l'OTAN ou de la réforme de l'audiovisuel public. « Je pense que cette affaire te reviendra en boomerang », avait lancé François BAROIN à l'attention de Nicolas SARKOZY. (le 29) -
François BAROIN est le nouveau locataire de Bercy ! Mais est‐ce qu’il va faire le poids quand les vents soufflent et que la tempête gronde ? Ta crainte est légitime, Thomas, voici ce qui l’attend. François BAROIN a été nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans une période de risque élevé pour la zone euro et de délicates négociations internationales au G20. Il aura à peine le temps de s'installer dans son nouveau bureau à Bercy avant de s'attaquer aux dossiers les plus urgents, puisqu'il devra participer le 03 juillet à une réunion extraordinaire de l'Eurogroupe à Bruxelles consacrée à la crise grecque. La France est au premier plan des discussions en cours sur un nouveau plan d'aide financière à Athènes, ses banques ayant proposé un projet de participation des créditeurs privés de la Grèce à ce nouvel effort. La solidité du système bancaire européen fera aussi partie de ses dossiers prioritaires, des sources européennes ayant indiqué qu'une banque sur six pourrait échouer aux tests de résistance dont les résultats sont attendus dans les prochaines semaines. Au G20, présidé par la France, François BAROIN devra se familiariser avec les problématiques du système monétaire international et des déséquilibres macroéconomiques et financiers mondiaux. L'économie française reste sur la trajectoire d'accélération de la croissance et de réduction progressive des déficits souhaitée par Nicolas SARKOZY et François FILLON. Sauf dérapage imprévu, aux niveaux national ou international, la France semble être en mesure de conserver, au moins à court terme, la note « triple A » donnée par les agences de notation, qui lui permet d'emprunter à des taux avantageux pour financer son déficit et refinancer sa dette. Sur le front de la croissance, l'Insee a légèrement abaissé le chiffre du premier trimestre à 0,9% contre 1,0% en première estimation, sans remettre en cause la dynamique favorable dont bénéficie l'économie française. L'acquis de croissance à fin mars ressort ainsi à 1,5% www.greliermichel.eu
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contre 1,6% annoncé en mai, une révision qui ne remet pas en cause le scénario d'une croissance proche de 2,0% sur l'ensemble de 2011. Le gouvernement compte lui sur une croissance de 2,0% cette année et de 2,25% en 2012 pour soutenir une réduction du déficit public qui doit le ramener à 3% du produit intérieur brut en 2013, année à partir de laquelle le ratio d'endettement de la France commencerait à baisser. (le 29) - Après François BAROIN, le ministre‐chef, parlons de son adjointe au Budget, Valérie PECRESSE. Valérie PECRESSE voit récompensé un parcours ministériel délicat mais bien maîtrisé à la Recherche et l'Enseignement supérieur. Valérie PECRESSE y a piloté sans trop de dégâts la réforme de l'autonomie des universités, un dossier qui se transformait jusqu'ici souvent en siège éjectable pour quiconque s'y frottait. Valérie PECRESSE remplace aussi François BAROIN comme porte‐parole du gouvernement. A 43 ans seulement, cette ancienne conseillère du président Jacques CHIRAC, dont elle a été la protégée, est encore relativement peu connue du grand public. Femme d'influence et de dossiers devenue femme de terrain, elle avait été pressentie pour entrer dans le gouvernement Raffarin, avant de passer son tour. C'est après l'élection de Nicolas SARKOZY qu'elle devient ministre de l'Enseignement supérieur, le 18 mai 2007, dans le premier gouvernement de François FILLON. Valérie PECRESSE conservera ce poste au fil des remaniements. Sa progression sous le règne de Nicolas SARKOZY apparaît comme la suite logique d'une ascension discrète, mais irrésistible. Née le 14 juillet 1967, cette grande travailleuse a été bachelière à 16 ans, avant de sortir major finances d'HEC à 21 ans et 2e de l'ENA à 25 ans. Après avoir commencé sa carrière au Conseil d'Etat, Valérie PECRESSE a rejoint l'Elysée en 1998 comme conseillère technique chargée des études, de la prospective et des nouvelles technologies. « Mon premier travail a donc été de lui faire manier le mulot ! », a‐t‐elle plaisanté en parlant de Jacques CHIRAC. En juin 2002, Valérie PECRESSE quitte son bureau élyséen pour faire partie de la génération des députés de droite entrés à l'Assemblée nationale dans la foulée de la réélection de Jacques CHIRAC. La jeune députée des Yvelines est très active : elle préside le groupe d'études sur les biotechnologies en génétique, est rapporteur de la mission d'information sur la famille et les droits des enfants, participe à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales et à la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances. Mais Valérie PECRESSE ne parvient pas à transformer l'essai en entrant au gouvernement. Jean‐Pierre RAFFARIN ne fait pas appel à elle et elle doit à nouveau passer un tour lors de l'arrivée à Matignon de Dominique de VILLEPIN. Valérie PECRESSE se console en devenant l'une des porte‐parole de l'UMP en avril 2004, après avoir été secrétaire générale adjointe du parti en charge des études depuis 2002. Il lui faudra attendre l'arrivée de Nicolas SARKOZY pour reprendre son irrésistible ascension. Valérie PECRESSE a signé en 2007 un livre, dont le titre est tout un programme : « Etre une femme politique... c'est pas si facile ! » (Ed. de l'Archipel). Une difficulté que Valérie PECRESSE a pu mesurer lors des régionales de mars 2009 où il a d'abord fallu batailler pour écarter son rival Roger KAROUTCHI de la tête de liste UMP en Ile‐de‐France, avant d'essuyer une nette défaite face au sortant socialiste Jean‐Paul HUCHON. (le 29) Après plusieurs jours d'indécision, Nicolas SARKOZY a tranché : François BAROIN à www.greliermichel.eu
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l'Economie, Valérie PECRESSE au Budget et porte‐parole du gouvernement. Principale victime des arbitrages de Nicolas SARKOZY : Bruno LE MAIRE, encore donné favori pour Bercy dans la soirée du 28 juin, qui conserve finalement son poste à l'Agriculture. Bruno LE MAIRE s'est livré à un duel acharné avec François BAROIN, qui a mis sa démission dans la balance pour obtenir l'Economie. François BAROIN, proche de Jacques CHIRAC, a finalement obtenu gain de cause face à l'ancien directeur de cabinet de Dominique de VILLEPIN. Par un jeu de chaises musicales, Laurent WAUQUIEZ quitte les Affaires européennes pour l'Enseignement supérieur et la Recherche. Comme attendu, plusieurs centristes font leur entrée au gouvernement, selon une stratégie souhaitée par Nicolas SARKOZY pour tenter de contrer les ambitions de Jean‐
Louis BORLOO. François SAUVADET devient ministre de la Fonction publique. Jean LEONETTI, vice‐président du Parti radical et numéro deux du groupe UMP à l'Assemblée nationale, entre au gouvernement, en tant que ministre chargé des Affaires européennes, à la place de Laurent WAUQUIEZ. Marc LAFFINEUR est nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense et des Anciens combattants. Thierry MARIANI est promu ministre en charge des Transport. David DOUILLET devient secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger. Claude GREFF crée la principale surprise de ce remaniement. La députée UMP d'Indre‐et‐Loire, dont le nom n'était pas attendu, entre au gouvernement en tant que secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, chargée de la Famille. Infirmière de formation, elle est aussi secrétaire nationale UMP en charge de l'école et du monde de l'éducation. La disparition du secrétariat d'Etat à la Famille, lors du dernier remaniement de novembre 2010, avait été très critiquée dans le milieu associatif. Grâce à cette nomination, le nouveau gouvernement reste à dix femmes ‐ six ministres, et quatre secrétaires d'Etat ‐ sur un total désormais porté à 33 membres, loin des promesses du début du quinquennat. A son arrivée à l'Elysée en 2007, Nicolas SARKOZY s'était efforcé de constituer un gouvernement paritaire au niveau des ministres, avec huit hommes et sept femmes. (le 29) - Pour toi, l’Européen de service, quelle est l’importance du remplacement de Laurent WAUQUIEZ ? - C’est une erreur. Dans les affaires européennes qui dominent, il y a les finances, les meilleures relations possibles avec les autres Etats membres, l’agriculture et la pêche. Christine LAGARDE part, Laurent WAUQUIEZ part, et Bruno LE MAIRE reste en place mais il aurait tellement aimé aller à Bercy. Et la valse des ministres des Affaires européennes continue. A moins d'un an de l’élection présidentielle, Laurent WAUQUIEZ abandonne le poste qu’il a occupé pendant sept mois seulement. Le portefeuille incombe à Jean LEONETTI, député‐maire UMP d’Antibes dans les Alpes‐Maritimes et auteur de la loi sur l’accompagnement des patients en fin de vie. Un profil tout à fait inattendu et a priori éloigné de l’Europe. Contactés, les services de Jean LEONETTI ont précisé qu'il « ne souhaitait pas s'exprimer avant d'avoir pris ses fonctions ». Ce cardiologue de formation issu du parti radical a rejoint le bureau politique de l’UMP il y a un mois. Une façon d’exprimer son désaccord avec la stratégie opérée par Jean‐Louis BORLOO, qui cherche à s’affranchir de l’UMP à travers l'alliance centriste Ares « L’Alliance – Républicaine, Ecologiste et Sociale », nouvellement créée. Mi‐juin, Jean LEONETTI a de son côté lancé son club de réflexion, baptisé « République www.greliermichel.eu
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et humanisme », qui rassemble une trentaine de députés UMP. Reste que la France écoule son cinquième ministre des Affaires européennes depuis 2007. « C'est très regrettable et cela révèle la manière dont le gouvernement voit les relations avec l'Europe », tranche Marielle de SARNEZ, eurodéputée de l'ADLE. Derrière le choix de Jean LEONETTI se profilent surtout des intérêts politiques nationaux. « Il s'agit d'une nomination tactique pour assécher l'espace » que Jean‐Louis BORLOO tente d'occuper, résume l'eurodéputé socialiste Henri WEBER. Dans le même sens, la députée européenne écologiste Sandrine BELIER y voit « une manœuvre politicienne », ajoutant que Jean LEONETTI aurait été « plus légitime au ministère de la Santé ». (le 29) - Et le bon connaisseur des affaires européennes, Jean QUATREMER, en rajoute. A quoi sert un ministre chargé des affaires européennes ? A rien. Strictement à rien. Nicolas SARKOZY vient d’en offrir une nouvelle fois la preuve en changeant pour la cinquième fois en quatre ans le titulaire d’un poste qui n’est plus qu’une variable d’ajustement des remaniements gouvernementaux. Le jeune, ambitieux et polyglotte Laurent WAUQUIEZ, 36 ans, cède, en effet, la place au cardiologue, radical valoisien (?) qui a rejoint l'UMP et député des Alpes Maritimes Jean LEONETTI, 63 ans (son portrait n'a pas été remis à jour sur son site depuis 4 ans...). En nommant Jean LEONETTI à ce poste, Nicolas SARKOZY se contrefiche de l'Europe : il veut surtout donner des gages aux centristes de l'UMP... Une question angoissante nous a étreint à l’annonce de cette bouleversante nouvelle : Jean LEONETTI parviendra‐t‐il à tenir jusqu’à la présidentielle ? Car Laurent WAUQUIEZ n’aura occupé son poste que 7 mois avant de reprendre celui de Valérie PECRESSE. Or, il reste 11 mois jusqu’à la présidentielle, on mesure le défi. Avant Laurent WAUQUIEZ, Pierre LELLOUCHE sera resté 17 mois, Bruno LE MAIRE 6 mois et Jean‐Pierre JOUYET 19 mois, un record de longévité ! Jacques CHIRAC, lors de son quinquennat, ne sera parvenu qu’à user quatre ministres des Affaires européennes (Renaud DONNADIEU DE VABRES, Noëlle LENOIR, Claudie HAIGNERE, Catherine COLONNA), ce qui fait vraiment petit joueur. On ne connaît pas les qualités, que ce soit en politique intérieure ou internationale de Jean LEONETTI. Ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’au fond cela n’a aucune importance. On pourrait nommer un ruminant à ce poste que cela ne ferait guère de différence, car un ministre des Affaires européennes ne sert plus à rien. En effet, la politique européenne de la France est gérée depuis longtemps par l’Élysée et la coordination interministérielle sur les questions européennes relève du SGAE (Secrétariat général des affaires européennes), une administration rattachée au Premier ministre. Soumis hiérarchiquement au ministre des Affaires étrangères, le ministre des Affaires européennes n’a aucun pouvoir sur ses collègues, son rôle se limitant pour l’essentiel à assurer le remplacement de son ministre de tutelle, notamment au sein du Conseil des ministres dit « affaires générales » qui, à Bruxelles, est le Conseil « horizontal ». Pour le reste, il fait essentiellement de la représentation, en France et en Europe, toujours en soutien de son ministre de tutelle. Autant dire que la suppression de ce poste ne pourrait que faire du bien aux finances publiques. (le 29) -
Michel, rappelle‐moi pourquoi il y a eu ce remaniement ; il n’y a pas eu de crise politique en France ? C’est la candidature réussie et la nomination de Christine LAGARDE comme www.greliermichel.eu
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directrice générale du FMI qui a contraint tout le monde à s’occuper de sa succession. Christine LAGARDE semble bien partie pour prendre la tête du FMI. Agustin CARSTENS a recueilli l'appui du Canada et de l'Australie, mais il ne devrait pas parvenir à arracher ce poste aux mains des Européens, qui détiennent entre 40 et 47% des parts de vote. Les 24 membres permanents du conseil d'administration du FMI devraient organiser un sondage non officiel pour déterminer si l'un des deux candidats décroche une majorité claire. Cette course à la direction du FMI a été l'une des plus contestées de l'histoire de l'institution, les pays en développement ayant vigoureusement réclamé un processus de sélection basé sur les compétences du candidat et non sur sa nationalité, contre l'avis du groupe européen. Le choix des Etats‐Unis, qui n'ont pas officiellement annoncé quel candidat ils soutenaient, sera déterminant au cours des deux prochains jours, la première puissance économique mondiale représentant 17% des voix au sein du FMI. On attend cependant de l'administration OBAMA qu'elle appuie la candidature de Christine LAGARDE, préservant ainsi la tradition qui accorde ce poste aux Européens tandis que ceux du numéro deux du FMI et de président de la Banque mondiale sont dévolus aux Américains. Le Japon et la Chine, respectivement deuxième et troisième en termes d'influence de vote, ont également évité de se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des candidats. Mais, de même que les Etats‐Unis, plusieurs responsables du FMI ont déclaré que les deux pays voteraient pour Christine LAGARDE. Avec le ralliement du Pérou et du Chili, Agustin CARSTENS a désormais le soutien de l'ensemble des pays d'Amérique Latine excepté le Brésil, resté silencieux. (le 27) Timothy GEITHNER a apporté son soutien à Christine LAGARDE. Christine LAGARDE pourrait être désignée dès la réunion du conseil d'administration du FMI, le 28 juin. Elle bénéficie d'un large soutien en Europe. Un haut responsable chinois a fait savoir que Pékin soutenait sa candidature. Le ministère brésilien des Finances lui a également apporté le sien. (le 28) Christine LAGARDE a été désignée, par consensus, directrice générale du FMI pour un mandat de cinq ans. Elle est la première femme à occuper cette fonction. (le 28) L'Elysée a salué « une victoire pour la France ». « La présidence française se réjouit qu'une femme accède à cette importante responsabilité internationale ». François FILLON : « Les qualités unanimement reconnues de Christine LAGARDE et l'autorité dont elle jouit au plan international lui ont permis de réunir un très large consensus sur sa candidature. Ce choix est un honneur pour la France ». Alain JUPPE : « Cette décision constitue la reconnaissance d'une femme d'exception, d'une très grande professionnelle internationalement reconnue et d'un ministre de l'économie et des finances de la France engagée et unanimement respectée ». Christine LAGARDE : « Je suis profondément honorée par la confiance que me témoigne ainsi le conseil d'administration » du FMI. « Je tiens à remercier chaleureusement l'ensemble des pays membres du FMI du large soutien qu'ils m'ont apporté ». « Le FMI a été au service de ses 187 pays membres pendant la crise économique et financière mondiale, ce qui l'a amené à évoluer profondément. Mon objectif premier à la tête de notre institution sera de faire en sorte qu'elle continue dans cette voie avec la même détermination et le www.greliermichel.eu
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même engagement ». « L'action du FMI doit être pertinente, proactive, efficace et légitime, pour assurer une croissance plus forte et durable, la stabilité macroéconomique et un avenir meilleur pour tous », ajoute‐t‐elle. Elle a exprimé son « respect » et son « estime » pour Agustin CARSTENS qui l'a félicitée, l'assurant de son « soutien total » dans ses nouvelles fonctions. (le 28) -
Voilà pour Christine, couronnée à New York. D’accord, parlons maintenant de Martine. « J'ai décidé de proposer ma candidature à l'élection présidentielle », a déclaré la première secrétaire du Parti socialiste, Martine AUBRY, dans son fief de Lille. « Je veux rendre à la France sa force, sa sérénité, son unité ». Martine AUBRY se déclare ainsi au premier jour du dépôt des candidatures aux primaires socialistes, dont le premier tour se déroulera le 01 octobre. « Je veux rassembler aujourd'hui les femmes et les hommes de gauche, les écologistes, les humanistes, pour qu'en 2012, demain, nous puissions rassembler les Français ». « Avec votre soutien, avec votre confiance, je prends aujourd'hui devant vous l'engagement de la victoire en 2012 » (le 28) « J'ai toujours pensé qu'en politique, elle était meilleure que moi », disait Jacques DELORS de sa fille Martine, en 2008. En se lançant dans la bataille des primaires trois ans plus tard, Martine AUBRY prend le chemin inverse de son père, qui avait déçu les espoirs socialistes fin 1994 en refusant de briguer l'Elysée. En s'engageant après la mise hors‐jeu de DSK, Martine AUBRY tente de faire taire les doutes sur son envie réelle de disputer l'investiture de son parti. Elle s'est montrée combative, prononçant neuf fois « je veux » dans son discours de candidature. Et d'insister : « La France connaît des heures difficiles, mais je suis résolue à me battre de toutes mes forces pour lui redonner un avenir ». Avec son élection en novembre 2008 à la tête du Parti socialiste, Martine AUBRY avait signé un retour fracassant sur la scène politique nationale. Alors âgée de 58 ans, l'ancienne ministre de l'Emploi de Lionel JOSPIN (1997‐2001), réélue peu avant triomphalement à la mairie de Lille, avait pris sa revanche après une amère défaite aux législatives de 2002, payant le fait d'avoir laissé son nom à la réforme emblématique des années JOSPIN : la semaine de travail de 35 heures. Née le 08 août 1950 à Paris, divorcée de Xavier AUBRY et remariée à l'avocat lillois Jean‐
Louis BROCHEN, Martine AUBRY a hérité de son père Jacques DELORS le goût de la chose publique et l'engagement à gauche. Militante socialiste depuis 1974, cette grosse bûcheuse, diplômée de Sciences‐Po et de l'ENA, dont elle est sortie sixième en 1975, a d'abord travaillé 15 ans au ministère du Travail. Rue de Grenelle, elle travaille avec Jean AUROUX à la rédaction des lois du même nom. Elle occupe ensuite le poste de directeur des relations du travail de 1984 à 1987, collaborant tour à tour avec Pierre BEREGOVOY et Philippe SEGUIN. En décembre 1988, elle « pantoufle » chez Péchiney, où Jean GANDOIS en fait sa directrice générale adjointe. Le 10 octobre 1997, Jean GANDOIS, devenu « patron des patrons », tombera de haut lorsqu'il entendra Lionel JOSPIN annoncer que les 35 heures se feraient par la loi. Entre‐temps, Martine AUBRY connaît sa première expérience gouvernementale comme ministre du Travail des gouvernements d’Edith CRESSON et de Pierre BEREGOVOY (1991‐1993). Après la déroute socialiste de mars 1993, Martine AUBRY rebondit en créant la Fondation pour agir contre l'exclusion (FACE) et cherche une assise électorale dans le www.greliermichel.eu
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Nord, devenant en 1995 première adjointe de Pierre MAUROY à Lille et vice‐présidente de la communauté urbaine. L'essai est transformé deux ans plus tard, en 1997, avec une confortable élection (près de 61% dans la 5e circonscription du Nord, puis en 2001 lorsqu'elle succède à Pierre MAUROY. Intellectuellement brillante, franche voire très franche, arrogante selon ses détracteurs, Martine AUBRY s'impose au poste de ministre de l'Emploi et de la Solidarité du gouvernement JOSPIN. Son nom est associé à toutes les réformes « de gauche » engagées entre 1997 et 2002, des 35 heures à la couverture maladie universelle (CMU), de la loi sur les exclusions aux emplois‐jeunes. A tort ou à raison : on oublie souvent que la réduction du temps de travail a été inscrite dans le projet socialiste de 1997 à la demande d'un certain Dominique STRAUSS‐KAHN. Mais Martine AUBRY laisse aussi le souvenir d'une femme intransigeante, avec l'imposition de la réduction du temps de travail à toutes les entreprises en octobre 1997. Ses amis de la CFDT lui reprochent d'incarner « une gauche autoritaire ». « Martine n'est pas une diseuse mais une faiseuse », plaide Claude BARTOLONE, l'un de ses fidèles. Cette réforme controversée, « la Dame des 35 heures » la paiera cash aux législatives de 2002. Meurtrie par sa défaite face à l'UMP Sébastien HUYGHE, Martine AUBRY se replie sur sa mairie. Celle qui déteste Ségolène ROYAL se tient à l'écart de la campagne présidentielle de 2007. Martine AUBRY signera donc un retour éclatant sur la scène politique nationale avec sa réélection triomphale en mars 2008. Au sein du parti, conquis dans la douleur après le calamiteux congrès de Reims, celle qui n'a jamais eu de courant constitué cède aux avances des « reconstructeurs », coalition hétéroclite constituée des amis de Laurent FABIUS, d'une partie des amis de Dominique STRAUSS‐KAHN et des proches d'Arnaud MONTEBOURG, qui se cherchent alors un chef de file pour contrer Ségolène ROYAL et Bertrand DELANOË. Face à eux, cette « anti‐Ségolène » défend un PS ancré à gauche, fier de ses valeurs et allié avec les seuls partis de gauche, au risque d'une petite entorse avec son entente locale à Lille avec le MoDem. Dans un PS déchiré après le départ de François HOLLANDE, Martine AUBRY ralliera également la gauche du parti. Depuis son arrivée à la tête du PS, Martine AUBRY qui n'avait ‐ pas encore ‐ d'ambition élyséenne n'a eu de cesse d'essayer de recoller les morceaux et surtout de préparer sa formation à la présidentielle, avec la présentation d'un projet et la mise au point des primaires. (le 28) Ségolène ROYAL : « Maintenant, nous sommes plusieurs candidats et candidates et donc les débats vont pouvoir commencer ». « Je veux prouver en étant sur le terrain, auprès des ouvriers, que des solutions concrètes existent ». « Je veux être la présidente des solutions, la présidente de l'ordre social juste, la présidente équitable qui va redresser la France ». (le 28) Bertrand DELANOË va soutenir Martine AUBRY parce que « c'est une femme d'Etat » et qu'elle est « celle qui est le plus en situation ». « Elle est solide et je pense qu'elle peut redonner une dignité à la fonction présidentielle, et je pense qu'elle peut insuffler une vraie dynamique au pays ». (le 28) -
Dis‐moi, cela commence à bouger. Oui, mais attention car, dans le jeu des quilles proprement réalignées par les socialistes, un bouledogue vient d’entrer. www.greliermichel.eu
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De quoi me parles‐tu ? De DSK, Thomas. Tu vas peut‐être assister, et nous aussi, au film « DSK, le retour ? » Avec un point d’interrogation. Les procureurs new‐yorkais ont des doutes importants sur la crédibilité de la femme de chambre qui accuse DSK d'agression sexuelle. Le New York Police Department, qui est chargé de l'enquête, a refusé de commenter l'information. Le New York Times a rapporté que les enquêteurs avaient découvert d'importantes incohérences dans le témoignage de la femme de chambre. Les procureurs pensent qu’elle a notamment menti sur les conditions de sa demande d'asile aux Etats‐Unis, notamment en affirmant qu'elle avait été victime d’un viol collectif dans son pays natal, en Guinée. Des déclarations qu'elle a répétées au cours de l'enquête, avant finalement de « dire que c'était faux ». Le New York Times rapporte que la plaignante s'est entretenue par téléphone avec un détenu dans les 24 heures qui ont suivi l'agression présumée dans la chambre de DSK. Au cours de cette conversation, enregistrée, elle parle du profit qu'elle pourrait tirer de ses accusations contre DSK. Cet homme, arrêté pour possession de marijuana, fait partie des individus qui auraient effectué des virements, pour un montant total d'environ 100.000 US$, vers le compte de la jeune femme ces deux dernières années. Ces transferts ont été effectués en Arizona, en Georgie, à New York et en Pennsylvanie. La femme de chambre payait en outre tous les mois plusieurs centaines de dollars de factures de téléphone auprès de cinq opérateurs de téléphonie. L'employée du Sofitel avait affirmé n'avoir qu'un seul téléphone et a déclaré ne rien savoir des virements bancaires. Elle a simplement précisé qu'ils avaient été effectués par le détenu, qu'elle décrit comme étant son fiancé, et des amis à lui. Les conditions de la libération conditionnelle et d'assignation à résidence de DSK pourraient être assouplies. (le 01 juillet) Le juge Michael OBUS a décidé lors d'une brève audience du tribunal pénal de Manhattan de lever l'assignation à résidence de DSK et de le remettre en liberté sans caution. DSK est désormais libre de ses mouvements sur le territoire américain, mais la justice américaine conserve son passeport. Il n'est pas autorisé à se rendre à l'étranger, ni à regagner la France. L'argent de la caution va être restitué à DSK et la prochaine audience est prévue le 18 juillet. (le 01 juillet) - Et en France, les réactions sont nombreuses. A commencer par Martine AUBRY qui aurait convenu d’un pacte électoral avec DSK pour les primaires socialistes. Martine AUBRY a fait part de son « immense joie » après le retournement judiciaire qui pourrait bénéficier à DSK, refusant de dire si cela pourrait bouleverser le calendrier socialiste pour 2012. « C'est l'amie de DSK qui s'exprime ce matin ». « Les nouvelles qui nous sont parvenues cette nuit de la presse américaine me procurent une immense joie comme à tous les proches de Dominique ». « J'espère de tout cœur que la justice américaine établira dès ce soir toute la vérité et permettra à Dominique de sortir de ce cauchemar ». La voix pleine d'émotion, Martine AUBRY a rendu hommage à Anne SINCLAIR, qui a soutenu DSK durant son parcours judiciaire, et dont « le courage a forcé l'admiration de tous ». (le 01 juillet) Ségolène ROYAL a appelé « à ne pas instrumentaliser » les dernières informations www.greliermichel.eu
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concernant DSK. Interrogée sur une éventuelle suspension de la campagne des primaires, Ségolène ROYAL a répondu qu'il fallait « respecter (la) volonté » de DSK « vu la gravité et l'émotion de ce retournement qui est extraordinaire, sur tous les plans ». Elle a en outre souhaité que « cette bonne nouvelle soit définitive dans les jours qui viennent ». « Quand on a subi une épreuve aussi effroyable, il faut d'abord se reconstruire ». « Quand on a été blanchi et réhabilité, on retrouve toutes ses libertés. Il a été écarté du FMI, est‐ce qu'il va retrouver sa dignité et sa place au sein du FMI », a interrogé Ségolène ROYAL. (le 01 juillet) Le Premier secrétaire par intérim du PS, Harlem DESIR : « Je ressens, comme tous les socialistes et sûrement beaucoup de Français, un immense soulagement devant les dernières informations qui font naître l'espoir intense d'une bonne nouvelle pour DSK ». Harlem DESIR « forme le vœu que toute la lumière vienne enfin éclairer les faits, révéler la vérité et rétablir » DSK « dans son honneur ». « Je veux redire que la présomption d'innocence, la décence et la retenue, sont autant de principes qui auraient dû et doivent toujours être respectés, comme les socialistes et moi‐même y avons constamment appelé ». (le 01 juillet) Les socialistes se réjouissaient du revirement dans l'affaire DSK, qui pourrait redonner à leur ancien favori un rôle à jouer dans la course à l'Elysée en 2012. Des voix s'élevaient même pour demander une « pause » dans les primaires. Le PS est chamboulé. Lionel Jospin : « C'est un coup de tonnerre ». Martine AUBRY a fait part de son « immense joie ». Harlem DESIR ressent « un immense soulagement devant les dernières informations qui font naître l'espoir intense d'une bonne nouvelle pour DSK ». Jean‐Marie LE GUEN : « Il sera présent dans la campagne présidentielle dans la mesure où (...) la justice américaine le libère et le réhabilite ». « Comme DSK est un combattant, il sera combattant dans notre pays ». La vice‐présidente (PS) du Conseil régional d'Ile‐de‐France Michèle SABBAN a demandé « un temps de pause dans la primaire » pour que, « si l'occasion lui en est donnée, Dominique puisse avoir un temps de parole ». Les personnes qui briguent l'investiture socialiste à la présidentielle peuvent déposer leur candidature officielle depuis le 28 juin jusqu'au 13 juillet. Martine AUBRY, qui était liée à DSK par un pacte prévoyant que le mieux placé d'entre eux se présenterait aux primaires, a annoncé sa candidature le 28 juin. Devant les journalistes, elle a refusé de parler des primaires du PS ou du calendrier de la gauche pour la course à l'Elysée en 2012. Même refus de la part de Pierre MOSCOVICI, un proche de DSK qui a apporté son soutien à François HOLLANDE pour l'investiture. « Le moment venu, il sera temps d'examiner les conséquences politiques éventuelles de tout ça ». François HOLLANDE : « Je suis tout à fait prêt à ce que cette date soit reportée à la fin du mois d'août pour qu'il n'y ait aucune réserve, aucune restriction » à une candidature DSK en cas de retour dans le jeu politique. « En revanche, pour la date de la primaire elle‐même, il faut garder cette date ». Quant à un changement de calendrier de ces primaires, « ce n'est pas à l'ordre du jour aujourd'hui », a dit le porte‐parole du PS Benoît HAMON. Une fois que la justice américaine rend sa décision, « on se parle, on discute, on regarde, on attend l'avis des principaux concernés ». (le 01 juillet) www.greliermichel.eu
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Au lendemain de la levée de son assignation à résidence, DSK a quitté sa résidence du quartier new‐yorkais de Tribeca pour une destination inconnue. La police et les gardes de sécurité avaient dispersé les journalistes sur le trottoir devant l'immeuble peu avant qu’il ne quitte son appartement dans une voiture noire. On ignorait où DSK se rendait. (le 02) Le bureau du procureur de Manhattan a révélé que l’accusatrice de DSK aurait menti à plusieurs reprises. Selon les procureurs, elle avait déclaré avoir été victime d'un viol collectif en Guinée pour renforcer sa demande d'asile, mais elle a changé depuis de version et dit avoir été violée mais pas dans les conditions qu'elle avait rapportées initialement. Elle a menti dans ses déclarations fiscales sur le nombre de personnes à sa charge mais aussi sur ses revenus pour éviter de perdre un logement social. Enfin, les procureurs ont obtenu un enregistrement d'une conversation téléphonique de la jeune femme, quelques jours après l'arrestation de DSK, avec un homme incarcéré pour des faits de trafic de drogue. Elle y parlait de l'affaire et mentionnait la fortune de DSK. Elle aurait aussi soulevé des questions en disant tout ignorer ou presque de dépôts de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur son compte. Les autorités pensent que l'argent pourrait être lié au trafic de stupéfiants. (le 02) Martine AUBRY a souhaité qu'on laisse « souffler » DSK, qui a « vécu l'enfer ». Refusant d'« anticiper » sur la décision de DSK, elle a toutefois noté qu'en « admettant même » qu'il décide de revenir comme candidat aux primaires socialistes, « personne n'osera lui opposer un quelconque calendrier ». Martine AUBRY a assuré qu'elle irait pour sa part « jusqu'au bout ». Interrogée sur les déclarations de François HOLLANDE ou Ségolène ROYAL, également candidats aux primaires socialistes, qui ne se sont pas montrés hostiles à une modification du calendrier si DSK souhaitait revenir dans la course à la présidentielle, Martine AUBRY a jugé qu'« on anticipe beaucoup de choses ». Et elle a estimé que « DSK aura à s'exprimer lorsqu'il le voudra ». (le 03) -
Je comprends maintenant qui est le bouledogue. Qu’en est‐il des quilles socialistes ? Elles s’appellent les « primaires ». Ton « usine à gaz rose » se complexifie encore. Martine AUBRY a confirmé sa candidature. Longtemps donné favori dans les sondages, Dominique STRAUSS‐KAHN n’y participe pas. Après son élimination, c'est désormais François HOLLANDE qui fait figure de favori. Manuel VALLS avait annoncé sa candidature dès juin 2009. Arnaud MONTEBOURG avait attendu le 20 novembre 2010 pour faire de même. A peine dix jours plus tard, Ségolène ROYAL lui emboîtait le pas. (le 28) -
Thomas, dans ton autre « usine à gaz », la verte, cela remue aussi. Le dépouillement des derniers bulletins de vote par courrier pour la « primaire ouverte de l'écologie » devait être suivi du déverrouillage des urnes électroniques. Les résultats doivent être annoncés lors d'une conférence de presse de Cécile DUFLOT et Philippe MEIRIEU. La « participation globale a été de l'ordre de 75%, tout le monde s'accordant à dire que c'est une participation importante », a souligné Alexis BRAUD, le coordinateur de cette élection. Sur un total de 32.896 inscrits, environ 10.000 personnes ont voté par courrier et quelque 15.000 autres se sont prononcés par vote électronique. Les « coopérateurs » ‐ à savoir des sympathisants ayant choisi de « participer à un mouvement www.greliermichel.eu
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politique », moyennant une participation de dix euros, « sans pour autant souhaiter être adhérents » ‐ représentent « un peu moins de la moitié » des inscrits. Si aucun des candidats en lice n'est déclaré vainqueur, un second tour commencera dans la foulée. Dans ce cas, les résultats définitifs seront connus le 12 juillet. (le 29) Eva JOLY est arrivée en tête du premier tour de la « primaire ouverte de l'écologie » avec 12.571 voix soit 49,75% des suffrages. Elle devance Nicolas HULOT qui a obtenu 10.163 voix soit 40,22% des voix. Les deux autres candidats, Henri STOLL et Stéphane LHOMME ont obtenu respectivement 1.269 voix (5,02 et 1.172 voix (4,4%). La participation a atteint 25.269 votants, soit environ 77%. (le 29) -
Michel, si tu savais comme ces « usines à gaz » me font sourire intérieurement et grincer des dents. J’ai une information qui mêle joie et révolte. Les deux journalistes Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER, retenus en otages depuis fin décembre 2009 en Afghanistan ont été libérés. Leur interprète Reza DIN a également été libéré. Ils avaient été enlevés avec leurs accompagnateurs afghans le 30 décembre 2009 alors qu'ils réalisaient un reportage sur la reconstruction d'une route à l'est de Kaboul pour le magazine « Pièces à conviction » de France 3. (le 29) Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont passé 547 jours en captivité... Il reste neuf autres otages français dans le monde : quatre au Mali, trois au Yémen, un en Somalie et un au Proche‐Orient. (le 29) Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont assuré qu'ils se portaient bien, qu'ils n'avaient jamais été menacés ni maltraités, mais que leurs conditions de vie avaient été difficiles. La nourriture, celle des montagnes afghanes, était toujours la même. Et les otages ne pouvaient sortir de la pièce où ils étaient retenus que deux fois par jour, pour aller aux toilettes, le matin et le soir. Hervé GHESQUIERE a expliqué comment les deux collègues avaient lutté contre l'ennui et le découragement. « Il fallait bien structurer son temps ». Ils ont fait de la culture physique : « Faire de l'exercice, même dans une pièce qui fait 10 m², c'est évacuer du stress », a souligné Hervé GHESQUIERE, précisant qu'il s'y était adonné trois quarts d'heure par jour, contre plusieurs heures quotidiennes pour Stéphane TAPONIER. Hervé GHESQUIERE a aussi « beaucoup écrit » pendant sa détention. Mais comme les ravisseurs voulaient qu'aucun document ne sorte, « ils m'ont tout piqué : 500 feuillets ! ». Séparés au bout de trois mois, Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont reçu des talibans une radio chacun. Stéphane TAPONIER, qui réussissait à capter Radio France Internationale (RFI), station qui diffusait des messages de soutien, a confié que « ces nouvelles, ça nous faisait chaud au cœur ». (le 30) Libérés le 29 juin, Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER ont été conduits à la base militaire de Tagab puis à l'ambassade de France à Kaboul, où ils ont pris l'avion pour la France. A leur arrivée à Villacoublay, ils ont été accueillis par quelques proches et par Nicolas SARKOZY et Carla BRUNI. Alain JUPPE était présent, ainsi que Gérard LONGUET. (le 30) -
Michel, peux‐tu m’expliquer ce qu’est cette affaire de livraison d’armes aux www.greliermichel.eu
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insurgés en Libye par la France ? Voici les informations disponibles, mais on ne saura jamais tout. La France a fourni des armes à des civils libyens assiégés par les forces de KADHAFI. Elles ont été livrées début juin dans les montagnes Nafusa (ouest de la Libye) quand Tripoli refusait la création d'un couloir humanitaire. Les armes ont été parachutées et incluaient des « moyens d'autodéfense », comme des fusils d'assaut, des fusils mitrailleurs, des lance‐
roquettes et des munitions. (le 29) La Russie a demandé des explications à la France sur les livraisons d'armes aux rebelles libyens. Si cela ce confirmait, ce serait une « violation flagrante » de la résolution 1970 de l'ONU interdisant la fourniture de matériels de guerre à la Libye. (le 30) La France défend sa décision de parachuter des armes aux insurgés libyens, une opération qui suscite une controverse, Moscou ayant dénoncé une violation de l'embargo sur les armes imposé en février par les Nations unies. Paris a reconnu que son armée avait procédé à des largages d'armes légères et de munitions afin de protéger les populations qui n'avaient pas les moyens de se défendre. « Nous avons décidé de fournir des armes défensives aux populations civiles parce que nous considérons que ces populations sont menacées », a justifié Gérard ARAUD, représentant permanent de la France auprès des Nations unies. C'est la première fois qu'un pays de l'OTAN engagé dans les opérations militaires en Libye admet publiquement armer les insurgés qui cherchent à renverser KADHAFI. Alain JUPPE est attendu à Moscou. A Vienne, Anders Fogh RASMUSSEN a précisé que l'OTAN n'avait pas été impliquée dans ces parachutages. A sa connaissance, aucun autre Etat membre n'a fourni des armes aux rebelles. Les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en février, interdisent les livraisons d'armes à la Libye. La résolution 1973, votée le 17 mars, autorise, elle, les Etats membres de l'ONU à « prendre toutes mesures nécessaires » pour protéger les civils en Libye, « nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 ». Certains aux Etats‐Unis et en Europe estiment que le terme « nonobstant » peut les autoriser à armer les insurgés dans l'intérêt de la protection des civils. De l'avis de diplomates occidentaux, la terminologie de la résolution 1973 concernant l'embargo sur les armes est ambiguë et laisse le champ libre aux interprétations. Ils reconnaissent toutefois que les Etats membres du Conseil de sécurité jugent majoritairement que tout transfert d'armes vers la Libye viole l'esprit, sinon la lettre, de l'embargo. (le 30) -
Thomas, il semble bien que ces livraisons d’armes légères pour aider des civils à se protéger aient aussi des visées politiques et électoralistes, en France et aux Etats‐Unis. La reconnaissance par la France de livraisons d'armes aux insurgés illustre la volonté des pays occidentaux d'obtenir au plus vite des résultats en Libye mais risque aussi d'affaiblir les soutiens diplomatiques à leur intervention. Des analystes jugent possible que la révélation française marque le début d'un soutien militaire plus ouvert en faveur des insurgés, stratégie qui serait toutefois lourde de risques. L'initiative de la France intervient au quatrième mois des bombardements qui n'ont pas suffi à déloger KADHAFI. Nicolas SARKOZY et Barack OBAMA briguent tous deux leur réélection en 2012. « Le fait que les Français fournissent des armes aux rebelles est le signe de problèmes intérieurs, www.greliermichel.eu
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car Nicolas SARKOZY ‐ comme Barack OBAMA ‐ tient à voir cette guerre s'achever au plus tôt ». (le 01 juillet) - Thomas, nous venons de passer de juin à juillet, du premier au second semestre de 2011. Et le 01 juillet, il se passe toujours quelque chose de neuf en France. Et cette année, c’est… La réforme des retraites qui repousse progressivement de deux ans l'âge légal de départ et l'âge permettant de toucher une pension à taux plein sans décote quel que soit le nombre d'années cotisées. L'âge légal de départ à la retraite pour tous les salariés nés à compter du 01 janvier 1956 est fixé à 62 ans contre 60 ans jusqu'à présent. Pour toux ceux nés avant cette date, l'âge de départ est relevé à raison de quatre mois par génération, jusqu'à atteindre 62 ans d'ici à 2018, pour tous, dans le secteur public comme dans le privé. Pour une retraite à taux plein, en 2013 il faudra avoir cotisé 41 ans et trois mois, contre 41 ans en 2012. L'âge permettant de bénéficier d'une retraite à taux plein même sans avoir le nombre d'années de cotisation nécessaire est relevé progressivement à 67 ans contre 65 actuellement. Le maintien du taux plein à 65 ans est maintenu pour les personnes handicapées et celles nées entre le 01 juillet 1951 et le 31 décembre 1955 ayant élevé au moins trois enfants et « interrompu ou réduit leur activité professionnelle » pour élever au moins l'un de ces enfants. Le départ anticipé à 60 ans est maintenu au titre de la « pénibilité » pour les personnes « justifiant d'une incapacité permanente d'au moins 20% au titre d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail ayant entraîné des lésions identiques à celles d'une maladie professionnelle », selon le ministère du Travail. Les personnes « justifiant d'une incapacité permanente comprise entre 10 et 20%, à condition de pouvoir justifier qu'elles ont été exposées, pendant une durée minimum » de 17 ans « à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels », peuvent également faire valoir ce droit. Depuis le 01 janvier 2011, le gouvernement n'a pas reconduit l'Allocation équivalent retraite (AER) pour les nouveaux entrants dans ce dispositif qui permettait aux chômeurs de 55 ans ayant cotisé suffisamment sans avoir atteint l'âge légal de départ de toucher environ 1.000 euro en attendant 60 ans. Avec le report de l'âge légal, les syndicats craignent de voir des dizaines de milliers de chômeurs « seniors » venir grossir les rangs des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) ou de l'Allocation spécifique de solidarité (ASS). Selon les syndicats, 30.000 personnes sont déjà concernées depuis le début de l'année. Une réflexion nationale sur une réforme de fond des régimes de retraite, notamment « les conditions de mise en place d'un régime universel par points ou en comptes notionnels, dans le respect du principe de répartition au cœur du pacte social qui unit les générations », est prévue en 2013. Le Conseil d'orientation des retraites doit par ailleurs remettre, avant le 31 mars 2018, un rapport sur la situation financière des régimes, dans la perspective d'un nouveau projet de réforme « destiné à maintenir leur équilibre financier au‐delà de 2020 », selon la loi. (le 29) -
Ce fut une grosse semaine, riche en rebondissements et en événements… Attends, Thomas, je t’ai réservé cette dernière info. L'Assemblée nationale a levé partiellement l'immunité parlementaire de Georges TRON, autorisant la poursuite du contrôle judiciaire à laquelle il est soumis, mais rappelant que www.greliermichel.eu
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toute obligation supplémentaire devrait faire l'objet d'une nouvelle requête. (le 30) www.greliermichel.eu
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Semaine 27 – du lundi 04 au dimanche 10 juillet 2011 Le temps des vacances… déjà -
Thomas est absent cette semaine. Il a fait le choix de partir quelques jours, de revenir, puis de partir quelques jours ailleurs, avant de revenir. Mon propos sera donc un compte‐rendu organisé, en solitaire, d’une semaine pauvre en informations. Christine LAGARDE nous offre une transition opportune de l’international vers les affaires françaises. International d’abord… Christine LAGARDE a pris officiellement ses fonctions à la tête du FMI. Son contrat se distingue de celui de ses prédécesseurs par l'énumération de règles strictes en matière d'éthique. Christine LAGARDE est supposée « respecter les règles les plus élevées en matière d'éthique, en accord avec les valeurs d'intégrité, d'impartialité et de discrétion », précise sa lettre d'engagement. Christine LAGARDE devra éviter « l'apparence même de toute mauvaise conduite » et participera à une formation à l'éthique assurée en interne, une disposition que ne prévoyait pas le contrat de Dominique STRAUSS‐KAHN. Christine LAGARDE devra éviter tout conflit d'intérêts, refuser tout cadeau d'un gouvernement ou d'une organisation autre que le FMI et rompre tout lien éventuel avec le secteur privé. Son contrat ne lui interdit pas d'être membre d'un parti politique, à condition de ne pas faire partie de ses instances dirigeantes et de ne participer à aucune réunion partisane. Son salaire annuel est fixé à 467.940 US$ (323.825 euro), net d'impôt. Ce salaire indexé sur l'évolution des prix dans la région de Washington est équivalent, hors inflation, à celui de Dominique STRAUSS‐KAHN lors de son entrée en fonctions fin 2007. S'y ajoute une allocation pour frais de 83.760 US$ par an qui vise à « vous permettre de maintenir, dans l'intérêt du Fonds, un niveau de vie conforme à votre fonction ». Christine LAGARDE pourra aussi se faire rembourser des frais « raisonnables » s'ils sont liés à ses fonctions. Elle cotisera au plan de retraite du FMI. (le 05) -
France ensuite. La Cour de justice de la République (CJR) a reporté au 04 août sa décision sur d'éventuelles poursuites contre Christine LAGARDE dans l'affaire Tapie, l'un de ses membres estimant ne pouvoir se prononcer sur ce dossier. Le président de la Commission des requêtes de la CJR, Gérard PALISSE, a déclaré qu'un « des membres de la commission a fait savoir tardivement qu'il était dans l'obligation de se récuser ». Il n'a pas précisé l'identité de ce membre, mais de source judiciaire, on indiquait qu’il s’agissait de Laurence FRADIN, magistrat à la Cour des comptes. « Le membre suppléant qui aurait pu le substituer nous a fait savoir qu'il était dans l'impossibilité de le remplacer immédiatement sans connaissance du dossier ». Ce report offre un nouveau répit à Christine LAGARDE. (le 08) -
Un petit tour par le PS. La commission d'enquête interne au PS sur le fonctionnement de la fédération des Bouches‐du‐Rhône a rendu son rapport au bureau national du parti. Présidée par Alain www.greliermichel.eu
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RICHARD, elle avait été mandatée le 09 avril, à la suite des accusations portées par Arnaud MONTEBOURG contre la puissante fédération dirigée par Jean‐Noël GUERINI. La commission Richard relève des « dérives », émettant notamment un jugement « négatif » sur l'élection de Jean‐Noël GUERINI comme premier secrétaire de la fédération ‐ un poste dont il a démissionné en mars ‐ comme portant « atteinte aux statuts » du PS. « Cette fédération a besoin de pluralisme et de collégialité », souligne la commission, qui note que le conseil général des Bouches‐du‐Rhône « est la seule institution dont un tel nombre d'agents se trouvent en responsabilité dans le Parti ». Elle évoque ainsi un « rapport trop exclusif entre cercle d'influence d'élu local et vie de section ». En conséquence, la commission Richard recommande « des modalités précises d'organisation des scrutins internes », « une limitation de la taille des sections locales » et « une réorganisation en vue de la stabilisation des secteurs géographiques des sections ». Elle prône aussi « une limitation des adhérents non résidents dans les sections », « un allégement des effectifs du conseil et du bureau fédéral », et « une procédure plus fluide et plus ouverte du bureau fédéral des adhésions ». Enfin, elle souhaite un « encadrement des cumuls entre responsabilités fédérales et emplois publics ». Dans son rapport qui a été adopté « unanimement », la commission Richard propose que ses recommandations soient mises en œuvre dans le cadre d'un « contrat de rénovation librement accepté par la fédération des Bouches‐du‐Rhône », afin de tourner « la page de débats et de critiques qu'il est temps de dépasser ». (le 05) -
Pour finir par le feuilleton DSK qui s’épaissit, de New York à Paris. Les socialistes maintiennent leur calendrier politique, tout en laissant la porte ouverte à une éventuelle candidature de DSK aux primaires. Benoît HAMON : « Nous ne pouvons pas conditionner ce calendrier, qui convoque des millions de Français, au calendrier judiciaire américain ». Si toutefois DSK souhaitait se présenter, « personne ne lui opposerait une quelconque procédure », assurant qu'il existe un « consensus » des dirigeants du PS à ce sujet. Mais ce scénario « ne paraît pas forcément être le plus probable ». « Aujourd'hui, je pense que cette hypothèse est la plus faible ». Benoît HAMON a fait référence à « l'impact psychologique » d'une telle affaire sur DSK. Il s’est interrogé : « A‐t‐il encore envie d'être candidat ? ». « Nous n'en savons rien », et il a souhaité laisser à DSK « le temps de respirer » et « de parler ». (le 04) Tristane BANON, journaliste et romancière, va déposer plainte contre DSK, a annoncé son avocat, Me David KOUBBI. A l'époque des faits, Tristane BANON, aujourd'hui âgée de 31 ans, n'avait pas déposé plainte, sa mère, conseillère régionale PS de Haute‐
Normandie, ayant reconnu l'en avoir dissuadé. En février 2007, Tristane BANON avait affirmé dans l'émission "93, Faubourg Saint‐
Honoré" qu'animait Thierry ARDISSON qu'un homme politique, dont le nom était alors bipé, avait tenté de la violer. Tristane BANON et Thierry ARDISSON ont ensuite reconnu plus tard qu'ils parlaient bien de DSK. Selon le témoignage de Tristane BANON, c'est lors d'un rendez‐vous de suivi après un entretien pour le livre qu'elle préparait que DSK se serait montré de plus en plus pressant. D'après elle, dans un appartement presque vide, « ça s'est très, très mal fini, parce qu'on a fini par se battre (...) Ca s'est fini très, très violemment (...) Moi, j'ai donné des coups de pied. Il a dégrafé mon soutien‐gorge, il a essayé d'ouvrir mon jean. Ca a très mal fini ». La prescription en matière de viol, un crime, est de dix ans. Si les faits étaient requalifiés en agression sexuelle, un délit, la prescription n’est que de trois ans. (le 04) www.greliermichel.eu
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DSK va déposer plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre Tristane BANON, qui l'accuse de tentative de viol. (le 04) La femme de chambre new‐yorkaise qui accuse DSK d'agression sexuelle poursuit en diffamation le New York Post pour l'avoir qualifiée de prostituée. Kenneth THOMPSON, son avocat, a déposé plainte auprès d'un tribunal du Bronx. Dans une série d'articles, le quotidien affirmait que la femme de chambre était une « prostituée », une « tapineuse » et « monnayait ses faveurs sexuelles ». (le 05) Dans sa plainte, Nafissatou DIALLO considère que le New York Post savait, avant de les publier, que le contenu de ces articles était faux ou qu'il aurait dû le savoir. Elle demande à un tribunal de fixer un montant pour des indemnités. Le New York Post a réagi de manière laconique : « Nous maintenons nos informations ». (le 05) Les avocats de DSK ont déclaré avoir eu une rencontre « constructive » avec le procureur Cyrus VANCE Jr. Celui‐ci a annoncé qu'il maintenait les poursuites d'agression sexuelle et tentative de viol contre DSK. Kenneth THOMPSON a contre‐attaqué, en réclamant la nomination d'un procureur spécial et le dessaisissement de Cyrus VANCE Jr. L'avocat a accusé le bureau du procureur d'avoir délibérément organisé des fuites dans la presse en vue de « discréditer » sa cliente. Les services du procureur ont répondu que ces accusations n'étaient pas fondées et que Cyrus VANCE Jr excluait de se retirer du dossier. (le 07) -
Bonne semaine et beau temps pour tous les vacanciers. www.greliermichel.eu
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Semaine 28 – du lundi 11 au dimanche 17 juillet 2011 Que nos hommes et femmes politiques nés en dehors de l’Hexagone se lèvent ! -
Cette semaine encore, Thomas est en balade. Cette semaine est marquée par le choix d’Eva JOLY comme candidate à la présidentielle et la fin des candidatures pour les primaires socialistes. Bienvenue en nos terres nationales, politiciennes et électorales. Moins de trois ans après son entrée en politique, Eva JOLY devient la candidate écologiste à l'élection présidentielle. A 67 ans, l'ancienne juge d'instruction, rendue célèbre par l'affaire Elf, a réussi à s'imposer par sa crédibilité face à Nicolas HULOT, pourtant poids lourd de la télévision. Avant de porter les couleurs d'Europe Ecologie‐Les Verts (EELV), le nom d'Eva JOLY a longtemps été associé aux gros dossiers financiers et à la lutte anti‐corruption. L'œil toujours bleu et séducteur, fraîchement arrivée en politique, elle bénéficie de ses années d'exposition médiatique en tant que juge, qui lui ont permis se forger une « peau de crocodile ». Tentée par l'aventure politique depuis 2007, Eva JOLY s'est d'abord rapprochée du MoDem de François BAYROU, attirée par les valeurs européennes du parti. Finalement, c'est Europe Ecologie qu'elle choisit de rejoindre en octobre 2008, en vue des élections européennes de 2009. Elle apparaît en deuxième position en Ile‐de‐France, derrière Daniel COHN‐BENDIT, et participe activement à la campagne. Elle devient députée européenne le 07 juin 2009. Peu à peu, elle se défait de ses habits d'ancien juge anti‐corruption pour revêtir ceux de femme politique, conservant toujours une image de rigueur et de sérieux. Elle parfait sa connaissance des dossiers écologiques et améliore son expression en public pendant la campagne pour les élections régionales de 2010, où elle apparaît à la tribune aux côtés des autres leaders du mouvement. A l'occasion des Journées d'été d'Europe Ecologie à Nantes en août 2010, elle s'affirme comme aspirante candidate à la présidentielle. Eva FARSETH, son nom de jeune fille, est née le 05 décembre 1943 à Oslo (Norvège). Après avoir grandi à Grünerloekka, un quartier ouvrier de la capitale norvégienne, la jeune femme est arrivée en 1964 à Paris comme jeune fille au pair. De son pays natal, Eva JOLY a juste gardé son accent, qui devient plus prononcé lorsqu'elle est émue ou en colère. Alors que son mari termine ses études de médecine, Eva JOLY occupe différents emplois et poursuit des études de droit. En 1973, elle devient conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Etampes (Essonne), un poste qu'elle gardera jusqu'en 1981. A cette date, elle est reçue à l'Ecole nationale de la magistrature. Premier poste : Orléans, comme substitut. Deux ans plus tard, elle est nommée à Evry où elle restera jusqu'en 1989. Cette année‐là, Eva JOLY décide de rejoindre le Comité interministériel des restructurations industrielles. Ces trois années passées au chevet d'entreprises au bord du gouffre seront pour cette magistrate de caractère un apprentissage avec le monde financier. En 1993, elle arrive au palais de justice de Paris où elle vient d'être nommée juge d'instruction à la section financière. C'est l'année des premiers dossiers sensibles : Tapie, les Ciments Français... et le début de la médiatisation, qui lui a parfois été reprochée par certains de ses collègues. Pendant les dix années qui suivent, son cabinet devient le dernier salon mondain où les plus éminents chefs d'entreprise ou hommes politiques ont été sommés de s'expliquer sur d'éventuels abus de biens sociaux ou détournements de fonds... Exposée à toutes les www.greliermichel.eu
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critiques, épiée et surveillée, elle a néanmoins attendu d'avoir bouclé son dossier phare ‐ l'affaire Elf qu'elle instruisait depuis sept ans ‐ avant de quitter la magistrature en 2002. En France, « ceux qui enfreignent la loi sont ceux qui font la loi », critique‐t‐elle dans un livre d'entretiens intitulé « Où vont les juges », paru en 2002. Elle devient ensuite conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière internationale, contribuant à bâtir le « Network », réseau de procureurs, juges et policiers spécialisés dans ce domaine. En 2007, dans son livre « La force qui nous manque », Eva JOLY estime qu'en France, « une grande partie de la presse n'est pas libre, une grande partie de la justice n'est pas indépendante ». Et à destination de Nicolas SARKOZY, nouvel occupant de l'Elysée, Eva JOLY écrit : « Ce n'est pas parce que vous invoquez JAURES que vous êtes démocrate ». (le 12 juillet) A l'issue du second tour de la primaire, EELV a indiqué qu’Eva JOLY avait recueilli 58,16% des voix contre 41,34% à son rival Nicolas HULOT. Le taux de participation a été de 69,49% des inscrits, soit 22.896 votants. (le 12) Sa première polémique de candidate à l'élection présidentielle : « Le temps est venu de dire que le défilé militaire n'a plus sa place dans la symbolique du 14‐Juillet ». Elle propose à la place un « défilé de citoyens ». Pour justifier son idée, Eva JOLY fustige un « symbole qui date », « symbole de la France puissance coloniale » et s'interroge sur « l'image que nous souhaitons donner de nous‐mêmes pour illustrer des valeurs qui fondent notre République : liberté, égalité, fraternité ». Des propos qui ont suscité de nombreuses réactions, alors que le 14‐Juillet a été assombri par la mort de six soldats français en Afghanistan. Ségolène ROYAL : « une très mauvaise idée ». « Il me semble normal qu'au moins une journée par an on puisse rendre hommage à nos forces armées ». Harlem DESIR : le défilé constitue « un grand moment de rencontre entre la défense nationale et les citoyens ». Laurent FABIUS est « attaché au défilé du 14‐Juillet qui est une façon de montrer que l'armée française est une armée citoyenne ». Ce défilé « peut être complété (...) par une fête de l'égalité ». « Mais montrer que nous avons besoin d'une défense nationale et que nos militaires agissent pour nous et sont des militaires au service de la patrie, c'est une chose utile ». Jean‐Luc MELENCHON : « Le défilé militaire rappelle à toute puissance étrangère ce qu'il lui en coûterait de s'en prendre à la France et à sa République ». Il défend toutefois l'idée d'un « défilé citoyen », qui, « à la suite du défilé militaire, serait une belle démonstration pour dire à l'oligarchie et à la finance internationale que la première force de dissuasion de la France, c'est son peuple ». Henri GUAINO : « Dire ce qu'elle a dit, c'est pour moi profondément une insulte à tous ceux qui, depuis des siècles, meurent pour ce pays, pour ses valeurs, pour sa liberté ». « Elle rêve, comme beaucoup d'ailleurs de militants de son parti, de ce monde aseptisé et sans guerre dans lequel on a totalement occulté la dimension tragique de l'Histoire, je pense que c'est parfaitement irresponsable, parfaitement inconscient ». « Il y a une part d'incompréhension de ce qu'est la France ». Guy TEISSIER, président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, est « consterné d'entendre de telles déclarations, qui (lui) rappellent les années d'avant la dernière Guerre mondiale, où les pacifistes et les antimilitaristes nous ont amenés à cette triste défaite de 1940 ». « Je suis consterné qu'il puisse encore exister, comme on les appelait www.greliermichel.eu
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autrefois, des anti‐France ». Des propos qui ont été dénoncés par le Parti de gauche de Jean‐Luc MELENCHON, pour qui Guy TEISSIER reprend « le terme d'anti‐France utilisé par l'extrême‐droite antisémite lors de l'affaire Dreyfus ou sous PETAIN pour insulter ainsi les juifs et les communistes ». Marine LE PEN : des propos « absolument consternants ». « Ça démontre que Mme JOLY ne comprend absolument rien aux liens extrêmement profonds qui existent entre le peuple français et son armée, peut‐être parce qu'elle est née en Norvège ». « Je ne crois pas qu'il soit légitime de se présenter à la présidence de la République quand on est devenu français tardivement et quand encore il y a quelques mois on était aux côtés du gouvernement norvégien pour lui apporter des conseils ». (le 15) François FILLON : Eva JOLY, arrivée en 1964 à Paris et mariée à un Français, « n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française ». « Ce défilé est d'abord le symbole d'une armée qui défend la République ». Une sortie qui a fait réagir Eva JOLY : « Je ne descends pas de mon Drakkar, ça fait 50 ans que je vis en France et donc je suis française ». « Ce n'est pas parce que je soulève ce qui pour moi est un vrai problème qu'on doit me discréditer et penser que ce que je dis est nul et non avenu, parce que je ne serais pas assez française ». Et de maintenir ses propos : « Evoquez dans vos têtes l'image d'un autre pays qui a des défilés militaires. Vous trouvez la Russie, vous trouvez la Chine, vous trouvez la Corée du Nord. Est‐ce que vous trouvez des pays démocratiques européens ? ». (le 15) Eva JOLY a de nouveau déploré les accusations évoquant sa bi‐nationalité : « prétendre défendre la République en agitant le démon des origines est une hypocrisie dangereuse ». Ces « excès (...) des habituels matamores de l'identité nationale », ainsi que les propos de François FILLON « témoignent de la dégradation des termes du débat public et de la gangrène identitaire qui attaque le corps républicain ». « Je ne permets pas que l'on mette en doute mon patriotisme. Je ne suis pas moins française que ceux qui me refusent le droit de m'exprimer ». Démentant être antimilitariste, Eva JOLY estime que « l'instrumentalisation des victimes pour (la) réduire au silence a quelque chose d'indécent », redisant son « plus profond respect pour ceux qui risquent leur vie pour la France ». (le 16) Martine AUBRY a qualifié de « honte » les propos de François FILLON visant Eva JOLY. « On a le droit de contester la position d'Eva JOLY, on n'a pas le droit de contester son amour de la France et ses valeurs ». « Si j'étais présidente de la République, j'aurais un Premier ministre qui traite comme ça un de mes citoyens, eh bien je lui demanderais de partir ». (le 17) -
Si Eva JOLY a mis le feu, le PS, lui, a refermé son registre des candidatures. Six candidats vont s'affronter dans le cadre des primaires organisées par le PS pour l'élection présidentielle. Deux poids lourds devraient dominer les débats.  François HOLLANDE, qui s'est lancé dès le 31 mars, s'appuie sur son expérience et les réseaux constitués à la tête du PS, de 1997 à 2008. « C'est la première étape d'un chemin qui va nous conduire, je l'espère, je le veux, à l'alternance en 2012 ». Il bénéficie du soutien des présidents de groupe PS à l’Assemblée nationale et au Sénat, Jean‐Marc AYRAULT et Jean‐Pierre BEL, ainsi que de strauss‐kahniens comme Vincent PEILLON, Gérard COLLOMB et Pierre MOSCOVICI. www.greliermichel.eu
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 Martine AUBRY a annoncé sa candidature le 28 juin. Elle a choisi d'ouvrir son équipe à des personnalités de la société civile, notamment la comédienne Sandrine BONNAIRE, l'écrivain Jean‐Christophe RUFFIN, le généticien Axel KAHN ou encore l'économiste Daniel COHEN. Côté politique, elle est soutenue par Elisabeth GUIGOU, Laurent FABIUS et Bertrand DELANOË.  Ségolène ROYAL, engagée de longue date dans la course, fait valoir son CV d'ex‐
candidate socialiste à la présidentielle. Elle a d'ailleurs repris pour sa campagne ses thèmes favoris : l'« ordre juste », la « démocratie participative » ou encore la « croissante verte ». Mais elle semble largement distancée, selon les enquêtes d'opinion.  Arnaud MONTEBOURG, considéré comme la personnalité la plus à gauche de ces primaires.  Manuel VALLS, qui prône une orientation plus libérale du parti et fait entendre sa voix sur le thème de la sécurité.  Enfin, les primaires étant ouvertes aux non‐socialistes, Jean‐Michel BAYLET, sénateur du Tarn‐et‐Garonne, explique que le fait de présenter un candidat PRG à l'élection présidentielle « représente un risque, d'autant plus que Marine LE PEN est haut dans les sondages ». « A l'inverse, ne pas être du tout présent à un moment aussi important de notre vie politique n'aurait aucun sens. D'où l'idée de la primaire, que nous défendons depuis des années ». Les candidats seront départagés lors de primaires à deux tours organisées les 09 et 16 octobre prochains. Pourra voter toute personne inscrite sur les listes électorales, à condition de verser une contribution d'un euro minimum et de signer une charte d'adhésion aux valeurs de la gauche. (le 13) Dans l’émission « C dans l’air » intitulée « AUBRY face à la rumeur », Dominique REYNIE fait observer (à partir de la 50ème minute) que les équipes de campagne de François HOLLANDE et de Martine AUBRY n’étaient pas conformes aux ambitions du programme du PS sur les critères : place de la femme, rajeunissement et ouverture à la diversité. Dominique REYNIE parle d’équipes d’ « hommes, vieux et blancs » pour les deux candidats principaux et précise la composition de ces équipes. Autour de François HOLLANDE, moyenne d’âge : 54 ans, 80% de « blancs » et 75% d’hommes. Autour de Martine AUBRY, moyenne d’âge : 55 ans, 90% de « blancs » et 75% d’hommes. (le 13) -
Au bout de quatre mois, les décisions élyséennes d’intervention militaire doivent être confirmées par le Parlement pour pouvoir légalement se poursuivre. Assurant devant l'Assemblée nationale que l'intervention en Libye « est juste », François FILLON a demandé aux députés de voter la prolongation de l'intervention de l'armée française. L'issue du vote ne fait guère de doute, les groupes UMP, Nouveau Centre et PS ayant annoncé leur intention de voter pour la poursuite de l'opération. (le 12) Le gouvernement a dressé un bilan chiffré des quatre mois de l'engagement de la France au‐dessus de la Libye, à l'occasion du débat devant le Parlement. Engagement militaire : 4.400 soldats, 40 avions de combats, 6 avions de soutien, 8 navires, 18 hélicoptères d'attaque. www.greliermichel.eu
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Bilan provisoire : en Libye, 2.500 objectifs ont été touchés dont 850 sites logistiques, 160 centres de commandement, 450 chars, 220 véhicules et 140 pièces d'artillerie. Coût de l’opération, au 30 juin : 104 Mio euro dont 67 Mio pour les munitions, 27 Mio pour les suppléments de salaires, 10 Mio pour les dépenses de logistique. Le coût de « l'usure prématurée des matériels » n'est pas compris dans cette somme, parce qu'il n'a pas encore été évalué précisément, la somme évoquée étant d'une « soixantaine de millions ». (le 12) Comme attendu, l'Assemblée nationale a voté à une très large majorité (482 voix contre 27) la prolongation de l'intervention de l'armée française en Libye. Le débat au Sénat devrait connaître une issue identique. (le 12) -
Comme une lettre à la poste, aurait dit Thomas. Ce qui sera moins aisé à faire passer s’appelle la « règle d’or » budgétaire. C’est l’art et la manière constitutionnels d’avoir autant de dépenses que de recettes dans le budget de l’Etat. L'Assemblée nationale a adopté le projet de loi constitutionnelle relatif à l'équilibre des finances publiques, dans les mêmes termes que le Sénat. Il faut désormais que cette « règle d'or » soit votée par les deux tiers des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Valérie PECRESSE a affirmé que la décision de convoquer le Congrès « n'a pas été prise à ce jour ». (le 13) - Les images des « crash tests » automobiles sont très spectaculaires et se veulent rassurants. Les « stress tests » bancaires ne sont guère spectaculaires ni transparents, ils sont à tout le moins inquiétants. Les quatre principales banques françaises, BNP Paribas, BPCE (Banque populaire‐Caisse d'épargne), Crédit agricole et Société Générale ont réussi les tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne (ABE). Sur les 90 établissements soumis aux tests destinés à vérifier la solidité du secteur bancaire européen dans le scénario de chocs économiques, seules huit banques ont échoué et devront dès lors renforcer leur fonds propres à hauteur de 2,5 Mia euro. Il s'agit de cinq banques espagnoles, de deux grecques et d'une autrichienne. La Banque de France a précisé que les quatre principales banques françaises affichaient un ratio de fonds propres agrégé de 7,5% à fin 2012 dans le scénario économique le plus défavorable retenu par l'ABE, soit au‐dessus du niveau minimum de 5% requis. Dans le détail, Société générale affiche le ratio le plus faible avec 6,6%, le groupe Crédit agricole ressort avec le plus confortable à 8,5%. La banque franco‐belge Dexia affiche de son côté un ratio de 10,4%. Pour François BAROIN : « Le système bancaire français, c'est une confirmation, est solide ». « Il faut y voir le fruit d'une gestion des risques rigoureuse de la part des banques françaises et cela vient confirmer la solution du modèle de banque universelle ». Après le fiasco des tests de résistance de 2010, qui n'avaient pas décelé les fragilités des banques irlandaises avant leur sauvetage quelques semaines plus tard par Dublin, les régulateurs européens ont décidé de durcir l'exercice en retenant des scénarios de chocs économiques plus sévères qu'en 2010. A la lumière de la crise des dettes publiques, qui a dépassé l'Europe pour atteindre les Etats‐Unis, des critiques ont toutefois été formulées sur les critères retenus. Moody's a regretté que l'ABE n'ait pas pris en compte l'hypothèse d'un défaut sur la dette souveraine www.greliermichel.eu
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d'un Etat membre alors que le risque a augmenté dans la zone euro. La publication des tests de résistance a aussi permis de faire le point sur l'exposition des banques européennes aux dettes souveraines des Etats européens. Les banques françaises affichent ainsi une exposition cumulée de 9,55 Mia euro à la dette souveraine grecque et de 41 Mia euro à la dette publique italienne. (le 15)  Et pour finir… DSK en France. Tristane BANON a été entendue un peu plus de cinq heures. L'enquête préliminaire devra déterminer si les faits décrits par Tristane BANON et dont elle dit avoir été victime s'apparentent à une tentative de viol, dont la prescription est de dix ans, ou une agression sexuelle, prescrite au bout de trois ans. (le 11)  Et DSK aux Etats‐Unis. DSK comparaîtra le 01 août au lieu du 18 juillet devant la justice new‐yorkaise. Les procureurs invoquent la nécessité de poursuivre leur enquête, tandis que la défense espère les voir clore le dossier. La porte‐parole du procureur, Erin DUGGAN, a affirmé qu'aucune décision n'était prise et qu'il s'agissait d'un report de routine. (le 12) www.greliermichel.eu
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Semaine 29 – du lundi 18 au dimanche 24 juillet 2011 27 juillet, le salarié français est, enfin, libéré de ses obligations fiscales -
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Bonjour Michel, je sais qu’il n’est que 10 heures, mais j’ai deux semaines à rattraper pour être au parfum des informations de cette semaine. Bonjour Thomas, bien content de te retrouver. Tu n’es pas très « halé » pour un demi‐
juilletiste. Où es‐tu donc « allé » ? Le long de la côte belge jusqu’aux Pays‐Bas, étape par étape. C’était plus un temps à parka qu’à maillot de bain, je te l’accorde. La marche et les visites ont remplacé les pâtés de sable et le farniente. Mais je te garantis que si le soleil revient, nous repartons. Tu ne t’es pas ennuyé sans moi, si j’en juge par le paquet de ce que je vais lire. Je te sers du café ? Non merci, j’en ai déjà consommé plusieurs… pour me réchauffer. Je m’en sers et je te laisse travailler. A tout à l’heure. C’est ça. Pendant que Thomas fait sa session de rattrapage, je vous indique le plan de la semaine. C’est autour de l’euro que beaucoup de choses se disent chez nous. Le triomphalisme l’emporte dans la majorité présidentielle, et les critiques s’accumulent pour l’opposition, comme d’habitude. Il y a un développement intéressant sur l’évolution de la notation financière de la France à moyen et long terme. J’ai trouvé un tableau comparatif « amusant » sur les salaires et les impôts, pour autant qu’ « amusant » soit le bon terme à utiliser. Nous terminerons avec quelques rebondissements dans notre feuilleton DSK/Tristane BANON … Alors Thomas, où en es‐tu ? Donne‐moi un gros quart d’heure et je te rejoins. Une vingtaine de minutes plus tard. - Alors, quoi de neuf chez nous ? - D’abord, des articles et communiqués socialistes pour sauver l’euro. François HOLLANDE et Martine AUBRY se battent pour affirmer leur crédibilité économique et financière. En affichant leurs propositions pour « sauver l'euro », les deux candidats cherchent surtout à prouver qu'ils disposent de cet atout, la crédibilité, indispensable à tout candidat à la présidentielle. Alors que les dirigeants des 17 pays de la zone euro doivent se réunir en sommet à Bruxelles, Martine AUBRY livre son analyse de la crise dans une tribune intitulée « Il faut sauver la Grèce pour sauver l'Europe ». « Pour contenir la contagion et permettre à la Grèce, ainsi qu'aux Etats en difficulté de se refinancer, des mesures d'urgence s'imposent ». Elle suggère de « maintenir le rachat par la Banque centrale européenne (BCE) de titres de dette souveraine des Etats attaqués » et d'adopter « un plan clair global, crédible parce que s'inscrivant dans la durée, afin d'accompagner la Grèce ». A plus long terme, Martine AUBRY propose un « fonds de solidarité financier européen », « une émission d'eurobonds pour mutualiser une partie de la dette souveraine des Etats de la zone euro », la rénovation des statuts de la BCE et « une taxe sur les transactions financières pour abonder le budget européen ». En matière monétaire, elle prône « une gouvernance partagée de la zone euro », fondée sur « le renforcement de l'Eurogroupe et la création d'un poste de ministre de www.greliermichel.eu
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l'Economie de la zone euro ». François HOLLANDE est allé plus loin dans sa propre tribune, souhaitant « l'affirmation d'un gouvernement économique » via la fusion du « président du Conseil européen avec le président de la Commission ». Pour le reste, ses propositions sont très proches de celles de Martine AUBRY. Il se dit favorable à un « fédéralisme budgétaire et fiscal pour coordonner les politiques des Etats‐membres » et « lever des impôts », approuvant lui aussi le principe de la taxe sur les transactions financières. Il prône le recours aux euro‐obligations, « un moyen efficace de lever de l'argent à moindre coût pour racheter la dette grecque décotée ». François HOLLANDE s'est présenté comme le tenant de la rigueur budgétaire, assurant « qu'il faut rééquilibrer les comptes publics sans tarder, descendre à 3% du PIB (produit intérieur brut) le plus vite possible », soit dès 2013. Alors que le déficit public de la France a atteint 7% du PIB, le gouvernement table toujours sur un retour sous la barre des 3% en 2013. « Je ne le dis pas pour céder à je ne sais quelle pression des marchés ou des agences de notation, mais parce que c'est la condition pour que notre pays retrouve confiance en lui ». Martine AUBRY convient : « On ne peut pas vouloir être présidente de la République et ne pas respecter les engagements de la France ». « Tout le projet socialiste » est réalisé avec l'hypothèse de « 3% de déficit en 2013 », « c'est la règle que nous avons retenue ». Elle s'était pourtant montrée plus souple, le 15 juillet à Avignon, promettant une hausse de 30 à 50% du budget du ministère de la Culture. Le 17 juillet, François HOLLANDE, de passage à Avignon, s'est refusé à toute « surenchère ». « Moi, je ne tomberai pas dans une espèce de montée d'échelle du perroquet où on va proposer plus ». (le 18) -
Michel, s’il te plaît, ne note pas mon grand sourire. Certains pourraient en déduire, avec raison, que je suis incrédule. D’accord, et pour maintenir ce beau sourire, tu vas suivre l’évolution de la notation française AAA… Des informations sur les andouillettes ? Tu parles du label AAAAA ou « 5A » pour : Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique. Non, AAA ou « triple A » concerne la notation financière de la France. L'horizon politique s'est brusquement éclairci sur le front de la défense de la note « triple A » de la France. Après des mois d'incertitude, les socialistes ont clarifié leur position, Martine AUBRY et François HOLLANDE promettant de respecter l'engagement français de ramener le déficit public à 3% du PIB en 2013. Le respect de cette trajectoire est un des éléments susceptibles de conforter la note donnée à la France par les agences de notation. La note maximale « triple A » dont bénéficie la France lui permet d'emprunter à des taux avantageux pour refinancer sa dette et pour compenser ses déficits. Un éventuel abaissement de cette note augmenterait le coût de la dette, ce qui réduirait encore un peu plus les marges de manœuvre budgétaires du pays et fragiliserait sa capacité à redresser ses comptes. Nicolas SARKOZY, qui avait différé au lendemain de son élection les engagements de ses prédécesseurs en matière de réduction du déficit, a fait de la conservation de cette note un impératif et a récemment cherché à se présenter en gardien des intérêts des Français face à des socialistes irresponsables. Martine AUBRY et François HOLLANDE lui ont indirectement répondu. Cet engagement lève un des risques pesant sur la note de la France, au moment où les notes de certains de ses partenaires comme l'Italie, ou même les Etats‐Unis, sont www.greliermichel.eu
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surveillées par les agences, ou qu’une dégradation a déjà eu lieu comme pour la Grèce, l'Irlande, le Portugal ou l'Espagne. Les trois principales agences ont confirmé la note française ou la perspective « stable » qui lui est associée (fin mai pour Fitch Ratings, début mai pour Moody's Investors Service et fin décembre 2010 pour Standard & Poor's), tout en soulignant l'impératif du redressement des comptes publics. Car le déficit public de la France, à 7,1% du PIB fin 2010, est bien plus élevé que celui des autres « triple A » de la zone euro (Allemagne, Autriche, Finlande, Luxembourg et Pays‐Bas), une situation qui fait régulièrement évoquer sur les marchés le spectre d'une éventuelle dégradation. La perception de ce risque a été renforcée par l'intensification de la crise en zone euro et la possibilité d'une contagion de la France. Manifestations spectaculaires de ce phénomène : la hausse des instruments d'assurance contre le risque de défaut de la France (les CDS) et le bond du spread France‐Allemagne, la prime demandée par les investisseurs pour détenir de la dette française à 10 ans plutôt que de la dette allemande, qui a atteint son plus haut niveau depuis 1995. Les écarts France‐Pays‐Bas et France‐Autriche ont également fortement progressé, signe que la seconde économie de la zone euro perdait du terrain face à d'autres partenaires « triple A ». En revanche, le rendement des obligations françaises à 10 ans reste sur une trajectoire baissière, ce qui montre que l'appétit des investisseurs pour la dette française demeure. Dans une étude publiée en juin, Standard & Poor's a estimé que le « triple A » français pourrait être remis en cause à l'horizon 2020 si le pays n'amplifiait pas la réduction de ses déficits et ne menait pas de nouvelles réformes. En revanche, cette note pourrait être maintenue jusqu'en 2050 si la France parvenait à équilibrer ses comptes en 2016, toutes choses égales par ailleurs. Pour tenir la trajectoire de baisse des déficits (5,7% fin 2011, 4,6% fin 2012, puis 3% fin 2013), le gouvernement s'est dit prêt à des mesures supplémentaires, notamment de hausse des recettes à travers une réduction des « niches » fiscales supérieure à celle de 3 Mia euro envisagée pour 2012. Cette mesure irait dans le sens des recommandations de la Cour des comptes et des commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat. Un rapport de l'Inspection générale des finances sur les niches, ces dispositions fiscales dérogatoires qui réduisent les recettes publiques de dizaines de Mia euro chaque année, a été remis au gouvernement pour l'aider à examiner l'impact financier de chacune et ses effets économiques. D'accord sur l'objectif de réduction du déficit, socialistes et majorité devraient s'opposer sur les moyens d'y parvenir, aucun des deux camps n'ayant vraiment détaillé les mesures qu'il compte mettre en œuvre s'il est au pouvoir. Parmi les principaux sujets de désaccord, la réforme des retraites et le non‐remplacement d'un départ en retraite sur deux dans la fonction publique, sur lesquels les socialistes pourraient revenir en cas de victoire en 2012. Autre pomme de discorde, la « règle d'or » que Nicolas SARKOZY veut inscrire dans la Constitution. Sous l'effet de la crise, qui a rogné les recettes et augmenté les dépenses par le jeu des « stabilisateurs automatiques », la dette publique française est passée de 1.200 Mia euro en 2007 à environ 1.600 Mia euro aujourd'hui. En pourcentage du PIB, la progression est de près de 20 points, la dette passant d'environ 64% à 82% du PIB entre 2007 et 2010. Le gouvernement prévoit que ce ratio continuera de progresser cette année et en 2012 (85,4% fin 2011 et 86,9% fin 2012) et commencera à baisser en 2013 pour atteindre 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014. (le 19) -
Tu as parlé de triomphalisme et de critiques après le sommet de la zone euro à www.greliermichel.eu
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Bruxelles, le 21 juillet. - Oui, en voici le détail. François FILLON a salué « une étape absolument décisive dans l'histoire de la zone euro », et précisé que le plan adopté entraînera pour la France « une augmentation d'ici 2014 de notre niveau d'endettement, compte tenu de l'intégration des garanties à hauteur d'environ 15 Mia euro ». Leurs décisions « n'ont pas de coût direct pour nos finances publiques ». En revanche, « elles ont un coût indirect puisque nous allons participer à travers des garanties apportées sur les prêts qui seront consentis par le Fonds de stabilité européen à la Grèce ». Flanqué de François BAROIN et Valérie PECRESSE, François FILLON a tenu une conférence de presse à l'hôtel Matignon après avoir reçu les responsables des groupes parlementaires et les présidents de l'Assemblée et du Sénat pour les informer. Les dirigeants de la zone euro ont annoncé un accord sur un plan de sauvetage de la Grèce avec le FMI d'un montant de 109 Mia euro. Ce nouveau plan s'ajoute à celui de 110 Mia euro accordé en mai 2010. L'accord prévoit aussi une participation volontaire du secteur privé, qui engagera au total « 135 Mia euro de financement » sur une période de 30 ans, avait précisé Nicolas SARKOZY. Les Dix‐Sept ont aussi décidé de renforcer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour en faire un instrument préventif contre les crises. François FILLON a insisté sur le « rôle essentiel » de la France et de l'Allemagne : « Je crois que l'on peut dire que le couple franco‐allemand est la clé de la stabilité de la zone euro ». A la veille du sommet, Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY s'étaient mis d'accord sur une position commune qui a servi de base aux discussions. François HOLLANDE a jugé ce plan « avant tout extrêmement tardif et très insuffisant ». Certes, « il permet de prévenir à court terme une faillite de la Grèce », mais « l'avenir de la Grèce à moyen terme n'est pas assuré ». Il déplore « l'abandon du projet de taxe européenne du secteur financier », il regrette qu'« aucune réforme institutionnelle » ne soit annoncée et que la réforme des agences de notation financière soit « remise à plus tard ». Au nom du Parti socialiste, le secrétaire national à l'Europe et aux relations internationales Jean‐Christophe CAMBADELIS a observé que « le message de solidarité avec la Grèce était décisif, même s'il est tardif ». Pour autant, « c'est un accord en demi‐
teinte avec des demi‐mesures ». François BAYROU : « On a pris des décisions dans la douleur qui donneront un répit au gouvernement grec et on l'espère à son peuple. Mais ce plan ne suffira pas ». « Les règles et les structures d'une défense systémique de la monnaie européenne (mutualisation de la dette, structure commune de gestion et autorité politique) n'ont pas été mises en place et donc les même causes risquent à court terme de produire les mêmes effets ». (le 22) - Thomas, conserve ton sourire. - Que vas‐tu m’apprendre qui justifie que je le garde ? - Bien qu’il s’agisse d’impôt, c’est une de ces situations qui provoque chez toi un sourire ironique. Quelle est la pression fiscale que nous supportons ? En d’autres termes, jusqu’à quel jour de l’année travaille‐t‐on, en France, pour payer ses impôts ? - Là, je suis curieux. Mai c’est trop près, octobre me paraît bien lointain… La Tribune publie un tableau comparatif donnant par Etat membre, le mois et le quantième de la libération. Le premier Etat, en mars, c’est Chypre : le 13. En avril – Malte : le 16. www.greliermichel.eu
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En mai – Irlande : le 10, Luxembourg et Royaume‐Uni : le 17, Bulgarie : le 18, Espagne : le 19, Portugal : le 29. En juin – Slovénie : le 03, Pologne et Danemark : le 07, République tchèque : le 10, Estonie : le 11, Grèce et Finlande : le 12, Slovaquie : le 15, Pays‐Bas : le 17, Lituanie : le 19, Lettonie : le 22. En juillet – Italie et Roumanie : le 01, Suède : le 10, Allemagne : le 11, Autriche : le 23, France : le 26, Hongrie : le 29. Et le dernier, en août – la Belgique : le 04. Deux observations et une question nous concernant. Ce n’est que le 27 juillet, le 208ème jour de 2011, qu’un salarié français a été « libéré de ses obligations fiscales ». L’an passé, c’était le 26 juillet… nous avons supporté une journée de plus de pression fiscale. Qu’en sera‐t‐il en 2012 ? (le 22) - Tu peux ranger ton ironie et ton sourire, voici les rebondissements dans le feuilleton Tristane BANON contre DSK et vice versa. Brigitte GUILLEMETTE, deuxième épouse de DSK et marraine de Tristane BANON, est la quatrième personne à être entendue dans cette enquête après la plaignante, sa mère, Anne MANSOURET, et un journaliste d'un site internet. Brigitte GUILLEMETTE a déclaré « qu'elle n'avait jamais reçu d'appel de la mère de Tristane BANON. C'est au contraire elle qui a pris contact avec Anne MANSOURET pour faire cesser la rumeur ». (le 18) La fille de DSK a été entendue pendant deux heures et demie. Camille STRAUSS‐KAHN, étudiante aux Etats‐Unis, a été amie avec Tristane BANON. (le 19) Le 19 juillet, Le Figaro, détenu par l'industriel et sénateur UMP Serge DASSAULT, écrit que François HOLLANDE serait entendu en septembre, soit quelques semaines avant les primaires au PS. Si cette audition n'était pas encore programmée le 19, elle l'a été pour le 20 juillet à la demande de François HOLLANDE, et ce en accord avec le parquet de Paris et les autorités policières. Anne MANSOURET avait déclaré que François HOLLANDE, Premier secrétaire du PS à l'époque des faits présumés, devait être informé de l'affaire puisqu'il lui aurait demandé des nouvelles de sa fille. François HOLLANDE a été entendu à son tour, comme témoin. Il a estimé que l'affaire Banon ne le concernait en rien, pas plus que le Parti socialiste, et a dénoncé une « manipulation politique » à l'orée de la campagne présidentielle. « Je ne veux pas que la campagne présidentielle puisse être en aucune façon une campagne de rumeurs, de manipulations ou de manœuvres. Maintenant, ça suffit ». Martine AUBRY et Bertrand DELANOË apportent leur soutien à François HOLLANDE. Jean‐François COPE dénonce la « théorie du complot permanent » dont se prévalent les socialistes pour « masquer les faiblesses » de leur parti. Le 19 juillet, l'avocat de Tristane BANON a rencontré le procureur de New York Cyrus VANCE, avec Kenneth THOMPSON, l'avocat de Nafissatou DIALLO. (le 20) Auditions de la députée socialiste Aurélie FILIPPETTI et d'un conseiller de François HOLLANDE, Stéphane LE FOLL. Aurélie FILIPPETTI a expliqué avoir conseillé en 2003 à Tristane BANON de porter www.greliermichel.eu
