Notre-Dame de Boulogne - Et maintenant une histoire

Transcription

Notre-Dame de Boulogne - Et maintenant une histoire
Et maintenant une histoire !
Histoires à l’usage des parents, catéchistes et éducateurs.
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Notre-Dame de Boulogne
racontée aux enfants
L'arrivée
« Elle va passer ici !
— Qui ?
— Notre-Dame de Boulogne !
— Qui c'est, Notre-Dame de Boulogne ?
— Tiens, la Sainte Vierge ! Tu t'appelles Jean-Claude, ça ne fait pas deux garçons. Je m'appelle MarieFrançoise-Jeanne, ça ne fait pas trois filles ! La Sainte Vierge c'est pareil ! Elle a beaucoup de noms mais
que nous l’appelions Notre-Dame de Lourdes, ou Notre-Dame de Fatima, ou Notre-Dame de Boulogne,
ça ne fait pas plusieurs personnes. C'est toujours la Sainte Vierge !
— C'est loin, Boulogne ?
— Tout en haut de la France, dans le Pas-de-Calais ; en face de l'Angleterre. Figure-toi que la Sainte
Vierge y est venue en bateau.
— En bateau ?
— Mais oui. Maman m'a raconté l'histoire. Il y a très longtemps de cela, encore au temps des Gaulois, les
Chrétiens avaient élevé à Boulogne une pauvre église en bois sur l'emplacement d'un temple païen. Bien
des années après, un jour, comme ils priaient dans cette église, la Sainte Vierge leur apparut et leur dit : «
Les anges, par l'ordre de Dieu, ont conduit un vaisseau dans votre rade. Allez, vous y trouverez mon
image, et vous la placerez dans cette église. C'est ici que je veux recevoir à perpétuité le témoignage d'un
culte tout particulier. »
— Les Boulonnais ont dû prendre leurs jambes à leur cou ?
— Oh oui ! Ils ont couru bien vite au port, et ils y ont trouvé le bateau, et dans le bateau une belle statue de
la Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus.
— D'où venait cette statue ?
— On ne sait pas. De très loin peut-être... Sans doute du pays de Jésus, là-bas en Orient car les
Mahométans pillaient la Terre Sainte, massacraient les Chrétiens, brisaient les statues. Pour sauver cellelà on a dû la cacher dans une barque comme autrefois Moïse dans sa corbeille, et à Dieu vat !...
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Seulement, cette fois, ce n'est pas la fille du Pharaon qui l'a trouvée ; les anges ont conduit le bateau chez
nous ! Tu penses quel voyage ! Il fallait longer tout le sud de l'Europe, contourner l'Espagne... traverser la
Méditerranée, l'Océan et la Manche. Regarde un peu dans ta géographie.
— Et personne n'a vu ce bateau arriver à Boulogne ?
— Si, des marins l'ont aperçu ; et comme il dégageait une belle lumière, ils ont couru au port pour voir ce
que c'était.
— Ce que les gens ont dû être surpris !
— Et contents ! Ils se rangèrent en procession pour porter la statue à l'église ; et ils priaient, et ils
chantaient... Il ne manquait que les tentures. Mais ça ne fait rien ! Le ciel et la mer étaient aux couleurs de
la Vierge.
— J'aurais tant voulu être là !
— Tiens ! Tu n'étais pas né ! Mais tout le monde aux alentours disait comme toi. On mettait la clef sous la
porte, et vite on partait à pied, à cheval, en charrette... pour aller admirer et prier la belle Sainte Vierge. A
travers toute la France, et en Belgique, et en Allemagne, on raconta ce qui s'était passé ; les gens venaient
de très loin... Saint Eloi, le ministre du bon Roi Dagobert, est venu à Boulogne, et aussi saint Benoît
Labre et Godefroy de Bouillon.
— Celui des Croisades ?
— Oui. Il était Boulonnais. Souvent sa mère le conduisait avec ses frères prier Notre-Dame de Boulogne.
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Les garçons grandirent ; ils partirent à la guerre. Ils allèrent là-bas, au pays d'où venait sans doute la
statue, au pays de Jésus. Il fallait reprendre le tombeau du Christ aux Mahométans.
— Pourtant Jésus n'était plus dans son tombeau !
— Naturellement, puisqu'il est ressuscité le jour de Pâques ! Mais les Mahométans profanaient les LieuxSaints. Les chrétiens devaient les défendre. La princesse Ida trembla pour ses trois fils, mais elle était
contente qu'ils fassent leur devoir. Elle les recommandait bien fort à Notre-Dame de Boulogne, implorant
la victoire des Croisés. Et voici qu'un jour elle apprit que son fils Godefroy avait pris Jérusalem et en
avait été fait roi. Seulement vois-tu, il n'a pas accepté la couronne. Il a dit « je ne veux pas porter une
couronne d'or là où mon Sauveur a porté une couronne d'épines ».