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plainte contre DSK. « J'ai fait mon devoir de citoyenne et de femme politique ». « Je pense que aussi bien François HOLLANDE à l'époque que moi‐même nous avons eu l'attitude juste et digne qui convient face à quelqu'un qui se dit victime d'une agression sexuelle, à savoir qu’il faut conseiller à cette personne de porter plainte et que c'est à la justice de trancher ». Elle a déploré des fuites pour « tenter de polluer notamment la campagne de François HOLLANDE ». D'autres auditions devraient intervenir dans les prochaines semaines ; toutes les personnes ayant eu connaissance de cette affaire en 2003 seront convoquées par les enquêteurs. (le 22) - A la semaine prochaine. Tu seras là Thomas ? - Oui, sauf si le baromètre remonte à « grand soleil ». Si c’est le cas, je repartirai. www.greliermichel.eu
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Semaine 30 – du lundi 25 au dimanche 31 juillet 2011 Où il sera question d’un bonnet d’âne pour la France, par défaut d’information. -
Bonjour Thomas. Pas de promenades cette semaine ? Non, c’est la morosité et les nuages qui dominent. Les basses pressions tirent toujours le baromètre vers le bas. Alors, tu es prêt pour notre voyage hebdomadaire. Prêt oui, mais je ne sais pas si j’en ai envie… quand je vois cette première information. C’est le mélange mortel de ces situations détestables : otages, rançons et menaces. Les ravisseurs des trois Français retenus en otages au Yémen exigent une rançon de 12 Mio US$ (8,3 Mio euro) et sont liés à la branche locale d'Al‐Qaïda. Les trois otages sont deux femmes et un homme enlevés le 28 mai alors qu'ils travaillaient pour l'association Triangle génération humanitaire (TGH), basée à Lyon. Le directeur de THG, Patrick VERBRUGGEN, a déclaré que l'ONG n'avait eu « aucun contact » avec les ravisseurs ni aucune information sur le sort des otages. Il a précisé que tout le personnel avait quitté le Yémen. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré ne pas être informé d'une revendication et d'une demande de rançon. De hauts responsables gouvernementaux, dont le général Ghaleb al‐QAMIH, chef du renseignement yéménite, ont demandé à des dignitaires de la ville orientale de Seyoun, dans la province d'Hadramout, de faire office de médiateurs pour tenter d'obtenir la libération des trois Français. (le 27) - Thomas, tu sais comme la situation en Syrie me bouleverse. Regarde ce bilan. Selon un rapport de l'ONG Avaaz, 1.634 personnes ont été tuées par les forces de sécurité et 2.918 sont portées disparues depuis le début du mouvement de répression. Près de 26.000 personnes ont été arrêtées et 12.617 sont toujours derrière les barreaux. (le 29 juillet) -
Et pour stopper cette barbarie, qu’est‐ce l’on fait ? Des mots, des prises de position indignées, mais rien que des mots. Nicolas SARKOZY et le roi de Jordanie ABDALLAH II ont exprimé leur consternation devant le grand nombre de victimes en Syrie, la poursuite de la répression et l'incapacité du régime du président Bachar el‐ASSAD à donner suite aux engagements qu'il a pris. Leurs ministres des Affaires étrangères ont assisté à la rencontre. (le 27) -
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Et je pourrais ajouter des réactions, comme celles de Barack OBAMA et de Catherine ASHTON. Te souviens‐tu de cette petite île italienne en Méditerranée ? Lampedusa, oui. Au printemps 2011, Rome avait attribué des titres de séjour temporaires à plus de 25.000 étrangers, majoritairement Tunisiens, débarqués sur l’île. Une décision qui avait déclenché www.greliermichel.eu
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la colère du gouvernement français, peu enclin à accueillir cette population désireuse de passer la frontière. L’incident diplomatique avait finalement connu une issue politique favorable, Nicolas SARKOZY et Silvio BERLUSCONI se décidant à devenir les porte‐voix de la réforme de l’espace Schengen. Depuis, la Commission européenne s’est interrogée sur le bien‐fondé des actions entreprises par les deux pays. La France avait profité de l’occasion pour intensifier ses contrôles policiers à la frontière italienne pendant que des doutes planaient sur la légalité des permis de séjour humanitaires accordés par Rome. A ces questionnements concrets, la Commission fournit une réponse alambiquée. « Les informations collectées ne nous permettent pas de conclure que la France aurait procédé à des contrôles systématiques dans la zone de la frontière intérieure avec l’Italie », précise la commissaire Cécilia MALMSTRÖM. « D’un point de vue formel, les mesures prises par les autorités françaises et italiennes sont conformes à la législation européenne ». Elle regrette « que l’esprit des règles de Schengen n’ait pas été respecté ». En clair, la Commission blâme les Etats mais estime qu'elle ne peut pas les punir… L'histoire ne s'arrête pas là. « L’esprit de Schengen » trahi, la Commission va s’employer à proposer de nouvelles « lignes directrices » pour qu’il n’y ait « pas d’interprétation équivoque » de ces règles. La Commission a détecté une nouvelle faille dans l’édifice de Schengen. L'Italie a attribué des permis de séjour à des ressortissants dont certains ne détenaient ni passeport ni document d’identité. Or, « l’acquis de Schengen ne prévoit rien pour encadrer ce genre de situation ». La nature des visas attribués par l'Italie fait également débat. Le pays a octroyé des cartes de séjour à titre « humanitaire » qui, théoriquement, ne permettent pas à leurs titulaires de se déplacer dans les autres Etats de l'espace Schengen (voir son article 5). Rome serait donc en faute. (le 26) -
Thomas, as‐tu jamais porté le bonnet d’âne dans ton parcours scolaire ? Non, mais j’ai frôlé la sanction à plusieurs reprises. C’est pour qui ce bonnet d’âne dont tu parles ? En finir avec le bonnet d'âne. En 2010, la France occupait le bas du classement européen en matière de transposition des directives européennes. En plus d'être le pays le plus lent à adapter les textes communautaires au droit national, l'Hexagone est aussi l’un des trois pays le plus souvent rappelé à l’ordre par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour mauvaise transposition. Une place de dernier à laquelle Jean LEONETTI compte bien remédier. Lors du Conseil des ministres, il a annoncé la mise en place d’un comité « associant membres du gouvernement et représentants du Parlement », dès la rentrée de septembre. Le comité suivra en amont les discussions entre institutions européennes sur les textes législatifs. Le but étant à la fois d'aider à peaufiner la position française lors des négociations entre Etats, mais aussi de préparer la future transposition du texte dans la législation nationale. Une fois la directive votée, ses membres suivront le bon déroulement de sa transposition et veilleront à ce qu'un calendrier soit respecté, afin d'éviter les retards dont la France est coutumière. Une attention particulière sera aussi portée à l'implication des deux chambres parlementaires françaises. Depuis le traité de Lisbonne, les députés des commissions des Affaires européennes du Parlement français peuvent contrôler en amont et en aval l'élaboration et la transposition des textes européens et, le cas échéant, rappeler à l'ordre le www.greliermichel.eu
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gouvernement. Les membres de ce comité seront placés sous l'autorité du ministère directement concerné par le contenu de la directive européenne. Au‐delà de la volonté d'être un bon élève, Jean LEONETTI souhaite aussi réduire le coût des amendes dues par la France, après ses multiples condamnations par la CJUE pour « manquement par défaut ». En 2010, si le Traité de Lisbonne avait été appliqué, la France aurait dû débourser 90 Mio euro de pénalités. La composition du comité sera connue en septembre. (le 27) -
Autre question : la « Règle d’or » budgétaire ? Il s’agit de constitutionnaliser une impossibilité nationale : l’équilibre des dépenses par les recettes de l’Etat. Oui. Dans son courrier adressé à tous les députés et sénateurs, Nicolas SARKOZY évoque la crise économique qui frappe le Vieux Continent. Il considère que pour y mettre un terme, le plan d'aide d'urgence à la Grèce, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Pacte pour l'euro ne suffisent pas ; « un véritable Fonds monétaire européen » est nécessaire « pour bloquer la contagion et pour stabiliser les marchés ». Paris et Berlin entendent avancer « des propositions communes avant la fin de l'été ». C'est pourquoi la France « doit être exemplaire dans la remise en ordre de ses comptes publics et de son économie », plaide Nicolas SARKOZY, appelant les parlementaires « dans les mois qui viennent » à se rassembler « au‐delà des intérêts partisans ». Le 13 juillet, l'Assemblée a adopté, dans les mêmes termes que le Sénat, le projet de loi constitutionnelle relatif à l'équilibre des finances publiques. Le texte vise à inscrire dans la Constitution l'objectif d'équilibre du budget de l'Etat. Pour cela, il faut que cette « règle d'or » soit votée par au moins les deux tiers des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Nicolas SARKOZY n'a pas encore convoqué le Congrès en raison de l'opposition du Parti socialiste. La lettre de Nicolas SARKOZY est loin d'avoir convaincu à gauche. Martine AUBRY : « Le président sortant est totalement disqualifié pour donner à quiconque une quelconque leçon de maîtrise des comptes publics ». Elle accuse Nicolas SARKOZY d'avoir « plombé les comptes de la Nation ». Elle estime que « le redressement de la France ne viendra pas d'un changement de la Constitution mais d'un changement de majorité en 2012 ». François HOLLANDE estime que Nicolas SARKOZY devrait plutôt « remettre en cause les mesures qu'il a lui‐même fait voter ». Il propose « que nous réglions cette exigence de redresser les finances publiques au lendemain de 2012 ». Selon lui, « tout ce qui sera annoncé avant sera de l'affichage ». Le PS, sous la signature de Michel SAPIN, son secrétaire national à l’Economie, prévient : « Les socialistes ne tomberont pas dans le piège grossier que leur tend Nicolas SARKOZY. Ils ne voteront pas cette fausse règle d'or ». Il poursuit, en se basant sur un rapport publié en février 2011 : « Selon la Cour des comptes, sur les 150 Mia euro de déficit de 2010, 50 Mia euro sont imputables à la crise et 100 Mia euro aux politiques de droite menées tout particulièrement ces cinq dernières années ». Le Parti de Gauche dénonce un « déficit public organisé par la baisse des recettes fiscales ». Sa vice‐présidente, Martine BILLARD, bat le rappel : « Si Nicolas SARKOZY se risque à convoquer le Parlement à Versailles, pas un parlementaire de l'opposition ne doit manquer www.greliermichel.eu
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pour aller voter contre ce qui serait la constitutionnalisation de l'austérité ». (le 26) Si le Sénat et l’Assemblée nationale ont voté le texte en terme identique (à la majorité simple), Nicolas SARKOZY ne dispose pas de la majorité des trois cinquième nécessaire à toute modification des règles constitutionnelles. Selon les calculs de l’Elysée, il manque à la droite entre 30 et 40 voix, compte tenu de la perte anticipée d’une dizaine de sièges lors des élections sénatoriales de septembre. (le 26) Lors du compte‐rendu du Conseil des ministres, interrogée sur l'augmentation de la dette française d'environ 15 Mia euro d'ici à 2014 en raison de la mise en œuvre du plan d'aide à la Grèce, malgré les objectifs de réduction de la dette, Valérie PECRESSE a souligné que « les 15 Mia euro du plan d'aide à la Grèce seront remboursés par la Grèce, pas par le contribuable français ». « Ce n'est pas un don, ce n'est pas une dépense pour la France, c'est un prêt à un Etat. Il nous le remboursera. Nous donnons notre garantie au prêt que fera le fonds européen de stabilité financière (FESF) ». (le 27) - Sais‐tu où se trouve Christine LAGARDE ? - Aux Etats‐Unis, au FMI. Pourquoi ta question ? - Parce que son disque dur de Bercy a été très notablement modifié. Ecoute son disque dur new‐yorkais. A neuf mois de l'élection présidentielle en France, le FMI invite implicitement les candidats à poursuivre une politique mêlant rigueur et soutien à l'économie et prône une autre réforme des retraites. Le FMI salue dans son rapport annuel l'effort de redressement des finances publiques engagé dans le pays et juge sa poursuite « cruciale » pour soutenir la note « triple A » qui lui permet d'emprunter sur les marchés à des taux avantageux. Le FMI se montre moins optimiste que le gouvernement sur la vitesse de rétablissement des comptes publics, sans s'écarter toutefois totalement des prévisions françaises. L'adoption d'une « règle d'or » budgétaire accroîtrait la crédibilité de l'engagement des autorités françaises à réduire les déficits, poursuit le FMI, au moment où majorité et opposition se querellent sur le sujet. Selon le FMI, « la France ne peut prendre le risque de rater ses objectifs budgétaires à moyen terme, étant donné le besoin de renforcer la mise en œuvre du Pacte de stabilité et de conserver les coûts d'emprunts à un niveau peu élevé en confortant sa note AAA ». Garantir la « soutenabilité » des finances publiques de la France à long terme nécessitera de réformer plus profondément les systèmes de retraite et de santé. « Une nouvelle hausse future de l'âge légal de la retraite liée à l'accroissement de l'espérance de vie éviterait la poursuite de la pression budgétaire », écrit le FMI, en soulignant que les travailleurs français passent plus de temps à la retraite que tous leurs homologues des pays avancés. Le FMI avait déjà appuyé en 2010 la décision de la majorité de reporter de 60 à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite, s'attirant des critiques au PS. Nicolas SARKOZY y avait vu une justification de sa politique de réformes malgré le mouvement de protestation syndicale. Quant aux dépenses de santé, « des gains de productivité continus sont nécessaires pour éviter une hausse non‐soutenable des dépenses de santé et de soins de longue durée », lit‐
on. La France doit aussi s'améliorer sur d'autres fronts déjà bien connus, poursuit le FMI, en relevant sa compétitivité et en facilitant l'emploi des jeunes et des personnes peu qualifiées. www.greliermichel.eu
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(le 27) -
Si Christine LAGARDE est bien partie au FMI, la justice française n’a pas fini de boucler l’affaire Tapie dans laquelle elle est partie prenante. Le feuilleton en est à ses derniers épisodes. Le Conseil d'Etat a débouté le député centriste Charles de COURSON et deux contribuables de leur recours visant à faire annuler la décision du tribunal arbitral favorable à Bernard TAPIE dans le litige l'opposant au Crédit Lyonnais. Cette décision du Conseil d'Etat pourrait influer sur celle que doit rendre, le 04 août, la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR), saisie par le parquet général de la Cour de cassation. Elle doit se prononcer sur d'éventuelles poursuites pour abus d'autorité contre Christine LAGARDE dans l'affaire Tapie. (le 26) Le procureur de la République de Paris Jean‐Claude MARIN a été nommé en conseil des ministres procureur général près la Cour de cassation. Ce poste était vacant depuis le départ à la retraite, le 30 juin, de Jean‐Louis NADAL. Jean‐Claude MARIN est décrit comme un redoutable juriste. (le 27) -
Autre feuilleton, autres épisodes. DSK ? Oui. Pour la partie qui se déroule aux Etats‐Unis, d’abord. Pour la première fois depuis les faits, Nafissatou DIALLO s'exprime : « Je veux qu'il aille en prison ». Plus de deux mois après l'agression présumée, Nafissatou DIALLO apparaît à visage découvert pour raconter sa version de l'agression dans la suite de DSK, qui l'a attaquée « comme un fou ». « J'ai dit, ‘Monsieur, arrêtez ça. Je ne veux pas perdre mon emploi’. Il a répondu, ‘Vous ne perdrez pas votre emploi’ ». « Je le pousse. Je me lève. J'ai essayé de l'effrayer. J'ai dit, ‘Regardez, mon superviseur est juste à côté’ ». Mais DSK lui aurait dit que personne ne pouvait entendre, a‐t‐elle ajouté, et il lui aurait alors arraché son uniforme, déchiré ses collants, lui aurait agrippé violemment l'entrejambe et ensuite serré la tête, la forçant à lui faire une fellation. (le 25) Nafissatou DIALLO a déclaré qu'elle ne savait pas qui était DSK, et ne l'avoir appris que par la suite, après l'agression présumée. « Je regardais les informations, et ils disaient qu'il allait être le prochain président de France. Je me suis dit, ‘Oh mon Dieu’. Je pleurais. ‘Ils vont me tuer. Je vais mourir’ ». Les avocats de DSK ont dénoncé « un cirque indécent » destiné à influencer l'opinion publique. Ils ont accusé la jeune femme de mener « une campagne médiatique pour persuader le procureur de maintenir les charges contre une personne dont elle veut obtenir de l'argent », alors qu'ils demandent la clôture du dossier. L'avocat de Nafissatou DIALLO a rétorqué que la défense avait elle‐même « monté une campagne de calomnie sans précédent contre la victime d'une agression sexuelle violente ». Le bureau du procureur a fait savoir qu'il déciderait des suites à donner à l'accusation uniquement en fonction de son enquête. (le 25) Le portrait de Nafissatou DIALLO a évolué et sa personnalité divise. Le récit de Nafissatou DIALLO avait été jusque‐là rapporté par les procureurs et ses avocats. Elle est sortie de son anonymat et a rompu le silence. www.greliermichel.eu
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Issue d'une famille de six enfants, Nafissatou DIALLO est née en Guinée, dans la région isolée de Labé, à une journée de route au nord de Conakry, la capitale. Aujourd'hui encore, on ne peut gagner son village natal qu'après une demi‐heure de marche difficile à travers une forêt. La localité n'est raccordée ni à l'électricité ni au réseau téléphonique. Appartenant à l'ethnie des Peuls, comme 40% de la population guinéenne, son père aujourd'hui décédé avait la réputation d'être un musulman fervent et érudit, pratiquant, comme de nombreuses communautés d'Afrique de l'Ouest, l'islam tidjani, dérivé de l'islam sunnite. Nafissatou DIALLO, illettrée, a épousé un lointain cousin dans le cadre d'un mariage arrangé. A la mort de son mari, elle décide de quitter son village et gagne au milieu des années 1990 Conakry, où elle trouve un emploi de couturière. En 2003, elle émigre aux Etats‐Unis. Dans sa demande d'asile, elle dit avoir été victime d'un viol collectif et de persécutions du régime guinéen. Son mari, dit‐elle, a été incarcéré, torturé, privé de traitement médical et en est mort. A New York, elle travaille d'abord dans un salon de coiffure puis à l'African American Restaurant Marayway, un café‐restaurant gambien du Bronx, avant d'être embauchée au Sofitel de Manhattan. Elle y « donne entière satisfaction tant en ce qui concerne la qualité de son travail que son comportement », dit le directeur de l'hôtel. Mais à mesure qu'avocats et procureurs se penchent sur son passé, des failles et des mensonges apparaissent. Elle aurait bien été violée en Guinée, mais pas victime d'un viol collectif. Elle a aussi livré une première version erronée des minutes qui ont suivi l'agression présumée. Des personnages troubles apparaissent également dans son entourage. Dont cet homme, détenu dans une prison de l'Arizona avec lequel elle a une conversation téléphonique après l'agression dont elle se dit victime. La discussion, en foulani, un dialecte peul, ne sera décryptée que tardivement. On l'entendrait dire : « ce type a beaucoup d'argent ». « Je sais ce que je fais ». Le contexte précis de cette conversation est difficile à établir, mais ces mots ont largement contribué à faire émerger des doutes sur la véracité et la crédibilité de sa parole et à affaiblir le dossier de l'accusation. Des mouvements d'argent sur son compte en banque, plusieurs milliers de dollars, éveillent aussi les soupçons. (le 26) Les avocats de DSK ont annoncé le nouveau report de l'audience du 01 au 23 août, ce qui laisse plus de trois semaines supplémentaires aux procureurs de Manhattan pour enquêter sur les accusations le visant. (le 27) Nafissatou DIALLO est arrivée à Manhattan où elle doit rencontrer les procureurs en charge de l'enquête. C'est la première fois qu’elle s'entretient avec les procureurs depuis que ceux‐ci ont exprimé leurs doutes. (le 27) - Ensuite, épisode pour la partie française. Patrick POIVRE D’ARVOR (PPDA) a été entendu dans le cadre de l'affaire Banon/DSK. Tristane BANON se serait confiée à plusieurs personnes, dont PPDA, en disant avoir été victime d'une agression de la part de DSK. (le 25) -
No comment ? No comment ! www.greliermichel.eu
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Semaine 31 – du lundi 01 au dimanche 07 août 2011 « Votre silence nous tue » = Notre silence les tue -
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Alors Thomas, la fenêtre de tir ensoleillée se fait attendre pour un autre départ vers le repos estival. Oui, je suis installé sur le pas de tir, comme à Cape Kennedy ou à Kourou pour Ariane. Nos affaires sont prêtes, et j’attends le feu vert des gens de la météo. Comme c’est lundi, tu es venu t’occuper avec l’actualité. Si tu regardes le titre pour cette semaine, ton lundi matin ne devrait pas être paisible. L’article qui suit va presque tout expliquer. Tu en as une copie sur la table. Il est paru dans le journal milanais Corriere della Sera, sous la plume d’Andrea RICCARDI. En quoi concerne‐ t‐il la présidentielle française de 2012 ? Parce que le citoyen‐électeur doit être informé de cette situation sanguinaire et barbare en Syrie, et qu’il doit tirer ses conséquences sur les propos et les actions, ou leur absence, de nos futur(e)s candidat(e)s. Voilà au moins dix ans — depuis ce tragique 11 septembre 2001 — que nous demandons aux musulmans d’envisager sérieusement la démocratie et de rejeter la violence. Or, depuis quelques mois, le monde musulman est en pleine ébullition. Il aspire à la liberté. On assiste à un élan des jeunes générations. Les enfants de la mondialisation ont vaincu la peur qui paralysait la société tout entière. Il est difficile de prévoir l’avenir du « printemps arabe » et son impact sur la politique. Néanmoins, trop d’observateurs occidentaux se contentent de se demander s’il jouera ou non en faveur des islamistes. La question est révélatrice du manque de confiance dans cette poussée démocratique, ainsi que de nombreuses inquiétudes. Les dictateurs arabes se sont posés en remparts contre les islamistes pour assurer leur légitimité. Mais l’expression « islamisme » est désormais générique. Il faut faire la distinction entre les divers acteurs musulmans, parce que cette formule comprend des démocrates, des conservateurs, mais également des extrémistes et des terroristes… Le peu d’intérêt de l’Europe pour le « printemps arabe » montre à quel point nos sociétés civiles ne comptent pas peser sur le mouvement démocratique arabe. On peut lire sur une pancarte des manifestants syriens : « Votre silence nous tue ». C’est là un message adressé à l’Occident. Dans le cas de la Syrie, les Occidentaux manifestent une grande apathie. Envers la famille ASSAD, l’Occident a depuis toujours fait preuve de réalisme. En témoignent les événements à Hama. En 1982, Hafez el‐ASSAD y a fait massacrer environ 20.000 de ses concitoyens. Le carnage a eu lieu dans le silence général. La même année, les miliciens chrétiens libanais ont tué un millier de Palestiniens dans les camps de Sabra et de Chatila. Dans cette affaire, l’opinion publique, notamment de gauche, s’est mobilisée. On a ainsi assisté à deux réactions très différentes. A Alep, havre de minorités, où vivent des milliers de Kurdes et 300.000 chrétiens, la ville reste calme alors que le pays se révolte. La bourgeoisie sunnite était parvenue à un compromis avec les alaouites. Mais que fera‐t‐elle à présent, alors que la contestation est partie de la majorité sunnite elle‐même ? On ne peut donc pas sous‐estimer la réaction du monde chiite (Iran, Irak et Liban), pour lequel la Syrie constitue un carrefour important. Téhéran risque de perdre un allié, proche sur les plans tant religieux que politique — résultat des liens entre la Syrie et les www.greliermichel.eu
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milices libanaises du Hezbollah. Maintenant, le pouvoir alaouite pense ne pas avoir d’autres solutions que la terreur, s’il ne veut pas perdre le monopole politique et risquer un règlement de comptes. Il tire sur son peuple, majoritairement sunnite. Les Syriens comptent‐ils sur l’indécision des Occidentaux ? Une grande indifférence règne dans les sociétés civiles européennes, qui font désormais preuve d’inertie face aux graves problèmes survenus hors des frontières nationales. Certes, l’Occident ne peut jouer partout le gendarme des droits de l’homme. Mais la Syrie est proche de l’Europe et d’Israël. La proximité crée des responsabilités. Pour l’heure, on ne voit pas comment sortir de la polarisation en Syrie, où un mouvement rassemblant des gens prêts à mourir pour la liberté affronte un pouvoir figé dans la peur et sans avenir, qui joue la carte de la répression. Après une décennie de politique internationale dominée par la question islamiste, de nouveaux problèmes ont surgi, mais aussi de nouvelles possibilités. Il faut des critères différents pour interpréter la réalité, et de plus grandes responsabilités politiques. Et ce, certainement de la part des gouvernements, mais également des sociétés civiles et des forces politiques. Ce qui se passe dans le monde arabe et dans le bassin méditerranéen conditionnera les scénarios géopolitiques du XXIe siècle, bien plus que les incendies locaux. (le 02 août) - Tiens ! C’est dans la pile des informations sur la Libye. C’est quoi ça ! BHL est revenu au Quai d’Orsay ! - Non, Alain JUPPE est toujours là. Alain JUPPE annonce que le dégel de fonds libyens a permis de mettre à disposition du CNT 259 Mio US$ (179 Mio euro). Il s'est entretenu avec Mansour Seyf al‐NASR, envoyé spécial du CNT à Paris. L'émissaire a été « informé qu'il pourrait s'installer dans les locaux de l'ambassade de Libye à Paris ». (le 01) A Paris, Bernard‐Henri LEVY (BHL), très engagé au côté des insurgés : « Il y a des discussions politiques, des négociations politiques avec les gens de Tripoli qui n'ont pas de sang sur les mains, d'ex‐lieutenants de KADHAFI, des technocrates, des gens qui savent faire marcher un Etat ». Et sur l’assassinat du général YOUNES : « On le saura dans les jours qui viennent, on en aura la confirmation, le général YOUNES a été assassiné (...) par des cellules dormantes de KADHAFI à Benghazi ». (le 03) -
De quel droit, pourquoi, pour le compte de qui, fait‐il ces révélations ? Il me paraît être un sacré brouilleur d’ondes ! Je vois que tu es resté le même et que ton opinion sur BHL n’a pas changé. J’ai déjà eu cette réaction le 14 avril. Si la précédente était encore modérée, celle‐ci est de franche colère. … - Pourquoi prends‐tu ce sourire, pourquoi ton œil pétille‐t‐il ? - Revoilà l’affaire Tapie pour boucler notre semaine. Après cinq heures de délibérations, la Commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) a recommandé l'ouverture d'une instruction sur Christine LAGARDE dans le litige opposant Bernard TAPIE au Crédit Lyonnais. Cette demande va être www.greliermichel.eu
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transmise au parquet général de la Cour de cassation, tenu de suivre cet avis, qui va ouvrir une information judiciaire. (le 04) Le parquet général de la Cour de cassation a annoncé qu'il allait saisir « dans les prochains jours » la commission d'instruction pour faire la lumière sur le rôle qu'a pu jouer Christine LAGARDE dans le litige opposant Bernard TAPIE au Crédit Lyonnais. Il suit ainsi l'avis rendu par la Commission des requêtes de la CJR. Le parquet général de la Cour de cassation a précisé que les chefs retenus par la Commission des requêtes de la CJR étaient ceux de complicité de faux et de complicité de détournement de biens publics. Ces deux chefs sont plus graves que celui d'abus d'autorité qui avait été retenu par Jean‐Louis NADAL. La complicité de détournement de biens publics est passible de dix ans de prison. Au cours de l'arbitrage Tapie/Crédit Lyonnais, « il y a modification des termes d'un document à deux stades de la procédure ». Le parquet général y voit « une anomalie de nature à constituer un faux ». Par ailleurs, « quelqu'un a bénéficié de fonds publics qu'il n'aurait pas dû obtenir », évoquant les « centaines de millions d'euros » perçus par Bernard TAPIE. Cécile PETIT, qui fait fonction de procureure générale à la Cour de cassation, va saisir « dans les prochains jours » la commission d'instruction. Au cours de cette information judiciaire, Christine LAGARDE ne pourra être entendue qu'en tant que témoin assisté ou mise en examen. La commission d'instruction, dont l'enquête peut durer des mois voire des années, remettra ensuite ses conclusions au parquet général qui décidera alors de saisir ou non la Cour de justice de la République pour qu'elle juge Christine LAGARDE sur tout ou partie du dossier. (le 04) Le FMI s'est dit persuadé que Christine LAGARDE serait à même de remplir ses fonctions malgré l'enquête dont elle va faire l'objet. (le 04) www.greliermichel.eu
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Semaine 32 – du lundi 08 au dimanche 14 août 2011 Oubliez Saladin ou Palmyre, n’envisagez pas de vacances en Syrie. -
Thomas n’est pas là ce lundi, le baromètre a remonté de quelques millibars et le soleil a montré le bout de son nez. Deux choses qui font partie de son traitement anti‐
morosité. Il est donc parti vers le sable et la détente. Et le tour de la semaine sera vite expédié. … Le titre retenu pour cette semaine relie un superbe pays, des civils tués en grand nombre et les atermoiements2 des diplomates et des politiques. Il faut observer les verbes utilisés, pleins de retenue, pour définir les attitudes des uns et des autres. Le ministère des Affaires étrangères recommande aux Français de « quitter la Syrie par les moyens de transport commerciaux disponibles » et leur demande de signaler leur départ à l'ambassade de France à Damas. « Compte tenu de l'aggravation des tensions en Syrie, il est désormais fortement conseillé de renoncer à tout projet de déplacement dans ce pays ». Le ministère ne précise pas combien de Français se trouveraient actuellement en Syrie. (le 13) - Une information sur les actions françaises en Libye dans le cadre de celles de l’OTAN. De retour de sa mission de plus de quatre mois au large de la Libye, le porte‐avions Charles‐de‐Gaulle regagne son port d'attache de Toulon. Il avait appareillé le 20 mars. (le 11) - Et deux informations françaises, rien que deux, pour finir. Martine AUBRY… Alors que « la croissance est à 0%, le chômage ne cesse d'augmenter, le déficit commercial est abyssal dans un contexte d'endettement très élevé », Martine AUBRY propose trois mesures immédiates : « pour réduire l'endettement, supprimer 10 Mia euro de niches fiscales sur les 70 Mia euro créés depuis 2002 ; en parallèle, pour relancer la croissance, baisser à 20% l'impôt sur les sociétés qui réinvestissent notamment les PME et le monter à 40% pour celles qui privilégient les dividendes ; enfin, financer un plan d'action pour l'emploi des jeunes en supprimant les subventions absurdes aux heures supplémentaires qui bloquent les embauches dans un pays qui souffre du chômage ». Interrogée sur son engagement à revenir à 3% de déficit en 2013, Martine AUBRY précise qu'elle souhaite « affecter 50% des marges de manœuvre financières ‐ suppression des niches fiscales, croissance ‐ à la réduction des déficits et 50% au financement d'investissements d'avenir, c'est‐à‐dire aux priorités que j'affirme : emploi ‐ tout pour l'emploi ‐, l'éducation, la sécurité ». Valérie PECRESSE estime que Martine AUBRY « présente en réalité un projet en forme de déficit permanent ». A ses yeux, les propos de Martine AUBRY sur la dette « relèvent donc de l'imposture pure et simple : les déclarations de circonstance ne parviennent pas à masquer la réalité du projet socialiste, qui minerait la crédibilité de la France ». (le 14) 2
L’atermoiement, du verbe « atermoyer », est l’art et la manière de gagner du temps, de différer une décision ou un
acte.
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- Et DSK… Nafissatou DIALLO a porté plainte au civil contre DSK, évoquant une agression « violente » et « sadique ». Kenneth THOMPSON et Douglas WIGDOR, les avocats de Nafissatou DIALLO, ont affirmé dans la plainte que DSK avait « intentionnellement, brutalement et violemment agressé sexuellement Mme DIALLO », « humiliant », « violant et volant » la « dignité » de leur cliente « en tant que femme ». Ils réclament des dommages et intérêts d'un montant non précisé dans le cadre de cette action en justice intentée devant un tribunal du Bronx, jurant de dévoiler devant un jury d'autres exemples d'agressions sexuelles qu'ils imputent à DSK dans des chambres d'hôtel et des appartements. Les avocats de DSK ont déclaré que leur client allait se défendre des accusations avec vigueur. Le prochain rendez‐vous avec la justice est fixé au 23 août. (le 09) - A lundi. www.greliermichel.eu
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Semaine 33 – du lundi 15 au dimanche 21 août 2011 Eva JOLY frappe les trois coups -
Cette semaine, la France a eu deux actions dans le monde extérieur qui bouge. L’une est habituelle à propos de la Syrie. L’autre concerne la Libye et met en scène un acteur politique français vraiment inattendu. BHL ? Non. Dans une déclaration commune, Nicolas SARKOZY, Angela MERKEL et David CAMERON ont appelé Bachar el‐ASSAD à « quitter le pouvoir ». (le 18 août) L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Abdel‐Elah Al‐KHATIB, est arrivé à Tunis pour des négociations sur la Libye. Dominique de VILLEPIN était arrivé à bord d'un avion spécial en provenance de Genève à Djerba où « une activité diplomatique et sécuritaire inhabituelle » aurait été constatée. Dominique de VILLEPIN était accompagné de trois de ses collaborateurs. (le 15) - La vie politique française va probablement s’animer. Dans le grand théâtre pour la présidentielle, si le public est présent et discret dans la salle, le rideau de scène est encore baissé. Et c’est Eva JOLY qui, la première, ouvre ce rideau et se présente devant le public. Eva JOLY propose de « réformer radicalement » le système financier « qui est en train d'imploser sous nos yeux ». Elle est « préoccupée par les conséquences de la crise financière la plus grave depuis la guerre », elle plaide pour « des mesures concrètes pour éviter un chaos planétaire ». Pour Eva JOLY, « les leviers existent pour imposer un nouveau cours à la finance internationale » ; il est possible « d'interdire les ventes à découvert », qui permettent de vendre des titres que l'on ne détient pas encore, « de fermer les marchés de gré à gré de produits dérivés » qui sont « opaques », mais aussi d'empêcher les spéculations sur les dettes souveraines en interdisant les CDS à nu. Un contrat CDS (credit default swap, couverture de défaillance) à nu consiste pour un fonds d'investissement ou spéculatif à parier sur l'incapacité de l'émetteur de l'obligation à rembourser sa dette. Eva JOLY propose de créer une agence de notation publique européenne. « Les hedge funds, les fonds de pension, les paradis fiscaux, les traders ou les banquiers ne feront plus la loi ! » (le 20) Eva JOLY a mis la pression sur le Parti socialiste en estimant que « la sortie du nucléaire ne se négocie pas, elle s'impose ». Elle a prévenu qu'il « n'y aura pas d'écologistes dans un gouvernement qui n'engagerait pas la sortie du nucléaire ». La question de la sortie du nucléaire n'est pas encore tranchée au PS, certains parlant seulement d'une sortie du tout‐nucléaire. Pour l'heure, le projet socialiste propose de développer les économies d'énergie et les énergies renouvelables « pour sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole ». Eva JOLY a averti le PS qu'Europe Ecologie‐Les Verts ne se contenterait pas de faire de la figuration, quelles que soient les craintes d'une réédition du 21 avril 2002. « Pour gagner la présidentielle, notre voix n'est pas un problème, elle est une solution ». « Vous m'avez choisie www.greliermichel.eu
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comme candidate à la présidence de la République, pas comme candidate au ratissage des voix écologistes pour le compte du Parti socialiste ». (le 20) - Etape suivante, logique dans l’avancement de la procédure. Le parquet général de la Cour de cassation a saisi la commission d'instruction de la Cour de justice de la République pour faire la lumière sur le rôle qu'a pu jouer Christine LAGARDE dans le litige Bernard TAPIE/Crédit Lyonnais. L'enquête de la CJR est donc officiellement ouverte. (le 16) - De la procédure au feuilleton, il n’y a qu’un pas dans l’affaire new‐yorkaise. Les avocats de DSK contre‐attaquent, après la publication d'un rapport médical qui conclut que Nafissatou DIALLO a subi une agression sexuelle. L'hebdomadaire L'Express rapporte que le médecin qui a examiné Nafissatou DIALLO le 14 mai a remarqué une « rougeur » sur la partie inférieure du vagin, signe d'un « traumatisme ». Il a aussi noté qu’elle se plaignait d'une douleur à l'épaule gauche. Le rapport conclut : « Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression. Viol ». Me Kenneth THOMPSON explique que Nafissatou DIALLO s'est déchiré un ligament à l'épaule en chutant sur le côté, juste après la fellation forcée. Les avocats de DSK affirment que le rapport sexuel était consenti. Ils estiment qu'il serait « trompeur et malhonnête » de présenter le rapport médical comme renforçant les charges pesant sur lui. D'après les avocats de DSK, les observations médicales ne prouvent pas qu'il y ait eu contrainte. Les symptômes relevés sont « courants » et « compatibles avec de nombreuses causes autres que l'agression sexuelle ». Me Kenneth THOMPSON estime qu'il était « parfaitement absurde » d'affirmer que DSK avait eu avec Nafissatou DIALLO une relation consentie. (le 17) Me Kenneth THOMPSON déclare que Nafissatou DIALLO a été convoquée par le procureur Cyrus VANCE Jr, pour le 22 août, à la veille de l’audience cruciale. « Mon interprétation de la lettre (de convocation), c'est qu'ils vont annoncer qu'ils classent complètement l'affaire, ou abandonnent certains des chefs d'accusation ». (le 21) www.greliermichel.eu
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Semaine 34 – du lundi 22 au dimanche 28 août 2011 Blanchi par le « doute raisonnable », mais pas innocenté -
Rapide passage dans la dimension extérieure. Nicolas SARKOZY : « Nous sommes disposés à continuer les opérations militaires dans le cadre de la résolution des Nations unies 1973, tant que nos amis libyens en auront besoin, c'est‐à‐dire tant qu'il existera quelques poches de résistance ». Les opérations militaires de la coalition « cesseront » quand « M. KADHAFI et ses séides ne représenteront plus une menace pour le peuple libyen ». Nicolas SARKOZY annonce que la France a « décidé en plein accord avec David CAMERON de convoquer une grande conférence internationale à Paris » pour « aider la Libye libre, la Libye de demain ». « Cette conférence se tiendra le 01 septembre à Paris ». Nicolas SARKOZY souligne que la France a exprimé son attachement à un « message de réconciliation, de rassemblement » et fait confiance au CNT « pour qu'il n'y ait pas de règlements de comptes ». « Je suis heureux de voir que l'engagement du Premier ministre (Mahmoud JIBRIL) est exactement dans cette direction ». Nicolas SARKOZY ajoute qu’un ambassadeur français, à Benghazi, est « en partance pour Tripoli » et « Il n'y a pas de forces spéciales françaises » au sol en Libye. (le 24) - Retour en France. - Où il sera question de notre porte‐monnaie. Un milliard euro dès 2011, 11 Mia euro en 2012. François FILLON a présenté le programme d'économies du gouvernement qui vise désormais un déficit public à 4,5% du PIB en 2012, contre 4,6% auparavant. Par mesure de « réalisme », le gouvernement a revu à la baisse ses hypothèses de croissance, tablant désormais sur une hausse du PIB de 1,75% en 2011 et en 2012, au lieu des 2% et 2,25%. Le plan d'économies ‐ François FILLON s'est refusé à parler de « mesures d'austérité », expression qu'il réserve à des pays comme l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et la Grèce ‐ comporte quatre grandes orientations. 1 ‐ La mise en place de « prélèvements spécifiques », à commencer par une taxe exceptionnelle de 3% pour les ménages ayant un revenu fiscal supérieur à 500.000 euro par an. Cette mesure devrait rapporter à l'Etat « autour de 200 Mio euro ». Les prélèvements sociaux (CSG, CRDS, etc.) sur les revenus du patrimoine passeront en outre de 12,3% à 13,5%. Ce relèvement de 1,2 point devrait générer 190 Mio euro de recettes en 2011 et 1,3 Mia euro en 2012. 2 – La réduction d’une série de niches fiscales, touchant notamment à l'une des mesures phares du début de quinquennat de Nicolas SARKOZY, la défiscalisation des heures supplémentaires, symbole du « travailler plus pour gagner plus ». A partir du 01 janvier 2012, les heures supplémentaires et complémentaires seront intégrées dans la base de calcul de « l'allégement Fillon », qui concerne les cotisations sociales pour les employeurs rémunérant leurs salariés entre 1 et 1,6 fois le SMIC. Cette mesure devrait rapporter 600 Mio euro de recettes supplémentaires à la Sécurité sociale. Le forfait social va être relevé de deux points. Les sommes versées par les employeurs à leurs salariés dans le cadre de l'épargne salariale ou de la retraite complémentaire ne seront plus taxées à hauteur de 6% www.greliermichel.eu
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mais de 8%. Cela devrait rapporter à la Sécurité sociale 410 Mio euro en 2012. Les parcs d'attraction – Mickey, Astérix, etc. ‐ bénéficient d'un taux réduit de TVA (5,5%) alors que les barbotages dans les parcs aquatiques sont taxés à 19,6%. Ce taux normal s'appliquera désormais aussi aux droits d'entrée dans les parcs à thème, pour un rendement espéré de 90 Mio euro en année pleine. 3 ‐ Les mesures liées à la santé publique. La fiscalité sur le tabac et les alcools forts sera alourdie et une taxe sur les boissons sucrées sera instaurée. Le tabac augmentera de 6% dès octobre, puis de 6% encore en 2012, ce qui devrait renflouer les caisses de la Sécu de 90 Mio euro en 2011 et de 600 Mio euro en 2012. La fiscalité sur les alcools affichant au moins 40 degrés subira aussi une hausse. Matignon assure : « Le vin, les rhums et les productions régionales ne sont pas concernés par cette mesure », et attend 340 Mio euro en 2012. A compter du 01 janvier 2012, les boissons sucrées seront taxées à même hauteur que le vin, ce qui devrait générer 120 Mio euro de recettes. Seront exemptés les eaux, les jus de fruits sans sucres ajoutés et les boissons contenant des édulcorants. 4 ‐ L'Etat compte faire un « effort supplémentaire » de réduction de ses dépenses de 1 Mia euro en 2012. (le 24) - A quand le pain sec et l’eau claire pour échapper à l’arsenal des taxes en tout genre ? François FILLON a expliqué que la contribution « exceptionnelle » de 3% sur les plus hauts revenus resterait en vigueur jusqu'à ce que le déficit soit ramené à 3% du produit intérieur brut, soit fin 2013 selon les engagements français. Pour l'année 2011, la limitation du report des déficits des entreprises sur leur impôt doit rapporter 500 Mio euro et une hausse de 1,2% des prélèvements sociaux sur les revenus du capital 200 Mio euro. La suppression d'un abattement dérogatoire sur les plus‐values immobilières doit rapporter 200 Mio euro en 2011 et la suppression d'une exonération de taxe sur des conventions d'assurance 100 Mio euro. (le 24) Le gouvernement a répondu en urgence au risque de dérive des comptes publics à court terme sans régler le problème de l'endettement du pays qui devra être résolu après la présidentielle de 2012. Les 12 Mia euro d'économies et de recettes supplémentaires annoncés pour 2011 et 2012 ne permettront en effet que de tenir des objectifs connus depuis longtemps, que le ralentissement de la croissance avait mis hors de portée. Il ne s'agit donc pas véritablement d'accentuer le rétablissement des finances publiques, dont l'état est le plus mauvais des pays de la zone euro notés « triple A », même si l'objectif de déficit pour 2012 a été légèrement durci. Sauf accélération spectaculaire de la croissance après 2012, qu'aucun économiste n'envisage vraiment, ces mesures risquent de n'être qu'un prélude à des réformes difficiles pour stabiliser, puis réduire, la dette publique, qui dépasse aujourd'hui 1.650 Mia euro. Une tâche qui reviendra au président élu en 2012. En ligne de mire, l'inversion de la croissance du ratio d'endettement public, que les autorités promettent pour 2013. Paris prévoit que ce ratio dette/PIB augmentera à 85,4% fin 2011 et culminera à 86,9% fin 2012 pour retomber à 86,4% fin 2013 et 84,8% fin 2014. La Cour des comptes a souligné fin juin l'ampleur des défis pour y parvenir, en insistant sur l'importance ‐ exceptionnelle parmi les « triple A » de la zone euro ‐ du déficit structurel, qui mesure le déséquilibre hors variation de la conjoncture. « Si le déficit structurel primaire, c'est‐à‐dire hors intérêt (de la dette), restait à son niveau de 2010 (soit www.greliermichel.eu
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2,5% du PIB), la dette publique atteindrait 90% du PIB dès 2012, puis 100% en 2016 et 110% en 2020 ». La Cour des comptes souligne que les prévisions du gouvernement pour 2013 et 2014 ‐ une croissance de 2,5% et une vigoureuse hausse des prélèvements obligatoires ‐ dont aucune modification n'a été annoncée le 24 août ‐ sont optimistes. Une prévision « plus prudente » pour les prélèvements obligatoires se traduirait par un déficit de 3,5% en 2013 et non de 3%. Le gouvernement issu des élections de 2012 risque donc fort d'être obligé de rectifier le tir pour ne pas perdre la confiance des prêteurs qui permettent à la France de financer son déficit et de refinancer sa dette. Le FMI estimait fin juillet que « la France ne peut prendre le risque de rater ses objectifs budgétaires à moyen terme, étant donné le besoin de renforcer la mise en œuvre du Pacte de stabilité et de conserver les coûts d'emprunts à un niveau peu élevé en confortant sa note AAA ». La France affiche en effet les plus mauvais ratios parmi les pays de la zone euro bénéficiant comme elle de la note « triple A » (Allemagne, Pays‐Bas, Autriche, Finlande et Luxembourg), qui permet d'emprunter à des coûts avantageux. Dernière pour le déficit, la France est aussi le seul de ces pays à afficher un déficit primaire (hors intérêt de la dette) important. Selon la Commission européenne, le déficit devrait représenter 3,1% du PIB fin 2011 contre 1,6% aux Pays‐Bas, 0,9% en Autriche et 0,5% au Luxembourg. L'Allemagne et la Finlande devraient finir l'année avec un excédent primaire de 0,4% et 0,2%. Même si le déficit structurel est surtout concentré sur l'Etat, le déséquilibre structurel des comptes sociaux inquiète les observateurs qui le jugent injustifié car les recettes devraient dans ce domaine compenser exactement les dépenses. Premiers postes des comptes sociaux par l'ampleur des déficits, les comptes de retraite et d'assurance maladie tendent soit à s'aggraver soit peinent à retrouver l'équilibre. La Cour des comptes : « Malgré la réforme de 2010, l'équilibre financier des régimes de retraite n'est pas assuré en 2020 », confirmant la probabilité d'une nouvelle réforme après les élections présidentielle et législatives de 2012. Quant à l'assurance maladie, elle pourrait ne retrouver l'équilibre financier qu'en 2027. (le 24) - Application de la bonne loi physique : action… réactions. Jean‐Marc AYRAULT : « Où est la justice, où est le sérieux dans ce raclement des fonds de tiroirs ? ». « Alors que depuis 10 ans, la politique de défiscalisation en faveur des riches et des entreprises du CAC 40 fait perdre plus de 100 Mia euro au budget de l'Etat et plombe la dette de la France, les responsables de cette faillite veulent faire croire qu'un coup de rabot de quelques niches fiscales trop voyantes va empêcher leur Titanic de couler ». « Plutôt que de se remettre en question, le pouvoir continue d'amuser la galerie avec quelques rustines dont le symbole est la taxation exceptionnelle des plus hauts revenus ». « Pourquoi une taxe qui ne rapportera que des miettes alors qu'on vient d'octroyer un abattement de 2 Mia euro sur l'ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) et qu'elle semble devoir être momentanée alors que les Français paient en continu la facture de la politique du pouvoir ». « L'union nationale que propose le Premier ministre sur la règle d'or est celle du naufrage, pas du redressement ». (le 24) Benoît HAMON : « Ce soir, la France plonge officiellement dans l'austérité ». « Le seuil de tolérance des Français à la provocation et au cynisme est franchi ». Eva JOLY : « La remise en cause du 'travailler plus pour gagner plus' ou la taxation des revenus extravagants sont cosmétiques, mais elles confirment la défaite de l'idéologie du www.greliermichel.eu
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candidat SARKOZY ». (le 24) - Cette info est‐elle surréaliste, masochiste ou charitable ? Pour Maurice LEVY, président du directoire de Publicis, troisième groupe publicitaire mondial en termes de chiffres d'affaires, les Français les plus favorisés devront être davantage mis à contribution pendant trois ans, le temps de réduire le déficit, mais le gouvernement devra veiller à trouver le juste équilibre pour éviter un exode des plus riches. « Tout le problème, c'est de calculer la contribution de manière à ce qu'elle ne soit pas uniquement symbolique et qu'elle ne soit pas non plus un découragement pour les classes dirigeantes ou pour les gens favorisés qui se diraient 'dans ce cas je pars' ». « C'est donc un équilibre à trouver de manière à ce que oui ce soit un effort, qu'il soit limité dans le temps, qu'il permette de régler les problèmes, qu'il soit significatif mais qu'il ne soit pas décourageant ». Mi‐août, Maurice LEVY avait lancé l'idée d'une contribution des plus riches en France, avant d'être rejoint par une quinzaine d'autres dirigeants de grandes entreprises. Le gouvernement et plusieurs responsables de la majorité ont suggéré que cette contribution touche les revenus supérieurs à 1 Mio euro annuel. Les quelque 30.000 ménages concernés verseraient ainsi un total d'environ 300 Mio euro supplémentaires en 2012. (le 24) - L’obsession du retour à l'équilibre des finances publiques rejaillit dans les débats des primaires socialistes. Les candidats PS tergiversent sur la « règle d’or », quand l’Allemagne éclaire une fois de plus la voie à suivre. D'autres pays lui emboîtent le pas, conformément aux propositions communes de Paris et Berlin. En renforçant la règle de l'équilibre des finances publiques déjà présente dans la Constitution, le gouvernement signifie sa volonté de plafonner les dépenses publiques tout en garantissant un seuil minimum de recettes annuelles. L’arsenal juridique est lourd, puisqu’il repose sur la création d’une nouvelle catégorie de « loi‐cadre » et sur une réforme constitutionnelle dont l’adoption restera lettre morte sans les précieuses voix de l’opposition. L'unité de l'opposition est pour l'instant un vœu pieu. S'ils essayent d'éviter le règlement de compte interne, les candidats à la primaire ont chacun une vision différente de « leur » règle d’or. Le discours tenu par Manuel VALLS est l’illustration de ce savant jeu d’équilibre. Martelant son désir de « vérité » à l’égard des Français, il résume ses conditions pour voter la règle d’or : suppression des heures supplémentaires défiscalisées, annulation de la baisse de la TVA dans la restauration et relèvement de la dernière tranche d’impôt sur le revenu à 50% (contre 41% aujourd’hui). Ces mesures seraient consignées dans une loi de finances rectificative précédant l’adoption du budget pour l’année 2012. « Souhaiter l’équilibre des comptes, c’est être de gauche ! ». L’intégralité des nouvelles recettes dégagées au moyen de réformes (suppression des niches fiscales, refonte de l’impôt…) devra servir à la résorption du déficit, quand le projet socialiste veut seulement y affecter 50% des ressources. Une rhétorique qui tendrait cependant à le rapprocher de François HOLLANDE, dont le projet est « de faire voter au lendemain de la présidentielle une loi de programmation qui respectera nos objectifs européens de réduction de déficits ». Manuel VALLS et François HOLLANDE ont à cœur de ramener les électeurs de gauche www.greliermichel.eu
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sur terre. « Nous ne pouvons pas tout faire et tout promettre ». Arc‐boutés contre Nicolas SARKOZY, certains candidats socialistes préfèrent, comme Arnaud MONTEBOURG, balayer le projet de règle d'or d’un revers de main. Parmi les arguments souvent évoqués, le risque de se discréditer auprès des marchés en inscrivant un principe dans la Constitution sans rien régler dans les faits. Ségolène ROYAL sème en plus le trouble en soutenant par exemple le maintien de la TVA à 5,5% dans la restauration, alors que le PS appelle à sa suppression dans son projet pour 2012. Martine AUBRY reconnaît la nécessité d’un retour à un déficit équivalant à 3% du PIB dès 2013. Au printemps, elle était pourtant prête à transiger avec les engagements européens de la France de façon à repousser la remise en ordre du déficit public à 2015… Preuve que les objectifs évoluent, mais pas la méthode. Décidée à emprunter « un autre chemin » que la droite, Martine AUBRY plaide pour la « suppression des avantages fiscaux des multipropriétaires » afin de « financer la construction de logements sociaux et l’accession sociale à la propriété ». (le 23) -
C’est toujours plein de folklore politique et le grand jeu de piste des médias : l’université d’été. Le PS réunit ses troupes. Les candidats à l'investiture se croiseront sans se rencontrer. Les débats prévus au cours de 35 ateliers et sept séances plénières seront essentiellement tournés « vers l'objectif de transformation sociale, la nécessité d'un rassemblement des socialistes et la nécessité d'un rassemblement de toute la gauche », assure Emmanuel MAUREL, secrétaire national en charge des universités d'été. Le PS attend plus de 5.000 participants, une « première » selon lui. Derrière le slogan « ensemble, le changement », l'université d'été vise avant tout à préparer la bataille de 2012. Mais elle pourrait être perturbée par la proximité des primaires ‐ prévues les 09 et 16 octobre ‐ et les divergences apparues entre les candidats, pourtant théoriquement soumis au programme commun, adopté à l'unanimité lors de la convention nationale du parti le 28 mai. Depuis, la crise de l'euro a changé la donne. Après Nicolas SARKOZY, François FILLON met la pression en appelant le PS au « sens de l'intérêt national » pour inscrire la « règle d'or » budgétaire dans la Constitution. Lors d'un bureau national exceptionnel, les dirigeants socialistes ont rejeté ce principe, jugé « inefficace ». Les candidats aux primaires peinent à s'accorder sur les solutions à apporter la crise. Ségolène ROYAL pointe du doigt ses rivaux PS qui promettent « du sang, des larmes, de la rigueur », visant implicitement François HOLLANDE ainsi que Manuel VALLS. A La Rochelle, les cinq candidats socialistes à la primaire interviendront séparément. Seule une photo de famille devrait les réunir. Martine AUBRY s'exprimera le 26 août sur un thème particulièrement d'actualité, « l'été européen ? la crise, l'euro ». Manuel VALLS lui succédera lors d'une séance baptisée « revaloriser le travail, respecter les travailleurs ». Le 27, ce sera au tour de François HOLLANDE : « croissance durable, croissance partagée ». Arnaud MONTEBOURG évoquera les scénarios de sortie de crise, avant Ségolène ROYAL, au cours d'un débat : « société précaire, société indignée ». Jean‐Michel BAYLE, président du Parti radical de gauche, et seul candidat non socialiste aux primaires, sera présent à La Rochelle. En raison de son statut de candidate, Ségolène ROYAL ne prononcera pas son habituel discours en tant que présidente de la région Poitou‐Charentes, à l'ouverture de l'université www.greliermichel.eu
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d'été. Le 28 août, c'est Harlem DESIR qui sera chargé de clore les débats. (le 25) L'université d'été a lancé le véritable coup d'envoi de la bataille des primaires du PS. La tentative des socialistes d'afficher une image unie à La Rochelle a d’ores et déjà été gâchée par François HOLLANDE, dont l’absence à la séance d'ouverture a illustré les tensions réelles entre les candidats à l'investiture. François HOLLANDE est arrivé deux heures plus tard... au moment même où Martine AUBRY commençait à s'exprimer en séance plénière. François HOLLANDE a nié toute volonté de se démarquer. Mais, agacé par les déclarations récentes de Martine AUBRY, qui a sévèrement fustigé son bilan à la tête du PS : « J'essaye d'avoir le calme, le sang‐froid, la sérénité indispensable, en même temps l'esprit de responsabilité par rapport aux moments que nous traversons ». Martine AUBRY, participant à une table ronde sur le thème de la crise en Europe, s'est concentrée sur le fond, répondant aux critiques de l'UMP et du gouvernement sur les propositions économiques du PS : « Bien sûr nous sommes sérieux et nous n'avons aucune leçon de gestion à recevoir de la part de la droite ». Et, très applaudie par la salle : « Je n'avais pas besoin d'une règle inscrite dans la Constitution pour redresser les comptes de la sécurité sociale et faire la CMU (Couverture maladie universelle, NDLR) en même temps ». « Oui, il faut être sérieux ». « Et vraiment la droite, qu'elle arrête de nous bassiner avec ça ! Quand on a mis le pays dans l'état où elle l'a mis, on reste là où on est et on essaye d'améliorer les choses ». Arnaud MONTEBOURG veut parler du fond, pas des querelles de personnes. Il promet : « Vous m'entendrez dans cette campagne seulement parler de propositions ». « Pour ma part, je crois qu'un débat passionnant sur les grandes orientations du pays fera du bien aux Français (...) J'ai donné instruction d'ailleurs à mon équipe de ne s'exprimer que sur les propositions. J'ai estime et amitié pour tous les candidats ». Jean‐Christophe CAMBADELIS, un proche de DSK désormais rallié à Martine AUBRY, assume ouvertement la bataille des primaires : « Nous voulons un ou une présidente qui tienne la barre. Alors ne jouons pas les chochottes au premier chuchotement ». « La capacité à rassembler est indissociable de celle de trancher et d'affronter l'adversité. La présidence qui vient ne sera pas un dîner de gala. Et les primaires servent aussi à voir qui a la trempe d'affronter des tempêtes ! » (le 26) L'université d'été vire au duel entre François HOLLANDE et Martine AUBRY. Sur le fond, les deux candidats se placent sur le terrain économique pour s'assurer une crédibilité. Sur la forme, Martine AUBRY et François HOLLANDE jouent des coudes pour tenter de concentrer sur eux l'attention médiatique. François HOLLANDE a brillé par son absence à l'ouverture de l'université d'été. Le soir même, il faisait salle comble dans la salle de l'Oratoire, où il prônait la « sincérité » et la « hauteur de vue ». Martine AUBRY s'est invitée à la séance plénière de François HOLLANDE, le contraignant à descendre de la tribune pour une bise convenue. Mais Martine AUBRY n'est restée que quelques minutes, avant de se rendre à une rencontre avec des militants du Mouvement des jeunes socialistes, où son discours n'a pas manqué de provoquer des acclamations audibles dans la salle où officiait François HOLLANDE. Sur le fond, Martine AUBRY a une nouvelle fois décliné son programme économique, devant les jeunes socialistes, fustigeant la politique de Nicolas SARKOZY et soulignant sa « détermination à changer le système ». « Quand on est de gauche, on est là pour www.greliermichel.eu
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transformer ». « Bien sûr, on va bien gérer, parce qu'on sait très bien qu'il faut bien gérer si on veut redonner une priorité à l'éducation, à l'emploi, à la santé, au logement ». François HOLLANDE s'exprimait lui aussi sur le thème économique dans le cadre d'une table ronde intitulée « Croissance durable, croissance partagée ». « Même dans ces moments d'université d'été, le mot décisif c'est la sobriété, non pas parce que nous serions tenté d'aller vers des excès mais tout simplement parce qu'il faut ménager nos forces. Nous avons besoin de beaucoup d'enthousiasme au cours des prochains jours ». Son intervention s'est pourtant transformée en discours enflammé de plus de trente minutes, digne d'un meeting. « La croissance, c'est un enjeu politique » parce que la campagne présidentielle devra désigner « le candidat qui porte un modèle, une stratégie, une vision, des instruments pour rehausser le niveau de la croissance dans notre pays ». François HOLLANDE s'est notamment démarqué de Martine AUBRY sur le nucléaire. « Dans 50 ou 60 ans, si je prends un engagement, même de sortie du nucléaire, qui viendra le vérifier ? ». François HOLLANDE a atteint un record à l'applaudimètre en lançant sa blague sur « les riches » : « Les riches prient pour être taxés ? (...) Qu'ils nous attendent, nous arrivons ! ». François HOLLANDE expliquait être désormais « dans un autre rôle, dans une autre perspective, celui d'être un des possibles et ensuite d'être appelé si les Français le décident ». Ségolène ROYAL a pris la parole à son tour, en présence de Martine AUBRY. Alors qu'elle devait intervenir sur le thème de la précarité, Ségolène ROYAL a en fait développé une large partie de son programme : relance de l'économie, écologie, éducation, banlieues et sécurité. Sur ce dernier thème, elle a suscité des cris de désapprobation dans la salle en réaffirmant haut et fort qu'elle était favorable à « l'encadrement militaire des délinquants ». « J'en entends certains qui protestent, mais c'est leur droit (...) Je ne veux plus que la gauche perde sa crédibilité sur la sécurité », les applaudissements prenant le pas sur les sifflets. Martine AUBRY espérait que les socialistes sortiraient « rassemblés » de la primaire. « La Rochelle n'est pas le moment de montrer ses muscles ». « On peut, entre hommes et femmes engagés comme nous le sommes, débattre sur ces différences ». (le 27) L'université d'été s'est terminée sur l'image des six candidats à la primaire main dans la main sur la tribune. Les cinq candidats du PS et Jean‐Michel BAYLET ont assisté à la séance de clôture. A l'issue du discours d'Harlem DESIR, ils ont été invités à monter à la tribune pour une photo attendue : il s'agit du seul moment où tous les candidats se sont retrouvés ensemble, l'organisation de l'université d'été ayant été pensée pour qu'ils s'expriment séparément. Harlem DESIR a salué « des candidats qui placent l'unité au‐dessus de tout ». « J'aime leur engagement et leur courage dans cette campagne (...) et j'aime leur respect mutuel ». « Nous avons retenu les leçons du passé ». Le PS n'a pas échappé aux tensions entre les clans rivaux, au premier rang desquels ceux de François HOLLANDE et de Martine AUBRY. Les candidats auront l'occasion d'échanger lors de trois débats prévus entre le 15 septembre et le 05 octobre, avant le premier tour de la primaire, le 09 octobre. (le 28) - Michel, où lave‐t‐on son linge sale ? - En famille. François HOLLANDE : « Je ne suis pas rancunier, sinon je passerais mon temps à exhumer le passé ». « Je ne me détourne pas de l'objectif ». Martine AUBRY, dans l'éloge de son bilan à la tête du PS, par opposition à François HOLLANDE : « Ce cadavre à la renverse, comme on qualifiait le Parti socialiste quand je www.greliermichel.eu
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suis arrivée, est à nouveau sur pied ». Elle dit quitter La Rochelle « encore plus déterminée » et « confiante » dans sa course derrière François HOLLANDE. Ségolène ROYAL répète ne pas croire aux sondages qui la donne distancée : « Ceux qui croient qu'un match est plié avant que le match ait été joué perdent le match ». Principal point commun entre les discours socialistes pendant trois jours : l'attaque virulente à l'encontre de la politique de Nicolas SARKOZY. Harlem DESIR a dressé un réquisitoire contre le chef de l'Etat : « Qui a doublé la dette de la France depuis 2002, passée en dix ans à 1.800 Mia euro ? Cela ce n'est pas le sillon du manque de rigueur de la gauche, c'est la facture laissée par la droite. Et MM. SARKOZY et FILLON, Monsieur déficit et Docteur faillite, osent encore nous donner des leçons économiques, des leçons de morale ! ». « Il faut que quelqu'un dise la vérité à Nicolas SARKOZY : les Français ne veulent plus de votre politique, de vos échecs (...) Les Français ne veulent tout simplement plus de vous et ils vous le diront dans quelques mois ! ». (le 28) - Finie l’université d’été, le travail reprend. Ici… C’est un François Hollande en grande forme et maniant volontiers l’ironie qui est apparu devant la presse, à l’issue de quatre heures de discussion avec une dizaine d’économistes. Un brainstorming qu’il a jugé « utile » et dont il souhaite renouveler l’expérience tous les trois mois. De plus en plus, la réflexion économique de François HOLLANDE met en relief sa préoccupation pour l’Europe. Dans un contexte chahuté par quatre grands maux qu’il énumère (crise financière, faible croissance, dette et creusement des inégalités), « les solutions résident dans la zone euro ». Les eurobonds restent sa marotte, mais leur mise en place est contrariée par l’attitude de Nicolas SARKOZY. François HOLLANDE n’a pas apprécié la façon dont Nicolas SARKOZY « a exprimé un doute sur [leur] efficacité » au moment de sa rencontre avec Angela MERKEL. Mais cerné par des gouvernements conservateurs et face à une Angela MERKEL inflexible, un président socialiste saurait‐il mieux convaincre ? Pour François HOLLANDE, les eurobonds « ne sont pas un problème de gauche‐droite ». Il y voit un bouclier contre les mouvements des marchés. « Quand on a créé l’euro, on a dit qu’il n’y aurait plus de spéculation entre les monnaies. Mais il y a désormais de la spéculation entre les titres. Une monnaie unique impose des emprunts uniques ». (le 24) - Et là. Dans le traitement de la crise de la dette, « l’Europe est arrivée trop tard, timidement et à contretemps », Martine AUBRY impute ce résultat au tandem de Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL. Elle s’est dit « très choquée » par l’attitude des deux dirigeants lors du dernier sommet franco‐allemand, qu’elle voit comme un marché de dupes. Angela MERKEL a « fait semblant » de reconnaître que la règle d’or française avait un sens, pendant que Nicolas SARKOZY a soigneusement évité de lui parler des eurobonds. En l’absence de solution pérenne, les dirigeants européens sont à chaque fois condamnés à agir dans l’urgence. « Il n’y a que des pompiers à la tête de l’Europe ». Les socialistes, eux, veulent devenir les « architectes » de l’Union. Les bases que Martine AUBRY jette tournent en boucle dans les rangs de la gauche ces derniers mois : eurobonds harmonisation fiscale et sociale au sein de l’UE et gouvernement économique. Martine AUBRY s’en est vivement prise à Herman VAN ROMPUY, invité à prendre la www.greliermichel.eu
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tête d’un gouvernement économique de la zone euro : « S’il avait des idées, ça se saurait ! », insistant sur son effacement notoire pendant la crise. Pour relancer l’Europe, Martine AUBRY compte sur ses partenaires d’Outre‐Rhin. « On nous dit que l’Allemagne ne veut rien faire », mais la mise en commun d’idées menées avec le SPD lui aurait prouvé le contraire. L’enthousiasme de Martine AUBRY a été douché par Hubert VEDRINE qui s'exprimait juste après elle. Réveiller le couple franco‐allemand est peut‐être une idée séduisante, mais elle sonne avant tout comme « un slogan creux ». « On peut appuyer sur le bouton, ça ne produit pas d’effet ». La seule issue est d’engager une « discussion franche » avec l’Allemagne, sans compter sur le seul SPD, dont rien n’assure qu’il soit au pouvoir en 2013. Tordant volontiers le cou à des idées éculées mais parfois erronées, Hubert VEDRINE est revenu sur le « plus d’Europe », une formule que les dirigeants de droite comme de gauche reprennent à l’envi. « Il y a des cas où ce n’est pas vrai », citant les activités de « proximité » comme les sapeurs‐pompiers, dont l'organisation pourrait être chamboulée par la révision de la directive sur le temps de travail. Une vision très concrète de l’Europe qui tranche avec les concepts globaux égrainés par Martine AUBRY, la fille de Jacques DELORS. (le 26) A en croire les programmes des candidats socialistes, l’Europe devient le domaine où il faut avoir de l’ambition. Manuel VALLS, qui ne jure que par le « sérieux » et la « vérité », se prend à rêver de « l’écriture d’un nouveau traité » qui « rééquilibrerait les priorités entre croissance et inflation » et « permettrait à l’Union européenne d’emprunter pour financer des programmes de grands travaux ». Convaincu de la nécessité de « franchir un pas » en direction du « fédéralisme économique », Manuel VALLS appelle à « un dialogue très franc avec l’Allemagne » pour parvenir à des « compromis par le haut ». Mais cet enthousiasme retombe comme un soufflet. Conscient de l’ardeur de la tâche face à certains gouvernements d’Europe du Nord devenus les porte‐parole de leurs opinions publiques eurosceptiques, Manuel VALLS se veut réaliste jusqu’au défaitisme, et prédit : « Dans une Europe dominée par la droite, conservatrice, néopopuliste, ‐ et les élections en Espagne ne vont pas arranger ce paysage politique ‐, la victoire de la gauche en France ne suffira pas à convaincre tous nos partenaires ». Un ton qui tranche avec celui de François HOLLANDE, qui martèle le besoin de désendetter la France sans pour autant se risquer à désenchanter les électeurs. (le 24) - Il fut le favori du PS. - Il aurait fait un « tabac » à l’université d’été à La Rochelle. Il y aurait même mis le feu. - Il reste bloqué à New York. Le procureur de New York a demandé l'abandon des poursuites. Le parquet a perdu l'espoir d'obtenir une condamnation de DSK lorsqu'il s'est avéré que Nafissatou DIALLO avait menti. DSK va pouvoir récupérer son passeport et quitter les Etats‐Unis, même si la procédure civile entamée par Nafissatou DIALLO suit son cours. (le 22) Cyrus VANCE Jr va officiellement demander l'abandon de toutes les charges pesant contre DSK. Pour autant, cet abandon de charges ne signifie pas son innocence. Cyrus VANCE décrit les mensonges et les contradictions dans le discours de Nafissatou DIALLO qui ont sérieusement entamé sa crédibilité dans cette affaire. Si des traces ADN prouvent qu'il y a eu un contact sexuel entre DSK et elle, cela ne prouve pas que cette relation ait été www.greliermichel.eu
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imposée. (le 23) Durant la brève audience devant la Cour suprême de l'Etat de New York à Manhattan, la procureure de district adjointe Joan ILLUZZI‐ORBON a demandé l'abandon de toutes les charges. « Notre capacité à croire la plaignante au‐delà d'un doute raisonnable fait qu'en toute bonne foi nous ne pourrions pas demander à un jury de le faire » lors d'un procès. Nafissatou DIALLO n'assistait pas à l'audience mais son avocat, Me Kenneth THOMPSON, a estimé à la sortie que sa cliente avait été abandonnée. A leur arrivée au tribunal, DSK et Anne Sinclair ont été accueillis par des manifestants, certains brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « DSK traite les femmes comme sa propriété » ou « Un procès pour le violeur, pas pour la victime ». (le 23) DSK déclare, après la décision du juge du tribunal de Manhattan d'abandonner les charges retenues contre lui : « C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste ». « J'ai hâte de rentrer dans mon pays mais j'ai encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir ». Lui et Anne Sinclair étaient sortis souriants un peu plus tôt de la salle d'audience. « Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu dans cette période en envoyant aussi des lettres, des emails. Il faut qu'ils sachent que leur soutien a été très important ». « Je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France ». (le 23) Dans le document du procureur au juge, il est écrit que le rapport sexuel à l'origine de l'affaire n'a probablement pas duré plus de neuf minutes. Dans les heures qui ont suivi l'arrestation de DSK, une équipe d'experts scientifiques et des représentants du parquet ont établi qu'un rapport sexuel avait bien eu lieu et qu'il avait été très bref, ce qui les a conduits à penser qu'il n'était pas consenti. Sur la foi du témoignage de Nafissatou DIALLO et en l'absence d'éléments manifestes susceptibles de remettre en cause sa crédibilité, le parquet a présenté l'affaire à un grand jury pour procéder à une inculpation formelle de DSK. Le dossier s'est toutefois rapidement vidé. Aucune trace de l'ADN de l'accusatrice n'a ainsi été retrouvée dans une poubelle dans laquelle elle disait avoir craché après sa rencontre avec DSK. Les médecins ont aussi conclu que les « rougeurs » sur ses parties génitales ne pouvaient de manière certaine être attribuées à une agression, contrairement à ce qu'affirmaient ses avocats. Outre ces éléments troublants, les procureurs détaillent la façon dont ils ont découvert des mensonges au sujet de sommes d'argent mystérieusement déposées sur le compte en banque de Nafissatou DIALLO. Plus accablantes aux yeux du parquet sont les trois versions différentes que Nafissatou DIALLO a données au sujet de ses faits et gestes immédiatement après sa rencontre avec DSK dans la suite 2806 du Sofitel. Dans une première version, effectuée sous serment devant un grand jury, elle dit s'être enfuie en courant dans le hall du 28e étage de l'hôtel, où elle aurait été découverte apeurée et recroquevillée par ses supérieurs. Dans une deuxième version, elle a déclaré aux procureurs s'être rendue dans une autre chambre pour reprendre son travail et qu'elle aurait rencontré son supérieur par hasard. Dans une troisième version, elle dit s'être rendue très brièvement dans une autre chambre pour y récupérer des affaires. « Ces versions changeantes font qu'il est difficile d'établir ce qui s'est réellement passé au moment critique » lorsque l'incident s'est produit. www.greliermichel.eu
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Les procureurs avaient émis des doutes fin juin au sujet de la crédibilité de Nafissatou DIALLO. Ils exposent dans le document transmis l'étendue de leur méfiance à l'égard de l'accusatrice. Ils évoquent notamment une déposition au cours de laquelle Nafissatou DIALLO, en pleurs, leur a parlé de manière convaincante d'un viol collectif qu'elle aurait subi en Guinée, ce qui s'est avéré ensuite être un mensonge. (le 23) - Le feuilleton se termine à New York. - Et il reprend à Paris. La mère de Tristane BANON s'est dite « profondément indignée » par le non‐lieu attendu dans l'affaire DSK/Diallo à New York. Anne MANSOURET a dénoncé « la logique du système américain » qui voit Nafissatou DIALLO être « considérée vraisemblablement comme un témoin qui n'est pas suffisamment digne de foi pour que l'Etat de New York continue à poursuivre pénalement M. STRAUSS‐KAHN ». « Il n'y a absolument aucune raison de considérer que M. STRAUSS‐KAHN aujourd'hui blanchi ». (le 23) « Soulagés », les responsables du PS et ses proches attendent désormais que DSK s'exprime. Martine AUBRY : « C'est du bonheur, un soulagement ». « Je crois qu'on attendait tous, en tous cas les amis de DSK et d'Anne SINCLAIR, qu'il puisse sortir enfin de ce cauchemar ». « Je pense qu'il faut lui laisser la liberté de s'exprimer, et lui laisser surtout le temps de revivre. Je pense que Dominique est de toute façon utile à la France, son pays auquel il est tellement attaché, et il le sera sous les formes qu'il choisira et qu'il dira ». Jean‐Marie LE GUEN : « Je pense que maintenant la justice est passée et qu'il faut passer à une autre situation, et j'espère que dans ce cadre là DSK retrouvera sa pleine liberté de parole ». « Je pense qu'il a la volonté à la fois de s'expliquer, et puis il est extrêmement préoccupé de la situation de la crise économique et financière que connaît la France, que connaît l'Europe ». Autre ami de DSK, François PUPPONI, député‐maire de Sarcelles, souhaite « qu'il puisse rentrer en France dès qu'il le pourra et qu'ensuite il puisse se reconstruire et nous dire après ce qu'il a envie de faire ». « Il ne faut pas se précipiter, il faut maintenant laisser DSK respirer, le laisser souffler après toute cette tourmente ». Bertrand DELANOË exprime sa « joie » et son « soulagement » : « Je forme enfin le vœu que la voix désormais libre de DSK puisse contribuer, au moment et sous la forme qu'il choisira, à l'effort collectif pour le progrès et la justice, en France et en Europe". Jack LANG se réjouit « profondément » : « Dès le premier jour, j'ai eu le sentiment qu'une injustice était commise à son égard. J'ai déploré que la présomption d'innocence ait été foulée aux pieds par un certain nombre de commentateurs aux Etats‐Unis et en France ». (le 23) DSK a récupéré son passeport. (le 26) www.greliermichel.eu
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Semaine 35 – du lundi 29 août au dimanche 04 septembre 2011 L’homme politique de la semaine : Jean‐Pierre RAFFARIN Une petite chronique élyséenne à l’usage des populations françaises. La « Conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle », co‐organisée par Nicolas SARKOZY et David CAMERON, s'est ouverte à Paris, à l’Elysée. Une soixantaine d'Etats et d'organisations internationales ont envoyé des délégations. Pour Nicolas SARKOZY, la conférence a un double enjeu : rassembler la communauté internationale en vue de la reconstruction de la Libye, et offrir une tribune aux « nouvelles autorités libyennes », le CNT. (le 01 septembre) La conférence internationale a décidé de maintenir la pression militaire jusqu'à ce que toute menace ait disparu. Une quinzaine de Mia US$ d'avoirs libyens gelés en vertu des sanctions internationales ont été débloqués ou sont sur le point de l'être par les pays réunis à Paris, la France ayant libéré « aujourd'hui même » 1,5 Mia euro. Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies est nécessaire pour achever l'opération, destinée au financement de la reconstruction de la Libye. Mais elle rencontre des résistances, notamment de l'Afrique du Sud qui, opposée à l'intervention militaire internationale, a boudé la réunion de Paris. Nicolas SARKOZY : les participants se sont prononcés à la demande expresse du CNT pour la « poursuite des frappes de l'OTAN tant que M. KADHAFI et ses partisans seront une menace pour la Libye ». « M. KADHAFI doit être arrêté et les Libyens décideront librement s'il convient qu'il soit jugé en Libye ou devant les juridictions internationales. Ce n'est pas notre décision ». « Nous sommes bien dans le cadre d'un Etat de droit (mais) il peut y avoir un fait de guerre, des éléments de cette nature ». (le 01) -
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Et voici notre homme de la semaine. Jean‐Pierre RAFFARIN dénonce le projet du gouvernement de faire passer les parcs à thèmes et d'attractions d'une TVA à 5,5% à 19,6%. « Il n'y a pas de majorité au Sénat, l'assemblée des territoires, pour voter une telle disposition. Et on sait que de nombreux parcs à thèmes, comme le Futuroscope, sont des éléments d'aménagement du territoire ». « J'ai aussi constaté qu'il n'y avait pas non plus de majorité à l'Assemblée Nationale ». Il est « socialement contestable de s'attaquer aux parcs à thèmes. Dans une région comme le Poitou‐Charentes, le Futuroscope mais aussi l'Aquarium de La Rochelle et le zoo de la Palmyre ou en Vendée le Puy du Fou, sont des parcs qui développent des capacités pédagogiques et qui permettent à des enfants et à des familles qui ne partent pas en vacances d'avoir des moments de loisirs ». Jean‐Pierre RAFFARIN met en cause les calculs de Bercy qui estime que la hausse de la taxe devrait rapporter 90 Mio euro : « C'est une absurdité, si on augmente la taxe de 15 points, la fréquentation va diminuer. Il y a là une erreur de raisonnement. Le plan Fillon, qui est utile, a été bâti rapidement. Il aurait mérité une consultation en amont. Puisqu'il n'y a pas eu de consultation en amont, il y a maintenant au Parlement concertation en aval ». (le 01 septembre) www.greliermichel.eu
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Jean‐Pierre RAFFARIN annonce que le projet du gouvernement de relever la TVA sur les parcs à thèmes et d'attractions a été abandonné. Lors du petit‐déjeuner de la majorité, Nicolas SARKOZY avait vivement critiqué les propos de Jean‐Pierre RAFFARIN. (le 03) - Apparemment, pour toi, DSK n’est pas l’homme de la semaine. - Non ! Je tiens à résister à « l’acharnement médiatique ». DSK s'est rendu au siège du FMI, à Washington, pour faire ses adieux aux employés et rencontrer brièvement Christine LAGARDE. Le FMI a précisé qu'il s'agissait de rencontres privées, organisées à la demande de DSK, et qu'aucun détail supplémentaire ne serait fourni. Paulo Nogueira BATISTA, représentant du Brésil au comité exécutif du FMI, a raconté que la rencontre avait été « chaleureuse ». Des centaines de personnes s'étaient entassées dans un auditorium des bureaux du FMI pour entendre le discours de leur ex‐patron. DSK a été ovationné à son arrivée dans la salle ainsi qu'au terme de son allocution. L'assemblée était interdite d'accès aux journalistes. (le 30 août) - Thomas, tu peux imaginer le sourire intérieur de Christine LAGARDE s’entretenant avec DSK. - Ou bien même son fou‐rire… intérieur. Près de quatre mois après son arrestation à New York, DSK a regagné la France, sans faire de déclaration. Protégés par un important dispositif policier, DSK et Anne SINCLAIR, souriants, ont récupéré leurs bagages et quitté rapidement l'aéroport. Suivis par des journalistes et photographes à moto, ils sont montés dans une voiture qui les a conduits à leur domicile parisien, place des Vosges, où ils ont retrouvé la même cohue médiatique. Pour Jean‐Marie LE GUEN, DSK « a l'intention de s'exprimer bientôt », ne sachant ni sous quelle forme ni dans quel délai. « Ce que je sais, c'est que sa volonté est de s'expliquer, de parler aux Français », « directement » et « franchement ». « On souhaite entendre sa vérité », mais aussi « sa parole » sur des sujets comme « la grave crise économique et financière ». « Il fait partie de ces quelques hommes et quelques femmes qui peuvent tracer un chemin pour sortir du chaos dans lequel on est en train de s'enfoncer ». - La réaction de Jean‐Marie LE GUEN est normale, c’est un de ses proches amis politiques. Quant au PS… Le retour de DSK en France pourrait s'avérer encombrant pour le PS, à cinq semaines du premier tour des primaires. Les soutiens de DSK se sont largement exprimés dans les médias. Ils ont assuré que leur chef de file en ferait autant prochainement. Jack LANG : DSK et Anne SINCLAIR « ont subi une épreuve terrible. Ils ont fait preuve d'une dignité, une force d'âme, une puissance de caractère et d'un courage assez exceptionnels ». « Je ne sais pas à quel moment, à quelles conditions, mais s'il (DSK) le veux, il peut jouer, pas nécessairement dans la campagne mais la vie du pays, la vie de l'Europe, un rôle très important ». Jean‐Christophe CAMBADELIS : « Le temps de la reconstruction commence ». « Aujourd'hui, DSK est libre de son rythme et de ses choix (...) La sévérité des jugements à www.greliermichel.eu
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l'emporte‐pièce se relativisera (...) La France face à cette crise économique aura besoin de son talent et l'épreuve inouïe l'aura mûri ». Le retour de DSK intervient alors que les candidats socialistes battent campagne et que les sujets de tension ne manquent pas entre les différents camps. Michèle SABBAN : « Le Parti socialiste, je ne pense pas qu'il soit en rien gêné, à part quelques responsables, mais vous savez, nous sommes en primaire, donc ça peut aider M. MONTEBOURG à faire un effet de manche ». Arnaud MONTEBOURG avait estimé que DSK « aurait dû » faire « des excuses » à « la gauche et à l'ensemble des électeurs socialistes ». Pendant l'université d'été de La Rochelle, les ténors socialistes s'en étaient tenus à une ligne de conduite : silence sur DSK. Une gêne liée notamment aux conséquences supposées de l'affaire dans l'opinion publique. Le silence a été rompu par Martine AUBRY : « Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de DSK vis‐à‐vis des femmes ». Ségolène ROYAL a saisi l'occasion pour rétorquer : « Moi, je ne change pas d'avis en fonction des opportunités politiques ou de telle ou telle clientèle électorale (...) J'avance tranquillement sans retourner ma veste au gré des événements »... Autrefois grand favori des sondages en vue de la présidentielle, DSK apparaît désormais comme un handicap potentiel. Quant à François HOLLANDE, il apparaît comme le grand vainqueur de la non‐
candidature de DSK, au regard des enquêtes d'opinion qui le donnent favori de la primaire. (le 04 septembre) - Il me semble que François HOLLANDE verse dans l’ambiguïté sur DSK. Depuis le début de l'affaire, François Hollande affirme avoir fait preuve « à la fois de retenue et en même temps de compassion » pour DSK, « parce que c'était quand même une épreuve », mais également pour « cette femme qui, quoi qu'il advienne, a subi un traumatisme semble‐t‐il ». « On verra bien la procédure civile ». DSK « s'en expliquera ». « A lui de dire le rôle qu'il veut jouer pour son pays ». Interrogé sur le rôle que pourrait occuper DSK dans la campagne électorale, François HOLLANDE dit ne pas vouloir se « couper de quelque talent que ce soit », s'il remportait la primaire. « Il y a une chose qui est certaine : c'est que sa compétence en matière de finances, en matière internationale, est plutôt recherchée et reconnue ». « Ca dépendra de lui ». Placé dans l'hypothèse où il remporterait la présidentielle, François HOLLANDE n'a pas exclu de faire appel à DSK : « Si j'avais la responsabilité du pays au lendemain de l'élection présidentielle 2012, je prendrais tous les talents ». « Dans la situation dans laquelle on est, il fait partie des voix que l'on veut entendre ». François HOLLANDE a refusé de s'exprimer sur l'attitude de DSK vis‐à‐vis des femmes. « J'ai sûrement une opinion mais aujourd'hui je considère que ce qui m'appelle n'est pas de faire des commentaires. Je n'en dirai pas davantage ». - Voici la dernière histoire marseillaise… - Je sais, c’est Martine et Claude sur le Vieux‐Port. - Si tu veux. Martine AUBRY, venue à Marseille en même temps que Claude GUEANT, fustige les mauvais résultats de Nicolas SARKOZY dans la lutte contre la délinquance : « En matière de sécurité, la crédibilité a changé de camp ». « Les Français n'en peuvent plus de toutes ces promesses non tenues ». Nicolas SARKOZY « est chargé de la sécurité depuis dix ans », en www.greliermichel.eu
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rappelant qu’il avait occupé la place Beauvau avant d'être élu en 2007. « Il a échoué ». « Cette politique est un fiasco parce qu'il n'a pas mis en place les réponses qui étaient nécessaires ». « Tout au long de son mandat, Nicolas SARKOZY aura utilisé l'insécurité », au lieu de la combattre. « Les échecs de Nicolas SARKOZY, ils sont là, le fiasco est là », « il va falloir tout reprendre à zéro en 2012 ». « Je serai la présidente de la sécurité pour tous les Français ». (le 29) Martine AUBRY : « les effectifs, c'est le nerf de la guerre ». Dénombrant « 10.700 policiers et gendarmes en moins depuis 2007 », Martine AUBRY rappelle l'un des points du programme socialiste pour la présidentielle : « nous voulons rétablir ces 10.000 policiers », et promet : « Ce sera une des premières mesures qui sera prise » si un socialiste est élu à l'Elysée en 2012. Martine AUBRY prône une réorganisation de la police de façon à mettre « plus de moyens dans les secteurs où on en a le plus besoin », et elle souhaite qu'une loi soit votée pour alourdir les sanctions pour détention d'arme. Elle suggère la création de « centres ouverts » pour les primo‐délinquants et celle de « centres de discipline et de réinsertion » pour les jeunes délinquants en récidive. (le 29) A Marseille, ville‐emblème de la délinquance violente, Claude GUEANT est venu remplacer un préfet délégué à la sécurité dans les Bouches‐du‐Rhône ‐ le troisième en deux ans ‐ pour cause de résultats insuffisants et annoncer des renforts. Claude GUEANT a promis l'arrivée de 116 policiers supplémentaires à Marseille le 01 septembre, et de cinquante autres au cours du même mois. Il entend fidéliser deux compagnies de CRS, soit 200 hommes. Claude GUEANT était venu installer Alain GARDERE, jusque‐là son directeur adjoint de cabinet, nommé en Conseil des ministres. Le sortant, Gilles LECLAIR, sera resté à peine plus de sept mois à Marseille. La visite de Claude GUEANT intervient alors que tous les indicateurs sont au rouge : Marseille est le théâtre de 26 agressions physiques par jour en moyenne. Les vols avec violences ont augmenté de 23% en un an, les cambriolages de 14%, les vols à main armée de 40% et les homicides volontaires de 9%. Claude GUEANT a préféré évoquer d'autres statistiques : à Marseille, la délinquance a reculé de 7,5% depuis 2002. Il analyse : « Il y a beaucoup de petite délinquance qui crée une véritable insécurité ». Claude GUEANT assure qu’en France, la délinquance a chuté de 17% depuis 2002, en calculant que 500.000 victimes avaient été ainsi épargnées entre 2002 et 2010. (le 29 août) www.greliermichel.eu
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Semaine 36 – du lundi 05 au dimanche 11 septembre 2011 Le déficit de la Sécu, les pizzas du PS héraultais - Que vient faire la Libye dans le modeste tas des informations françaises ? - Parce que ces deux informations éclairent des réalités françaises très souvent cachées. Le marché de la reconstruction de la Libye est évalué à 200 Mia US$. L'estimation est fournie par Thierry COURTAIGNE, directeur général de Medef International, au lendemain d'une réunion d'information sur la Libye qui s'est tenue au siège du Medef à Paris en présence de 400 chefs d'entreprise français. Pierre LELLOUCHE a participé à la réunion, de même que de nombreux directeurs de groupes du Cac 40 comme Total, Alcatel ou Bouygues. La France espère profiter de son rôle moteur dans la coalition internationale contre les troupes fidèles à KADHAFI pour bien se placer sur un marché riche en opportunités, comme l'ont promis les nouvelles autorités libyennes. Thierry COURTAIGNE : « La France bénéficie d'un climat de sympathie ». « Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement vu ce que le président de la République a fait mais il est clair que le marché n'est pas à prendre mais à gagner ». « Il va y avoir une très forte concurrence, italienne, américaine ou anglaise. Il faut que l'offre française soit parfaitement ciblée, préparée et compétitive ». « Les entreprises, dont certaines sont déjà à l'œuvre, savent pouvoir compter sur l'aide du gouvernement français ». Les secteurs où la demande est la plus forte sont les infrastructures, la santé, l'agroalimentaire et la sécurité. Des marchés sont notamment à saisir dans les télécommunications et les transports, terrestres et aériens. (le 07) -
C’est le business d’après‐conflit. On participe à la casse et on se fait payer pour reconstruire. Depuis qu'il a été chassé de Tripoli, KADHAFI reste introuvable mais défie régulièrement ses opposants et la communauté internationale via la chaîne de télévision Arraï. Arraï est la propriété de Michane DJABOURI, un Irakien jadis proche d'Oudaï HUSSEIN, l'un des fils de Saddam, qui a gagné la Syrie avant l'intervention des forces américaines en 2003. La chaîne se présente comme une entreprise privée dont le siège se trouve à Damas. Dans le cadre de son programme phare, une émission de libre antenne, un présentateur reçoit des appels téléphoniques de téléspectateurs généralement hostiles aux soulèvements de Libye et de Syrie, qui n'hésitent pas à fustiger les Etats‐Unis, Israël ou l'Otan. L'émission est entrecoupée d'intermèdes poétiques à la gloire de KADHAFI ou de Bachar el‐ASSAD et d'images d'archives montrant les forces américaines sous le feu ennemi en Irak ou en Afghanistan. L'opérateur français Eutelsat s'est dit dans l'impossibilité de cesser de relayer la chaîne, mais a invité son distributeur local Noorsat à y réfléchir. « Cela supposerait une instruction à un niveau supérieur au nôtre (...), au niveau politique ou réglementaire ». Les pouvoirs publics français détiennent 25% du capital d'Eutelsat. (le 09) -
Nos pouvoirs publics financent, partiellement et indirectement, un porte‐voix de KADHAFI. Plus proches de nous et plus directement inquiétant. www.greliermichel.eu
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Le déficit de la Sécurité sociale s'établissait à 29,8 Mia euro fin 2010. La Cour des comptes dénonce une « dégradation sans précédent » des comptes sociaux, avec un déficit qui a « plus que triplé en deux ans (‐8,9 Mia euro en 2008) ». Elle note que l'ONDAM (Objectif national des dépenses d'assurance‐maladie) fixé pour 2010 a été respecté « pour la première fois depuis 1997 ». En cumulant le déficit du régime général, celui des régimes obligatoires et du Fonds de solidarité vieillesse (FSV, ‐4,1 Mia euro), le « trou » atteint donc les 29,8 Mia euro fin 2010. La Cour dénonce une dégradation des comptes sociaux à « caractère historique » et un « niveau exceptionnellement élevé des déficits (qui) ne s'explique que partiellement par la crise économique ». Ainsi, « moins de la moitié » du déficit du régime général « provient de la faiblesse de la conjoncture : les facteurs structurels expliquent environ 0,7 point d'un déficit qui a représenté 1,2 point de PIB en 2010 ». Concernant uniquement le régime général, la branche maladie est la plus déficitaire avec 11,6 Mia euro, suivie de la branche vieillesse (‐8,9 Mia euro), de la famille (‐2,7 Mia euro), et enfin de la branche accidents du travail et maladies professionnelles (‐0,7 Mia euro). La Cour des comptes déplore le fait que l'accumulation de ces déficits « entretient une spirale d'accroissement de la dette sociale : l'endettement du régime général préfinancé par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) a doublé d'une année sur l'autre pour atteindre 49,5 Mia euro et celui porté par la caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) est de 86,7 Mia euro, soit un total de 136,2 Mia euro fin 2010 ». Pour la Cour des comptes, « la dette sociale constitue en elle‐même une anomalie », et « aucun de nos grands voisins européens n'accepte des déséquilibres durables de sa protection sociale ». Et d'appeler à « un effort de réforme multiple dans ses points d'application, continu dans sa durée, et d'une ampleur à la hauteur des enjeux que représente la nécessité de préserver le haut degré de protection sociale de notre pays ». (le 08) - Le plan Fillon d’économies est accepté par le Parlement. Valérie PECRESSE déclare : « le gouvernement a entendu les réserves des uns et des autres » et, pour compenser le maintien de la TVA réduite sur les entrées dans les parcs d'attraction, il propose de taxer à hauteur de 2% les nuitées dans les hôtels de quatre et cinq étoiles. Le rapporteur général de la commission des Finances Gilles CARREZ (UMP) avait proposé une compensation par une taxe de 14% sur le prix des nuitées dans les hôtels de 4 étoiles et plus. « Cette proposition (...) nous a paru excessive », elle « aboutirait à pénaliser un secteur qui est soumis à une très forte concurrence internationale ». Aussi, « le gouvernement pour sa part proposera donc de ramener à 2% le taux de la taxe sur les nuitées d'hôtel proposée par votre rapporteur général ». Seconde proposition qui avait déplu aux parlementaires de la majorité : la suppression pour les résidences secondaires des abattements sur les plus‐values immobilières. Valérie PECRESSE indique que le gouvernement propose de « décaler l'entrée en vigueur du dispositif au 01 février 2012 ». « Nous compenserons le manque à gagner, estimé à 180 Mio euro, par la mise en vigueur anticipée en 2011 d'une mesure que le plan anti‐déficit prévoyait pour 2012 ». « Il s'agit du doublement de la quote‐part pour frais et charges appliquée aux plus‐values sur les titres de participation détenus depuis plus de deux ans par les entreprises ». (le 06) Les députés ont entériné par 163 voix contre 97 plusieurs dispositions du programme www.greliermichel.eu
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d'austérité gouvernemental de 12 Mia euro sur 2011 et 2012. Les groupes UMP et du Nouveau centre (NC) ont voté pour ce projet de loi de finances rectificative. L'opposition de gauche a voté contre, les socialistes s'abstenant sur le volet relatif au plan d'aide à la Grèce. Ce texte, présenté par François BAROIN et Valérie PECRESSE, prévoit le relèvement de 12,5 à 13,5% des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, l'augmentation des taxes sur les conventions d'assurance santé et l'harmonisation du report des déficits en matière d'impôts sur les sociétés (IS). Il ne comporte plus le relèvement de 5,5 à 19,6% de la TVA sur les parcs à thème. Pour compenser cette hausse supprimée, il a été décidé d'instaurer une taxe de 2% sur les nuitées dans les hôtels de luxe d'un montant supérieur ou égal à 200 euro, suscitant la colère des propriétaires de ce genre d'établissements. Le Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat) déplore « une mesure prise dans la précipitation, sans concertation avec les professionnels » qui touche « la grande majorité de l'hôtellerie et pas uniquement l'hôtellerie de luxe ». La suppression de l'abattement de 10% par an sur les plus‐values immobilières ‐ hors résidences principales ‐ a été abandonnée. L'exonération actuellement totale à partir de 15 ans de détention sera désormais complète, mais au‐delà de 30 ans. L'exonération sera de 2% par an entre 5 et 15 ans de détention, puis de 3% par an jusqu'à 25 ans et 10% par an entre 25 et 30 ans. Afin de compenser cette perte de recettes, il a été décidé de supprimer le régime du bénéfice mondial consolidé (BMC) qui permet de déduire des bénéfices de la maison mère française les déficits de ses filiales à l'étranger. A l'issue de l'examen de ce collectif par les députés, le déficit prévisionnel de l'Etat pour 2011 s'élève à 95,5 Mia euro, soit une aggravation de 3,2 Mia euro par rapport au précédent collectif de juin. Le déficit initial prévu dans le budget 2011 voté en décembre s'élevait à 91,6 Mia euro. François HOLLANDE a dénoncé un « plan incohérent et injuste qui ne permettra pas de redresser les finances publiques ». « Ce sera à nous de le faire en 2012 et, je l'espère, pour cinq ans ». (le 07) Le Sénat a adopté un projet de loi de finances rectificative, ou collectif budgétaire, dans les mêmes termes que l'Assemblée. L'UMP et les centristes ont voté pour. L'opposition de gauche a voté contre, les socialistes et radicaux de gauche s'abstenant sur le volet relatif au plan d'aide à la Grèce. Philippe MARINI (UMP) avait plaidé en faveur d'une adoption « rapide et conforme » du collectif. Nicole BRICQ (PS), a jugé que « l'absence de toute action structurelle sur la demande pour contrebalancer les politiques d'austérité est dramatique ». « Si nous manifestons notre solidarité avec le peuple grec, nous ne pouvons accepter les dispositions fiscales choquantes et injustes que contient ce texte ». (le 08) -
Duel à l’Assemblée sur la « Règle d’or ». François FILLON, en réponse à Jean‐Marc AYRAULT, a exhorté les députés de l'opposition à accepter d'« engager le débat » sur l'introduction de la « règle d'or » budgétaire dans la Constitution. « Aujourd'hui la question qui est posée, en particulier à l'opposition, ce n'est pas que vous renonciez à vos convictions, ce n'est pas que vous renonciez à la bataille électorale (...) c'est simplement que dans une situation qui est une situation périlleuse pour l'ensemble de l'Union européenne (...) vous preniez quelques www.greliermichel.eu
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engagements qui montrent (...) que la confiance dans les finances publiques françaises est une confiance dans la durée ». « Je vous demande simplement deux choses : renoncez ‐ comme vous ne l'avez pas encore fait ‐ à promettre que vous reviendrez sur l'âge de la retraite à 60 ans, parce que c'est une promesse qui est insensée ». « Deuxièmement, engagez avec nous le débat sur l'introduction dans la Constitution de règles qui permettraient de protéger nos concitoyens ». « Personne ne vous demande de dire oui au gouvernement sans discussion, mais au moins montrez que vous êtes des hommes et des femmes ouverts au dialogue ». Jean‐Marc AYRAULT critiquait une politique « injuste » et indécente » : « Vous utilisez la crise pour entraîner le pays vers plus de libéralisme encore, alors que c'est précisément ses excès qui nous ont conduit à cette situation. Vous utilisez la crise pour affaiblir l'Etat, rétrécir ses domaines d'intervention (...), pour taxer encore davantage les Français tout en épargnant les plus riches ». (le 07) -
Nouveauté de la semaine à propos de DSK, ce n’est plus lui qui est au centre des informations, c’est le positionnement éclaté des uns et des autres le concernant qui domine. Interrogé sur les attentes du PS vis‐à‐vis de DSK en vue de l'échéance de 2012, Benoît HAMON a répondu qu'il ne souhaitait « rien ». « Il fera ce qu'il voudra ». « S'il doit parler, c'est bien ». « S'il ne parle pas, ça ne changera pas le fait qu'en ce qui nous concerne, nous restons concentrés sur ce qui relève de l'action politique de court et de moyen termes ». Le retour de DSK « est pour nous une contingence extérieure ». « Mais cela ne change pas notre calendrier ». Quant aux compétences de DSK dans le contexte actuel de crise, elles ont été jugées « utiles, pas indispensables ». « Personne n'est indispensable ». (le 05) -
Restons au Parti socialiste. Un dossier se referme et un éclat de rire. Harlem DESIR a demandé à Jean‐Noël GUERINI de « se retirer du Parti socialiste et de toutes ses fonctions et responsabilités politiques, notamment de la présidence du conseil général des Bouches‐du‐Rhône ». Jean‐Noël GUERINI a été « mis en examen pour des faits d'une extrême gravité, notamment pour association de malfaiteurs ». « Je l'appelle à tirer toutes les conclusions de cette mise en examen ». « Je ne laisserai personne salir la réputation du Parti socialiste, ni trahir la confiance de ses militants », tout en disant respecter « la présomption d'innocence ». « Jean‐Noël GUERINI doit pouvoir se défendre, mais je serai d'une totale intransigeance à l'égard de ceux qui voudront porter atteinte à la dignité et à l'intérêt général des socialistes ». « Aucune forme d'ambiguïté n'est acceptable face aux accusations d'une extrême gravité portées par le juge au terme de son enquête. Il faut donc de la clarté et de la fermeté (...). Cette mise en examen doit marquer la fin du système Guérini, une nouvelle page doit maintenant s'ouvrir pour les socialistes des Bouches‐du‐Rhône, le temps du système Guérini est terminé, le temps de la rénovation est venu ». (le 08) Jean‐Noël GUERINI s'est mis en congé du PS. Il a délégué une partie de ses prérogatives de président, mais a refusé de démissionner. La fédération socialiste des Bouches‐du‐Rhône a « salué le choix de Jean‐Noël GUERINI de se mettre en congé du PS ». Elle rappelle toutefois qu'« une mise en examen n'équivaut pas à une condamnation » et « appelle au respect de la présomption d'innocence ». Emmené par son nouveau premier secrétaire fédéral Jean‐David CIOT, le Parti socialiste www.greliermichel.eu
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des Bouches‐du‐Rhône a installé son nouveau conseil fédéral. (le 09) La direction du Parti socialiste a porté plainte contre la direction de la Fédération socialiste du département de l'Hérault, qu'elle a mise sous tutelle avec à sa tête « une direction collégiale », en remplacement de Robert NAVARRO, exclu du parti en février 2010. Sont en cause des dépenses de déplacements importantes, comme des billets d'avions, pour un montant de 90.000 euro dont auraient bénéficiés Robert NAVARRO et sa famille et que la fédération aurait payée à tort. L'expert a retrouvé également des factures d'une pizzeria qui représentent « 47 % du poste 'réceptions' en 2010 ». Le comptable a mis aussi la main sur des factures de pizzas, imputées à la fédération, qui s'élèveraient au minimum à un montant total de 19.710 euro en 2008, et qui représentent encore plus de 1.800 euro de pizzas par mois. Entre 2008 et 2010, Robert NAVARRO aurait commandé en tout pour 42.000 euro de pizzas. (le 07) -
Plus sérieux politiquement, Martine AUBRY est en campagne. Toulouse, premier meeting de campagne en vue des primaires. Devant une salle comble (2.000 personnes), Martine AUBRY se déclare « prête à présider la République pour redresser notre pays », « prête pour lui inventer un avenir rassemblant les Français dans la justice, pour que demain soit meilleur qu'aujourd'hui, pour retrouver le chemin du progrès ». Faisant référence à François MITTERRAND qui avait pour habitude de terminer ses campagnes à Toulouse, Martine AUBRY déclare qu'elle veut que « tout commence à Toulouse pour que le fil soit renoué avec 1981 et 1988 ». « La gauche pour moi, c'est et ce sera toujours changer la vie ». Après s'être dite « prête » pour « combattre le chômage de masse », pour « refaire de la France une grande nation éducative », Martine AUBRY fait la promesse, dans ce qu'elle présente comme « le serment de Toulouse », de faire de la France une « République exemplaire ». « 2012 doit marquer le retour de la justice et de l'exemplarité républicaine. Le pouvoir doit écouter les citoyens et non pas mettre sur écoute les journalistes », faisant allusion à un journaliste du Monde. Martine AUBRY s'engage à ce que « les responsables de l'audiovisuel public ne soient plus nommés par l'Elysée » et à « encadrer les rémunérations de un à vingt » des patrons d'entreprises dans lesquelles l'Etat est actionnaire. Au chapitre des promesses pour une « République exemplaire », Martine AUBRY s'engage à réduire la rémunération du chef de l'Etat et des ministres, à « abroger la réforme territoriale » et à « instaurer le non‐cumul des mandats ». Sur les 35 heures, Martine AUBRY se dit « heureuse de la réduction du temps de travail, la dernière grande réforme qui a été faite pour les salariés et non pas pour les financiers ». Elle défend la Couverture maladie universelle (CMU), sa seconde grande réforme, qui résume ce que doit être la gauche, « l'ambition et le sérieux ». Afghanistan : Martine AUBRY annonce qu'elle retirera les troupes françaises engagées dans ce pays « avant décembre 2012 ». Volet économique : Martine AUBRY indique qu'elle mettra en place le « principe délocalisateur‐payeur » et que l'égalité salariale entre les hommes et les femmes sera la première loi qu'elle fera voter. Favorable à un « nouvel ordre social et écologique », Martine AUBRY, qui estime nécessaire que « les revenus du capital soient taxés comme les revenus du travail », déclare qu'elle veut engager la France « sur la voie de la sobriété énergétique, et la sortie progressive, mais effective, du nucléaire ». www.greliermichel.eu
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Education : Martine AUBRY annonce pour la rentrée 2012 la remise en place de la formation des enseignants, l'annulation des suppressions de postes et le rétablissement de la carte scolaire. Sécurité : « il faut tout reprendre à zéro ». « Pour donner à la police les moyens de remplir sa mission républicaine, nous recréerons 10.000 postes de policiers complémentaires ». Venue présenter son projet aux militants de la fédération de Haute‐Garonne du Parti socialiste, la cinquième de France avec 6.500 adhérents, et plus largement aux sympathisants de gauche, Martine AUBRY, en congé de ses responsabilités de Première secrétaire, s'est déjà assurée du soutien des principaux élus socialistes locaux pour les primaires d'octobre, et notamment Martin MALVY et Pierre COHEN. Arnaud MONTEBOURG est attendu à Toulouse le 20 septembre. François HOLLANDE s’y rendra le 06 octobre. (le 07) -
Martine AUBRY accuse… Martine AUBRY accuse : Nicolas SARKOZY « est en train de construire la prochaine récession dans notre pays ». Les socialistes voteront contre le budget proposé par le gouvernement et s'abstiendront sur le plan d'aide à la Grèce. Martine AUBRY juge « injuste et inefficace » la politique du gouvernement. « Si l'on veut réduire vraiment les déficits, il ne faut pas tuer la croissance ». Le budget « ignore l'emploi, l'investissement et la politique industrielle, et augmente les impôts sur les classes moyennes et populaires ». « Nous voterons contre ». Martine AUBRY déplore que le plan d'aide à la Grèce ait été « trop brutal » dans les contreparties exigées. « Le remède est pire que le mal, les dégâts sociaux sont là ». « Donc, nous nous abstiendrons pour dire que nous voulons la solidarité avec la Grèce, mais que nous voulons un autre équilibre entre croissance et réduction des déficits et que l'on s'attaque enfin à la racine des problèmes ». « L'Europe a besoin non pas de pompiers, mais d'architectes qui réguleront enfin sérieusement la finance ». Martine AUBRY promet, si elle est élue en 2012, d'annuler « 50 des 70 Mia euro de niches fiscales accordés par la droite ». Elle s'engage à en affecter « la moitié à la réduction du déficit et l'autre au financement de (ses) priorités, notamment l'emploi, l'école et la sécurité ». Dans sa ligne de mire : « la niche Copé », un « incroyable gâchis » : « 22 Mia euro (...) dépensés pour baisser les impôts des sociétés qui se séparent de leurs filiales ». Les socialistes entendent aussi supprimer des avantages fiscaux dont bénéficient des « multipropriétaires », les personnes qui possèdent plusieurs logements. Martine AUBRY veut aussi s'attaquer à la défiscalisation des heures supplémentaires, qui constitue à ses yeux une « arme de destruction massive de l'emploi ». Martine AUBRY « propose de supprimer ces subventions et de financer avec cela la création de 300.000 emplois pour les jeunes et une augmentation de la Prime pour l'emploi ». (le 05) -
Sur DSK Martine AUBRY a refusé de dire si DSK aurait une place dans son équipe si elle remportait l'investiture PS puis l'élection présidentielle. Elle a éludé plusieurs fois la question en expliquant qu'elle préférait « attendre que DSK s'exprime ». Elle a concédé : « Je sais qu'il a envie d'être utile et je sais aussi que sa voix, ses compétences vont compter pour la gauche, pour la France, pour l'Europe ». (le 05) www.greliermichel.eu
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François HOLLANDE aurait‐il trouvé un « fromage » pour sa campagne ? François HOLLANDE demande à Michel MERCIER l'ouverture d'une « procédure judiciaire » après les accusations de l'avocat Robert BOURGI selon lequel des mallettes de billets auraient été reçues par Jacques CHIRAC et Dominique de VILLEPIN entre 1995 et 2005. Robert BOURGI fait savoir : « Si la justice veut m'interroger, je suis là », en démentant être le conseiller Afrique de Nicolas SARKOZY. Le successeur de Jacques FOCCART affirme que cinq chefs d'Etat africains ‐ Abdoulaye WADE (Sénégal), Blaise COMPAORE (Burkina Faso), Laurent GBAGBO (Côte d'Ivoire), Denis SASSOU‐
NGUESSO (Congo‐Brazzaville) et Omar BONGO (Gabon) ‐ ont versé environ 10 Mio US$ au camp Chirac pour la présidentielle 2002. Dominique de VILLEPIN réagit : « ces allégations sont mensongères et indignes » et, celui qui fut secrétaire général de l'Elysée sous Jacques CHIRAC, note qu'on « voit ce lapin sortir du chapeau à un moment très particulier », c'est à dire pendant le procès de Jacques CHIRAC pour des emplois fictifs présumés et avant la décision de la cour d'appel sur l'affaire Clearstream. François HOLLANDE demande « que le Garde des sceaux puisse demander au parquet d'ouvrir immédiatement une procédure judiciaire parce qu'on doit savoir ce qui s'est passé pendant toutes ces années, parce que ce sont des graves infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales et peut‐être même davantage ». Jean VEIL, l’avocat de Jacques CHIRAC, a décidé de porter plainte pour diffamation contre Robert BOURGI. « Il est pour le moins suspect et pour tout dire scandaleux que M. BOURGI ait attendu que le président CHIRAC ne soit plus en mesure de se défendre pour soulager son âme délicate du poids écrasant qui, semble‐t‐il, pesait sur sa conscience depuis tant d'années ». (le 11) -
Sur DSK. Cécile DUFLOT, s'exprimant à titre personnel et non en tant que secrétaire nationale d'Europe Ecologie‐Les Verts (EELV) : « C'est insensé que cet homme (DSK) soit revenu avec des applaudissements à l'aéroport ». « Je pense que la justice américaine a fait son travail et qu'il faut le respecter mais que les politiques en France ont aussi un devoir d'une certaine exemplarité ». Elle déplore « un malaise collectif assez notable ». Interrogée sur son éventuelle participation, en cas de victoire de la gauche, à un gouvernement au sein duquel siègerait DSK, Cécile DUFLOT : « C'est une bonne question », « Je n'ai pas de réponse à l'instant ». (le 06) -
Restons chez les Verts et leur candidate. Eva JOLY devait être entendue au commissariat central de Marseille, dans le cadre d'une plainte en diffamation déposée contre elle par Patrick OLLIER. Une vingtaine de personnes ont déjà été auditionnées dans ce dossier, à la suite de propos tenus pendant les élections cantonales. Lors d'une réunion publique en mars à Marseille, Eva JOLY avait déclaré à propos de Patrick OLLIER : « Il préside l'amitié franco‐libyenne au Parlement en France » et « a effectué une vingtaine de voyages d'amitié avec le président KADHAFI et ces voyages ont été suivis de ventes d'armes. Des armes qui aujourd'hui tirent sur les foules ». Patrick OLLIER avait annoncé le 04 mars qu'il déposerait plainte pour ces propos qu'il jugeait « diffamatoires ». (le 09) www.greliermichel.eu
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Rappelle‐moi, c’est bien lui qui était du voyage tunisien en début d’année ? Oui, c’est le ministre‐compagnon de MAM, Michèle ALLIOT‐MARIE. Les vacances sont finies, aussi, pour Marine LE PEN. « 15 Mia euro au bénéfice du deuxième plan de renflouement de la Grèce (…), c’est deux fois ce qu’on donné chaque année à notre Justice pour fonctionner. C’est davantage que le déficit des retraites cette année ! ». Pendant que Marine LE PEN prononçait ces mots, des membres du Front national jeune (FNJ) jetaient de faux billets de 500 euro dans la Seine depuis le pont de la Concorde. « Le geste qu’ils viennent d’accomplir (…) symbolise parfaitement ce que plusieurs centaines de députés de l’UMP et du PS sont en train de faire avec l’argent des Français : le jeter à l’eau ». Le lieu choisi est doublement symbolique. Il fait face à la représentation de la Commission et du Parlement européen à Paris, deux institutions accusées de tous les maux par Marine LE PEN. Mais le FN avait aussi choisi d'être face à l’Assemblée nationale où les députés ont débattu sur le nouveau plan d’aide à la Grèce. François FILLON a estimé la participation française à ce sauvetage à 15 Mia euro. Poursuivant sa diatribe anti‐européenne, Marine LE PEN a opposé les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement, et l'aide aux pays de l'UE en difficulté (Grèce, Irlande et Portugal) qui ne serait que « pure folie ». Ces Etats n'ayant pas, selon Marine LE PEN, la capacité de rembourser l'argent prêté. « Pourquoi continuer d’aggraver notre propre dette pour renflouer la dette des autres ? (…), alors qu’on voit bien que ça ne sert strictement à rien ? ». La solidarité européenne ne serait que chimère et le résultat de la soumission des gouvernements actuels aux « banques ». Fidèle à sa ligne politique, Marine LE PEN a martelé qu’en cas de victoire à la présidentielle, elle ferait en sorte que « pas un centime français » ne quitterait la France. Elle s'est également engagée à traiter « à la racine le problème, avec les partenaires européens ». Le Front national a toujours plaidé en faveur d’une sortie de l’UE. Marine LE PEN a d’ailleurs fustigé « l’argent versé à l’Union européenne sans retour ». Tous les ans, la France attribue 19 Mia euro au budget communautaire et récupère 12 Mia euro, principalement grâce à la Politique agricole commune. Selon Marine LE PEN, il n'y a qu'une seule règle d'or, celle « d'agir réellement dans l'intérêt supérieur de la nation et de notre peuple ». Marine LE PEN semble bien avoir choisi la lutte contre l’UE comme l'un de ses thèmes phares de campagne. (le 06) -
Et pour finir, sur DSK. Pour sa première déclaration depuis le retour de DSK, Tristane BANON juge qu'il « y a un vrai problème dans ce pays, des choses doivent changer. Le viol et la violence faite aux femmes ne peuvent être banalisés, l'argent et le pouvoir ne sauraient être au‐dessus des lois. Ou sinon je n'ai rien compris, ou sinon je n'ai que trop compris ». « Pourtant, ce qui se joue depuis six jours me donne la nausée ». « J'entends les gens qui m'arrêtent dans la rue, j'entends les gens qui veulent protester, se faire entendre, crier que le Code pénal doit être le même pour tous et qu'un jugement doit advenir, qui condamnera ou non mais qui doit être prononcé. J'entends les gens me dire leur écœurement ». « Je ne peux pas croire que mon pays accueille en héros un homme qui n'a pas été blanchi ». « Je ne peux pas croire que mon pays ait à ce point oublié que l'égalité pour tous faisait partie de sa Constitution, et celle entre l'homme et la femme de son combat ». Tristane BANON participera à un rassemblement que prévoient d'organiser plusieurs www.greliermichel.eu
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associations le 24 septembre près du Palais de Justice. Ce jour‐là, « je serai aux côtés de celles et ceux qui voudront dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, je serai devant le Palais de Justice avec vous car au‐delà de moi, ce qui se joue en France aujourd'hui est grave pour toutes les femmes, et pour le pays (...). Je ne m'endormirai pas le 24 septembre au soir sans me dire que j'aurais essayé de changer cette injustice‐là ». Europe Ecologie‐Les Verts (EELV) va organiser un rassemblement contre le viol place des Vosges à Paris, où réside DSK. Dénonçant « l'indécence » avec laquelle le retour de DSK est accueilli, EELV note qu'à « entendre certaines analyses publiées ici et là, les notions même de viol et de harcèlement sexuel paraissent remises en cause par cet abandon des poursuites ». EELV dit exiger « que tous les hommes accusés de viols et d'agressions soient jugés avec le sérieux que ces crimes requièrent et que leurs victimes soient reconnues en tant que telles »: qu'on les accueille dignement, qu'on les écoute véritablement et que justice leur soit rendue ». www.greliermichel.eu
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Semaine 37 – du lundi 12 au dimanche 18 septembre 2011 Primaire PS : un 1er débat « courtois » et « propret » Le scrutin se déroulera, comme pour les élections classiques, dans des mairies et des écoles. Mais les bureaux de vote seront moins nombreux : quelque 85.000 d'habitude, un peu moins de 10.000 pour les primaires socialistes. Plusieurs sites seront donc regroupés en un. Il y aura au moins un bureau de vote par canton. Pour savoir où voter, les sympathisants de gauche peuvent consulter le site internet mis en place par le PS. Il leur suffit d'entrer le code postal de leur commune, et de sélectionner leur bureau de vote habituel, pour que le système informatique leur indique où se rendre pour les primaires citoyennes. Certains seront dirigés vers leur bureau habituel, d'autres vers un bureau voisin. Tous les Français inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2010 peuvent voter. Le scrutin est aussi ouvert aux mineurs qui auront 18 ans au moment de la présidentielle, aux étrangers et aux mineurs membres du PS ou du MJS ‐ à condition qu'ils se soient préinscrits sur le site des primaires avant le 13 juillet. Le dimanche 09 octobre, chaque sympathisant de gauche pourra se rendre avec une pièce d'identité dans son bureau de vote pour les primaires. Avant de se rendre dans l'isoloir, il devra signer la charte suivante : « Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d'une société de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire ». Il devra aussi verser au moins un euro pour participer aux frais d'organisation. Il n'est possible de voter ni sur internet ni par procuration. Seuls les Français de l'étranger résidant dans un pays ou une ville où n'existe pas de bureau de vote physique pourront voter par correspondance, et uniquement après s'être préinscrits. Au premier tour, six candidats sont en lice : Martine AUBRY, Jean‐Michel BAYLET, François HOLLANDE, Arnaud MONTEBOURG, Ségolène ROYAL et Manuel VALLS. Auparavant, ils s'affronteront lors de trois débats télévisés : le jeudi 15 septembre, le mercredi 28 septembre et le mercredi 05 octobre. Si aucun d'entre eux n'obtient plus de 50% des voix le 09 octobre, les deux candidats arrivés en tête sont qualifiés pour le second tour, organisé le dimanche 16 octobre. Particularité pour les départements et territoires d'outre‐mer situés à l'ouest de la métropole : le scrutin a lieu la veille (les samedis 08 et 15 octobre) en Guadeloupe, Guyane, Martinique, à Saint‐Barthélemy, Saint‐Martin, Saint‐Pierre‐et‐Miquelon et en Polynésie française. Idem pour les Français de l'étranger votant sur le continent américain. Les personnes qui ont raté le premier tour pourront voter au second. Elles devront alors s'acquitter de l'euro de participation aux frais d'organisation ‐ qui sera facultatif pour les électeurs ayant émargé au premier tour. Les bureaux de vote, tenus par des bénévoles, seront ouverts de 09 h à 19 h. Les listes électorales seront détruites immédiatement après la proclamation officielle des résultats définitifs. (le 13) François HOLLANDE, Martine AUBRY, Ségolène ROYAL, Arnaud MONTEBOURG, Manuel VALLS et Jean‐Michel BAYLET se retrouvent pour débattre de leurs propositions, à un peu plus de trois semaines du premier tour des primaires. Ce premier débat sera le seul à être diffusé sur une grande chaîne. Les deux suivants seront retransmis par des chaînes d'information. Les six prétendants à l'investiture se présenteront brièvement. Puis, à tour de rôle, ils www.greliermichel.eu
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seront interrogés pendant dix minutes sur leur programme par les journalistes. Enfin, ils échangeront tous ensemble pendant 50 minutes. Au cours de ce débat, François HOLLANDE tentera de conforter son avance dans les sondages tandis que ses concurrentes les plus sérieuses Martine AUBRY et Ségolène ROYAL s'efforceront de rattraper leur retard. Pour les outsiders, Arnaud MONTEBOURG et Manuel VALLS, il s'agira de convaincre assez pour pouvoir peser sur la suite des événements. Enfin, Jean‐Michel BAYLET profitera de cette tribune à une heure de grande écoute pour défendre les idées de son PRG (Parti radical de gauche). François HOLLANDE fait figure de grand favori. Sa campagne porte sur un « contrat de génération » : chaque employeur qui garderait un senior jusqu'à la retraite et qui embaucherait en même temps un jeune de moins de 25 ans en CDI serait exonéré de cotisations sociales sur les deux emplois. Martine AUBRY milite pour une « République exemplaire », elle prône la création de 300.000 « emplois d'avenir » pour les jeunes et promet l'égalité salariale homme‐femme si elle accède à l'Elysée. Martine AUBRY se place aussi sur le terrain de la sécurité en s'engageant à rétablir les 10.000 postes de policiers supprimés durant la présidence de Nicolas SARKOZY. Ségolène ROYAL reprend les idées qu'elle avait défendues en 2007. Parmi ses thèmes de prédilection : « l'ordre juste ». Elle fait valoir son expérience de candidate « aguerrie » qui a déjà affronté Nicolas SARKOZY. Arnaud MONTEBOURG fait campagne sur la « démondialisation financière ». Le benjamin des primaires (48 ans) est aussi le plus à gauche. Il réclame une « loi de sécurisation de l'économie » qui démantèlerait les agences de notation, qui interdirait aux banques de spéculer avec l'argent de leurs clients et qui fermerait leurs filiales situées dans les paradis fiscaux. Manuel VALLS est situé à l'autre bout du spectre : il est le candidat le plus à droite. Chantre de la rigueur budgétaire, il s'est tout récemment déclaré favorable à des quotas migratoires. Jean‐Michel BAYLET va « défendre les valeurs du radicalisme » ‐ notamment la laïcité. Il entend aussi « poser la première pierre du rassemblement de la gauche pour 2012 ». (le 14) Les six candidats se sont brièvement présentés à l'ouverture du premier débat télévisé qui les opposait. Martine AUBRY a fait valoir qu'en tant que ministre elle avait réussi à faire « reculer le chômage » et « rétablir les comptes de la Sécurité sociale ». « Je suis déterminée et je suis prête ». Manuel VALLS a expliqué vouloir « incarner une gauche qui dit la vérité et qui redonne l'espoir ». « Ma priorité, c'est le désendettement de notre pays ». Arnaud MONTEBOURG, se présentant comme l'enfant d'une République « mélangée qui a fait la France », a rappelé que « les responsables de la crise sont connus : la finance mondiale et les gouvernements qui ont démissionné devant elle ». « On pourra surmonter ces périls si nous affrontons la finance et si nous reprenons le contrôle de l'économie ». Jean‐Michel BAYLET s'est présenté comme « un chef d'entreprise engagé à gauche ». Le président du PRG (Parti radical de gauche) entend porter les valeurs d'une « gauche républicaine, moderne ». Ségolène ROYAL a interpellé les téléspectateurs par un : « Vous qui avez perdu et qui avez peur de perdre encore ». Elle a rappelé qu'elle était le quatrième enfant d'une famille nombreuse, qu'elle avait été boursière, et avait « franchi les obstacles sans relation et sans piston ». « Je veux reconstruire l'escalier social pour tous ceux qui font des efforts ». www.greliermichel.eu
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François HOLLANDE a souligné : « Nous sommes dans un moment décisif ». « Il faut qu'il y ait une grande espérance » en faisant de la jeunesse une priorité de sa candidature. « J'ai fait un long chemin pour être devant les Français ». (le 15) Les six candidats ont été interrogés à tour de rôle sur leurs propositions emblématiques. Arnaud MONTEBOURG a proposé un « blocage généralisé des loyers » et le paiement des allocations familiales dès le premier enfant ‐ avec un bonus pour les mères isolées. Il a aussi souhaité que les banques soient mises « sous tutelle » et que les entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires soient contraintes d'octroyer des primes à leurs salariés. Jean‐Michel BAYLET a suggéré de créer un impôt unique sur les sociétés. Il a également défendu la légalisation du cannabis et le droit à mourir dans la dignité. Ségolène ROYAL a proposé une réforme des banques « pour que les banques obéissent au lieu de commander ». Elle promet : « Je ne ferai pas de hausse d'impôts », admettant tout de même qu'une fiscalité « plus équitable » pèserait davantage sur les ménages aisés. Interrogée sur l'encadrement militaire des jeunes délinquants, une proposition qu'elle avait formulée en 2007 et que Nicolas SARKOZY a repris, elle a noté : « s'il se rallie à mes bonnes idées, ça prouve que nous avons perdu cinq ans ». Evoquant les récents scandales politico‐financiers, elle a dénoncé « un régime à bout de souffle, un régime corrompu », promettant ‐ si elle accède à l'Elysée ‐ d'être « la garante de la morale publique ». François HOLLANDE, faisant de la jeunesse la priorité de son projet, a défendu deux mesures phares. Il entend créer quelque 60.000 postes dans l'Education nationale sur plusieurs années. Et il offre un « contrat de génération » : chaque employeur qui garderait un senior jusqu'à la retraite et qui embaucherait en même temps un jeune de moins de 25 ans en CDI serait exonéré de cotisations sociales sur les deux emplois. Il a proposé de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% actuellement à 50% en 2025. Manuel VALLS, qui s'est fixé comme priorité la réduction des déficits publics, avertit : « Nous ne pourrons pas dépenser un euro supplémentaire ». Le plus à droite des six candidats a suggéré la mise en place d'une TVA sociale. Et il a défendu l'idée de quotas d'immigration par métier. Martine AUBRY a promis de créer 300.000 emplois d'avenir, dont 100.000 dès la première année. Elle veut interdire les stages pour les jeunes déjà diplômés et imposer ainsi aux employeurs de les embaucher aux conditions de la convention collective concernée. Elle propose aussi de bloquer les loyers. Elle souhaite diminuer les déficits publics tout en relançant la croissance, un projet financé par la suppression des niches fiscales. (le 15) Les six prétendants ont défendu leurs idées dans un débat propret. François HOLLANDE a soigné sa posture de présidentiable, face à Martine AUBRY, qui a gagné en assurance au cours de la discussion, et à Ségolène ROYAL, très à l'aise dans son costume de candidate aguerrie par son expérience de 2007. Comme les outsiders Arnaud MONTEBOURG, Manuel VALLS et Jean‐Michel BAYLET, le trio de tête des enquêtes d'opinion a marqué ses différences avec un excès de courtoisie. Seuls François HOLLANDE et Martine AUBRY ont échangé quelques piques très polies, notamment sur le nucléaire. Martine AUBRY a critiqué le « contrat de génération » défendu par François HOLLANDE. Une mesure qui coûte cher et qui « ne marche pas ». François HOLLANDE a demandé à Martine AUBRY de fixer ses objectifs sur l'énergie atomique, la pressant de questions sur l'EPR de Flamanville. Martine AUBRY a suggéré www.greliermichel.eu
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un débat public. « Il y a eu de la clarté, pas forcément lumineuse mais il y a eu de la clarté », a commenté François HOLLANDE. Autre point de divergence : la réduction des déficits. Manuel VALLS s'est fixé comme priorité « le désendettement de notre pays ». « Un Etat ne peut pas vivre avec de tels déficits », et il prône un retour rapide à l'équilibre. Arnaud MONTEBOURG a donné la primauté à la relance. Il avertit : « Plus on fait d'économies, moins on fait d'activité et moins on peut rembourser nos dettes ». Ségolène ROYAL s'est prononcée contre un « remède de cheval » à la grecque. Martine AUBRY a proposé de diminuer les déficits publics tout en relançant la croissance, un projet financé par la suppression des niches fiscales. (le 15) -
Il a fait un beau voyage, rapide, en Libye. Mais pour y faire quoi ? Parler d’aides à la démocratie, de l’arrivée du CNT à l’ONU, de la poursuite de la protection aérienne des populations, de la fourniture de matériel scolaire. Pas du pétrole ? Bien sûr que non. Mais les arrière‐pensées étaient visibles jusque dans ses sourires et ses poignées de mains. Un représentant du CNT annonce que Nicolas SARKOZY et David CAMERON vont se rendre en Libye. Nicolas SARKOZY est le premier chef d'Etat à visiter la Libye depuis le début du soulèvement contre le régime de KADHAFI. Leur visite n'a pas été confirmée officiellement par leurs services. (le 14) Nicolas SARKOZY est arrivé à Tripoli, où il a retrouvé David CAMERON. Les deux responsables, accompagnés de leur ministre des Affaires étrangères, doivent évoquer les aides à la Libye vers la transition démocratique avec des représentants du CNT. (le 15) Nicolas SARKOZY assure « qu'il n'y a aucun accord, qu'il n'y a aucun 'dessous de main' quant aux richesses de la Libye, que nous‐mêmes nous ne demandons aucune préférence et aucun passe‐droit ». Il souhaite que les futurs marchés liés au pétrole soient attribués via des « appels d'offre ». « C'est la meilleure récompense que pourra nous adresser la Libye que de se comporter comme un Etat de droit ». (le 15) Nicolas SARKOZY déclare, en présence de David CAMERON, Moustapha ABDELJALI et Mahmoud DJIBRIL : « Naturellement, l'engagement aux côtés du peuple libyen n'est pas terminé, tant que la paix sera menacée, la France restera à vos côtés ». « M. KADHAFI doit être arrêté et tous ceux qui sont inculpés par une juridiction internationale doivent rendre des comptes sur ce qu'ils ont fait ». Evoquant le Niger : « Nous appelons tous les pays ayant sur leur sol des personnes recherchées à travailler avec les instances internationales ». Selon Mahmoud DJIBRIL, les négociations entre la France, la Grande‐Bretagne et le CNT ont porté sur plusieurs points : « le soutien politique par les deux pays, notamment en ce qui concerne le retour de la Libye à l'Assemblée générale de l'ONU ». Paris et Londres acceptent de soutenir le CNT sur ce sujet. « Nous avons également demandé à l'alliance de continuer sa mission de protection ». En outre, la France accepte de soutenir la reprise de la scolarité des jeunes Libyens « en fournissant du matériel scolaire ». (le 15) www.greliermichel.eu
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Dans un discours prononcé à Benghazi, aux côtés de David CAMERON, Nicolas SARKOZY prône le « pardon » et la « réconciliation ». Il appelle les habitants à maintenir une « Libye unie ». « Jeunes de Benghazi, jeunes de Libye, jeunes arabes, la France, je vous dis son amitié et son soutien ». « Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique. La France, la Grande‐Bretagne, l'Europe seront toujours aux côtés du peuple libyen ». (le 15) -
Tu dois apprécier cette prise de position ferme de la France à propos de cette monstruosité syrienne. Oui Thomas. Le ministère français des Affaires étrangères condamne « le meurtre révoltant du jeune militant pacifique Ghiath MATAR, arrêté le 06 septembre par les forces de sécurité syriennes en raison de son engagement au sein du comité de coordination de Daraya, dans la banlieue de Damas ». « Ghiath MATAR est décédé à la suite de tortures qui lui ont été infligées ». La France « continue d'appeler les autorités syriennes à mettre fin aux violences et à libérer tous les prisonniers politiques ». « Elle attend la libération immédiate de Yahya CHARBAJI, journaliste, militant pacifique et ami de Ghiath MATAR, arrêté en même temps que ce dernier, d'Amer MATAR, arrêté à Damas le 04 septembre; de Najati TAYARA, arrêté pour la troisième fois le 10 septembre à Homs et de Chadi Abou FAKER, réalisateur de court‐métrages, arrêté le 23 août à Damas ». (le 12) - L’anémie économique française continue. Pierre LELLOUCHE : « Les chiffres du commerce extérieur français se sont notablement aggravés en 2011. D'un déficit de 37,5 Mia euro au premier semestre, dont 11,6 Mia euro au titre de nos relations avec la seule Chine, nous allons ainsi passer à 75 Mia euro en fin d'année ». Le record pour l'instant est le déficit de 56 Mia euro enregistré en 2008. Le déficit commercial s'est creusé en juillet sous l'effet d'un rebond des importations et d'une quasi‐stagnation des exportations, pour atteindre 6,5 Mia euro, un montant proche du record historique d'avril. Sur les sept premiers mois de 2011, la balance commerciale affiche un solde négatif de 43,9 Mia euro, contre ‐28,5 Mia euro sur la même période de 2010. (le 15) - En Grèce, ce n’est plus de l’anémie. On approche d’un état comateux. Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL ont demandé « la mise en œuvre stricte et effective du programme de redressement de l'économie grecque », lors d'une téléconférence des deux dirigeants avec Georges PAPANDREOU. Celui‐ci a confirmé « la détermination absolue de son gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre l'ensemble des engagements souscrits ». Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL se disent « convaincus que l'avenir de la Grèce est dans la zone euro ». (le 14) - Amusante, l’attitude de l’UMP après la relaxe de Dominique de VILLEPIN. Dominique de VILLEPIN a eu le triomphe modeste après sa relaxe en appel dans l'affaire Clearstream. « Après six années d'un acharnement sans précédent, après six années www.greliermichel.eu
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d'épreuve pour ma famille, la justice a reconnu pour la deuxième fois mon innocence ». « Je veux saluer l'indépendance de notre justice, qui a su résister face aux pressions politiques ». « Je veux croire que cette décision contribuera à rendre notre vieux pays moins vulnérable à la rumeur et à la calomnie, qui ne méritent que le mépris ». La cour d'appel a exonéré totalement Dominique de VILLEPIN, considérant qu'il n'avait jamais eu en main les faux listings, qu'il n'en a connu leur falsification qu'à partir d'octobre 2004, et non juillet comme le soutenait l'accusation. La cour d'appel égratigne le ministère de la Défense, à l'époque dirigé par Michèle ALLIOT‐MARIE, en relevant qu'il n'a pas transmis au juge Renaud VAN RUYMBEKE des éléments qui « auraient permis de mettre fin à la calomnie ». « Plus déterminé que jamais à servir les Français », Dominique de VILLEPIN n'a pas précisé de quelle façon, ni dit s'il comptait bien se présenter à la présidentielle de 2012. (le 14) Jean‐François COPE déclare que la porte de l'UMP reste « grande ouverte » pour Dominique de VILLEPIN, souhaitant que la famille majoritaire se rassemble pour « conjuguer les énergies ». « Mon objet, en permanence, c'est d'essayer que les uns et les autres travaillent ensemble malgré leurs différences ». Dominique de VILLEPIN, qui avait annoncé en février qu'il ne renouvellerait pas son adhésion à l'UMP en 2011, a fondé le mouvement République solidaire en juin 2010. (le 14) - Il était une fois un candidat à la présidentielle… Une intersyndicale CGT, FO, CGC appelle les salariés de la Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA, groupe Montupet) à manifester devant le siège de Renault à Boulogne‐Billancourt, pour demander une reprise de leur entreprise par le groupe automobile ‐ premier client selon les syndicats ‐ afin d'éviter un plan de réduction des salaires et d'éventuels licenciements. Cette manifestation sera précédée d'un rassemblement devant le siège de Montupet à Clichy‐la‐Garenne. Les salariés de la fonderie, située à Ingrandes‐sur‐Vienne (Vienne), qui emploie 480 personnes et fabrique notamment des culasses pour moteur thermique, sont en grève illimitée depuis le 02 septembre pour dénoncer un « plan de compétitivité » prévoyant une baisse des salaires. Les syndicats craignent que ce plan ne soit suivi d'une fermeture de l'entreprise « dans un futur à plus ou moins court terme ». Les grévistes ont reçu la visite et le soutien de Jean‐Luc MELENCHON, candidat du Front de gauche à la présidentielle, et de Ségolène ROYAL. (le 14) - Rebondissement et re‐rebondissement. La Chiraquie contre‐attaque sur les valises de billets, affirmant que la Sarkozie a reçu sa part du gâteau africain. « L'entourage de Nicolas SARKOZY a reçu la part du gâteau qui lui revenait jusqu'alors », affirme ainsi Michel de BONNECORSE, l'ancien « monsieur Afrique » de Jacques CHIRAC. Ses propos contredisent les déclarations de Robert BOURGI, selon lesquelles Nicolas SARKOZY avait mis fin à ces pratiques. Robert BOURGI réitère ses accusations : « J'évalue à 20 Mio US$ ce que j'ai remis à Jacques CHIRAC et à Dominique de VILLEPIN, cela entre 1995 et 2005 ». Figure de la Françafrique, Robert BOURGI assure qu'en 2005, Nicolas SARKOZY, alors ministre de l'Intérieur et prétendant à l'Elysée, lui a dit : « Le règne des mallettes, c'est terminé ». (le 12) www.greliermichel.eu
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Le gouvernement de la République du Congo « exprime sa très vive indignation face aux allégations dénuées de tout fondement auxquelles il oppose un démenti formel et catégorique ». Ces assertions « graves et diffamatoires » portent atteinte à l'honneur des dirigeants africains et « couvrent d'opprobre la mémoire de feu Omar BONGO, dont le tort aura été d'avoir offert son amitié à des personnes indignes, ingrates et sans scrupules ». Omar BONGO (Gabon) a été le gendre de Denis SASSOU N’GUESSO (Congo‐
Brazzaville). Sans donner de preuve, Robert BOURGI a lancé un pavé dans la mare en affirmant que le camp Chirac a reçu quelque 20 Mio US$ entre 1995 et 2005, dont 10 Mio US$ pour la seule présidentielle 2002. (le 13) -
La chronique DSK se poursuit… dans les couloirs de la justice… et sur les plateaux de télévision. Une semaine après son retour en France, DSK a été entendu par les enquêteurs dans le cadre de l'affaire Banon. DSK avait demandé à être entendu le plus rapidement possible, en fonction des possibilités des enquêteurs. DSK est arrivé peu avant 08 h à la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) d'où il en est ressorti vers 11h. Il n'a pas été placé en garde à vue. Début juillet, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire à la suite de la plainte déposée pour tentative de viol par Tristane BANON. Elle affirme que DSK aurait tenté de la violer en 2003 dans un appartement parisien lors d'un rendez‐vous pour un projet éditorial. Depuis l'audition de Tristane BANON le 11 juillet, les enquêteurs de la BRDP ont procédé à de nombreuses auditions afin de vérifier ses allégations. Les enquêteurs ont notamment entendu la mère de Tristane BANON, Anne MANSOURET, la seconde épouse de DSK, Brigitte GUILLEMETTE, et leur fille Camille, ainsi que deux élus PS : François HOLLANDE et Aurélie FILIPETTI. Il appartient dorénavant au parquet de Paris de décider des suites à donner à cette affaire. Renvoi ? Classement sans suite ? La plainte vise des faits de tentative de viol, qui sont prescrits au bout de dix ans. Huit ans après les faits présumés, les enquêteurs ne semblent pas disposer d'éléments matériels ou de témoins directs. A l'époque, Tristane BANON avait envisagé de porter plainte avant de se raviser, notamment sur les conseils de sa mère, Anne MANSOURET. Le parquet pourrait estimer que les faits dénoncés s'apparentent à une agression sexuelle mais, en ce cas, ils seraient prescrits et la plainte serait classée sans suite. Reste à savoir qui prendra la décision car l'actuel procureur de la République de Paris, Jean‐Claude MARIN, doit être installé le 16 septembre comme procureur général près la Cour de cassation. (le 12) DSK fera sa première intervention télévisée, le 18 septembre dans le journal de 20 h de TF1. Il répondra aux questions de Claire CHAZAL. (le 16) Lors de sa première intervention télévisée, à la question, « que s'est‐il passé dans la suite du Sofitel ? », DSK répond : « ce qui s'est passé ne comprend ni violence, ni agression, ni aucun acte délictueux. Ce qui s'est passé est non seulement une relation inappropriée, mais une faute ». « C'est plus grave qu'une faiblesse, c'est une faute morale dont je ne suis pas fier. Je la regrette tous les jours et je crois que je n'ai pas fini de la regretter ». DSK dit n'avoir « pas l'intention de négocier » avec Nafissatou DIALLO dans le cadre de www.greliermichel.eu
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la procédure civile toujours en cours aux Etats‐Unis. (le 18) Sur le plan politique, DSK admet avoir « manqué (son) rendez‐vous avec les Français ». « Une faute vis‐à‐vis de ma femme, mes enfants, mes amis, mais aussi une faute vis‐à‐vis des Français qui avaient placé en moi une espérance de changement ». En ce qui concerne son rôle politique, DSK déclare n'être « évidemment pas candidat » à la présidentielle, tout en disant « penser que la victoire de la gauche est nécessaire pour notre pays ». DSK assure ne pas souhaiter s'« immiscer » dans les primaires socialistes, et souhaite prendre le temps de « réfléchir » à son avenir politique. DSK n'a pas exclu l'hypothèse d'un coup monté contre lui. « Un piège ? C'est possible. Un complot ? Nous verrons ». Par ailleurs, DSK affirme n'avoir commis « aucun acte d'agression » et « aucune violence » à l'encontre de Tristane BANON, estimant que sa version est « imaginaire » et « calomnieuse ». DSK a profité de cette interview télévisée pour rendre un hommage appuyé à Anne SINCLAIR, une « femme exceptionnelle ». « Je lui ai fait du mal, je m'en veux ». (le 18) - Et ce n’est pas fini. - Hélas. www.greliermichel.eu
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Semaine 38 – du lundi 19 au dimanche 25 septembre 2011 Le train des sénateurs entre en gare… sur la voie de gauche - Rien à dire sur ton titre. Tout est clair. Scrutin test pour Nicolas SARKOZY à sept mois de la présidentielle, les sénatoriales se disputent dans la moitié des départements français. Tablant sur le mécontentement des élus locaux, la gauche espère conquérir les 23 sièges qui feraient basculer la chambre haute. La droite, elle, prévoit de conserver sa majorité, même réduite à une dizaine de sénateurs. Ce sont 71.890 grands électeurs qui sont appelés aux urnes dans 44 circonscriptions ‐ le Sénat étant désormais renouvelé par moitié ‐. En tout, 170 sièges sont à pourvoir. Trois ministres sont candidats : Gérard LONGUET, Maurice LEROY et Chantal JOUANNO. Tête de liste UMP dans la capitale, celle‐ci affronte une liste dissidente conduite par Pierre CHARON, un ancien conseiller de Nicolas SARKOZY. Une dispersion que déplore Jean‐Claude GAUDIN : « Si nous perdions la majorité du Sénat, ce ne serait dû qu'à l'indiscipline de la droite ». La loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales diminue le nombre d'élus locaux. A partir de 2014, les près de 6.000 conseillers généraux et régionaux actuels seront remplacés par 3.500 conseillers territoriaux qui siégeront à la fois au département et à la région. Quasiment la moitié de ces élus voient donc leur avenir politique menacé. A cela s'ajoutent des tracas pécuniaires pour les collectivités territoriales. La taxe professionnelle qui les finançait a été supprimée en janvier 2010. Certes, elle est remplacée par une Contribution économique territoriale (CET) complétée d'un transfert d'impôts de l'Etat. Mais les élus locaux craignent que le compte n'y soit pas. La loi de décentralisation d'août 2004 a transféré aux départements et aux régions de nouvelles compétences, notamment en matière de transport, de formation et d'aide sociale. Cela s'est accompagné d'une compensation financière qui, selon la gauche, n'a pas suivi l'évolution de ces nouvelles dépenses. (le 21) Le Sénat compte actuellement 343 sièges, dont 165 sont soumis au renouvellement. Pour chaque circonscription, le nombre de sénateurs est fonction de la population. Afin de refléter les évolutions démographiques, l'Isère, le Maine‐et‐Loire, l'Oise, la Réunion et la Nouvelle‐Calédonie éliront chacun un sénateur de plus. Après l'élection, le Sénat comptera donc 348 membres. En tout, 170 sièges sont à pourvoir ; sont concernés : a) 38 départements métropolitains (150 sièges) : les départements qui dans l'ordre minéralogique vont de l'Indre‐et‐Loire (37) aux Pyrénées‐Orientales (66) ainsi que les huit départements d'Ile‐de‐France. b) 4 départements et 2 collectivités d'outre‐mer (14 sièges): Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte; Saint‐Pierre‐et‐Miquelon et la Nouvelle‐Calédonie. c) Les Français de l'étranger (6 sièges) : lors d'un vote au quai d'Orsay, à Paris, l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE) renouvelle la moitié des 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France. Le scrutin est organisé dans les préfectures. Dans chaque département, le collège électoral se compose : des députés, des conseillers régionaux, des conseillers généraux, des délégués des conseils municipaux. Les délégués des conseils municipaux représentent à eux seuls 95% des grands électeurs. Voici comment ils sont choisis : www.greliermichel.eu
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a) Dans les petites communes, les conseillers municipaux élisent parmi eux un ou plusieurs délégués. b) Dans les communes d'au moins 9.000 habitants, tous les conseillers municipaux sont délégués de droit. c) Dans les communes d'au moins 30.000 habitants, aux conseillers municipaux s'ajoutent des délégués supplémentaires qui sont élus. Les délégués doivent être français et inscrits sur la liste électorale de la commune. Les conseils municipaux se sont réunis le 17 juin pour désigner leurs délégués. Il existe deux modes de scrutin. Sur les 170 sièges à pourvoir, 58 relèvent du scrutin majoritaire, 112 de la proportionnelle à la plus forte moyenne. a) Dans les circonscriptions où sont élus entre 1 et 3 sénateurs, l'élection se fait au scrutin majoritaire à deux tours. Le premier tour est organisé le matin (08h30‐11h), le second tour l'après‐midi (15h30‐17h30). Ce mode de scrutin concerne 21 départements métropolitains (48 sièges au total), la Guadeloupe (3 sièges), la Martinique (2 sièges), Mayotte (2 sièges), Saint‐Pierre‐et‐Miquelon (1 siège) et la Nouvelle‐Calédonie (2 sièges). b) Dans les circonscriptions où sont élus 4 sénateurs et plus, les sièges sont attribués à la représentation proportionnelle par liste. Le scrutin se tient de 09h‐15h. Ce mode de scrutin concerne 17 départements métropolitains (102 sièges), ainsi que La Réunion (4 sièges) et les Français de l'étranger (6 sièges). Sur les 165 sièges soumis au renouvellement, 19 appartiennent au groupe CRC‐SPG (Groupe Communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du Parti de gauche), 49 au groupe socialiste, 5 au groupe RDSE (Rassemblement démocratique et social européen),19 au groupe UC (Union centriste), 67 appartiennent au groupe UMP, 4 à la Réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (RASNAG), et 2 sièges sont vacants. Les 178 sièges qui ne sont pas soumis au renouvellement sont répartis ainsi : 5 communistes, 66 socialistes, 13 radicaux, 10 centristes, 80 UMP, et 4 non‐inscrits. La composition du Sénat avant l’élection : 24 communistes, 115 socialistes, 18 radicaux, 29 centristes, 147 UMP, 8 non‐inscrits, et 2 sièges vacants. (le 21) La gauche a conquis la majorité au Sénat ‐ du jamais vu depuis 1958. Elle s'est réjouie de cette victoire « historique », la jugeant de bon augure à sept mois de la présidentielle. La droite a concédé une défaite « prévisible », ne lui reconnaissant qu'une valeur symbolique. Jean‐Pierre BEL préside le groupe socialiste au Sénat : « Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le Sénat va connaître l'alternance ». Harlem DESIR : « Ce qui s'est exprimé aujourd'hui, c'est une sanction à l'égard de l'UMP, de l'étouffoir qu'elle a mis sur les collectivités locales ». « C'est évidemment un signe très encourageant aussi pour 2012 ». Jean‐Pierre BEL : « Ce soir, il y a de façon certaine au moins 175 sénatrices et sénateurs de gauche, c'est‐à‐dire au delà de la majorité absolue ». « C'est un véritable camouflet pour la droite ». Pierre LAURENT, secrétaire national du Parti communiste : « La citadelle de la droite est tombée ! ». « Une sanction sans appel de la politique gouvernementale ». « Les jours de la droite au pouvoir sont bel et bien comptés ». L’UMP analyse cette défaite de façon bien différente. Jean‐François COPE assure : « Cela ne constitue en rien l'interprétation d'un désaveu de la politique gouvernementale ». Patrick OLLIER, ministre des relations avec le Parlement : « Ça n'a pas de signification www.greliermichel.eu
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sur la politique nationale, ça a une forte valeur symbolique ». François FILLON tempère : « Cette progression de la gauche était prévisible au regard des dernières élections locales ». « Le moment de vérité aura lieu au printemps prochain ». « Ce soir, la bataille commence », il appelle « au rassemblement de tous les élus qui se reconnaissent dans les valeurs de la majorité présidentielle ». La gauche avait tablé sur le mécontentement des élus locaux et des mesures gouvernementales impopulaires : la réforme territoriale qui diminue le nombre d'élus locaux et la suppression de la taxe professionnelle qui finançait les collectivités. La droite a, elle, imputé notamment sa défaite aux listes dissidentes qui ont fait concurrence aux listes UMP. Jean‐Claude GAUDIN préside le groupe UMP au Sénat. Il déplore : « Nous n'aurions pas eu autant de divisions, nous aurions encore la majorité aujourd'hui au Sénat ». Jean‐Pierre RAFFARIN : « Rien n'est joué ». Le 01 octobre, l’élection à la présidence du Sénat sera le « troisième tour ». Jean‐François COPE avertit : « C'est là que se dessinera vraiment la majorité sénatoriale ». Jean‐Pierre BEL, qui avait déjà brigué le poste lorsque la gauche n'était pas majoritaire, ne cache pas son ambition de se présenter face à Gérard LARCHER. S'il l'emportait, il deviendrait le deuxième personnage de la République. François HOLLANDE, lui, vise déjà la première place. « Pour le prochain président de la République, s'il est de gauche, ça sera la première fois qu'il y aura la possibilité de travailler avec une majorité de gauche au Sénat ». « Ni François MITTERRAND pendant ses deux septennats, ni Lionel JOSPIN quand il était Premier ministre n'avaient eu cette configuration ». (le 25) -
Notre salut à Coluche, aussi longtemps que cette « énormité anormale » ne sera pas réglée. Aucune décision n'a été prise sur la suppression du programme européen d'aide alimentaire aux plus démunis (PEAD) qui fait planer la menace d'une crise humanitaire en Europe. Constatant le désaccord persistant entre partisans et adversaires de la disparition de ce programme doté de 500 Mio euro par an, la présidence polonaise du Conseil de l'UE a annoncé ce report ainsi que des propositions de compromis en vue de la réunion d’octobre des ministres de l'Agriculture des Vingt‐sept. Bruno LE MAIRE s'est félicité de cette décision. « Personne ne peut comprendre qu'en pleine période de crise, alors que vous avez des millions de personnes touchées par le chômage, des millions de personnes en France qui sont touchées par la pauvreté, l'Europe dise 'on arrête l'aide aux plus démunis'. Il en est hors de question ». « Ce n'est pas parce qu'il y a eu une décision juridique que la politique ne peut pas reprendre ses droits et dire, oui (...) on doit trouver des solutions européennes ». Ce programme reposait initialement sur une distribution des stocks agricoles européens mais leur baisse ces dernières années a contraint la Commission à acheter certains produits de base dont elle ne disposait plus en suffisance, ce à quoi s'opposent l'Allemagne, la Grande‐Bretagne, la Suède, le Danemark, les Pays‐Bas et la République tchèque. Ces pays font valoir qu'en l'absence de stocks, la politique sociale relève non de la Commission mais des Etats membres. Au printemps, une décision de la Cour de justice européenne leur a donné raison en limitant aux stocks annuels le volume d'aide que la Commission peut distribuer aux associations. Pour 2012, celles‐ci ne se verraient donc attribuer que 113 Mio euro sur les 500 Mio euro prévus dans le budget. Les banques alimentaires, la Croix‐Rouge, les Restos du Cœur et le www.greliermichel.eu
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Secours populaire français ne recevraient que 15,9 Mio euro sur les 78 Mio euro attendus. Elles estiment que, sans ces fonds, 130 Mio de repas ne seront plus distribués en France, et redoutent une « crise humanitaire dès 2012 ». Bruno LE MAIRE a fait valoir que cette aide devait continuer d'être financée sur le budget européen afin de maintenir une garantie financière sur plusieurs années pour les associations qui distribuent des repas à 18 Mio d'Européens. Il a demandé à la Commission de faire des propositions transitoires en vue d'assurer le maintien du programme en 2012 et 2013, avant que sa pérennité ne soit assurée dans le cadre d'une refonte plus complète de la PAC et des négociations sur le nouveau budget pluriannuel 2013‐2020. Dacian CIOLOS souligne que la Commission avait déjà fait des propositions et si celles‐ci n'ont pas été approuvées cela résulte des divergences entre Etats membres. Mentionnant des compromis juridiques de 2008 et 2010, il souligne : « La Commission a fait tout ce qu'il fallait faire pour assurer la continuité de ce programme à court terme et à long terme ». « Le problème n'est pas d'attendre une semaine ou deux ou trois de plus. L'important c'est que les ministres assument leur responsabilité politique pour trouver une solution. Les solutions sont là, c'est la volonté politique qui manque ». Une enveloppe de 2,5 Mia euro a été prévue dans les propositions de la Commission pour le budget 2013‐2020 et elle ne demande que l'approbation des Vingt‐sept. (le 20) Suite aux nombreuses déclarations vues dans les médias, la Commission européenne rappelle qu'elle est pleinement engagée pour le maintien du PEAD. Elle regrette que le Conseil, du fait de l'opposition d'un nombre limité d'Etats membres, n'ait pas soutenu sa proposition de modification de la législation permettant de débloquer l'ensemble de l'enveloppe de 500 Mio euro prévue pour le PEAD tant pour 2012 que pour 2013. Depuis 25 ans, le programme de distribution de denrées alimentaires a fait ses preuves. Il doit continuer à incarner l'esprit de solidarité qui anime le projet européen. Dacian CIOLOS : « Je me bats depuis plus d'un an pour défendre le programme alimentaire pour les plus démunis et je vais continuer. L'UE doit rester un partenaire sur lequel les banques alimentaires peuvent compter. Nous ne pouvons pas faire défaut alors même que la crise économique rend ce programme encore plus nécessaire. Nous avons encore la possibilité de débloquer la situation, mais il faut aller vite. J'appelle les Etats membres qui s'opposent à notre proposition à faire preuve de responsabilité et à ne pas jouer avec la peur, pour des millions de foyers européens, de ne pas avoir accès à de la nourriture en quantité suffisante en 2012 et 2013 ». (le 21) Les ministres chargés de l'agriculture et de la pêche dans l'UE ont débattu des questions liées à la distribution de denrées alimentaires aux personnes les plus démunies en Europe. Souhaitant assurer la continuité du programme pour la période 2012/2013, la présidence polonaise a invité les ministres à un débat autour de deux questions : a) Consentez‐vous à ce qu'il soit nécessaire de garantir le bon fonctionnement du programme d’ici la fin 2013 tout en réalisant les achats directement sur le marché ? Votre réponse ne préjuge en rien de l'avenir du programme au‐delà de cette date. b) Si oui, quels éléments du projet de la Commission devraient être modifiés, comme par exemple la date de fin de validité de la directive (le 31.12.2013) ? Marek SAWICKI : « Dans une Europe si riche nous avons tant de personnes en situation difficile. En supprimant le programme nous ne supprimerons pas la pauvreté ». L'objectif de la présidence est de rendre public ce débat. Marek SAWICKI a remercié la www.greliermichel.eu
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Commission d'avoir préparé l'avenir du programme. (le 21) Le gouvernement n’a pas l’intention de baisser les bras. Aux associations qui s’inquiètent de l’avenir du PEAD, Bruno LE MAIRE, répond qu’il ne les « laissera pas tomber ». Les Banques Alimentaires, la Croix Rouge française, les Restos du Cœur et le Secours populaire français déplorent « une décision qui hypothèque l’avenir de millions d’Européens démunis ». Selon le secrétaire national en charge de l’aide alimentaire au Secours populaire, Jean‐Louis CALLENS, Bruno LE MAIRE devrait faire appel « au bon sens » des pays réfractaires car « l’argent est là, et il ne sera pas affecté à une autre politique ». La Suède n’a jamais perçu un centime de cette aide européenne. Le pays « a toujours été opposé au PEAD depuis son adhésion en 1995 ». La République Tchèque bénéficie du programme, mais de façon très limitée. « Nous considérons que le programme a perdu de son attrait initial (celui de reposer uniquement sur les stocks alimentaires disponibles dans l’UE) ». Dans ces pays, le financement de l’aide alimentaire repose en grande partie sur des initiatives du secteur privé. En Allemagne, les églises jouent un rôle essentiel dans la distribution de nourriture aux plus démunis. Le pays ne voit donc pas l'intérêt de soutenir le maintien du programme. « Les 21 pays favorables au PEAD devront fonctionner, en 2012 et 2013, avec les stocks d’intervention disponibles ». Le ministère fédéral de l’Agriculture est « fondamentalement opposé » à la proposition de la Commission. Plusieurs associations françaises et allemandes se sont rencontrées pour discuter du sort du programme. Anke ASSIG, porte‐parole de la Fédération nationale allemande des soupes populaires, regrette l’absence de débat sur le sujet dans son pays. « Ce n'est pas parce que nous n'avons pas recours à ce programme (…) que nous ne soutenons pas les revendications de nos collègues européens. Que ce soit par le biais de la politique sociale ou de la politique agricole, on ne peut pas couper les vivres à des millions de démunis ». (le 23) - La campagne pour la primaire du PS reprend ses droits. Martine AUBRY signera le « Pacte pour l'égalité » entre les femmes et les hommes, mis au point par des personnalités du monde professionnel et associatif. Le Laboratoire pour l'Egalité soumet aux candidats à l'Elysée ce pacte qui comprend plusieurs mesures, notamment : créer 500.000 places d'accueil de jeunes enfants, allonger le congé paternité, élaborer un plan pour résorber les inégalités salariales sur cinq ans, surtaxer les entreprises qui imposeraient du temps partiel, interdire la semaine de moins de 16 heures, suspendre le financement des partis qui ne présenteraient pas 50% de candidates (à des places éligibles). Le pacte a déjà été signé par Manuel VALLS. François HOLLANDE et Jean‐Michel BAYLET ont l'intention de faire de même. Ainsi qu'Arnaud MONTEBOURG, même si la date reste encore à fixer. Le Pacte pour l'égalité a aussi été présenté aux candidats des autres partis, notamment Eva JOLY et François BAYROU. (le 20) Les socialistes s'amusent de la reprise par le gouvernement, selon eux, de l'idée de créer une « superbanque » publique à destination des PME. Le gouvernement souhaite fusionner trois organismes, CDC Entreprises, Oseo et le Fonds stratégique d'investissement, qui seront réunis dans une structure unique de financement des PME. Ségolène ROYAL assure que le gouvernement a repris « une de (ses) principales propositions ». « Après la reprise de l'encadrement militaire pour les délinquants, voilà un www.greliermichel.eu
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nouvel hommage inattendu. Mais les Français préféreront la sincérité et l'efficacité à la copie et aux effets d'annonce ». Michel SAPIN ironise : « il faut que le gouvernement, chacun des ministres, le président de la République, lisent les autres pages du projet socialiste, parce que là on doit être arrivé à la deuxième ou la troisième page du projet socialiste, il y a une bonne idée manifestement qui est reprise aujourd'hui (...) tant mieux ». « Mais qu'ils continuent à lire les pages les une après les autres et qu'ils commencent à appliquer, c'est toujours ça de gagné pour le moment où nous arriverons au pouvoir ». Le projet du PS pour 2012 mentionne la création d'une « banque publique d'investissement », qui « assurera l'effet de levier par le regroupement de la filiale entreprises de la Caisse des dépôts et consignations, d'Oséo, du Fonds stratégique d'investissement, de l'Emprunt national, des structures régionales de capital investissement, des dispositifs d'accompagnement des entreprises de la Banque postale et de la Banque de France ». (le 21) - Eva JOLY se fait attaquer par Eric BESSON et lui répond. Eva JOLY demande « l'interdiction de recours aux sous‐traitants dans les sites Seveso, sauf à justifier que les sous‐traitants ont une compétence supérieure au donneur d'ordre ». « Toute la thématique du risque industriel, je la porte très fort dans la campagne tout comme la volonté de considérer autrement le risque. Le risque n'est pas simplement une probabilité. Ca ne peut pas être la roulette russe comme ça l'est aujourd'hui (...). Nous ne sommes pas contre l'industrie chimique mais nous contestons la façon dont le risque est traité ». Eva JOLY a adressé un message direct : « Eric BESSON m'a traité d'incompétente parce que je pense qu'on peut remplacer l'énergie nucléaire par les énergies renouvelables en même temps que nous modifions nos habitudes de consommation et que nous agissons sur notre habitat. Je dis que l'incompétence, elle n'est peut‐être pas de mon côté ». (le 21) - Pour finir… Les avocats de Nafissatou DIALLO jugent « inexcusable » que DSK n'ait apporté aucune explication sur ce qui s'est produit dans sa suite du Sofitel de Manhattan le 14 mai. Son entretien « avec l'amie de son épouse », Claire CHAZAL, n'était qu'un « stratagème désespéré pour gagner la sympathie de l'opinion publique française », écrivent Mes Douglas WIGDOR et Kenneth THOMPSON. « Nous avons hâte de l'accueillir dans nos bureaux pour lui poser les questions que la journaliste a omis de poser ». (le 19) Pour Jean‐François COPE, la prestation de DSK était « dérisoire et triste ». Il souhaite que cette intervention close « une bonne fois pour toutes ce feuilleton qui n'a que trop duré ». Il s'est déclaré « profondément » choqué par l'hypothèse d'un piège qui aurait pu être tendu à DSK, une possibilité que l'intéressé n'a pas écartée face à Claire CHAZAL. « La théorie du complot, ça va bien ! ». « Il est temps maintenant de tourner cette page ». Ségolène ROYAL souhaite « tourner la page » et « élever le débat politique ». « Je pense que cette émission a permis de clore quelque chose qui nous a déjà beaucoup trop occupés ». Si elle était élue en 2012, Ségolène ROYAL ne ferait pas entrer DSK à son gouvernement. « Je pense que ça n'est plus d'actualité ». « Donc c'est non ». Marine LE PEN n'a vu « aucune spontanéité » dans les déclarations de DSK. « Les artifices de communication étaient tellement visibles qu'on n'arrivait pas à y croire ». www.greliermichel.eu
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Jean‐Pierre RAFFARIN juge : « Ce ne fut pas convaincant ». « Cette interview ne nous a apporté aucune information, aucune explication ». « La compétence ne pouvait remplacer la sincérité ». « Dans ces circonstances, par respect pour toutes et tous, la décence eut été le silence ». Jack LANG estime que l'intervention de DSK a été « pleine d'émotion et de justesse ». « Dominique a parlé la langue du cœur, de la vérité et de l'intelligence ». Il salue la « haute stature intellectuelle et morale » de DSK. (le 19) Tristane BANON déplore la « dureté » des propos tenus par DSK pendant son entretien télévisé. « Quand il a dit cette légèreté, il l'a perdue à jamais le 15 mai, je suis navré pour lui, mais moi en ce qui me concerne, ma légèreté, je l'ai perdue le 11 février 2003 ». « Quand je le vois dire ça avec cette dureté et (...) comme quelque chose d'appris par cœur, oui ça fait mal. Et je constate qu'il n'a pas un mot pour Nafissatou DIALLO, ou pour moi ». « On a au moins une certitude, il a menti plusieurs fois, aux Etats‐Unis et dans mon cas ». (le 19) Le parquet de Paris a ordonné une confrontation entre DSK et Tristane BANON. (le 23) www.greliermichel.eu
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Semaine 39 – du lundi 26 septembre au dimanche 02 octobre 2011 Alain JUPPE a‐t‐il ouvert une boîte de Pandore ? -
Cette semaine est différente des précédentes. Pourquoi ? Parce que d’habitude, les informations me contraignent à leur organisation et ne me laissent que peu de marge de manœuvre. Cette semaine, j’ai le sentiment d’une grande liberté et j’en ai profité. Je commence par allumer l’un de mes pétards favoris. Ensuite, je place mes sujets dans l’ordre de mon choix personnel, en y mettant un peu de malice. Voyons tout cela. Et commençons par l’explosion que tu as provoquée. L’information n’a pas eu le traitement qu’elle méritait. Pourtant elle est importante. Alain JUPPE se prononce en faveur d’une « véritable fédération européenne ». C’est la première fois qu’un membre du gouvernement se rallie publiquement à l’idée fédérale, reconnaissant que cela impliquera des partages de souveraineté supplémentaires, un gouvernement européen et une solidarité financière forte : « on a déjà fait des progrès considérables dans cette direction ». Nicolas SARKOZY, qui se dit en privé favorable à un tel saut intégrateur, s’est toujours gardé d’employer publiquement ce mot politiquement explosif. Alain JUPPE s’est livré à un plaidoyer passionné en faveur de l’Europe et de l’euro qui rompt avec la componction habituelle des politiques français sur le sujet, face à un Éric ZEMMOUR de plus en plus insupportable, non pas par son europhobie, mais parce qu’il ne se comporte plus en journaliste, mais en militant pamphlétaire agressif. « Je suis profondément européen », explique Alain JUPPE qui défend bec et ongles la solidarité avec la Grèce. « L’avenir de la France, c’est l’Europe » dans un monde où la France seule pèse peu chose face aux nouveaux colosses mondiaux que sont la Chine et l’Inde. « Quelle est l’alternative ? » : une France isolée, repliée sur elle‐même ? Une perspective que le responsable politique qu’est Alain JUPPE rejette : « laisser se défaire la zone euro serait une responsabilité lourde devant l’histoire ». C’est pourquoi « il faut tout faire pour sauver l’euro et le conforter », car sa disparition « serait une catastrophe pour la France ». Ce n’est pas un hasard si les mots « fédération européenne » ont été employés par Alain JUPPE. Comme Jean QUATREMER l’a expliqué sur son blog, le débat politique en Allemagne a changé de nature depuis l’été et Berlin est désormais prêt à effectuer le saut fédéral qui est le seul moyen de conforter définitivement la monnaie unique. Alain JUPPE prend acte de cette évolution et y répond par avance favorablement. Cela semble indiquer que les discussions entre Paris et Berlin sont bel et bien engagées sur le sujet. Il faut se rappeler, pour mesurer l’évolution française, qu’en 1994, le même Alain JUPPE, déjà ministre des Affaires étrangères, mais d’Édouard BALLADUR, avait laissé sans réponse une proposition de fédération européenne rédigée par deux députés de la CDU, Karl LAMERS et Wolfgang SCHAÜBLE, un camouflet que l’Allemagne n’a pas oublié. L’histoire passant rarement deux fois les plats, la France ne peut se permettre de négliger la main tendue allemande. Car cette fois, l’avenir de l’euro et de l’Union en dépendent. (le 30 septembre) -
Les incontournables élections sénatoriales et les points de vue de Jean‐Pierre RAFFARIN. www.greliermichel.eu
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Le résultat des sénatoriales accorde désormais 177 sièges sur 348 à des représentants de la gauche. Jean‐Pierre RAFFARIN estime que la victoire de la gauche dénote « une véritable grogne des territoires ». A la question de savoir s'il s'agit d'un échec personnel de Nicolas SARKOZY, il enfonce le clou : « Je vois là de grosses difficultés sur la politique des territoires ». « Je pense qu'il fallait faire un certain nombre de réformes, qu'elles ont été faites sans vraiment toujours tenir compte de ce que pensent les élus territoriaux ». « Je pense qu'il faut tirer les leçons de ce scrutin, infléchir la politique gouvernementale vers plus de proximité, vers plus de cohésion territoriale, vers plus d'écoute de la diversité des territoires français ». Avec cette majorité de gauche au Sénat, « il est clair qu'on ne va pas pouvoir gouverner à la hussarde ». « Il va falloir tenir compte des avis du Sénat ». « Il y a une crise, c'est bien d'avoir un exécutif qui soit énergique, c'est bien d'avoir un président qui soit charismatique, qui ait du leadership y compris sur le plan international, c'est bien aussi d'avoir une assemblée qui ressemble à la France et à sa tempérance ». Evoquant la présidence du Sénat, qui sera attribuée le 01 octobre, Jean‐Pierre RAFFARIN dit avoir « trouvé les socialistes bien triomphants car pour gouverner le Sénat, il faut plus d'avance que cela ». « Je ne pense pas aujourd'hui que la probabilité de victoire pour la présidence du Sénat soit dans le camp du Parti socialiste », soulignant que le Parti socialiste détient 128 sièges contre 144 pour l'UMP. « Pour moi le pronostic favorable pour Gérard LARCHER reste pertinent. Je pense que les socialistes vendent un peu la peau de l'ours avant de l'avoir tué ». (le 26) Au lendemain de la victoire de la gauche aux élections sénatoriales, la droite admet sa défaite, mais espère encore conserver la présidence du Sénat. François FILLON et Jean‐François COPE ont été reçus par Nicolas SARKOZY à l'Elysée, pour dresser un premier bilan. Bruno LE MAIRE : « La vérité politique, c'est que cette élection est un avertissement sérieux pour notre majorité. C'est la première fois que le Sénat bascule à gauche depuis 1958 ». Xavier BERTRAND : « On a payé cher, encore une fois, (...) les divisions » à droite. « Il ne s'agit pas de ne pas reconnaître cette défaite (...) Entre 2002 et 2007, a‐t‐on gagné beaucoup d’élections ? Je crois qu'on n'en a pas gagné ». « La présidentielle s'engagera sur des bases totalement différentes » dans le contexte de crise. En ce qui concerne les conséquences de cette majorité de la gauche au Sénat, « il ne faut pas qu'il y ait d'obstruction de la part des socialistes. Il ne faut pas non plus qu'ils jouent la montre (...), qu'on rentre dans une logique de guerre civile politique parce que ça n'aurait pas de sens ». Patrick OLLIER affirme qu'« il y a des groupes charnières dont on ne sait pas à deux ou trois voix près ce qu'ils vont représenter », évoquant les membres du groupe RDSE (Rassemblement démocratique et social européen) au Sénat. « Donc Gérard LARCHER a raison de se présenter. S'il a une chance de gagner, il faut qu'il la tente ». Jean‐Pierre BEL réaffirme sa candidature à la présidence de la chambre haute. Interrogé sur le possible ralliement de centristes de gauche à l'UMP, il déplore qu'on « jette la suspicion sur quelques personnes, on pense qu'on peut d'une certaine manière les débaucher ». Il a toutefois dit ne pas croire à cette hypothèse. « Je ne crois pas que ce soit le moment choisi par quelques‐uns de ces sénateurs qui sont visés pour rallier le camp de ceux qui ont perdu ». « Il ne peut pas y avoir de hold‐up aujourd'hui sur la Haute assemblée ». Pierre MOSCOVICI : « Quand je pense par exemple au projet de loi de finances et au nouveau plan d'austérité qui arrive, oui les débats au Sénat seront vifs et nous ne laisserons www.greliermichel.eu
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pas faire ». « Je veux dire une chose, non pas solennellement, mais avec un peu de fermeté: la droite a perdu le Sénat hier, la gauche a la majorité et toute tentative (...) de tripatouillage serait indigne. Quand on a perdu une élection, on reconnaît sa défaite ». (le 26) Le Sénat a déjà été dans l'opposition à plusieurs reprises depuis le début de la Ve République. Selon la Constitution, c'est l'Assemblée nationale qui a le dernier mot en cas de désaccord. Toutefois, la Haute Assemblée peut considérablement peser sur le processus législatif. Les liens entre Assemblée nationale et Sénat sont régis par l'article 45 de la Constitution, qui précise que « tout projet ou proposition de loi est examiné successivement dans les deux assemblées du Parlement en vue de l'adoption d'un texte identique ». S'il suit la procédure normale, le texte de loi peut être soumis à deux lectures dans chaque chambre. En cas de procédure accélérée, sur décision du gouvernement, ce processus est accéléré, avec une seule lecture par chambre. En cas de désaccord, une commission mixte paritaire composée de sept députés et sept sénateurs est « chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion ». Si le désaccord persiste, « le gouvernement peut, après une nouvelle lecture par l'Assemblée nationale et par le Sénat, demander à l'Assemblée nationale de statuer définitivement ». S'il ne peut pas bloquer un texte, le Sénat peut donc considérablement freiner son adoption, en multipliant les amendements. Ce pouvoir de nuisance peut aussi le pousser à tenter de contraindre le gouvernement à négocier certaines dispositions. Dès cet automne, le Sénat examinera notamment le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité so ciale (PLFSS) qui devraient donner lieu à une bataille législative acharnée. Dès le début de la Ve République, le Sénat, sous la pression de la gauche alliée aux nombreux centristes, s'est largement opposé au pouvoir exécutif. En 1969, la Haute Assemblée a engagé un bras de fer avec le général DE GAULLE, lorsque ce dernier a décidé de soumettre à référendum un projet de réforme des régions et du Sénat. Le président du Sénat Alain POHER a mené le combat du « non » au référendum. La réforme sera finalement rejetée par les Français, provoquant la démission de Charles DE GAULLE. C'est alors qu'une autre disposition prévue par la Constitution s'est appliquée : le président du Sénat a la charge d'assurer l'intérim de la présidence de la République si nécessaire, en cas de décès, maladie, démission, ou autre. Ainsi, Alain POHER s'est vu confier deux fois cette mission : après la démission de Charles DE GAULLE, puis en 1974, après la mort de Georges POMPIDOU. En mai 1981, lorsque François MITTERRAND a accédé au pouvoir, l'Assemblée nationale est passée à gauche, mais le Sénat est resté à droite. Entre 1981 et 1986, presque 30% des textes ont été adoptés par décision définitive des députés, malgré le désaccord de la Haute Assemblée. La première cohabitation, avec la victoire de la droite aux législatives de 1986, a mis un terme à cette période. A la réélection de François MITTERRAND en 1988, la Haute Assemblée ‐ toujours à droite ‐ est à nouveau passée dans l'opposition, jusqu'à 1993 et la deuxième cohabitation. (le 26) - Des conséquences des sénatoriales sur la composition du gouvernement. - En avant la musique ! Changez ! Elue sénatrice de Paris, la ministre des Sports Chantal JOUANNO est prête à démissionner du gouvernement pour pouvoir siéger au Sénat, disant n'avoir « aucun état www.greliermichel.eu