— Alors, qu'en a-t-il fait de sa couronne ?
— Il l'a envoyée à Notre-Dame de Boulogne que sa mère avait tant priée.
— Ça c'était gentil !
— Les Croisés l'aimaient bien Notre-Dame de Boulogne ! Saint Louis et ses soldats portaient son insigne.
On a retrouvé de ces insignes à Carthage, en Afrique du Nord et aussi dans la Seine et dans la Tamise. Ils
étaient en argent et représentaient la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus autour on avait écrit : Notre-Dame de
Boulogne.
— Est-il venu à Boulogne saint Louis ?
— Mais oui ! Et bien d'autres rois avant lui et après. Attends un peu que je me rappelle : Philippe le Bel,
Philippe le Bon, Charles VIII, Louis XI, Louis XII... Et qui encore ?... François I, Louis XIII, Louis XIV,
Louis XVIII... Et aussi deux empereurs : Charlemagne et Napoléon III.
Reine de France
Pourquoi hier a-t-on chanté Reine de France, priez pour nous ? La Sainte Vierge est la Reine de la France
?
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— Bien sûr ! Tu ne sais pas encore cela ? D'abord, Louis XI a donné à la Sainte Vierge le pays de
Boulogne ; mais là ! donné pour de bon ! Il serait son vassal. Les rois ses successeurs devraient, en
montant sur le trône, faire hommage à Marie d'un cœur d'or. Lui offrir ce cœur c'était lui dire : « Ma
Souveraine, je vous donne le cœur de la France ». Pourtant, le Boulonnais ce n'était pas assez pour la
Reine du ciel ; le roi Louis XIII, lui, donna toute la France. C'est depuis ce jour-là que, dans toute la
France, on fait une belle procession le 15 août.
— Ce n'est pas si mal d'avoir pour Reine de France la Reine du Ciel et de la Terre !
— La Reine des anges et des hommes !
— Je chanterai encore d'un meilleur cœur : Reine de France !
— A Boulogne comme à Lourdes, on chantait dans toutes les langues et dans tous les patois. Et la Sainte
Vierge était si touchée de la confiance, de l'amour des pèlerins, qu'elle leur obtenait du bon Dieu des
masses de grâces. Ils repartaient meilleurs et les malades étaient souvent guéris. C'est une petite fille
paralysée qui dit à sa mère : « Pose-moi à terre. Je sens que maintenant je peux marcher. Une belle dame
en blanc me tend la main ». Et elle court vers l'autel, suit la procession, et rentre à pied chez ses parents.
Une autre fois c'est un garçon, paralytique aussi, et qui ne peut parler. Il commence à parler. Le
lendemain il se lève. Il y eut même des morts ressuscités, grâce à l'intercession de la Sainte Vierge.
— Ce qu'ils devaient bisquer les méchants !
— Parmi ces méchants était Henri VIII, roi d'Angleterre, l'ancien pèlerin de Notre-Dame. Après avoir été
très catholique, après avoir défendu la sainte Eucharistie et aimé la Sainte Vierge, il devint schismatique.
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— Qu'est-ce que c'est que schismatique ?
— Ça veut dire qu'il se sépara du pape. Et il se sépara aussi de la Sainte Vierge. Quand il envahit Boulogne
avec ses soldats, il profana l'église et vola la statue. Mais Jésus ne veut pas qu'on touche à sa Mère ! En
cinq semaines, plus de 10.000 soldats anglais moururent de la peste. Le roi appela de nouvelles troupes ;
elles refusèrent de partir. Il fallut lier les soldats sur les navires. Finalement, les Anglais durent quitter
Boulogne ; la peste faisait trop de ravages. Le roi de France n'avait pas eu à perdre un homme pour les
chasser. Aussi, offrit-il à la Sainte Vierge un bel ex-voto de reconnaissance ! Une Vierge en argent massif
montée sur un bateau. Cette statue remplaça celle que les Anglais avaient emportée.
Premiers retours
— Qu'en ont-il fait de la statue ? Ils l'ont noyée ?
— Ils n'osèrent pas ! Après l'avoir gardée sept ans, ils la rendirent au roi de France. Boulogne n'avait peutêtre encore jamais vu pareille fête ! En France malheureusement, la statue n'était pas à l'abri. Les
protestants français — on disait : les Huguenots — reprochaient aux catholiques d'adorer la Sainte Vierge.