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d'âme » sur le sujet. (le 26) Gérard LONGUET, réélu sénateur de la Meuse, affirme qu'il ne démissionnera pas du gouvernement, en dépit de sa réélection aux sénatoriales. S'il reste au gouvernement, Gérard LONGUET ne pourra pas participer à l'élection du président du Sénat, ni déléguer son vote. (le 26) Nicolas SARKOZY « a mis fin, sur sa demande, aux fonctions de Chantal JOUANNO, ministre des Sports ». David DOUILLET remplace Chantal JOUANNO. (le 26) L’Elysée annonce que le député (UMP) de l'Oise Edouard COURTIAL est nommé secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger. Agé de 38 ans, Edouard COURTIAL est maire d'Agnetz, une petite ville de l'Oise, et conseiller régional de Picardie. Il est secrétaire national aux Fédérations et aux adhésions au sein de l'UMP. Elu à l'Assemblée nationale pour la première fois en 2002, il était alors le plus jeune député de France, avant d'être réélu en 2007. (le 28) - Fin de partie au Sénat : l’élection du président. Le groupe socialiste au Sénat se réunira pour décider qui, de Jean‐Pierre BEL ou de Catherine TASCA, briguera la présidence de la haute assemblée face au sortant UMP Gérard LARCHER. Jean‐Pierre BEL : « Je serai candidat à ce poste ». Catherine TASCA, sénatrice des Yvelines : « Je tiens à exposer ma vision du Sénat de gauche et donc à proposer ma candidature ». (le 26) Nicolas SARKOZY estime que la défaite de la droite aux sénatoriales doit être prise en compte lors de l'élection du président de la haute assemblée. Il souhaite qu'il n'y ait « pas de chipotage ». Le sortant, l'UMP Gérard LARCHER, entend briguer de nouveau la présidence du Sénat, même si la gauche y est désormais majoritaire. A gauche, Catherine TASCA : « Dans un contexte politique très particulier, caractérisé par une majorité de gauche au Sénat réelle mais courte, et l'approche des primaires citoyennes, je refuse que ma candidature à la présidence du Sénat au sein du groupe socialiste soit détournée de ses motivations réelles ‐ la volonté de porter une vision résolument réformatrice d'un Sénat de gauche ‐ et présentée comme une division ». « J'ai décidé de ne pas proposer ma candidature ». « Samedi 01 octobre, par loyauté aux valeurs de la gauche et parce qu'aucune voix ne doit manquer pour la nouvelle majorité, je voterai pour Jean‐
Pierre BEL ». (le 27) Les groupes PS et UMP au Sénat ont désigné leurs candidats respectifs. Jean‐Pierre BEL a été élu par acclamation à main levée, d'abord à la présidence du groupe, puis comme candidat au « plateau ». A droite, Jean‐Claude GAUDIN a été réélu à la présidence du groupe UMP au Sénat. Gérard LARCHER a ensuite annoncé au groupe qu'il serait candidat à sa propre succession au « plateau ». (le 27) Jean‐Pierre BEL a été élu à la présidence du Sénat. Il l'a emporté au premier tour de scrutin par 179 voix, contre 134 au sortant Gérard LARCHER et 29 voix à Valérie www.greliermichel.eu
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LETARD, proche de Jean‐Louis BORLOO. La majorité absolue requise pour l'emporter au premier tour était de 172 voix, 342 des 348 sénateurs ayant participé au vote. (le 01 octobre) Jean‐Pierre BEL : « Nous ne serons pas ici je ne sais quel bastion ». « Nous allons bâtir une nouvelle majorité composée de sénatrices et sénateurs socialistes, communistes, radicaux de gauche, écologistes, divers gauche, mais aussi de tous ceux qui se retrouvent dans notre démarche ». Il promet d'œuvrer pour un « bicamérisme rénové dans lequel l'opposition sera respectée ». « Les grands électeurs ont voté pour le changement ». « Ils ont exprimé un mécontentement, un vrai malaise, un rejet d'orientations dont ils ne veulent pas, ils ont souhaité un nouveau Sénat ». « Même si cela avait commencé, nous devons changer cependant l'image de notre assemblée (...) qui se doit aujourd'hui à plus de transparence, plus de modestie ». Il annonce la prochaine constitution d'un groupe de travail chargé de faire des propositions pour « changer » le Sénat. Reste désormais à pourvoir les présidences des commissions. François FILLON a appelé Jean‐Pierre BEL « pour lui adresser ses félicitations républicaines ». Il a souhaité « que le gouvernement et la haute assemblée puissent travailler dans un climat de responsabilité » et a invité Jean‐Pierre BEL « à le rencontrer à Matignon dans les prochains jours ». (le 01 octobre) - Il n’y a pas que des choses plaisantes dans ces informations. - Alors, fronçons les sourcils. Contenir les déficits sans tuer la croissance : tel est le but du projet de budget 2012, qui prévoit un coup de rabot supplémentaire sur les niches fiscales et une contribution des hauts revenus, dans un contexte d'incertitude alimenté par la menace de nouvelle récession et, sur le plan politique, par la victoire de la gauche au Sénat. Ce projet de loi de finances vise à ramener les déficits publics de 5,7% du PIB cette année, à 4,5% en 2012, puis 3% en 2013, conformément aux traités européens. Un objectif « intangible », qui sera « tenu à l'euro près », assure Nicolas SARKOZY lors de la présentation du PLF en conseil des ministres. François BAROIN : « Nous irons jusqu'à 2% en 2014 et 1% en 2015 (...) ce budget s'inscrit dans la continuité des efforts produits pour ramener notre niveau de déficit à un niveau acceptable ». « Ce projet de budget s'inscrit donc dans la continuité de notre politique : il allie réduction des déficits, maîtrise des dépenses et soutien à l'activité ». Le texte prévoit de faire reculer le déficit de l'Etat à 81,8 Mia euro, contre 95,5 Mia euro attendus en 2011. Le gouvernement espère réduire encore ce déficit à 80,8 Mia euro, après la mise en œuvre du plan de rigueur annoncé par François FILLON le 24 août pour protéger la note « triple A » de la France et rassurer les marchés. Valérie PECRESSE : « C'est un tournant historique : pour la première fois, les dépenses de l'Etat baisseront d'une année sur l'autre, depuis 1945 ». « Ce budget 2012, il est placé sous le sceau de la réduction de la dépense. C'est une étape clé, essentielle, sur notre chemin de désendettement ». Avec une dette publique astronomique, évaluée à 85,5% du PIB en 2011, le projet de loi prévoit la suppression de 30.400 postes de fonctionnaires dans le cadre du non‐
remplacement d'un départ à la retraite sur deux. Mais la mesure la plus emblématique est la « contribution exceptionnelle » de 3% pour les hauts revenus, un « élément de solidarité nationale », selon François BAROIN. Conscient de son caractère symbolique, à sept mois de l'élection présidentielle, le gouvernement se www.greliermichel.eu
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dit ouvert à un abaissement de son seuil d'application, que les parlementaires pourraient faire reculer de 500.000 euro à 250.000 euro. Plus près des préoccupations des ménages, le texte préconise un nouveau rabotage de 10% des niches fiscales. Sont concernés les 22 dispositifs déjà ciblés en 2011. Les niches liées à l'emploi, comme celle aidant à l'emploi d'un salarié à domicile, sont épargnées. Plusieurs autres mesures du projet de budget 2012 concernent l'immobilier. La taxe sur les studios de moins de 13 m² louées plus de 40 euro le mètre carré, le tour de vis supplémentaire prévu sur la niche Scellier pour l'investissement locatif et, à l'inverse, une réduction de 50% pour les gros travaux « écologiques » dans le logement. Comme annoncé, le texte prévoit la création d'une taxe sur les boissons sucrées, de type soda ou jus de fruit, à hauteur d'un centime par canette de 33 centilitres. Enfin, le gouvernement introduit une taxe exceptionnelle pour les industriels soumis aux quotas de dioxyde de carbone (CO2). Il espère tirer 200 Mio euro de cette mini‐taxe carbone. Ce plan gouvernemental s'appuie sur des prévisions de croissance pour 2012 ramenées en août à 1,75%, mais que certains experts considèrent comme optimistes, compte tenu de la stagnation du PIB au deuxième trimestre 2011 (0,0 et des risques d'aggravation de la crise). A ces difficultés économiques s'ajoute la nouvelle donne politique issue du basculement à gauche du Sénat. Le débat sur le projet de budget débute le 18 octobre à l'Assemblée nationale mais il faut s'attendre à des désaccords avec la Haute Assemblée, synonymes de navettes parlementaires et d'amendements. Au final, le projet sera néanmoins adopté, les députés ayant le dernier mot. Le Parti socialiste dénonce cette « cure d'austérité sans précédent » qui « ne prend pas la mesure de la crise », il rappelle, en vue de la présidentielle, « sa volonté de mener une profonde réforme fiscale, qui redonnera de la progressivité et de la justice à l'impôt ». Marine LE PEN raille « un projet de budget à l'image du pouvoir sarkozyste : totalement dépassé par la crise ». (le 28) -
Thomas, garde les sourcils froncés. Après un budget 2012 de rigueur, voici l’état de la dette publique. La dette publique a augmenté de 46,4 Mia euro au deuxième trimestre pour atteindre fin juin 1.692,7 Mia euro, soit approximativement 86,2% du PIB. Ce ratio dette/PIB est en hausse de 1,7 point par rapport au trimestre précédent. Il était de 82,3% fin 2010. La dette de l'Etat a augmenté de 52,6 Mia euro sur la période avril‐juin pour s'élever à 1.339,2 Mia euro. Outre la dette de l'Etat, la dette publique au sens de Maastricht inclut celles des administrations de sécurité sociale (189,0 Mia euro fin juin) des administrations publiques locales (153,9 Mia euro) et des organismes divers d'administrations centrales (10,7 Mia euro). La dette nette des administrations publiques s'élève à 1.528,1 Mia euro fin juin, soit approximativement 77,8% du PIB, contre 77,2% fin mars, en progression de 23,1 Mia euro sur trois mois. Le projet de budget prévoit que la dette publique atteindra 85,5% à la fin de 2011. Le gouvernement estime qu'elle devrait culminer à 87,4% du PIB fin 2012 avant de refluer à 87,3% en 2013, 86,2% en 2014 et 84,1% en 2015. (le 30) -
Maintenant, tu peux te décontracter, nous en sommes au 2ème débat télévisé de la primaire du PS. www.greliermichel.eu
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Les six prétendants à l'investiture socialiste pour la présidentielle ont présenté la première mesure qu'ils feraient adopter s'ils étaient élus à l'Elysée. Ségolène ROYAL promet une réforme bancaire pour « que les banques obéissent au lieu de commander », qu'elles « se mettent au service des PME qui embauchent » et qu'elles protègent les économies de leurs clients. « Il est temps de remettre de l'ordre dans la maison France ». Elle propose de bloquer le prix de l'essence et de 50 produits de première nécessité. « La retraite à 60 ans sera rendue à ceux qui ont travaillé dur et depuis longtemps ». Martine AUBRY, si elle est élue, et au nom de l'exemplarité, s’engage à réduire le traitement du président de la République et des ministres de 30%. Martine AUBRY explique que la première loi qu'elle ferait voter imposerait l'égalité salariale hommes‐
femmes dans les entreprises. Elle s'engage à mettre en place un plan anti‐crise, qui annulerait notamment 10 Mia euro de niches fiscales, et relancerait la croissance par l'investissement et pour l'emploi des jeunes. François HOLLANDE rappelle son engagement en faveur de la jeunesse, via un « grand plan pour l'éducation » et son contrat de génération qui exonère de charges sociales les entreprises qui embauchent un jeune en gardant un senior. Pour François HOLLANDE, « le premier engagement que le Parlement aura à prendre », c'est une « grande réforme fiscale » qui rétablira la justice entre les contribuables. Arnaud MONTEBOURG promet de faire adopter « en urgence » une loi de mise sous tutelle des banques pour « garantir vos économies, interdire aux banques de spéculer avec votre argent et faire payer aux banques le prix de la crise ». « L'argent caché dans les paradis fiscaux sera rapatrié » et l'évasion fiscale sera punie « pénalement ». Jean‐Michel BAYLET estime qu'il faut « relancer l'Europe » et « rassembler la France ». Il souhaite que l'UE se dote d'« une gouvernance économique commune ». Et il prône un « plan de redressement » qui associerait les partenaires sociaux. Manuel VALLS affirme qu'il interdira « tout de suite l'ingérence de l'exécutif dans les décisions de justice » ‐ une apparente allusion à l'affaire Karachi. Il promet de sauvegarder le rôle du juge d'instruction. En matière d'emploi, Manuel VALLS propose la création d'un « ministère de la Production industrielle pour soutenir la compétitivité de nos entreprises ». Le troisième et dernier débat entre les six candidats aura lieu le 05 octobre. (le 28) Lors du deuxième débat des primaires. Ségolène ROYAL : « Moi, je veux inscrire dans la loi l'interdiction des licenciements boursiers ». Martine AUBRY suggère que les salariés puissent saisir le tribunal de commerce pour empêcher la fermeture de leur entreprise si elle est rentable. Arnaud MONTEBOURG défend un protectionnisme européen qui consisterait à surtaxer les produits en provenance de pays qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales en vigueur sur le Vieux Continent. Manuel VALLS prône une « TVA sociale » qui permettrait d'« injecter tout de suite 10 Mia euro dans le budget de l'Etat ». Martine AUBRY se prononce contre : « C'est une augmentation de la TVA (...) qui va toucher d'abord les classes populaires et les classes moyennes ». Ségolène ROYAL aussi se déclare « hostile » à cette TVA sociale – « qui est une TVA anti‐sociale ». Arnaud MONTEBOURG critique la TVA sociale prônée par Manuel VALLS, l’accusant de « faire dans une primaire de gauche des propositions de droite ». Manuel VALLS rétorque : « Personne ici n'a le monopole de la gauche ». « C'est trop facile de caricaturer ». www.greliermichel.eu
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Ségolène ROYAL a interpellé François HOLLANDE qui propose une « contribution écologique », exigeant de savoir qui l'acquitterait. Tandis que le débat s'enflammait, Martine AUBRY a insisté pour rappeler que les six prétendants étaient tous d'accord sur la réforme fiscale. (le 28) François HOLLANDE propose de changer le mode de calcul du SMIC et de mettre fin aux stock‐options. Martine AUBRY estime que les entreprises trouveraient toujours des moyens détournés de verser des sur‐salaires, elle suggère qu'ils soient taxés au même niveau que les rémunérations classiques. Ségolène ROYAL souhaite que la loi impose « une progression obligatoire salariale dans les entreprises qui font des bénéfices ». Manuel VALLS offre de « généraliser » les polices municipales. Martine AUBRY promet de déployer 10.000 policiers en plus sur cinq ans. Arnaud MONTEBOURG estime qu'il faut « associer » la population à la politique de sécurité. Ségolène ROYAL a une nouvelle fois défendu l'encadrement militaire éducatif des jeunes délinquants. François HOLLANDE lui rétorque qu'un délinquant condamné doit avoir affaire à l'administration pénitentiaire et non à une autre institution. François HOLLANDE et Martine AUBRY se prononcent pour des régularisations de sans‐papiers au cas par cas sur la base de critères qui incluraient l'insertion professionnelle, la durée de la présence sur le territoire et la vie de famille. Arnaud MONTEBOURG préconise des « critères généreux », Ségolène ROYAL note qu'il faut être « très prudent sur cette générosité aux dépens des autres », à savoir les immigrés en règle. Elle prône « un démantèlement et une répression des trafiquants de main‐d'œuvre ». Jean‐Michel BAYLET se prononce « pour la suppression du délit d'aide au séjour illégal ». Manuel VALLS considère que « notre système d'intégration ne marche plus ». « Dans une période de chômage mais aussi de tensions dans les quartiers », il juge que « des reconduites à la frontière » sont nécessaires. Pour clore le débat, les candidats ont été interrogés sur la morale en politique. Martine AUBRY souhaite « que le statut pénal du chef de l'Etat et des ministres change pour que, pour tout ce qui n'est pas lié à leurs fonctions, ils puissent être jugés comme tous les citoyens ». Pour Ségolène ROYAL, « tout élu qui serait condamné pour des faits relevant de peines privatives de liberté sera immédiatement démis de ses fonctions et inéligible à vie ». Arnaud MONTEBOURG assure que son projet de VIe République allait « beaucoup plus loin » et ouvrait « une nouvelle ère démocratique ». (le 28) - Quand il n’est pas sur les plateaux de télévision, le PS travaille. La situation des banques françaises s'invite dans la campagne présidentielle, les socialistes, favoris des sondages, promettant une vaste réforme dans un contexte d'inquiétude de la population et des marchés financiers. Le projet du Parti socialiste pour 2012, sur lequel devra s'appuyer son candidat, stipule qu'« il faut revenir à une stricte distinction des métiers bancaires et séparer activités de dépôt et activités financières ». L'idée d'une scission des banques, totalement opposée à la configuration actuelle du système bancaire français, est revenue en force depuis le début de la crise financière. Sans aller jusqu'à imposer une scission, la « règle Volcker », en cours de mise en œuvre aux Etats‐Unis, interdit désormais aux banques de spéculer pour leur compte. En France, l'idée est défendue non seulement par la gauche mais aussi, à l'autre bout du spectre www.greliermichel.eu
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politique, par le Front national. Absurde ! répondent les autorités françaises ‐ ministère des Finances, Trésor, et Banque de France ‐ en soulignant que les faillites les plus retentissantes ont concerné des banques « pures » : Lehman Brothers (banque d'affaires) et Northern Rock (banque de dépôt). Au contraire, assurent‐elles, le modèle français a permis d'éviter les faillites. Un argument également utilisé par des banquiers. Les banques ont fait figure de « vedettes » dans le débat organisé le 28 septembre entre les candidats à la primaire. Ségolène ROYAL et Arnaud MONTEBOURG ont expliqué que la réforme bancaire serait leur première décision s'ils remportent la présidentielle, tandis que Martine Aubry déclarait que « la première priorité est bien évidemment de mettre la finance au service de l'économie et des Français ». La scission, « c'est indispensable », dit Jean‐Christophe CAMBADELIS, ancien soutien de DSK désormais allié à Martine AUBRY. « Vous ne pouvez pas dire aux gens de se serrer la ceinture et laisser les banques continuer à spéculer ». François HOLLANDE n'a pas abordé le sujet lors du débat télévisé. « Oui, non voulons séparer les activités », confirme l'un de ses soutiens, Michel SAPIN. « Cela peut se faire sans qu'il y ait forcément une séparation des établissements eux‐mêmes, à condition que l'on sépare absolument les deux activités ». « L'objectif n'est pas de créer les cataclysmes, c'est de les éviter ». Si Ségolène ROYAL et Arnaud MONTEBOURG souhaitent mettre les banques sous tutelle, le Front national estime que l'entrée de l'Etat au capital des banques serait une solution efficace, le rôle de l'autorité publique étant selon Marine LE PEN de protéger les « déposants français ». (le 30) Les socialistes français s'opposent depuis des mois à la règle d’or d’équilibre des finances publiques proposée par Nicolas SARKOZY, pour rassurer les marchés. Le texte a été adopté par le Parlement français le 13 juillet. Toutefois, en raison des maigres chances d'obtenir la majorité des deux tiers au Congrès pour permettre une modification de la Constitution, le gouvernement n'a toujours pas convoqué les deux chambres à Versailles. Le changement de majorité au Sénat a définitivement éloigné la possibilité d'entériner le projet. François HOLLANDE enterre le texte : « La règle d’or est morte et bien morte ». S’il ne nie pas l’importance de diminuer et réguler les comptes publics, François HOLLANDE déclare que le texte soutenu par la majorité est « factice ». En cas de victoire de la gauche à l’élection présidentielle en mai 2012, François HOLLANDE soutient qu’il sera néanmoins nécessaire de faire voter une stratégie d’équilibre des finances publiques. Mais qu’il « n’est pas la peine de l’inscrire dans la Constitution ». (le 26) Après le vote du Bundestag (523 voix pour, 85 contre) du second plan de sauvetage de la Grèce, il ne fait plus guère de doute qu’il pourra entrer en action. On ne peut que saluer l’exploit : il aura fallu moins de trois mois à 17 démocraties pour boucler le cycle des ratifications nationales des décisions annoncées le 21 juillet par le sommet des chefs d’État ou de gouvernement de la zone euro. Partout, les partis socialistes, qui sont pourtant dans l’opposition dans 14 pays sur les 17 que compte la zone euro, ont voté en faveur du FESF (tout comme les Ecologistes). Partout, sauf en France. Il serait dommage que ce fait étonnant tombe dans l’oubli : le 07 septembre, à l’Assemblée nationale, le PS s’est abstenu lors du vote sur le FESF. Lors d’un débat qui n’a duré que www.greliermichel.eu
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quelques minutes dans un hémicycle désert, Henri EMMANUELLI a expliqué que les socialistes n'allaient « pas voter contre car il faut montrer notre solidarité à la Grèce ». Mais, « j'émets des doutes très, très forts (...) car si les marchés sont si hiératiques, c'est qu'ils ont du mal à croire que le scénario du 21 juillet est applicable ». Un autre député PS a critiqué le renforcement insuffisant du FESF. Certes, mais pourquoi s’abstenir ? Si le FESF n’avait pas été renforcé du tout, est‐ce que cela aurait permis de mieux résoudre la crise ? On mesure la profondeur de l’analyse. Ce vote est pour le moins étonnant, alors que le SPD allemand n’a pas hésité une seconde à voter en faveur de l’extension des compétences et des moyens du FESF. En réalité, le PS continue à faire de la politique intérieure de bas étage (on ne va pas voter un projet défendu par Nicolas SARKOZY). C’est pour le moins inquiétant à quelques mois d’une élection présidentielle qui pourrait le ramener au pouvoir. Le passage d’une culture d’opposition dure à une culture de gouvernement en pleine crise mondiale promet de donner des sueurs froides aux partenaires de la France et aux marchés… (le 02 octobre) - Les mésaventures du candidat Arnaud MONTEBOURG. L'équipe de campagne d’Arnaud MONTEBOURG a demandé que sa sécurité soit garantie lors de sa visite à Marseille, à l'occasion de laquelle il doit tenir un meeting sur le thème de la corruption au Dock des Suds. Un membre du Groupe d'intervention de la police nationale (GIPN) devrait l'accompagner. (le 28) - Il ne jette pas l’éponge, Jean‐Louis BORLOO déclare forfait et ne monte pas sur le ring. Jean‐Louis BORLOO n'a pas dit directement qu'il ne se présenterait pas mais a présenté toutes ses raisons de ne pas le faire. « Je pense que les temps sont suffisamment troublés pour ne pas ajouter de la confusion à la confusion ». « Nous sommes dans une crise économique et sociale d'une extrême gravité », « la peur, le désarroi amènent vers des extrêmes où que ce soit ». « Le climat délétère, le climat des affaires (politiques) me paraît accentuer ce risque », et « je crois que c'est plus responsable de prendre la position que je prends ». Jean‐Louis BORLOO a refusé de dire s'il soutiendrait une éventuelle candidature de Nicolas SARKOZY. « On verra ça en temps utile », quand l'UMP présentera son candidat et son projet. (le 02 octobre) - Quelques secondes de « people présidentiel ». Carla BRUNI devrait donner naissance prochainement au premier enfant du couple présidentiel. En cette fin de grossesse, elle « lit tout le temps » car elle est « un peu immobilisée ». Elle ignore si Nicolas SARKOZY fera campagne. Quant aux passions que déchaîne une élection, Carla BRUNI estime que c'est « la règle du jeu », citant au passage John MAJOR, un conservateur britannique, ancien Premier ministre : « Si vous voulez de la gratitude, élevez des chiens ! ». Elle souligne que son statut de première dame est davantage un privilège qu'une gêne. (le 29) - Nous ferons la clôture avec… Une confrontation entre DSK et Tristane BANON est prévue le 29 septembre, dans les www.greliermichel.eu
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locaux de la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP). (le 26) DSK est arrivé avant 09 h, son véhicule s'engouffrant dans le parking du bâtiment de police. Il en est ressorti peu avant midi par l'entrée principale avant de monter dans un véhicule. Tristane BANON ne s'est pas montrée. A l'issue de cette confrontation, le parquet de Paris devrait prendre une décision quant à la suite de la procédure, classement sans suite ou ouverture d'une information judiciaire. (le 29) www.greliermichel.eu
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Semaine 40 – du lundi 03 au dimanche 09 octobre 2011 HOLLANDE 39, AUBRY 31, MONTEBOURG 17 - Allons‐y, sans round d’observation Martine AUBRY a battu le rappel de ses partisans lors d'un meeting parisien à trois jours du premier tour des « primaires citoyennes » et au lendemain d'un troisième et dernier débat télévisé qui n'a guère bouleversé la donne entre candidats à l'investiture socialiste. Objectif : faire mentir les sondages qui la donnent distancée par François Hollande. Dans une enceinte surchauffée où plusieurs milliers de personnes ‐ 3.000 selon les organisateurs ‐ s'étaient rassemblés aux cris de « Martine présidente ! », elle s'est employée à mobiliser son camp tout en cultivant discrètement ses différences avec celui qui semble appelé à être son rival au second tour. Martine AUBRY a répété à l'intention de François HOLLANDE, jugé trop attentiste, que « nous ne combattrons pas une droite dure avec une gauche molle ». « Pour pouvoir diriger la France en ces temps difficiles, il faut une expérience solide », en rappelant les grandes lignes de son CV. Sa priorité : « changer de politique économique » et « mettre au pas la finance », bref « tourner non seulement la page du sarkozysme mais aussi tourner la page du néolibéralisme financier », qui sont « les deux versants d'une même montagne ». Pour ce faire, Martine AUBRY s'est à nouveau prononcée pour une taxation des transactions financières, un encadrement des agences de notation et une interdiction des paradis fiscaux. Martine AUBRY entend s'attaquer au chômage des jeunes, via la création de 300.000 emplois d'avenir « largement finançables », et réformer la fiscalité en faisant payer « tout le monde selon ses moyens » ; un sujet sur lequel « tous les socialistes sont d'accord ». « Quand on est sérieux aujourd'hui, on s'attaque aux deux déficits : le déficit public (...) et le déficit de croissance et d'emploi ». Elle voit dans cette question « le débat central en 2012 avec Nicolas SARKOZY ». Martine AUBRY s'est projetée dans l'après‐primaires, identifiant Nicolas SARKOZY comme son réel adversaire. « Votre confiance m'oblige, votre soutien me porte ». « J'en aurai surtout besoin pendant les cinq ans où, présidente de la République, j'aurai à conduire le destin de la France ». La foule était enthousiaste, au premier rang de laquelle figuraient Bertrand DELANOË, Benoît HAMON, Laurent FABIUS, Elisabeth GUIGOU, David ASSOULINE, Jean‐
Paul HUCHON, Axel KAHN, Yohann DINIZ et Virginie LEDOYEN. Soucieuse de voir la voix de la France à nouveau entendue, « en Europe mais aussi partout dans le monde », Martine AUBRY a rendu un hommage remarqué au plus illustre de ses soutiens, Stéphane HESSEL, évoquant « un grand ami, un homme pour lequel j'ai une profonde admiration ». Plutôt que de s'en prendre à François HOLLANDE, Martine AUBRY a préféré fustiger un régime décrédibilisé par les affaires. « Ils écoutent les journalistes ; nous, nous écouterons tout simplement les Français ». Au‐delà de cette aspiration à un « changement profond », Martine AUBRY s'est félicitée de la bonne tenue des primaires, qui « redonnent de la noblesse à la politique ». « Le 09 octobre, le premier tour de notre primaire nous fera tourner une page (...) après le séisme de 2002 et sa réplique de 2007 ». Ces primaires, enviées à droite, sont « le symbole du souffle démocratique que nous voulons donner après 2012 ». (le 06 octobre) www.greliermichel.eu
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La politique spectacle trouve ses grands‐messes à la télévision. Après leurs trois débats télévisés, les six candidats attendent le verdict des urnes pour dresser l'état des lieux de leur rapport de force. François HOLLANDE, grand favori, et Martine AUBRY, à sa poursuite, comptent se retrouver au second tour. D'ores et déjà, les candidats ont réussi la première partie de l'exercice, s'offrant une large couverture médiatique tout en évitant soigneusement d'alimenter divisions et querelles de personnelles. Les trois débats télévisés organisés ont certes donné lieu à quelques piques, mais le ton est resté courtois et modéré. Preuve de l'intérêt suscité par l'exercice, les chaînes de télévision ont réalisé des records d'audience à chaque fois : cinq millions de téléspectateurs à 20h30 le 15 septembre sur France‐2 ; 3,4 millions sur i‐télé entre 18h et 21h30 le 28 septembre ; BFM TV a réuni 1,441 million de téléspectateurs entre 20h30 et 22h50, un record d'audience absolu de la chaîne depuis sa création. François HOLLANDE a soigné sa posture de présidentiable, se voulant rassembleur autour de son principal axe de campagne sur le thème de la jeunesse. Martine AUBRY a cherché à se montrer combative, critiquant parfois les idées de son rival, et gagnant en assurance au cours des débats. (le 07) - Résultats du premier tour de la « primaire citoyenne ». François HOLLANDE obtiendrait 39% des voix, devant Martine AUBRY avec 31%, après le dépouillement de 1.934.496 bulletins dans 9.350 bureaux de vote. Arnaud MONTEBOURG arriverait en troisième position avec 17% des voix, devant Ségolène ROYAL (7%), Manuel VALLS (6%) et Jean‐Michel BAYLET (1%). La validation officielle des résultats ne devrait pas intervenir avant la fin de matinée du 10 octobre. (le 09) La principale surprise du scrutin, Arnaud MONTEBOURG, en troisième position, pourrait jouer les arbitres. Les alliances s'annoncent déterminantes. François HOLLANDE a appelé « au rassemblement le plus large » autour de sa candidature. Il a d’ores et déjà reçu le soutien de Manuel VALLS. François HOLLANDE a lancé des appels du pied en direction des troupes d'Arnaud MONTEBOURG, promettant de « faire en sorte aussi que la République soit profondément renouvelée, moralisée, et à bien des égards refondée dans un esprit de solidarité ». Il a eu un mot pour Ségolène ROYAL : « qu'elle sache que nombre de ses idées sont aujourd'hui partagées par tous ». Martine AUBRY, qui espère bénéficier d'un report des voix sur son aile gauche, notamment dans l'électorat d'Arnaud MONTEBOURG et Ségolène ROYAL, s'est plus que jamais glissée dans le costume de présidentiable : « Face une droite dure, et une crise qui dure, il faut une gauche forte ». « Durant cette campagne, je n'ai pas cherché à plaire ou à flatter. (...) Je n'ai pas changé d'avis au gré des événements, j'ai dit la vérité. J'ai tout simplement annoncé ce que je ferai demain si les Français me font confiance. J'ai tenu une ligne qui n'a jamais varié ». « Bien sûr je rétablirai les comptes publics, (...) mais je refuse et je refuserai d'entrer dans une course à l'austérité avec la droite ». « Ce soir les électeurs des primaires ont majoritairement dit qu'ils voulaient que ça change vraiment, que ça change enfin. Au second tour, je porterai ce changement de fond, et sur cette base (...) je battrai M. SARKOZY en 2012 ». www.greliermichel.eu
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Arnaud MONTEBOURG doit réunir son équipe pour prendre position en vue du second tour. « Les primaires sont pour moi et pour beaucoup le premier acte et la première pierre de la VIe République où les citoyens pourront désormais exercer leur poids et leur vote ». La déception a dominé dans le clan de Ségolène ROYAL, qui a pris acte du résultat, visiblement affectée par son faible score. « Je sais que toutes celles et ceux qui ont voté pour moi vont continuer à se mobiliser pour que la gauche gagne en 2012 dans le sens que je leur indiquerai prochainement ». Jean‐Michel BAYLET réunira le bureau de son parti pour décider de son soutien au second tour. (le 09) - Qui est Martine AUBRY ? Martine AUBRY, lors de son discours de candidature, le 28 juin à Lille : « La France connaît des heures difficiles, mais je suis résolue à me battre de toutes mes forces pour lui redonner un avenir ». Une stratégie mise à mal par DSK, qui a confirmé le 18 septembre l'existence d'un « pacte » prévoyant que seul le mieux placé des deux se présenterait aux primaires. Militante socialiste depuis 1974, cette grosse bûcheuse, diplômée de Sciences‐Po et de l'ENA, dont elle est sortie sixième en 1975, a d'abord travaillé 15 ans au ministère du Travail. Rue de Grenelle, elle travaille avec Jean AUROUX à la rédaction des lois du même nom. Elle occupe ensuite le poste de directeur des relations du travail de 1984 à 1987, collaborant tour à tour avec Pierre BEREGOVOY et Philippe SEGUIN. En décembre 1988, Martine AUBRY « pantoufle » chez Péchiney, où Jean GANDOIS en fait sa directrice générale adjointe. Le 10 octobre 1997, devenu « patron des patrons », il tombera de haut lorsqu'il entendra Lionel JOSPIN annoncer que les 35 heures se feraient par la loi. Entre‐temps, Martine AUBRY connaît sa première expérience gouvernementale comme ministre du Travail des gouvernements Cresson et Bérégovoy (1991‐1993). Après la déroute socialiste de mars 1993, elle rebondit en créant la Fondation pour agir contre l'exclusion (FACE) et cherche une assise électorale dans le Nord, devenant en 1995 première adjointe de Pierre MAUROY à Lille et vice‐présidente de la communauté urbaine. L'essai est transformé en 1997, avec une confortable élection (près de 61%) dans la 5e circonscription du Nord, puis en 2001 lorsqu'elle succède à son mentor au beffroi. Intellectuellement brillante, franche voire très franche, arrogante selon ses détracteurs, Martine AUBRY s'impose au poste de ministre de l'Emploi et de la Solidarité du gouvernement Jospin. Son nom est associé à toutes les réformes « de gauche » engagées entre 1997 et 2002, des 35 heures à la couverture maladie universelle (CMU), de la loi sur les exclusions aux emplois‐
jeunes. A tort ou à raison : on oublie souvent que la réduction du temps de travail a été inscrite dans le projet socialiste de 1997 à la demande d'un certain Dominique STRAUSS‐
KAHN. Mais Martine AUBRY laisse aussi le souvenir d'une femme intransigeante, avec l'imposition de la réduction du temps de travail à toutes les entreprises en octobre 1997. Ses amis de la CFDT lui reprochent d'incarner « une gauche autoritaire ». « Martine n'est pas une diseuse mais une faiseuse », plaide Claude BARTOLONE, l'un de ses fidèles. Cette réforme controversée, « la Dame des 35 heures » la paiera cash aux législatives de 2002. Meurtrie par sa défaite face à l'UMP Sébastien HUYGHE, un jeune clerc de notaire alors totalement inconnu, elle se replie sur sa mairie. Celle qui déteste Ségolène ROYAL se tient à l'écart de la campagne présidentielle de 2007. Elle signera un retour éclatant sur la scène politique nationale avec sa réélection triomphale dans son fief en mars 2008. Au sein du parti, conquis dans la douleur après le calamiteux congrès de Reims, celle qui n'a www.greliermichel.eu
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jamais eu de courant constitué cède aux avances des « reconstructeurs », coalition hétéroclite constituée des amis de Laurent FABIUS, d'une partie des strauss‐kahniens et des proches d'Arnaud MONTEBOURG, qui se cherchent alors un chef de file pour contrer Ségolène ROYAL et Bertrand DELANOË. Face à eux, cette « anti‐Ségolène » défend un PS ancré à gauche, fier de ses valeurs et allié avec les seuls partis de gauche, au risque d'une petite entorse avec son entente locale à Lille avec le MoDem. Dans un PS déchiré après le départ de François HOLLANDE, Martine AUBRY ralliera également la gauche du parti. Depuis son arrivée à la tête du PS, celle qui n'avait ‐ pas encore ‐ d'ambition élyséenne n'a eu de cesse d'essayer de recoller les morceaux et surtout de préparer sa formation à l'élection présidentielle, avec la présentation d'un projet et la mise au point des primaires : « Pour gagner 2012, il faut réussir 2011 ». La voici désormais en première ligne. (le 09) - Le 3ème de l’étape… Arnaud MONTEBOURG sort renforcé du premier tour, doublant largement Ségolène ROYAL. « Les primaires sont pour moi et pour beaucoup le premier acte et la première pierre de la VIe République où les citoyens pourront désormais exercer leur poids et leur vote ». Il a remercié les « centaines de milliers d'hommes et de femmes » qui, en votant pour lui, ont « réussi l'exploit de faire mentir les sondages, de mettre en minorité les deux candidats officiels et d'installer au cœur de la primaire et de l'élection présidentielle de l'année prochaine la démondialisation, la VIe République, le capitalisme coopératif, la lutte contre la corruption ». « Ce soir chacun doit savoir que ma détermination à poursuivre le combat pour des idées et les rêves que je porte, pour les solutions nouvelles que je veux mettre au pouvoir, est totale ». Arnaud MONTEBOURG s'est fait le chantre de la « démondialisation ». Il défend notamment un protectionnisme européen qui consisterait à surtaxer les produits en provenance de pays qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales en vigueur sur le Vieux Continent. Depuis le début des années 2000, Arnaud MONTEBOURG défend un projet de VIe République, avec une nouvelle Constitution, qui donnerait moins de pouvoir au président de la République. Les pouvoirs de décision reviendraient au Premier ministre, avec un Parlement renforcé. (le 09) -
Moment de répit dans ce tourbillon électoral socialiste, élévation politique et coup de gueule français… Deux membres permanents du Conseil de Sécurité, la Russie et la Chine, ont opposé leur veto à une résolution prévoyant de nouvelles menaces contre la Syrie si le régime de Damas ne cessait pas la répression contre les manifestants. Alain JUPPE : « C'est un triste jour pour le peuple syrien. C'est un triste jour pour le Conseil de Sécurité ». « La France, avec ses partenaires, a tout tenté pour proposer au Conseil de Sécurité un texte fort mais qui puisse répondre aux préoccupations de tous. Certains ont décidé de mettre leur veto ». « Le Conseil de Sécurité ne pouvait rester silencieux face à la tragédie syrienne ». « Il devait s'élever contre un dictateur qui massacre son peuple et cherche à étouffer l'aspiration légitime des Syriens à la démocratie ». (le 05) - La grande roue politique nationale repart, dans l’autres sens. La droite affiche sa satisfaction après la décision de Jean‐Louis BORLOO de ne pas se porter candidat à l'élection présidentielle. Les responsables de la majorité lui font des www.greliermichel.eu
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appels du pied pour le réintégrer aux côtés de l'UMP dans la campagne présidentielle de 2012. Jean‐François COPE salue « une décision qui est empreinte de beaucoup de sagesse et de responsabilité ». Sa candidature « pouvait porter en elle le germe de toutes les divisions possibles au sein de notre famille politique ». Jean‐François COPE déclare tendre la main à Jean‐Louis BORLOO et à son entourage « pour leur dire : 'nous devons absolument maintenant nous parler'. Il y a un vrai travail de parole à faire pour essayer de comprendre ce qui a pu conduire à ces difficultés ». Bruno LE MAIRE, en charge de la conception du projet UMP pour la présidentielle, plaide pour « la main tendue à destination de Jean‐Louis BORLOO, à destination de Dominique de VILLEPIN pour faire une place à leurs idées et à leurs propositions ». « Je compte bien dès cette semaine appeler Jean‐Louis BORLOO, lui dire (...) regardons quelle place nous pouvons faire dans notre projet présidentiel à tes idées ». Christian JACOB s'est dit « satisfait de cette décision ». « C'est quelqu'un qui a le sens des responsabilités, qui a porté avec nous une très grande partie du bilan et de l'action de la majorité (...) La place de Jean‐Louis BORLOO, elle est dans la majorité ». Nathalie KOSCIUSKO‐MORIZET salue un mouvement « de sagesse et de responsabilité ». Elle appelle de ses vœux « un grand mouvement de rassemblement » à droite. « C'est pas le moment des aventures individuelles ». Jean‐Louis BORLOO « préfère s'inscrire dans un collectif. Moi, je trouve ça bien ». A gauche, François HOLLANDE met en avant « la part des considérations personnelles » dans la décision de Jean‐Louis BORLOO. « Pour être candidat à l'élection présidentielle, il faut en avoir eu l'envie ‐ le mot est faible ‐ il faut en avoir eu la conviction, la préparation, l'engagement et que ça ne peut pas être une fluctuation ». « La conséquence, c'est que la candidature unique de la droite est aujourd'hui plutôt en marche ». (le 03) Nicolas SARKOZY s'est félicité de la décision de Jean‐Louis BORLOO : « C'est plus courageux de renoncer que d'y aller ». Si l'espace libéré par Jean‐Louis BORLOO ravit Nicolas SARKOZY, qui compte sur ce réservoir de voix pour le premier tour de la présidentielle, il suscite aussi toutes les convoitises. A côté de François BAYROU, considéré par certains comme le « candidat naturel » du centre, Hervé MORIN plaide pour un « rassemblement des centres » penchant clairement à droite. « Sur nombre de sujets, nous sommes proches ». « Mais il y a une différence majeure, c'est que moi, je sais où je suis. Je ne suis pas dans l'ambiguïté. Si je ne suis pas au second tour, j'appellerai à voter pour un candidat de droite ». L'ambition d’Hervé MORIN ne fait toutefois pas l'unanimité dans ses propres rangs. Pour Jean‐Christophe LAGARDE, qui soutenait la candidature de Jean‐Louis BORLOO, Hervé MORIN devra « essayer de convaincre d'abord les députés Nouveau Centre de l'intérêt de sa candidature et de sa capacité à la porter, puis nos amis radicaux, puis, s'il arrive à faire ça, il faudra ensuite en convaincre les Français ». Yvan LACHAUD refuse lui aussi de se précipiter, même s'il considère qu'Hervé MORIN a « les capacités pour défendre et promouvoir les idées centristes ». Le parti centriste en discutera lors de son conseil politique « au cours duquel il va décider ce qu'il va faire ». « Je crois qu'aujourd'hui, le plus important c'est de définir notre programme, (...) plus d'Europe, une société plus juste et plus équitable, privilégier l'éducation et la famille, et puis ensuite nous verrons le temps de la désignation du candidat ». Quant aux pressions qu'aurait exercées l'Elysée sur Jean‐Louis BORLOO pour lui faire jeter l'éponge, Yvan LACHAUD n'en voit aucune. « Je ne vois pas quelles pressions il peut y avoir ». « J'étais ce matin au petit déjeuner de la majorité, il n'y a eu aucune pression du président de la République, que www.greliermichel.eu
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je rencontre d'ailleurs assez régulièrement ». (le 04) - Et la récupération politicienne bat son plein ! Ségolène ROYAL lance « un appel aux centristes humanistes qui veulent le changement en 2012 à la rejoindre », au lendemain de l'annonce par Jean‐Louis BORLOO de sa décision de ne pas se présenter à l'élection présidentielle. « Le retrait de Jean‐Louis BORLOO m'étonne car il avait l'air assez déterminé, mais ce qui m'intéresse, c'est que cette décision d'être candidat n'était pas une décision anodine puisque c'est un ancien ministre de monsieur SARKOZY ». « Connaissant le système de l'intérieur, il avait suffisamment de raisons pour prendre ses distances avec un système corrompu, en cours de délitement ». « Les citoyens qui l'avaient rejoint dans cette prise de distance, sont aujourd'hui désorientés ». « Rejoignez‐nous, rejoignez la gauche, les forces du progrès pour qu'en 2012, vos voix puissent compter dans le changement ». Ségolène ROYAL rappelle qu'elle « n'avait pas attendu aujourd'hui pour tendre la main aux centristes humanistes qui font ici partie de ma majorité » avant d'expliquer qu'elle défendait « les valeurs auxquelles tiennent les centristes notamment l'éducation, l'impartialité de l'Etat ou la lutte contre la dette ». « Dans ce vaste rassemblement que j'appelle de mes vœux, à la France unie que je veux construire pour demain, les centristes auront toute leur place ». (le 03) - Et une candidate de plus. Une ! Corinne LEPAGE, présidente du parti écologiste Cap‐21, officialise sa candidature à l'élection présidentielle de 2012. « J'ai beaucoup réfléchi, je me suis beaucoup préparée et je souhaite être candidate à cette élection ». Corinne LEPAGE avait été candidate à la présidentielle de 2002. Agée de 60 ans, avocate de profession spécialisée dans les dossiers liés à l'environnement, elle a été élue au Parlement européen en 2009. Ministre de l'Environnement dans le gouvernement d'Alain JUPPE entre 1995 et 1997, elle a rompu avec le MoDem de François BAYROU, dont elle était vice‐présidente, en 2010. (le 04) - Des nouvelles de Nicolas SARKOZY ? Des déplacements ? - Oui Thomas. Nicolas SARKOZY a appelé la Turquie à reconnaître sa responsabilité dans le génocide arménien de 1915, laissant entendre que la France pourrait faire voter une loi pénalisant la négation de ce génocide. Nicolas SARKOZY a précisé qu'« il ne revient pas à la France de poser un ultimatum à qui que ce soit ». « Mais enfin, à travers les lignes, vous pouvez comprendre que le temps n'est pas infini, 1915‐2011, il me semble que pour la réflexion, c'est suffisant ». « Dans ce cas‐là, la réaction de la France, en fonction de ce que diront les dirigeants turcs, se ferait connaître dans un délai assez bref, et si je ne le précise pas, c'est parce que j'espère toujours dans les réactions de la société turque et du gouvernement turc ». « Mais enfin, assez bref, ça a une signification qui en tout état de cause, englobe la durée de mon mandat ». Nicolas SARKOZY a confié que sa visite au mémorial de Tsitsernakaberd, dédié aux victimes du génocide, lui avait rappelé des sentiments similaires à ceux qu'il avait eus en se rendant au mémorial Yad Vashem consacré aux victimes de l'Holocauste, à Jérusalem, et dans un musée rendant hommage aux victimes du génocide au Rwanda. (le 07) www.greliermichel.eu
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La Turquie a conseillé à la France d'affronter son passé colonial avant de donner des leçons aux autres pays, en réponse aux déclarations de Nicolas SARKOZY donnant quelques mois à Ankara pour reconnaître le génocide arménien de 1915. Ahmed DAVUTOGLU n'a pas tardé à réagir : « Ceux qui ne sont pas capables d'affronter leur propre histoire parce qu'ils ont mené une politique colonialiste pendant des siècles, parce qu'ils traitent leurs étrangers comme des citoyens de seconde zone, n'ont pas à donner une leçon d'histoire à la Turquie ». La Turquie réfute la qualification de génocide, parlant de meurtres à grande échelle visant non seulement les Arméniens mais aussi les Turcs. Ahmed DAVUTOGLU a déclaré que la Turquie et l'Arménie œuvraient ensemble à une normalisation de leurs relations et que les propos de Nicolas SARKOZY auraient un impact négatif sur ces efforts de réconciliation. Erevan et Ankara ont convenu en 2009, sous l'égide des Etats‐Unis, de l'UE et de la Russie, d'établir des liens diplomatiques et de rouvrir leur frontière commune dans les deux mois suivant la validation de leur accord par leurs parlements respectifs. Mais les deux pays se sont ensuite mutuellement accusés d'avoir modifié les termes de l'accord, et le processus de réconciliation est aujourd'hui en suspens. Les deux pays s'affrontent sur l'avenir de l'enclave peuplée majoritairement d'Arméniens du Haut‐Karabakh, théâtre d'un conflit armé dans les années 1990 après avoir fait sécession de l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie. (le 07) Nicolas SARKOZY a froissé la Turquie en lui donnant quelques mois pour reconnaître le génocide arménien de 1915, faute de quoi la France pourrait légiférer pour sanctionner pénalement le négationnisme turc. Une proposition de loi socialiste en ce sens a déjà été votée par l'Assemblée mais rejetée par le Sénat. Patrick DEVEDJIAN, qui l’accompagne, déclare à des interlocuteurs arméniens que Nicolas SARKOZY donnait aux dirigeants turcs jusqu'à la fin de 2011 pour reconnaître le génocide arménien. La question est revenue comme un leitmotiv tout au long d'une visite de moins de 24 heures à Erevan, où Nicolas SARKOZY a inauguré un musée à la gloire de Charles AZNAVOUR en présence du chanteur franco‐arménien. Nicolas SARKOZY a pris soin de dire, lors d'un dîner offert par le président arménien Serge SARKISSIAN, que la France voulait « être l'amie de la Turquie », où Claude GUEANT se trouvait au même moment pour signer un accord de coopération dans la sécurité intérieure. Nicolas SARKOZY réaffirme son opposition à l'adhésion de la Turquie à l'UE, même si ce pays avait un « rôle essentiel » à jouer, et qu'il ne voyait pas de raison de changer de position. (le 07) - Il n’y a pas de doute, Nicolas SARKOZY a ses têtes de Turcs ! - Mise au point de la Commission européenne pour les démunis. La réunion du 03 octobre des ministres des Affaires sociales n’a pas permis de trouver un accord sur la pérennisation du programme alimentaire. La Commission a pourtant fait de nouvelles propositions. Malgré les efforts des commissaires Dacian CIOLOS et László ANDOR, les négociations piétinent. Le sujet avait été inscrit à l’ordre du jour à la demande de la France et de la Slovénie mais sans résultat concret jusqu'à présent. Pour tenter de débloquer la situation, les deux représentants de la Commission ont proposé de modifier la base juridique du PEAD, la transférant de la politique agricole à la politique sociale de l’UE. Six pays (Allemagne, Suède, Danemark, Pays‐Bas, Royaume‐Uni, République tchèque) www.greliermichel.eu
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sont toujours opposés à toute réforme, estimant que l’aide alimentaire ne relève pas du champ de compétences de l’UE et que les politiques sociales sont du ressort des Etats membres. Dacian CIOLOS assure que l’argent est « disponible », prêt à être débloqué et que c’est aux Etats de prendre leurs « responsabilités ». Le sujet pourrait être ajouté à l'agenda du Conseil européen des 17 et 18 octobre. (le 04) - Thomas, pourquoi ne me demandes‐tu pas des nouvelles de la France ? - Et bien si, je t’en demande. Tu as des bilans de santé récents ? - Un… Le déficit du budget s'établit à 102,8 Mia euro à fin août contre 122,1 Mia euro à fin août 2010. L'évolution est marquée par une dégradation de 10,3 Mia euro du solde des comptes spéciaux, liée principalement au décaissement du prêt octroyé à la Grèce. Le solde du budget général s'est amélioré de 29,6 Mia euro. Au 31 août, les dépenses totales (budget général et prélèvements sur recettes) atteignent 243 Mia euro, soit 27,1 Mia euro de moins qu'à la même date l'année dernière. Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements) s'établissent à 172 Mia euro contre 169,5 Mia euro un an auparavant. Les recettes fiscales augmentent de 4,1 Mia euro d'une année sur l'autre. (le 07) - Et deux… Le déficit commercial s'est réduit à 4,967 Mia euro en août, après 6,363 Mia euro en juillet, grâce à la réalisation de grands contrats aéronautiques et spatiaux. Le solde cumulé de la balance commerciale depuis début 2011 s'établit à ‐48,560 Mia euro à fin août (CVS/CJO), contre ‐33,184 Mia euro un an plus tôt. Les importations ont elles aussi augmenté en août mais elles ont quasiment stagné en glissement trimestriel (+0,1%), malgré une hausse des achats d'hydrocarbures, reflétant un ralentissement de la demande dans le pays. (le 07) - C’est pas terrible ! Heureusement que nous avons encore une semaine de campagne citoyenne pour oublier tous ces déboires. www.greliermichel.eu
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Semaine 41 – du lundi 10 au dimanche 16 octobre 2011 … and the winner is… François HOLLANDE - Retour en arrière pour des résultats officiels et définitifs. La Haute autorité des primaires a reçu les remontées de 88,5% des bureaux de vote où ont été recensés 2.379.383 votants. Dans l'attente de la centralisation des bureaux de vote restants, Harlem DESIR s'est félicité de la participation de « plus de 2.500.000 votants lors du premier tour ». (le 10) Les résultats du premier tour des primaires ont été validés par la Haute Autorité des primaires. François HOLLANDE : 1.038.207 voix soit 39,2% ‐ Martine AUBRY : 806.189 voix soit 30,4% ‐ Arnaud MONTEBOURG : 455.609 voix soit 17,2% ‐ Ségolène ROYAL : 184.096 voix soit 6,9% ‐ Manuel VALLS : 149.103 voix soit 5,6% ‐ Jean‐Michel BAYLET : 17.055 voix soit 0,6%. La Haute Autorité des primaires a recensé 2.665.013 votants et 2.650.259 suffrages exprimés. Il y avait 9.474 bureaux de vote mais les résultats de 83 d'entre eux n'ont pas été pris en considération : 45 bureaux de vote n'ont pas été tenus, les 38 autres n'ont « pas satisfait au règlement électoral ». (le 11) - Et maintenant ? En route gentiment vers la finale. - Pas du tout. Pour gagner la finale, il va falloir que les deux derniers compétiteurs, fassent des alliances pour récupérer les voix des quatre battus. - Alors… le plus convoité sera Arnaud MONTEBOURG. - Tu as gagné, Thomas. Commençons par les manœuvres du favori vis‐à‐vis de lui. François HOLLANDE entend contacter les cinq autres candidats, notamment Martine AUBRY et Arnaud MONTEBOURG. « Il est ouvert, ce second tour ». « Je voulais arriver en tête, c'est fait. Je voulais être autour de 40% c'est fait ». En ce qui concerne Arnaud MONTEBOURG, François HOLLANDE estime que « c'est à lui de faire des propositions ». « C'est à lui de fixer ce qu'il veut entendre ». François HOLLANDE assure avoir entendu le message des électeurs qui ont porté leurs voix sur Arnaud MONTEBOURG. Il interprète ce vote comme « une volonté de protection par rapport à la mondialisation, une volonté aussi de moralisation de la vie politique ». François HOLLANDE s'est posé en rassembleur. « Je souhaite bien sûr gagner cette primaire et je pense la gagner mais je n'aurai pas une marge très grande ». « L'objectif, pour moi, c'est de rassembler pour ce second tour et c'est de rassembler après ce second tour » (le 10) François HOLLANDE cherche à souligner ce qui le « rapproche » d'Arnaud MONTEBOURG, dans une lettre qu’il lui a adressée. « Je suis convaincu que notre échange pourra permettre de mieux mettre en évidence ce qui nous distingue et ce qui nous rapproche. J'ai toujours été ouvert au dialogue, qu'il soit politique ou social, et l'une de mes priorités, si je suis élu président de la République, sera de faire la démonstration qu'une gestion plus partagée du pouvoir exécutif est possible et qu'un président doit toujours respecter ceux qui ne pensent pas nécessairement la même chose que lui ». « Plusieurs thèmes que tu évoques reçoivent chez moi un écho favorable ». www.greliermichel.eu
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D'abord, François HOLLANDE souligne son « accord sur la nécessité de reprendre le contrôle politique du système financier ». Il propose notamment « d'interdire purement et simplement aux banques les activités spéculatives les plus risquées, qui ne contribuent pas au bien‐être collectif, notamment les ventes à découvert », et prône « la séparation des banques de dépôts et des banques d'investissement ». Sur le thème de la « démondialisation », François HOLLANDE ne va pas jusqu'à reprendre ce vocabulaire, mais il affirme que « la France qui souffre doit être protégée des excès de la mondialisation ». Il souhaite notamment dissuader les délocalisations « par une taxation sur les licenciements et par le remboursement des éventuelles aides publiques et l'intervention du juge en urgence ». Il tend la main à Arnaud MONTEBOURG : « Je te propose de chercher ensemble les moyens d'une protection moins naïve, pour reprendre une expression de toi que j'ai souvent entendue dans la campagne. Entre le libre‐échange idéologique que nous connaissons et le repli protectionniste dont nous ne voulons pas, je suis convaincu qu'une politique commerciale européenne réaliste est possible : elle est inscrite dans notre projet socialiste sous l'expression de 'juste échange' », faisant la même remarque que Martine AUBRY dans sa lettre. En ce qui concerne la « VIème République », « j'ai la conviction que, sur ce point, nos positions sont aujourd'hui très proches » ; il promet de ne pas être « un hyper‐candidat, prélude à un hyper‐président ». « Je laisse cette méthode à l'actuel locataire de l'Elysée, avec le succès que tu sais ! ». « Comme tu le vois, sur les sujets démocratiques et institutionnels, nos pensées convergent ». François HOLLANDE précise que son programme présidentiel « nécessitera, pour être appliqué, le travail d'une équipe gouvernementale traduisant le nécessaire renouvellement de notre vie politique et clairement ancrée à gauche : il va de soi qu'aucun ministre ayant participé aux gouvernements de Nicolas SARKOZY n'en fera partie ». « Il ne me semble pas utile de chercher à dissimuler nos différences. Ce serait un procédé très artificiel. Ces différences existent aujourd'hui et existeront sans doute demain encore. Je ne te demanderai pas de te renier si tu décides de me soutenir, et je ne me renierai jamais non plus. C'est sur le respect, la confiance et l'amitié entre nous que je veux fonder notre travail commun ». (le 13) Arnaud MONTEBOURG a fait son choix : il votera pour François HOLLANDE, « à titre exclusivement personnel » au second tour des primaires. Il se refuse à donner une consigne de vote à ses électeurs. François HOLLANDE « a su dans sa lettre jeter un pont entre nos deux rives, et je lui en sais gré ». (le 14) Arnaud MONTEBOURG : « La campagne pour la présidentielle de 2012 commence ». « En trois mois, nous avons acquis un leader incontesté, mettant un terme définitif aux sempiternelles querelles dont nous avons tant souffert ». « Nous avons vu surgir des équipes et des dirigeants nouveaux capables d'apporter au pays la force de leurs idées et de leurs solutions nouvelles ». « Pour ma part, mon action ainsi que celle de mes amis à partir de ce soir sera guidée par trois exigences : loyauté, fermeté et engagement ». « Loyauté totale à l'égard de notre candidat pour le porter à la victoire, fermeté à l'égard de mes convictions utiles pour réussir le chemin vers la victoire, engagement : je suis dès ce soir pleinement engagé aux côtés de notre candidat François HOLLANDE pour faire gagner la gauche, pour battre Nicolas SARKOZY au mois de mai 2012 ». « Ce soir, une force nouvelle est née, elle fera son chemin et rien ne l'arrêtera ». (le 16) -
Suite des manœuvres : François HOLLANDE vers Ségolène ROYAL. www.greliermichel.eu
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Ségolène ROYAL annonce son ralliement à François HOLLANDE : « J'apporte tout mon soutien à François HOLLANDE ». Elle explique ce choix par « trois raisons ». D'abord, François HOLLANDE « est arrivé en tête du premier tour, et il est légitime d'amplifier cette avance donnée par les électeurs ». Ensuite, « ses solutions neuves seront prises en compte dans le programme de François HOLLANDE ». Ces solutions sont « la réforme bancaire », « la lutte contre les licenciements boursiers », « la moralisation politique avec le non‐cumul des mandats adopté sans délai » et « la mutation écologique de l'économie ». Enfin, Ségolène ROYAL estime qu'il faut « donner un élan » à celui qui sera désigné le 16 octobre, « avec une nette avance qui ne laissera aucune prise à la droite ». François HOLLANDE salue « l'élégance et la responsabilité » de Ségolène ROYAL « qui sait combien le rassemblement est indispensable pour donner de la force dans la bataille électorale ». « Ségolène ROYAL veut donner de l'élan à celui qui aura à affronter, au nom de tous les socialistes et de toute la gauche, le candidat de la droite à l'élection présidentielle ». « Les idées que Ségolène ROYAL a portées aux cours de ces dernières années et tout au long de nos débats récents me seront utiles pour convaincre et pour agir ». Jack LANG affirme que l'annonce de Ségolène ROYAL « la grandit et l'honore ». « Elle renforcera ainsi la dynamique puissante qui se dessine autour de François HOLLANDE ». Martine AUBRY « respecte » le « choix personnel » de Ségolène ROYAL. « L'esprit des primaires repose sur la liberté ». « Les Français qui ont exprimé une volonté de changement en profondeur des politiques et des pratiques démocratiques, feront leur choix en toute liberté, le 16 octobre ». (le 12) Ségolène ROYAL appelle tous ceux qui ont envie de « changement à gauche » à voter pour François HOLLANDE au second tour des primaires. Elle assure qu'il s'agit d'un « choix de l'intelligence et du rassemblement ». « La droite est en embuscade aujourd'hui » et « moi, je veux que le candidat des socialistes, le candidat de la gauche ait une totale légitimité, ait une légitimité puissante, ait un élan très fort parce que c'est cet élan très fort qui va nous permettre de gagner l'élection présidentielle ». « La France a besoin de cette alternance ». A la question de savoir si son engagement aux côtés de son ex‐compagnon et père de ses enfants avait une dimension affective, Ségolène ROYAL admet qu'elle se trouve dans une situation « qui n'est pas ordinaire » : « avouez que le bilan de ce couple n'est pas si mauvais que ça parce qu'avec quatre enfants et deux candidats à l'élection présidentielle !.. ». « Je ne renie pas ce moment‐là » mais « je fais la part des choses et aujourd'hui, la décision que je prends, c'est une décision de l'intelligence politique et du rassemblement ». Elle assure faire une « différence entre le corps privé et le corps public ». « Aujourd'hui, c'est le corps public qui parle lorsque je m'engage » auprès de François HOLLANDE. Ségolène ROYAL met en garde contre une « menace (...) de divisions » dans les rangs socialistes. « On le voit dans les petites phrases qui sont échangées ». « C'est trop, je crois qu'il faut avoir une hauteur de vue en politique, nous sommes dans la campagne présidentielle ». Elle s’adresse à Martine AUBRY : « il faut faire attention ». (le 13) Ségolène ROYAL : « L'heure est au rassemblement joyeux » autour de François HOLLANDE « qui arrive largement en tête ». Il bénéficie d'une « légitimité que la droite ne peut pas mettre en cause ». « Ce soir, c'est le candidat de tous les socialistes ». Elle met en avant la « légitimité » de François HOLLANDE à l'issue du scrutin, « parce qu'il y a une forte participation » et « parce qu'il y a une forte avance ». (le 16) www.greliermichel.eu
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A propos de François HOLLANDE, quelles sont ses propositions et ses priorités ? Dans le cadre des primaires. Réforme fiscale : il souhaite réformer la fiscalité de manière à « taxer tous les revenus sans distinction d'origine, à rétablir la progressivité de l'impôt et la contribution à l'effort commun selon son revenu et son patrimoine ». Il prône la suppression des niches fiscales, et la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu en « un seul impôt citoyen payé par tous ». Jeunesse : il défend le principe du contrat de génération, par lequel l'employeur s'engage à garder un senior de plus de 55 ans, et à embaucher un jeune de moins de 25 ans. En contrepartie, il est dispensé pendant trois ans de cotisation sociale sur les deux emplois. Il envisage de créer 200.000 contrats de génération par an, pour un coût estimé à 8 Mia euro, qui serait financé par un redéploiement des 25 Mia euro d'exonérations de cotisations sociales accordées aux entreprises. Education : il veut créer 60.000 postes dans l'Education nationale sur cinq ans. Il explique que le coût serait équivalent à celui du redoublement (2,5 Mia euro). Il souhaite aussi ouvrir 500.000 places pour accueillir les jeunes enfants, à partir de deux ans. Nucléaire : il souhaite un « grand débat » sur la production d'électricité issue de l'énergie nucléaire. Il propose de passer de 75% d'électricité d'origine nucléaire à 50% à l'horizon 2025. Environnement : il veut une taxe carbone sur les industries émettant beaucoup de gaz à effet de serre. Règle d'or : il fixe l'objectif de faire revenir le déficit public sous la barre des 3% dès 2013. Il propose l'inscription de cet engagement dans la loi de finances ‐ et non dans la Constitution ‐ en 2012. Budget européen : il est favorable à une taxe de 0,05% sur les transactions financières européennes afin d'augmenter les ressources de l'UE. (le 14) - Je te propose ce portrait de François HOLLANDE. Longtemps moqué pour son supposé manque de charisme et son physique rond, à 57 ans, François HOLLANDE endosse son costume de candidat du PS à la présidentielle de 2012. « J'ai fait un long chemin pour être devant les Français ». Dans son livre‐programme, « Le rêve français », il précise : « j'ai la légitimité du suffrage universel ». Député de Corrèze depuis 1997, après l'avoir été de 1988 à 1993, il est devenu président du conseil général en mars 2008. Il a aussi été maire de Tulle de 2001 à 2008. « Ma légitimité procède aussi de mon expérience de dirigeant politique national, à la tête d'un grand parti de gouvernement qui est aujourd'hui la première force d'animation et de gestion de nos territoires ». Il a été Premier secrétaire du PS pendant onze ans, accédant à la tête du parti en 1997 avant de passer le relais à Martine AUBRY. Après la sortie de route de DSK, il apparaît comme le favori de la gauche dans les enquêtes d'opinion, cultivant une image de sérieux et de crédibilité, dans le contexte de crise financière. Un changement de statut radical pour celui qui a autrefois été surnommé « M. ROYAL », en référence à son ex‐compagne, plus médiatique et plusieurs fois ministre. Trop rond, manque de poigne : cet homme à l'humour pourtant féroce a longtemps pâti de son image. Laurent FABIUS l'avait même comparé à une inoffensive « fraise des bois ». Avant de lui consacrer une marionnette, les « Guignols de l'info » l'ont représenté par un flan à lunettes. www.greliermichel.eu
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Né à Rouen le 12 août 1954 dans une famille qui ne faisait pas de politique, François HOLLANDE va militer à gauche très tôt, dès le lycée. Malgré un prestigieux bagage ‐ HEC, Sciences Po, ENA, auditeur à la Cour des comptes, professeur d'économie (1988‐92) ‐ il n'a jamais été ministre. Il débute en politique comme chargé de mission de François MITTERRAND à l'Elysée (1981‐82). En 1988, il est élu député de Corrèze sur les terres de Jacques CHIRAC, puis maire de Tulle en 2001. En 1997, il prend la relève de Lionel JOSPIN à la tête du PS. Longtemps effacé par les « éléphants », il ne s'affirme vraiment comme chef du PS qu'après le 21 avril 2002. Evincé de la course présidentielle, Lionel JOSPIN s'efface et le laisse en première ligne alors que se profilent les difficiles législatives de juin 2002. En moins de deux ans, il va redresser la barre d'un PS transformé en bateau ivre. En 2004, la vague rose des régionales de mars et les européennes de juin sont perçues comme un succès personnel de François HOLLANDE. Fin août 2004, il s'invite donc discrètement dans le bal des « présidentiables » au détour d'une petite phrase : y a‐t‐il « meilleure préparation à l'exercice des responsabilités que d'être Premier secrétaire ? » Mais la victoire du « non » au référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne, alors qu'il avait ardemment prôné le « oui », le plonge dans une période de turbulences où son leadership est contesté. Réélu premier secrétaire du PS avec 76,96 % en novembre 2005, François HOLLANDE est alors considéré comme l'homme de la « synthèse molle ». Courant 2006, face aux sondages d'opinion favorables à Ségolène ROYAL, il abandonne ses ambitions personnelles pour la présidentielle de 2007. Après la victoire de Nicolas SARKOZY, au soir du second tour des législatives de juin 2007, la rupture avec Ségolène ROYAL est officiellement annoncée. François HOLLANDE vit alors une traversée du désert médiatique, pendant laquelle il prépare son projet. (le 16) Résultats partiels (23h30), après dépouillement de 2,15 millions de bulletins, François HOLLANDE a recueilli 57,16% des suffrages, Martine AUBRY 42,84%. (le 16) - Comme il a gagné, il a fait un discours de victoire. François HOLLANDE : « Je prends acte avec fierté et avec responsabilité du vote qui, avec plus de 55% des suffrages, me donne la majorité large que j'avais sollicitée ». « Cette victoire me confère la force et la légitimité pour préparer le grand rendez‐vous de la présidentielle ». « Les primaires citoyennes viennent de livrer leur conclusion. C'est un succès démocratique considérable. Deux dimanches de suite, près de trois millions de Françaises et de Français se sont déplacés pour désigner le candidat socialiste, celui qui deviendra ‐ en tout cas c'est l'engagement que je prends ‐ le prochain président de la République, si les Français en décident au mois de mai 2012 ». « Je ne peux mener ce combat seul ». « J'ai besoin de l'unité, du rassemblement, c'est‐à‐dire d'un parti socialiste solidaire ». « Je suis un homme de rassemblement ». Il a salué sa rivale. « Ce soir je veux dire à Martine AUBRY que j'ai particulièrement apprécié la dignité qui a été la sienne lorsqu'elle a constaté le résultat. Je veux lui dire tout mon respect et tout le besoin qui est le nôtre de travailler ensemble ». S'adressant aux électeurs, « j'ai reçu un mandat d'une partie d'entre vous, un mandat impérieux : celui de faire gagner la gauche ». « J'y consacrerai toutes mes forces, toute mon énergie et j'ai la volonté de réussir le changement » (le 16) Quelques minutes après son discours officiel, François HOLLANDE s'est lancé dans une www.greliermichel.eu
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improvisation devant les militants socialistes. Il a ironisé sur les réactions suscitées à l'UMP par la couverture médiatique des primaires. Un peu plus tard, mine réjouie, il s'est lancé dans un troisième discours résolument offensif. « Nous sommes partis en campagne présidentielle ». Les socialistes devraient à nouveau prôner le rassemblement lors de l'investiture officielle de François HOLLANDE, le 22 octobre lors d'une convention nationale du PS organisée à Paris. (le 16) - Du côté de Martine AUBRY : les amis, les alliances… manquées, l’agressivité… et la seconde place. Laurent FABIUS, partisan de Martine AUBRY, critique à mots couverts la stratégie de rassemblement de François HOLLANDE, qui a déjà reçu le soutien de Manuel VALLS. « Le rassemblement, ce n'est pas le fourre‐tout ». « Il faut avoir une ligne tout à fait claire et je pense que Martine AUBRY continuera sur la ligne qu'elle a proposée. Et cette ligne est tout à fait compatible avec les principales thématiques d'Arnaud MONTEBOURG, c'est‐à‐
dire la lutte contre les délocalisations, une Europe offensive et défensive, une ré‐
industrialisation de la France, une moralisation de la vie politique ». (le 10) Bertrand DELANOË : Martine AUBRY est « plus rassembleuse » que François HOLLANDE. Elle « saura être énergique et même autoritaire vis‐à‐vis des banques ». « Lorsque l'Etat aide les banques, il doit prendre une partie du pouvoir dans ces banques ». Tout au long de la campagne des primaires, Arnaud MONTEBOURG n'a cessé de réclamer une mise sous tutelle des banques. « Arnaud MONTEBOURG porte aussi un besoin de rénovation démocratique ». « Et s'il y a quelqu'un qui a été ferme dans cette campagne sur le non‐cumul des mandats, c'est bien Martine AUBRY (...) Avec Martine, on est sûr que dès son élection, il y aura la fin du cumul des mandats. Si ça, ce n'est pas une rénovation de la République et de la démocratie française, alors je ne m'y connais pas ». « Elle a une identité sociale forte tout en étant pragmatique et gestionnaire », « elle est très pugnace », « elle est plus rassembleuse de toutes les forces de gauche ». (le 10) Martine AUBRY estime avoir « des points largement communs » avec Arnaud MONTEBOURG et Ségolène ROYAL. « Il faut remettre la finance au pas ». « Il faut réorienter l'Europe pour plus de protection pour nos produits » sans aller jusqu'à approuver totalement le protectionnisme européen prôné par Arnaud MONTEBOURG. Ségolène ROYAL est une femme « qui continuera à compter ». Semblant jouer la carte de la solidarité féminine, Martine AUBRY salue « une femme de courage, comme les femmes en général en politique ‐ et aujourd'hui on a besoin de courage ‐ ». « Beaucoup de ce qu'elle porte, je le porte aussi et avec Arnaud, je crois que c'est la même chose ». Martine AUBRY ne parvient pas à cacher son espoir d'un report des voix de Ségolène ROYAL et d’Arnaud MONTEBOURG. Martine AUBRY s'est moquée des critiques du gouvernement et de l'UMP qui soupçonnent les deux finalistes des primaires de vouloir céder aux surenchères de l'aile gauche du parti. « Venant de M. FILLON (et) de M. COPE qui passent leur temps à draguer l'extrême‐droite », « ils feraient mieux de s'occuper de la droite et qu'ils nous laissent, nous, nous occuper des Français et de la France ! ». Martine AUBRY a aussi réservé quelques coups de griffe à François HOLLANDE, versatile : « Il faut une gauche forte, il faut une gauche qui ait véritablement des lignes ». « Il a changé d'avis sur l'éducation (...) sur la loi hadopi (...) sur la règle d'or ». (le 10) www.greliermichel.eu
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Martine AUBRY souligne ses « convergences » avec Arnaud MONTEBOURG, dans une lettre de réponse qu’elle lui a adressée : « Alors que le débat se poursuit entre les deux tours de nos primaires, je souhaite répondre et réagir aux propositions que tu m'as transmises. Nos valeurs sont communes, nos idées se renforcent ». Elle affirme : « Depuis des mois et des semaines, je fais une campagne de propositions, pas de communication ni de clientélisme. Je resterai constante, fidèle à ce que je suis et à ce que j'ai dit aux Français ». « Sur cette base claire et ambitieuse, je souhaite qu'ensemble, nous puissions continuer pour la France en 2012 le travail que nous avons déjà accompli depuis 2008. Nos convergences ne sont pas de façade ou de circonstance ». « Tu peux compter sur moi et j'espère pouvoir compter sur toi ». Sur le fond, Martine AUBRY dit vouloir « reprendre la main sur la finance » et souhaite « une nouvelle politique commerciale européenne fondée sur une réciprocité exigeante ». « L'Europe devra augmenter les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale ». Elle se dit « favorable à un contrôle national et européen de toute acquisition étrangère d'entreprises dont les technologies mettent en cause notre souveraineté ». En réponse au concept de VIe République, Martine AUBRY écrit : « Je veux une nouvelle République qui mette fin à la monarchie présidentielle anachronique de la Ve République. (...) Je veux une République équilibrée, avec un président qui préside, un gouvernement qui gouverne et un Parlement capable de jouer pleinement son rôle de contrôle ». (le 12) Martine AUBRY propose de créer une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu, avant même la mise en œuvre d'une vaste réforme fiscale. « Je propose de créer une tranche supplémentaire à 50% au dessus de 100.000 euro par part fiscale ». « Ça rapporte 2 Mia euro ». (le 12) - A propos de Martine AUBRY, quelles étaient ses propositions et ses priorités ? Dans le cadre des primaires. Réforme fiscale : elle est favorable à la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG. Elle veut aussi supprimer 50 Mia euro de niches fiscales. Dans un premier temps, elle souhaite créer une tranche d'impôt supplémentaire à 50% pour les ménages gagnant plus de 100.000 euro par part fiscale. Jeunesse : elle veut mettre en place 300.000 emplois d'avenir pour les jeunes. Cette mesure serait financée grâce à la suppression des heures supplémentaires défiscalisées. Education : elle s'engage à mettre fin immédiatement aux suppressions de postes dans l'Education nationale, et à recruter de nouveaux enseignants « destinés à ceux qui en ont le plus besoin : le primaire, l'éducation prioritaire », sans donner d'objectif chiffré. Nucléaire : elle s'est engagée à sortir du nucléaire, sans s'engager sur une date. Le 15 septembre, elle a prôné une diminution de 75 à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité d'ici à 2025. Environnement : elle est favorable à une « contribution climat‐énergie » pour taxer ménages et entreprises selon leur comportement écologique. Elle propose de rendre la TVA écomodulable, c'est‐à‐dire plus élevée sur les produits les plus polluants et réduite sur les produits vertueux. Règle d'or : elle l'objectif de revenir à un déficit de 3% du PIB à horizon 2013, mais s'oppose au principe d'inscrire une règle d'or dans la Constitution. www.greliermichel.eu
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Budget européen : elle demande la mise en place d'une taxe de 0,05% sur les transactions financières européennes pour augmenter le budget européen. (le 14) Martine AUBRY a concédé sa défaite face à François HOLLANDE : « Ce soir, il est notre candidat à la présidentielle de 2012 ». « Désormais, il incarne l'espoir des socialistes et de la gauche ». « Je mettrai toute mon énergie et toute ma force, et avec moi celles de tous les socialistes, pour qu'il soit dans sept mois le nouveau président de la République ». « Depuis que je suis à la tête du Parti socialiste, je n'ai eu qu'un seul objectif : que l'un d'entre nous soit élu le 6 mai 2012 ». « François HOLLANDE est ce soir notre candidat. Les primaires l'ont rendu plus légitime et plus fort encore pour le combat contre la droite et contre l'extrême droite ». « Ce soir, c'est le rassemblement autour de notre candidat ». « Demain, ce sera l'équipe de France du changement, celle qui tournera la page de dix ans de droite et de cinq ans de sarkozysme ». « Nous, socialistes, sommes animés par une volonté plus forte que tout, celle d'offrir au peuple de France le vrai changement qu'il attend en 2012 : redresser la France, redonner la justice partout et faire que la voix de la France à nouveau soit une belle voix qui résonne dans le monde ». Martine AUBRY reprend les fonctions de première secrétaire du PS. (le 16) - Intéressant le parcours d’Arnaud MONTEBOURG… intéressant pour son avenir politique ! « J'ai bien l'intention de demander aux deux impétrants, les deux candidats qui sont au deuxième tour, de faire savoir quelles sont leurs intentions sur la reprise du contrôle de la finance, sur le protectionnisme européen (...) dans la lutte contre la corruption, (...) ce que j'appelle la VIe République ». Arnaud MONTEBOURG confirme son intention d'écrire une lettre ouverte aux deux candidats. « Je rendrai une position (...) au vu du débat qui se tiendra le 12 octobre et des réponses que les deux candidats impétrants auront fait ». « Si les deux candidats veulent obtenir un geste de ma part, (...) il faudra certainement qu'ils renoncent à un certain nombre des recettes gestionnaires du passé qu'ils ont défendu dans leur campagne ». Arnaud MONTEBOURG a aussi envisagé l'éventualité de ne pas donner de consigne de vote. « Je soutiendrai de toute façon le vainqueur du 16 octobre, quoi qu'il arrive, par loyauté et patriotisme de parti ». Arnaud MONTEBOURG souligne les éléments du rapport de force : « Martine AUBRY n'a pesé dans cette consultation (...) que 30%, c'est bien peu », « et celui qui était présenté comme favori est encore bien loin de la majorité ». Interrogé sur sa proximité supposée plus grande avec Martine AUBRY qu'avec François HOLLANDE, « pour moi ce sont les deux faces d'une même pièce », ils sont les « héritiers d'une même tradition politique ». « Ils ont le même projet ». « Je défends des propositions des solutions depuis 15 ans qui sont aujourd'hui apparues nouvelles. (...) C'est le moment peut‐être de les accomplir, de les faire mettre au pouvoir ». (le 10) Arnaud MONTEBOURG laissera les plus de 450.000 électeurs qui ont voté pour lui faire eux‐mêmes « leur choix en conscience » pour le second tour. (le 11) Arnaud MONTEBOURG interroge Martine AUBRY et François HOLLANDE sur la façon dont ils comptent « reprendre le contrôle politique du système financier » et réindustrialiser la France, ainsi que sur leur adhésion à son projet de VIe République. Dans son courrier aux deux finalistes, Arnaud MONTEBOURG énumère les mesures qu'il www.greliermichel.eu
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souhaiterait voir reprises par eux. Un programme « ambitieux mais parfaitement réaliste et réalisable ». « Sans lui, j'en suis convaincu, aucune victoire de la gauche face à Nicolas SARKOZY n'est envisageable ». Arnaud MONTEBOURG prévient : imposer les classes moyennes et populaires pour secourir les banques serait « une faute morale et politique ». Il suggère « d'utiliser les bénéfices des banques profitables pour renflouer les banques en difficulté ». Il réclame une « mise sous tutelle publique des banques » : des représentants de l'Etat et des usagers du crédit entreraient dans leur conseil d'administration, avec droit de veto. Il préconise d'interdire aux banques de spéculer avec l'épargne des Français et de les obliger à fermer leurs filiales dans les paradis fiscaux. L'évasion fiscale doit faire l'objet d'une « procédure pénale sévère ». Il leur demande de s'engager sur « une taxation européenne et nationale sur les transactions financières ». Arnaud MONTEBOURG avertit : « Le 'juste échange', contenu dans le projet socialiste, ne saurait suffire ». « Ce serait là pécher par naïveté », en défendant un « protectionnisme européen, social et écologique ». « L'arsenal protectionniste » qu'il voudrait voir créé se déclinerait ainsi : les prises de contrôle des entreprises à forte valeur technologique par des capitaux extra‐européens seraient soumises à autorisation publique ; les entreprises transnationales ayant délocalisé leurs productions pourraient subir des sanctions économiques ciblées ; les marques leur appartenant pourraient faire l'objet de « mesures d'expropriation publique en cas de comportements déloyaux aggravés ». Il cite les exemples de Goodyear, Lejaby et L'éléphant. Enfin, Arnaud MONTEBOURG reproche à François HOLLANDE et Martine AUBRY d'avoir, à la tête du PS, « soit renoncé, soit refusé » d'engager le parti dans son projet de VIe République : augmentation des pouvoirs de contrôle du Parlement, fin de l'impunité présidentielle pour les actes sans rapport avec la fonction, instauration du mandat parlementaire unique, entre autres. (le 11) Arnaud MONTEBOURG ne donnera pas de consigne à ses électeurs pour le second tour des primaires, mais dira peut‐être pour qui il votera lui‐même entre Martine AUBRY et François HOLLANDE. (le 13) - L’entre‐deux‐tours de Ségolène ROYAL. Ségolène ROYAL pourrait donner « dans les heures qui viennent » des consignes de vote pour le second tour. L'équipe de Ségolène ROYAL regardera qui, de François HOLLANDE ou de Martine AUBRY, « a le plus les épaules pour vivre la campagne qui va venir », mais aussi « qui est le plus en mesure de reprendre des options politiques qu'elle a défendues ». Parmi les propositions chères à l'équipe de Ségolène ROYAL : la « mutation écologique » de la France, l'abandon du cumul des mandats, le blocage des prix des produits de première nécessité et l'interdiction des licenciements boursiers. (le 10) Harlem DESIR a rendu un hommage appuyé à Ségolène ROYAL qui n'a pu retenir ses larmes de déception le 09 octobre : elle a mené « une formidable campagne ». « Son émotion nous a touchés ». « La gauche et les socialistes ont besoin d'elle plus que jamais à l'avenir ». (le 10) - Le grand moment de l’entre‐deux‐tours fut leur débat télévisé. Propos et attitudes… François HOLLANDE s'est posé en rassembleur et Martine AUBRY en incarnation de la www.greliermichel.eu
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« gauche forte ». Ils ont tenté de donner des gages à l'aile gauche de la gauche, sans toutefois reprendre les thèmes de « démondialisation » ou de « VIe République » chers à Arnaud MONTEBOURG, dont ils courtisent l'électorat. François HOLLANDE a reçu le soutien de Manuel VALLS, Jean‐Michel BAYLET et Ségolène ROYAL. Martine AUBRY ne bénéficie pour l'heure d'aucun ralliement. François HOLLANDE se déclare « pour l'économie ouverte, mais pas pour l'économie offerte ». Martine AUBRY affirme que le « protectionnisme » d'Arnaud MONTEBOURG est son « juste échange » à elle. François HOLLANDE et Martine AUBRY se prononcent pour une séparation des banques de dépôts et des banques d'affaires. François HOLLANDE reprend l'idée d'Arnaud MONTEBOURG d'« un fonds de garantie entre les banques ». François HOLLANDE et Martine AUBRY estiment que l'Etat doit entrer au capital ‐ et au conseil d'administration ‐ des banques qui demandent son aide. Les divergences se sont affichées ailleurs, notamment sur le rythme du retour à l'équilibre des finances publiques, Martine AUBRY soupçonne François HOLLANDE de vouloir aller trop vite, au risque de « casser la croissance ». Martine AUBRY critique le contrat de générations proposé par François HOLLANDE : « Tous les syndicats qui connaissent bien la question sont contre ». François HOLLANDE et Martine AUBRY s’accordent sur un retour de l'âge légal de la retraite à 60 ans ‐ pour les personnes ayant cotisé 41 annuités ou ayant exercé un emploi pénible. François HOLLANDE et Martine AUBRY tentent de se démarquer par leur style. Quand François HOLLANDE conclue une intervention sur la règle d'or par un : « Puis‐je être plus clair ? », Martine AUBRY n’hésite pas à se montrer cassante : « Oui, je pense ». Martine AUBRY persiste et signe sur la « gauche forte », estimant l'incarner sans conteste. « Quand j'ai dit que je défendais une gauche forte, personne ne m'a posé la question de savoir si j'étais forte ou pas ». « Je n'ai pas besoin de m'expliquer ou d'argumenter pour dire que je ne suis pas une gauche molle ». François HOLLANDE clame : « Je ne suis ni dans la gauche molle, ni dans la gauche dure. Je suis dans la gauche solide et sincère ». Des propos repris de volée par Martine AUBRY : « Etre dure avec les banques aujourd'hui, être dure avec certains privilégiés, ça sera pas mal ». Martine AUBRY appelle les jeunes à voter pour elle : « Préparez votre avenir et votez pour celle qui défend vraiment le changement profond et qui vous fait confiance ». Elle exhorte les femmes à voter pour « une femme présidente de la République dont la première mesure ‐ je l'ai déjà préparée ‐ sera de faire voter cette loi sur l'égalité salariale hommes/femmes ». Elle ajoute que cet argument convaincrait probablement aussi les « hommes de gauche qui sont pour l'égalité ». François HOLLANDE : « Il faut que le rassemblement que j'ai commencé à faire, qui produit ses effets, puisse se confirmer le 16 octobre ». « J'ai été en tête au soir de ce premier tour de primaires. Il faut que je sois largement victorieux pour que nous puissions avancer et avancer vers la victoire en 2012. Je veux être le président de la victoire ». (le 12) Martine AUBRY assure avoir des relations « amicales et franches » avec François HOLLANDE. Celui‐ci explique avoir toujours eu « du respect » envers elle. Les deux candidats étaient interrogés sur leurs relations, réputées tendues. (le 12) www.greliermichel.eu
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Les deux adversaires se sont accrochés sur leur conception de la gauche. Martine AUBRY cite l'exemple du non‐cumul des mandats, une règle qu'elle a demandé au PS d'appliquer dès les législatives de 2012. « Je l'ai dit clairement, tu le sais François, tu n'étais pas d'accord, ce n'était pas facile, j'ai perdu des soutiens ». « C'est ça que j'appelle la gauche forte : c'est‐à‐dire avoir le tempérament de défendre ce que l'on croit juste avec détermination même si ça ne plaît pas toujours ». (le 12) François HOLLANDE et Martine AUBRY sont d’accord sur le retour de l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans. François HOLLANDE ne note pas de « désaccord » avec Martine AUBRY : « La première décision que je prendrai sur cette question des retraites, c'est de permettre à ceux qui ont cotisé 41 années et qui ont 60 ans de partir ». « Ça veut dire qu'on rétablira l'âge légal ». Il précise que les salariés qui n'ont pas cumulé 41 annuités pourront partir en retraite à 60 ans « mais ils auront une décote ». Martine AUBRY : « Non seulement je suis d'accord mais je vais plus loin, c'est‐à‐dire que je pense qu'il faut aussi donner cette possibilité de partir à 60 ans aux salariés qui ont des emplois pénibles ». « Je ne suis pas favorable à ce qu'a fait le gouvernement, c'est‐à‐dire repousser de 65 à 67 ans l'âge auquel on peut finalement partir quand on n'a pas sa durée de cotisation, car ce sont les femmes essentiellement qui sont touchées ». « Je suis pour revenir à 65 ans, et à 60 ans comme une liberté ». (le 12) Martine AUBRY critique sous toutes les coutures le contrat de générations. François HOLLANDE défend sa « belle idée ». Selon ses calculs, cette mesure coûte 8 Mia euro qu’il entend financer en puisant dans les 25 Mia euro d'allégements de charges qui sont actuellement octroyés « sans contrepartie ». « Moi, j'impose une contrepartie ». Pour Martine AUBRY, ce contrat de générations n'aura que « des effets d'aubaine ». Elle estime qu'abaisser les exonérations de charges reviendrait à augmenter le coût du travail. Elle avertit : « C'est des dizaines de milliers de chômeurs en plus ». François HOLLANDE assure que cette mesure sera négociée avec les partenaires sociaux. Martine AUBRY tranche : « Tous les syndicats qui connaissent bien la question sont contre ». Elle propose un bilan de compétences à 45 ans, suggérant en outre de taxer les entreprises qui se séparent prématurément de leurs seniors. (le 12) Martine AUBRY et François HOLLANDE se prononcent en faveur de l'introduction de « règles » dans la mondialisation, sans aller jusqu'à la « démondialisation » prônée par Arnaud MONTEBOURG. Martine AUBRY : « Je crois qu'aujourd'hui entre le libre‐échange et ce que propose finalement Madame LE PEN, c'est‐à‐dire fermer les frontières (...) qui est une fausse réponse, nous avons une réponse qui passe par la concertation, la réciprocité et l'obligation si on n'arrive pas à trouver d'accord ». François HOLLANDE : « Une mondialisation sans règles, c'est une mondialisation qui écrase les faibles ». Il dit comprendre la « vraie inquiétude » portée par le message d'Arnaud MONTEBOURG. « Je suis pour l'économie ouverte, mais pas pour l'économie offerte. On ne va pas se donner là à des concurrents qui ne respectent rien ». Il évoque le principe de « réciprocité » ; il propose de mettre la Chine « sous pression » ; il souhaite instaurer une « contribution carbone aux frontières de l'Europe ». Les deux candidats se sont bien gardés d'intégrer dans leur discours le principe de « démondialisation » d'Arnaud MONTEBOURG. Selon Martine AUBRY, « quand Arnaud MONTEBOURG parle de 'démondialisation' (...) il veut dire changer la mondialisation actuelle. Il dit : il faut faire une mondialisation pour www.greliermichel.eu