— C'est pas vrai ! On n'adore que Dieu !
— Naturellement ! Est-ce que j'adore papa ? Est-ce que j'adore maman ? Non ; ils ne sont pas Dieu, je ne
les adore pas. Je les respecte et je les aime. La Sainte Vierge c'est pareil, mais je l'aime encore plus, parce
qu'elle est la mère de Dieu. Les Huguenots ne comprenaient pas cela. Une nuit (11 octobre 1567), ils
pénétrèrent dans l'église, lièrent la statue avec des cordes, et la traînèrent à travers la ville.
— Ils ne sont pas morts de la peste ?
Des marins l'ont aperçue.
— Dieu, vois-tu, n'agit pas toujours à coups de miracles, et Il a le temps et l'éternité pour faire justice. Au
lieu d'exterminer les Huguenots, Il leur montra par une suite de prodiges le prix qu'Il attache aux statues
de Marie. Les soldats attaquèrent à coups de hache la belle statue de la Sainte Vierge, mais le fer des
haches s'émoussa plutôt que d'attaquer le bois. Alors, ils voulurent la brûler ; ils la jetèrent dans un
brasier, mais le feu ne la brûla pas. Furieux, il la cachèrent sous du fumier ; le fumier ne la pourrit pas.
Quand, après trois ans, ils la déterrèrent, elle était intacte. Alors, exaspérés, ils la jetèrent au fond d'un
puits, et l'eau la respecta.
— L'a-t-on retrouvée ?
— Oui. Ce puits était à la campagne, près d'un château. Le Châtelain était protestant, mais sa femme était
catholique. Elle se renseigna, fit chercher la statue et la cacha dans une chambre-haute. Souvent elle allait
la prier, tant et si bien qu'elle obtint une grande grâce : la conversion de son mari.
— Les gens savaient que la statue était retrouvée ?
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— Non ; c'était un secret, mais les secrets, ça se sait toujours un jour ou l'autre ! Un bon ermite des
environs, parla de la trouvaille à un prêtre de Boulogne. Celui-ci vint avec l'ermite, chargea la statue sur
son épaule et reprit le chemin de la ville. Ce chemin s'appelle depuis, le chemin de la Vierge.
— La Sainte Vierge est rentrée chez elle ! Pour toujours j'espère !
— Pas pour toujours ! Quelques siècles après éclata la Révolution... Et ce fut le pillage, l'incendie des
églises, la profanation des choses saintes... La statue de Notre-Dame de Boulogne fut de nouveau volée.
Les révolutionnaires la brûlèrent, mais la tradition veut qu'elle ait échappé aux flammes.
— Et qu'est-elle devenue ?
— On ne sait pas. Elle a disparu depuis ce temps-là. Il n'en reste qu'une main. Figure-toi qu'un jeune
officier qui se trouvait là, avait une tante très pieuse et qu'il aimait beaucoup. S'apercevant qu'une main de
la statue ne tenait presque plus, il la détacha avec son sabre et l'envoya à sa tante.
— C'est bien dommage qu'il ne lui ait pas envoyé la statue tout entière !
— Moi j'espère bien qu'elle existe encore, cachée je ne sais où, et qu'on la retrouvera. On l'a remplacée par
une autre, et c'est toujours la même Sainte Vierge qu'on aime et qu'on honore, mais tout de même, ce n'est
plus la statue arrivée en bateau, la statue sauvée de la main des Anglais et des Huguenots, la statue devant
laquelle pendant plus de onze siècles, s'assemblèrent nos pères.
— J'espère comme toi qu'on la retrouvera. Sauvée des Musulmans, rendue par les Anglais, préservée de la
hache et du feu, du fumier et de l'eau, pourquoi aurait-elle été détruite après ! Vois-tu, quelle fête si on la
retrouvait ! Ah ! Elle en a vu Notre-Dame de Boulogne !
— Et ce n'est pas fini ! Lors de la Révolution, sa belle église, construite par la mère et le frère de Godefroy
de Bouillon fut vendue et détruite. Un saint prêtre résolut de la relever. (Sa mère l'avait amené tout petit à
Boulogne, et l'avait consacré à la Sainte Vierge.) Il partit quêter à Paris, à Lourdes, à Rome... et il put
reconstruire une église magnifique.
— Bravo !
Le couronnement de Notre-Dame
— L’Évêque de Boulogne aimait beaucoup la Sainte Vierge sous le vocable de l'Immaculée Conception.