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les hommes et non pas pour les financiers ». « Il appelle protectionnisme ce que moi j'appelle 'juste échange' ». François HOLLANDE estime qu' « il faut avoir des règles, mais il faut aussi avoir confiance dans l'échange et dans la compétition ». « Je n'ai jamais été pour le protectionnisme mais je suis pour une stratégie offensive ». Il cite les « nouveaux secteurs industriels », les « biotechnologies » et la « recherche sur les transitions énergétiques ». (le 12) Au lendemain d'un débat télévisé à fleurets mouchetés, Martine AUBRY et François HOLLANDE ont dégainé, sur radios interposées. Martine AUBRY se montre de plus en plus offensive à l'approche du scrutin, elle passe à l'attaque contre le favori des sondages et de l'arithmétique des reports. Elle trouve qu' « il y avait du flou » dans la prestation de François HOLLANDE. « Il essayait de passer entre les gouttes quand je lui posais un certain nombre de questions ». Elle raconte : « Ma grand‐
mère disait : quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup », et elle estime avoir mis le doigt sur ces « loups ». Elle estime que la position de François HOLLANDE n'est pas claire sur la règle d'or budgétaire, sur les créations de postes qu'il promet dans l'Education nationale, sur la lutte contre les licenciements boursiers ou encore sur le non‐cumul des mandats. Elle juge que « pour présider la France, il fallait à la fois de l'expérience et de la clarté ». François HOLLANDE est trop versatile à ses yeux. « Moi, j'ai un avantage par rapport à lui, si je puis dire, c'est que je n'ai pas besoin de changer ma cohérence entre le premier et le second tour (...) La constance pour moi, c'est un peu aussi la morale en politique ». Elle n'apprécie pas que François HOLLANDE « reprenne le terme de la droite pour la CMU, pour les 35 heures ». Elle se défend d'incarner une « gauche sectaire ». François HOLLANDE reproche à Martine AUBRY d'être tombée dans la caricature et le dénigrement. « Il n'y a pas ici les flous et les clairs ». « Je ne peux pas accepter l'idée qu'il y aurait une gauche molle ». « Je ne veux pas tomber dans ces caricatures. Il n'y a pas des durs et des mous ». « Je ne veux pas être dans la dévalorisation. Je n'ai pas besoin, moi, de dénigrer ». « Moi, je n'ajoute pas des propositions aux propositions pour plaire à toutes les catégories ». Il salue le soutien que lui apporte Ségolène ROYAL. « Il est élégant sur le plan personnel et il est fort sur le plan politique ». « Elle a compris qu'il fallait qu'il y ait une victoire large, là, dans ce second tour des primaires, pas une victoire étriquée, pas une marge courte. Parce qu'il faudra rassembler encore après ». Martine AUBRY confie qu'elle a été « déçue » par sa décision. Elle souligne ses convergences avec Ségolène ROYAL sur les banques, les licenciements boursiers et l'indépendance de la justice. « Les gens qui ont voté pour elle sont plus proches de ce que je propose ». (le 13) François HOLLANDE reproche à Martine AUBRY de fournir par ses petites phrases des munitions à Nicolas SARKOZY contre le futur candidat socialiste à l'Elysée. « Les primaires, c'est fait pour faire gagner la gauche, c'est pas fait pour la diviser ». « Gauche molle, gauche dure, c'est d'abord une gauche sincère qui doit se présenter ». « Je ne me livre, pour ce qui me concerne, à aucune phrase qui puisse être utilisée demain par notre adversaire ‐ parce qu'il le fera ‐ et, dans une certaine mesure, ce sera son droit ». Il ne faut donc « rien dire, rien faire qui puisse abîmer la gauche ». « La gauche, on ne lui demande pas d'être dure, on a suffisamment souffert face à la brutalité de Nicolas SARKOZY». « On ne lui demande pas d'être molle, il va falloir être ferme par rapport à la crise qui est là ». « On lui demande d'être solide, sincère et en même temps qu'elle réussisse ». « Je dois ‐ et je le ferai ‐ faire en sorte que la gauche soit au rendez‐vous de 2012. C'est ma responsabilité, www.greliermichel.eu
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c'est mon devoir ». « Mon rôle, c'est de rassembler, j'ai commencé de le faire et je ne fermerai aucune porte ». (le 11) A 48 heures du second tour, le duel s'est radicalisé. Martine AUBRY : « Le système s'est créé son candidat et nous a matraqués de sondages ». Elle estime que le choix du « système » s'est porté sur François HOLLANDE « peut‐être parce qu'il est plus facile à battre pour Nicolas SARKOZY ». François HOLLANDE dénonce cette « escalade », il évoque « un dérapage ». « Il faut revenir à la réalité, à la vérité. La force, ce n'est pas l'agressivité, c'est le rassemblement, la conviction ». « Je ne suis pas dans une compétition interne, je suis mobilisé depuis des mois pour gagner ». Martine AUBRY réfute tout « dérapage ». « J'ai répondu à une question qui était claire : 'vous estimez que le système médiatique a choisi François HOLLANDE ?', et j'ai répondu : 'oui je le pense' ». « Il y a toujours eu pour les sondeurs, les commentateurs, un vote préféré ». Avec le soutien déclaré des quatre ex‐candidats à ces « primaires citoyennes », François HOLLANDE peut raisonnablement envisager la victoire au second tour. Reste à savoir si les électeurs des « ralliés » le suivront. Refusant de participer au « dénigrement » ambiant, il continue de soigner sa stature présidentielle. Il répond par l’affirmative à la question de savoir si, en cas de victoire, il accepterait que Martine AUBRY reprenne son poste de premier secrétaire du PS. (le 14) - Fin pitoyable de la procédure parisienne. Le parquet de Paris annonce avoir classé sans suite la procédure ouverte à la suite de la plainte de Tristane BANON contre DSK pour tentative de viol. Le parquet considère que les faits de tentative de viol ne sont pas suffisamment caractérisés, « faute d'éléments de preuve suffisants ». Toutefois, au terme de l'enquête, le parquet retient que les faits d'agression sexuelle « sont quant à eux reconnus » par DSK, mais sont prescrits. (le 13) Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte de Tristane BANON contre DSK pour tentative de viol mais a estimé que des faits d'agression sexuelle auraient pu être retenus si ceux‐ci n'étaient pas prescrits. La formulation est plus explicite dans le courrier adressé par le parquet à l'avocat de Tristane BANON, Me David KOUBBI, qui a rendu publique une partie de cette lettre : « il apparaît en revanche que, s'agissant des faits reconnus par leur auteur (DSK), dont la connotation sexuelle n'est pas discutable, ceux‐ci ne peuvent s'analyser autrement qu'en délit d'agression sexuelle ». (le 13) Les avocats de DSK contestent que celui‐ci ait reconnu des faits d'agression sexuelle sur Tristane BANON, comme l'affirme le parquet de Paris. (le 14) www.greliermichel.eu
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Semaine 42 – du lundi 17 au dimanche 23 octobre 2011 Elle est née, la divine enfant… - C’est un faire‐part ? - Oui. Elle porte un prénom qui sonne comme le nom d’une voiture italienne. - Lequel ? - L’information n’a pas été donnée… officiellement. Sous le manteau on parle de Giulia. - Comment va le père ? Nicolas SARKOZY est arrivé à la clinique de la Muette, à Paris, où Carla BRUNI devait accoucher de leur premier enfant. Premier président de la Ve République à divorcer en exercice, le premier à se marier durant son mandat, Nicolas SARKOZY deviendra le premier président en exercice à avoir un enfant sous la Vème République. Carla BRUNI est déjà mère d'un garçon, Aurélien, 10 ans, né de sa relation avec le philosophe Raphaël ENTHOVEN. Nicolas SARKOZY est père de trois garçons : Louis, qu'il a eu avec Cécilia CIGANER‐
ALBENIZ, ainsi que Pierre et Jean, nés de son premier mariage avec Marie‐Dominique CULIOLI. (le 19) Entre un voyage à Francfort et un déplacement en Mayenne, Nicolas SARKOZY a dit son « très grand bonheur », officialisant ainsi la naissance de sa fille. La mère et l'enfant « vont très bien ». Nicolas SARKOZY a refusé de dévoiler le prénom de l'enfant : « Je laisse à la maman le plaisir de vous le dire ». « Tous les parents ici peuvent comprendre la joie très profonde que Carla et moi on ressent, et, en même temps, chacun également peut comprendre que c'est une joie d'autant plus profonde qu'elle est privée ». L'Elysée refuse de communiquer officiellement sur la naissance. (le 20) -
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Au titre de ses records, Nicolas SARKOZY aura fait débuter sa fille en politique, biberon et berceau, sous les ors du palais présidentiel. Elle est déjà élyséenne. Là, je te reconnais. Dans le genre contre‐pied tu fais fort. Tu consacres la deuxième pile d’information à l’otage franco‐israélien libéré : Gilad SCHALIT. Il y a une raison ? Bien sûr. J’estime que cette libération est plus importante que les vicissitudes primaires et socialistes. Que pèse François HOLLANDE face à Gilad SCHALIT ? Le poids du papier ! Pas plus ! Après plus de cinq ans de captivité, Gilad SCHALIT retrouve la liberté. Le jeune soldat est rentré en Israël, dans le cadre d'un échange de prisonniers entre l'Etat hébreu et le Hamas. Le visage émacié et extrêmement pâle, le jeune homme de 25 ans, enlevé le 25 juin 2006 par des militants palestiniens venus de la Bande de Gaza, est apparu à la télévision d'Etat égyptienne. Gilad SCHALIT est ensuite arrivé en Israël. Après une cérémonie officielle et de nouveaux examens médicaux, il a été emmené à bord d'un hélicoptère militaire vers son village de Mitzpe Hila, dans le nord d'Israël. Le jeune homme, examiné par les médecins de l'armée, présente des signes de malnutrition et de manque d'exposition au soleil. Nicolas SARKOZY lui a adressé une lettre dans laquelle il exprime sa « joie » de le savoir www.greliermichel.eu
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de retour chez lui, et l'assure que la France a « soutenu chaque médiation, chaque effort des autorités israéliennes ». « Je forme le vœu que votre libération permette de donner un nouvel élan au dialogue indispensable entre Israéliens et Palestiniens ». Il salue « le rôle décisif joué par l'Egypte » dans sa libération. Les Etats‐Unis, la Grande‐Bretagne ainsi que l'Allemagne, dont un médiateur avait participé aux négociations, ont également salué la libération du jeune homme. En échange de la libération de Gilad SCHALIT, Israël s'est engagé à relâcher en deux temps 1.027 détenus palestiniens. Sur les 477 libérés, une quarantaine ont été expulsés vers des pays étrangers, dont la Turquie, la Jordanie, le Qatar et la Syrie. Les 550 autres seront libérés dans les deux mois. Cet échange a été négocié via des médiateurs égyptiens, le Hamas et Israël refusant un contact direct. (le 18) Alain JUPPE se félicite de la libération de Gilad SCHALIT. « Il n'est pas une seule rencontre entre les autorités palestiniennes et les autorités israéliennes à l'occasion de laquelle Nicolas SARKOZY n'ait plaidé pour cette libération ». « Et d'ailleurs, le président (israélien) Shimon PERES l'a remercié à l'annonce de la libération par un coup de téléphone ». Il salue « l'efficacité de la médiation égyptienne » et « le courage du Premier ministre (Benyamin) NETANYAHOU, qui a engagé et réussi cette négociation avec le Hamas, avec le soutien d'une large partie de l'opinion publique israélienne ». Alain JUPPE souhaite que cet épilogue heureux « soit le prélude à d'autres avancées ». « D'abord à l'allégement et à la levée du blocus qui pénalise injustement la population de Gaza. Ensuite à la réconciliation interpalestinienne : c'est une des conditions majeures à la résolution du conflit. Et enfin à la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens sans pré‐conditions ». C’est « la seule manière de garantir au peuple juif et au peuple palestinien la vie en paix et en sécurité dans deux Etats internationalement reconnus ». « Vous savez que c'est la position constante de la France ». Alain JUPPE forme le vœu que, « désormais, plus jamais un jeune homme de 20 ans pris en otage au mépris de toutes les règles du droit des gens ne passe les cinq plus belles années de sa vie en prison ». (le 18) - Thomas, cet événement heureux qu’est sa libération, ne doit pas cacher l’arrière‐
cuisine pour l’obtenir. La libération de Gilad SCHALIT est l'aboutissement d'une grande campagne de communication qui a fait un symbole du soldat franco‐israélien prisonnier du Hamas pendant cinq ans. Des cabinets de relations publiques et des experts en communication ont travaillé avec les parents du prisonnier pour enrôler des célébrités, des musiciens et une armée de milliers de volontaires qui ont défilé inlassablement à chaque date anniversaire. Ils ont exercé une pression constante sur les Premiers ministres israéliens Ehoud OLMERT puis Benyamin NETANYAHOU pour obtenir la négociation. C'est grâce à cette publicité et à l'assouplissement des positions de l'Etat hébreu et du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) qu'a été possible l'échange du militaire de 25 ans contre 1.027 Palestiniens détenus en Israël. Lorsqu'il a été enlevé, Gilad SCHALIT n'était qu'un Israélien de 19 ans effectuant son service militaire obligatoire comme tant d'autres garçons et filles de son âge. Cinq ans plus tard, il est l'un des visages les plus connus de l'Etat hébreu. Benny COHEN, l'un des dirigeants de l'agence Rimon Cohen Sheinkman, qui a pris contact avec les parents SCHALIT dès 2007, explique : « Notre stratégie a été d'identifier le message central qui devait guider la campagne. Ce message était que Gilad était le fils de tout le monde ». www.greliermichel.eu
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L'échange de prisonniers a soulevé un vif débat car une majorité des Palestiniens libérés étaient condamnés à la prison à perpétuité pour le meurtre d'Israéliens, mais un sondage – une étape majeure dans le plan de communication ‐ montre que huit Israéliens sur dix soutiennent la solution trouvée. Le résultat d'une campagne de communication menée d'une main de maître. Des images de Gilad SCHALIT ont été affichées, reproduites sur des drapeaux, des autocollants ou diffusées à la télévision sans répit en Israël et même ponctuellement à New York, tandis que la famille montait une tente devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem en tenant le compte des jours de captivité du jeune soldat. Le campement est devenu un lieu de pèlerinage pour les militants et curieux de tout le pays. Les spots télévisés ont joué sur la corde sensible aussi, faisant le parallèle entre Gilad SCHALIT et Ron ARAD, dont l'avion militaire avait été abattu au‐dessus du Liban et qui avait été fait prisonnier par une milice en 1986. Sa trace avait été perdue peu après, laissant à de nombreux Israéliens l'impression qu'on avait laissé passer l'occasion de le récupérer vivant. Il n'a jamais été retrouvé, malgré la mobilisation de son épouse, Tami, et d'autres proches de soldats israéliens capturés. Le gouvernement israélien allait‐il laisser Gilad SCHALIT subir le même sort? Les communicants ont aussi mis en avant la solidarité nationale et tiré parti des réseaux sociaux sur Internet, qui ont joué un rôle central dans la lutte contre l'oubli. L'une des pages Facebook consacrées à Gilad SCHALIT a compté plus de 200.000 membres. Les dons ont afflué, mais Benny COHEN a refusé de dire combien d'argent avait été dépensé au total. Son cabinet, comme plusieurs autres et les légions de sympathisants de la cause, ont travaillé bénévolement. L'Orchestre philharmonique d'Israël a joué gratuitement devant des milliers de personnes dans une ville frontalière de la Bande de Gaza et le rockeur Aviv GEFFEN a consacré une chanson à Gilad SCHALIT. (le 18) - Quel est le compte actuel des otages français retenus dans le monde puisque Gilad SCHALIT en faisait partie ? Huit ou neuf ? - Trois au Yémen, quatre au Sahel et un en Somalie, cela fait huit. - Un hebdomadaire bien connu a un slogan sur le poids et le choc des mots et des photos. Voilà une information au poids du papier. Celui des bulletins de vote, je présume ? - Oui. La Haute autorité des primaires dit avoir recensé 2.860.157 votants, 7,3% de plus que pour le premier tour. Les 2.841.167 suffrages exprimés se sont répartis comme suit : 1.607.268 voix pour François HOLLANDE, soit 56,6% ; 1.233.899 voix pour Martine Aubry, soit 43,4%. Le scrutin avait lieu dans 9.425 bureaux de vote. Les résultats de 18 d'entre eux n'ont pas été pris en considération car ils n'ont « pas satisfait au règlement électoral ». (le 17) -
Et pour rester dans le même esprit, après le poids du papier, les décibels de l’investiture. Les socialistes et radicaux de gauche étaient rassemblés pour l'investiture de François HOLLANDE. Debout sur les chaises, des sympathisants agitaient des drapeaux ‐ roses pour le PS, jaunes pour le PRG ‐ tandis que la sonorisation balançait des hymnes de gauche : une version techno du « Temps des cerises » ou encore « Regarde », la chanson de BARBARA évoquant l'élection de François MITTERRAND en 1981. Le reste de la bande www.greliermichel.eu
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son était signée en français par Alain SOUCHON (« Foule sentimentale ») et NTM (« Le monde de demain ») et en anglais par The Clash (« The Magnificent Seven ») et les Smiths (« There Is A Light That Never Goes Out »). Etaient présents dans la foule Lionel JOSPIN, Laurent FABIUS, Bertrand DELANOË, Elisabeth GUIGOU, Jack LANG, Harlem DESIR, Najat VALLAUD‐BELKACEM et Stéphane HESSEL. (le 22) Martine AUBRY : « Je sonne la mobilisation générale derrière François ». Elle donne « le coup d'envoi pour l'alternance », « le coup d'envoi pour la victoire le 06 mai 2012 ». « Le changement que nous voulons a désormais un nom, François HOLLANDE ». (le 22) - Plus intéressants, les propos de François HOLLANDE, élu et investi. François HOLLANDE est intervenu devant ses pairs du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. « Dans ce moment si périlleux pour l'économie, pour l'emploi, pour la vie quotidienne de nos concitoyens (...), nous devons être à la hauteur de la situation dans nos questions, dans nos interpellations, dans nos réponses ». Il a rendu un hommage appuyé à Martine AUBRY ; il l’a remerciée de mettre « l'ensemble du parti au service du candidat », et s'est montré optimiste quant à un succès de la gauche aux élections législatives de 2012. Contrairement à François MITTERRAND, « nous, nous aurons, si nous gagnons, la possibilité de travailler avec deux assemblées où nous serions majoritaires ». François HOLLANDE a répondu aux attaques de la droite concernant le projet socialiste : « Il paraît que nous aurions déjà dépensé je ne sais combien de milliards ». « Mais enfin, jusqu'à nouvel ordre, les déficits, c'est eux ! La dette publique historique, c'est eux ! ». « Bientôt, ils vont nous attribuer le chômage, les comptes sociaux dégradés, la précarité. Bientôt, le bilan ce sera nous ! ». (le 18) Il s'agit pour les élus socialistes de « montrer que nous sommes conscients » de l'état des finances publiques et qu'il ne s'agit « pas d'ajouter des milliards d’euro à des milliards d'euro ». « Nous avons à délivrer notre message, à produire nos arguments, à donner notre vision dans une situation extrêmement difficile ». François HOLLANDE évoque « le cas de Dexia, la situation bancaire, la crise financière qui continue de menacer, l'Europe qui chavire, un Conseil européen dont on nous dit déjà qu'il n'y suffira pas dans les réponses qu'il prépare ». Revenant sur le « formidable processus » des primaires, il assure avoir « entendu deux messages pendant la campagne : d'abord qu'il faut gagner et être unis mais aussi : 'ne nous décevez pas' ». « La première année sera très importante ». « Laurent (FABIUS) a préparé un travail, je le regarderai. Nous aurons à ne pas perdre de temps ». (le 18) Il répond aux « sarcasmes de la droite » sur son « rêve français ». « Avec le bilan que cette droite nous laisse, comment rêver ? », avant de défendre son projet de « réenchanter » le rêve français en utilisant une citation. « Me revient une belle phrase d'un ancien président de la République, qui avertissait : les gens veulent que leur histoire leur ressemble ou au moins qu'elle ressemble à leurs rêves ». François HOLLANDE précise : « Eh bien voilà, c'est Charles de GAULLE qui répond aujourd'hui à la droite ». (le 22) Dans son premier discours de prétendant officiel à l'Elysée, François HOLLANDE tire à boulets rouges sur Nicolas SARKOZY qu'il devrait, sauf surprise, affronter dans moins de 200 jours. « Nicolas SARKOZY devait être le président de ceux qui travaillent plus pour gagner plus. Il a été le président de ceux qui gagnent plus sans travailler ». Il lui reproche www.greliermichel.eu
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d'incarner une « République irresponsable » au lieu de la « République irréprochable » promise en 2007. François HOLLANDE tourne en dérision les critiques de l'UMP sur son absence d'expérience gouvernementale. « Pour être président, il faut désormais l'avoir déjà été ». Il se moque d’une « légitimité par prétention ». L'UMP affirme que Nicolas SARKOZY est le mieux à même de gérer la crise financière. François HOLLANDE commente : « La droite compte sur la crise pour se sauver. Je propose que les Français comptent sur la gauche pour les sauver de la crise ». Il s'engage, s'il accède à l'Elysée, à répudier « les miasmes » de la Françafrique, il pointe du doigt le financement présumé occulte des campagnes de droite passées. Des chefs d'Etat africains ont fait parvenir des valises de billets à des équipes de campagne en France, selon les accusations que se sont échangées d'anciens conseillers chiraquiens et sarkozystes. François HOLLANDE explique qu'il se présente armé de quatre principes : vérité, volonté, justice, espérance. Il propose un « pacte productif » pour « être les meilleurs dans la mondialisation ». L'économie européenne doit être « ouverte mais pas offerte ». « La liberté n'est pas la naïveté, l'échange ne vaut que s'il est équilibré ». Il rappelle : « Ma priorité, c'est la jeunesse » ; il propose un « pacte éducatif ». Il promet 500.000 places d'accueil pour la toute petite enfance et la création de 60.000 postes dans l'Education nationale. Il demande à être évalué à l'issue de son quinquennat sur ce critère : « Je veux être jugé sur ce que j'aurai laissé à la jeunesse de France comme perspective et comme espoir ». Troisième et dernier pacte proposé, le « pacte démocratique », avec la réforme du statut pénal du chef de l'Etat, la fin du cumul des mandats et le renforcement des pouvoirs du Parlement. Il promet le droit de vote des étrangers aux élections locales et l'ouverture du mariage aux couples de même sexe. Sur le plan international, François HOLLANDE suggère de « relancer la construction européenne ». Il met en garde : « La crise peut déconstruire cette grande aventure humaine » ; il prône un système à « deux cercles concentriques » : d'abord les pays fondateurs dont la France et l'Allemagne, et ensuite l'ensemble des pays membres de l'UE. François HOLLANDE s'engage, s'il est élu, à retirer tous les soldats français d'Afghanistan d'ici la fin de 2012, soit un an plus tôt que le calendrier prévu. (le 22) -
Thomas, j’ai souhaité trier et présenter les infos qui suivent suivant trois cercles. Le premier est le cercle intime. Le deuxième est le cercle de ses amis politiques et de ses possibles alliés politiques. Le troisième cercle est celui de ses adversaires, individuels ou partis. Le cercle intime est consacré à qui ? Elle s’appelle Valérie TRIERWEILER. Valérie TRIERWEILER suivra François HOLLANDE dans sa campagne présidentielle. « Nous avons besoin d'être ensemble ». Journaliste politique avant de passer au service culture de Paris‐Match en 2007, Valérie TRIERWEILER a couvert plusieurs campagnes présidentielles, dont celles de Lionel JOSPIN en 1995 et en 2002. Elle explique avoir également assisté aux « plus grands discours » de François HOLLANDE en tant que premier secrétaire du PS (1997‐2008). Elle confie avoir été avec lui « pendant sa traversée du désert. Nous étions tous les deux et nous étions heureux ». François HOLLANDE a officialisé leur relation en octobre 2010, décrivant Valérie TRIERWEILER comme « la femme de (sa) vie ». C'était un peu plus de trois ans après sa www.greliermichel.eu
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rupture avec Ségolène ROYAL, la mère de ses quatre enfants. Valérie TRIERWEILER explique qu'elle a accompagné François HOLLANDE à son QG, juste après sa victoire au deuxième tour des primaires, parce qu'elle tenait à être « présente à cette soirée exceptionnelle. C'est l'aboutissement d'une longue marche ». En revanche, elle n'est pas montée sur scène « parce que c'est sa victoire à lui. Il ne la doit qu'à lui‐même, à sa ténacité, à sa persévérance ». « Ça n'était pas ma place ». « Nous ne sommes pas un couple à l'américaine ». Pour trouver son rôle dans la campagne, Valérie TRIERWEILER entend s'inspirer de Sylviane AGACINSKI. « Elle a toujours eu la bonne place ». « Elle était la femme de JOSPIN mais elle avait en même temps sa propre existence ». En revanche, elle « ne partage pas la conception d'Anne SINCLAIR qui expliquait que, pour elle et DSK, toutes les décisions se prenaient à deux ». « Je souhaite prendre pleinement ma place auprès de François dans cette campagne ». « Pas aux manettes » mais « pour partager ». Elle parle « beaucoup de politique » avec François HOLLANDE « puisque c'est quand même l'essentiel de sa vie ». « Mais ce n'est pas quelqu'un qu'on influence ». « Il écoute tout le monde et, ensuite, il prend ses décisions seul ». Il a ainsi décidé « seul » de faire un régime, concédant qu'elle avait « essayé de ne pas lui mettre de frites sous le nez. Sans doute que mes 'talents' culinaires l'ont aidé à maigrir ! » (le 19) - La pile des informations sur ses amis est plutôt réduite, non ? Michel SAPIN : François HOLLANDE souhaitait « que le résultat de ce scrutin soit clair, soit net, ne soit pas écrasant vis‐à‐vis de Martine AUBRY mais soit de la force pour celui qui est maintenant le candidat de tous ». Le conseiller économique de François HOLLANDE salue les « belles images » des candidats aux primaires réunis sur le perron du siège du PS. « Ce n'était pas très travaillé, mais c'était très voulu, et très sincère ». « Il fallait tout de suite faire en sorte que les tensions inévitables de toute concurrence (...) soient emportées par la force de l'image de l'union et du rassemblement ». Quant aux éventuelles séquelles de la campagne, « on peut essayer de faire en sorte qu'il n'y en ait pas ». (le 17) François HOLLANDE a rencontré en Espagne Jose Luis Rodriguez ZAPATERO, qui est également socialiste. C'est la première visite à l'étranger de François HOLLANDE depuis sa victoire. Elle semble destinée à renforcer sa stature internationale, ses détracteurs lui reprochant son manque d'expérience, ce qui pourrait constituer pour lui une faiblesse en vue de la campagne présidentielle. (le 18) - Quant à ses alliés politiques, je préfère ce mot « alliés » à celui d’ « amis ». Jean‐Luc MELENCHON réitère sa demande de « débat public » avec François HOLLANDE. « Ce qui vient de se passer montre l'intérêt des Français pour un débat sur le fond plutôt que sur les petites phrases et les apparences ». « Je crains que le programme de François HOLLANDE dans ce domaine soit assez court, car proposer comme espérance et comme horizon pour toute la gauche 60.000 postes dans l'Education nationale, et des contrats de génération, c'est vraiment le tarif super minimum de la gauche ». Pour l'élection présidentielle, il est « plus important que tout, même au‐delà des questions de droite et de gauche » de « créer un élan dans notre pays, un courant assez puissant, assez citoyen, assez ancré pour pouvoir régler les problèmes ». « Donc il faut un immense élan. C'est pas une affaire politicienne d'arrangements entre celui‐ci, celle‐là. C'est comment on trace un cap et après, est‐ce qu'on a le courage d'affronter ce qu'il faut www.greliermichel.eu
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affronter ». « Ce qu'il faut affronter dans ce pays, ça ne se règlera pas entre 'Bisounours'. C'est le partage. Il faut partager et faire partager de force, c'est‐à‐dire par la force de la loi, ceux qui ne veulent pas le faire de leur plein gré, c'est‐à dire les banquiers, les puissants, les importants qui créent dans ce pays un chaos indescriptible ». « Ceux qui pensent qu'il suffit de dire du mal du président SARKOZY pour se faire élire se trompent lourdement », parce que « ce serait une lourde erreur de le sous‐estimer » et que « notre pays mérite mieux qu'une détestation collective ». (le 17) François HOLLANDE : « Je suis écologiste et socialiste ». Il souhaite un accord de gouvernement avec EELV (Europe Ecologie ‐ Les Verts). « Je suis pour que nous prenions en compte les questions d'environnement ». « Je le fais sur la ligne que j'ai présentée, pas sur la ligne du parti écologiste » qui présente d'ailleurs une candidate, Eva JOLY. « Nous aurons et je le souhaite un accord de gouvernement ». François HOLLANDE souhaite que la future majorité rassemble « socialistes, écologistes et tous ceux qui voudront nous rejoindre ». « Mais je veux que ce soit sur un programme clair, cohérent ». « Et donc nous aurons à acter nos convergences et à dire sur quoi nous ne sommes pas d'accord. Mais il faut d'abord ce contrat de gouvernement ». Au nom du « pluralisme », il promet que le PS accordera « des circonscriptions aux élections législatives à nos amis écologistes pour qu'il y ait cette diversité à l'Assemblée nationale ». Et de conclure en résumant la règle qu'il s'est fixée : « la diversité, oui, mais la cohérence autour d'un accord de gouvernement ». (le 17) Cécile DULOT prévient que « sans ouverture de l'horizon d'une sortie du nucléaire, il n'y aura pas d'accord avec le PS ». Elle énumère ses conditions pour un accord de majorité avec le Parti socialiste : l'instauration de la proportionnelle pour que les écologistes soient mieux représentés à l'Assemblée nationale ou encore une « sobriété des investissements » pour l'aéroport Notre‐Dame‐des‐Landes. Sur ce projet coûteux, les Verts sont en désaccord frontal avec la mairie de Nantes et la région Pays‐de‐la‐Loire, contrôlées par le PS. « Nous voulons un accord de majorité ». « Je ne demande pas aux socialistes de reprendre notre programme, le programme écologiste sera porté par Eva JOLY ». « Je veux un accord qui montre une réelle volonté de transformation, pas un ronron qui déguise un accord sur des postes ». Cécile DUFLOT se dit « prête à signer un texte qui soit un compromis » ‐ sauf sur la question énergétique. « Après Fukushima, la sortie du nucléaire est un horizon obligatoire ». Elle insiste : « Sans ouverture de l'horizon d'une sortie du nucléaire, il n'y aura pas d'accord avec le PS » et rappelle qu'en 2007, les Verts avaient refusé de signer. A l'époque, François HOLLANDE était premier secrétaire du PS. Cécile DUFLOT, qui lui avait notifié le refus écologiste en 2007, lui administre une piqûre de rappel : « François se souvient comme moi du coup de téléphone où je lui annonçais ». (le 23) - Quant au cercle de ses adversaires, ce n’est pas le vide, c’est le très‐plein ! A peine choisi pour représenter le PS à la présidentielle, François HOLLANDE essuie les critiques nourries de Jean‐François COPE : « quelqu'un qui vogue à tous les vents » et « qui a beaucoup de mal à prendre des décisions difficiles ». Il reproche à François HOLLANDE d'avoir fait des déclarations « dans tous les sens » au cours de la campagne www.greliermichel.eu
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des primaires, « il est absolument prêt à faire un peu de tout et un peu de n'importe quoi ». « L'heure maintenant des explications est venue ». « On en a terminé de ces débats lénifiants. Il va falloir que M. HOLLANDE nous dise ce qu'il entend faire de la France ». « Hier, c'était pas le 10 mai 81 ». « Hier, nous n'avons pas assisté à la victoire de la gauche. Nous avons assisté à l'épilogue de deux mois de gauche parlant à la gauche ». « Maintenant, les choses sérieuses vont commencer ». « On va rééquilibrer le débat entre la gauche et la droite et le centre droit ». (le 17) Henri GUAINO s'est dit « content » que le candidat du PS à l'élection présidentiellesoit François HOLLANDE. « Tout adversaire de cette dimension est dangereux. C'est l'adversaire principal du candidat Nicolas SARKOZY s'il décide de se représenter ». « Je suis content de l'avoir comme adversaire (...) parce que c'est quelqu'un d'extrêmement prudent (...) finalement assez orthodoxe, pas très audacieux, pas très transgressif ». « Je ne crois pas que la modération soit en soi une vertu, a fortiori dans des périodes comme celle que nous traversons ». « Je pense qu'une campagne présidentielle, ça se gagne d'abord sur ce que l'on a à dire aux Français avant de se gagner sur ce que l'on a à dire des autres candidats ». Henri GUAINO reprend à son compte les critiques formulées par l'UMP sur la stature de François HOLLANDE : « Dire qu'il n'a pas de carrure internationale, c'est une critique davantage qu'une insulte. L'adversaire peut être critiqué ». Henri GUAINO s'est montré agacé de la large couverture médiatique offerte aux primaires socialistes. « Elles ont paru aux journalistes, ces primaires, plus importantes que la crise ». « J'ai observé que la rencontre SARKOZY‐MERKEL, (...) en pleine crise européenne, était moins importante pour les journalistes que le suivi en continu de la primaire socialiste ». (le 17) François FILLON : « Tout candidat qui représente le Parti socialiste dans un pays aussi équilibré que le nôtre (...) est un bon candidat ». « La question qui est posée maintenant c'est : est‐ce que c'est un candidat qui a un projet politique qui lui est propre ou c'est le candidat du projet du Parti socialiste ? » « Pendant tous les débats innombrables auxquels nous avons assisté depuis plusieurs semaines, on a bien vu que, au fond, il y avait un projet du Parti socialiste qui était profondément anachronique, qui était profondément inadapté à la réalité de la situation économique ». « Ce projet (...) il s'impose maintenant à François HOLLANDE et le reste, c'était une sorte de casting ». François FILLON estime qu'il est « trop tôt pour porter un jugement sur l'homme lui‐même ». « On n'a pas beaucoup de repères sur son expérience gouvernementale ou ministérielle puisqu'il n'en a pas ». « Au moment où tous les yeux dans le monde entier sont rivés sur la zone euro, sur la crise financière (...) quand on entend François HOLLANDE dire 'au fond, mon programme, c'est de réenchanter le rêve français', on se dit que vraiment le projet du Parti socialiste est à côté de la plaque ». « Il y a peut‐être eu un temps pour le rêve, aujourd'hui il y a un temps pour le principe de réalité ». « Le principe de réalité, c'est, dans les quelques semaines qui viennent, comment fait‐on pour éviter une catastrophe dans la zone euro, pour éviter que la crise de confiance ne se propage et qu'elle entraîne une récession dans le monde entier ». François FILLON n'a pas voulu dire s'il considérait François HOLLANDE comme un adversaire plus dangereux pour Nicolas SARKOZY que la finaliste Martine AUBRY. « Ce qui compte, ce sont les projets ». « Je ne crois pas qu'il y ait de candidat plus dangereux ». François FILLON insiste : ces primaires socialistes, ce n'était pas « le premier tour d'une élection présidentielle à trois tours », évoquant une « illusion d'optique due à l'overdose médiatique de ces derniers jours ». (le 17) www.greliermichel.eu
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Jean‐François COPE a ouvert la convention de l’UMP destinée à démontrer « l'imposture » socialiste. Selon les calculs de l’UMP, le projet du PS pour la présidentielle de 2012 aboutirait à « au moins 255 Mia euro » de dépenses publiques supplémentaires et « 126 Mia euro de hausses d'impôt ». Le projet du PS constitue une « imposture morale » avec une « succession de promesses intenables ». « Ce projet, c'est aussi une imposture financière », évoquant notamment parmi les propositions du PS la création de 300.000 contrats d'avenir, de 60.000 postes à l'Education nationale ou encore le retour à la retraite à 60 ans. Ce projet générerait « une hausse du déficit annuel de près de 40% ». Jean‐François COPE a ironisé sur la phrase de François HOLLANDE, « je veux réenchanter le rêve ». « Ça a le mérite d'être très clair pour tous ceux qui ont la mémoire longue ». « Ce que vend le candidat socialiste, c'est une utopie ». « Le rôle des responsables politiques, ce n'est pas de promettre des retours en arrière permanents », mais « de prendre, lorsque c'est nécessaire, des décisions courageuses (...) qui parfois peuvent être impopulaires ». « Vendre du rêve, c'est donc vraiment très déplacé ». « Il n'y a pas d'un côté les gentils socialistes qui incarnent la compréhension du terrain et d'un autre les méchants UMP qui n'y comprennent rien ». « Notre famille politique refuse le déni de la réalité ». « La contre‐offensive est lancée ». Jean‐François COPE a passé la parole à la quarantaine de responsables de l'UMP qui devaient se relayer pendant deux heures pour « décortiquer point par point et analyser thème par thème » le projet socialiste. (le 18) François BAROIN fait remarquer que beaucoup de responsables du PS « ont été ministres ‐ pas François HOLLANDE, mais à peu près tous les autres ». « Nous sortons de deux mois d'une cécité, d'un aveuglement, d'une surdité socialiste qui a, un peu par capillarité, contaminé beaucoup de monde ». Le PS a « toujours les mêmes recettes : c'est plus de dépenses et plus d'impôts ». Luc CHATEL, évoque la remise en cause de la réforme des retraites, « à l'annonce de cette mesure, (...) la France est dégradée ». « Je crois que ce n'est pas la note AAA de la France que l'agence Moody's met sous surveillance, c'est le programme de M. HOLLANDE qui est mis sous surveillance ». Claude GUEANT : « La gauche est la spécialiste de la mystification en matière de finances publiques (...) En matière de sécurité, c'est pareil ». « Entre 1997 et 2002, (sous un) gouvernement socialiste : la délinquance a augmenté de 17% ; en 2002, il y avait 600.000 victimes de plus qu'en 1997. En ce qui nous concerne en 2010, il y avait 500.000 victimes de moins qu'en 2002 ». Eric BESSON critique la position de François HOLLANDE en matière énergétique : le candidat du PS propose de passer de 75% d'électricité d'origine nucléaire à 50% à l'horizon 2025. Les socialistes « sont en train d'imaginer casser 40 ans, 50 ans d'industrie dans notre pays ». « Sortir du nucléaire, ça ne veut strictement rien dire si on ne dit pas combien ça coûte, par quoi on le remplace, quelle contribution à l'effet de serre ». Benoist APPARU vilipende un éventuel plafonnement du prix des loyers, une idée « catastrophique » qui ferait « s'effondrer le marché locatif ». Nathalie KOSCIUSKO‐MORIZET : le programme économique du PS, « il est périmé, et comme tout ce qui est périmé, c'est pas bon pour la santé ». Jean‐François COPE conclue : « L'UMP aujourd'hui, elle est présente et elle compte bien ne rien laisser passer ». « Maintenant la campagne commence ». (le 18) -
Cette semaine est marquée par la libération en Libye et la mort de KADHAFI. Notre pays a‐t‐il réagi ? www.greliermichel.eu
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La présidence estime que la mort de KADHAFI marque « une étape majeure » dans le combat des Libyens contre l'oppression et appelle le CNT à lancer le processus d'instauration de la démocratie. « La disparition de KADHAFI est une étape majeure dans la lutte menée depuis plus de huit mois par le peuple libyen pour se libérer du régime dictatorial et violent qui lui a été imposé pendant plus de quarante ans ». « Une nouvelle page s'ouvre pour le peuple libyen, celle de la réconciliation dans l'unité et la liberté ». « La libération de Syrte doit marquer, conformément aux engagements pris par le Conseil national de Transition, le début du processus agréé par le CNT pour établir en Libye un système démocratique dans lequel toutes les composantes du pays auront leur place et où les libertés fondamentales seront garanties ». « Comme depuis les premiers jours du soulèvement du peuple libyen contre l'oppression, la France est à ses côtés pour le soutenir dans cette démarche ». Alain JUPPE salue « la fin de 42 ans de tyrannie » en Libye et « un événement historique ». « La France est fière d'avoir aidé le peuple libyen à reconquérir sa liberté ». François FILLON : « Le décès de KADHAFI prouve qu'il n'existe aucun sanctuaire ni aucune perspective pour les dirigeants qui martyrisent aujourd'hui encore leur propre peuple », faisant probablement allusion au président el‐ASSAD en Syrie. Gérard LONGUET déplore que KADHAFI ne soit pas jugé. (le 20) Bernard‐Henri LEVY (BHL), qui a milité pour une reconnaissance du CNT dès le début du soulèvement libyen, a fait part de sa « réaction de soulagement ». « Tant que KADHAFI était en vie, tant qu'il pouvait encore faire en sorte qu'on se réclame de lui à Syrte ou ailleurs, le sang continuait de couler ». « KADHAFI en liberté, le sang coulait, KADHAFI arrêté, la guerre est terminée ». (le 20) -
Allemands, Britanniques, Danois, Néerlandais, Suédois et Tchèques… Touchez pas au PEAD ! … Touchez pas à Coluche ! Les ministres de l’Agriculture n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l'avenir de l'aide alimentaire. Le dossier est désormais entre les mains des dirigeants de l'UE. Dacian CIOLOS est « consterné ». Il n’a pas mâché ses mots pour regretter l’échec des négociations sur l’avenir du programme d’aide alimentaire européen aux plus démunis (PEAD). « Ces derniers jours, et ces toutes dernières heures encore, la Commission européenne a pris ses responsabilités pour rendre un accord possible. Désormais tous les arguments techniques ou juridiques avancés par certains Etats membres pour disqualifier le PEAD sont caducs ». Il est « encore temps, pour les quelques Etats membres qui bloquent la décision, de revenir sur leur position ». Reste que le cycle classique des négociations a échoué. Le dossier est maintenant entre les mains de la présidence polonaise du Conseil de l’UE. Seule une décision des dirigeants de l’UE lors du Conseil européen du 23 octobre pourrait permettre de faire bouger le dossier. Six pays (Allemagne, Suède, Danemark, Pays‐Bas, Royaume‐Uni, République tchèque) sont opposés à toute réforme, estimant que l’aide alimentaire ne relève pas du champ de compétences de Bruxelles et que les politiques sociales sont du ressort des Etats membres. Pour tenter de débloquer la situation, la Commission avait proposé de modifier la base juridique du PEAD, le transférant de la politique agricole à la politique sociale de l’UE. (le 20) -
Ce feuilleton n’est pas encore terminé ? www.greliermichel.eu
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Tristane BANON devrait annoncer si elle dépose une nouvelle plainte contre DSK après le classement par le parquet de Paris de sa première plainte pour tentative de viol. Tristane BANON a la possibilité procédurale de déposer une plainte avec constitution de partie civile, qui entraîne automatiquement la désignation d'un juge d'instruction. (le 17) Tristane BANON ne se constituera pas partie civile après le classement sans suite de sa plainte contre DSK. Elle estime son statut de victime reconnu, au moins « a minima ». « Je ne faisais ça ni pour l'argent, ni pour la gloire ». Elle compte « tout faire » pour l'adoption d'une loi, proposée par Marie‐Georges BUFFET, allongeant le délai de prescription de l'agression sexuelle à dix ans. (le 19) www.greliermichel.eu
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Semaine 43 – du lundi 24 au dimanche 30 octobre 2011 L’incontournable Nicolas SARKORZY -
Pour faciliter l’organisation de cette semaine et la compréhension de ce qui suit, deux Conseils européens, à 27 et sous la présidence d’Herman VAN ROMPUY ont eu lieu les 23 et 26 octobre. Et un Sommet de l’eurozone, à 17 et sous la présidence du même Herman VAN ROMPUY, le 26 octobre. Après chacune de ces réunions, une conférence de presse a lieu. Celle du 23 octobre fut conjointe : Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY. Celle du 26 octobre, après le Sommet de l’eurozone, fut nationale : Nicolas SARKOZY tout seul. Comme si cela ne suffisait pas, il nous a fait une conférence citoyenne télévisée. Incontournable, c’est sûr ! Pour la première fois, Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY, qui peinent depuis deux ans à trouver des solutions susceptibles d’enrayer la crise de la dette souveraine, ont mis en cause la responsabilité de leurs prédécesseurs dans la situation désastreuse de la zone euro. A la question de Jean QUATREMER sur cette impuissance, Nicolas SARKOZY ouvre le feu : « nous, nous avons à gérer les conséquences (des actes) de ceux qui ont fait entrer un certain nombre de pays qui n’étaient pas prêts dans la zone euro et qui ont relâché la discipline » budgétaire, en affaiblissant le Pacte de stabilité budgétaire en 2002. « Je n’ai pas le souvenir que la chancelière MERKEL et moi, nous étions déjà aux responsabilités au moment où tous ces pays ont choisi d’être endettés et même au moment où a été décidé de faire entrer en Europe, et même dans la zone euro, des pays qui ne répondaient à aucun des critères qui étaient demandés à l’époque ». Angela MERKEL s’est engouffrée dans la brèche, en plus soft : « nous luttons contre des situations (les dettes) qui durent depuis des décennies. Il ne s’agit pas d’une crise de notre monnaie, mais d’une crise de l’endettement ». Mais qui sont donc ces (ir‐)responsables non nommés ? En 1981, ce sont Valéry GISCARD D’ESTAING et Helmut SCHMIDT qui ont exigé et obtenu l’adhésion de la Grèce à la CEE. En 1998, lorsque la décision de faire entrer l’Italie, le Portugal ou l’Espagne dans la zone euro est prise, Jacques CHIRAC cohabite avec Lionel JOSPIN et l’Allemagne est dirigée par le chrétien‐démocrate Helmut KOHL. En octobre 1998, le social‐démocrate Gerhard SCHRÖDER lui succède, mais il est trop tard pour changer quoi que ce soit en imaginant même que le SPD en ait eu la volonté, ce qui n’est pas le cas. La responsabilité de l’entrée de ces trois pays et surtout de l’Italie revient clairement à la gauche française. En 1997, elle en a fait un casus belli lors de la campagne électorale : pas question de faire l’euro sans Rome, clamait alors Lionel JOSPIN (Jacques CHIRAC, sans le clamer sur les toits, était sur la même ligne) qui ne voulait pas être le seul pays du sud dans un ensemble qui s’annonçait comme trop germanique et discipliné. Helmut KOHL, soucieux de faire l’euro, a donc accepté à contrecœur le « club med », comme on l’appelait à l’époque. En 2001, ce sont Gerhard SCHRÖDER et le couple CHIRAC‐JOSPIN qui ont bataillé pour que la Grèce intègre le club de la zone euro : à ce moment‐là, plus de désaccord franco‐
allemand. Il faut au contraire montrer que la monnaie unique, qui se remet à peine de sa plongée aux enfers de 2000, est un succès qui attire des candidats (les eurosceptiques www.greliermichel.eu
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estimaient alors que cet euro faible – 82 cents d’euro pour un dollar, à son plus bas niveau ‐ signait son échec…). Bien sûr, on ne peut ignorer la Commission et la Banque centrale européenne dans cette recherche en responsabilité, puisqu’à chaque fois ces institutions ont fermé les yeux sur les failles économiques et budgétaires de ces pays. Le couple CHIRAC‐SCHRÖDER est aussi responsable du « relâchement » de la discipline budgétaire dénoncé par Nicolas SARKOZY. Alors que leur pays était menacé de sanctions par la Commission pour cause de dérapage budgétaire, Jacques CHIRAC et Gerhard SCHRÖDER se sont entendus, fin 2002, pour paralyser l’application du Pacte de stabilité et obtenir une réforme qui l’a en partie vidé de sa substance. A l’époque, la gauche française n’est plus aux affaires. Détail piquant : quand la réforme du Pacte est adoptée en mars 2005 par le Conseil européen, qui est ministre des Finances de la France depuis un an ? Un certain SARKOZY Nicolas. Et quand il affirme qu'il n'a « pas demandé le relâchement du Pacte », il ment tout simplement, car Nicolas SARKOZY a non seulement négocié le nouveau texte, mais il l'a réclamé haut et fort. Et qui est allé expliquer aux ministres des Finances de la zone euro, en juillet 2007, que la France ne reviendrait pas à l’équilibre de ses comptes publics avant fin 2012 et non en 2010 comme promis par Jacques CHIRAC ? Un certain Nicolas SARKOZY, tout juste élu président de la République. Il y a une expression qu’apprécie Jean QUATREMER et qui résume bien ce bel exercice de mauvaise foi politicienne : quand on grimpe au cocotier, mieux vaut avoir la culotte propre. (le 24) - Dans la suite des épisodes rappelés, il ne faut se souvenir que ni l’Allemagne ni la France ne sont « blancs comme neige » dans l’application de la vertu budgétaire européenne. « L’Espagne a déjà fait beaucoup, mais elle devra probablement faire plus pour retrouver la confiance des marchés ». Le message d’Angela MERKEL, prononcé le 22 octobre devant les jeunes de la CDU, a été quelque peu brouillé par celui de la France. « Grâce aux efforts de M. ZAPATERO et au sens de la responsabilité de l’opposition, l’Espagne n’est plus en première ligne » de la crise, a tempéré Nicolas SARKOZY, lors du sommet du 23 octobre. Si leur degré d’appréciation du cas espagnol diffère, la France comme l’Allemagne jouent à jeu égal sur le terrain des infractions aux règles européennes de stabilité budgétaire. Une compilation des statistiques Eurostat (réalisée par le site espagnol « lainformacion.com ») donne une perspective intéressante de la crise que traverse actuellement la zone euro. Entre 2000 et 2010, la France et l’Allemagne se sont retrouvées 14 fois au‐dessus des plafonds européens de dettes et déficits publics (60% et 3% du PIB respectivement). L’Espagne, de son côté, enregistre seulement 4 dérapages et l’Irlande, qui a vu son déficit plonger brutalement à 32,4% du PIB en 2010, avait été une bonne élève jusqu’ici, avec 5 infractions recensées. La Grèce et l’Italie, en revanche, ont suivi un parcours chaotique depuis 10 ans. Même si elle est majoritairement détenue par les ménages, la dette italienne n’est jamais passée sous la barre des 100% du PIB. Le déficit public a été un peu mieux contenu. La Grèce a suivi une logique de transgression systématique des limites européennes de dette et de déficit. (le 25) - Passons du 23 au 26 octobre, avec le ministre‐pompier de service. www.greliermichel.eu
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Jean LEONETTI : « Le contribuable français n'aura pas à mettre la main à la poche » pour financer le plan anti‐crise décidé à Bruxelles. « L'effort qui est fait pour sauver la Grèce est un effort collectif et la France y prend sa part ». Paris « donne sa garantie » mais « ne rajoute pas d'argent ». « La recapitalisation des banques n'appelle pas la contribution de l'Etat français ». Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) « augmentera par un effet de levier qui n'appelle pas non plus une contribution supplémentaire des Etats ». « Des fonds levés par le FMI et par un certain nombre de pays tiers pourront aussi compléter l'effort européen ». (le 27) - Avant l’entretien à destination du bon peuple téléspectateur. Nicolas SARKOZY a « rendez‐vous » le 27 octobre pour « de l'explication et du décryptage ». TF1 et France‐2 diffuseront une émission spéciale intitulée « En direct de l'Elysée : face à la crise ». Au lendemain du sommet européen de Bruxelles et à quelques jours du G‐20 de Cannes, Nicolas SARKOZY répondra aux questions de Jean‐Pierre PERNAUT et d'Yves CALVI. « Situation grecque, recapitalisation des banques, mondialisation, croissance, emploi et pouvoir d'achat en France, avenir de l'Europe » feront partie des thèmes abordés. (le 26) Le Parti socialiste exprime sa « consternation » et son « inquiétude », à la veille de l'entretien diffusé sur deux chaînes. D'après le PS, Nicolas SARKOZY « a choisi seul les deux journalistes intervieweurs ». Produite par une société privée détenue par le groupe Lagardère et réalisée par l'organisateur des meetings de Nicolas SARKOZY lors de la campagne de 2007, cette intervention télévisée entre dans le cadre des fonctions régaliennes du chef de l'Etat, ce qui implique que le temps de parole de Nicolas SARKOZY ne sera pas comptabilisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). « Le Parti socialiste dénonce avec force cette conception de la démocratie et ces méthodes qui augurent mal de la campagne présidentielle à venir ». (le 26) - L’entretien télévisé lui‐même. Nicolas SARKOZY… L'accord entre les 27 pays de l'UE dont les 17 de la zone euro sur la crise de la dette a permis d' « éviter la catastrophe ». « S'il n'y avait pas eu d'accord, ce n'est pas simplement l'Europe qui sombrait dans la catastrophe, c'est le monde entier ». Il qualifie d' « inimaginable » l'hypothèse de « faillite » de la Grèce. « On a pris des décisions importantes qui ont évité la catastrophe ». « Si la Grèce tombait en faillite, il y avait un processus en cascade qui emportait tout le monde ». « Pour autant, il faut savoir être humble » et « dire la vérité ». « Nous entrons à peine dans un monde nouveau ». Sur les agences de notation : « Ce qui a donné du pouvoir (aux agences de notation), c'est la dette ». « Le problème, ce ne sont pas les agences de notation ». « Le problème, ce sont les 49 Mia euro d'intérêts de la dette que nous devons rembourser ». « C'est parce qu'il y a cette crise de la dette sans précédent que nous nous trouvons dans la situation de devoir défendre le triple A, d'être sous le jugement des agences de notation ». « Plutôt que de s'énerver contre les agences de notation, réduisons notre déficit, remboursons notre dette, travaillons plus et travaillons mieux et il n'y aura plus d'agences de notation ! » www.greliermichel.eu
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Sur la TVA, il a écarté une hausse « généralisée » du taux moyen mais il n'a pas exclu la création d'une tranche intermédiaire, au nom de la « convergence » avec l'Allemagne. Sur une possible hausse de la TVA, il juge que « ça serait facile mais injuste ». « Ça pèserait sur le pouvoir d'achat des Français, ça pèserait sur la consommation des Français ». « Une hausse généralisée du taux moyen de la TVA, je ne l'accepterai pas ». Sur la « Règle d’or », il n’a pas renoncé à l’inscrire dans la Constitution, appelant une nouvelle fois l'opposition à être « plus responsable ». La règle d'or « est obligatoire d'ici à la fin 2012 pour tous les pays européens », soulignant que ce principe fait partie de l'accord trouvé entre les pays de la zone euro. « Je trouve pour tout dire un peu triste qu'on ne soit pas capable, au prétexte qu'il y a des élection présidentielles dans quelques mois, de faire cet effort national que nous devrions faire pour adopter tous ensemble une règle qui est celle de la nécessité de l'équilibre quand on vote un budget ». « Et tout le monde en tirerait profit : l'opposition parce qu'elle serait vue comme plus responsable, et la majorité parce qu'elle serait vue comme plus ouverte, et la France parce qu'elle gagnerait à avoir des débats plus matures, plus sérieux et plus responsables ». Sur sa candidature, il n'a toujours pas annoncé officiellement s'il briguerait un second mandat. Il prendra sa décision « fin janvier, début février » 2012. Il n'a pas fait mystère de son intention de se représenter. A la question de savoir si François HOLLANDE serait son principal concurrent, il a répondu : « c'est vraisemblable ». « Nous aurons l'occasion ‐ si l'occasion se présente, le moment venu ‐ de débattre des projets pour la France. Mais pour l'instant, je dois gérer une crise qui inquiète les Français, je dois les protéger ». « J'ai fait mon choix : celui d'être président de la République jusqu'à la dernière minute et de faire mon devoir ». « Mon travail, c'est pas de penser à la candidature, à la différence des autres ». Sur la réforme des retraites, il a pointé du doigt « la maladie qui consiste à vouloir absolument se faire aimer, à ne penser qu'à son image et à ne pas faire son devoir ». « A un moment, il faut faire son devoir. Moi, je suis président de la République. Je n'ai pas à me poser la question de savoir si je dois le redevenir ou pas. Je dois assumer mes responsabilités jusqu'à la dernière minute ». Sur la réduction du temps de travail à 35 heures, il l’a violemment critiqué, la qualifiant de « catastrophe » économique et sociale. « L'affaire des 35 heures a été une folie ». Cette réforme a été payée « par les ouvriers et par les salariés les moins formés ». « Il y a eu des délocalisations, il y a eu pression sur les salaires et ça s'est révélé une catastrophe sociale et une catastrophe économique ». Sur la prévision de croissance de la France pour 2012, il annonce qu’elle allait être ramenée de 1,75% à 1% du PIB. Cette nouvelle hypothèse de croissance signifie que le gouvernement doit trouver « six à huit Mia euro d'économies supplémentaires ». Il s'est refusé à préciser les nouvelles mesures d'austérité envisagées par le gouvernement. « Privilégions les mesures qui renforceront notre compétitivité ». « Nous annoncerons ces mesures très exactement après le G‐20 », qui se tiendra à Cannes les 03 et 04 novembre. Sur la Chine : « Il faut qu’elle engage davantage de moyens pour relancer l'économie mondiale ». « Si les Chinois, qui ont ‐ si mon souvenir est exact ‐ 60% des réserves mondiales, décident de les investir dans l'euro plutôt que dans le dollar, pourquoi le refuser ? Y a rien à négocier ! ». « Notre indépendance ne sera en rien mise en cause par cela ». www.greliermichel.eu
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« Pourquoi on n'accepterait pas que les Chinois fassent confiance à la zone euro et déposent une partie de leurs excédents dans notre FESF ou dans nos banques ? ». - En guise de synthèse… Nicolas SARKOZY s'est efforcé d'afficher une posture de chef de l'Etat « au travail » face à la crise, sans se priver de pointer du doigt la gauche, et en particulier François HOLLANDE. Il n'a cessé de rappeler la mission qu'il s'est assignée, celle de « protéger les Français ». « J'ai fait mon choix : celui d'être président de la République jusqu'à la dernière minute et de faire mon devoir ». Nicolas SARKOZY s'est attaqué au Parti socialiste à de nombreuses reprises. Il est remonté à 1983 pour dénoncer le passage de l'âge légal de la retraite de 65 à 60 ans sous la présidence de François MITTERRAND, avant de vilipender ‐ une nouvelle fois ‐ la réduction du temps de travail mise en place par le gouvernement de Lionel JOSPIN en 2000. Il s'en est pris à la proposition de François HOLLANDE de rétablir 60.000 postes dans l'Education nationale. « Où est‐ce qu'on va trouver l'argent ? C'est l'argent des Français ! ». Autre cheval de bataille : la règle d'or. Nicolas SARKOZY assure ne pas avoir renoncé à ce principe d'équilibre des finances publiques, qu'il souhaite voir inscrit dans la Constitution. Pendant la campagne des primaires socialistes, François HOLLANDE s'est dit favorable au principe de la règle d'or, jugeant toutefois que la question ne devait être tranchée qu'après l'élection présidentielle. Nicolas SARKOZY a mis en avant sa « responsabilité » en tant que chef de l'Etat. Il a notamment vanté la réforme des retraites. Il estime qu’en dépit de son impopularité, cette mesure a « protégé » la France durant la crise de la dette. « Quand j'ai fait la réforme des retraites (...) tout le monde m'est tombé dessus. C'est bien simple, personne n'était d'accord ». (le 27) - Et de bilan. Nicolas SARKOZY a été suivi par 11.981.000 téléspectateurs. D'après les statistiques, 6.970.000 personnes l'ont suivi sur TF1 et 5.011.000 autres sur France‐2. TF1 a ainsi réalisé une part d'audience de 25,5%, avec un pic à 20h55, et de 18,3% pour France‐2, avec un pic à 20h37. M6 a fait la troisième audience de la soirée avec le téléfilm « Dans la peau d'une grande », regardé par 4.261.000 téléspectateurs, soit 16,2% de part d'audience. (le 28) - Quelques réactions… François FILLON : « Le gouvernement annoncera, dans une dizaine de jours, les adaptations nécessaires ». « Face à une crise financière brutale et destructrice, Nicolas SARKOZY a démontré combien sa détermination et son expérience constituaient un atout pour protéger la France et relancer l'Europe ». « Dans ce rendez‐vous de vérité avec les Français, Nicolas SARKOZY a confirmé le cap d'une politique de redressement économique et budgétaire, qui passe par un ajustement en continu de nos prévisions de croissance et de notre stratégie de lutte contre les déficits ». (le 27) François HOLLANDE, sur la posture adoptée par Nicolas SARKOZY, qui s'est présenté www.greliermichel.eu
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comme un président « au travail » : « ce n'est qu'un habillage commode pour justifier un quinquennat raté ». « Nicolas SARKOZY ne protège pas les Français. En cinq ans, il les aura rendus plus vulnérables et plus dépendants, du fait de l'endettement public et de la dégradation de notre compétitivité ». « C'est lui qui a fait 75 Mia euro de cadeaux fiscaux qui ont dégradé les comptes publics. C'est lui qui a laissé filer 500 Mia euro de dette publique sur son quinquennat ». « Nicolas SARKOZY a peut‐être une expérience, mais il n'échappera pas à son bilan ». François HOLLANDE admet : « La zone euro a évité le pire » avec l'accord européen sur la dette grecque. « Mais l'accord trouvé à Bruxelles est partiel et insuffisant ». Il s’inquiète : la possible contribution de la Chine au FESF « en dit long sur la nouvelle dépendance de la zone euro ». « La Chine est désormais la maîtresse du jeu, de sorte que le sommet du G‐20 des 03 et 04 novembre, qui devait être le moment de vérité pour le yuan, va consacrer l'empire économique chinois ». Il prévient : si la note AAA de la France venait à être dégradée, « Nicolas SARKOZY en porterait la responsabilité ». Il craint : la révision à 1% du taux de croissance pour 2012 est « encore trop optimiste compte tenu des plans d'austérité qui s'accumulent dans la zone euro ». François HOLLANDE tourne en dérision les attaques contre la gauche : Nicolas SARKOZY est remonté jusqu'en 1983 pour critiquer l'abaissement de l'âge légal de la retraite de 65 à 60 ans sous la présidence de François MITTERRAND. « Pourquoi n'est‐il pas remonté à 1936 avec les congés payés, ou même au début du XXe siècle avec la journée de huit heures et le repos dominical ! ». « M. SARKOZY a la mémoire longue pour les autres, mais courte pour lui‐même ». Il accumule les reproches contre Nicolas SARKOZY. « De ses cadeaux fiscaux, de son aveuglement budgétaire, du creusement des inégalités, du laxisme en matière de hautes rémunérations, de l'impuissance face aux banques, de l'innocence face aux désordres commerciaux et de la dépendance à l'égard de la Chine, finalement, il n'est en rien responsable ». « Nous aurons face à nous un candidat sans mémoire. L'amnésie lui servira de viatique ». François HOLLANDE lancera sa campagne présidentielle « début janvier » 2012. (le 28) - Par ailleurs, le même… François HOLLANDE chiffre à 2,5 Mia euro sur cinq ans sa proposition de création de 60.000 postes dans l'Education nationale, opposant ce chiffre aux « 75 Mia euro de cadeaux fiscaux » sous la présidence de Nicolas SARKOZY. « Je veux préparer l'avenir, c'est‐à‐dire l'avenir de nos enfants. Si on veut qu'il y ait de la croissance, si on veut qu'il y ait demain de l'emploi, il faut que nos enfants soient les mieux formés possible. Ce n'est plus le cas ». (le 28) - Les déboires du PS à Marseille continuent. Jean‐Noël GUERINI, mis en examen depuis le 08 septembre, a choisi de reprendre la présidence du conseil général des Bouches‐du‐Rhône après la décision du tribunal administratif de Marseille de suspendre l'arrêté déléguant ses fonctions à un vice‐
président de la collectivité. Le tribunal a fait droit à la demande de la présidente du groupe UMP‐Nouveau Centre, Martine VASSAL, qui avait attaqué l'arrêté du 19 septembre donnant délégation de signature au premier vice‐président du conseil général, Daniel CONTE. Le président du tribunal a estimé qu'il y avait urgence à statuer. Jean‐Noël GUERINI retrouve donc l'ensemble de ses fonctions, ce qui risque de www.greliermichel.eu
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compliquer la donne politique, la direction du PS ayant exigé, par la voix d'Harlem DESIR, sa démission. Jean‐Noël GUERINI est mis en examen pour « trafic d'influence », « prise illégale d'intérêt » et « association de malfaiteurs » dans le cadre du dossier des marchés publics des Bouches‐du‐Rhône présumés frauduleux. (le 25) - Et je vais terminer cette semaine parr un « TRES SAVOUREUX » sondage. - Un sondage d’opinion ? Toi ? Je n’y crois pas ! - Je t’ai dit « TRES SAVOUREUX », une vraie gourmandise, à s’en lécher les babines ! Sondage Harris Interactive réalisée en ligne du 19 au 21 octobre auprès d'un échantillon de 1.467 personnes âgées de 15 ans et plus. Son thème : le potentiel de séduction des hommes politiques français, et les questions : « Pour une nuit » ou « pour la vie », voire « pour faire un bébé ». Avec 48,2% le grand gagnant est Arnaud MONTEBOURG. Viennent ensuite : Manuel VALLS avec 32,2%, Nicolas SARKOZY avec 11,1%, François HOLLANDE avec 2,3%, et Jean‐Luc MELENCHON avec 1,8%. Chez les femmes, la question est : « Laquelle vous fait le plus fantasmer ? ». Résultats : Ségolène ROYAL arrive en tête avec 52,1%, devant Marine LE PEN (18,3%). Eva JOLY est en queue de peloton avec 2,8%. A la question de savoir s'ils ont été émus par l'arrivée d'une petite fille au foyer du couple Nicolas SARKOZY‐Carla BRUNI‐SARKOZY, les sondés répondent « NON » à plus de 86%. Nicolas SARKOZY est en tête dans une seule catégorie, celle du candidat le plus « show‐biz ». Avec 62,2%, il devance largement Arnaud MONTEBOURG (18,9%) et François HOLLANDE (7,9%). (le 28) www.greliermichel.eu
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Semaine 44 – du lundi 31 octobre au dimanche 06 novembre 2011 La dame de grande vertu : TVA -
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Ton titre est bien ambigu. Grande ou petite ? En parlant de la vertu de la TVA ? Tu es du côté de ceux qui la paient, pas du côté de ceux qui l’empochent. Comme pour beaucoup d’autres qui la paient, je lui trouve, à ta TVA, une bien petite vertu ! C’est toi qui vois… Nous partons pour Cannes. Prends ton parapluie et ton imper. Comme à Deauville, sur la Côte Fleurie, fin mai, pour le G‐8, le temps est pourri sur la Côte d’Azur. Nicolas SARKOZY aurait des raisons de s’en prendre à la météorologie nationale qui fait tout pour le contrarier. Face à la crise, Paris entend lancer la riposte du groupe des vingt puissances mondiales et pays émergents lors du sommet du G‐20 des 03 et 04 novembre à Cannes, sous présidence française. Le rôle traditionnel du G‐20 de coordination des politiques économiques est plus que jamais mis en avant par la France. Paris espère que le G‐20 saura faire preuve de cohésion pour organiser une riposte coordonnée à la crise, même si celle‐ci doit passer par des stratégies différenciées selon les pays. Principal objectif : restaurer la confiance sur les marchés, pour relancer la croissance. Henri GUAINO : « Avec le G‐20, il s'agit de reconstruire un monde avec des règles ». « Et si nous ne le faisons pas, le monde sera emporté par des crises désastreuses ». « La France a essayé de faire passer une étape supplémentaire très importante, puisqu'elle a voulu mettre à l'ordre du jour du G‐20 à la fois la spéculation sur les matières premières, le désordre monétaire, la taxation des transactions financières. Et elle a voulu aussi ‐ ça c'est la conjoncture qui nous le dicte ‐ mettre la question de la croissance aussi au cœur du G‐20 ». L’OCDE a rendu publiques ses nouvelles prévisions de croissance, rabaissées à 0,3% pour la zone euro en 2012, après 1,6% en 2011. En mai, l'organisation tablait encore sur une croissance de 2% en 2012 dans la zone euro. Pour l'ensemble des pays du G‐20, l'OCDE anticipe une progression du PIB de 3,9% en 2011 et 3,8% en 2012. Outre la coordination des politiques économiques, d'autres sujets seront à l'ordre du jour : le développement, la réforme du système monétaire international (SMI), l'évolution des marchés agricoles, la régulation des marchés des matières premières et la réflexion sur la gouvernance économique mondiale. Autre cheval de bataille cher à Nicolas SARKOZY : la taxe sur les transactions financières. A Cannes, la parole de la Chine devrait être particulièrement écoutée à l'heure où le pays pourrait contribuer au renforcement du FESF, le Fonds européen de stabilité financière, dans le cadre du règlement espéré de la crise de la dette souveraine en Europe. La question de l'intégration du yuan chinois dans le système monétaire international sera également débattue. (le 31 octobre) Nicolas SARKOZY a besoin d'un succès de ce forum pour raviver une image dégradée dans l'opinion publique française, à six mois de l'élection présidentielle. Mais si des progrès ont été réalisés dans des domaines comme la transparence des marchés agricoles, l'actualité s'est ingéniée à éclipser une présidence du G20 dont Nicolas SARKOZY voulait faire le fil rouge de la dernière partie de son mandat. L'attention a été détournée par les révoltes arabes et la crise libyenne, dans le dénouement www.greliermichel.eu
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de laquelle Paris a joué un rôle décisif. L’attention a également été accaparée par les suites du tremblement de terre du 11 mars au Japon, dont l'accident nucléaire de Fukushima. Surtout, la crise de la dette grecque et la contagion à d'autres pays de la zone euro ont mobilisé presque sans discontinuer les Européens, sommés de mettre de l'ordre dans leurs affaires par leurs partenaires du G20. Le contexte mondial s'est aussi aggravé. Les Etats‐Unis ont vu leur « triple A » abaissé pour la première fois à AA+ en août, par Standard & Poor’s ; ils pourraient ainsi perdre leur « triple A » auprès d'une autre grande agence de notation d'ici la fin de 2011. Un peu partout, les prévisions de croissance sont revues à la baisse, tandis que la Chine menace les Etats‐Unis de guerre commerciale si le Congrès vote un texte visant à contrecarrer la sous‐évaluation du yuan. Il sera difficile aux Européens de convaincre Pékin d'accélérer l'intégration du yuan dans le système monétaire international au moment où ils sollicitent la Chine pour participer au financement de leur plan de stabilisation de la zone euro. Chinois et Américains prendront un malin plaisir à rejeter la responsabilité de la situation sur l'Europe. Et de prédire au sommet de Cannes le même sort que celui de Copenhague sur le changement climatique en décembre 2009, lors duquel les Européens n'ont pas réussi à faire entendre leur voix face aux Etats‐Unis et aux grands pays émergents. (le 31 octobre) - Au revoir Cannes et son caractère international. - Retour dans nos foyers ? - La parole à Alain JUPPE qui choisit son candidat pour la présidentiel. - Il ne doit pas y avoir de belle et grande surprise ? Alain JUPPE « pense » que Nicolas SARKOZY peut être réélu en 2012 même si « rien n'est joué ». « J'aiderai Nicolas SARKOZY car j'y crois vraiment ». « Je fais confiance à Nicolas SARKOZY pour parler aux Français un langage de vérité et de confiance ». Il rappelle avoir soutenu le candidat SARKOZY à la présidentielle de 2007. Nicolas SARKOZY « a un bon bilan et, dans la tourmente, la bonne intuition et la bonne personnalité pour tenir la barre » de la France. « On voit bien que Nicolas SARKOZY est à la manœuvre, à la fois en Europe et au niveau mondial (...) En Europe, le leadership de Nicolas SARKOZY est incontestable ». Alain JUPPE assure : « Contrairement à ce que l'on dit, je n'ai jamais eu de relation très conflictuelle avec Nicolas SARKOZY » malgré l'épisode des candidatures rivales d'Edouard BALLADUR et Jacques CHIRAC à la présidentielle de 1995, et « aujourd'hui, nous avons une vraie relation transparente et de confiance ». Quant à savoir si Alain JUPPE s'imagine Premier ministre en cas de réélection de Nicolas SARKOZY, « c'est bien trop tôt pour en parler ! ». (le 04) - Sur les événements en Grèce, la parole est maintenant à gauche… François HOLLANDE et Martine AUBRY : la situation grecque « traduit un défaut de gouvernance de la zone euro ». Si la décision grecque d’un référendum sur le plan de sauvetage « entraîne de nouveaux désordres sur les marchés financiers, elle devrait surtout décider les dirigeants européens à prendre enfin les décisions d'engager les réformes structurelles, notamment pour réguler le système financier (...) et pour trouver un juste chemin entre la réduction des déficits et le maintien de la croissance et de l'emploi ». Ils reprochent à l'Europe d'avoir « agi trop tard, trop faiblement sur le plan financier, et trop www.greliermichel.eu
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durement sur le plan économique et social ». Ils dénoncent la « brutalité » des mesures d'austérité imposées aux Grecs. (le 01 novembre) - Et au Premier ministre… François FILLON estime que les autorités grecques doivent « dire vite et sans ambiguïté » si elles souhaitent rester dans la zone euro. « Les Grecs doivent comprendre que l'Europe ne peut pas rester suspendues de longues semaines à la réponse qu'ils donneront au référendum ». François FILLON regrette une décision « prise de façon unilatérale sur un problème qui engage tous les partenaires de la Grèce ». « Il ne s'agit pas de reprocher au Premier ministre grec (Georges PAPANDREOU) de vouloir organiser un référendum, il s'agit de lui reprocher d'avoir négocié pendant des heures et des heures pour aboutir à un accord signé à l'unanimité sans jamais indiquer à ses partenaires de l'UE la possibilité d'organiser ce référendum ». Il plaide pour que soit mis en œuvre l'accord conclu à Bruxelles, « parce que ce plan, c'est la seule voie responsable pour résoudre la question de la dette grecque en maintenant la Grèce dans la zone euro ». François FILLON rappelle que : « la solidarité européenne est la contrepartie du consentement de la Grèce à poursuivre ses efforts pour assainir ses comptes publics et pour rétablir son économie ». A ses yeux, « il est capital que les décisions qui ont été prises pour accroître les capacités d'action du FESF soient mises en œuvre dans les meilleurs délais », ne serait‐ce que pour « protéger le reste de la zone euro contre les attaques spéculatives ». François FILLON rappelle « aux peuples européens et singulièrement au peuple grec qu'on ne peut pas être dans l'Europe pour bénéficier de sa solidarité et à côté de l'Europe pour échapper à la discipline que chaque nation doit consentir ». (le 02) - Suivi de près par son ministre des Affaires européennes… - Tu te moques ? - Oui. Jean LEONETTI et d'autres sources proches du gouvernement français laissent entendre que le sujet de la Grèce sera évoqué à Cannes lors d'une réunion entre Nicolas SARKOZY, Angela MERKEL et Georges PAPANDREOU. S'il paraît difficile de contraindre Georges PAPANDREOU à renoncer à son projet de consultation, l'idée semble de limiter les dégâts en obtenant qu'il fasse vite adopter par son Parlement le plan de Bruxelles. Jean LEONETTI : « Le Parlement (grec) c'est le représentant du peuple. Si ce Parlement acceptait favorablement le plan, ça sera un élément extrêmement apaisant, à la fois pour les autres Etats membres et pour les marchés ». Il est hors de question de laisser penser que l'accord de Bruxelles sur le sauvetage financier de la Grèce et les contreparties demandées à Athènes en matière de réformes économiques et financières sont renégociables. « Les décisions qui ont été prises ne peuvent pas être renégociées ». « Il ne faudrait pas masquer la réalité et laisser penser au peuple grec que s'il refusait (le plan de Bruxelles) par référendum il y aurait une deuxième négociation ». « La question est : est‐ce que les Grecs veulent ou non rester dans la zone euro ». « C'est eux qui vont avoir la décision entre leur mains ». (le 02) -
Thomas, j’ai hésité entre TVA et Charlie Hebdo pour le titre de la semaine. C’est l’émotion et le coup au cœur, qui me faisaient pencher vers Charlie. C’est la portée lourde et les soucis futurs qui l’ont emporté : TVA. www.greliermichel.eu
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Les locaux de Charlie Hebdo ont été détruits par un incendie. La piste criminelle est privilégiée. Le sinistre a été rapidement circonscrit par les pompiers et n'a fait aucun blessé. La majeure partie des nouveaux bureaux situés sur deux niveaux sont détruits et le matériel servant à la rédaction et à la fabrication du journal est hors d'usage. Cet incendie survient alors que Charlie Hebdo devait publier une édition spéciale baptisée « Charia Hebdo », en référence à la victoire des islamistes en Tunisie, avec comme « rédacteur en chef » le prophète Mahomet. Cette annonce avait suscité des messages d'insultes et de menaces sur les réseaux sociaux. Le site internet du journal a été piraté durant quelques heures et redirigé vers un site islamiste. Il est désormais inaccessible. (le 02) - Et une litanie de réactions… Jean‐François COPE juge : « combien il est nécessaire que tous autant que nous sommes et quelles que soient nos sensibilités, nous condamnions avec la plus grande force ce qui n'est rien d'autre qu'un attentat, contre un journal, dans un pays qui doit incarner la liberté d'expression c'est‐à‐dire la France ». « Je le condamne avec la plus grande force ». Il dénonce « les amalgames entre la politique et la religion (qui) sont les pires qu'ils soient ». Nathalie KOSCIUSKO‐MORIZET estime : « ceux qui font ça se désignent eux‐mêmes comme des ennemis de la démocratie ». « Il y a un droit de la presse et si on n'est pas content de qui est dit dans un journal, on attaque en justice, mais on ne met pas une bombe (...) On ne négocie pas le droit de la presse à coup de bombe ». Bertrand DELANOË « condamne avec la plus grande fermeté cette manifestation de haine et d'intolérance », il « exprime sa solidarité aux collaborateurs de Charlie Hebdo » et souligne que « la Ville de Paris est prête à les appuyer dans leurs efforts pour retrouver des locaux adaptés, qui leur permettent de reprendre leur travail rapidement, et dans les meilleures conditions ». Nicolas DEMORAND, directeur de la rédaction de Libération fait savoir aux équipes de Charlie Hebdo qu'elles étaient « les bienvenues à Libé le temps qu'elles retrouvent des locaux et des ordinateurs. On se serrera ! ». François FILLON fait part « de son indignation ». « La liberté d'expression est une valeur inaliénable de notre démocratie et toute atteinte à la liberté de la presse doit être condamnée avec la plus grande fermeté. Aucune cause ne saurait justifier une action violente ». Il a demandé à Claude GUEANT « de veiller à ce que toute la lumière soit faite sur l'origine de cet incendie et à ce que ses auteurs soient poursuivis ». Martine AUBRY « condamne cet acte criminel avec la plus grande fermeté, et souhaite que la lumière soit rapidement faite sur son origine et ses responsables ». « La liberté de la presse s'exerce aussi à travers la dérision et l'humour. Tout coup porté à cette liberté est un coup porté à la démocratie ». « Conscient de la place qu'occupe le sacré dans les cœurs des musulmans, le CFCM (Conseil français du culte musulman) déplore vivement le ton très caricatural du journal à l'égard de l'islam et de son prophète, mais réaffirme avec force son opposition totale à tout acte et à toute forme de violence ». « Le CFCM, profondément attaché à la liberté d'expression, a toujours prôné un dialogue paisible et respectueux de la diversité des opinions pour combattre l'ignorance, les préjugés et les amalgames dont l'islam et les Musulmans font l'objet ». La Grande Mosquée de Paris « condamne un acte qui ne peut en aucun cas représenter les principes de liberté, de tolérance et de paix qui sont le message de notre institution ». Elle « rappelle que le climat européen anxiogène d'islamophobie, fait d'amalgames en tout genre www.greliermichel.eu
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et de stigmatisations caricaturales de la foi islamique et des musulmans, est fort regrettable et nuisible aux valeurs laïques et du vivre ensemble que les musulmans de France partagent pleinement ». « Nous attendons avec beaucoup d'attention les résultats de l'enquête des services de police pour avoir des précisions sur l'origine et les auteurs de cet incendie ». (le 02) -
Les événements de Grèce ont aussi des retombées dans nos grandes banques nationales. BNP, le plus gros détenteur privé étranger de dette publique grecque, annonce avoir passé 2,2 Mia euro de dépréciations sur la dette souveraine grecque détenue dans ses comptes. Le gouvernement a demandé à BNP de ne pas vendre la dette grecque qu'elle détenait, afin de ne pas contribuer à la déstabilisation de la zone euro. La BNP, qui a ramené ainsi ses créances sur l'Etat grec à 40% de leur valeur, a également perdu 362 Mio euro au troisième trimestre avec la vente de presque 25 Mia euro de dette souveraine, soit un quart de son portefeuille. La BNP, première banque française, a réduit de 8,3 Mia euro son portefeuille de titres italiens, pour le ramener à 12,2 Mia euro. Au‐delà de la contraction de 2,2 Mia euro de son portefeuille de dette espagnole, ramené à 0,5 Mia euro, BNP a réduit son portefeuille de 1 Mia euro sur la dette française, à 13,8 Mia euro, et de 1,4 Mia euro sur la dette allemande, à 2,5 Mia euro. (le 03) - Thomas, je te présente… la très vertueuse TVA. Alain JUPPE en fait l’éloge : « La TVA a des effets extrêmement bénéfiques », allant jusqu'à expliquer qu'elle profitait aux chômeurs. « D'abord, elle ne taxe pas les investissements, et surtout elle est très favorable à notre commerce extérieur parce qu'elle ne taxe pas nos exportations et elle taxe nos importations ». « La TVA est un impôt qui est bon pour l'emploi ». « Au bout d'un certain temps, ce sont les plus modestes qui en profitent, c'est‐à‐
dire ceux qui cherchent du travail ». (le 06) Jean‐François COPE relève les « avantages » d’une hausse de la TVA. « L'avantage de la TVA par rapport à d'autres impôts, c'est que c'est pour l'ensemble de ceux qui consomment, donc forcément une assiette beaucoup plus large ». « Et donc, quand on augmente un tout petit peu le taux, ça fait des recettes importantes ». Il défend l'idée d'une « TVA anti‐
délocalisations ». « Pour moi, c'est une des conséquences à tirer de la crise que nous vivons ». Au lieu d'être financée uniquement par les cotisations sociales des salariés et des employeurs, la Sécurité sociale obtiendrait une partie de ses fonds de la TVA et/ou de la CSG. « L'idée, c'est qu'on baisse le coût du travail ». Il voit dans ce système un « avantage énorme : les Chinois, ils paient de la TVA quand ils vendent des produits chez nous. Et donc le fait de baisser les charges sociales chez nous est une manière de rendre nos produits plus compétitifs car alors ça renforce la compétitivité des produits français ». « C'est un financement de la protection sociale différent ». « Au lieu que ce soit concentré sur ceux qui travaillent, ce serait pour l'ensemble de la population à travers la TVA et/ou la CSG ». Face à la crise actuelle, « ce n'est pas la relance par la consommation qu'il faut faire ». (le 06) - La liste des candidats à la présidentielle s’allonge… Jean‐Pierre CHEVENEMENT annonce qu'il est candidat à la présidentielle de 2012. « J'ai www.greliermichel.eu
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décidé de me porter candidat » pour « faire bouger les lignes ». Il veut défendre « quatre repères fondamentaux dans la période troublée qui est devant nous », une « monnaie moins chère », la « croissance » plutôt que la récession, la « souveraineté » et une « Europe redressée, confédérale ». « Je veux remettre d'aplomb la République ». (le 05) Arnaud MONTEBOURG suggère à François HOLLANDE de « rendre inutile la candidature de Jean‐Pierre CHEVENEMENT en reprenant une partie de ses idées ». Sa candidature est « parfaitement compatible avec celle de François HOLLANDE ». « Mon travail sera d'aider finalement à faire ce pont et de permettre à François HOLLANDE de l'emporter et aussi à Jean‐Pierre CHEVENEMENT de se sentir représenté ». (le 06) Alain JUPPE « admire » Jean‐Pierre CHEVENEMENT, avec un peu d’ironie : « Repartir au combat en sachant qu'on fera – quoi ? ‐ trois, quatre, cinq pour cent, c'est une force d'âme qui mérite le respect » (le 06) - On repasse la marmite avec la bouillabaisse socialiste du 13. Jean‐Noël GUERINI confirme qu'il refuse de démissionner de la présidence du conseil général des Bouches‐du‐Rhône, comme le lui avait demandé le bureau national du PS. « Personne ne peut me démissionner ». « Ce n'est pas le PS qui m'a nommé, mais les électeurs qui m'ont porté au conseil général et 40 de mes collègues à la présidence de l'assemblée départementale (...) Je ne démissionnerai pas et je m'interroge sur un parti qui veut me voir abandonner mes fonctions exécutives sans m'entendre préalablement ». Il réaffirme son innocence : « Si je démissionnais cela voudrait dire que je suis coupable ». Benoît HAMON avoue l'impuissance du PS face à la détermination de Jean‐Noël GUERINI. « Aujourd'hui, devant son refus de démissionner de la présidence du conseil général, nous avons peu d'instruments ». Le PS n'en demande pas moins au groupe socialiste au conseil général de veiller à ce que Jean‐Noël GUERINI « n'exerce plus de rôle d'une manière ou d'une autre dans le fonctionnement normal de la majorité socialiste ». « Ce n'est plus à lui d'être le patron de la majorité socialiste des Bouches‐du‐Rhône ». Jean‐Noël GUERINI, soutenu par la majorité du groupe socialiste et apparentés, a fait savoir qu'il serait bien présent à la réunion du groupe socialiste du conseil général. Il se rendra, le 08 novembre, à la réunion du groupe socialiste au Sénat « comme François REBSAMEN (président du groupe socialiste du Sénat et proche de François HOLLANDE) me l'a demandé ». Jean‐Noël GUERINI : « Je demande que tous les élus socialistes mis en examen démissionnent aussi. Je ne comprends pas que mon parti puisse revendiquer la violation de la présomption d'innocence et que le candidat socialiste à la présidence puisse en arriver là ». Benoît HAMON admet que la résolution du cas Guérini est « important pour François HOLLANDE », s'empressant d'ajouter que cela l'était aussi « pour l'idée que nous nous faisons de l'éthique ». (le 03) - Après les trois initiales de TVA, en voilà quatre autres : SGAE Le cœur de la politique européenne de la France ne se situe pas au ministère qui en porte le nom. L'exercice du pouvoir de la Ve République et la transversalité des politiques communautaires a favorisé l'émergence du secrétariat général des affaires européennes www.greliermichel.eu
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(SGAE), créé en 1948. Depuis 2005, le SGAE est officiellement chargé de la coordination entre ministères sur tout ce qui touche à l'Europe. A quelques mois de l'élection présidentielle, Gilles BRIATTA, qui cumulait les fonctions de secrétaire général du SGAE et conseiller Europe de François FILLON a fait le choix de quitter l'administration pour aller travailler pour la Société Générale. - C’est ce qui s’appelle, je crois, aller « pantoufler ». Alors que d'ordinaire les deux fonctions sont occupées par une seule personne, ces postes devenus vacants ont été attribués à deux personnes différentes, mais toutes deux affiliées au cabinet de François FILLON. Il est ainsi conseillé, depuis le 01 novembre par Pierre HEILBRONN qui était déjà secrétaire général adjoint du SGAE. Le SGAE est pour sa part dirigé par Charles FRIES, conseiller diplomatique à Matignon. - Quelques indications sur l’un et l’autre. Pierre HEILBRONN ‐ Jeune énarque de 37ans, il a fait toute sa carrière dans les affaires européennes. Coordinateur pour la Présidence française de l'UE de 2007 à 2009, il a été membre du cabinet de la commissaire européenne Benita FERRERO‐WALDNER entre 2009 et 2010. En 2010, il a été rapporteur général de la Commission de libération pour la croissance française présidée par Jacques ATTALI. Cette ascension en moins de 10 ans au service de l'Etat, Pierre HEILBRONN la doit à un parcours sans faute. Après un passage par Sciences Po Paris, il a obtenu un master en économie à Cambridge en 1997 qu'il a rapidement complété avec une année de spécialisation au Collège d'Europe à Bruges (économie industrielle et macroéconomie européenne). Ces différentes expériences lui ont permis de développer ses compétences linguistiques puisque son cv fait état d'un anglais courant, d'un allemand compris et lu ainsi qu'une compréhension de l'hébreu, du japonais et quelques notions de bulgare. En 2000 il intègre l'ENA et sort inspecteur des Finances. Jusqu'en 2010, il a été trésorier et membre du directoire de l’institut Aspen France, une association créée en 1994 sous l'égide de Raymond BARRE dont l'objectif est « d'encourager l'ouverture sur le monde, la prise d'initiative et l'exercice des responsabilités au service du bien commun ». Charles FRIES ‐ Ancien élève de l'ENA, il en est sorti en 1989 et a commencé une carrière dans la diplomatie à la fois en France et en Europe. Entre 1995 et 1998, Charles FRIES a officié comme Premier secrétaire et chef du service d'information et de presse de l'ambassade française à Londres. De 2006 à 2009, il a été lui même ambassadeur de France en République tchèque. Il a aussi directement travaillé avec les institutions européennes en tant que sous‐directeur des affaires communautaires internes au ministère des Affaires étrangères (1998‐2000) et sous‐directeur des relations extérieures de la Communauté européenne à la direction de la coopération européenne (2000‐2002). Après ces deux postes, il a rejoint le cabinet du président de la République Jacques CHIRAC en tant que conseiller technique sur les questions européennes, jusqu'en 2006. A son retour de République tchèque il est nommé conseiller diplomatique de François FILLON (novembre 2009). Les affaires européennes et étrangères ne sont pas sa seule passion ; Charles FRIES est aussi diplômé de l'école normale de musique de Paris. (le 02) - En voilà un au moins qui connaît la « vraie » musique. www.greliermichel.eu
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Semaine 45 – du lundi 07 au dimanche 13 novembre 2011 La rigueur de l’austère Monsieur FILLON -
Un gros paquet d’informations et combien ?… sept petits paquets. Curieux !? Cela représente tout à fait la semaine. Le « gros » plan d’austérité présenté le 07 novembre par François FILON avec les réactions attendues, et quelques « petites » affaires françaises. François FILLON affirme que le nouveau plan d'économies budgétaires représente « un effort supplémentaire de 18,6 Mia euro en 2012 et 2013 ». Ce dispositif d'équilibrage des finances publiques, qui s'ajoute au premier plan d'austérité du 24 août, d'un montant de 12 Mia euro, « permet d'éviter un déficit cumulé et donc une dette de près de 65 Mia euro d'ici 2016 ». « D'ici 2016, l'action que nous allons conduire en matière d'assainissement des finances publiques portera pour un peu plus de la moitié sur les dépenses », chiffrant les économies pour les quatre années à venir à « près de 115 Mia euro », ce qui permettra de « ramener le déficit à zéro en 2016 ». Soucieuse de respecter ses engagements internationaux et de préserver son « triple A », la France s'est fixé pour objectif de réduire son déficit public à 4,5% du PIB en 2012, 3% en 2013 et 2% en 2014. (le 07) François FILLON n'a pas prononcé le mot rigueur. Pourtant la France s'enfonce un peu plus dans la voie de l'orthodoxie budgétaire. Les annonces faites visent à tenir les engagements de réduction du déficit malgré le ralentissement économique, avec l'espoir de conforter la note « triple A » du pays. Les mesures supplémentaires s'élèveront à 7 Mia euro en 2012 et 11,6 Mia euro en 2013. Les principales mesures comprennent : le report de l'âge légal de la retraite à 62 ans en 2017 au lieu de 2018. Sept cent millions euro d'économies seront réalisées sur les dépenses de santé et les « niches » fiscales seront réduites de 2,6 Mia euro. L'augmentation du taux réduit de la TVA de 5,5% à 7%, sauf pour les produits de première nécessité, dont l'alimentation. La limitation de la revalorisation de certaines prestations sociales à 1% en 2012, soit le niveau de la croissance prévu. Le gel du barème de l'impôt sur le revenu et de celui de solidarité sur la fortune pour les deux prochaines années. L'impôt sur les sociétés sera quant à lui majoré de 5% pour les entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse 250 Mio euro. Ces mesures doivent permettre d'atteindre l'équilibre budgétaire d'ici 2016, ce qui représente une effort global de 100 Mia euro. C'est la deuxième fois en trois mois que le gouvernement français opère des coupes dans ses finances après les 12 Mia euro d’économie du mois d’août. La France ne fait que suivre un mouvement quasi‐général en Europe. Après avoir reçu l'aide de la zone euro, la Grèce, le Portugal et l'Irlande ont du réduire drastiquement leurs dépenses publiques. Menacée par les marchés, l'Espagne a fait de même en adoptant toute une série de mesures entre l'hiver et l'été 2011. En janvier 2010, elle avait déjà voté un plan d'économies de 50 Mia euro. La Belgique est aussi face à ces choix cornéliens. Les partis francophones et néerlandophones, qui cherchent à former un gouvernement depuis plus de 500 jours, discutent actuellement des coupes à faire. L'effort se situerait entre 5 et 10 Mia euro pour le budget 2012. Enfin, l'Italie s'est engagée à opérer de profondes réformes structurelles pour remettre ses comptes publics dans le vert et réduire sa dette, qui atteint aujourd'hui plus de 120% du PIB du pays. Le départ de Silvio BERLUSCONI, en qui les marchés n'ont pas confiance, pourrait aussi être décidé dans les jours à venir. (le 07) www.greliermichel.eu
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François FILLON annonce le « Plan d'équilibre des finances publiques ». Il propose « d'avancer d'un an le passage de l'âge légal à 62 ans en fixant la cible à 2017 au lieu de 2018 ». « Cela se traduira par quelques mois d'activité supplémentaire pour les générations nées entre 1952 et 1956 ». Cette accélération « permettra de diminuer de 4,4 Mia euro les déficits cumulés des régimes de retraite entre 2012 et 2016 ». (le 07) François FILLON annonce un relèvement ciblé de la TVA. « Nous avons décidé de relever la TVA de 5,5 à 7% sur tous les produits et les services, à l'exception des produits de première nécessité, notamment de l'alimentation ». Cette mesure cible essentiellement la restauration, l’hôtellerie et les travaux du logement. Il précise que ce taux intermédiaire est « aligné sur le taux allemand de la TVA à taux réduit ». Promettant d'être « attentif aux produits les plus sensibles qui bénéficient actuellement de ce taux réduit », il assure que « les équipements et services à destination des personnes handicapées ne seront (...) pas concernés par la hausse ». (le 07) François FILLON : « En 2012, la revalorisation des prestations sociales hors pensions sera fixée à 1% ». D'habitude, « la plupart des prestations sont revalorisées chaque année en fonction de l'inflation ». Face à la crise, plusieurs pays européens ont gelé ces prestations, notamment l'Espagne. Toutefois, « nous n'avons pas voulu aller jusqu'à geler les prestations ». « Pour partager l'effort de réduction du déficit entre les actifs et les bénéficiaires des prestations sociales, les prestations sociales seront bien revalorisées en 2012, mais à un taux forfaitaire de 1% ». Ne sont pas concernés par ce plafond : les pensions de retraite, le minimum vieillesse, le Revenu de solidarité active (RSA), l'allocation adulte handicapé (AAH), l'allocation spécifique de solidarité (ASS, versée aux chômeurs en fin de droits). François FILLON assure que, comme les retraites, les minima sociaux resteront revalorisés selon les règles actuelles qui prennent en compte à la fois la croissance et l'inflation. (le 07) L'impôt sur les sociétés sera temporairement majoré. François FILLON : « Nous avons décidé de mettre à contribution les grandes entreprises ». « Nous allons instaurer une majoration de 5% du montant de l'impôt sur les sociétés, une majoration temporaire, pour les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 250 Mio euro ». (le 07) Le gouvernement a décidé de porter à 24%, contre 19% aujourd'hui, l'imposition forfaitaire frappant les revenus de l'épargne et les dividendes. Le barème de l'impôt sur le revenu et celui de l'ISF seront gelés pour les deux prochaines années. Si les niches fiscales sont visées, notamment « les plus coûteuses qui ont en partie contribué à pousser à la hausse les prix du logement », le dispositif Scellier (réduction d'impôt sur certains investissements immobiliers locatifs), sera supprimée fin 2012. Le prêt à taux zéro sera « recentré pour en limiter le coût ». Au total, les différents rabotages devraient générer 2,6 Mia euro d'économies. (le 07) Etat : l'objectif de réduction des surfaces occupées par les administrations sera porté à 5% pour les trois prochaines années et le programme de cessions immobilières sera accéléré pour atteindre 500 Mio euro par an. Le salaire des ministres et du président de la République sera « gelé jusqu'au retour à l'équilibre des finances publiques ». Le gouvernement exhorte par ailleurs les élus et les dirigeants de grandes entreprises à en faire de même. Financement candidats et partis politiques : le plafond de remboursement des dépenses www.greliermichel.eu
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de campagnes électorales et des aides aux partis politiques sera réduit de 5%. Cela aboutira à une prise en charge maximale de 770.000 euro pour les candidats ayant réuni moins de 5% des suffrages à la présidentielle, de 7,7 Mio euro pour ceux ayant réuni plus de 5% et de 10,3 Mio euro pour les candidats présents au second tour. Pour les aides aux partis politiques, l'économie devrait représenter quatre Mio euro. Santé : 700 Mio euro supplémentaires seront économisés en 2012 au titre de la maîtrise des dépenses de Sécurité sociale. La progression de l'objectif national des dépenses d'assurance‐maladie (ONDAM) pour 2012, initialement fixée à 2,8% dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012, sera ramenée à 2,5%, soit 500 Mio euro d'économies supplémentaires. Cet effort sera poursuivi jusqu'en 2016. ‐ Un effort d'économies supplémentaire de 120 Mio euro sur les dépenses de gestion des caisses de Sécurité sociale et de 100 Mio euro sur les fonds de la protection sociale sera mené en 2012. (le 07) - Après les mesures… les réactions. Salué comme « courageux et responsable » par l'UMP, ce plan d'austérité a en revanche été dénoncé avec force par Martine AUBRY : « le gouvernement s'enferre dans une politique dangereuse pour l'économie et injuste socialement ». « Le pays a besoin de croissance. Tout est fait pour construire la prochaine récession par une rigueur brutale ». « Il est grand temps qu’une autre majorité arrive aux responsabilités pour engager une autre politique, plus juste et qui remettra la France sur de bons rails ». (le 07) Partis d'opposition, syndicats ou encore associations professionnelles et familiales jugent inéquitable le plan de rigueur budgétaire présenté par François FILLON. Pour eux, cette rigueur pèse trop sur les classes populaires et risque de précipiter la France dans la récession. Martine AUBRY : « Faute d'avoir le courage de s'attaquer à dix ans de gaspillages fiscaux, le gouvernement s'enferre dans une politique dangereuse pour l'économie et injuste socialement (...) Le pays a besoin de croissance, tout est fait pour construire la prochaine récession par une rigueur brutale (...). Le pays a besoin de justice sociale, le gouvernement s'attaque aux plus fragiles en durcissant encore la réforme des retraites, en augmentant la TVA de la manière la plus injuste en touchant au taux réduit, en rognant les prestations sociales et l'assurance‐maladie. Dans ce contexte, l'annonce d'un simple gel de la rémunération des ministres, et du président de la République qui s'est augmenté de 172% en début de mandat, est particulièrement inique (...). Plan de rigueur après plan de rigueur, le gouvernement se distingue par des choix imprévoyants et inconséquents qui enfoncent le pays et le continent dans la crise. Et qui ne régleront rien sur le plan financier car sans croissance, la réduction des déficits et de la dette ne sera pas au rendez‐vous et dans quelques semaines ou quelques mois, on nous présentera un nouveau plan de rigueur ». Eva JOLY : « Ce sont ceux qui ont mis le pays au bord de la faillite qui soumettent aujourd'hui les Français au plan d'austérité. Un effort considérable est demandé aux Français et à nouveau, ce ne sont pas les plus riches qui vont le supporter. Ce sont les services publics, la santé, l'éducation, l'environnement, la sécurité et le logement social qui vont payer ». Cécile DUFLOT : au delà « des quelques mesures symboliques, l'effort va une nouvelle fois porter essentiellement sur les classes moyennes et populaires avec l'accélération de la réforme des retraites, la baisse des prestations sociales et la hausse de la TVA ». Pierre LAURENT (PCF) : « Le plan annoncé par François FILLON est une véritable www.greliermichel.eu
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provocation sociale, une accélération fracassante et catastrophique dans l'austérité généralisée ». « C'est le début d'un scénario à la grecque et on connaît la fin du film. La saignée sociale n'assainira pas les finances publiques mais tuera le malade. Au terme de cette politique, il n'y aura pas de déficit zéro en 2016, mais bien tout à la fois une catastrophe sociale, une catastrophe économique et une catastrophe pour les finances publiques ». Philippe POUTOU (NPA) : « FILLON a le cynisme de parler d'efforts 'équitables' mais la TVA est l'impôt le plus injuste qui soit puisqu'il pèse indistinctement sur tous les consommateurs. Augmenter la TVA, c'est clairement choisir de faire payer les couches populaires. Bousculer le calendrier de l'âge de la retraite à 62 ans, c'est bafouer et insulter une 2e fois, les salarié‐e‐s qui se sont mobilisé‐e‐s contre cette dégradation supplémentaire du régime de retraite en 2010 (...) Une fois de plus, ce ne sont pas les banquiers et les financiers, les responsables de la crise, qui sont appelés à boucher le trou des 6 à 8 Mia euro à combler. Ce sont les salariés et les couches populaires qui devront payer la crise ». Marine LE PEN: « Le gouvernement Sarkozy vient de porter un nouveau coup très violent contre le pouvoir d'achat des Français (...) Après la hausse des mutuelles et de la CSG, une nouvelle fois, c'est le peuple qui paie : salariés, classes moyennes et populaires, retraités ». « Cette baisse organisée du pouvoir d'achat n'a aucun sens, a fortiori en période de crise. Elle est même criminelle. En poussant les Français à l'agonie économique et sociale, on précipite la chute du pays et l'explosion de la dette (...) Celui qui promettait d'être le président du pouvoir d'achat est aujourd'hui le président du désespoir d'achat ». Jean‐Claude MAILLY (FO) estime que le plan est « complètement injuste » et « très inégalitaire ». Le gouvernement « est dans la main des marchés financiers » et les mesures qu'il présente ne sont qu'un « affichage » destiné aux agences de notation. Alors que « l'effort va porter essentiellement sur les salariés », « on est train de prendre une logique à la grecque (...) L'austérité génère l'austérité ». « Il y a un côté suicidaire dans cette démarche ». Luc BERILLE (UNSA) : « Le gouvernement s'est malheureusement engagé dans une espèce de cercle vicieux de l'austérité (...) Cette politique d'austérité risque de nous conduire tout droit à la récession. Autant on peut cautionner une politique d'assainissement des comptes publics, autant on ne peut cautionner une politique qui n'offre aucune perspective de croissance et risque de nous enliser dans le chômage ». La CFDT : le plan Fillon « n'est pas à la hauteur des enjeux » et « fait l'impasse sur toute mesure de relance et de soutien à l'activité et à l'emploi ». « L'accélération de la réforme des retraites de 2010, déjà injuste, rapporte peu, inquiète les salariés et ne sert qu'à envoyer un signal aux agences de notation ». Laurence PARISOT (Medef ) « salue l'accélération des réformes structurelles » et juge que « le rythme de relèvement de l'âge de départ à la retraite est une condition déterminante d'un retour rapide à l'équilibre des régimes ». « La hausse de l'impôt sur les sociétés des entreprises de plus de 250 Mio euro de chiffre d'affaires ne peut être qu'un prélèvement exceptionnel dû à notre situation budgétaire ». La CGPME : l'augmentation du taux réduit de TVA de 5,5% à 7% « impactera négativement les nombreux secteurs concernés, au premier rang desquels se trouvent la restauration et le bâtiment, doublement frappé en ce qui le concerne par la disparition annoncée du dispositif Scellier ». L'UFC‐Que Choisir : la TVA à 7% va « renchérir des produits aussi essentiels que les médicaments en vente libre, les abonnements de gaz et d'électricité ou les transports publics », ce qui devrait « augmenter les prélèvements sur les consommateurs de 2 Mia euro ! ». C'est « une mesure aveugle et inéquitable ». (le 07) www.greliermichel.eu
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François HOLLANDE : « Nous payons cher l'échec de Nicolas SARKOZY ». Il dénonce « un plan incohérent, injuste et inconséquent ». Il déplore que le gouvernement ne revienne pas sur les « 75 Mia euro de cadeaux fiscaux » accordés aux plus favorisés depuis le début du quinquennat. Pour François HOLLANDE, le plan d'économies budgétaires présenté par François FILLON « n'est pas juste ». Le taux intermédiaire de TVA à 7% ne va pas concerner que la restauration mais aussi les travaux dans les logements, les transports, les livres, les services aux personnes ‐ y compris aux personnes âgées ‐. Par ailleurs, les prestations sociales « vont être amputées en terme de pouvoir d'achat ». Sur le gel des salaires du président de la République et des membres du gouvernement, François HOLLANDE se demande s'il faut « en rire ou même en pleurer », rappelant que Nicolas SARKOZY s'était octroyé une augmentation de 170% à son arrivée à l'Elysée. Il promet : « Si je suis élu président de la République, il y aura non pas un gel, il y aura une baisse de 30% du salaire du président de la République et des ministres ». Sur les exigences d’Eva JOLY, qui pose l'arrêt du chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville comme condition à un accord de gouvernement avec le PS, François HOLLANDE explique que s'il était élu il préserverait la construction d'un EPR, à condition que les conditions de sécurité soient respectées : « Je préserverai ce qui me paraît être un progrès c'est‐à‐dire la construction d'un EPR ». (le 07) Selon Nicolas DUPONT AIGNAN (Debout la République) François FILLON « engage le pays dans un scénario à la grecque ». (le 07) Jean‐Marc AYRAULT dénonce « l'injustice » du nouveau plan de rigueur du gouvernement, y voyant la conséquence d'une politique fiscale « payée par l'emprunt ». « Le paquet fiscal, le bouclier fiscal, l'ensemble des mesures qui sont venues s'additionner, c'est ce que les socialistes ne cessent de dénoncer depuis maintenant près de cinq ans ». « Tout cela, quand on l'additionne, c'est 75 Mia euro ». « Mais c'est financé comment? C'est payé par l'emprunt : c'est‐à‐dire qu'il n'y a pas un centime d'euro dans les caisses pour financer les mesures fiscales qu'a prises le gouvernement, et tout cela a contribué à augmenter la dette ». Avec l'annonce d'un nouveau plan d'austérité, « on nous amène la facture », estimant par avance que cela ne suffira pas et que « la situation va continuer de se dégrader ». « Quand on sert la ceinture autant, il y a aura des conséquences économiques sur la croissance, sur les rentrés fiscales, sur les rentrées de cotisations sociales, bien entendu sur l'emploi, la paupérisation d'une partie de la population ». Jean‐
Marc AYRAULT accuse Nicolas SARKOZY de ne pas être « le président protecteur, celui qui prétend défendre les intérêts de la France et de l'Europe », mais de rester « le président du Fouquet's, le président des riches ». De fait, « l'austérité ne règle rien, ni les plans nationaux, ni l'accord de Bruxelles, ni le G‐20 ». Il faut donc « une autre voix, et c'est l'enjeu de la campagne dans laquelle nous allons nous engager maintenant ». Une campagne qu'il n'envisage toutefois pas avant le début de 2012. « Le temps viendra des propositions chiffrées, ne précipitons pas les choses ». (le 08) -
François FILLON ne pouvait pas rester silencieux face à ce déluge de réactions pour le moins critiques. François FILLON répond aux critiques des socialistes en estimant qu'ils n'ont « pas de leçon à donner au gouvernement » en la matière. « La critique sur le fait que ces mesures frappent les plus modestes est une critique qui est polémique, politicienne et fausse puisque www.greliermichel.eu
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nous avons soigneusement protégé les minima sociaux, les retraites ». « S'agissant de la TVA, qui passe de 5,5% à 7%, nous avons évidemment protégé les produits de première nécessité, les produits alimentaires, l'énergie ». Il juge « parfaitement raisonnable » ce taux intermédiaire qui concerne la restauration, l'hôtellerie et les travaux du logement. Répondant au PS, qui a dénoncé une « opération de mystification » du gouvernement, François FILLON s’en prend à la proposition socialiste de retour à la retraite à 60 ans, « ce qui, déjà dans une situation économique normale, est une mesure incompréhensible compte tenu de l'allongement de la durée de la vie ». Sur les conséquences de ce plan sur sa popularité, alors qu'il souhaite se présenter en juin 2012 aux législatives à Paris, il assure que ce n'est « vraiment pas (sa) préoccupation aujourd'hui ». « Je pense que ma conception de l'action publique, c'est de faire mon devoir ». « Et aujourd'hui ce qui serait scandaleux, c'est que le gouvernement laisse les choses filer (...) nous n'en avons pas le droit ». Renvoyant aux « conséquences que les peuples subissent dans d'autres pays qui ont commis ces erreurs, qui ont été immobiles », il trouve que les décisions prises « sont vraiment à l'honneur du président de la République et du gouvernement ». Il jure ne pas être « obsédé » par les agences de notation, malgré la pression qu'elles exercent sur la France pour le maintien de son « triple A ». « La question, c'est moins les agences de notation que le volume d'emprunt que nous fait depuis 30 ans ». « Si nous n'avions pas une dette aussi lourde, nous n'aurions pas à être préoccupés par les agences de notation et par les marchés ». (le 07) -
« D’accord sur tout, mais pas dans mon jardin ! ». Voici une application de ce bon principe appelé « NIMBY » en anglais : « Not in my backyard »… Le groupe UMP de l'Assemblée se prononce contre l'amendement de l'un de ses membres, Lionel LUCA, qui proposait de réduire de 10% les indemnités des députés dans le cadre de l'effort de rigueur national. Le chef de file de la Droite populaire, frange droitière de l’UMP, propose cet amendement au projet de loi de finances pour 2012 dans la droite ligne du plan d'austérité dévoilé par François FILLON. Une telle réduction permettrait d'économiser 5 Mio euro, en plus des économies générées par le gel des salaires du président de la République et des ministres. Christian JACOB, président du groupe UMP : « Nous avons eu un mot d'échange sur les indemnités parlementaires, mais le sujet a été évacué car, pour ce qui est de l'ensemble des élus, il y a un gel des indemnités depuis déjà deux ans ». « Il y a eu des économies très importantes dans le cadre de la gestion de l'Assemblée puisque, pour la première fois, il y a eu une baisse de 3% des dépenses (...), ce qui fait globalement une économie de 180 Mio euro de gestion interne ». Avant lui, Bernard ACCOYER avait tenu à rappeler le vote d'un amendement prévoyant pour 2012 cette réduction de 3% de la dotation pour frais de fonctionnement du Palais‐
Bourbon. (le 08) - Quand les boîtiers de traduction révèlent les crudités au menu des réunions internationales. Le 03 novembre lors du sommet du G‐20 à Cannes, la discussion entre Nicolas SARKOZY et Barack OBAMA a pu être entendue par plusieurs journalistes français, via les boîtiers destinés à assurer la traduction, pendant un entretien bilatéral entre eux qui se déroulait juste avant une déclaration à la presse. Nicolas SARKOZY : « Je ne peux plus le voir, c'est un menteur ». www.greliermichel.eu
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Barack OBAMA : « Tu en as marre de lui mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours ! ». Barack OBAMA a ensuite été entendu en train de demander à Nicolas SARKOZY de l'aider à persuader les Palestiniens de stopper leurs démarches pour obtenir la reconnaissance d'un Etat par l'ONU. Les propos n'ont pas été immédiatement rendus publics car ils émanaient d'une conversation destinée à rester privée entre les deux chefs d'Etat et qu'il leur avait été demandé de ne pas utiliser les boîtiers de traduction avant le début de la déclaration à la presse. Seul un bref extrait de la discussion est concerné par l'incident. L'Elysée n'a souhaité faire aucun commentaire sur ces informations ou sur l'état des relations entre la France et Israël. La Maison Blanche et le porte‐parole de Benyamin NETANYAHOU ont aussi fait savoir qu'ils ne commentaient pas. Depuis le début de sa présidence, Nicolas SARKOZY a favorisé un rapprochement de la France avec Israël, tout en cherchant à utiliser les liens traditionnellement forts de la diplomatie française avec les Palestiniens pour encourager le processus de paix au Proche‐
Orient. Mais sans le dire officiellement, Paris semble tenir Benyamin NETANYAHOU pour partiellement responsable du blocage des pourparlers entre les deux parties. Barack OBAMA est plutôt perçu comme conciliant avec Benyamin NETANYAHOU, même si le manque d'atomes crochus entre les deux hommes est évident lors de leurs rencontres. Nicolas SARKOZY s'est souvent montré très direct, et sans grande patience, avec la droite israélienne. Il a ainsi demandé il y a deux ans à Benyamin NETANYAHOU de se séparer d’Avigdor LIEBERMAN. (le 08) - Et Nicolas SARKOZY passe à l’attaque… - A l’assaut du PS ? - Oui. Nicolas SARKOZY dénonce le « mensonge » du PS sur la retraite à 60 ans, et défend la politique d'austérité gouvernementale comme étant de son « devoir » de chef de l'Etat. « Comment voulez‐vous qu'on puisse continuer en promettant la retraite à 60 ans ». « Ça n'a pas de sens, c'est tout simplement un mensonge ». « Je ne dis pas que mes idées sont justes. Ce que je dis, c'est que dans la situation actuelle, chaque responsable a un devoir, c'est un devoir de vérité ». « Dire qu'on va pouvoir financer les retraites en revenant à la retraite à 60 ans, c'est un mensonge ». Le projet socialiste prévoit de rétablir l'âge légal de départ en retraite à 60 ans. François HOLLANDE s'est dit d'accord sur ce point, pour les personnes ayant cotisé 41 annuités ou ayant exercé un emploi pénible. Nicolas SARKOZY cible la promesse de François HOLLANDE d'embaucher 60.000 personnes dans l'Education nationale en cinq ans. « J'ai vu qu'un candidat à la candidature expliquait (...) que 60.000 enseignants, c'est 500 Mio euro par an multiplié par cinq ». « Mais depuis quand embauche‐t‐on un fonctionnaire pour cinq ans ? ». « Quand on embauche un fonctionnaire, c'est 40 ans de vie professionnelle, plus 20 ans de retraite ». Nicolas SARKOZY réitère ses critiques contre les 35 heures ‐ l'un de ses sujets favoris ‐. « Dans l'affaire des 35 heures, le pire de tout, ça a pas été simplement la compétitivité, c'est l'idée qu'on met dans la tête des Français que le travail, c'est l'ennemi, que la vraie vie est ailleurs ». « Le travail est une valeur d'émancipation, pas d'aliénation ». Il exhorte à « arrêter avec l'assistance, le nivellement, l'égalitarisme ». Nicolas SARKOZY critique, une nouvelle fois, le concept de « démondialisation » défendu par Arnaud MONTEBOURG. « Nous devons non pas refuser la mondialisation, mais repenser notre stratégie ». « La France ne peut pas s'exonérer des efforts que font les autres ». Nicolas SARKOZY plaide pour « un monde régulé ». « Pour réguler le monde, il www.greliermichel.eu
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faut s'inscrire dans ce monde et non pas le refuser ». « Ça nécessite aussi un débat public moins caricatural, plus approfondi en quelque sorte ». Après la présentation par François FILLON d'un deuxième plan de rigueur, Nicolas SARKOZY assure qu'il ne fait « pas tout cela pour les marchés ». « Je le fais parce que la France paie chaque année 49 Mia euro d'intérêts de la dette ». « J'ai un devoir ». Nicolas SARKOZY ironise sur l'approche de la présidentielle de 2012. « Tiens, j'avais pas intégré, je suis le seul en France ». « Si je dois ne prendre des décisions que quand il n'y a pas d'élections... Il y a toujours des élections en France ». « Donc il y a des décisions à prendre, il faut les prendre, c'est mon devoir. S'il y a d'autres solutions, eh bien, que ces autres solutions soient expliquées, et que les Français choisissent et qu'on en débatte ». « Mais on ne peut pas s'exonérer (...) et on ne peut pas se contenter de dire : ‘les marchés, c'est pas bien’ ». (le 08) -
Il y a de l’eau dans le gaz dans les tuyauteries en cours d’installation pour relier les « usines à gaz » verte et rose. Yves COCHET déclare que les négociations entre le PS et Europe Ecologie‐Les Verts (EELV) en vue des échéances électorales de 2012 ont été suspendues en raison des déclarations de François HOLLANDE sur le nucléaire. (le 08) - Et François HOLLANDE parle… Ses propositions économiques aux niveaux européen et international :  Doter davantage le FESF, et ce avec des moyens européens  Autoriser la BCE à « venir en soutien des Etats victimes de la spéculation » en rachetant une partie de leurs emprunts  Créer des eurobonds  Améliorer la gouvernance de la zone euro avec une « unité de commandement »  « Réglementer les produits financiers dérivés » : ne les autoriser que pour couvrir des risques réels  Pour garantir la transparence sur les transactions financières, publier une « liste noire des hedge funds »  Instaurer « le plus tôt possible » une taxe sur les transactions financières dans les pays volontaires  Réformer le système monétaire international. (le 09) François HOLLANDE met en garde sur le fait que la France reste menacée par la crise financière car elle est mal présidée. « Il faut que nous ayons un plan de réduction de nos déficits mais que ce plan soit juste et n'empêche pas la croissance ». « La France n'est pas protégée parce qu'elle n'est pas bien présidée (...) Elle ne l'est ni de la crise de la zone euro ni de la crise financière ». François HOLLANDE promet de faire adopter une loi de programmation sur cinq ans pour réduire les déficits sans casser la croissance. Il promet de revenir sur le « paquet fiscal » qui prive l'Etat de 9 Mia euro de recettes par an. Il propose de soutenir le secteur du bâtiment pour favoriser l'emploi et le logement. Et il s'engage sur « une réforme bancaire » afin que l'épargne soit affectée vers l'investissement. François HOLLANDE se moque de la fréquence des plans de rigueur présentés par François FILLON. Le premier, dévoilé le 24 août, vise à économiser 1,2 Mia euro en 2011 et 10,4 Mia euro en 2012. Le deuxième, détaillé le 07 novembre, a un objectif de 7 Mia euro www.greliermichel.eu
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d'économies supplémentaires pour 2012. A raison d'un nouveau plan « tous les trois mois », François HOLLANDE prédit une troisième batterie de mesures « pour février ». Surtout, il reproche au gouvernement de faire peser la majeure partie des efforts d'austérité sur les classes moyennes et populaires. « Les trois quarts des 7 Mia euro qui ont été annoncés seront payés par les ménages ». Il ajoute que c'était aussi le cas de 6,5 Mia euro du plan d'août. Au total, « ça fait 12 Mia euro ‐12 milliards !‐ que les ménages vont devoir payer en plus pour l'année prochaine ». « Douze milliards, ça fait 500 euro par ménage ». François HOLLANDE étrille le bilan de Nicolas SARKOZY, qui dissimule mal son envie de briguer un second mandat ‐ même s'il n'a pas encore officialisé sa candidature. Le quinquennat qui s'achève a creusé la dette de 500 Mia euro. « Sur ces 500 Mia euro de dette supplémentaire, 75 Mia euro proviennent des recettes fiscales en moins », et il évoque la baisse de la TVA dans la restauration, la suppression de la taxe professionnelle et les allégements du « paquet fiscal ». « Et on viendrait nous chicaner pour 2 Mia ou 2,5 Mia euro sur telle ou telle dépense ? Avec ce bilan‐là ! ». Une réponse aux piques de la droite sur sa sous‐estimation du coût de l'une de ses mesures emblématiques : la création de 60.000 postes dans l'Education nationale. (le 09) -
Thomas, il n’est pas fréquent de voir un journaliste et un homme politique s’affronter en place publique. Il fut un temps où cela s’appelait un duel. Je te propose la relation in extenso par Jean QUATREMER de son « duel » avec Arnaud MONTEBOURG. Voyons cela. Décidément, j’ai le don de mettre en boule les politiques (rappelez‐vous mes démêlés avec DSK, Rachida DATI ou Jean‐Luc MELENCHON). Cette fois, c’est Arnaud MONTEBOURG qui a pété sévèrement les plombs à la suite d’un tweet qu’il n’a pas aimé. Je considère que cette affaire est grave : elle montre qu’un représentant du PS a des difficultés à comprendre non seulement ce qu’est la liberté de la presse, mais tout simplement la liberté d'expression. Je subodore que cet incident est loin d’être terminé, Arnaud MONTEBOURG ayant quelques difficultés à reconnaître quand il a tort. Donc, le 01 novembre, je travaille sur l’annonce par Georges PAPANDREOU d’un possible référendum en Grèce. Après quelques coups de fil passés en Grèce, la conclusion est évidente : il s’agit d’une manœuvre politicienne à laquelle Georges PAPANDREOU ne survivra pas (je l’ai tweeté, suscitant au passage l’ire des partisans français du référendum qui ont confondu faits et prise de position). Puis, à quelques minutes d’intervalle, je vois passer deux dépêches. La première annonce que Marine LE PEN félicite Georges PAPANDREOU pour son initiative courageuse, la seconde qu’Arnaud MONTEBOURG félicite Georges PAPANDREOU pour son initiative courageuse. Cela me fait rire et me rappelle les fractures anciennes du référendum de 2005 où l’on a vu la droite souverainiste et extrémiste partager beaucoup des objections de la gauche souverainiste et extrémiste (ou l’inverse, je m’y perds encore). Je tweete donc un très ironique et très provocateur : « le FN et Arnaud MONTEBOURG soutiennent Georges PAPANDREOU. Ça va lui faire chaud au cœur ». Pas de quoi fouetter un chat socialiste, il faut bien l’avouer. Arnaud MONTEBOURG, qui n’est pas un twittermaniaque, loin de là, envoie aussitôt sa réponse par iPhone à…mon patron, Nicolas DEMORAND : « Les attaques sectaires de Jean QUATREMER contre mes positions deviennent lassantes de malveillance. Qu'en pense Libération ? » Vous noterez : pas de réponse, pas de justification, juste une dénonciation à mon boss. C’est Arnaud LEPARMENTIER du Monde qui m’avertit par ce tweet : « MONTEBOURG www.greliermichel.eu
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se plaint à ton surgé. DEMORAND, un blâme pour QUATREMER !!!! ». Je réponds à mon tour, toujours sur le ton de la plaisanterie : « @montebourg veut que Libé me sanctionne. C pas beau de dénoncer un travailleur à son patron :‐D. Un journal n'est pas un parti politique ». Nicolas DEMORAND réagit à son tour, sans que je l’aie sollicité : « @montebourg j'en pense que « Libération » et « libre » sont des mots de la même famille. Et que @quatremer est le meilleur journaliste sur l'UE » (il ajoutera ensuite « et sur le FMI » à la suite d’une remarque ironique de Guy BIRENBAUM…). Entre temps, les montebourgeois déferlent sur mon compte, me prennent à partie et m’insultent allègrement. Ca fait un tantinet peur : « @ndemorand @montebourg il est inquiétant qu'un politique désigne un journaliste à la vindicte de ses partisans ». Puis : « Bravo @montebourg! Le twitt haineux se déverse sur mon compte. Étonnant, les mouvements de foule mm sur le net ». Arnaud MONTEBOURG ne daigne toujours pas m’adresser directement la parole. Arnaud MONTEBOURG : « @ndemorand : votre liberté n'est pas en cause. Je me demandais si les propos de QUATREMER relevaient de la ligne éditoriale de Libération ? » Nicolas DEMORAND : « @montebourg « ligne éditoriale » et « ligne du parti » ne sont pas des mots de la même famille. Et la liberté est bien le sujet. Cc @quatremer ». Je tweete : « @montebourg : on peut débattre, pas en appeler au patron du journaliste pour le faire taire. Ça, ce n'est pas de gauche ». Maitre Eolas se mêle du débat ironiquement : « vous avez demandé la police de la pensée, ne quittez pas ». Manuel VALLS, qui ne twitte pas très souvent : « un principe : ne jamais attaquer un journaliste, c'est inutile ». Nicolas DEMORAND : « Vous avez l'air d'avoir plein d'idées arrêtées sur le journalisme, faudrait nous raconter ça »… Pour l’instant, on en est là. Reste une question : pourquoi Arnaud MONTEBOURG s’est‐il ainsi emporté pour un tweet provocateur, alors qu’il fait lui‐même profession de provocateur, au point de demander ma tête et de laisser apparaître sa conception toute personnelle de la liberté de la presse, conception qu’un dirigeant du PCUS n’aurait pas reniée ? Reprenons le tweet de départ : « Les attaques sectaires de Jean QUATREMER contre mes positions deviennent lassantes de malveillance ». « Les » ? Je ne parle jamais d’Arnaud MONTEBOURG sur mon blog ou dans mes papiers. Il n’est pas dans mon champ d’activité. Alors pourquoi « les » ? En fait, ce qu’Arnaud MONTEBOURG n’a vraiment pas apprécié, c’est une analyse que j’ai faite sur la RTBF, le service public belge, le 16 octobre précédent. Dans le cadre de cette émission, deux journalistes et un dessinateur d’actualité, Pierre KROLL, donnent leur « flop » et leur « top » de la semaine. Dans ce cadre détendu, je fais de la « démondialisation » d’Arnaud MONTEBOURG mon flop de la semaine. Je me moque de ce concept creux, Arnaud MONTEBOURG, qui vient de réaliser un bon score à la primaire socialiste, se gardant bien d’expliquer comment il va convaincre ses partenaires européens d’ériger des barrières protectionnistes aux frontières de l’UE et surtout expliquer aux Chinois ou aux Indiens qu’il ne faut surtout pas qu’ils prennent de mesures de rétorsion… Et je m’inquiète de ces propositions populistes qui consistent à donner raison à toutes les peurs, à tous les fantasmes en faisant de « l’étranger » un bouc émissaire de toutes nos difficultés. Mais aussi, je considère que des ponts idéologiques sont ainsi construits entre une gauche qui renonce à l’internationalisme et www.greliermichel.eu
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l’extrême droite qui est souverainiste par définition. Je n’ai jamais caché que pour moi le souverainisme menait aux mêmes dérives, qu’il soit de gauche ou de droite. C’est Léon BLUM, le premier, qui a durement dénoncé ce socialisme national et ses dangers au début des années 30 : « un socialisme national ne serait plus le socialisme et deviendrait rapidement antisocialiste à moins qu'il ne le fût à l'origine ». Ou encore : « tout ce qui contribue à intensifier le sentiment national, à le passionner, à lui donner un caractère de repliement méfiant et d'animosité, contribue par là même à créer le milieu favorable au développement et au succès du fascisme ». Lors de mon intervention à la RTBF, je cite un sondage publié par Paris Match Belgique dans son édition du 13 octobre qui montre qu’un Belge sur deux ne rejette pas en bloc le nazisme notamment à cause de son nationalisme économique… Et un Belge sur deux n’est certainement pas nazi. Non, juste protectionniste. Il s’agit là d’une analyse qui n’est pas nouvelle et que je développe depuis que le référendum de 2005 a vu la droite dure et la gauche dure communier dans leur rejet de l’Europe, du libéralisme, du libre‐échange avec des mots et des analyses souvent très proche (Dominique REYNIE, qui n’est pas de mon bord politique, a écrit un excellent livre sur le sujet : « Le vertige social nationaliste »). En un mot, certains socialistes considèrent désormais que le social ne peut avoir pour cadre que l'Etat. La « démondialisation » d’Arnaud MONTEBOURG (noniste et eurosceptique affiché) emprunte à cette thématique. Marine LE PEN, elle‐même, l’a dit le 07 octobre : « celui qui se rapproche le plus des positions qui sont les miennes, c'est M. MONTEBOURG. (…) Il évoque déjà le constat négatif et même parfois dramatique de la mondialisation mais il reste européiste. Il veut rester dans l'euro, dans l'UE (...) et en cela, il manque de courage ». Qu’elle se rassure, son « européisme » est plus que tempéré comme l’a montré son approbation du projet mort‐né de référendum grec : « c’est aux Grecs de choisir s'ils veulent garder l'euro au prix de souffrances considérables ou s'ils veulent une autre stratégie pour leur pays ». L’autre stratégie qui causera moins de « souffrances considérables », c’est bien sûr la sortie de l’euro et donc de l’UE (les deux étant liés dans les traités)… Qu’Arnaud MONTEBOURG ne soit pas d’accord avec mes analyses, c’est son droit. Tout comme c’est le mien de m’exprimer, dans mon journal, sur mon blog, sur twitter, à la télévision ou à la radio. Arnaud MONTEBOURG estime que ce n’est pas le cas : la liberté qu’il revendique pour lui‐même au sein du PS (est‐il dans ligne du parti sur la démondialisation ou sur la sortie de l’euro ?), il l’a refuse à un journaliste au sein d’un journal qui, non seulement, n’est pas un parti politique comme l’ensemble des journaux, mais est un organe de presse qui a fait de la liberté son combat depuis sa fondation. Demander que l’on fasse taire un journaliste pour avoir osé déplaire est tout simplement contraire aux valeurs démocratiques qu’il prétend défendre. La ligne de Libération, Arnaud MONTEBOURG, c’est la démocratie et la République. Enfin, dénoncer un journaliste à son patron est indigne de la part d’un homme de gauche : débattre avec un sous‐fifre lui est apparemment insupportable. Ce n’est pas la première fois que j’ai des démêlés violents avec des représentants de la gauche française qui semblent considérer Libération comme leur Pravda personnelle. Même Jacques DELORS, alors qu’il était président de la Commission européenne, n’avait pas hésité à demander mon rappel à Serge JULY, alors patron de Libération, pour crime de lèse‐majesté. Ou encore Pierre MOSCOVICI qui m’a dénoncé à deux reprises. Je ne sais pas, en revanche, ce qu’a dit DSK à Laurent JOFFRIN, après mon blog de juillet 2007 sur ses relations tendues avec les femmes… Je ne mets pas sur le même plan les débats que l’on peut avoir avec les politiques. Ainsi, Hubert VEDRINE n’hésitait pas à appeler pour discuter d’un papier avec lequel il était en www.greliermichel.eu
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désaccord. Jean‐Luc MELENCHON me déteste, ses diatribes à mon égard sont violentes, mais on reste dans le cadre du débat démocratique. Curieusement, j’ai peu de réactions de la droite (même de Rachida DATI, c’est dire !), sans doute parce qu’ils considèrent les critiques de Libération comme normales. Nicolas SARKOZY, qu’Arnaud MONTEBOURG et ses amis accusent d'attenter aux libertés tous les matins, s'agace souvent de mes papiers et de mes questions, mais il ne m'a jamais « blacklisté ». Je suis de la plupart des « off » qu'il organise où l'on peut discuter librement. Finalement, la seule droite avec laquelle j'ai eu de vrais ennuis, est la droite portugaise: José Manuel Durao BARROSO, le président de la Commission, m'a boycotté durant six ans et je ne suis toujours pas sûr que ce soit fini... (le 07) - Pardon de la longueur, mais à la veille d’une campagne électorale qui risque de ressembler à un « combat de rue », avec coups et blessures, ce texte est un avertissement sans frais… aux citoyens‐électeurs. Notez ces deux informations… qui valent ce qu’elles valent, après les propos de Jean QUATREMER. Hervé MORIN : « J'annoncerai – le 27 novembre ‐ ma candidature à l'élection présidentielle au pied du pont de Normandie (...), là où j'ai mes racines ». (le 09) Bernard ACCOYER a décidé de lever la séance des questions au gouvernement à la suite d'un dérapage verbal de François BAROIN. En réponse à une question du député PS Pierre‐Alain MUET consacrée aux conséquences de la politique fiscale du gouvernement sur les nouvelles mesures de rigueur, François BAROIN a choisi de remonter le temps, imputant la situation budgétaire actuelle à la mauvaise gestion de l'équipe Jospin. Il a accusé notamment la gauche d'avoir rédigé « sur un coin de table » les 35 heures et les emplois jeunes. François BAROIN a lancé : « Est‐ce du courage de mentir, de vous accrocher à de vieilles lunes socialistes qui vous ont, certes, conduit par effraction au pouvoir en 1997 ? ». Les députés socialistes, suivis de leurs collègues communistes, écologistes et membres du Parti de gauche se sont levés puis sont descendus vers les bancs du gouvernement devant lesquels s'exprimait François BAROIN. Face à cette cohue et devant la montée soudaine de la tension, Bernard ACCOYER a décidé d'une suspension puis d'une levée de la séance, comme l'y autorise l'article 52 du règlement de l'Assemblée : « le président ouvre la séance, dirige les délibérations, fait observer le règlement et maintient l'ordre ; il peut, à tout moment, suspendre ou lever la séance ». A l'occasion d'un rappel au règlement, Jean‐Marc AYRAULT a demandé à Bernard ACCOYER que « le gouvernement présente ses excuses, non seulement aux députés socialistes mais aussi à la représentation nationale et aux citoyens ». Rappelant que la gauche n'est pas arrivée aux affaires « par effraction » en 1997 « mais par la volonté du peuple français », Jean‐Marc AYRAULT a dit pouvoir « comprendre qu'un ministre soit fatigué, nous pouvons tous l'être, (...) Mais François BAROIN, le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, a commis une faute politique. Il l'a commise contre les citoyens, et je lui ai dit tout à l'heure. Je lui ai demandé de présenter des regrets ou de présenter des excuses ». A son tour, Christian JACOB (UMP) a souhaité minimiser ce qu'il a qualifié d'« incident de séance ». « Qu'est‐ce qu'il a voulu rappeler tout à l'heure, François BAROIN, avec l'élan et la détermination qui est la sienne ? Ce sont les promesses démagogiques impossibles à tenir », énumérant les engagements de campagne du candidat François HOLLANDE. www.greliermichel.eu
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« On est dans la démagogie la plus complète et c'est ça qu'il a voulu vous renvoyer ». En riposte aux excuses sollicitées par le groupe PS, Christian JACOB a réclamé à Jean‐Marc AYRAULT de s'excuser « pour les insultes que vous proférez en permanence contre le président de la République et l'ensemble des élus de droite ». Le dernier mot est revenu à Bernard ACCOYER qui a dit respecter « scrupuleusement » la règle de liberté de parole dans l'hémicycle. Toutefois, en référence aux déclarations de François BAROIN, « on ne peut que regretter certains propos qui sont pour le moins inadaptés » et « ce genre d'incident qui n'honore nullement notre assemblée ni les parlementaires ». Bernard ACCOYER s'est engagé à transmettre la demande des élus de gauche « à François BAROIN et au gouvernement ». (le 08) - Thomas, fais‐tu partie des Français qui ignorent l’existence de l’hôtel Carlton à Lille ? - Bien sûr que non. Je suis un régional de l’étape, lillois moi‐même. DSK demande une nouvelle fois à être entendu « le plus rapidement possible » dans l'affaire du Carlton de Lille. Les avocats de DSK évoquent une situation « malsaine, racoleuse et non dépourvue d'arrière‐pensées politiques ». Ils rappellent que DSK avait demandé « dès le 16 octobre, lorsque son nom est apparu dans l'affaire (...) à être entendu le plus rapidement possible par les juges chargés de l'information judiciaire afin de mettre fin aux insinuations et extrapolations hasardeuses et malveillantes qui se répandaient ». « Depuis un mois il n'a pas été entendu ». « Pendant ce temps, un véritable lynchage médiatique n'a cessé de s'amplifier, alimenté par des informations puisées dans des procès‐
verbaux et des pièces du dossier communiqués en temps réel à la presse et d'évidence soigneusement sélectionnés avec partialité ». Pour les avocats, « ces 'révélations' ne peuvent avoir pour origine que certains de ceux qui ont accès immédiatement et par profession à la procédure ». « Dans le même temps, on se refuse à interroger celui qui est ainsi mis en cause publiquement sans lui donner la possibilité de se défendre en étant exactement informé de ce dont on le soupçonnerait et dont certains l'accusent déjà ». « Une telle situation dont chacun peut percevoir à quel point elle est à la fois malsaine, racoleuse, et non dépourvue d'arrière‐pensées politiques ne saurait perdurer ». « Mis en cause par une campagne publique fondée sur une procédure judiciaire, DSK affirme à nouveau qu'il est prêt à s'expliquer non devant un incertain tribunal de l'opinion mais devant ceux qui conduisent l'enquête judiciaire et demande à nouveau à être entendu le plus rapidement possible ». Dans cette affaire dite du Carlton, une affaire de proxénétisme instruite à Lille, huit personnes : deux patrons d'hôtels, un avocat du barreau de Lille, un commissaire lillois, un cadre du groupe Eiffage et deux gérants de société, ont déjà été mises en examen. L'information judiciaire a été ouverte au printemps pour « proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs, blanchiment, abus de biens sociaux, et escroquerie ». Selon l'accusation, des prostituées lilloises auraient rencontré des clients dans des hôtels de la ville dont le Carlton mais aussi à l'hôtel Murano à Paris ainsi qu'à Washington. Le nom de DSK a été cité dans cette enquête. Le nouvel appel de DSK intervient alors que Le Point et Libération ont publié des extraits de SMS, présentés comme des messages qui auraient été envoyés par DSK à l'un des mis en examen au sujet de supposées soirées galantes. (le 11) www.greliermichel.eu
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Semaine 46 – du lundi 14 au dimanche 20 novembre 2011 Frauder, c’est voler ! Je sais de qui est cette phrase ! Attends un peu, nous avons d’autres choses à voir avant ce « sarkozysme » dans le texte. Une bonne nouvelle… Trois Français travaillant au Yémen pour une organisation humanitaire, enlevés en mai, ont été libérés. L'Elysée remercie « le sultan d'Oman » pour son « aide déterminante ». Des chefs tribaux yéménite et omanais ont joué les médiateurs pour obtenir leur libération. Un hélicoptère les a acheminés depuis Shabwa, fief islamique dans le sud du Yémen, jusqu'à Oman. (le 14) Le Quai d'Orsay rappelle qu'il reste cinq otages français dans le monde : l'agent de sécurité Denis ALLEX, qui formait les forces gouvernementales somaliennes, enlevé le 14 juillet 2009 en Somalie ; et quatre Français travaillant pour Areva et une filiale du groupe Vinci, enlevés dans le nord du Niger le 16 septembre 2010. (le 14) - Et MOX, le pataquès « vert/rose » de la semaine. Tandis que socialistes et écologistes continuent de négocier un accord pour les échéances électorales de 2012, Manuel VALLS affirme qu'il est « hors de question » d'arrêter le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche). Un accord électoral PS‐EELV est encore possible mais il ne peut pas « se faire au détriment des convictions de François HOLLANDE ». « C'est aux Verts de prendre leurs responsabilités ». (le 15) Martine AUBRY annonce que le Parti socialiste (PS) et Europe Ecologie‐Les Verts (EELV) ont conclu un accord en vue des élections de 2012, tout en prenant acte de leurs divergences sur l'EPR de Flamanville et l'aéroport de Notre‐Dame‐des‐Landes, deux chantiers dont les écologistes réclament l'abandon. « Ce n'est pas un accord de plus. C'est un accord de mandature, de gouvernement et un accord de société ». Aux écologistes qui réclamaient l'abandon ou au moins la suspension du chantier de l'EPR, les socialistes ont répondu par une fin de non‐recevoir. Pour les législatives de juin 2012, les socialistes ont décidé de réserver 10% des circonscriptions ‐ soit « une soixantaine » ‐ à leurs alliés écologistes. A l'issue de ce scrutin, EELV aura « au minimum un groupe » à l'Assemblée nationale, c'est‐à‐dire au moins 15 députés, « et au maximum 25, 28, 30 » députés. Actuellement, trois Verts siègent au palais Bourbon. Le Parti socialiste a répondu à une longue revendication des écologistes : la proportionnelle aux législatives. Martine AUBRY promet : « Il y aura une rénovation du mode de scrutin avec une part de proportionnelle ». Après cette réforme, au moins 100 sièges de députés seront attribués à la proportionnelle. Cécile DUFLOT doit soumettre cet accord le 19 novembre au conseil fédéral de son parti. (le 15) EELV et le PS diffusent des moutures différentes de l'accord électoral qu'ils ont conclu : la version « verte » stipule que la filière de fabrication du combustible nucléaire sera reconvertie -
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dans le traitement des déchets ‐ une proposition qui ne figure pas dans le document « rose ». Fleur FLOQUET, porte‐parole : « Areva n'est pas intervenue auprès du Parti socialiste ». Areva a eu des « interrogations » sur l'accord que négociaient le PS et EELV et a joint plusieurs « interlocuteurs » pour poser « des questions par rapport à ce qu'on lisait dans la presse ». Parmi eux, Bernard CAZENEUVE, le député‐maire (PS) de Cherbourg. Fleur FLOQUET assure qu’il a été contacté en tant qu'élu de la région où est implantée la centrale de La Hague, et non en tant que porte‐parole de François HOLLANDE. Une proche collaboratrice de Bernard CAZENEUVE – injoignable ‐ souligne qu’il n'a pas pris part aux négociations entre PS et EELV. Le PS n'explique pas pourquoi le passage sur le MOX est absent de son texte, mais présent dans la version publiée par EELV. Le paragraphe présent uniquement dans la version « verte » est celui où les deux formations promettent d'engager « une reconversion à emploi constant de la filière du retraitement et de fabrication du MOX, et des moyens de stockage des différents types de déchets notamment le laboratoire de Bure, en centres d'excellence du traitement des déchets et du démantèlement ». Manuel VALLS : « La filière MOX doit être sauvegardée ». Il n'a pas élucidé le mystère du paragraphe fantôme. (le 16) La fabrication du combustible nucléaire MOX se poursuivra dans les deux sites de production, La Hague et Marcoule, « au cours de la prochaine législature » mais la filière fera l'objet d'une reconversion progressive. PS et EELV tentent de lever la confusion qui régnait sur ce sujet. Les divergences ont éclaté par journaux télévisés interposés. Sur TF1, François HOLLANDE se déclarait « pour qu'il y ait encore du retraitement du combustible » et ce « pendant le temps nécessaire ». Sur France‐2, Cécile DUFLOT rappelait les termes de l'accord : « nous engagerons à emploi constant la reconversion de la filière du retraitement. Voilà ce que nous avons acté ensemble ». Michel SAPIN et Jean‐Vincent PLACE assurent qu'il ne s'agit que d'« interprétations divergentes ». Ils explicitent « la lettre et l'esprit de l'accord » conclu. Le texte prévoit de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité française de 75% actuellement à 50% d'ici 2025. La quantité du combustible MOX nécessaire à l'alimentation des centrales va donc diminuer progressivement ‐ sans disparaître. Pour accompagner la baisse progressive des besoins en MOX, un plan de reconversion est prévu « permettant de maintenir le nombre d'emplois, par la mise en œuvre de centres d'excellence du traitement des déchets et du démantèlement ». Pour Areva, la filière MOX représente 5.000 emplois directs à La Hague et 1.500 à Marcoule. (le 17) Jean‐Vincent PLACE fustige l'« entourage très, très productiviste, très, très pro‐nucléaire » de François HOLLANDE, « qui commence à devenir extrêmement arrogant ». Il raconte : « J'ai passé un mois avec grand plaisir avec en particulier Michel SAPIN, le négociateur programmatique principal, ami, bras droit de François HOLLANDE », avec lequel « nous avons rédigé dans les derniers jours ce passage très précis qui est dans ce texte ». « J'ai eu au téléphone moi‐même Michel SAPIN à 17 heures » le 15 novembre et la partie du texte en question était « là ». « Je ne comprends pas ». Il prévient : « S'il y a des petits amis à lui (François HOLLANDE) qui mettent du blanco sur des textes vus par Martine AUBRY et Cécile DUFLOT, ce n'est pas un bon début. Ça peut même être le début de la fin ». (le 17) Michel SAPIN et Jean‐Vincent PLACE : « L'accord que nous avons négocié au nom du PS et d’EELV stipule que nous renforcerons les garanties de sûreté du parc nucléaire français et www.greliermichel.eu
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engagerons une reconversion à emploi constant de la filière de retraitement de la fabrication du Mox et des moyens de stockage des différents types de déchets ». Jean‐Vincent PLACE estime que tout est désormais clarifié. Le tir de barrage du gouvernement et de l'UMP se poursuit. Ils critiquent « l'effroyable amateurisme » de François HOLLANDE et une décision « irresponsable » vouant à la disparition « 400.000 emplois directs » dans le secteur nucléaire. Le débat risque de laisser des traces. Eva JOLY, qui n'a pas participé aux négociations sur l'accord, a décidé d'un retrait médiatique provisoire en attendant des clarifications. (le 17) Le laborieux accord avec les socialistes a été adopté par le conseil fédéral d'EELV, réuni à huis clos. Le texte a recueilli 96 voix pour, soit 74%, tandis qu'on a recensé 31 voix contre et trois bulletins blancs. (le 19) Le gouvernement et la majorité tirent à boulets rouges sur l'accord conclu entre le PS et EELV dans le domaine du nucléaire. Eric BESSON : « C'est une régression absolument invraisemblable. Ce n’est pas se tirer une balle dans le pied sur le plan industriel, c'est carrément une amputation ». « La mise en œuvre de cet accord, ça veut dire la fin de la filière nucléaire, ça veut dire une électricité payée extrêmement chère par nos industriels ‐ donc délocalisations inéluctables ‐, des pertes d'emplois par dizaines de milliers, voire centaines de milliers ». « Je ferai un chiffrage très précis ». Nathalie KOSCIUSKO‐MORIZET : « C'est l'illustration d'un échec ». « Dans un premier temps, le PS se désintéresse de l'écologie parce qu'il sous‐traite, et donc vous ne trouvez rien dans le programme du PS sur l'écologie, et dans un deuxième temps, l'écologie est une deuxième fois perdante parce que les Verts échangent des objectifs environnementaux contre des objectifs politiques, là ce sont des centrales contre des circonscriptions, un jour ce sera autre chose ». Valérie PECRESSE : s'il était appliqué, cet accord « causerait un très grave préjudice aux Français ». « Quand je vois que, effectivement, on échange des centrales nucléaires contre des circonscriptions, ça me parait être du troc ». Cet accord « risque de coûter très cher aux Français, en matière de facture énergétique, puisque la suppression de 24 centrales nucléaires coûtera une augmentation de 50% de la facture énergétique des Français ». « Ça coûtera très cher aux Français en termes d'emplois puisque la filière nucléaire emploie 400.000 personnes ». « On va perdre un certain savoir‐faire, on va détricoter une filière d'excellence française et nous perdrons évidemment en compétences sur la sûreté nucléaire ». Jean‐François COPE est « très inquiet de voir que François HOLLANDE a bradé (...) la filière nucléaire française ». Il estime que « cela aura une conséquence directe sur la facture d'électricité des Français et dans des proportions qui peuvent dépasser 30 à 40% ». (le 16) Nicolas SARKOZY critique l'accord conclu entre le PS et EELV sur le nucléaire : « Je ne laisserai pas remettre en cause ce qui est un atout exceptionnel et je ne laisserai pas dilapider l'héritage industriel et énergétique bâti ces cinquante dernières années ». « Les industriels paient leur énergie 40% moins cher que les autres pays européens, grâce à cette filière industrielle du nucléaire, toutes les familles politiques françaises ont porté cet effort national sans précédent qui a permis à la France d'être au premier rang, je ne laisserai pas brader cet avantage en France, ce serait irresponsable ». « C'est une affaire solennelle ». « Abandonner cette énergie, réduire autoritairement sa part dans notre mix énergétique, sans disposer de solution de substitution présentant les mêmes caractéristiques, cela signifie des dommages considérables à l'industrie française. Le prix de l'électricité est l'un des rares avantages concurrentiels par rapport à nos partenaires ». www.greliermichel.eu
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« Dans les six décennies de travail de la France, il y a eu des gouvernements de gauche et des gouvernements de droite, c'est le potentiel des Français, c'est la France, l'industrie nucléaire ». Nicolas SARKOZY fait allusion à la politique de développement du nucléaire civil menée par le PS lorsqu'il était au pouvoir : « Tous les présidents de la République depuis 1958 ont maintenu l'effort de la France » dans le domaine nucléaire civil. Ce sujet a jusqu'à présent fait l'objet d'un « consensus politique exemplaire et si rare dans notre pays ». Nicolas SARKOZY a milité tout au long de son mandat en faveur de l'industrie nucléaire française : « le nucléaire offre à la France une électricité compétitive, non émettrice de CO2, non dépendante des ressources en énergie fossile ». (le 17) - Qu’en pense le candidat ? François HOLLANDE est favorable au maintien de la filière MOX « le temps nécessaire ». Areva admet avoir contacté Bernard CAZENEUVE durant les négociations PS‐EELV. François HOLLANDE réfute le terme de « lobby nucléaire ». « Ce sont des entreprises ! Des entreprises publiques : Areva, EDF. Ce sont des emplois. Il y a des syndicats, il y a des personnels qui se posent des questions. Donc il faut les rassurer. Et c'est normal que je puisse leur dire, selon mes positions, ce qui va se passer ». « J'ai dit que sur le retraitement (...) il y aurait la poursuite de cette activité pendant le temps où il y aura du combustible nucléaire à retraiter ». Le MOX, « c'est le combustible qui sert à alimenter une vingtaine de centrales ». « Bien sûr qu'il va falloir continuer à en fabriquer ! » (le 16) L'imbroglio nucléaire qui a déchiré socialistes et écologistes ébranle la candidature de François HOLLANDE et affaiblit grandement celle d'Eva JOLY, au point que la majorité se prend de nouveau à croire en une victoire en 2012. Au mieux cet épisode ternit l'image de François HOLLANDE, au pire il jette le doute sur sa stratégie jusqu'au soir du premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril 2012. Daniel COHN‐BENDIT résume le second scénario d'un mot, la « ségolénisation », en référence à la campagne ratée de Ségolène ROYAL en 2007. François HOLLANDE a prêté le flanc à toutes les critiques, dans son camp et à droite, en semblant s'abstraire de la cacophonie sur l'avenir de la filière Mox. Retiré in extremis du texte de l'accord à la demande de François HOLLANDE, à l'insu des écologistes, un paragraphe ambigu sur l'avenir du Mox en France a finalement été réintégré avec des précisions après 48 heures de psychodrame et un silence embarrassé de François HOLLANDE, dont la parole et la crédibilité sont désormais mises en doute. La droite, qui fait son miel des premiers faux pas du favori des sondages, trouve là une arme de choix contre lui. Jean‐François COPE : « (François HOLLANDE) ne tient pas la barre de son camp ». Claude GOASGUEN : s'il « n'est pas capable de négocier avec EELV, qu'est‐ce que ce sera avec (Angela) MERKEL ou (Barack) OBAMA ? ». François FILLON estime que l'accord PS‐EELV est « une grande défaite » pour le PS et François HOLLANDE. En négociant avec les écologistes le maintien du programme de réacteur nucléaire de troisième génération (EPR), dont Eva JOLY réclamait l'abandon, contre 60 circonscriptions pour la plupart aisément gagnables, en vue des législatives, François HOLLANDE se serait lié les mains, contrairement à François MITTERRAND qui avait orchestré l'union de la gauche en 1981. (le 18) - Le candidat François HOLLANDE a son équipe de campagne. www.greliermichel.eu
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Le directeur de campagne, Pierre MOSCOVICI, a présenté l'équipe qui entoure désormais le candidat socialiste dans sa course à l'Elysée. Martine AUBRY dirige le conseil politique auquel participe Jean‐Michel BAYLET. Manuel VALLS est chargé de la communication. Najat VALLAUD‐BELKACEM, Delphine BALTHO, Bruno LE ROUX et Bernard CAZENEUVE sont les quatre porte‐parole. Jack LANG, Gérard COLLOMB, Christiane TAUBIRA et Anne HIDALGO sont ses quatre « représentants particuliers » ‐ « des personnalités de confiance, proches de lui », qui pourront répondre aux sollicitations à sa place. Jean‐Marc AYRAULT est « conseiller spécial ». Michel SAPIN est chargé du projet présidentiel. L'équipe de campagne compte une soixantaine de personnes, dont une vingtaine qui vont se consacrer à des thématiques : Vincent PEILLON à l'éducation, François REBSAMEN à la sécurité, Marisol TOURAINE à la santé, André VALLINI à la justice et Aurélie FILIPETTI à la culture. Pierre MOSCOVICI : « Nous sommes en ordre de marche ». « Le rassemblement, la mobilisation des équipes ont été rapides ». La composition a été guidée par cinq principes : compétence, professionnalisme, réactivité, rassemblement et renouvellement. « Il n'y aura pas d'un côté la campagne du candidat et son équipe et de l'autre côté le Parti socialiste ». « Enormément de fonctions seront mutualisées ». Une façon d'exorciser les vieux démons de 2007, lorsque Ségolène ROYAL s'était sentie abandonnée par le PS lors de sa course à l'Elysée contre Nicolas SARKOZY. Martine AUBRY assure qu'elle ne se soucie guère de la proportion de ses proches que comptera l'équipe de campagne de François HOLLANDE. « Moi, ce que je veux, c'est une équipe qui gagne, voilà ! Donc il faut prendre les meilleurs partout ». « Et je veux ensuite que ça marche, c'est‐à‐dire qu'il y ait un lien qui soit fait avec le parti et que tout le monde se sente dedans ». Stéphane LE FOLL est chargé de l'organisation. François LAMY, bras droit de Martine AUBRY, est chargé de faire le lien avec l'équipe de François HOLLANDE. Un conseil des élus, dirigé par Marylise LEBRANCHU, proche de Martine AUBRY, est prévu. François HOLLANDE aura au plus près de lui deux de ses fidèles : Faouzi LAMDAOUI, promu chef de cabinet, et Olivier FAURE, chargé de mission. La « ruche bourdonnante » de l'équipe de campagne s'installera au 103 rue de Grenelle, dans le VIIe arrondissement de Paris, non loin du siège du PS et de l'Assemblée nationale. (le 16) - Equipe de campagne encore, et sa dimension européenne. La crise de la zone euro occupe l’espace médiatique et politique en France. La réforme des perspectives financières et avec elle celles de la politique agricole commune et de la politique régionale de figureront également parmi les sujets‐clés de l’année 2012 au plan européen. En clair, l'UE devrait être présente dans la campagne pour l’élection présidentielle. Le message semble avoir été entendu par François HOLLANDE. Dans l’armée prête à travailler avec lui pour préparer l’échéance à venir, un petit bataillon d’Européens a été sélectionné. A la tête du groupe, Pierre MOSCOVICI ne rechigne pas à s’exprimer sur les politiques européennes. Stéphane LE FOLL, député européen depuis 2004, en connaît un rayon sur la Politique agricole commune (PAC). Il a réussi à faire adopter la position de la délégation des députés socialistes français à Bruxelles sur la PAC par le groupe socialiste et démocrate au Parlement européen. La « Madame Europe » sera Catherine TRAUTMANN ; elle est reconnue pour son action www.greliermichel.eu
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notamment sur les communications électroniques. Elle est actuellement chef de la délégation des eurodéputés socialistes français et fait campagne pour succéder au président du groupe des députés socialistes au Parlement européen, l’Allemand Martin SCHULTZ. Kader ARIF est secrétaire national du PS aux fédérations, il est élu au Parlement européen depuis 7 ans et membre de la commission du Commerce international. Il sera le conseiller thématique en charge de la coopération. Vincent PEILLON est député européen, membre de la commission des Affaires étrangères. Parlementaires à Bruxelles lors de la dernière mandature, Marie‐Hélène AUBERT (EELV) et Marie‐Arlette CARLOTTI (PS) sont en charge de l’environnement et de l’égalité hommes‐
femmes. Alain ROUSSET n’est pas député européen. Président de l’Association des régions de France (ARF), il a été nommé conseiller en charge de la production industrielle, de l’agriculture et de la pêche par François HOLLANDE. Une mission pas anodine pour celui qui devra gérer en 2012 le dossier de l’avenir de la politique régionale européenne, deuxième poste financier de l’UE aujourd’hui lâchée par le gouvernement pour privilégier le maintien du budget de la Politique agricole commune. Fidèle parmi les fidèles, Jean‐Yves LE DRIAN se frotte régulièrement aux politiques européennes. A la tête de la Conférence des régions périphériques et maritimes d'Europe, il sera en charge des questions de défense. Sur les dossiers internationaux, Laurent FABIUS continuera à définir les positions du futur éventuel gouvernement pour éviter l'improvisation dans l'urgence en cas d'élection en 2012, comme cela avait été le cas en 1997. Il ne fait pas partie de l'équipe officielle de campagne. (le 17) - Un candidat et une équipe de campagne, pour quels programmes ? - Commençons avec le programme économique. Karine BERGER, une de ses conseillers économiques, dit que François HOLLANDE envisage un effort de 50 Mia euro de redressement budgétaire supplémentaire sur 2012 et 2013 pour réduire le déficit public à 3%. Deux tiers viendraient de mesures fiscales, dont l'annulation du « paquet fiscal » de 2007, et un tiers d'économies, la répartition définitive pouvant aller jusqu'à moitié‐moitié. L'accent sera mis sur le redressement des comptes de santé, avec un objectif de progression des dépenses d'assurance maladie nettement inférieur au 2,5% par an désormais prévu par le gouvernement, en mettant notamment les consultations médicales à contribution. Une fois le déficit ramené à 3% du PIB fin 2013, le PS mènera une politique de croissance et équilibrera les comptes publics d'ici 2017, consolidant la note « triple A » de la France auprès des agences de notation, ou permettant de la retrouver si elle est dégradée. « Notre sujet, c'est : règlement des questions de finances publiques dès 2013 et croissance économique dans les quatre années qui suivent ». « La France est attendue sur une parole très forte et très claire de rétablissement des finances publiques ». « Avoir deux plans d'austérité de moins de 10 Mia euro à deux mois d'intervalle n'est pas la bonne solution pour faire comprendre ce qu'on veut faire aux marchés financiers ». « On fera tout pour conserver la note 'triple A' et si, par malheur, on devait la perdre, on s'engage à tout faire pour la rétablir ». Avoir la note maximale des trois principales agences de notation permet à la France d'emprunter moins cher pour financer son déficit et refinancer sa dette. L'une d'entre elles, Moody's, évalue actuellement la perspective « stable » associée au « triple A » français. « Mais si la France doit sauver son 'triple A' pour 12 mois, ce n'est pas suffisant. Un 'triple A', ça doit être durable », ce qui suppose que la croissance redémarre. www.greliermichel.eu
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Pour ramener le déficit à 3%, l'évolution des dépenses sera fortement contrainte. Le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas, les 60.000 emplois supplémentaires prévus dans l'Education nationale étant compensés par des départs en retraite ailleurs. Une loi de programmation fixera clairement l'évolution de la fiscalité et des dépenses pour trois ans pour donner un horizon aux partenaires de la France. Michel SAPIN évoquait aussi ce schéma en deux temps mis en œuvre si la gauche l'emporte au printemps : retour à 3% de déficit puis soutien à la croissance. « Lorsque la gauche arrivera au pouvoir, ce ne sera pas pour donner pendant deux ans pour ensuite reprendre pendant trois ans ». « Cela peut être l'inverse : être extrêmement sérieux pendant deux ans pour pouvoir distribuer un peu plus pendant les trois ans qui suivront ». « Ce qui est sûr, c'est que le déficit diminuera et que l'endettement s'inversera ». « Quand François HOLLANDE dit 3% du PIB en 2013 et tendre vers zéro déficit à la fin de son quinquennat, c'est un élément intangible ». (le 18) - Quand le candidat François HOLLANDE part en campagne. François HOLLANDE a été accueilli par les ovations d'un millier de militants du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) brandissant drapeaux et ballons multicolores siglés « Génération changement », écho lointain à la « génération Mitterrand ». « J'ai choisi de mettre la jeunesse au cœur de mon projet présidentiel pas par mode ou par calcul mais parce que la jeunesse est au cœur de la cohésion sociale et nationale ». « Je veux renouer avec le rêve français. Celui qui permet à chaque génération de vivre mieux que la précédente ». Celui qui présente sa candidature sous le signe de la « normalité » a évité toute surenchère devant une salle chauffée par le discours de Thierry MARCHAL‐BECK, porté à la présidence des jeunes socialistes en remplacement de Laurianne DENIAUD qui intègre l’équipe de campagne. François HOLLANDE n'a pas repris l'évocation d'une « allocation d'autonomie » pour chaque étudiant, un point du programme socialiste plébiscité par la salle dont il s'est jusqu'ici démarqué en raison de son coût jugé élevé. François HOLLANDE s'est engagé à ce qu'aucun jeune de 16 à 18 ans, s'il est sorti du système scolaire, ne reste « sans solution » et à garantir aux majeurs un « parcours d'autonomie », autre point du programme socialiste qui agrège différentes mesures comme les aides au logement ou les emplois d'avenir. François HOLLANDE est également revenu sur son « contrat de génération » qui prévoit des exonérations de charge pour les entreprises qui embauchent un jeune tout en conservant un « senior » et sur les 60.000 emplois qu'il veut rétablir en cinq ans dans l'éducation. Son annonce d'une « grande loi sur l'égalité » entre hommes et femmes portant sur les salaires ou les couples homo‐ ou hétérosexuels, s'agissant du mariage, a connu un grand succès à l'applaudimètre. « Je veux retrouver avec vous la confiance et l'audace ». (le 19) - Autre candidate : Eva Joly. Le réacteur nucléaire de troisième génération qu'EDF est en train de bâtir à Flamanville est devenu « le point d'achoppement principal des négociations » entre le PS et EELV. Yannick JADOT : « On négocie sur la possibilité d'un audit. Nous disons : faisons un audit indépendant et gelons les travaux de l'EPR pendant cette période ». Eva JOLY déplore : « Même cette proposition‐là n'est pas acceptée ». Elle s’étonne de la position de François HOLLANDE : « Les socialistes étaient contre ce chantier lorsqu'il a démarré (...) en 2004 ». « C'est vraiment un recul de leur position ». Eva JOLY ne se satisfait pas de l'engagement de François HOLLANDE de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité en France, tout en préservant l'EPR. « On peut négocier sur les www.greliermichel.eu
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modalités de sortie: est‐ce que ça va être en 18 ans, 20 ans, 30 ans ? Ça, on peut le négocier. Mais par contre, on ne peut pas dire que nous voulons sortir du nucléaire et relancer l'EPR. C'est contradictoire ». Affirmer que l'EPR permettra de fermer les centrales vieillissantes, « c'est la fausse bonne idée ». « Faire croire aux Français que l'EPR de Flamanville est meilleur techniquement est un mensonge. C'est une catastrophe industrielle ». « Nous devons changer de modèle énergétique et nous ne pouvons donc pas nous lancer dans un projet qui va nous coller à l'énergie nucléaire pour 60 ans ». « C'est le même modèle que ceux qu'on construit depuis les années 1970. Sa sécurité n'est pas plus grande ». « Simplement, il y a une concentration plus grande de matières radioactives ». « Ce n'est pas parce qu'il y a un cendrier (...) en plus que ce modèle est plus sûr ». Pour Eva JOLY, ce réacteur est aussi un gouffre financier. « Arrêter l'EPR de Flamanville, c'est 3 Mia euro d'économies que nous pourrions injecter immédiatement dans les énergies renouvelables ». « Nous devrions pouvoir trouver là‐dessus un terrain d'entente ». (le 15) Eva JOLY : « La France est importatrice nette d’électricité d’Allemagne en 2010 ». Selon un rapport de RTE sur « le bilan électrique français 2010 », les propos d’Eva JOLY s’avèrent exacts. Si la France a exporté 9,4 tWh en Allemagne, elle en a importé 16,1, soit un solde négatif de ‐
6,7 tWh. La France est donc importatrice nette d’électricité d’Allemagne en 2010. Cela est vrai aussi avec l’Espagne (‐1,6 tWh) et la Belgique (‐0,9 tWh). La France est exportatrice nette avec l’Italie (+16,2 tWh), la Suisse (+19,5 tWh) et la Grande‐
Bretagne (3,0 tWh). Le solde total des échanges fait de la France un pays exportateur net d’électricité. Elle a exporté 66,6 tWh et importé 37,1 tWh soit un solde de +29,5 tWh. (le 16) Eva JOLY « ira jusqu'au bout ». Noël MAMERE souligne qu’Eva JOLY allait « pouvoir reprendre la campagne » dès le 21 novembre. Cette mise au point suit des propos lâchés par Noël MAMERE lui‐même : « Eva JOLY s'interroge, elle est dans une position extrêmement difficile à assumer aujourd'hui ». Il affirme n'avoir pas évoqué « les doutes sur sa candidature » à la présidentielle, il explique avoir « évoqué le trouble qui a traversé (Eva JOLY) comme nous tous qu'un grand parti politique, le premier parti de la gauche français, puisse répondre aux oukases (...du) lobby nucléaire ». « Donc, nous avons douté pendant ces heures troubles » concernant l'éventualité que « François HOLLANDE et le PS auraient préféré écouter les propos de (Luc) OURSEL et de (Henri) PROGLIO plutôt que leurs partenaires écologistes ». « Maintenant, nous sommes revenus à la raison et je pense qu'Eva JOLY, comme nous tous, se sent soulagée et elle va pouvoir reprendre la campagne avec nous tous autour ». (le 17) Cécile DUFLOT : Eva JOLY préfère se tenir à l'écart du « feuilleton » de l'accord PS‐EELV mais elle est « plus que jamais » candidate à l'Elysée et reprendra sa campagne de terrain « dès le début de la semaine prochaine ». Cécile DUFLOT justifie l’absence d’Eva JOLY lorsque l'accord conclu avec les socialistes sera soumis pour approbation au conseil fédéral d'EELV : « Elle n'est pas membre du conseil fédéral ». (le 18) L'imbroglio nucléaire qui a déchiré socialistes et écologistes ébranle la candidature de François HOLLANDE et affaiblit grandement celle d'Eva JOLY, au point que la majorité se prend de nouveau à croire en une victoire en 2012. La grande perdante du cafouillage est Eva JOLY, désormais liée par un contrat qu'elle n'a pas négocié et que ses convictions réprouvent. (le 18) www.greliermichel.eu
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Que pensent Les Verts du MOX ? Cécile DUFLOT rappelle le PS à sa « parole donnée » d'engager la reconversion de la filière MOX. Cécile DUFLOT a conclu, elle‐même, l'accord avec Martine AUBRY. Cécile DUFLOT, sur la possibilité d'un double langage socialiste sur le MOX : « je ne peux pas l'imaginer ». Elle a « reçu les assurances tant de Martine AUBRY que de l'entourage de François HOLLANDE que cet accord n'avait pas bougé ». « Ce qui est écrit dans cet accord entre nous, c'est : nous engagerons à emploi constant la reconversion de la filière du retraitement. Voilà ce que nous avons acté ensemble ». « Je crois à la parole donnée ». (le 16) - Je ne sais pas comment cela va se finir entre PS et Verts, mais le PS s’installe au Sénat où il fait groupe commun avec EELV. Depuis qu'elle a obtenu la majorité à la Haute Assemblée, le 25 septembre, la gauche se bat sur tous les fronts, que ce soit pour détricoter les textes votés par la droite à l'Assemblée ou pour mettre à l'ordre du jour des thèmes qui lui sont chers ‐ comme un avant‐goût de la campagne présidentielle. Le combat est surtout symbolique puisque la Constitution attribue le dernier mot aux députés, en cas de désaccord entre les deux assemblées. François REBSAMEN a lancé l'assaut lors de son élection à la présidence du groupe PS‐EELV, le 04 octobre : « Notre action doit être claire et reposer sur trois axes : s'opposer, proposer et renforcer ». Il a appelé les sénateurs de gauche à « rendre publique (leur) exaspération », « réformer et amender les textes », utiliser leur « pouvoir d'initiative » pour ouvrir des débats, et « mieux faire connaître » leur action. Le mot d'ordre est respecté. L'Assemblée nationale va examiner en deuxième lecture la proposition de loi du député UMP Eric CIOTTI, destinée à instaurer un « service citoyen pour les mineurs délinquants ». Le texte, soutenu par Nicolas SARKOZY, a été voté le 12 octobre par l'Assemblée, mais il a été rejeté le 25 octobre par le Sénat. La commission paritaire mixte (CMP), réunissant des membres des deux assemblées, n'a pas pu se mettre d'accord, d'où le retour de la proposition de loi devant les députés. Du côté du Sénat, la gauche dispose de séances d'initiative parlementaire, qui lui permettent de choisir son agenda. La Haute Assemblée va examiner un texte du PS sur le changement du statut pénal du chef de l'Etat, destiné à prévoir une procédure de destitution du président « en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat ». Sur ce point, François HOLLANDE s'est dit favorable à une révision de la Constitution. André VALLINI a obtenu le 08 novembre que le groupe PS‐EELV du Sénat lance une commission d'enquête sur les sondages de Matignon et de l'Elysée. Celle‐ci devrait voir le jour prochainement. Les sénateurs de gauche vont s'attaquer à l'une des grandes réformes du quinquennat de Nicolas SARKOZY, par le biais d'une proposition de loi supprimant le conseiller territorial, élu destiné à fusionner en 2014 conseiller général et régional. Le groupe des sénateurs communistes et du Parti de gauche a déposé un texte visant à garantir « le droit au repos dominical ». Le Sénat entame l'examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2012, qui devrait être voté par l'Assemblée nationale. Un nouveau front pour la gauche qui a déjà commencé à batailler en commission des Finances, où la taxe sur les boissons à sucres ajoutés ou contenant des édulcorants, souhaitée par le gouvernement dans le cadre du premier plan de rigueur, a été supprimée. Le combat sur le budget 2012 s'annonce rude, comme celui sur le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), que la gauche sénatoriale s'est appliquée à www.greliermichel.eu
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démonter. Le Sénat a notamment abrogé le dispositif d'exonération des heures supplémentaires, institué en 2007 par Nicolas SARKOZY. Une suppression d'ailleurs prévue dans le projet socialiste pour la présidentielle et reprise par François HOLLANDE. Le Sénat a aussi a annulé la taxe sur les contrats des mutuelles ‐ autre mesure annoncée par François FILLON dans le cadre du premier plan de rigueur, le 24 août ‐. Les sénateurs de gauche fourbissent leurs armes pour un autre débat hautement symbolique : le 08 décembre, ils ont inscrit à l'agenda une proposition de loi constitutionnelle accordant le droit de vote aux étrangers lors des élections locales. Celle‐ci est loin d'être neuve : elle a été votée par l'Assemblée nationale ‐ alors majoritairement à gauche ‐ en 2000 sous le gouvernement de Lionel JOSPIN. Là encore, il s'agit d'une réforme que François HOLLANDE a mise à son agenda, en cas d'élection. La démarche n'a aucune chance d'aboutir d'ici la fin du quinquennat, puisqu'il faudrait que le Parlement, réuni en Congrès par Nicolas SARKOZY, vote la réforme pour qu'elle soit adoptée. (le 14) - Nicolas SARKOZY lance une contre‐attaque à droite, comme on dit sur les terrains de sport. Nicolas SARKOZY prône « une action résolue contre les fraudes sociales ». Il condamne : « Frauder la sécurité sociale, c'est voler ». « En 2010, ce sont 3,5 Mia euro de fraude fiscale, sociale et douanière qui ont été détectés, dont 500 Mio euro au titre des organismes de Sécurité sociale ». « Cette politique de lutte contre la fraude n'est pas la réponse structurelle à nos problèmes de déficit, c'est une exigence absolue de responsabilité et de bonne gestion de l'argent public ». « Nous devons être sans indulgence contre les fraudeurs et contre les tricheurs ». « Il s'agit de préserver un acquis social ». « Si la fraude prospère, nous ne pourrons pas garder notre modèle social ». (le 15) - AAA ! - Aaaah ! - Non, il n’y a pas de quoi rire. La France apparaît comme le maillon faible des pays de la zone euro qui bénéficient du « triple A ». Un club qui comprend aussi l'Allemagne, les Pays‐Bas, l'Autriche, le Luxembourg et la Finlande. Moody's a tiré l'alarme la première en annonçant le 18 octobre qu'elle se donnait trois mois pour évaluer la perspective stable associée à la note française. Standard & Poor's a diffusé le 10 novembre une note à certains clients donnant à penser qu'elle abaissait cette note. Une erreur qui s'apparente à un quasi lapsus tant certains économistes et opérateurs de marché jugent sévèrement la situation du pays, dont ils estiment les fondamentaux budgétaires plus fragiles que ceux de l'Italie. Jacques ATTALI : « Ne nous faisons pas d'illusions : sur les marchés, la dette française n'est déjà plus AAA. Quand on regarde l'évolution du spread France‐Allemagne, la dette française correspond à une note BBB+ ». L'écart de rendement entre les taux à 10 ans de la France et de l'Allemagne (le "spread") a dépassé les 195 points de base le 16 novembre, un niveau record depuis la création de l'euro. Il s'établissait autour des 40 points de base début juillet. « (Mais) les marchés jouent en partie le fait que le AAA de la France va disparaître, cela nécessite donc une prime plus importante ». Une dégradation de la note française aurait pour conséquence immédiate de renchérir le coût de la dette dans un pays en déficit depuis 1974 et dont la dette approche les 1.700 Mia euro. A environ 3,7%, le rendement des emprunts français à 10 ans reste inférieur à son niveau d'avril www.greliermichel.eu
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mais il a bondi de près de 50% depuis son plus bas de l'année en septembre. Seul élément rassurant, le refinancement de la dette française en 2012 ne devrait pas alourdir sa charge, les titres arrivant à échéance ayant des coupons plus élevés que ceux qui se pratiquent actuellement. Pour tenir ses objectifs de réduction des déficits et protéger le « AAA », François FILLON a dévoilé le 07 novembre un nouveau plan qui vise à économiser 65 Mia euro d'ici à 2016, dont 18,6 Mia euro pour la période 2012‐2013. En ligne de mire, l'objectif d'un déficit public ramené à 3% du PIB en 2013 contre 5,7% fin 2011. Ce train de mesures est néanmoins calé sur la base d'une croissance estimée à 1% pour 2012 contre 1,75% précédemment, une prévision jugée trop ambitieuse. Le gouvernement pourrait donc être contraint de serrer davantage la ceinture des finances publiques. Des marges de manœuvre ont été identifiées, telle la suppression des niches fiscales décriées par la gauche, qui pourrait regarnir les caisses de l'Etat de plusieurs dizaines de Mia euro. Mais l'approche de l'élection présidentielle risque de paralyser ces initiatives, peu populaires aux yeux des populations qui bénéficient de ces niches. Certains professionnels redoutent en outre que l'exigence de nouvelles mesures d'austérité ne bride la croissance, ce qui imposerait encore d'autres économies, une nouvelle fois au détriment de l'activité, un cercle vicieux aux conséquences potentiellement catastrophiques. En l'absence d'amélioration significative de la conjoncture et dans le cas où la campagne électorale ferait naître des doutes sur la capacité de Paris à tenir ses engagements, les agences de notation pourraient sanctionner la France juste après le 06 mai 2012, date du second tour de la présidentielle. Le gouvernement formé sous l'autorité du prochain président de la République se retrouverait donc face à l'exigence de bâtir un budget d'une rigueur sans précédent, à l'image de celui présenté au Royaume‐Uni au lendemain des dernières élections législatives, au risque d'annihiler durablement la croissance. La remise en cause d'acquis comme les 35 heures ou de pans de l'Etat‐providence pour renforcer une compétitivité perdue pourrait bloquer le pays et faire redescendre les Français dans la rue, comme en 1995. (le 17) - Revoilà nos « fantômes » ? - Oui, les deux fameux eurodéputés auxquels la France a droit, mais qu’elle ne savait pas choisir. Communistes, Verts, socialistes, et centristes tapent à bras raccourci, depuis deux ans, sur le choix du gouvernement de désigner au sein de l’Assemblée nationale les deux députés européens supplémentaires. Ils s’étaient tous jurés leurs grands dieux qu’ils ne participeraient pas à ce « scandale à l’état pur», cette « pantalonnade ». Selon eux, le gouvernement aurait du sélectionner les personnalités les mieux placées sur les listes du scrutin de 2009 ou organiser des élections partielles. Comme cela a été le cas partout en Europe. Mais le gouvernement français a obtenu une dérogation à Bruxelles et eu raison de la fronde nationale. To be or not to be… Les Verts, qui auraient du avoir deux élus supplémentaires si l’on s’était fixé sur les résultats des élections européennes, ont finalement fait contre mauvaise fortune bon cœur…et décidé d’envoyer l’un des leurs, Yves COCHET, siéger à Bruxelles. « Nous avons toujours été contre la procédure, mais à la fin elle est là… ». Sandrine BELIER : « Nous nous sommes battus, nous avons déposé des amendements au Parlement européen, nous sommes intervenus en plénière et nous avons perdu. Sur le principe je reste choquée et opposée à la manœuvre, mais nous prenons acte ». Seuls, les écologistes à l’Assemblée nationale ne pouvaient rien faire. Le groupe technique auquel ils appartiennent avec les communistes a décidé de maintenir son opposition à la www.greliermichel.eu
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méthode. Mais soucieux de ne pas se fâcher avec leur partenaire, en pleine négociation dans la perspective de l'élection présidentielle, les socialistes ont soutenu la candidature d’Yves COCHET. Reste que cette volte‐face parisienne met les eurodéputés écologistes très mal à l’aise. D'autant plus qu'ils n'ont pas été consultés. Mis au pied du mur, ils ont appris la décision d’Yves COCHET une fois la question réglée avec le PS. Sandrine BELIER : « Les groupes parlementaires au Palais Bourbon n’ont pas eu la décence de se concerter avec les délégations françaises au Parlement européen ». Yves COCHET aurait négocié son siège directement avec Jean‐Marc AYRAULT. Député de la 11e circonscription de Paris, Yves COCHET arrive à la fin de son troisième mandat. Selon une règle informelle, les Verts sont opposés au cumul dans le temps, et certains élus voyaient d’un mauvais œil l’idée qu’il se présente pour une quatrième fois en mai 2012. Yves COCHET aurait donc décidé de se trouver un point de chute…à Bruxelles. Un point de vue que dément formellement le principal intéressé. Yves COCHET assure que toutes les instances des Verts, à Paris comme à Bruxelles, ont été intégrées à la discussion. Il estime que la règle du non cumul des mandats dans le temps a été secondaire dans sa décision. « J'abandonne un siège où j'aurais pu être réélu ». Aucun des autres parlementaires Verts à l'Assemblée ne voulaient aller à Bruxelles, « j'ai donc fait un petit effort ». Mais ce n'est que pour deux ans et demi. Les prochaines élections européennes ont lieu en 2014, et, d'ici là, « de l'eau aura coulé sous le pont de Mirabeau ». Plusieurs parlementaires européens refusent de s’exprimer sur Yves COCHET et mettent en avant son expérience européenne. Elu en 1989, il a siégé à Strasbourg pour quitter son mandat au bout de deux ans, à la fin de l'année 1991. Les élus verts à Bruxelles semblent malgré tout satisfaits de voir leur délégation passer de 14 à 15 députés, c’est‐à‐dire désormais un de plus que leurs homologues socialistes français à Bruxelles. Le nom de l'alter ego d'Yves COCHET à droite n’est toujours pas connu. Pascale GRUNY, qui a remplacé Xavier BERTRAND à l'Assemblée nationale, lors de son entrée au gouvernement aurait envie de revenir. Pascal CLEMENT serait également intéressé. Jean ROATTA et Valérie BOYER pourraient également être sur la liste. Le vote doit officiellement avoir lieu le 06 décembre. (le 14) - En voilà donc un sur deux. Quand saura‐t‐on qui est le second ? - Plus tard, plus tard. Alain JUPPE s’agite à propos de la situation en Syrie. Alain JUPPE : « De nouvelles violences ont eu lieu en Syrie, ce qui m'a amené à fermer nos agences consulaires d'Alep et de Lattaquié, nos instituts culturels et à rappeler notre ambassadeur (Eric CHEVALLIER) ». Aucune précision supplémentaire n'a été fournie. Le Quai d'Orsay juge que l'annonce faite par Damas de la libération d'un millier de prisonniers « ne correspond en rien aux attentes de la communauté internationale ». « Les menaces que fait peser le régime syrien sur la sécurité régionale font aujourd'hui l'objet d'un large consensus, de même que la nécessité d'une transition démocratique et d'un départ de Bachar al‐ASSAD ». (le 16) Alain JUPPE appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à agir contre le régime d’el‐ASSAD : « le moment est venu d'accentuer les sanctions contre le régime syrien, qui n'a rien voulu savoir ». « Il serait bon que le Conseil de Sécurité se prononce, il n'est pas normal que, sur une crise comme celle‐là, le Conseil de Sécurité ne se prononce pas ». « J'espère que ceux qui bloquent » une résolution contre la Syrie « vont enfin prendre conscience de la réalité ». Il précise que Paris souhaite travailler avec la Ligue arabe et la Turquie, ainsi que l'opposition syrienne. (le www.greliermichel.eu
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Nos pensées vers Coluche avec ce déblocage allemand, provisoire. L'Allemagne annonce qu'elle maintiendra sa contribution au programme européen d'aide alimentaire (PEAD) d'un montant de 500 Mio euro, mais uniquement pour les deux prochaines années. Ce programme permet de nourrir 18 millions de ses citoyens les plus pauvres. (le 14) L'UE met fin à l'impasse du PEAD qui est reconduit jusqu'en 2013. Dans le cas contraire, il aurait pris fin au 01 janvier 2012. Bruno LE MAIRE qualifie cette décision de « grande victoire pour la solidarité en Europe et pour ceux qui travaillent à cette solidarité ». (le 14) - Autres cieux, autre candidate, autre programme : Marine LE PEN. « L'intérêt des Français avant tout, par‐dessus tout » : devant un millier de militants FN réunis à Paris, Marine LE PEN a présenté les grandes lignes de son « projet présidentiel », un ensemble de promesses organisées autour d'une dizaine de thèmes, parmi lesquels le rétablissement d'un Etat fort, une réforme des institutions, le refus de la mondialisation, la préservation de l'identité nationale et de la famille et, comme de tradition, la lutte contre l'immigration. Attendue sur l'économie en ces temps de crise des dettes souveraines, Marine LE PEN n'a guère développé ce thème, renvoyant à janvier 2012 la présentation de son « plan de désendettement du pays ». Elle a cependant à nouveau prôné une sortie de l'euro, « dogme suprême qui asphyxie nos économies », tout en appelant à une réindustrialisation de la France et à l'instauration de barrières douanières aux frontières nationales. Si Marine LE PEN fait du triptyque « croissance, emploi et pouvoir d'achat » son « objectif impérieux », elle n'a pas précisé comment elle entendait parvenir au « redressement économique » qu'elle appelle de ses vœux, si ce n'est en promettant une aide accrue aux PME et PMI, qui seraient notamment prioritaires pour l'attribution de marchés. Marine LE PEN n'a pas non plus chiffré son « plan de vigueur » qu'elle « entend résolument opposer à leur plan de rigueur ». « Rien de cela ne sera possible sans l'autorité d'un Etat fort ». « J'ai dit fort, pas gros », « sans un Etat fort, il n'y pas de solidarité forte, pas de justice forte (...) et pas de sécurité ». Sur le plan de la démocratie, Marine LE PEN a promis une « réforme institutionnelle » prévoyant le passage au septennat non‐renouvelable, l'interdiction de revoir la Constitution sans une « consultation du peuple dans son ensemble », la reconnaissance du référendum d'initiative populaire et l'imposition du scrutin proportionnel « à toutes les élections ». Favorable à un meilleur encadrement des victimes dans le système judiciaire, elle entend aussi retirer une partie de leurs prérogatives aux juges d'application des peines en confiant à un jury de cour d'assises « le soin d'accorder ou pas la liberté conditionnelle à un criminel avec peine de sûreté ». Autre « réforme de bons sens » voulue par Marine LE PEN : soumettre toute nomination de responsable à une « enquête minutieuse », avec examen du passé des candidats par une « haute instance » dont les membres seraient nommés par l'Assemblée nationale et le Sénat. Revenant aux « fondamentaux » du FN, Marine LE PEN a souhaité donner une place centrale à la famille dans son projet. Elle a ainsi annoncé une « politique familiale d'envergure et ambitieuse », avec notamment « la création d'un revenu parental et d'un statut juridique qui y sera associé ». www.greliermichel.eu
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Pour l'école, Marine LE PEN entend que l'accent soit mis « sur l'apprentissage du français et du calcul » dès le plus jeune âge. « Quant à l'histoire de France, chronologique évidemment, elle retrouvera sa place dans l'apprentissage car un enfant doit savoir d'où il vient ». Elle a réaffirmé sa « détermination sans faille à préserver notre identité nationale », « repère inestimable dans un monde en perpétuel mouvement ». Pour cela, elle plaide pour que cesse l'immigration, « armée de réserve du capital », et que la priorité soit donnée aux Français « pour l'emploi, le logement et l'attribution des aides sociales ». « La France ne peut plus accueillir des populations qu'elle n'a plus les moyens d'assimiler ». Marine LE PEN se prononce contre toute forme de communautarisme. Enfin, abordant un inhabituel volet de politique étrangère, elle a appelé à « l'avènement d'une Europe des nations », à une « sortie du commandement intégré de l'OTAN » et la création d'une organisation paneuropéenne incluant la Russie et la Suisse, mais pas la Turquie. « La France n'aura d'avenir qu'en s'extirpant de la logique euro‐atlantique ». Elle plaide pour une France « puissance d'équilibre et de médiation ». En présence de Jean‐François JALKH, Bruno GOLLNISCH et Gilbert COLLARD, mais en l'absence remarquée de Jean‐Marie LE PEN, « en congé », Marine LE PEN a appelé à une « révolution bleu marine, blanc, rouge » pour « faire renaître l'esprit de la France, du latin ‘spiritus’, le souffle de la France ». Marine LE PEN a souligné que « contrairement à ceux qui présentent leur projet un mois avant l'élection », elle avait choisi de le présenter « le plus tôt possible aux Français afin qu'ils aient le temps de le lire ». Marine LE PEN a présidé un conseil national à huis clos. L'occasion pour elle d'appeler élus et cadres locaux du FN à une mobilisation accrue pour rassembler les 500 parrainages nécessaires à sa candidature. Devant la presse, elle n'a pas souhaité faire de décompte précis. (le 19) Marine LE PEN propose un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, s'y déclarant favorable pour « ceux qui tuent nos enfants » après le viol et le meurtre d'une adolescente en Haute‐Loire. « Il faut rompre avec des décennies de laxisme à l'égard de la délinquance ». Elle réclame de « réduire le délai de traitement, notamment des crimes commis par les mineurs ». « Je pense que ceux qui tuent nos enfants doivent risquer leur peau ». (le 20) - Et encore un candidat… Hervé MORIN propose d'augmenter la durée de travail. « La réduction de la dépense et la hausse des impôts ont une limite ». Il propose une « troisième voie, celle de l'effort, de l'effort partagé, de la lucidité ». « Cet effort, il a un nom : la semaine de 37 heures ». (le 20) - Vous vous souvenez de Rachida ? Rachida DATI est en guerre ouverte contre François FILLON, qui convoite également cette circonscription du VIIe arrondissement de Paris, dont Rachida DATI est maire. Elle sera candidate dans cette circonscription « quoi qu'il arrive ». Elle accuse François FILLON d'avoir choisi cette circonscription « pour des raisons de confort personnel ». « Je pense que, si j'avais été un homme, ancien Garde des Sceaux et maire du VIIe arrondissement, jamais je n'aurais été traitée de cette manière ». Rachida DATI accuse François FILLON d'exercer des pressions pour faire obstacle à sa candidature. « J'ai dénoncé des méthodes assez scandaleuses, assez inacceptables, disproportionnées qui ont été mises en œuvre contre moi ». « François FILLON et ses amis continuent à recevoir des élus, même certains de mes amis, pour ou me déstabiliser, www.greliermichel.eu
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ou pour leur demander de renoncer à leur soutien en ma faveur ». « Si François FILLON avait du courage, il m'aurait appelée ». (le 20) - Un nouvel épisode judiciaire dans la saga DSK ? Les avocats de DSK notent que « les nécessités judiciaires non plus que celles de l'information n'autorisent personne à ne pas respecter le secret de l'instruction, la présomption d'innocence et les divers aspects de la vie privée, en fantasmant en particulier sur les prétendues intentions ou les états d'âme allégués d'Anne SINCLAIR ou de DSK sous couvert d'hypothétiques déclarations de tiers courageusement dissimulés derrière un anonymat revendiqué ». DSK a été la cible de quotidiens et d'hebdomadaires qui ont publié des extraits de SMS, présentés comme envoyés par DSK à un homme mis en examen dans l'affaire de proxénétisme présumé à Lille et concernant de supposées soirées galantes. Le Journal du dimanche a parlé d'un homme abattu qui réaliserait que son appétit sexuel présumé était une « maladie » qu'il devait soigner. Les avocats indiquent que DSK et Anne SINCLAIR leur « ont donné les instructions les plus fermes de saisir la justice de ces débordements et les faire cesser ou condamner. D'ores et déjà, nous examinons les suites à donner à certains articles relevant du voyeurisme le plus détestable et n'apportant aucune information légitime au public tout en caractérisant des dérapages inquiétants quant au respect des principes élémentaires des droits de la personne ». (le 14) - Et pour finir, on referme un dossier. Le parquet de Paris classe sans suite l'enquête préliminaire ouverte en septembre à la suite des allégations de l'avocat Robert BOURGI sur de prétendues mallettes africaines d’argent liquide. (le 16) www.greliermichel.eu
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Semaine 47 – du lundi 21 au dimanche 27 novembre 2011 Ce n’est pas la fusion entre Eva et François ! C’est même une fission de leurs atomes. - Eva d’abord… Eva JOLY est revenue dans la campagne. Des doutes étaient apparus sur son maintien dans la course. Elle s'était mise en retrait pendant que la polémique se déroulait entre EELV et le PS sur l'accord, finalement conclu après un cafouillage, mais qu'elle n'approuve pas. « (Je suis) plus décidée que jamais à porter le mandat que j'ai reçu lors des primaires de mon parti. Je veux réussir le rendez‐vous entre la France et l'écologie ». Sur le texte commun signé par le PS et EELV : « La vérité, c'est que les amis de François HOLLANDE se sont révélés archaïques face à la modernité de notre projet. Face à ces blocages, mon travail plus que jamais sera de convaincre les Français ». « J'ai été outrée, scandalisée, de l'intervention d'Areva dans les discussions avec le PS. Faire connaître un point de vue est une chose. S'immiscer dans la vie démocratique pour réécrire un paragraphe d'un accord entre partis en est une autre ». « Il pèse désormais sur les socialistes le soupçon d'être du bois dont on fait les marionnettes, et on ne me fera pas croire que c'est bon pour la politique ». Elle entend ainsi mener campagne contre eux sur ses propres thèmes. « Je vais parler de sortie du nucléaire et je crois que nous gagnerons cette bataille dans les urnes » ; « Je ne me tairai pas, car je ne suis pas une femme sous influence ». (le 22) Eva JOLY a refusé de répondre à la question de savoir si elle appellerait à voter pour François HOLLANDE au second tour. Jean‐Marc AYRAULT a reproché à Eva JOLY de critiquer le PS et François HOLLANDE, au lieu de porter ses attaques contre Nicolas SARKOZY et son gouvernement. Il a demandé un éclaircissement à Cécile DUFLOT : « Est‐ce qu’Eva JOLY est devenue une candidate indépendante, qui vit sa vie toute seule, ou est‐ce qu'elle est la candidate des Verts ? » Yannick JADOT a annoncé qu'il démissionnait de sa fonction de porte‐parole d'Eva JOLY. Il a expliqué qu'il était « en désaccord avec sa nouvelle ligne politique ». Daniel COHN‐BENDIT : « Eva JOLY fait les mauvais choix politiques ». Face à toutes ces réactions, Eva JOLY a tenté de clarifier sa position : « Evidemment au second tour, la gauche et les écolos devront se rassembler ». (le 23) Eva JOLY : « Je suis une femme libre ». Sa mise au point maladroite, puis son recadrage amical ‐ qu'elle conteste ‐ par la direction d'EELV, ont mis fin au psychodrame avec le PS mais à EELV, on redoute un nouveau coup d'éclat de cette novice en politique qui se joue des codes. « Toute ma vie j'ai eu le sens du jeu collectif, mais ça passe par un langage de vérité ». « Je n'ai pas eu la tentation de laisser tomber. C'est haro sur Eva JOLY et j'en tire une certaine fierté ». Sergio CORONADO, son directeur de campagne, ne cache pas son embarras face à cet électron libre intrépide, qui rappelle à ses détracteurs qu'en tant que juge d'instruction de l'affaire Elf, elle avait été sous la menace de « contrats ». Alain LIPIETZ a mis en garde Eva JOLY « en grand danger ». Il lui conseille de « mouiller davantage autour d'elle son équipe et son parti ». « Je pense qu'elle est plus résiliente que moi, parce que c'est une femme, elle est norvégienne, elle a gagné la primaire bien plus www.greliermichel.eu
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largement que moi, et parce que le débat n'est pas d'être remplacé par (Noël) MAMERE, ni par (Cécile) DUFLOT, mais entre elle et rien ». Noël MAMERE, qui avait recueilli 5,25% des suffrages en 2002, a mis en garde « Eva » contre un nouvel accident qui risquerait de « conduire à un carambolage dramatique pour la gauche en 2012 » tout en appelant à l'« entourer » pour « affronter les ouragans et les tempêtes ». (le 24) Eva JOLY exclut de se retirer de la compétition tout en admettant avoir été « rugueuse » envers son allié socialiste. Elle conteste avoir été « recadrée » par son parti, où on l'a priée pourtant de toutes parts de se montrer moins vive vis‐à‐vis du PS. Ses positions sur le nucléaire ont valu à Eva JOLY d'être boycottée par les représentants syndicaux de la filière, avec lesquels était prévue une table ronde. La CGT a renoncé à sa participation à la demande de sa fédération nationale, hostile au démantèlement de la filière nucléaire qu'appelle de ses vœux Eva JOLY. Les représentants de la CFDT et de Solidaires ont échangé en privé avec Eva JOLY. « Il y a de grosses craintes pour l'emploi, car il y a beaucoup de chômage ». « Je suis sensible à ça, mais je rappelle que le démantèlement des 24 centrales nucléaires va impacter 10.000 emplois, et nous aurons besoin de leurs compétences pour le démantèlement ». « L'objectif de cette rencontre était de les rassurer, de leur dire qu'on est dans le même bateau, qu'il s'agit de l'avenir de nos enfants et nos petits‐enfants. Le chiffre d'affaires du nucléaire est faible par rapport aux énergies alternatives. Le solde serait positif de 600.000 emplois pour les énergies renouvelables ». (le 24) - Naturellement, vient le tour de François. Engagé derrière François HOLLANDE qui a fait de la jeunesse sa priorité, le PS veut redonner « une mission claire et des objectifs ».à l'Education nationale. François HOLLANDE : « Je considère qu'il est de mon devoir de faire de l'école une grande cause nationale ». Vincent PEILLON : « L'école pour la droite, c'est un coût. Pour nous c'est un investissement ». Celui‐ci fixe comme objectif de faire passer de 13% à « plus de 30% » le taux de scolarisation des enfants âgés de 2 à 3 ans. Pour les lycéens, « on peut envisager des redéploiements, un allégement de leurs horaires ». « Il n'y a pas de tabou, dès lors que la finalité est l'amélioration de la performance éducative de notre système ». Dans le supérieur, il se prononce pour une réforme du premier cycle « où les taux d'échecs sont insupportables ». Il annonce une réforme de la loi sur l'autonomie des universités mise en place par le gouvernement Fillon de façon à « créer une gouvernance plus démocratique et résoudre le paradoxe qui consiste à faire que plus d'autonomie pour les universités, c'est moins d'autonomie pour les chercheurs et les enseignants ». Bruno JULLIARD suggère de supprimer l'exonération d'impôt sur les cours particuliers. « C'est injuste socialement et cela pourrait rapporter 300 Mio euro ». Vincent PEILLON rencontrera l'ensemble des acteurs de l'Education en France, que François HOLLANDE recevra « au début de 2012 ». Chargé de l'Education, de la Jeunesse, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche dans l'équipe de campagne, Vincent PEILLON est entouré de Bruno JULLIARD, ancien président de l'Unef ; de Laurianne DENIAUD, ancienne présidente du MJS ; d’Alain CLAEYS, maire de Poitiers ; de Jean‐Yves Le DEAULT, vice‐président du conseil régional www.greliermichel.eu
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de Lorraine et de Geneviève FIORASO, ancien professeur d'anglais. L'UMP dénonce « le vide sidérant » du projet socialiste. Camille BEDIN : « il ressort que le PS n'a pas la moindre proposition à faire ! ». (le 21) François HOLLANDE rappelle que l'Education nationale ferait l'objet d'une loi de programmation avant la fin 2012, s'il est élu président de la République. « Si je parle de la jeunesse et donc de l'éducation, c'est pour fédérer la nation autour d'un projet qui nous dépasse ». « C'est un contrat entre la nation et l'école qu'il faut de nouveau passer ». Ce contrat « aura à dégager les moyens mais aussi des contreparties », avec des « marges de manœuvres extrêmement limitées dans un contexte économique qui sera sombre ». François HOLLANDE rappelle son souhait de créer, à partir de 2013, 12.000 postes par an dans l'éducation ‐ des enseignants mais aussi du personnel d'encadrement pour la prévention des violences, la santé ou l'accueil des élèves handicapés ‐. « Cet engagement est nécessaire si nous voulons que l'école réponde à ses missions mais la contrepartie c'est d'avoir des réformes, améliorer le système éducatif ». La création de 12.000 emplois coûterait 500 Mio euro par an, selon les calculs du PS, 390 Mio euro selon l'Institut de l'entreprise. François HOLLANDE et ses adjoints comparent ces chiffres avec les 3 Mia euro à investir dans la construction de 30.000 places de prison supplémentaires promises par l'actuel gouvernement. Vincent PEILLON : « 1,9 Mia euro au bout de cinq ans, pour faire la France de demain, c'est quand même moins cher que tous les cadeaux fiscaux ». Bernadette GROISON, secrétaire générale du syndicat FSU : « Les annonces qu'il (François HOLLANDE) a faites sur le recrutement donnent un signe qu'il se place en rupture avec ce qui se fait aujourd'hui ». « Rien ne se fera sans les personnels, sans la communauté éducative, tout le monde attend des signes aujourd'hui, et après les électeurs trancheront ». (le 27) - Moment important pour François dans sa campagne. François HOLLANDE aux 560 élus présents ‐ maires, députés, conseillers généraux, présidents de régions ‐ : « J'ai à vous demander de participer pleinement à la campagne que je vais conduire ». « Je vous demande d'être des relais dans la campagne que je vais conduire. Nous avons le réseau le plus dense, le plus large d'élus qu'une formation politique est capable de rêver ». Les socialistes dirigent 21 régions métropolitaines sur 22, une soixantaine de départements sur 101 et de grandes agglomérations comme Paris, Lyon, Lille et Nantes. « Mobilisez‐vous, montrez que ce changement que vous avez été capables de faire dans les élections territoriales, nous devons maintenant le réussir pour l'élection principale ». « Quand on leur demande quel est celui à qui ils accordent davantage leur confiance les Français répondent 'le maire' ; dans cinq mois, quand on leur demandera à qui ils font le plus confiance, je souhaiterais qu'ils disent 'le président' ». François HOLLANDE demande aux édiles, « élus de référence », de veiller à l'inscription sur les listes électorales avant le 31 décembre. Avant lui, Martine AUBRY a souligné le rôle des élus locaux pour permettre en 2012 la victoire de François HOLLANDE. « Il faut que nous, maires, lancions la mobilisation derrière notre candidat. Nous savons, peut‐être mieux que les autres, ce que vivent les Français ». « François annoncera sa plate‐forme programmatique dans quelques semaines. Nous, nous devons dès maintenant passer à l'offensive ». (le 23) www.greliermichel.eu
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Cette situation m’a amené à écrire ces quelques lignes sur Internet : « François HOLLANDE s'est adressé aux 560 élus membres de la FNESR (la Fédération nationale des élus socialistes républicains) réunis à déjeuner, le 23 novembre, au Parc des Expositions de la porte de Versailles. Il y avait là des maires, des députés, des conseillers généraux, des présidents de régions. Quelques chiffres "édifiants". Les socialistes dirigent : 21 régions métropolitaines sur 22, une soixantaine de départements sur 101 et des agglomérations comme Paris, Lyon, Lille, Nantes, etc. Le Sénat est devenu leur "fief" et leur "champ clos". A en croire les sondages d'opinion, François HOLLANDE, un "rose", est en tête. S'il gagne en mai 2012, l'Elysée sera "rose". Et depuis le renversement de l'ordre des élections, il est probable que l'Assemblée nationale sera majoritairement "rose". Le "royaume de France" devient rose. Pourquoi dis‐je cela ? L'exécutif, à l'Elysée et à Matignon, seront "roses", les 2 assemblées du législatif seront "roses", les régions et les départements resteront "roses" ». Et après ? - Quand un François croise un autre François… François BAYROU, déjà candidat en 2002 et 2007, devrait de nouveau annoncer sa candidature au début du mois de décembre. François BAYROU juge « insoutenable » le programme socialiste. François HOLLANDE « commence à avoir du mal parce qu'il n'est pas jugé en comparaison avec ses rivaux du PS mais en lui‐même » ; il « parle comme si c'était fait. Or ce n'est pas fait ! » « D'un président, les Français attendent qu'il propose sa vision, non qu'il négocie ». François BAYROU, courtisé par la droite comme par la gauche, le « troisième homme » de la campagne de 2007 continue de faire vœux d'indépendance. (le 22) - Se déclarer candidate est facile, faire un programme électoral l’est déjà moins. Recueillir les 500 signatures obligatoires d’élus est le gros obstacle du parcours. Marine LE PEN le redouterait‐elle ? Marine LE PEN a engagé une bataille sur la question des parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle, qui risque de l'éliminer de la course à l'Elysée en 2012. Niant toute « stratégie électoraliste », Marine LE PEN affirme rencontrer les mêmes difficultés que Jean‐Marie LE PEN, qualifié in extremis en 2002 et 2007 et écarté en 1981, faute d'un nombre de signatures suffisantes. Marine LE PEN a écrit à François FILLON pour lui demander de supprimer le texte de loi qui prévoit l'obligation de rendre publics ‐ au Journal officiel ‐ les noms des 500 élus qui doivent apporter leur signature aux candidats. Ce dispositif, instauré en 1962, vise à empêcher les candidatures fantaisistes. Le nombre de signataires potentiels est de 45.000, dont 36.000 maires. La décision de rendre l'identité des parrains publique a été prise en 1976. Marine LE PEN juge qu'il serait anormal qu'une candidate qui représente 16% à 20% de l'électorat, selon les sondages, en soit réduite à devoir « séduire » ou « convaincre » les élus un par un pour pouvoir briguer l'Elysée. Outre Marine LE PEN, Christine BOUTIN s'est également inquiétée pour ses signatures, indiquant n'en avoir qu'une centaine, de même que plusieurs candidats de la gauche radicale. (le 22) www.greliermichel.eu
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- L’autre François… BAYROU. François BAYROU annonce sa candidature : « Je serai candidat à l'élection présidentielle parce qu'il faut absolument que le pays reparte sur des bases nouvelles et qu'il est impossible qu'on continue comme ça pendant cinq ans ». Les Français répondraient tous, si on les interrogeait « qu'ils sont plus inquiets qu'ils ne l'étaient il y a cinq ans », y compris sur les problèmes mis en avant par le gouvernement, comme la sécurité, l'immigration ou la santé économique du pays. François BAYROU réitère ses critiques à l'encontre du PS. « C'est un programme qui est impossible, insoutenable. On ne créera pas 60.000 à 70.000 postes d'enseignants, on ne fera pas une allocation générale d'autonomie pour les étudiants, on ne reviendra pas à la retraite à 60 ans ». « Tout cela ne se fera pas, ne pourra pas se faire. Et lorsqu'ils ont écrit ce programme, ils le savaient très bien ». François BAYROU reproche aux dirigeants socialistes d'avoir appelé plus de deux millions de Français à des primaires pour ensuite leur dire : « excusez‐nous, on ne s'était pas aperçus qu'il y avait une crise ». (le 24) - C’est au tour de François de rencontrer Hervé. - Mais où donc ? - Mais au centre, Thomas. Le Centre entre en scène pour l'élection présidentielle avec François BAYROU, qui ambitionne de rééditer sa percée de 2007 en étrillant autant la droite que la gauche, et Hervé MORIN, dont la candidature est contestée dans son propre camp. François BAYROU : « Aujourd'hui, ce n'est plus (Nicolas) SARKOZY, le capitaine, la question. C'est l'état du bateau. UMP, PS, les gens s'en moquent ». « On voit bien combien la question de l'indépendance est précieuse car quand vous dépendez d'accords électoraux, vous ne pouvez pas exprimer votre vision et vous êtes obligés de négocier ce que vous pensez pour la présidentielle ». « Les gens ne votent pas sur ce que vous dites, ils votent sur ce que vous êtes. Je ne suis pas quelqu'un qui change d'avis au gré des choses. Je ne suis pas une girouette ». Alain JUPPE : « J'espère qu'il (Hervé MORIN) ne se trompera pas dans le choix de sa famille, de sa vraie famille d'origine qui n'est pas le Parti socialiste ». Hervé MORIN : « Voter (François) BAYROU, c'est voter socialiste au second tour ». « Moi, je sais où je suis. Je sais que si je ne suis pas au second tour, j'appellerais à voter pour un candidat de droite ». André SANTINI : « Il (Hervé MORIN) est sympathique, mais un peu court ». (le 25) - Qui est Hervé MORIN ? Petit‐fils d'agriculteurs, fils d'un entrepreneur de maçonnerie normand, Hervé MORIN, 50 ans, suivait des études de droit à Caen quand il décida de tenter « Sciences Po Paris », lui auquel on avait dit : « Ce n'est pas pour toi ». Titulaire d'une maîtrise de droit public, il devient administrateur des services de l'Assemblée nationale avant d'être nommé en 1993 conseiller technique au cabinet de François LEOTARD. Maire d'Epaignes (Eure) depuis 1995, Hervé MORIN grimpe les échelons aux côtés de François LEOTARD et devient secrétaire national puis vice‐président exécutif de l’UDF de 1999 à 2007. Chargé du projet centriste en 2000, il ne rejoint pas l'UMP en 2002 comme beaucoup de ses collègues, mais s'investit dans ses fonctions de président du groupe centriste à l'Assemblée, n'hésitant pas à croiser le fer avec la droite. François BAYROU en www.greliermichel.eu
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fait son porte‐parole pour sa première campagne présidentielle, en 2002. Premier chapitre de l'histoire d'une « trahison » pour François BAYROU, terme que récuse Hervé MORIN. « Quand on a été durant dix ans le lieutenant de François BAYROU et que l'on a finalement appelé à voter Nicolas SARKOZY au second tour de l'élection présidentielle, on passe vite pour un traître ». « C'est (François) BAYROU qui nous a quittés », pour expliquer la défection de trois‐
quarts des députés centristes entre les deux tours de l'élection présidentielle. Hervé MORIN prend ses distances pour épouser la « rupture » sarkozienne qui le propulse en mai 2007 à la tête d'un ministère régalien, la Défense, jusqu'à son éviction en novembre 2010 du gouvernement de François FILLON. Nicolas SARKOZY avait prévu que nombre de ralliés centristes « exploseraient en plein vol ». Il n'avait pas apprécié qu'Hervé MORIN insiste sur la nécessité d'une candidature centriste en 2012 et laisse percer ses ambitions élyséennes. Le 17 mai 2008, Hervé MORIN participe à la fondation d'un nouveau parti de centre‐
droit, le Nouveau Centre, dont il est élu président avec 87% des voix. Depuis lors, les relations entre Hervé MORIN et François BAYROU, qui s'affronteront en 2012, se sont tendues. (le 25) Au pied du pont de Normandie, Hervé MORIN a officialisé sa candidature : « Certains jugeront cet engagement audacieux et il est audacieux ». Hervé MORIN, qui entend « porter des idées nouvelles », présente une candidature de « vérité, modernité, égalité ». Il défend une « troisième voie » entre augmentation des impôts et diminution des dépenses publiques, avec l'instauration des « 37 heures de travail hebdomadaires dans le privé comme dans le public », qui « aura un impact concret et rapide : l'amélioration de notre croissance, la réduction immédiate de nos déficits ». (le 27) - Et encore un… possible ? Dominique de VILLEPIN dira mi‐décembre s'il est ou non candidat à l'élection présidentielle. Il ajoute que sa décision est prise. Il entend défendre sa proposition : l'union nationale contre la crise. « Dans la crise, dans la véritable guerre économique et financière que nous devons mener, il n'y a qu'une réponse, c'est l'union nationale ». « Or malheureusement, on le voit bien, la campagne qui se dessine sera une campagne de petits projets contre de petits projets, de petites idées contre de petites idées et de petits intérêts contre de petits intérêts ». « Donc un grand principe, l'union nationale, mérite d'être défendu et préservé. Donc c'est la voie que j'ai choisie et que j'entends faire entendre ». (le 27) - Pour Nicolas, il faudra encore patienter pour sa déclaration officielle de candidature. En attendant… sur le nucléaire. Nicolas SARKOZY : « Depuis 65 ans, il y a un consensus selon lequel l'investissement dans le nucléaire permettra à la France de compenser l'absence de gaz et l'absence de pétrole ». Il souligne qu’avant lui, de Charles DE GAULLE à Jacques CHIRAC, de gauche comme de droite, tous les chefs de l’Etat avaient confirmé ce choix de l'énergie atomique. « On n'a pas le droit de rompre le consensus politique de 65 ans au risque de détruire les emplois dans l'industrie française. C'est une folie ». La France compte actuellement 58 réacteurs répartis dans 19 centrales en fonctionnement. Nicolas SARKOZY met en garde : « Mettre en cause la filière nucléaire, c'est rendre www.greliermichel.eu
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impossible la pérennité d'usines dans le secteur électro‐intensif ». Selon l'UNIDEN (Union des industries utilisatrices d'énergie), les usines « électro‐
intensives » emploient 50.000 personnes et génèrent 100.000 à 120.000 emplois indirects. (le 25) Une « catastrophe » ou un « cataclysme ». Nicolas SARKOZY n'a pas de mots assez forts pour décrire les conséquences d’un abandon ‐ même partiel ‐ du nucléaire, que ce soit sur l'industrie, sur l'emploi ou sur la facture d'électricité des ménages. Sans jamais citer nommément François HOLLANDE, Nicolas SARKOZY critique sa proposition de fermer 24 des 58 réacteurs nucléaires. Une décision « exclusivement idéologique ». Nicolas SARKOZY a rendu un hommage appuyé à François MITTERRAND afin de mieux mettre en doute la stature de chef de l'Etat de François HOLLANDE. C'est sous les deux septennats socialistes (1981‐1995) que 40 des 58 réacteurs actuels ont été raccordés au réseau. « Jamais le président MITTERRAND n'a remis en question l'héritage industriel et nucléaire de ses prédécesseurs ». « On reconnaît un homme d'Etat à sa capacité à se hisser au‐dessus des intérêts partisans pour faire le choix de la France ». Une simple hausse de 10% du prix de l'électricité représente « un Mia euro de coûts supplémentaires pour notre industrie ». « Faut‐il vraiment, à toute force, ajouter un nouveau boulet aux pieds des entreprises françaises ? » « Mettre un coup d'arrêt au développement de notre parc nucléaire, c'est porter un coup très dur au pouvoir d'achat des Français ». En Allemagne, où l'abandon du nucléaire est engagé, l'électricité coûte deux fois plus cher. « Veut‐on doubler la facture d'électricité des ménages français ? ». « Je n'accepterai pas de laisser supporter par des millions de foyers, surtout les plus modestes, le poids financier d'une décision qui est purement et simplement, exclusivement idéologique ». D'après EDF, les prix de l'électricité en France sont en moyenne 35% inférieurs à ceux des pays voisins. La biomasse et l'éolien maritime ont des coûts de production trois à quatre fois plus élevés que le nucléaire, le photovoltaïque huit à neuf fois. Nicolas SARKOZY a évoqué la catastrophe survenue le 11 mars au Japon. « C'est pas un accident nucléaire. C'est un tremblement de terre suivi d'un tsunami, 99,5% des victimes de Fukushima ont succombé à ces deux événements naturels ». (le 25) Le PS et EELV ont vivement critiqué le plaidoyer pro‐nucléaire de Nicolas SARKOZY, l'accusant de faire preuve de « démagogie » et de proférer des « approximations, mensonges et contre‐vérités douteuses ». Cécile DUFLOT accuse Nicolas SARKOZY de faire « preuve d'un obscurantisme dangereux en se faisant l'apôtre de l'atome et en mentant délibérément aux français ». Elle juge que « la sortie du nucléaire est, contrairement à ce qu'affirme Nicolas SARKOZY, le gage de la création d'emplois durables et non‐délocalisables en France. Comme le prouve l'Allemagne, la transition énergétique est fortement créatrice d'emplois et représente une formidable opportunité industrielle et sociale ». Elle estime que, « loin des affabulations de Nicolas SARKOZY, les écologistes démentent vouloir détruire la filière mais, au contraire, proposent de préparer l'industrie nucléaire du futur : maintenance des centrales en renforçant la sûreté d'ici leur mise à l'arrêt, démantèlement, gestion des sites et matières, surveillance ». Alain ROUSSET relève que Nicolas SARKOZY « agite la menace de l'augmentation de la facture d'électricité des Français » en cas de victoire de François HOLLANDE. « C'est pure démagogie, car les coûts de prolongation des centrales actuelles pèseront lourdement sur cette facture, alors que le prix du kWh issu des énergies renouvelables baisse au fur et à www.greliermichel.eu
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mesure que les technologies se développent. Où sont 'le mensonge et l'idéologie' dont il accuse la gauche, sinon dans ses propres affirmations ? » (le 25) - Et sur le droit de vote des étrangers. Nicolas SARKOZY se prononce contre le droit de vote des étrangers pour les municipales. « Une telle proposition me semble hasardeuse ». « Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu, dans nos territoires, doit demeurer un droit attaché à la nationalité française ». Actuellement, les citoyens de l'UE résidant en France peuvent voter aux européennes (loi du 5 février 1994) et aux municipales (loi du 25 mai 1998). « Je suis très attaché à ce que notre Constitution n'aille pas au‐delà ». Le groupe socialiste et écologiste au Sénat a inscrit à l'ordre du jour du 08 décembre une proposition de loi constitutionnelle visant à accorder le droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales aux étrangers non‐ressortissants de l'UE résidant en France. Nicolas SARKOZY : « Cette proposition risque de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler ». Les étrangers résidant en France et souhaitant participer aux choix politiques du pays disposent d'une « voie » qui leur est « ouverte ». « Cette voie, c'est l'accès à la nationalité française ». « Il n'y a rien de choquant, rien d'anormal, à ce que les électeurs et les élus des territoires de France soient Français ! » (le 23) - Le Sénat « période rose », PS. Jean‐Pierre BEL présente un plan d'économies dans le but de rendre le Sénat « plus modeste » et « plus transparent » : une série de mesures d'économies comme la baisse de 3% pour 2012 de la dotation de fonctionnement versée chaque année par l'Etat au Sénat. Cette mesure est identique à celle appliquée par l'Assemblée, à l'initiative de Bernard ACCOYER, qui a entraîné des économies de 180 Mio euro sur toute la durée de la législature (2007‐2012). Jean‐Pierre BEL annonce l'arrêt de certains travaux envisagés par la précédente présidence du Sénat comme la construction d'un parking ou d'un nouveau studio d'enregistrement pour la chaîne Public Sénat. Il annonce une « baisse conséquente » des dépenses de communication, le « passage au peigne fin » des dépenses des différentes directions du Sénat, et une « préoccupation plus forte » en matière de recrutement du personnel. En ce qui concerne les déplacements des sénateurs, Jean‐Pierre BEL promet un « régime assez drastique » avec une baisse « d'au moins 20% » des budgets pour les déplacements des groupes d'amitié. Le nombre de déplacements sera limité à deux par an et par sénateur. Dans le but de rendre le Sénat « plus transparent », Jean‐Pierre BEL annonce que la Cour des comptes serait associée à la certification des comptes et qu'à partir de 2013 le budget de la haute assemblée serait adopté par le bureau du Sénat. « Nous avons intérêt à lever cette opacité ». Il ajoute que son objectif est que le budget soit débattu en séance publique ce qui suppose une réforme de l'ordonnance de 1958 et « une concertation très approfondie ». Il annonce la création de deux groupes de travail, l'un sur le fonctionnement et le train de vie du Sénat, l'autre sur les conflits d'intérêt, qui devront donner leurs conclusions fin décembre 2011. www.greliermichel.eu
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Enfin Jean‐Pierre BEL rappelle les travaux législatifs du Sénat depuis le 01 octobre, et annonce l'organisation des Etats généraux de la démocratie territoriale avec d'abord des débats dans les départements puis une réunion plénière à la fin février 2012 qui proposera une plateforme. « Les lignes de force qui constitueront le socle de la République décentralisée de demain » seront soumises aux candidats à l'élection présidentielle. (le 24) - Il n’est pas candidat mais sa voix se fait entendre en France et hors de France… - Alain JUPPE ? - Oui. La France va demander à l'UE d'établir des corridors humanitaires pour protéger les populations en Syrie. Alain JUPPE : « A la demande du Conseil national syrien, nous allons examiner avec nos partenaires de l'UE la possibilité de lancer des initiatives humanitaires pour alléger les souffrances des populations, qui sont considérables ». « Faut‐il créer de des corridors humanitaires ou des zones humanitaires ? Je vais demander à l'UE de le mettre à l'ordre du jour ». Alain JUPPE dit que la France considère le Conseil national syrien (CNS) comme un interlocuteur légitime et envisage de le reconnaître. (le 23) Alain JUPPE a présenté en conseil la position de la France sur l'élargissement de l'UE. Le Conseil européen du 09 décembre devra se prononcer sur plusieurs questions concernant notamment la Serbie, le Monténégro, la Turquie et le Kosovo. « S'agissant de la Turquie, la position de la France n'a pas changé sur la méthode et l'issue des négociations avec ce pays. C'est dans le respect de ce cadre qu'elle examinera avec attention les propositions de la Commission visant à relancer la relation avec la Turquie grâce à des avancées concrètes (rapprochement des normes ; dialogue politique renforcé ; visas, réadmission et contrôle aux frontières) ». S'agissant de la Serbie, « la France pourrait soutenir l'octroi du statut de candidat moyennant la reprise du dialogue engagé avec le Kosovo et des avancées concrètes en ce sens ». Monténégro, « une ouverture des négociations, dès décembre, semble prématurée; il conviendrait d'y revenir à la mi‐2012, sur la base d'un bilan de la mise en œuvre effective des réformes engagées par ce pays, notamment pour le renforcement de l'Etat de droit ». Kosovo, « la France pourrait marquer un accord de principe sur l'ouverture d'un dialogue sur les visas menant à un processus de libéralisation à terme, dès lors que l'ensemble des critères préalables auront été pleinement remplis et que le Conseil sera associé à toutes les étapes de ce processus ». (le 23) - L’UMP entre dans le jeu électoral. L’UMP présente le premier volet de son projet pour les élections présidentielle et législatives de 2012 lors d'une convention en forme de meeting devant 800 militants. Ce volet, consacré aux sujets économiques et sociaux, veut à la fois créer les conditions d'une réindustrialisation de la France, en prenant l'Allemagne pour modèle, et tenir l'objectif d'un retour à l'équilibre des finances publiques en 2016. « Nous proposons (...) un nouveau modèle de croissance », rejetant l'idée d'une économie exclusivement tournée vers les services. Ce nouveau modèle de croissance sera fondé sur une montée en gamme des produits « made in France » grâce à l'innovation et à la formation, et sur le développement des PME. Jean‐François COPE : « Nous allons mettre le 'made in France' en concurrence www.greliermichel.eu
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avec le 'made in Germany' ». L'UMP promet de compenser toute dépense publique nouvelle par des économies, afin que le projet ne coûte pas un euro. Jean‐François COPE : « Il faudra produire plus et dépenser moins et l'exemple de l'Allemagne montre que ce défi est parfaitement à notre portée ». En matière d'organisation du travail, l'UMP veut franchir une nouvelle étape dans le démantèlement des 35 heures en incitant employeurs et salariés à négocier « dès 2012 » la durée du travail dans les branches et les entreprises, vidant ainsi définitivement de son contenu, sans l'abolir, la durée légale. « Nous inciterons chacun à ouvrir ces négociations et à aboutir à un accord en modulant les exonérations de charges en fonction de l'avancée des négociations ». L’UMP propose aussi l'ouverture de telles négociations dans la fonction publique. Pour l'UMP, régler le problème de la compétitivité de la France passe par une réforme du financement de la protection sociale, afin qu'il ne pèse plus uniquement sur le travail. L’UMP propose de transférer sur cinq ans le financement des 30 Mia euro d'allocations familiales sur une « fiscalité anti‐délocalisation » qui ne reposerait pas uniquement sur la TVA mais sur différents outils fiscaux. Les dirigeants de l’UMP disent que cela pourrait aussi comprendre une part de fiscalité écologique, d'impôt sur les sociétés, voire de CSG. Ils assurent que le transfert du financement des allocations familiales n'est qu'une première étape qui n'exclut pas, à terme, le même exercice pour d'autres branches. L'UMP propose de porter en cinq ans le nombre d'apprentis de 400.000 aujourd'hui à un million. La possibilité sera donnée aux jeunes qui le souhaitent d'entrer en apprentissage dès 14 ans grâce au développement de classes « métiers‐études » dans le cadre du collège. En matière de formation continue, l'UMP propose la création de compte individuel dont le capital initial serait inversement proportionnel à la formation initiale. L’UMP envisage de faciliter le financement des PME en modulant l'impôt sur les sociétés en fonction des stratégies de croissance et en rendant gratuit le premier dépôt de brevet par ces entreprises. Pour encourager la montée en gamme des entreprises françaises, l’UMP promet de pérenniser le crédit d'impôt‐recherche et de développer quatre filières d'excellence : équipements industriels liés aux énergies renouvelables, agroalimentaire, filière médicale et économie numérique. L’UMP confirme son choix du nucléaire tout en réaffirmant l'engagement de la France à porter à 23% la part des énergies renouvelables en 2020 et de rééquilibrer les efforts de recherche en faveur de celles‐ci. Dans le champ des prestations sociales, l'UMP dit vouloir créer un écart plus important entre revenus du travail et assistance. L’UMP propose de fusionner la prime pour l'emploi et le revenu de solidarité active (RSA) « activité », c'est‐à‐dire complémentaire du revenu du travail. L’UMP veut faire en sorte que le cumul des prestations sociales, hors allocations familiales, des bénéficiaires du RSA « socle » ‐ destiné aux personnes sans emploi ‐ ne dépasse pas 75% du revenu minimum (smic) et rendre les allocations chômage dégressives, dès que le taux de chômage diminuera. L’UMP promet d'engager une « lutte déterminée » contre la fraude sociale ‐ promesse déjà faite par Nicolas SARKOZY ‐. L'UMP propose de créer un « FBI » de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales ‐ un corps d'inspecteurs et de contrôleurs spécialisés ‐ et reprend l'idée d'une « carte sociale sécurisée » et d'un « fichier national des fraudeurs sociaux ». L’UMP présentera le volet régalien de son projet et celui relatif à la place de la France en Europe et dans le monde lors de deux conventions, fin novembre et début décembre, www.greliermichel.eu
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avant une présentation définitive et un chiffrage à la mi‐décembre. (le 22) - Notre second eurodéputé « fantôme » est démasqué. Jean ROATTA ne remerciera jamais assez le Traité de Lisbonne. Grâce à ce texte, la France engrange deux parlementaires européens supplémentaires, portant leur nombre à 74. Une inflation d’élus qui contraste avec la disparition de certaines circonscriptions électorales nationales, résultat des révisions de la carte électorale opérées en 2009. Directement visé par cette réforme, Jean ROATTA, député de 70 ans membre de la droite populaire, élu pour la première fois comme conseiller général des Bouches‐du‐Rhône en 1983, terminera sa carrière à Bruxelles. Depuis le 23 novembre, il fait partie, aux côtés d’Yves COCHET, des deux « eurodéputés fantômes » à être sortis des limbes. Désigné par le groupe UMP de l’Assemblée nationale, il a ravi le poste à Valérie BOYER et Pascale GRUNY, elles aussi en lice. Le profil européen de Jean ROATTA ne saute pas aux yeux. En 1994, il est pourtant l’élu surprise du scrutin européen. Le fruit de l’élimination de candidats affectés par le cumul des mandats. A l’époque, Jean ROATTA, qui siège déjà au Palais Bourbon, donne sa préférence à la scène politique nationale. Membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l'Assemblée, Jean ROATTA se raccroche à l’UE par la branche de la Méditerranée. « Ce qui m’intéresse, c’est le Sud de l’Europe ». Un fauteuil à la délégation des relations avec les pays du Maghreb ne lui déplairait pas. Attaché à son fief au Nord de Marseille, Jean ROATTA n’aurait jamais osé s'aventurer, pour les législatives de 2012, sur les terres d'un autre député : « J'ai toujours été élu dans ma circonscription. Etre parachuté, c’est pas mon style ». Si Bruxelles sert souvent de pis‐aller aux élus en délicatesse, la désignation des eurodéputés fait débat car elle ne découle pas des résultats du scrutin de 2009. Une situation dont Jean‐Luc BENHAMMIAS, député européen élu dans le Sud‐Est, s’est ému : « Yves COCHET et Jean ROATTA sont donc des élus nationaux qui vont se transformer d'un coup de baguette magique en députés européens. Un processus discutable d'un point de vue démocratique et qui ajoute à la confusion ambiante. (…) Le déficit démocratique de l'Union européenne dont on parle tant en ce moment est aussi la responsabilité de ceux qui nous gouvernent ! ». (le 25) - Le fait du Prince : Ségolène ROYAL à La Rochelle. Pour Olivier FARLONI, premier secrétaire fédéral du PS de Charente‐Maritime, la candidature imposée de Ségolène ROYAL à La Rochelle est un « parachutage de la honte » auquel il a l’intention de résister. Le Bureau national du PS a décidé de réserver la première circonscription de La Rochelle à Ségolène ROYAL, qui ambitionne de présider l'Assemblée nationale si la gauche remporte les législatives en 2012. Cette fédération avait voté contre le fait de réserver cette circonscription où le sortant, Maxime BONO ne se représente pas, alors qu'Olivier FALORNI avait fait acte de candidature. Dès que la décision des instances nationales a été connue, deux élues PS se sont à leur tour déclarées candidates face à Ségolène ROYAL, dont l'une, Patricia FRIOU, avait pour suppléant Olivier FALORNI. Une primaire interne entre les trois femmes était d'ores programmée pour les 01 et 02 décembre mais le Bureau national en a décidé autrement. (le 23) -
Les dernières nouvelles à propos de DSK. www.greliermichel.eu
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DSK et Anne SINCLAIR vont déposer plainte contre Henri GUAINO, à la suite de ses propos tenus le 18 novembre sur la chaîne Paris Première : l'affaire DSK, « ce n'est pas un problème de vie privée. On est à la charnière entre vie privée et délinquance », avant d'évoquer des relations avec des personnes dirigeant des réseaux de prostitution. « Ni Anne SINCLAIR ni DSK n'entendent limiter la libre expression des idées et la diffusion de l'information, mais ils n'acceptent pas pour autant que leur intimité soit exploitée et jetée en pâture à des fins exclusivement mercantiles ». (le 22) - Le mot est lâché… on a un « Complot » dont DSK serait la victime. Claude GUEANT a balayé les soupçons de complot contre DSK émis par un journaliste américain. L'UMP est notamment visé par cet article de la New York Review of Books qui affirme que des données personnelles de DSK étaient en sa possession. « Si quelqu'un estime qu'il y a complot, il n'a qu'à déposer une plainte auprès de la justice et puis qu'on arrête avec les suppositions, les rumeurs ». Les hôtels Sofitel (groupe Accor) ont répondu à des éléments précis figurant dans l'article : « L'article paru dans 'New York Review of Books' affirme que deux employés de Sofitel auraient été filmés par les caméras de surveillance de l'hôtel, 'se réjouissant' pendant trois minutes. En réalité, ces faits ont duré 8 secondes (...) Les deux employés interrogés ont catégoriquement nié que cet échange ait quelque lien que ce soit avec DSK ». « En ce qui concerne la Chambre 2820, l'historique informatique des chambres montre que le client de la chambre 2820 a procédé au règlement de sa chambre (check‐out) à 11h36 et que la femme de ménage a fait le ménage de cette chambre immédiatement après. L'insinuation selon laquelle le client occupant la chambre 2820 serait impliqué dans l'incident est donc fausse et sans fondement ». (le 27) -
Bonne semaine, et à lundi prochain. www.greliermichel.eu
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Semaine 48 – du lundi 28 novembre au dimanche 04 décembre 2011 François HOLLANDE la jouera « perso » -
C’est une semaine très chargée, au vu des tas d’infos sur la table. Oui. Et elle part dans une multitude de sens. Tout cela est délicat à structurer. J’ai donc fait des choix sur l’ordre de présentation. Si j’en crois le titre, tu vas commencer par le « François de gauche ». Pourquoi dis‐tu cela ? HOLLANDE est ce « François de gauche », FILLON est le « François de droite », et BAYROU est le « François du centre ». D’accord pour François HOLLANDE en tête. Ensuite, je mets le souverainisme monétaire et la germanophobie qui retentissent comme des trompettes apocalyptiques. Après viennent les infos sur le PS, EELV, le Front de gauche, Nicolas SARKOZY, l’UMP, François BAYROU, puis différents sujets, avant de terminer par trois tiroirs dans la saga DSK. Allons‐y pour le « François de gauche ». François HOLLANDE prévient qu'il n'appliquera pas toutes les propositions contenues dans l'accord électoral PS‐EELV. Il répond par la négative lorsqu'on lui demande si ce texte pèsera sur sa campagne présidentielle. Il souligne que l'accord a été conclu par les formations politiques, et non par les candidats. Quant à savoir s'il appliquera toutes les propositions du texte s'il était élu président : « non, j'appliquerai les mesures qui me paraissent le plus essentielles ». François HOLLANDE a pris la même distance avec le programme défini par la rue de Solférino : « Je suis socialiste, je défends des idées inspirées par le Parti socialiste mais j'aurai à rassembler les Français beaucoup plus largement ». (le 28) François HOLLANDE assure qu'il ne renoncera pas au droit de veto de la France au Conseil de sécurité de l'ONU s'il était élu, contrairement à ce que suggère l'accord électoral PS‐Verts : « Il n'y aura pas de remise en cause du droit de veto, pas de remise en cause unilatérale du droit de veto ». Alain JUPPE : « Ces propositions me semblent irréfléchies ». Le droit de veto « a une valeur dissuasive ». « Il est rarement utilisé aujourd'hui mais il donne aux membres permanents actuels un poids tout à fait considérable ». « Le siège européen, à ce stade, n'a pas de sens » car « il n'y a pas sur toutes ces questions d'unité européenne ». « Supprimer les postes permanents n'a aucune chance d'aboutir et (que) la Grande‐Bretagne n'acceptera certainement pas de renoncer à son poste ». Alain JUPPE rappelle que la France est favorable à une réforme du Conseil de sécurité, « parce qu'il n'est pas à l'image du monde d'aujourd'hui ». Paris soutient notamment la création de six nouveaux sièges permanents sans veto: quatre pour l'Allemagne, le Japon, le Brésil et l'Inde, et deux pour des pays africains. Le Conseil de sécurité, « nous proposons de l'élargir et non pas de le rétrécir ». Cécile DUFLOT avait qualifié d'« anachronique » le droit de veto de la France, tandis qu’Eva JOLY disait qu'elle voulait « sortir du système archaïque du veto donné à quelques pays ». La France bénéficie d'un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent, au même titre que les Etats‐Unis, la Grande‐Bretagne, la Russie et la Chine. Elle l'a utilisé 18 fois depuis la création de l'Organisation en 1945, la dernière fois en www.greliermichel.eu
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1989 sur un projet de résolution exigeant le retrait américain du Panama. En 2003, la menace du veto de Paris a contraint les Etats‐Unis à se passer du mandat de l'ONU pour envahir l'Irak. (le 28) François HOLLANDE reconnaît que les prix de l'énergie vont augmenter et propose, pour protéger les consommateurs, « un tarif de base pour l'essentiel et un tarif progressif pour le confort ». Il suggère de créer des « incitations fiscales » pour encourager la production et la consommation d'énergies renouvelables. S'il est élu président, François HOLLANDE s'engage à ouvrir « un grand débat sur l'énergie » qui associera les acteurs du secteur et les citoyens. Le Parlement fixera les conclusions de ce débat en votant « une loi de programmation de la transition énergétique ». Le statu quo sur le nucléaire, défendu par la majorité actuelle, est « dépassé » et la sortie du nucléaire réclamée par EELV est « irréaliste ». Il explique vouloir « sortir progressivement du tout pétrole pour les transports et du tout nucléaire pour l'électricité ». Son scénario, qu'il décrit comme « volontariste et pragmatique », repose sur la réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité à l'horizon 2025, sur la maîtrise de la consommation et sur la montée des énergies renouvelables. Pour encourager le développement du solaire, de la biomasse, de l'éolien terrestre et maritime, François HOLLANDE propose des « incitations fiscales pour la consommation comme pour la production ». A la droite qui l'accuse de vouloir détruire la filière nucléaire, François HOLLANDE rétorque que cette industrie sera au contraire « renforcée » par son action. Le chantier de construction de l'EPR de Flamanville (Manche) sera « conduit à son terme » et la filière de retraitement des déchets sera « préservée ». En revanche, la plus vieille centrale de France, Fessenheim (Haut‐Rhin), qui compte deux réacteurs, « sera arrêtée ». « Et aucune autre centrale ne sera lancée » durant son premier quinquennat éventuel. (le 28) -
Après des prises de position, François HOLLANDE est parti faire campagne en Europe, à Bruxelles. A Bruxelles, François HOLLANDE prône la continuité dans l'approche française de la gestion de la crise européenne, même s'il a rejeté la révision des traités que préparent Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL. Comme Nicolas SARKOZY, François HOLLANDE plaide pour un rôle plus actif de la BCE en soutien aux pays en difficulté, une augmentation du fonds de stabilité financière (FESF) et la création d'euro‐obligations pour mutualiser partiellement les dettes. S'il reconnaît la nécessité de règles budgétaires contraignantes communes aux membres de la zone euro, il rejette tout système de contrôle des budgets nationaux qui reposerait in fine sur la Cour de justice de l'UE ‐ un point réclamé par l'Allemagne ‐ et insiste sur la nécessité de maintenir la primauté du politique face au pouvoir des juges. François HOLLANDE s'en prend au manque de vision de Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL, qui planchent sur une intégration budgétaire et fiscale de la zone euro via une réforme des traités européens dont François HOLLANDE juge le contenu « obscur » et la finalité « lointaine ». « Il ne pourra y avoir de relance de l'Europe que s'il y a un projet. Or, le contrôle des politiques budgétaires, les sanctions, l'austérité, ce n'est pas un projet ». « Aucun chef d'Etat et de gouvernement ne convaincra son peuple qu'il est possible de faire un transfert de souveraineté s'il n'y a pas un projet qui permet de dépasser les craintes et les défiances d'aujourd'hui. Le seul qui le permettra, ce sera un projet de cohésion et de www.greliermichel.eu
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croissance ». Au Parlement européen, où François HOLLANDE a rencontré les responsables du Parti socialiste européen, il cherche à pointer les failles de Nicolas SARKOZY sur la question du contrôle des budgets. « Qui a demandé au lendemain de son élection, c'était il y a cinq ans, aux autorités européennes d'avoir une dérogation par rapport à ce qu'était la trajectoire des finances publiques françaises si ce n'était Nicolas SARKOZY ? » François HOLLANDE prend soin de ne pas trop égratigner Angela MERKEL, qu'il tentera de convaincre en mai 2012, s'il est élu, de bouger sur ses lignes rouges d'une intervention massive de la BCE ou de la création d'euro‐obligations. « Les esprits évoluent, j'espère qu'ils évolueront encore ». François HOLLANDE pointe l'intérêt de l'Allemagne d'avoir « une Europe stable et en croissance ». « Franchement, nous verrons bien le moment venu. Mais Mme MERKEL, elle sait ce qu'est la démocratie. Comme moi je respecte les échéances électorales du peuple allemand ». « C'est‐à‐dire si je me place dans l'hypothèse où je pourrais être président de la République au mois de mai, Mme MERKEL me regardera comme son interlocuteur ». Peu remarquée à Bruxelles, la visite de François HOLLANDE contraste avec celle de Nicolas SARKOZY qui en 2007 avait eu droit à tous les égards de José Manuel BARROSO, qui l'avait quasiment adoubé. François HOLLANDE s'est entretenu avec Catherine ASHTON, Michel BARNIER et Laszlo ANDOR. (le 30) A Berlin, François HOLLANDE devra faire montre de talents de diplomate jusqu'ici peu éprouvés à l'international pour éteindre l'incendie allumé par les propos emprunts de germanophobie récemment entendus dans son camp. François HOLLANDE a laissé Pierre MOSCOVICI et Jean‐Marc AYRAULT marquer sa désapprobation. Jean‐Marc AYRAULT : « Toute l'histoire de la construction européenne, dont nous avons été parmi les architectes, montre notre attachement à l'alliance franco‐allemande ». « Le discours que François HOLLANDE a été invité à prononcer devant le congrès du SPD à Berlin en est une nouvelle preuve ». (le 04 décembre) - Son équipe de campagne. Place à la campagne sous le signe de la « sérénité ». François HOLLANDE et l'équipe de campagne vont provisoirement s'installer au 8 rue de l'Arcade. A partir du 01 janvier 2012, un nouvel espace sera inauguré dans le VIIe arrondissement, mais pas au 103 rue de Grenelle, un lieu onéreux un temps envisagé. « On a trouvé beaucoup mieux et beaucoup moins cher ». Malgré l'irritation des écologistes, face aux « brutalités » et aux « caricatures » de la droite, les proches de François HOLLANDE affichent leur « sérénité ». « François HOLLANDE est en campagne depuis plusieurs mois avec beaucoup de liberté et une grande détermination. Il n'a qu'un seul souci : son rapport aux Français, le redressement de la France ». Depuis son intronisation le 22 octobre, François HOLLANDE limite ses prises de paroles et prend le temps ‐ d'un bain de foule dans les rues de Strasbourg, d'une séance de dédicace à Bordeaux, d'une longue visite au Salon de l'éducation. Face à lui, un Nicolas SARKOZY très actif sur la scène internationale dans un contexte de crise aiguë de la zone euro sera le 01 décembre à Toulon pour parler économie devant quelque 5.000 personnes. « François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY, c'est deux styles, deux candidats, deux politiques très différents, y compris dans la méthode ». Le pôle communication de son www.greliermichel.eu
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équipe de campagne veut concentrer ses tirs sur l'action de Nicolas SARKOZY et contrer la « mystification qui voudrait faire oublier son bilan ». « Nicolas SARKOZY veut mettre la poussière sous le tapis, à nous de montrer que la couche de poussière est plus épaisse que le tapis ». Dans un contexte de disette budgétaire, le PS pose la question du coût des visites du « président‐candidat ». « Selon la Cour des comptes, le coût moyen d'un déplacement présidentiel est de 90.000 euro. Mais le 25 novembre à Tricastin et le 01 décembre à Toulon, ce chiffre sera forcément dépassé. Nous demandons des comptes ». Pour Benoît HAMON : « il n'est plus acceptable qu'aujourd'hui le président de la République confonde son rôle de président de la République, dépositaire de l'intérêt général et de l'intérêt de tous les Français et son rôle de candidat à l'élection présidentielle ». « Il y a une utilisation des moyens de l'Etat à des fins de campagne électorale, nous n'acceptons pas cela ». (le 29) - François HOLLANDE a des amis sur sa gauche… Jean‐Luc MELENCHON se fixe l'ambitieux objectif de devancer François HOLLANDE au premier tour. Jean‐Luc MELENCHON : « Nous nous battons pour être en tête de la gauche. Je sais que parfois ça attire des sourires mais comment peut‐on faire campagne autrement ? ». « Moi, depuis le début, je me bats pour ça et je n'ai jamais compris ceux qui commencent une élection en se disant battu d'avance ». Il évoque une « catastrophe » depuis que le « premier parti progressiste du vieux continent, le parti socialiste européen, s'est effondré partout dans une politique d'austérité ». « Peut‐être que c'est en France que nous allons inverser la vapeur ». « Nous sommes au centre de la gauche, la gauche digne de ce nom, la gauche qui assume son identité de gauche, qui ne cherche pas à se faire passer pour autre chose, qui ne renonce pas aux objectifs de gauche ». (le 01 décembre) - Il en a aussi sur sa droite de proximité… François HOLLANDE s'est dit prêt à offrir un ministère à François BAYROU s'il appelle à voter pour lui au second tour. « Je dirai : tous ceux qui ont contribué au changement peuvent gouverner le pays dans le cadre du projet que j'ai présenté ». « Mais pour l'instant, il (François BAYROU) est dans une ambiguïté dont il n'est pas sorti ». (le 28) - L’avenir n’est pas rose dans son fief de Corrèze. François HOLLANDE décide d'imposer une cure d'austérité au Conseil général de Corrèze pour faire face à l'endettement record de 345 Mio euro qui frappe ce département rural du centre de la France. Composé d'économies et d'augmentations d'impôts, le programme adopté se chiffre à 11,5 Mio euro et vise à boucler le budget 2012. Les charges d'intérêts et l'amortissement de la dette s'élèvent à eux seuls à 14,3 Mio euro. A quoi il faut ajouter, 206 postes d'aides médicales et psychologiques appelés à être financés par l'Assurance maladie à hauteur de 4,5 Mio euro. François HOLLANDE préside le Conseil général de la Corrèze depuis 2008, date à laquelle il avait succédé à l'UMP Jean‐Pierre DUPONT. A ses détracteurs qui soulignent régulièrement que la Corrèze figure parmi les départements les plus endettés de France, François HOLLANDE répète qu'il a hérité de cette situation. « J'ai reçu de la majorité précédente en 2008 un endettement qui est trois fois supérieur à celui des départements comparables ». « Et puis il y a une deuxième cause qui n'est pas liée à la Corrèze et à la gestion de mes prédécesseurs, c'est le fait que nous www.greliermichel.eu
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ayons des dépenses sociales qui ne sont pas couvertes, loin de là, par l'Etat ». Pour boucler son budget 2011, la Corrèze attend, comme six autres départements, une subvention exceptionnelle de l'Etat de 11,5 Mio euro. Pour 2012, l'austérité paraît indispensable, d'autant que le versement de l'Etat est conditionné à un plan d'économie. Du côté des recettes nouvelles, la taxe sur le foncier bâti sera augmentée de 6,5% et le taux de la taxe d'aménagement sur les permis de construire sera triplé. Une hausse de la taxe sur les transports urbains des agglomérations de Tulle et de Brive sera mise à l'étude et la gratuité des transports scolaires supprimée. Le coût est estimé entre quatre et 20 euro par mois par famille en fonction des revenus et du nombre d'enfants transportés. Autre mesure supportée par les Corréziens : l'aide de 1.000 euro accordée pour la garde d'enfants se fera désormais sous conditions de ressources. (le 03 décembre) - Voilà la partie « souverainisme » et « germanophobie ». C’est vrai que ce sont des mots terribles. Le sacrifice de la souveraineté budgétaire sur l'autel d'un accord franco‐allemand susceptible de sauver l'euro réveille de vieux réflexes eurosceptiques en France, surtout à gauche, où certains prônent même une « confrontation » avec l'Allemagne. Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL mettent la dernière main aux propositions qu'ils présenteront à leurs partenaires européens au Conseil européen du 09 décembre. Paris et Berlin veulent convaincre leurs partenaires de l'UE ou, en cas de désaccord, de la seule zone euro, de réformer les traités afin de rendre automatique l'ouverture d'une procédure pouvant mener à des sanctions en cas de déficit excessif et d'obliger les Etats membres à soumettre leurs projets de budget à la Commission européenne. Pour l'Allemagne, cette volonté de s'engager dans une réforme institutionnelle qui mettrait en place une véritable discipline budgétaire est susceptible de calmer les marchés financiers qui attaquent actuellement les pays les plus endettés. La France espère que cela permettra à la BCE d'intervenir massivement et, à terme, une fois la situation budgétaire assainie, de lancer des euro‐obligations, une piste qui n'est plus exclue par des diplomates allemands. Les négociations ne sont pas terminées et l'un des points les plus délicats est la volonté de l'Allemagne de donner à la Commission européenne un rôle central dans l'examen et, le cas échéant, le rejet du projet de budget d'un pays. En cas de litige, la Cour de justice de l'UE trancherait. La France reste réticente à l'encontre d'un tel abandon de souveraineté en faveur de l'exécutif européen, mais les enjeux sont tels que le gouvernement semble prêt à céder sur ce point. Bruno LE MAIRE a ouvert la porte à cette concession à Berlin. Pour Herman VAN ROMPUY, au cœur des négociations, un « sacrifice » est indispensable. « Qu'il y ait une modification du traité ou pas, les deux solutions exigent un sacrifice de souveraineté afin d'obtenir en échange une crédibilité structurelle pour l'union économique et monétaire ». C'est à gauche, où l'on se fait pourtant l'avocat des euro‐obligations et d'une intervention massive de la BCE, que le refus est le plus net. Benoît HAMON : « Ce seraient donc les tribunaux qui décideraient du bien‐fondé d'un budget des Etats de la zone euro, c'est inacceptable, c'est insupportable que l'on arrive à une telle situation ». Jérôme CAHUZAC : « S'il s'agit, pour Nicolas SARKOZY, de consentir à un abandon de souveraineté supplémentaire (...), alors nous ne le suivrons pas sur ce sujet ». « Car le budget c'est l'impôt, l'impôt c'est le consentement du peuple et jusqu'à ce jour, c'est à la représentation nationale de voter pour ou contre ». Jean‐Christophe CAMBADELIS: « Il ne me semble pas possible de négocier un traité www.greliermichel.eu
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portant atteinte à notre souveraineté budgétaire sans contrepartie des Allemands sur une modification des statuts de la BCE, à six mois d'une présidentielle ». Dans le camp souverainiste de gauche, c'est l'Allemagne elle‐même qui est attaquée pour ses « diktats ». Arnaud MONTEBOURG : « Mme MERKEL a décidé d'imposer à la zone euro un ordre allemand ». « C'est sur notre ruine que l'Allemagne fait sa fortune ». « La question du nationalisme allemand est en train de resurgir à travers la politique à la Bismarck employée par Mme MERKEL ». Arnaud MONTEBOURG estime que le « moment (est) venu d'assumer la confrontation politique face à l'Allemagne ». François HOLLANDE n'a pas publiquement donné sa position sur ce dossier. Mais l'unanimisme de ses troupes sur le sujet laisse penser qu'il s'agit d'une ligne fixée au sommet du PS. (le 30) François HOLLANDE, qui effectuait une visite au siège des institutions européennes à Bruxelles, a estimé que l'annonce de ce nouveau traité ne changerait rien à la situation. « Je n'accepterai jamais que, au nom du contrôle des budgets nationaux, au nom de la coordination de la politique budgétaire, la Cour de justice européenne puisse être juge des dépenses et des recettes d'un Etat souverain ». (le 30) Arnaud MONTEBOURG : face aux exigences de Berlin pour répondre à la crise de la zone euro, la France doit prendre le risque d'une confrontation avec l'Allemagne. Il dénonce la « politique à la Bismarck » d’Angela MERKEL, qui est en train de « tuer elle‐même la zone euro ». « Mme MERKEL a décidé d'imposer à la zone euro un ordre allemand ». « C'est l'importation des exigences, des diktats allemands sur ce qui restera de la zone euro après avoir expulsé les pays qui ne peuvent pas s'en sortir ». « La question du nationalisme allemand est en train de resurgir à travers la politique à la Bismarck employée par Mme MERKEL (...) Ça veut dire qu'elle construit la confrontation pour imposer sa domination ». Il reprend une expression utilisée par les socialistes allemands du SPD à propos d'Otto VON BISMARCK, le fondateur de l'Empire allemand au XIXe siècle. Aux yeux d’Arnaud MONTEBOURG, « le moment est venu d'assumer la confrontation politique face à l'Allemagne et de défendre nos valeurs ». « L'Allemagne est en train de détruire la zone euro et la France peut sauver la zone euro ». Arnaud MONTEBOURG critique l'action de Nicolas SARKOZY qui « est en train de s'installer sur le porte‐bagages de la droite et du patronat allemand ». « Son incapacité à tenir tête aux erreurs allemandes est une grave préoccupation ». Dans ce contexte de crise aiguë, Arnaud MONTEBOURG met en garde contre une montée des extrêmes sur le Vieux continent. « Nous sommes dans une période où les choix politiques que nous allons imposer à nos peuples sont extrêmement dangereux ». « Si l'Allemagne réussit à imposer la cure grecque à tous les pays, y compris la France, vous aurez la montée du populisme, des nationalismes dans tous les pays et de l'extrême droite ». Pour Daniel COHN‐BENDIT, Arnaud MONTEBOURG a commis une faute en parlant d'une résurgence du nationalisme allemand. « Il faut se calmer ». « Ce type de déclaration à la hussarde a des relents de nationalisme. Heureusement qu’(Arnaud) MONTEBOURG n'est pas aujourd'hui dans un gouvernement... » Si Daniel COHN‐BENDIT reconnaît que « l'hégémonie de l'économie allemande pose un problème », il reproche à Arnaud MONTEBOURG de « sombrer dans le nationalisme au clairon qui ne sert qu'à raviver des sentiments qu'on croyait définitivement derrière nous ». « C'est du mauvais cocorico. Il fait du Front national à gauche ». (le 30) La France s'efforce de limiter les abandons de souveraineté qu'elle devra consentir en www.greliermichel.eu
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matière de contrôle de la politique budgétaire des pays de la zone euro en échange de davantage de solidarité envers les Etats en difficulté. Un haut responsable de l’UMP, resté anonyme : Nicolas SARKOZY est « très vigilant » concernant la nature et l'ampleur des abandons de souveraineté que cela supposerait. « C'est toute la subtilité des négociations actuelles ». Nicolas SARKOZY, candidat encore non déclaré à sa succession, sait combien tout ce qui touche à la souveraineté est sensible dans une bonne partie de l'opinion française. A cinq mois de l'élection présidentielle, Nicolas SARKOZY a de toute évidence à cœur de ne pas raviver les débats qui ont conduit à la victoire du « non » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Valérie PECRESSE : « Nous défendons une position équilibrée entre davantage de discipline budgétaire et davantage de solidarité de façon à ce que les institutions européennes soient plus efficaces dans la protection de la zone euro ». « Ce que nous souhaitons c'est davantage de discipline budgétaire mais une discipline budgétaire assumée par les Etats, avec une vraie association des Parlements nationaux. Donc cette question de la souveraineté, pour nous, ne se pose pas ». Le gouvernement français souhaite qu'une « règle d'or » budgétaire s'impose aux Etats de la zone euro mais à condition qu'elle soit adoptée par les Parlements nationaux et contrôlée par les instances juridictionnelles nationales. « C'est d'abord une discipline qui doit être portée par chaque Etat et ensuite, évidemment, sous le contrôle des institutions européennes ». « C'est en toute souveraineté que la France veut tenir ses engagements de réduction de ses déficits et de son endettement ». (le 30) - Thomas, tu viens de lire, au travers des propos de la porte‐parole du gouvernement, l’autre éclairage de la crise franco‐allemande : les choix seraient exclusifs à l’intergouvernemental (français) face au communautaire de la majorité. Si cela avait été Marine LE PEN, je n’aurais pas écrit une ligne : flatter la haine de l’étranger fait partie de son fonds de commerce habituel. Mais là, il s’agit de l’un des responsables du PS, un homme qui a fait un score plus qu’honorable lors de la primaire de son parti. Qu’a dit le chantre de la démondialisation, l’homme qui a voté « non » au traité constitutionnel européen, le socialiste qui verrait l’euro sombrer sans regret pour susciter ce nouvel article sur sa personne ? Je ne vous fais pas attendre plus longtemps. « La question du nationalisme allemand est en train de resurgir à travers la politique à la Bismarck employée par Mme MERKEL ». « Ça veut dire qu'elle construit la confrontation pour imposer sa domination ». Bien chauffé, Arnaud MONTEBOURG a poursuivi : « Mme MERKEL a décidé d'imposer à la zone euro un ordre allemand (…) C'est l'importation des exigences, des diktats allemands sur ce qui restera de la zone euro après avoir expulsé les pays qui ne peuvent pas s'en sortir ». Bref, c’est le retour du Reich, une nouvelle occupation allemande qui s’annonce. Tout le reste de sa démonstration sur le modèle économique allemand, qui comporte pourtant des éléments intéressants, perd ipso facto tout intérêt. Invoquer les mânes de BISMARCK, le fondateur du Reich allemand, c’est flatter la germanophobie latente qui existe encore en France, exactement comme d’autres le font avec l’antisémitisme. On est même au‐delà du sifflet à ultra‐son qu’aimait utiliser Jean‐Marie LE PEN lorsqu’il parlait de « point de détail » à propos du génocide. Dénoncer le « nationalisme allemand » est non seulement d’une bêtise sans nom, mais montre une profonde méconnaissance de l’Allemagne moderne, ce qui est, hélas, un trait largement partagé par la classe politique hexagonale. Il crache sa haine à coup de clichés nationalistes qui montrent que la www.greliermichel.eu
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réconciliation franco‐allemande, qui date de 1950, n'a toujours pas réussi à pénétrer certains intellects. Daniel COHN‐BENDIT, celui qui a été qualifié en mai 68 par le PC « d'anarchiste allemand », coprésident du groupe vert au Parlement européen, élu alternativement en Allemagne et en France, a dit ce qu’il fallait dire : « (Arnaud) MONTEBOURG sombre dans le nationalisme au clairon qui ne sert qu'à raviver des sentiments qu'on croyait définitivement derrière nous. C'est du mauvais cocorico. Il fait du Front national à gauche ». De fait, (Arnaud) MONTEBOURG a clairement dépassé la ligne rouge de l’ignominie. Le populisme de gauche n'a pas grand chose à envier au populisme de droite dont il emprunte les codes. Je précise, pour (Arnaud) MONTEBOURG, que ce billet n'engage que moi‐même. Pas la peine, cette fois, de me dénoncer à ma hiérarchie. J'assume. (le 30) François FILLON : « Nicolas SARKOZY n'a pas de leçons de patriotisme à recevoir de la part de ceux qui croient défendre l'intérêt national en caricaturant nos alliés allemands ». « Je veux dire solennellement qu'il est grand temps que François HOLLANDE trouve la fermeté de mettre un terme aux dérapages de ses amis, parce qu'un candidat à l'élection présidentielle ne peut pas être l'otage complaisant d'une dérive stupide aux relents germanophobes ». « Il est irresponsable, il est même indécent de jouer sur des formes du sentiment national qui appartiennent au passé et que nous ne voulons pas voir resurgir ». « Il est dangereux d'instrumentaliser le patriotisme pour caricaturer et pour blesser nos partenaires ». François HOLLANDE, qui doit prononcer un discours à Berlin au congrès du SPD, le parti social‐démocrate allemand : « Evitons les phrases qui blessent mais disons‐nous la vérité ». « Nicolas SARKOZY a désormais comme seule vision la copie du modèle d'outre‐
Rhin, sauf d'ailleurs pour le nucléaire ». « Ce n'est pas ma démarche. Avec nos amis allemands, je ferai prévaloir l'opportunité de projets communs notamment en matière industrielle et énergétique, j'éviterai de présenter notre relation comme un directoire à deux qui exclurait les autres pays et occulterait les institutions européennes ». « Aujourd'hui l'Europe a moins besoin d'un traité de plus que d'actions immédiates » et « ce n'est pas l'annonce d'une machinerie qui convaincra les marchés et les citoyens ». (le 04 décembre) -
Je trouve ces informations amusantes, le PS s’en prend aux déplacements de Nicolas SARKOZY. Le PS annonce la saisine de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) sur le coût des déplacements de Nicolas SARKOZY, qui relèvent selon lui d'une campagne électorale. Le PS accuse Nicolas SARKOZY de se servir de ses visites en province, aux frais de l'Etat, pour préparer l'élection présidentielle de 2012. Pascal TERRASSE et Daniel VAILLANT : les déplacements de Nicolas SARKOZY, qui n'a pas encore fait acte de candidature pour un second quinquennat, « relèvent d'actes de propagande ». « Nous estimons que la démarche de Nicolas SARKOZY ne relève pas de ses fonctions de président de la République mais de celles de candidat à sa propre succession ». « Nicolas SARKOZY se sert de l'argent des contribuables pour financer sa stratégie de communication ». Le PS prend pour exemple le déplacement du 25 novembre au Triscastin, dans la Drôme, où Nicolas SARKOZY « a utilisé la tribune qui lui était offerte pour attaquer l'un de ses adversaires sur ses propositions relatives à la politique énergétique de la France ». « Les www.greliermichel.eu
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frais engagés lors de ce déplacement qui s'inscrit dans le cadre de la campagne présidentielle n'ont pas été intégrés aux comptes de campagne de Nicolas SARKOZY ». Pascal TERRASSE et Daniel VAILLANT demandent à la Commission de « déterminer s'il est légitime que les frais engagés par Nicolas SARKOZY lors de déplacements qui relèvent d'actes de propagande soient assumés par le contribuable, et s'ils doivent ou non entrer dans le cadre des comptes de campagne ». (le 30) L'UMP contre‐attaque en demandant une vérification des déplacements des élus locaux du PS lors de la primaire socialiste. C'est l'Association des élus régionaux de France (AERF), structure créée en octobre au sein de l’UMP et présidée par Hervé NOVELLI, qui mène l'offensive en réclamant « la saisine des chambres régionales des comptes sur les dépenses des exécutifs locaux socialistes ». L'AERF souhaite « des vérifications sur les moyens de déplacements utilisés par les présidents de région, les présidents de départements », majoritairement à gauche, « et leurs cabinets pendant la période des primaires socialistes ». Elle exige en outre des « contrôles stricts » sur les moyens des collectivités locales détenues par le PS et « mis au service de leur candidat aux élections », en l'occurrence François HOLLANDE. Pour l'AERF, « les contribuables locaux subventionnent indirectement un candidat qui n'est pas le leur ». « Cela crée de fait une situation d'inégalité de plus en plus flagrante entre candidats qui heurte nombre de nos concitoyens qui le constatent sur le terrain ». (le 01 décembre) - Comment va Eva ? - Elle va. Eva JOLY est venue apporter son soutien à deux propositions de loi déposées par les quatre députés EELV appelées à être débattues, sans grande chance de succès, en séance publique le 01 décembre. « Dans une campagne, ce qui compte c'est de persévérer et c'est d'être assez indifférent aux aléas ». « Je n'ai pas l'intention de relancer ma campagne, je n'ai pas l'intention de la changer. Je dirais que je trace ma route et je trace cette route avec tous les écologistes afin de porter haut et fort les valeurs pour lesquelles j'ai été élue (à la primaire) ». (le 30) Eva JOLY s'est efforcée de refaire l'unité des écologistes avec une équipe de campagne qui fait une place à des figures comme José BOVE et Noël MAMERE, avec comme invité‐
surprise Xavier EMMANUELLI. « C'est une nouvelle étape de ma campagne, toute la famille est là. Si vous avez pu penser qu'il y a eu des moments de solitude, tout cela est bien terminé ». Même Yannick JADOT est présent à une place secondaire, au sein du « conseil stratégique ». L'équipe est très fournie, avec un jeune directeur de campagne, Stéphane SITBON‐
GOMEZ, flanqué d'une « direction de la communication, de la stratégie et du porte‐
parolat » confiée à Serge CORONADO. José BOVE et Michèle RIVASI sont porte‐parole, de même que Dominique VOYNET. Une « direction de la mobilisation » est confiée au jeune Julien BAYOU. Philippe MEIRIEU est chargé du projet présidentiel et Robert LION préparera les propositions de la première année de mandature d'Eva JOLY. Le « conseil stratégique » est animé par Cécile DUFLOT et Noël MAMERE. Le conseil « d'action et de proposition » comporte plus d'une trentaine de membres, dont Alain LIPIETZ. Jean‐Vincent PLACE a le titre de « président du comité de campagne » et Yves www.greliermichel.eu
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CONTASSOT est trésorier. (le 01 décembre) - EELV et François HOLLANDE : des propos emprunts de verdeur. Jean‐Vincent PLACE : « François HOLLANDE reprend à peu près tous les travers de la Ve République, c'est‐à‐dire qu'il pense que seule sa parole compte ». « Je pense qu'il a intérêt à rectifier le tir pour écouter davantage d'une part son propre parti et d'autre part ses alliés, et d'une façon plus générale les Françaises et les Français. Ce n'est pas parce que l'on a la confiance des Françaises et des Français un jour tous les cinq ans que l'on a raison sur tout ». Face à ce nouveau « couac », l’UMP estime que cette mise au point « est très révélatrice de la valeur que François HOLLANDE accorde à l'engagement et à la parole donnée ». « EELV appréciera sans aucun doute cette vision du respect dû à un partenaire électoral. Mais au‐
delà, c'est surtout un message très net envoyé aux Français : l'encre d'un accord à peine sèche, François HOLLANDE n'hésite pas à se déjuger et à revenir sur sa parole ». (le 28) - Autre souci pour les Verts. Coup de tonnerre chez les députés de la Gauche démocrate et républicaine (PCF, Parti de gauche, Verts) : le Front de gauche, qui réunit communistes et Parti de gauche, annonce qu'il prend aux écologistes la présidence du groupe en signe de mécontentement à l'égard de l'accord conclu par le PS et EELV. Les quatre députés écologistes ont immédiatement dénoncé un « diktat » et annoncé leur intention de siéger désormais en non‐inscrits. Les députés communistes déplorent que, dans le cadre de l'accord PS‐EELV en vue des législatives, un candidat écologiste soutenu par les socialistes soit maintenu face au député PCF sortant, François ASENSI, dans la 11e circonscription de Seine‐Saint‐Denis. Roland MUZEAU (PCF) prend la tête du groupe GDR, en lieu et place d'Yves COCHET, appelé à devenir député européen et dont le départ est prévu le 06 décembre. (le 29) - Du côté du candidat‐président. Nicolas SARKOZY propose de « répondre à la crise par le travail, par l'effort et par la maîtrise de nos dépenses ». Il dénonce les « ravages de la mondialisation sans règles », « l'idéologie du laisser‐faire », « la croissance extravagante du secteur financier » mais aussi une « fuite en avant dans l'endettement ». Il estime qu'un « nouveau cycle économique » s'annonce : « un cycle de désendettement ». Pour « parer à l'urgence en évitant de devenir une cible pour la spéculation, la France doit briser le doute sur sa capacité à maîtriser son endettement et à rembourser ses dettes ». Il souhaite que la règle d'or d'équilibre budgétaire soit adoptée. « L'idéal, si chacun faisait preuve de responsabilité, serait de le faire avant l'élection présidentielle ». Nicolas SARKOZY, qui n'a pas encore annoncé s'il briguerait un second mandat, défend son bilan. Il affirme que sa réforme des retraites est « socialement juste ». Et il critique les mesures prises par les socialistes lorsqu'ils étaient aux responsabilités : « la retraite à 60 ans et les 35 heures ont été des fautes graves dont nous payons aujourd'hui lourdement les conséquences ». Il déplore « l'habitude qu'avait prise l'Etat d'être un guichet où l'on répondait 'oui' non pas à ceux qui en avaient le plus besoin mais à ceux qui pouvaient protester le plus et bloquer le plus ». Nicolas SARKOZY s'en prend au programme de François HOLLANDE, sans jamais le nommer. Il considère qu'il ne faut pas « bouder » l'énergie nucléaire ni commettre la www.greliermichel.eu
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« faute invraisemblable » de renoncer au veto français au Conseil de sécurité de l'ONU ‐ même si François HOLLANDE a assuré qu'il n'en avait nullement l'intention ‐. Pour mener « la bataille de l'emploi », Nicolas SARKOZY indique qu'il invitera en janvier 2012 « tous les partenaires sociaux à participer à un sommet sur l'emploi pour que chacun puisse apporter des solutions, faire des propositions ». Il souhaite qu'à cette occasion soient levés « les tabous sur les freins à la compétitivité française ». Nicolas SARKOZY s'est ensuite lancé dans un plaidoyer pour une « refondation de l'Europe ». Il annonce qu'il recevra le 05 décembre Angela MERKEL à l'Elysée. « Ensemble, nous ferons des propositions pour garantir l'avenir de l'Europe ». Il rappelle que « la France milite avec l'Allemagne pour un nouveau traité européen refondant et repensant l'organisation de l'Europe ». Répondant aux inquiétudes sur un abandon partiel de souveraineté, Nicolas SARKOZY affirme qu'il ne s'agit pas d'une « marche vers plus de supranationalité ». « C'est par l'intergouvernemental que passera l'intégration européenne ». « L'Europe peut être balayée par la crise si elle ne se ressaisit pas et si elle ne change pas ». « Schengen doit être repensé et refondé ». « Au sein de la zone euro, il nous faut décider maintenant d'aller sans crainte vers davantage de décisions prises à la majorité qualifiée ». Il rappelle que la France avait proposé l'instauration d'un Fonds monétaire européen comme « rempart face à la spéculation ». Et il souhaite que ce Fonds puisse prendre ses décisions à la majorité qualifiée. Nicolas SARKOZY refuse d'entrer dans le débat sur le statut de la BCE, qui est indépendante et qui « le restera ». Il ajoute ne pas « douter » qu'elle assumera ses responsabilités. (le 01 décembre) Martine AUBRY : « On attendait un président de la République qui tire enfin les conséquences d'une politique qui nous a menés là et qui nous dise comment sortir de la crise, on a eu un candidat à la présidence de la République qui a essayé d'autojustifier son échec et de trouver les responsables ailleurs : ses prédécesseurs, la crise elle‐même, voire les étrangers ». « J'ai vu beaucoup de renoncement (...) Nicolas SARKOZY promettait de mettre la finance au pas : aujourd'hui, c'est la finance qui gouverne l'économie. Rien n'a été fait et il vient de lâcher devant Mme MERKEL ». Benoît HAMON et Bruno LE ROUX : « Nicolas SARKOZY a bel et bien livré un discours de campagne électorale » et « rendu une traditionnelle copie auto‐satisfaite sur son rôle dans la crise », usant « jusqu'à la corde les arguments de peur ». « Nicolas SARKOZY prédit donc : ce sera l'austérité ou la guerre ». Estimant que Nicolas SARKOZY « cède aux injonctions de Berlin en faveur d'un nouveau traité européen et de l'adoption de la règle d'or budgétaire », ils l’accusent d'avoir « justifié l'abandon d'un pan fondamental de la souveraineté de la France » derrière « un discours qui convoque les grands principes, exalte la nécessité de la coopération, le courage ou la responsabilité ». « Désormais, il plaide et milite derrière Angela MERKEL pour un durcissement des règles budgétaires européennes, des sanctions automatiques contre les Etats hors contrôle politique et démocratique ». Eva JOLY : « Trois ans après le premier discours de Toulon, Nicolas SARKOZY a ressorti du frigidaire le même discours tout fait sur la moralisation du capitalisme et les ravages de la dérégulation. Entre‐temps, l'opportunisme et la vacuité de ses propos ont été révélés par l'épreuve des faits ». « Alors que le chômage explose, le discours du Sarkozy‐candidat acte simplement l'échec du Sarkozy‐président, et plus généralement l'échec des droites européennes au pouvoir dans 25 des 27 Etats ». « L'accord qui se dessine entre Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL n'est pas à la hauteur de la crise traversée par l'Europe. Plus de discipline budgétaire en échange d'un peu plus de solidarité : ce sera un coup d'épée www.greliermichel.eu
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dans l'eau si nous n'y ajoutons pas l'harmonisation fiscale et l'approfondissement de la démocratie européenne ». Ségolène ROYAL : « Le show de Toulon Acte 2 est un oral de rattrapage complètement raté ». « Le candidat Sarkozy a parlé d'urgence et de peur. La peur, c'est lui, parce qu'il a aggravé la crise et le chômage. L'urgence, c'est de changer de président en 2012, pour agir vraiment ». Jean‐Michel BAYLET dénonce « le manque de volontarisme politique de Nicolas SARKOZY qui a fait le choix de l'immobilisme pour l'Europe », « le choix d'une Europe impuissante et paralysée par les divisions entre Etats ». « Depuis le début de la crise, les Radicaux ont martelé sans répit l'idée que l'Europe fédérale était la seule solution à la crise que traverse la zone euro ». Il est « nécessaire d'aller au bout » de cette logique pour « démocratiser les institutions mais surtout pour doter l'Europe d'une véritable gouvernance économique et budgétaire ». Thierry MARIANI salue « le discours de vérité d'un président de la République visionnaire, qui ouvre le chemin vers un avenir commun plus sûr au sein d'une Europe politique plus forte et refondée ». Marine LE PEN : « C'est évidemment le candidat qui parle (...) c'est lui qui n'a pris aucune des mesures nécessaires à la protection de nos emplois, à la protection de nos PME‐PMI, depuis cinq ans qu'il est au pouvoir ». « Le problème de Nicolas SARKOZY, c'est qu'il est le promoteur de cette mondialisation, il est le promoteur de son accélération ». « Eh bien, c'est le discours, c'est la vulgate ultra‐libérale qui, justement, sert à l'effacement des frontières que nous subissons depuis dix ans, à la mise en concurrence déloyale de nos industries, de nos agriculteurs, de nos entreprises et à l'effondrement de l'emploi dans notre pays ». (le 01 décembre) - Nicolas SARKOZY est en campagne. - C’est vrai ! Faute de décisions à annoncer, Nicolas SARKOZY a prononcé un discours‐programme dans lequel il a tenté de répondre aux inquiétudes des Français. Le 25 septembre 2008, Nicolas SARKOZY avait lancé dans la même salle un vibrant appel à moraliser et refonder le capitalisme, en pleine tourmente financière internationale venue des Etats‐Unis. Cette fois, c'est à la refondation de l'Europe qu'il appelle devant plus de 5.000 personnes mais sans le même souffle qu'il y a trois ans. L'assistance a surtout réservé ses applaudissements aux piques contre ses rivaux pour l'élection présidentielle, achevant de donner à cette allocution l'allure d'un meeting électoral, malgré l'absence de banderoles et de pancartes. Devant un drapeau français géant, ondulant sur un fond bleu : « Aujourd'hui, la peur est revenue ». Une peur paralysante pour les acteurs économiques et qui, pour la France, est celle de « perdre la maîtrise de son destin ». « L'Europe peut être balayée par la crise si elle ne se ressaisit pas », la crise de l'euro « peut tout emporter » et la disparition de la monnaie unique aurait « des conséquences dramatiques pour les Français ». Nicolas SARKOZY s'est efforcé de rassurer ceux qui, à droite comme à gauche l'accusent de céder à un diktat allemand ou de préparer des abandons de souveraineté au profit des institutions européennes. « La souveraineté ne s'exerce qu'avec les autres ». « L'Europe (...) c'est davantage de souveraineté parce que c'est davantage de capacité à agir ». Quant à la convergence franco‐allemande, elle ne signifie pas qu'un des deux pays se mette « à la remorque de l'autre » ni que les deux renoncent à leur identité. En matière de discipline budgétaire, chaque pays de la zone euro devra inscrire une « règle www.greliermichel.eu
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d'or » en matière d'équilibre de ses finances publiques dans sa Constitution. Concernant la France, « l'idéal, si chacun faisait preuve de responsabilité, serait de le faire avant la présidentielle. Si tel n'était pas le cas, eh bien il faudrait le faire immédiatement après ». Une pierre dans le jardin du PS, qui refuse de voter une telle règle d'or avant les prochaines élections. Tout en défendant son bilan, comme tout chef d'Etat candidat à sa succession, Nicolas SARKOZY multiplie les attaques contre les socialistes, François HOLLANDE, et leurs alliés écologistes potentiels, sans toutefois les nommer. Il les accuse de « mentir gravement » en contestant sa réforme des retraites et de renoncer à l'indépendance énergétique de la France en « boudant l'énergie nucléaire ». La « VIe République » proposée par certains ne serait qu'un retour aux marchandages de partis et n'aiderait pas la France à mieux maîtriser son destin. Il dénonce la proposition du PS et des Verts du supprimer le droit de véto des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, comme la France – « une faute invraisemblable ». La semaine de travail de 35 heures, mise en place par la gauche a été « une faute grave ». Il lui reproche d'avoir choisi une politique de partage du travail « qui a échoué partout dans le monde ». Nicolas SARKOZY a déchaîné des applaudissements particulièrement vifs en dénonçant « une minorité qui voudrait profiter du système sans assumer sa part de devoir » et en affirmant qu'il n'accepterait pas « une immigration incontrôlée qui ruinerait (la) protection sociale » et « déstabiliserait » la société française. Nicolas SARKOZY a indirectement donné raison aux dirigeants socialistes, qui l'accusent de faire campagne aux frais de la République en profitant de sa position de chef de l'Etat au gré de ses déplacements, sans avoir encore confirmé sa candidature. (le 01 décembre) Les responsables socialistes accusent Nicolas SARKOZY d'affaiblir la France sur la scène européenne et mondiale. Les propos étaient plus mesurés que ceux de Jean‐Marie LE GUEN et Arnaud MONTEBOURG ‐ qui ont comparé pour l'un Nicolas SARKOZY à Edouard DALADIER signant avec Adolf HITLER en 1938 les accords de Munich, pour l'autre Angela MERKEL au chancelier Otto VON BISMARCK ‐ mais la critique demeure. François HOLLANDE ne s'était toujours pas exprimé, laissant à ses relais le soin d'attaquer Nicolas SARKOZY. Laurent FABIUS : « Il y a un vrai problème dont il faut prendre conscience : traditionnellement, il y a un couple franco‐allemand, qui est fondamental. Aujourd'hui, ce couple a fait place à un déséquilibre franco‐allemand parce que la France, avec M. SARKOZY, s'est tragiquement affaiblie ». « Si on veut que le couple franco‐allemand soit ressoudé, ce qui est absolument indispensable, il faut que la France se renforce et non pas s'affaiblisse ». Nicolas SARKOZY avait déclaré qu'il ne transigerait pas sur l'union franco‐
allemande et donné des gages de rigueur budgétaire à Berlin tout en se montrant mesuré sur la délégation supranationale de pouvoirs pour contrôler a priori les budgets des Etats membres. Pour Laurent FABIUS : ces propositions « ne répondent pas à la situation ». « On a une situation d'urgence. Ce qu'il (Nicolas SARKOZY) propose, c'est la modification des traités, qui prendra un temps énorme, et ne répond pas à la question du rôle de la Banque centrale ». Pour Manuel VALLS, « c'est une forme de renoncement ». « Nicolas SARKOZY, au cours de ces quatre dernières années, a en permanence oscillé entre la brutalité (...) à l'égard des Allemands et le suivisme. Aujourd'hui, il n'est plus en capacité de résister à la chancelière (Angela) MERKEL ». Nicolas SARKOZY « a affaibli la France au cours de ce quinquennat, il n'a pas réussi à imposer ni la voix ni les propositions françaises et encore moins une www.greliermichel.eu
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relation équilibrée ». « Hier, et c'était vrai il y a encore quelques semaines, Nicolas SARKOZY a abdiqué face à l'Allemagne sur deux sujets majeurs : le rôle de la BCE et l'émission d'eurobonds ». Laurent FABIUS : sur le plan intérieur, « Toulon II, c'est supercherie II ». « Il y avait déjà eu un discours à Toulon il y a trois ans, avec des annonces fracassantes : le capitalisme financier allait être moralisé, les paradis fiscaux, c'était terminé, les rémunérations des dirigeants allaient être encadrées. Et rien ne s'est produit ». Michel SAPIN dénonce « un discours d'amnésie » par lequel Nicolas SARKOZY s'exonérerait de ses responsabilités. « La situation d'aujourd'hui serait la faute à ce qui s'est passé il y a trente ans ? Mais où était‐il ces dix dernières années ? ». « Le président de l'UMP d'aujourd'hui veut faire oublier le président de la République qu'il est et qui est responsable d'une bonne partie de la situation de la France ». Manuel VALLS : l'annonce d'un sommet sur l'emploi en janvier 2012 avec les partenaires sociaux constitue « une provocation ». « Depuis trois ans, il n'y a plus de dialogue social ». « Qui peut croire un seul instant en pleine campagne électorale que ce candidat, Nicolas SARKOZY, peut être sincère dans cette relation avec les partenaires sociaux ? » (le 02) - Sur quoi va s’appuyer la campagne de Nicolas SARKOZY ? - Sur le programme que lui concocte l’UMP. Voici le volet dit « régalien ». L’UMP s'aligne largement sur son aile la plus sécuritaire, la « Droite populaire », et propose de rendre dès 12 ans, avec autorisation des parents, les jeunes délinquants passibles de « travaux de réparation ». Cette proposition suscite des réticences internes, notamment de Nadine MORANO : « Ce sont les parents qu'il faut éduquer, accompagner. On ne va pas descendre à 12, neuf ou huit ans. Ce n'est pas une proposition qui me convient ». L'UMP promet un code pénal pour les mineurs, adapté aux nouvelles formes de délinquance et destiné à « lutter contre le sentiment d'impunité ». Il prône la séparation des fonctions de protection et de répression du juge des mineurs. « La priorité c'est l'amélioration du fonctionnement de la chaîne pénale ». L'UMP promet d'atteindre 80.000 places de prison en cinq ans, ainsi que la suppression des réductions automatiques de peine et l'interdiction des libérations conditionnelles pour les prisonniers qui n'auront pas purgé au moins les deux‐tiers de leur temps de détention, deux mesures proposées par la Droite populaire. L’UMP promet une nouvelle loi de programmation de la justice pour en améliorer l'organisation et un renforcement de la présence des forces de sécurité sur le terrain, sans revenir sur les réductions d'effectifs du présent quinquennat. L'UMP se borne à évoquer un allègement des procédures administratives, un développement des nouvelles technologies et un « usage régulier » des forces mobiles, déjà très sollicitées. « Nous proposons également (...) de mieux maîtriser les flux migratoires », ajoutent les rédacteurs du document dans le sillage de Claude GUEANT, qui jugeait trop élevé le nombre d'immigrés légaux arrivant chaque année en France (environ 200.000). L'UMP propose de durcir les conditions du regroupement familial, d'augmenter le nombre de reconduites à la frontière et la capacité des centres de rétention administrative. L’UMP prône une réforme de l'espace européen de libre circulation des personnes, dit de Schengen, pour mieux en contrôler les frontières. « Un Etat qui ne respecterait pas ses obligations serait sanctionné. Sa participation pourrait être suspendue ». L’UMP propose de durcir les conditions d'obtention de la nationalité française. Aujourd'hui, toute personne née en France de parents étrangers acquiert www.greliermichel.eu
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automatiquement la nationalité française à sa majorité si elle vit sur le territoire français ou y a vécu pendant cinq ans depuis ses 11 ans. « Nous proposons d'inverser la logique ». « Une personne née en France de parents étrangers qui souhaite acquérir la nationalité française devra, entre 16 et 18 ans, en faire la demande ». L'UMP se prononce contre l'octroi du droit de vote et d'éligibilité aux étrangers non membres de l'UE. Pour renforcer le sentiment d'appartenance à la nation, l’UMP veut mettre en place un « parcours de citoyenneté, de civisme et de l'esprit de défense ». Ce « parcours » comprendrait une « cérémonie d'entrée dans la vie citoyenne » à 18 ans, une semaine « Défense et citoyenneté » en lieu et place de l'actuelle journée du même nom et, à terme, un service civique universel et obligatoire. Parallèlement, serait développée une « réserve citoyenne » constituée de volontaires prêts à se rendre disponibles pour des missions d'intérêt général en cas de crise ou pour encadrer le futur service civique universel. Pour lutter contre le communautarisme, l'UMP propose que les fonds étrangers destinés à la construction et à l'entretien de lieux de culte transitent par une fondation nationale propre à chaque confession. L'UMP avait présenté le 22 novembre le volet économique et social de son projet, dans lequel Nicolas SARKOZY pourra puiser s'il se confirme qu'il est candidat à sa propre succession. L’UMP présentera le dernier volet, sur la place de la France en Europe et dans le monde, avant une présentation définitive et un chiffrage à la mi‐décembre. (le 29) - Ton « François du centre présente son programme. Prédisant une « alerte grave » pour l'économie française d'ici l'élection présidentielle, François BAYROU trace les grandes lignes de sa stratégie de redressement jusqu'à l'horizon 2020. Pour François BAYROU, le rétablissement de l'économie française passera dès 2012 par une loi de finances drastique imposant notamment une baisse des dépenses publiques de 5% (20 Mia euro pour l'Etat, 20 Mia euro pour la Sécurité sociale et 10 Mia euro pour les collectivités locales). Au chapitre des recettes, 50 Mia euro supplémentaires seraient réunis grâce au relèvement de l'actuelle tranche à 41% de l'impôt sur le revenu, à la création d'une nouvelle tranche d'imposition à 50% et à environ 25% d'économies sur les niches fiscales. « Un grand effort », mais un effort « accessible » après « trois décennies d'incurie, de légèreté, entre 1981 et 2011 », sans évoquer les possibles aléas de la conjoncture. L'urgence se doublera d'« une action de longue haleine », au rythme de « lois‐cadres » jusqu'en 2020, « horizon crédible » où la France présentera « des comptes publics excédentaires », un taux de chômage à 5%, et un commerce extérieur excédentaire. L'« obsession » productive sera le maître‐mot du redressement. Cette « démarche de gouvernement », que François BAYROU oppose aux « réactions de l'immédiat », « souvent contradictoires, irréfléchies » de Nicolas SARKOZY (qu'il n'a pas cité), trouve son inspiration dans l'« Agenda 2010 » que Gerhard SCHRÖDER dicta contre toute attente à l'Allemagne en mars 2003, six mois après la reconduction de la coalition « rouge‐verte » au pouvoir. L'Allemagne était alors la lanterne rouge de la zone euro ‐ croissance atone, chômage élevé, déficits publics excessifs ‐. Gerhard SCHRÖDER mit l'Allemagne sur la voie d'une réforme radicale de l'Etat providence, avec notamment une diminution des prestations sociales et une revalorisation moindre des retraites. La mesure phare de ce plan fut la loi « Hartz IV », du nom de Peter HARTZ, le responsable du personnel de Volkswagen, qui réduisit considérablement les indemnisations des www.greliermichel.eu
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chômeurs. Déroute politique, qui conduisit à l'éclatement de la gauche, ce plan fut un indéniable succès économique, redonnant à l'Allemagne son rôle de moteur en Europe. « Il ne s'agit nullement pour nous d'imiter l'Allemagne », assure François BAYROU, qui évoque le contraste démographique entre les deux pays. S'il est élu, François BAYROU fera tout pour que la France n'ait pas à vivre le « traumatisme » de la baisse des retraites et de la réduction des salaires des fonctionnaires. François BAYROU préconise, s'il accède à l'Elysée, une loi‐cadre dès l'automne 2012 pour créer un commissariat au Plan nouvelle manière. S'y ajouteraient une loi‐cadre sur l'énergie et une loi‐cadre pour une démocratie qui fera la fierté des Français en 2020, « pas une démocratie qui fait honte ». Cinq forums se dérouleront de janvier à mars 2012 pour confronter les propositions de François BAYROU à l'expérience « des acteurs de la vie réelle » et juger ainsi de la validité de ses choix. « Je vous promets que du jamais vu, on va en voir ». (le 30) - Une série d’informations accessoires mais dignes d’intérêt. François FILLON a rejeté la demande de Marine LE PEN de supprimer le texte de loi qui prévoit l'obligation de rendre publics les noms des 500 élus qui doivent apporter leur parrainage aux candidats à la présidentielle. François FILLON estime que le renforcement de la démocratie locale ces dernières années « conforte le choix du Parlement » que « les élus auxquels il confie la responsabilité de présenter un candidat à la présidence de la République assument pleinement leur responsabilité en rendant leur décision publique ». « Ce caractère public répond à l'exigence de transparence manifestée par nos concitoyens à l'égard de nos élus ». (le 28) Jean‐Luc GUITARD, directeur de Dexia Crédit Local (DCL) pour la France : « On estime le besoin pour les collectivités locales et les hôpitaux en moyenne à 20‐22 Mia euro, et si on en croit les déclarations (...), on sait trouver 10 à 12 Mia euro. Il va en manquer à peu près 10 ». « Vous avez des collectivités locales qui ont des fonds de roulement très importants. On peut financer en tapant dans son fonds de roulement ». DCL souligne qu'il n'y a plus de banque étrangère sur le marché du financement des collectivités locales françaises et que les banques françaises réduisent leur offre de prêts. Dexia est en cours de démantèlement et ses activités de financement des collectivités locales françaises, logées dans la structure de refinancement DexMA, vont être reprises par la Caisse des dépôts (CDC) et La Banque postale. Une nouvelle banque de financement du secteur public local, détenue à 65% par La Banque postale et à 35% par la CDC, doit être créée d'ici juin 2012. Prié de dire si DCL continuera de financer les collectivités locales en 2012, Jean‐Luc GUITARD répond : « On ne sait pas. Cela dépendra de la cartographie de la nouvelle société ». « Il faudra sans doute qu'on prête en début d'année. (...) Je ne peux pas vous dire combien on va prêter ». Dexia est actuellement poursuivie en justice par dix collectivités locales françaises concernant la commercialisation de prêts structurés. Certaines collectivités locales cherchent à modifier les taux d'intérêt de leurs emprunts à taux variables pour passer à des taux fixes. Sur ces modifications de taux, DCL n'entend pas renoncer aux indemnités auxquelles elle peut prétendre en cas de modification à la demande d'une collectivité locale. D'après l'étude annuelle de DCL sur les finances locales en France, la dette pour 2011 des collectivités locales atteindra 154,7 Mia euro, soit 7,7% du PIB. (le 01 décembre) www.greliermichel.eu
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La 27e campagne d'hiver des Restos du Cœur a commencé : 60.000 bénévoles sont mobilisés. L'association, fondée par COLUCHE, veut se faire entendre pour que la campagne pour la présidentielle de 2012 « n'oublie pas les plus pauvres ». Les Restos veulent défendre « la construction d'un programme européen durable de sécurité alimentaire ». En 2010‐2011, les Restos ont accueilli 860.000 personnes, servi 109 millions de repas et aidé 30.000 bébés de moins d'un an. Les Restos, qui comptent 254 lits d'hébergement d'urgence ont aussi logé 2.035 personnes. La campagne d'hiver prendra fin le 23 mars 2012 ; une distribution alimentaire partielle se poursuivra tout l'été. (le 28) Jeannette BOUGRAB est la secrétaire d’Etat française à la Jeunesse. Elle est d’origine arabe. Elle fut présidente de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). « Je ne connais pas d'islamisme modéré ». Les élections en Egypte, en Tunisie et au Maroc après les soulèvements populaires de ces derniers mois ont donné l'avantage à des partis se réclamant de l'islam. « Il n'y a pas de charia light (...) Le droit fondé sur la charia est nécessairement une restriction des droits et des libertés, notamment de la liberté de conscience ». Jeannette BOUGRAB s'inquiète pour les femmes. Elle fait « partie de celles qui estiment qu'on peut interdire des partis politiques fondés sur des pratiques qui portent atteinte à une Constitution ». Elle prend l'exemple de l'Allemagne, où « l'Histoire à montré (...) que la démocratie peut être fragile ». Alain JUPPE est favorable à un dialogue avec les partis « qui ne franchissent pas la ligne rouge ». Il estime qu'on « ne peut partir du principe que tout parti qui se réfère à l'islam doit être stigmatisé ». (le 03) - Et revoilà le dossier final, la saga… - Oui, avec trois volets. - Le premier… Les avocats de Nafissatou DIALLO ont réuni en France « de nombreuses pièces » à même de nourrir la procédure civile engagée contre DSK aux Etats‐Unis. Douglas WIGDOR et Kenneth THOMSON ont passé cinq jours à Paris pour enquêter. Le procureur a abandonné les charges contre DSK au pénal, mais une procédure civile court toujours, à laquelle s'ajoute les supposés liens entre DSK et l'affaire de proxénétisme de l'hôtel Carlton de Lille. (le 29) - Le deuxième… Dans « Affaires DSK, la contre‐enquête », Michel TAUBMANN, le biographe attitré de DSK, dit s'appuyer sur ses confidences. DSK, qui se préparait à une candidature quand a éclaté « l'affaire Nafissatou Diallo », reconnaît dans le livre « une vie sexuelle libre » mais dit qu'un tel comportement n'a rien de rare dans la politique ou les affaires et assure n'avoir « rien fait d'illégal ». DSK donne, pour la première fois en détail, sa version des faits, à la fois sur l'affaire de New York et sur les soirées libertines auxquelles il a participé, évoquées en marge d'une enquête sur un réseau de prostitution. « Rien ne serait arrivé si je n'avais pas eu cette relation consentie mais stupide avec Nafissatou DIALLO ». « Ce jour‐là, j'ai ouvert la porte à toutes les autres affaires ». Le 14 mai, dans la suite 2806 du Sofitel, Nafissatou DIALLO n'aurait été guère surprise ni choquée de voir DSK sortir nu de la salle de bains. Elle se serait dirigée vers la sortie sans se hâter avant de fixer DSK du regard. DSK y aurait www.greliermichel.eu
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vu une invitation et n'aurait pas résisté à la tentation d'un acte sexuel précipité mais consenti. Michel TAUBMANN évoque la possibilité que Nafissatou DIALLO se soit attardée dans la suite pour dérober le téléphone portable du FMI que DSK dit avoir égaré. Michel TAUBMANN relate une conversation téléphonique de DSK avec Anne SINCLAIR dans laquelle DSK évoque le « piratage » de sa messagerie et le fait que des courriels privés échangés avec Anne SINCLAIR se soient retrouvés entre les mains de l'UMP. Cet élément a été avancé récemment par un journaliste américain pour relancer la thèse d'une machination politique dont aurait été victime DSK, scénario que reprend implicitement à son compte Michel TAUBMANN. Michel TAUBMANN revient sur les soirées en compagnie de prostituées évoquées en marge de l'affaire du Carlton de Lille, dans laquelle DSK est cité à de nombreuses reprises. « Lors de ces soirées galantes, il ne débourse jamais un centime ». « Il ne se pose pas la question de savoir si ses partenaires d'un soir sont rémunérées, ce qui n'est pas systématique ». DSK est cité dans le livre à propos de ces soirées, dont l'évocation aura peut‐être dégradé son image plus sévèrement encore que l'affaire Nafissatou Diallo. « Dans la presse, on associe mon nom à la prostitution, c'est insupportable ». « J'ai participé à des soirées libertines, c'est vrai, mais d'habitude, les participantes à ces soirées ne sont pas des prostituées ». « La prostitution, le proxénétisme, je les ai en horreur ». « Ce n'est pas moi, cela. Vous vous rendez compte des dégâts causés sur ma femme, sur nos enfants ? » Comme Michel TAUBMANN lui demande ce qui a changé dans sa vie en six mois, DSK répond : « J'étais en position de devenir président de la République. Et je ne le suis plus, c'est tout ». DSK affirme avoir décidé de modifier radicalement son mode de vie. « J'ai décidé de rompre avec tout cela. C'est fini ». (le 30) Michel TAUBMANN évoque des éléments qui ne figurent pas dans son ouvrage. Le 15 mai, les avocats de DSK sont parvenus à un accord avec le bureau du procureur de Manhattan pour le libérer sous caution de 250.000 dollars. « A ce moment‐là, on lui remet ses papiers (et) il met son blouson. Il va partir. Il laisse son passeport. Il s'engage à rester sur le territoire américain ». Mais le procureur est victime de « pressions et de manipulations » et revient sur cet accord. « Au moment où il doit partir, on lui dit 'ne partez pas, il s'est passé quelque chose de nouveau ». Cela conduira DSK en prison du 16 au 20 mai avant d'être placé en liberté surveillée jusqu'à l'abandon des poursuites le 23 août. Ce revirement est dû à la transmission à New York en provenance de France de certains éléments. Michel TAUBMANN rappelle qu’il ne s'agit pas à l'époque d'antécédents judiciaires qui justifieraient le revirement du procureur, puisque Tristane BANON ne déposera plainte qu'en juillet et que l'affaire du Carlton de Lille n'a éclaté qu'en octobre. « Donc il y a eu une intervention, à un niveau que j'ignore, de certaines personnes qui agissent peut‐être officieusement, à l'insu peut‐être même des plus hautes autorités françaises, mais en tout cas des informations qui viennent de France par des voies judiciaires, diplomatiques ou policières et qui accréditent l'idée que DSK serait impliqué dans d'autres affaires de mœurs ». Michel TAUBMANN n'accuse pas l'UMP, comme a pu le faire un journaliste américain, mais dit tenir ses informations de plusieurs sources dignes de foi. (le 01 décembre) DSK prend ses distances avec les thèses sur les affaires le concernant figurant dans le livre de Michel TAUBMANN. « Face à la multiplication récente d'interprétations d'événements me concernant, je tiens à affirmer que je ne suis engagé ni par les écrits, ni par les www.greliermichel.eu
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déclarations ou témoignages de quiconque, souvent inexacts ». « Comme mes avocats ont eu l'occasion de le dire, je réserve mes explications à la justice, qu'elle soit française ou américaine ». (le 01 décembre) - Enfin le troisième volet. - Celui du Bois de Boulogne ? Claude GUEANT : « oui, j'ai entendu parler de cette histoire au cours de laquelle M. STRAUSS‐KAHN avait été contrôlé au bois de Boulogne par les fonctionnaires en charge de la surveillance de cet endroit lors d'un contrôle de routine », en décembre 2006. « Mais il n'y a aucune procédure à ce sujet ». « Il n'était pas tombé dans un guet‐apens de la police ! Il n'était pas suivi. Ce n'est quand même pas la faute de la police s'il était là‐bas ce soir‐là ! ». Le bois de Boulogne est connu comme un lieu de prostitution parisien. « M. STRAUSS‐KAHN n'était pas espionné par la police française ». Claude GUEANT dénonce une « campagne de rumeurs et de sous‐entendus » sur un éventuel complot contre DSK. (le 04 décembre) Claude GUEANT est accusé de se livrer à une exploitation politique de l'affaire. Jean‐Christophe CAMBADELIS : Claude GUEANT en « fait trop » et « cela finit par être suspect ». « DSK n'est plus candidat à l'élection présidentielle. Il est à terre. Il doit faire face à des attaques de tous côtés. Et Claude GUEANT en rajoute. Plantant sa petite dague. Pourquoi ? » Julien DRAY : « Ca suffit ! ». Il reproche aux ministres de Nicolas SARKOZY de « chercher à rallumer en permanence des polémiques ». « Ils ont tendance à considérer qu'une manière de régler les conflits politiques, c'est d'utiliser les officines, les ragots ». L'un de ses avocats, Richard MALKA, affirme que DSK habitait alors à proximité du bois de Boulogne et qu'il avait fait l'objet d'un contrôle tout à fait banal. (le 04) www.greliermichel.eu
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Semaine 49 – du lundi 05 au dimanche 11 décembre 2011 Au bal des candidats : trois nouveaux danseurs -
Un… François BAYROU, pour officialiser sa candidature à la présidentielle : « Il faut un choc, et un choc salutaire ». Il évoque « la nécessité d'un esprit d'union nationale ». Il juge « inéluctable » que se forme, pour redresser la France, « une majorité du courage » ouverte « à tous les réformistes d'où qu'ils viennent ». Il dresse un tableau très sombre de la situation économique. « Ce que vit la France, ce n'est pas une crise (...) C'est une guerre que nous sommes en train de perdre ». « Nous ne produisons plus en France. Là est la première cause de tous nos maux ». « Les emplois s'en vont. Le pouvoir d'achat s'effondre. Les déficits et la dette explosent. On ne peut plus soutenir les services publics. Les jeunes ne trouvent plus les moyens de s'installer dans la vie. Et la double dégradation, quasiment annoncée, de notre pays, menacé de perdre son triple A, n'est que la sanction de cet affaiblissement ». Pour soigner cette « anémie », François BAYROU suggère « un pacte national pour produire en France ». Il appelle à changer « les habitudes de consommation pour qu'elles deviennent un acte de soutien actif aux produits en France ». Il propose un débat sur la transition « vers des énergies sans nuisances ». « Je ne ferai pas de promesses agréables avant les élections, désastreuses après parce qu'on ne les tient jamais ». Il s'engage à réaliser « l'égalité réelle entre les femmes et les hommes ». En matière de lutte contre la corruption, il garantit « que dans l'ère nouvelle qui va s'ouvrir, aucun réseau d'influence financier ou partisan, aucun intérêt particulier, aucun mélange des genres n'aura droit de cité au cœur de l'Etat ». « Je serai le porte‐parole non d'un parti mais de l'intérêt général ». « Je ne concéderai rien aux candidats qui se croient favoris ». « Je leur dirai en face que la France a besoin de tourner la page sur leur double et successive hégémonie et sur les erreurs dont ils ont été tour à tour responsables ». (le 07) -
Deux ? Nicolas DUPONT‐AIGNAN confirme sa candidature à la présidentielle pour « rendre à la France sa liberté ». Il entend incarner un « patriotisme tranquille » par contraste avec celui de Marine LE PEN. Il prône une sortie de l'euro, dont il est l'un des farouches opposants, et la mise en place d'un « protectionnisme intelligent ». Pour Nicolas DUPONT‐AIGNAN, la présidentielle sera peut‐être la dernière élection libre, « parce qu'après ce sera Bruxelles qui décidera des impôts ». Il voit dans l'accord obtenu à Bruxelles en matière d'intégration économique et budgétaire, une « gigantesque escroquerie ». « Derrière des apparences de rigueur, on ne sauve pas l'Europe mais un système qui ne marche pas, qui ruine l'Europe, nourrit le chômage, suscite les délocalisations ». Nicolas DUPONT‐AIGNAN avait rompu avec l'UMP en 2007. (le 09) -
Et trois… Dominique de VILLEPIN se présente comme un « gaulliste indépendant » et au dessus des partis. Il se porte candidat à l'Elysée pour « rassembler tous les Français ». « J'ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle de 2012 ». www.greliermichel.eu
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Dominique de VILLEPIN n'a jamais occupé de fonction élective. Il défend « une autre façon de faire de la politique ». « Je ne suis pas pour la République des partis. Je ne crois pas que la vérité soit à droite ou à gauche ou au centre ». « Il y a surtout besoin d'une République de citoyens ». « Pendant six années, on a tout fait pour m'écarter de la vie politique, multipliant des accusations fausses ». Dominique de VILLEPIN assure entretenir désormais avec Nicolas SARKOZY « des relations républicaines et apaisées ». « Je ne me suis jamais déterminé en matière politique pour des raisons personnelles ». « J'ai laissé la rancune de côté ». « Ce qui m'importe aujourd'hui, c'est l'intérêt de la France ». « La France est humiliée quand elle subit la loi de la République des partis ». Il accuse le PS et EELV de « discuter le bout de gras sur le comptoir ». A ses yeux, la France est humiliée aussi par la « loi des marchés qui nous impose toujours plus d'austérité ». « Nous nous alignons sur des intérêts qui ne sont pas ceux de la France, je crois qu'il faut plus de courage que cela ». « La République, surtout quand elle est en crise, a besoin de se rassembler et ce que je veux, c'est rassembler tous les Français ». « Les partis politiques, ce n'est pas l'intérêt national ». Le « mouvement » qu'il a fondé, République solidaire, « se situe résolument au dessus des partis ». « Dans cette campagne de 2012, il y aura des surprises, beaucoup de surprises ». « Et j'ai confiance dans la capacité des Français à discerner ce qu'est l'intérêt général et à quel point, plus que jamais, l'union nationale s'impose à nous tous ». Certes, une campagne présidentielle coûte cher, mais « les moyens suffisants, ce sont les Français qui me les donneront ». « Et j'ai confiance dans la mobilisation des uns et des autres pour me permettre de mener cette campagne à la hauteur des ambitions qui sont les miennes ». (le 11) -
Les autres danseurs continuent de tourner sur la piste ? Oui. Quatre… Eva JOLY répond aux critiques sur son accent en le revendiquant dans un clip vidéo, le présentant comme une preuve du rayonnement de la langue française dans le monde. Eva JOLY revendique son appartenance à la « France des accents », « parce qu'une République sans accent(s), ça n'a pas de sens ». La vidéo d'EELV commence sur un zapping de critiques ou moqueries à l'encontre de l'accent d’Eva JOLY d'origine norvégienne, avec en fond sonore, « Douce France » de Charles TRENET. On y voit Jean‐Marie LE PEN imiter son accent, le couturier allemand Karl LAGERFELD parler d'« insulte à la langue française », ou encore François FILLON déclarant qu'Eva JOLY n'a pas « une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française ». La vidéo se poursuit avec les témoignages de Français aux divers accents, internationaux et régionaux, qui se disent « Français par choix et par conviction ». Parmi eux, Jean‐Vincent PLACE, qualifié en septembre de « Coréen national » par Alain MARLEIX (UMP). « En France, l'espoir résonne de tous les accents du monde ». (le 09) -
Cinq, Marine LE PEN ? Marine LE PEN veut être « la présidente du retour au réel, des oubliés et des invisibles de la politique française ». Elle dénonce la collusion entre une droite « affairiste et immorale » et une gauche « boboïsée et corrompue ». Elle s'adresse aux « agriculteurs, aux chômeurs, aux ouvriers, aux jeunes, aux artisans, aux commerçants, aux retraités, aux habitants des www.greliermichel.eu
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campagnes ». Elle fustige la « caste » politique « francophobe » et « européiste ». « Pour eux, face à leur Dieu, le triple A, vous êtes des triples riens ». Elle critique le « dogme sacré » de l'euro, qui n'est à ses yeux qu'une monnaie mal construite et surévaluée, elle qualifie la devise européenne de « carcan », de « prison », d'« erreur » et même d'« énorme catastrophe ». « La fin de l'euro, c'est juste la fin d'une opération ratée ». Elle suggère d'en négocier la sortie. « Le coût d'un éclatement non maîtrisé de la zone euro sera bien supérieur à celui d'une négociation intelligente de la fin de cette expérience ». Elle propose de retirer le drapeau européen des édifices publics français pour que n'y flotte plus que la bannière bleu‐blanc‐rouge. Elle prône une « réindustrialisation » de la France. Elle promet une « grande loi 'achetons français' » pour « valoriser partout le 'made in France' ». Elle se déclare « convaincue que la France n'est pas condamnée à devenir une friche industrielle géante ». Elle plaide pour un « patriotisme économique », un soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) et davantage de protectionnisme. « Nous ne pourrions jamais être compétitifs avec la Chine, sauf à manger un bol de riz par jour, à gagner 100 euro par mois et à faire travailler nos enfants ». Marine LE PEN critique les « voyous de banlieue ». « La jeunesse française ne se résume pas aux hordes de barbares qui polluent nos cités, profitent de l'argent public dilapidé dans une soi‐disant politique de la ville, et passent leur temps à brutaliser les autres ». Elle propose de « remettre l'école républicaine à l'endroit en rétablissant les concepts d'ordre, de discipline ». Elle plaide pour l'interdiction du tutoiement du professeur par l'élève. « Les métiers manuels doivent être revalorisés ». Elle se prononce pour la fin du collège unique. Elle suggère d'interdire le port de signes religieux ostentatoires, à commencer par le voile islamique, aux usagers des services publics ‐ et non plus seulement aux agents. (le 11) - Jean‐Luc MELENCHON, six. Jean‐Luc MELENCHON a réussi à prendre la tête de la gauche antilibérale et rêve d'une percée dans la cour des grands. Il est parvenu à éclipser ses concurrents trotskystes et à distancer Eva JOLY. Face à Jean‐Luc MELENCHON, qui a parfois des accents de tribun, les candidats du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et de Lutte ouvrière, Philippe POUTOU et Nathalie ARTAUD, en sont réduits à faire de la figuration. Jean‐Luc MELENCHON s'est fixé pour objectif ambitieux de devancer François HOLLANDE. Son programme s'est vendu à 250.000 exemplaires. (le 06) Jean‐Luc MELENCHON dénonce le « contresens politique total » que constituerait un rapprochement de François HOLLANDE et François BAYROU après le premier tour de la présidentielle. « Qu'est‐ce qu'un homme de gauche va faire à aller chercher un homme de droite pour gouverner avec ? ». « Monsieur BAYROU n'est pas simplement un amuseur public. Il a un programme et des idées qu'il a défendues avec constance. Pour quelqu'un de gauche, rien de ce qu'il dit ne correspond à notre programme. Qu'est‐ce que, nous la gauche, irions faire avec un tel équipage ? ». « Le débat de l'alliance avec le centre occupe le PS depuis bientôt trente ans. A chaque élection, il revient ». « François HOLLANDE a décidé tout seul que cette alliance se ferait contre l'avis de son parti et des millions d'électeurs socialistes qui ne veulent pas entendre parler de cette histoire‐là ! Ça met la gauche en grand danger d'être globalement disqualifiée ? » « Le Front de Gauche lui ne s'alliera jamais avec Monsieur BAYROU. Il faut que François HOLLANDE y réfléchisse bien. C'est l'un ou l'autre ! ». (le 07) www.greliermichel.eu
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Sept, François HOLLANDE ! A la différence de beaucoup d’autres, lui, il a un répertoire de danses. Et il les pratique régulièrement. Danse exotique… allemande. François HOLLANDE prône une « relation franco‐allemande équilibrée », à l'occasion de son discours lors du congrès du SPD, à Berlin. Il exprime sa vision des relations franco‐
allemandes. Il n'évoque pas la polémique sur les « relents germanophobes », dénoncés par François FILLON. « Je viens devant vous désormais comme candidat à la présidence de la République française, conscient des responsabilités qui sont les miennes, dans un moment d'une considérable gravité pour l'euro et pour l'Europe ». Il affirme « la force (qu'il) accorde au lien entre (les) deux Etats ». « Cette amitié franco‐allemande nous l'avons toujours voulue dans l'égalité et le respect. Non pas dans l'imitation, la copie, mais dans la reconnaissance de nos atouts mutuels. Non pas dans le déséquilibre mais dans la poursuite d'une ambition commune. Non pas dans la méfiance mais dans la franchise ». « L'Europe pour avancer a besoin d'une relation franco‐allemande équilibrée ». « Nous sommes conscients qu'aucun pays n'a de leçons à donner à l'autre et que l'isolement ou l'entêtement seraient la pire attitude. Nous avons besoin d'un compromis dynamique ». Pour résoudre la crise de la dette en Europe, François Hollande propose un « pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance ». Il souhaite doter « beaucoup plus fortement » le FESF. Il se montre prudent sur la BCE : « Je respecte son indépendance, je la voudrais plus attentive à la situation de notre économie réelle, je souhaite qu'elle puisse élargir son rôle de prêteur et intervenir de façon mesurée contre la spéculation dans le cadre de ses actuels statuts ». François HOLLANDE réclame la mise en place d'euro‐
obligations. Il conclut : « Das schaffen wir gemeinsam, Deutschland und Frankreich ». « Wir gewinnen zusammen » (Nous allons réussir ensemble, l'Allemagne et la France. Nous allons gagner ensemble). (le 05) François HOLLANDE : l'accord franco‐allemand manque d'« ambition ». Espérer remédier à la crise de gouvernance de la zone euro en annonçant un nouveau traité est « une illusion ». A ses yeux, Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL n'ont pas été à la hauteur de la situation. « Le doute s'est installé sur l'affichage des perspectives de réduction des déficits » à cause du ralentissement de la croissance économique. Cette situation marque « un échec (...) de la politique qui est conduite depuis cinq ans ». « Je ne souhaite pas qu'il y ait une dégradation de la note de la France ». François HOLLANDE refuse de s'engager sur la règle d'or que réclame Nicolas SARKOZY. « Je ne vais pas me prononcer sur une mécanique qui pour l'instant n'a pas été précisée ». « Ce n'est pas une règle qui fait une politique, c'est une politique qui permet de respecter des règles ». « Si je suis élu président de la République, je ferai voter une loi de programmation de nos finances publiques pour ramener à l'équilibre nos comptes à l'horizon 2017 ». « La règle d'or, ça sera après la présidentielle ». « Ce sera à chacun des candidats de présenter ce qu'il fera pour rétablir les comptes publics, la manière de le faire, les dispositions qu'il faudra prendre et à quel niveau ‐ constitutionnel ou pas ‐ et c'est ensuite aux Français de juger ». « De toute manière, la règle d'or, elle ne peut pas être votée avant l'élection présidentielle ». En matière d'institutions, François HOLLANDE propose une réforme de la présidence européenne, suggérant de « fusionner » les fonctions de président de la Commission européenne et de président du Conseil européen, mais aussi de rendre ce nouveau président « responsable devant le Parlement européen et un jour de le www.greliermichel.eu
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présenter au suffrage du peuple ». (le 06) François HOLLANDE, pour qui la désindustrialisation n’est pas une fatalité, veut faire de la réindustrialisation de la France sa priorité et a plaidé pour le « patriotisme industriel ». « Il y a eu 400.000 pertes d'emplois industriels en France en cinq ans, mais pendant les cinq ans qui viennent, nous allons réindustrialiser la France, augmenter la capacité de production, c'est un véritable enjeu pour notre compétitivité et pour notre balance commerciale ». (le 07) -
Une spectatrice juge François HOLLANDE. Valérie PECRESSE critique durement le programme économique et la personnalité de François HOLLANDE, trop « faible ». « Quand on traverse une zone de turbulences, on a besoin d'un leader ». « Je vois François HOLLANDE faible avec les Verts, faible avec M. MONTEBOURG et M. LE GUEN qui attaquent nos partenaires allemands, faible sur le Nord (sic) –Pas de Calais ». Elle fustige le programme économique de François HOLLANDE, qui prévoit « un choc fiscal de 30 Mia euro ». Pour preuve le projet de loi de finances 2012 voté par le Sénat qui détricote le texte voté par l'Assemblée nationale. « C'est un budget surréaliste : ils ont annulé dix missions de l'Etat ». « Si on appliquait le budget socialiste voté au Sénat, on ne pourrait pas payer des millions de fonctionnaires, et notamment dans l'Education nationale et dans la police ». Valérie PECRESSE : la gauche « refuse aujourd'hui de voter la règle d'or » et le Sénat a voté « deux Mia euro de dépenses sociales en plus ». (le 11) -
On aurait pu faire, ensemble : « Et de huit ! », mais il n’est pas encore candidat. Il est très occupé par l’euro, le soutien d’Angela MERKEL, la discipline budgétaire et sa règle d’or constitutionnelle. Nicolas SARKOZY : « Les paroles qui ont été entendues déconsidèrent ceux qui les ont prononcé à l'endroit de nos amis allemands ». « Mme MERKEL sait bien que ces propos ne sont pas tenus par des gens responsables ». « Je souhaite que quel que soit le calendrier électoral, chacun sache se hisser à la hauteur de ses responsabilités et ne pas jouer avec l'histoire de nos deux pays ». Notant que François HOLLANDE se trouvait au congrès du SPD, Nicolas SARKOZY lui rappelle que « les socialistes allemands ont voté la règle d'or » budgétaire. Nicolas SARKOZY dit ne pas croire que François HOLLANDE pourrait faire preuve d'une « telle incohérence » en revenant en France « en en tirant la conclusion qu'il ne faut pas voter la même règle d'or ». « Vérité d'un côté du Rhin, vérité de l'autre ». (le 05) Les socialistes français risquent d'être contraints d'adopter une « règle d'or » à l'allemande enserrant les budgets dans un carcan très strict s'ils reviennent au pouvoir en 2012. L'inscription de cette disposition dans les constitutions de tous les pays de la zone euro est l'annonce la plus forte faite par Angela MERKEL et Nicolas SARKOZY dans leur accord pour un nouveau traité européen qui sera soumis à leurs partenaires européens. Les gouvernements des pays de la zone euro s'étaient déjà prononcés pour l'adoption d'une telle règle dans l'espoir d'apaiser les marchés affolés par la spirale de l'endettement. Mais ils n'avaient précisé ni le contenu précis du dispositif, qui pouvait varier en rigueur d'un pays à l'autre, ni la manière dont serait mesurée sa qualité. www.greliermichel.eu
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Le couple franco‐allemand a franchi un pas décisif. La règle d'or à laquelle souscriraient les Vingt‐Sept ou, au moins, les pays de la zone euro sera « renforcée » et « harmonisée », ont dit Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL. Sa qualité sera mesurée par la Cour de justice de l'UE et, une fois en place, son respect sera surveillé par les cours constitutionnelles des Etats membres. En cas de violation, des sanctions quasiment automatiques frapperont les pays qui laissent filer leurs déficits. En clair, il ne pourra pas s'agir d'un vague engagement de retour à l'équilibre pendant une législature, comme l'envisageait Nicolas SARKOZY et comme le promet François HOLLANDE. Il s'agira d'une interdiction de dépasser un seuil très bas de déficit, comme prévu par l'Allemagne. Si ce dispositif est approuvé en mars 2012 par les pays de l'UE‐27 ou, à défaut, par les seuls pays de la zone euro, la signature de la France sera engagée par un traité international, même s'il restera à le faire ratifier par les parlements. Les socialistes auront alors peu de marges de manœuvre pour s'y opposer. On risque de se retrouver dans la situation de 1997, après l'adoption du pacte de stabilité de l'euro voulu par l'Allemagne pour sanctionner les pays qui ne respecteraient pas leur engagement de limiter leur déficit lorsque l’euro serait introduit en 1999. A l'époque, les socialistes avaient annoncé, avant leur arrivée au pouvoir sous forme de cohabitation entre Jacques CHIRAC et Lionel JOSPIN qu'ils renégocieraient ce pacte beaucoup trop punitif à leurs yeux, envoyant une véritable onde de choc en Europe. Dominique STRAUSS‐KAHN, alors ministre de l'Economie, avait mené cette négociation dont le principal résultat avait été de modifier la dénomination du dispositif, rebaptisé « Pacte de stabilité ET de croissance ». Les socialistes français risquent de devoir accepter une règle d'or beaucoup plus dure que celle proposée par Nicolas SARKOZY, qui hésite à convoquer le Congrès, où elle devrait être approuvée avec les 3/5e des suffrages, un seuil hors d'atteinte actuellement. Nicolas SARKOZY a beau jeu d'ironiser sur le fait que François HOLLANDE, qui ne veut pas lui offrir une victoire politique en pleine campagne électorale, rejette une règle d'or acceptée par l sociaux‐démocrates allemands. Pour l'instant, le PS campe officiellement sur sa position. Pierre MOSCOVICI : « La véritable règle d'or, c'est la crédibilité dans les engagements de maîtrise des finances publiques, non une norme érigée en dogme, proposée par un président (Nicolas SARKOZY) qui a laissé filer les déficits, et dont l'action depuis cinq ans menace la signature de la France ». (le 06) -
Thomas, tu te doutes que les réactions ont été rapides, nombreuses et vigoureuses. L'opposition de gauche sort l'artillerie lourde contre l'accord franco‐allemand qui obéit, selon elle, à la volonté d’Angela MERKEL et constitue un abandon de souveraineté. Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL ont annoncé un accord. Cet accord est critiqué par le PS mais aussi par les écologistes et le Parti de Gauche, qui dénoncent la politique d'austérité. Paris et Berlin souhaitent notamment des sanctions automatiques en cas de non respect de la règle du déficit public inférieur à 3% du PIB pour les pays de la zone euro et l'adoption par ces pays d'une règle d'or d'équilibre budgétaire. Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL ont rejeté le recours aux euro‐obligations et se sont abstenus de faire des commentaires sur la politique de la BCE. Benoît HAMON : « Cela confirme ce que nous redoutions, c'est un véritable abandon de souveraineté de la France ». « Ce que j'observe, c'est que Mme MERKEL voulait un nouveau traité, ce qui paraît assez curieux pour répondre à la crise, mais elle a obtenu son nouveau traité ». « Elle ne voulait pas que l'on change les règles de la BCE et elle a obtenu satisfaction. Elle ne voulait pas des eurobonds, elle a obtenu satisfaction. Elle voulait de la www.greliermichel.eu
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discipline budgétaire et des sanctions automatiques, elle a gagné ». Jean‐Marc AYRAULT : « M. SARKOZY a tout lâché de ce que défendait la France : la mutualisation de la dette, le soutien de la BCE aux Etats, la souveraineté budgétaire des gouvernements, le contrôle démocratique des peuples ». L'accord a été accueilli de manière négative par les écologistes comme par le Parti de Gauche. Eva JOLY : « La solidarité n'a pas été au menu du déjeuner MERKEL‐SARKOZY ». « L'Europe ne peut se construire uniquement sur l'austérité et la discipline budgétaire ». « En cantonnant l'UE au rôle de père‐la‐rigueur, Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL prennent le risque de casser le lien entre les citoyens et le projet européen, et de nous enfoncer toujours plus dans la crise ». Martine BILLARD (Parti de Gauche) : « Malgré la crise et la nécessité de stopper la spéculation, Mme MERKEL et M. SARKOZY n'en démordent pas : les peuples doivent payer l'austérité ». « Bien que tous leurs remèdes aient échoué en Grèce, ils persistent à les appliquer en Italie, en Espagne et bientôt en France ». « Le Parti de Gauche n'accepte pas cette mise sous tutelle de notre pays ». (le 05) François BAYROU qualifie de « blague » le nouveau traité européen proposé par Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL. (le 06) - Le danseur n°8 fait des entrechats… Nicolas SARKOZY s'est livré à un numéro de charme à destination des salariés de la SNCF et de la RATP et s'est érigé en défenseur du service public. Après l'inauguration de nouvelles rames à deux étages du RER A, Nicolas SARKOZY évoque la modernisation des réseaux de banlieue de la région parisienne à grand renfort de chiffres. Il rappelle que l'accord du 26 janvier sur le Grand Paris avec les collectivités locales prévoit une enveloppe de 12,5 Mia euro pour la modernisation du réseau. « La crise doit nous conduire à diminuer nos dépenses de fonctionnement mais à augmenter nos dépenses d'investissement. La crise ne peut pas être un prétexte à l'abaissement de la qualité du service public ». Ces décisions d'investissement visent aussi à améliorer les conditions de travail des salariés des transports en commun franciliens. « En tant que chef de l'Etat, je dois vous défendre lorsque vous êtes injustement attaqués. On vous a demandé beaucoup » ; il cite la mise en place d'un service minimum en cas de grève et la double réforme des retraites ‐ celle des régimes spéciaux et celle du régime général. « Le service minimum n'est pas pour nous une façon de faire moins de dialogue social ». « Ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est les deux ». « Je n'ignore rien de la difficulté de votre travail, simplement, c'est le service public, c'est sa grandeur : il ne s'arrête pas ». Nicolas SARKOZY dit vouloir rendre hommage aux salariés de la SNCF et de la RATP, dont il assure comprendre qu'ils peuvent parfois ressentir de l'ingratitude de la part des usagers. « On ne parle que des trains qui ont du retard et pas des trésors de patience qu'il vous faut pour accueillir ces millions de passagers aux heures de pointe chaque jour. Vous faites un travail irremplaçable et vous le faites bien ». Nicolas SARKOZY invite les élus à être raisonnables et à surmonter les clivages politiques quand il s'agit des transports collectifs. « Il n'y a pas un métro de gauche et un métro de droite (...) Nous avons le devoir de nous hisser au‐dessus de nos différences pour prendre des décisions qui amélioreront le quotidien des Français ». (le 05) -
Troisième volet programmatique de l’UMP www.greliermichel.eu
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L'UMP propose une institutionnalisation poussée de l'Eurogroupe et des taxes anti‐
dumping aux frontières de l'UE dans le volet international de son projet pour les élections de 2012. L’UMP souhaite que les chefs d'Etats et de gouvernement des 17 pays de la zone euro se réunissent au moins six fois par an sur une base régulière et se dotent d'un secrétariat permanent pour assurer le suivi de leurs décisions. Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL proposent une réunion mensuelle du sommet de l'Eurogroupe sur les questions de croissance mais seulement tant que la crise durera. L'UMP suggère la création d'une « assemblée parlementaire de la zone euro » regroupant des députés européens et des représentants des parlements nationaux. Cette assemblée « assumera un rôle de contrôle et de suivi des décisions prises lors des sommets de la zone euro » et « donnera une légitimité démocratique plus forte aux décisions européennes ». Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL veulent imposer à tous les Etats de la zone euro l'adoption d'une « règle d'or » d'équilibre budgétaire. L'UMP en fait un préalable pour tout pays souhaitant désormais rejoindre la zone euro. Au niveau de l'UE à 27, l’UMP plaide pour la nomination d'un commissaire européen commun à la concurrence et à la politique industrielle et pour une politique différente de la Commission européenne dans ces deux secteurs. L'UMP souhaite que la Commission européenne facilite l'émergence de champions européens dans l'industrie et les services, au lieu de l'entraver au nom de la concurrence, et cesse d'avoir un a priori négatif vis‐à‐vis des aides d'Etat. L’UMP propose de défendre au niveau européen une politique commerciale fondée sur la réciprocité en matière de normes environnementales et sociales et d'aides publiques. « Nous souhaitons que ce principe de réciprocité dans les relations commerciales se traduise par la mise en place de 'taxes de réciprocité' aux frontières de l'Europe ». Cette fiscalité, qui intègrerait notamment une « taxe carbone », devra être modulée pour « corriger les phénomènes de concurrence déloyale de la part de pays n'ayant pas les mêmes normes ». L’UMP souhaite que ce principe de réciprocité soit étendu à l'accès aux marchés publics. L'UMP recycle la vieille idée des coopérations renforcées entre pays membres de l'UE volontaires en plaidant pour la création d'« avant‐gardes d'Etats pionniers ». L’UMP réaffirme son opposition à l'entrée de la Turquie dans l'UE. L’UMP propose de fusionner le G8 et le G20 et de doter la nouvelle instance d'un secrétariat. Au niveau national, l’UMP se fixe pour objectif, pour le prochain quinquennat, de doubler le nombre des PME et entreprises de taille intermédiaire françaises exportatrices pour le porter à 200.000. (le 06) -
Sur le trottoir d’en face, le PS a des soucis avec une nouvelle fédération : après le 13, voici le 62. Martine AUBRY annonce la création d'une commission d'enquête sur le financement et le fonctionnement de la fédération du Pas‐de‐Calais du PS après des soupçons de corruption visant plusieurs élus. Martine AUBRY proposera à la Convention nationale du 10 décembre le gel de la désignation du député‐maire PS de Liévin, Jean‐Pierre KUCHEIDA, pour les élections législatives de 2012. Martine AUBRY réagit à une démarche d’Arnaud MONTEBOURG qui, après avoir dénoncé le « système Guérini » à Marseille, est parti en guerre contre une possible corruption d'élus socialistes dans le Pas‐de‐Calais. La commission d'enquête, présidée par www.greliermichel.eu
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Alain RICHARD, devra rendre ses conclusions au plus tard dans six mois. Jean‐Pierre KUCHEIDA accueille le gel de sa candidature avec l'esprit tranquille, dénonçant « du pur fantasme, du délire, des ragots de bas étage et de caniveau ». « Je ne vais pas sauter/ de joie évidemment, mais avec le déchaînement médiatique autour de faits totalement fantasmés c'est finalement une manière de protéger notre candidat à la présidentielle (François HOLLANDE) ». « Moi je fais mon boulot depuis 30 ans pour le bassin minier, j'ai l'esprit tranquille, plus que tranquille ». Dans cette affaire, Arnaud MONTEBOURG s'est notamment appuyé sur les propos de l'ancien maire d'Hénin‐Beaumont Gérard DALONGEVILLE, qui a expliqué en décembre 2010 à la juge qui l'a mis en examen pour détournement de fonds publics qu'il ne voulait pas tomber seul. Selon Gérard DALONGEVILLE, plusieurs entreprises de la région achèteraient des hommes politiques et la fédération du Pas‐de‐Calais en échange de l'attribution de chantiers publics. Le parquet de Lille a ouvert au printemps une enquête préliminaire à la suite de courriers de Gérard DALONGEVILLE qui a mis en cause plusieurs grandes sociétés dont la Soginorpa, qui gère les anciens logements miniers, présidée par Jean‐Pierre KUCHEIDA. Catherine GENISSON, première secrétaire de la fédération du Pas‐de‐Calais, rejette les accusations de corruption et dit considérer le gel de la désignation de Jean‐Pierre KUCHEIDA comme « provisoire ». « Cela ne me soucie pas du tout, je suis persuadée que c'est une mesure temporaire et provisoire qui sera levée ». « Cette mesure durera le temps que Jean‐Pierre KUCHEIDA puisse se défendre ». (le 08) -
Et dans le 62, il y a Jack LANG. Dans sa missive adressée à Martine AUBRY, Arnaud MONTEBOURG évoque un système de corruption bénéficiant de « complicités » au plan national, ajoutant: « (...) et dont la présence de Jack LANG dans ce département n'est qu'un des tristes symptômes ». Jack LANG : « Je découvre avec dégoût les extraits d'une lettre d'Arnaud MONTEBOURG. Je ne suis évidemment ni de près ni de loin lié au fait rapporté sur le Pas‐de‐Calais par lui ». « Je ne suis en rien concerné par les diatribes et les appréciations à l'emporte‐pièce proférées par Arnaud MONTEBOURG ». S'estimant diffamé, Jack LANG dit envisager des poursuites judiciaires. (le 09) - Elle ne pouvait pas laisser la querelle s’envenimer et la situation se pourrir. Martine AUBRY fustige « l'ego de quelques‐uns », visant clairement Arnaud MONTEBOURG. « Nous avons tout pour gagner en juin. Tout, sauf l'ego de quelques uns (...) qui ne sont jamais en avance pour faire parler d'eux d'une petite phrase contre d'autres camarades » ou de « positions différentes du parti ». « Je comprends que Jack LANG soit insupporté par les propos d'un de ceux dont l'ego a besoin de se démontrer ». « Mon rôle, c'est de faire respecter, non seulement les positions du parti, mais celles de notre candidat et de ne plus accepter aucun ego ». « Jeter l'opprobre sur toute une fédération où il y a des milliers de militants qui font le même travail que font tous ceux qui m'entourent et tous les militants de France, c'est inacceptable, surtout quand c'est pour faire parler de soi et de soi‐
même ». « Je ne suis pas, moi, une justicière ». Martine AUBRY souhaite que « la justice dise rapidement » ce qu'elle pense des soupçons de corruption au sein de la fédération. « La seule personne qui est mise en cause, pour l'instant, je ne sais absolument pas ce qu'il en est ». « On a appris hier, ça a été confirmé par la justice, qu'il y avait une enquête qui était portée sur la fédération du Pas‐de‐Calais et sans doute sur un élu ». « Je ne sais pas www.greliermichel.eu
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aujourd'hui si ces accusations sont fondées ou non ». Elle explique que Jean‐Pierre KUCHEIDA « n'est pas mis à l'écart du parti socialiste », mais que « sa circonscription est gelée en attendant que la justice s'exprime ». (le 10) -
Le PS tient une convention pour donner ses investitures. La convention d'investiture s'est déroulée sans François HOLLANDE, qui « ne se laissera pas entraîner par les affaires internes du PS ». Il « ne plongera pas dans ce petit bain de petites phrases qui n'ont aucun sens ». Jack LANG confirme qu'il n'a pas été réinvesti dans la 6ème circonscription du Pas‐de‐
Calais. « Je n'étais pas candidat à mon renouvellement dans cette circonscription », pour une « raison personnelle qui ne regarde que moi ». Jack LANG reste « désireux d'être candidat dans une autre circonscription ailleurs si cela était possible » et a dit attendre « dans les prochains jours » une « proposition » des responsables du PS. Jack LANG morigène Arnaud MONTEBOURG qui a « eu le culot de laisser entendre que je pourrais être lié à je ne sais quel acte délictueux ». « Si je le voyais tout à l'heure, j'aurais du mal à me retenir pour ne pas lui donner une bonne paire de gifles ». (le 10) Le PS entérine la liste de candidats aux élections législatives des 10 et 17 juin 2012 proposée par la commission électorale du PS. Composée pour moitié de femmes (49,5% exactement), la liste respecte la parité et contient des personnalités issues de la diversité ‐ Kader ARIF en Haute‐Garonne, George PAU‐LANGEVIN à Paris et Hélène GEOFFROY à Lyon. Tous les candidats se sont engagés par écrit sur le non‐cumul des mandats. « Les socialistes font un pas de plus sur ce point, dont on sait qu'il est la clé du renouvellement politique en France ». Les arbitrages ont dû tenir compte des accords passés avec le Parti radical de gauche (PRG) mais surtout de celui signé le 15 novembre avec Europe Ecologie‐Les Verts (EELV), qui s'est vu réserver 60 circonscriptions. Le PS espère passer prochainement d'autres accords avec le Mouvement républicain et citoyen (MRC) et le Mouvement unitaire progressiste (MUP). Une dizaine de circonscriptions sont gelées dans l'attente de derniers arbitrages. Dans l'Essonne, l'investiture de Julien DRAY n'est pas confirmée. Elle est contestée par Malek BOUTIH. Les luttes de pouvoirs entre des proches de François HOLLANDE et la direction du PS ont aussi fait grincer des dents. L'investiture, sans vote des militants, du secrétaire national du PS Pouria AMIRSHAHI au détriment de Faouzi LAMDAOUI, pour une circonscription de Français de l'étranger, a hérissé certains proches de François HOLLANDE. La grande place laissée aux écologistes a suscité l'ire d’élus, comme Bertrand DELANOË et Gérard COLLOMB. A Paris, Danièle HOFFMAN‐RISPAL, élue dans la 6ème circonscription promise à Cécile DUFLOT, pourrait présenter une candidature dissidente. Parmi les circonscriptions disputées figure celle de Ségolène ROYAL en Charente‐
Maritime, qui a été contestée par les dirigeants socialistes locaux. (le 10) Le PS a désigné ses candidats dans un climat troublé. Jack LANG n'a pas été investi dans sa circonscription pour ne pas s'être soumis au vote des militants. Les investitures ont été adoptées par une large majorité des délégués, avec 164 voix sur 174. www.greliermichel.eu
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Au total, 420 députés ont été désignés. Une vingtaine de circonscriptions sont gelées. Leur sort sera tranché lors d'un bureau national du PS en janvier 2012. (le 10) - Le projet franco‐allemand est devenu un accord européen. Réaction au PS… Catherine TRAUTMANN et Elisabeth GUIGOU : l'accord conclu à Bruxelles « n'est pas solide : il est étroit, flou et ne répond pas à l'urgence de la crise ». « Rien n'est dit sur les interventions nécessaires de la BCE ». Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) « reste à des niveaux qui ne lui permettront pas de répondre durablement à la crise ». « L'introduction des euro‐obligations est renvoyée à un hypothétique rapport des instances européennes en mars 2012 ». « La croissance reste la grande oubliée de cet accord ». Le texte « est strictement consacré au renforcement des disciplines budgétaires et de l'austérité » et il « vise principalement, voire exclusivement, à introduire une règle d'or ». « Il ne comporte pas les éléments nécessaires à la mise en place au jour le jour d'un pilotage économique de la zone euro ». « La réponse n'est pas à la hauteur des défis de cette crise ». (le 09) - Et le PS attaque… Le PS souligne une mise à disposition des moyens de l'Etat au service du « candidat » Nicolas SARKOZY, qui n'a pas encore dit s'il briguait un deuxième quinquennat mais qui prend régulièrement l'opposition pour cible dans ses discours prononcés lors de ses déplacements présidentiels. David ASSOULINE dénonce le lien vers la page Facebook personnelle de Nicolas SARKOZY proposé sur le site de l'Elysée (www.elysee.fr). « Il va de soi que la page Facebook personnelle du président sortant sera un outil pour sa campagne ». Ce lien est « contraire au code électoral », qui « interdit aux personnes morales, à l'Etat comme aux collectivités publiques, de contribuer directement ou indirectement sous forme de service à la campagne d'un candidat ». « Les outils mis en place par le budget du service internet de l'Elysée (0,5 Mio euro), payés par le contribuable ne sont pas destinés à aider le candidat sortant, pas plus que les fonds publics ne devraient servir au financement des meetings ». Franck LOUVRIER réplique : « Quand on a, comme (François) HOLLANDE, seulement 23.926 fans sur Facebook, on est peut‐être un peu jaloux des 487.620 du PR (président de la République). Belle mentalité ! ». (le 09) - Roses et Verts s’affrontent autour de Marseille. En dépit de l'accord national conclu avec le PS, EELV a décidé de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions des Bouches‐du‐Rhône lors des législatives 2012. Cette décision, votée par les militants réunis en assemblée régionale, doit être confirmée lors du conseil fédéral. Sébastien BARLES : « C'est le PS, dans ses propositions, qui est sorti de l'accord national. C'est un côté hégémonique propre au PS qui retourne à ses vieux démons ». EELV dénonce la décision du PS d'écarter les écologistes du centre‐ville de Marseille, où ils réalisent leurs meilleurs scores électoraux, et du pays d'Aix‐en‐Provence pour leur réserver trois circonscriptions jugées « ingagnables » dans la périphérie marseillaise, à Gardanne et Salon‐de‐Provence. Ces propositions ont été élaborées par la direction nationale du PS, les instances départementales ayant été dessaisies du choix des candidats en raison de l'affaire Guérini. « Elle a pourtant nommé deux de ses proches lieutenants sur les circonscriptions www.greliermichel.eu
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que nous souhaitions. C'est un mauvais signal pour la rénovation du PS dans les Bouches‐
du‐Rhône ». « Les socialistes ont fait la paix sur le dos des écologistes ». Les propositions du PS dans les Bouches‐du‐Rhône sont une « humiliation ». EELVV exclue un accord global sur les Bouches‐du‐Rhône, mais se dit ouvert à un accord partiel sur les circonscriptions où il existe un risque pour la gauche d'être éliminée au premier tour par la droite et le Front national. « Nous tendons la main à nos partenaires sur ces circonscriptions à risques », une demi‐douzaine. (le 11) - Il n’est pas possible de passer ces informations sous silence : déficit de l’Etat et AAA. Le déficit du budget de l'Etat s'est établi à 99,4 Mia euro à fin octobre contre 133,1 Mia euro un an plus tôt. Le solde du budget général s'est donc amélioré de 33,7 Mia euro. Les dépenses (budget général et prélèvements sur recettes) atteignent 310,8 Mia euro contre 354,3 Mia euro. Les recettes (nettes des remboursements et dégrèvements) s'établissent à 229,1 Mia euro contre 223,6 Mia euro. Les recettes fiscales nettes sont en hausse de 7,3 Mia euro. La charge effective d'intérêts de la dette à fin octobre progresse de 6 Mia euro d'une année sur l'autre. La France s'est engagée à réduire son déficit public (qui comprend en plus du déficit de l'Etat celui des comptes sociaux et les comptes des collectivités locales) à 5,7% du PIB fin 2011, 4,5% fin 2012 et 3% fin 2013. La dette publique de la France s'élevait fin juin à 1.693 Mia euro, soit 86,2% du PIB. (le 09) Les groupes socialiste et UMP à l'Assemblée nationale expriment des points de vue diamétralement opposés, au lendemain de l'annonce par Standard & Poor's du placement sous surveillance du AAA de la France : le premier y voit un effet de l'indécision du pouvoir politique français, le second une menace concernant l'ensemble de la zone euro. Jean‐Marc AYRAULT : « On nous annonce un traité ». « J'étais avec François HOLLANDE à Berlin. Ce que nous avons constaté, avec nos amis sociaux‐démocrates allemands, c'est qu'à l'urgence de la crise, répondre par un traité ‐ qui de toute façon demanderait du temps pour être mis en œuvre ‐ ne répond à rien ». « La réponse, on l'a eue immédiatement, quelques heures après, et je ne m'en réjouis pas ». « On peut dire ce qu'on veut des agences de notation mais, à l'évidence, les marchés voient bien que le pouvoir politique qu'ils ont en face d'eux est faible ; il est indécis, il est changeant ». « On ne peut pas sortir de la crise de la dette et des déficits si un signe fort n'est pas donné aux marchés pour que le message politique qui est donné soit fort. Et cela passe effectivement par un engagement résolu de la BCE, cela passe par l'annonce de la mise en place des eurobonds pour emprunter et mutualiser la dette, et cela passe aussi par la mise en place de la taxe sur les transactions financières, pour casser la spéculation ». Christian JACOB : « ce n'est pas le triple A de la France ». La menace de dégradation de Standard & Poor's pèse « sur l'ensemble de la zone euro et notamment sur les six pays de la zone euro qui sont en triple A, dont la France ». « L'accord franco‐allemand, qui est d'ailleurs intervenu après les remarques et les communications de Standard & Poor's, répond de mon point de vue sur la gouvernance, un des points qui avaient été soulignés, et ensuite sur la lutte contre les déficits, avec la règle d'or ». « C'est pour cela que les positions de (François) HOLLANDE sont à la fois complètement incompréhensibles et choquantes ». « C'est 50 ans de diplomatie et de tandem franco‐allemand mis à bas. On ne comprend pas où il est et quelle vision il peut avoir sur le sujet ». (le 06) www.greliermichel.eu
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Fin de l’aventure de nos deux eurodéputés fantômes L'Assemblée nationale a élu au Parlement européen les députés Jean ROATTA (UMP) et Yves COCHET (Europe Ecologie‐Les Verts), en vertu du traité de Lisbonne qui prévoit de faire passer de 72 à 74 le nombre des eurodéputés français. Sur 384 votants, Jean ROATTA a recueilli 226 voix et Yves COCHET 145. (le 06) - Troublant ! La Cour des comptes dénonce des dysfonctionnements au sein du comité d'entreprise de la RATP : « Le comité d'entreprise fait l'objet d'une gestion défaillante marquée par de graves irrégularités et troublée par un climat social dégradé ». Pour la direction générale (DG) de la RATP, il s'agit d'informations « nouvelles et inédites » qui « méritent d'être analysées avec soin ». La DG RATP précise qu'elle « ne peut que se réjouir d'une plus grande transparence des comptes des organismes sociaux qu'elle finance au profit de tous les salariés de l'entreprise ». Elle rappelle que « la gestion des œuvres sociales s'effectue sous la seule responsabilité du comité central d'entreprise » et qu'elle (DG RATP) « n'a aucun pouvoir d'ingérence ». La Cour des comptes estime que le CE de la RATP, « échappant à tout contrôle tant interne qu'externe, n'est pas structuré pour fonctionner rationnellement ». La Cour déplore que le CE ne fasse pas certifier ses comptes. Or, « l'absence d'obligations comptables et de certification des comptes est un facteur propice au développement d'irrégularités financières dans un contexte où les règles internes de validation de la dépense ne sont pas respectées ». La Cour souligne que « les services gestionnaires ont été écartés des négociations avec les fournisseurs choisis par les élus sans appel à la concurrence, en méconnaissance des instructions internes du comité d'entreprise imposant la consultation de plusieurs entreprises ». La gestion du personnel est « défaillante », avec « une accumulation de tensions sociales », un nombre « élevé » de démissions et de licenciements entre 2004 et 2010, se soldant par 1,1 Mio euro d'indemnités versées, et des « postes stratégiques non pourvus ». « Tout ceci a contribué à dégrader le climat social au sein du CE, qui emploie 450 agents sous contrats à durée indéterminée et 600 agents en équivalent temps plein ». La Cour note par ailleurs des « anomalies » dans la conduite des travaux immobiliers dans les centres de vacances du CE, avec notamment « des malfaçons généralisées allant jusqu'à mettre en danger la sécurité des personnes ». La Cour constate que « le choix des fournisseurs et la décision de continuer à travailler avec eux en dépit de défaillances graves et signalées et de facturations anormalement élevées posent la question de critères de sélection qui manifestement ne correspondent pas aux intérêts du CE ». Pour la Cour, « le caractère systématique des pratiques constatées (...) conduit à penser qu'ils ne sont la conséquence ni de hasards malheureux, ni de défaillances humaines », mais qu'il s'agit d'« un système de 'fuite' des fonds confiés au CRE ». La Cour recommande une « remise en ordre profonde des différents aspects de la gestion du comité central d'entreprise », avec trois réformes dans les domaines de la comptabilité et de l'audit des comités d'entreprise. Le procureur général près de la Cour des comptes a saisi le garde des Sceaux « de certains faits de nature à motiver l'ouverture d'une action pénale ». Situation dénoncée par la Cour le 18 juillet, une enquête préliminaire, confiée à la Brigade de répression de la délinquance www.greliermichel.eu
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économique (BRDE), a été ouverte le 05 septembre pour les chefs d'abus de confiance, faux, mise en danger de la vie d'autrui et délit d'entrave. La CGT/RATP, l'une des organisations syndicales en charge de la gestion du CE sur la période concernée, estime que la Cour des comptes « conjugue les approximations avec des affirmations gratuites ». Elle dénonce un rapport « construit exclusivement 'à charge' », et déplore qu'il pointe une « gestion marquée par de 'graves irrégularités' » sans « à aucun moment, en démontrer la nature ». La CGT/RATP assure qu'il est « faux » qu'il n'y ait pas eu d'appel à la concurrence avec les fournisseurs. « Quant à une soi‐disant 'dégradation du climat social', force est de constater que la Cour des comptes associe cela au fait que 450 salariés du CRE soient en CDI. Oui, nous sommes, à la CGT, pour privilégier l'emploi en CDI ! ». « Si des malversations, de l'enrichissement personnel, des surfacturations, etc. étaient démontrés, notre organisation syndicale mettrait tout en œuvre devant les autorités judiciaires compétentes, pour que le Comité d'Entreprise recouvre les sommes prétendument extorquées ». « Dans ce cadre, nous porterions plainte ou nous nous porterions partie civile sur une plainte déposée par le CRE ». (le 06) - L’affaire n’en finit plus de faire des ricochets. Le PS juge honteuses les déclarations de Claude GUEANT faisant état d'un contrôle policier en 2006 sur DSK. Pierre MOSCOVICI : « La méthode de Claude GUEANT, elle est méprisable, c'est de la basse police, un ministre de l'Intérieur qui va fouiller dans les poubelles, qui trouve des fichiers, qui se comporte comme un barbouze. C'est une honte ». « Cette espèce d'acharnement lamentable (...) montre que cette droite est prête à tout, à tous les discrédits. Nous rendrons coup pour coup, mais nous ne tomberons pas dans cette fosse à purin ». (le 05) Un de ses avocats français déclare n'avoir aucune preuve de l'existence d'un complot visant DSK dans l'affaire du Sofitel de New York. Il a tenté de désamorcer le dossier de proxénétisme sur lequel une enquête a lieu en France en assurant que DSK n'était pas au courant que les femmes qui participaient avec lui à des parties fines étaient des prostituées, une position susceptible de lui éviter des poursuites. « A ces soirées, on n'est pas forcément habillé et je vous défie de distinguer une prostituée nue d'une femme du monde nue ». (le 08) www.greliermichel.eu
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Semaine 50 – du lundi 12 au dimanche 18 décembre 2011 « Il ne faut pas se foutre du monde ! » - Qui c’est qu’a dit ça ! - Un des nouveaux danseurs de la semaine dernière. - Oh ! C’est Dominique de VILLEPIN ? - Eh, oui. Des réactions sceptiques, voire hostiles ont accueilli la candidature de Dominique de VILLEPIN à la présidentielle. François HOLLANDE : « Il a surpris son monde ». « Je ne sais pas exactement si cette candidature ira jusqu'au bout. C'est un homme de conviction, on verra si sa conviction est aussi forte que les pressions qu'il a en ce moment sur son dos ». Benoît HAMON y voit la marque du vent d’« antisarkozysme » qui souffle à droite et au centre. Avec François BAYROU et Hervé MORIN, « ça fait le troisième candidat issu de la droite qui dit que le 'sarkozysme' est une impasse qui a conduit la France à l'échec ». Le camp d'Eva JOLY a fait allusion aux nouveaux ennuis avec la justice de Dominique de VILLEPIN. Sergio CORONADO : « Le ciel judiciaire de Dominique de VILLEPIN s'assombrit, il a décidé de passer à l'attaque. Ça lui va bien, il est toujours bon dans ces moments de solitude absolue ». « C'est bon qu'à droite, une autre vision s'affirme ». A droite, le scepticisme semble l'emporter sur la surprise. Patrick OLLIER : « Ses moyens ont réduit comme peau de chagrin. Je ne vois pas comment il pourra aller au bout de sa candidature ». « Son parti a fait flop. Ses moyens financiers et humains semblent limités. Et c'est très compliqué pour recueillir 500 signatures. Je ne pense pas qu'il puisse mener cette opération à son terme. Cela risque d'être plus dommageable pour son image que d'avoir un vrai impact sur la vie politique française ». Jacques LE GUEN est tout aussi féroce : « Sa décision constitue une faute politique et il se disqualifie dans sa capacité à rassembler les Français ». « La crise économique que nous traversons impose à la majorité de se rassembler autour du président de la République (Nicolas SARKOZY) ». Marie‐Anne MONTCHAMP souhaite « que la voix de Dominique de VILLEPIN trouve sa juste place dans la majorité présidentielle ». Alain JUPPE : « On a surtout besoin de rassemblement et d'unité plutôt que de division ». Alain MINC, conseiller officieux de Nicolas SARKOZY joue les Cassandre : « Tout ça se terminera de manière un peu pitoyable pour lui ». « Je pense vraiment qu'il sera sur la trajectoire de Michel DEBRE en 1981 : 1 % (des voix) ». Yves JEGO : c'est un « grand talent mis au service d'une impasse ». « On aurait plutôt besoin de serrer les rangs, comme l'a fait d'ailleurs Jean‐Louis BORLOO en retirant sa candidature autour de celui qui est notre candidat naturel (Nicolas SARKOZY) ». (le 12) Envers et contre tous, Dominique de VILLEPIN marque sa volonté d'aller « jusqu'au bout » de sa candidature à la présidentielle malgré son isolement, écartant tout ralliement, toute « combinaison politicienne », avec le Centre ou l'UMP. L’UMP lui renouvelle ses appels, regrettant une aventure solitaire à l'instar de François FILLON, qui fustige une initiative répondant « davantage à une ambition personnelle qu'à un intérêt général ». www.greliermichel.eu
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Dominique de VILLEPIN n'a de cesse de cultiver sa singularité face à Nicolas SARKOZY, François HOLLANDE et François BAYROU qu'il ne cite pas nommément. « Ce n'est pas au PS, ce n'est pas à l'UMP ni au MoDem, ni à aucun autre parti de dire qui doit être le président de la République, c'est aux Françaises et aux Français ». « Ni hyperprésident, ni président 'normal', ni président installé dans un fauteuil à bascule, tantôt oscillant à gauche tantôt oscillant à droite, un président qui guide et qui défend les intérêts de la Nation ». Dominique de VILLEPIN, en position de capter une part de l'électorat de Nicolas SARKOZY mais aussi de François BAYROU, ne donnera pas de consigne de vote pour le second tour. Quant aux appels pressants de l'UMP, il les balaye d'un revers de main. « Le ralliement ne fait pas partie de mon programme. Ce n'est pas mon tempérament, et ce n'est pas l'idée que je me fais d'une élection présidentielle. Les Français choisissent et ce n'est pas par des combinaisons politiciennes, partisanes, que doit se décider du sort d'une campagne électorale ». Maniant l'art du paradoxe, qui a le don d'irriter à l'UMP, il réaffirme que son passif avec Nicolas SARKOZY est « effacé », mais il n'en critique pas moins l'action de Nicolas SARKOZY depuis 2007, qualifiée de « navigation à vue ». Aux doutes sur ses capacités à mener une campagne jusqu'à son terme ‐ parrainages, financement, etc.‐ Dominique de VILLEPIN répond qu'il dispose des soutiens nécessaires et qu'il mènera une campagne économe. « République solidaire » se fixe un objectif d'un à trois Mio euro de dépenses. « Je me donnerai les moyens matériels (...) pour que cette candidature puisse aller jusqu'au bout ». Dominique de VILLEPIN présentera en janvier 2012 « une équipe parfaitement opérationnelle » et un « nouveau projet ». Pour répondre aux attentes d'une « France qui souffre », point n'est besoin de « cent mesures », des mesures qui « resteront dans les tiroirs comme les précédentes promesses ». « Ce sont trois, quatre grandes orientations qui permettront au futur président de changer la donne », sans donner de détails sur ce qu'il envisage. Il assure que son idée de « revenu citoyen » de 850 euro mensuels, un projet d'un coût de quelque 30 Mia euro jugé intenable en l'état des finances publiques françaises, sera maintenue dans son programme. Il évoque la TVA « 3 E », une taxe en faveur de l'emploi, de l'environnement et des exportations, qui varierait entre 19,6% et 24,6%. Le taux resterait à 5,5% pour les produits courants. « La politique est asphyxiée, épuisée, elle n'a pas les leviers du changement ». Pour alternative, Dominique de VILLEPIN prône « un gouvernement resserré autour d'une dizaine, quinzaine de ministres », « huit grandes régions métropolitaines » qui « rassemblent leurs forces », des élus en moins grand nombre et plus représentatifs grâce à l'introduction d'« une dose de proportionnelle ». (le 13) Dominique de VILLEPIN réplique avec virulence aux accusations de division portées par l'UMP. Il reproche à Nicolas SARKOZY d'avoir divisé et stigmatisé les Français depuis quatre ans et demi. « Il ne faut pas se foutre du monde ». Dominique de VILLEPIN, qui a pris de court l'Elysée en annonçant sa candidature à la présidentielle, fustige le « mépris » de Luc CHATEL, qui a ironisé sur son isolement en rebaptisant son parti « République solitaire ». « Luc CHATEL, je l'aime bien, je l'ai aidé à rentrer en politique. Honnêtement, ce n'est pas digne du ministre de l'Education nationale d'aller faire des jeux de mots comme ça, sur le nom d'un mouvement ». « Ce n'est pas digne. Dans la politique, on peut ne pas être d'accord, mais on doit y mettre, au cœur, le respect. Qu'est‐ce que c'est que ce mépris, et au nom de quoi un jeune élu se permet comme cela de renvoyer un aîné ? Un peu de respect ». www.greliermichel.eu
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Brice HORTEFEUX met en garde Dominique de VILLEPIN : « l'union nationale ne passe pas par la division électorale ». « Si je restais dans le même registre (que Dominique de VILLEPIN), je pourrais dire que je ne crois pas que nous ayons navigué à vue, mais en revanche je suis certain qu'il est resté à quai ». Dominique de VILLEPIN : « Mais qui a divisé les Français depuis