C'était pourtant bien avant que Pie IX n'ait défini ce dogme. Il bénit donc une grande statue de
l'Immaculée qui devait dominer la coupole. Ce fut encore plus beau le jour du couronnement de NotreDame. Il y avait là plus de 100.000 personnes. Le pape ne pouvant venir lui-même couronner la Sainte
Vierge, avait envoyé son représentant, son légat.
— Quelle couronne était-ce ? Celle de Godefroy de Bouillon ?
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— Malheureusement non. Elle avait été volée à la Révolution de 1793. La nouvelle couronne était sur le
même modèle. A Rome au soir de la Saint-Pierre et Paul, on tira un feu d'artifice qui dessina dans le ciel,
en lignes de feu, la nouvelle église de Boulogne. On vit aussi la Vierge dans sa barque, escortée de deux
anges. Le canon du pape la salua, la musique des régiments français répondit.
— Saint Pierre a dû souvent promener la Sainte Vierge dans sa barque !
— Il a pu en effet, plus d'une fois, lui faire traverser le lac de Tibériade. Mais de Capharnaüm à Bethsaïde,
le voyage était moins long que de la Terre Sainte à Boulogne-sur-Mer ou de Boulogne à Douvres ! Et
puis, pour venir chez nous, ce n'était plus saint Pierre qui la conduisait, mais les anges. Maintenant, les
rôles sont renversés. C'est la Sainte Vierge qui conduit la barque de Pierre.
— Comment cela ?
— Tiens, la barque de Pierre, comme l'Arche de Noé, était une figure de l’Église. L'Arche de Noé, malgré
la pluie et la tempête n'a pas péri dans le déluge, et tous ceux qui étaient dedans : Noé, sa femme, ses fils :
Sem, Cham et Japhet... et leurs femmes... ont été sauvés. Sur la mer de Galilée, il y avait de grosses
tempêtes. L’Évangile en parle. Mais la barque de Pierre n'a pas chaviré. L’Église aussi affronte des
tempêtes ; celles des barbares, des Musulmans, des hérésies, des révolutions, mais elle ne périt pas. C'est
toujours Pierre qui la conduit, puisque c'est le Pape, successeur de Pierre, qui parle et agit au nom de
Jésus ; il est assisté du Saint-Esprit, mais aussi de la Sainte Vierge.
— C'est beau de penser cela !
— Oui, et ça donne courage ! Maintenant c'est la guerre 1, et la grande peine des prisonniers, des déportés
et des soldats qui luttent. Mais prions bien, faisons des sacrifices, soyons bons et purs comme NotreDame l'a demandé à Fatima, alors la Sainte Vierge se lèvera dans la barque de Pierre, elle commandera au
vent et à la tempête... Les gros nuages se dissiperont, et le gai soleil de la paix, de la joie, brillera sur toute
la terre dans un beau ciel tout bleu.
— Dis, il y a toujours de belles fêtes à Boulogne ?
— Comment veux-tu avec la guerre ! Les dernières grandes fêtes remontent à 1938. Elles commémoraient
le troisième centenaire de la consécration de la France par Louis XIII.
— C'était très beau ?
— Magnifique. Tante Madeleine y était. Elle m'a tout raconté. D'abord, on organisa une « voie ardente ».
— Qu'est-ce que c'est que ça : une « voie ardente ? »
— Eh bien ! voilà ! Un jour, dans la cathédrale d'Arras, il y a très longtemps Notre-Dame donna un cierge
à deux ménestrels et à l’Évêque. On appelle ce cierge « le cierge des Ardents ». Avant les fêtes de
Boulogne, on fit quatre statues de Notre-Dame dans son bateau, et ces quatre statues se rendirent d'Arras
à Boulogne par quatre chemins différents, chacun étant accompagnée d'un cierge contenant une parcelle
du cierge des ardents, d'où ce nom de la « voie ardente ».
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Partout sur le passage de la Sainte Vierge, ce fut un enthousiasme indescriptible. Après les fêtes, une des
statues parcourut les champs de bataille 1914-1918. Ce qu'on appelle la voie sacrée. Et puis cette statue
s'arrêta à Reims et on n'en parla plus.
Arriva le Congrès des Jeunes au Sanctuaire de Notre-Dame du Puy, un peu au sud-ouest de Lyon, et
l’Évêque dit aux jeunes : « Il faut descendre Notre-Dame de Boulogne jusqu'au Puy, et même jusqu'à
Lourdes ». Et la sainte statue traversa toute la France. Il y a deux ans on décida de lui faire regagner le
Nord. La statue quitta Lourdes ; partout sur les routes la foule se pressait, des pécheurs se convertissaient,
la Sainte Vierge écoutait les prières. Et les gens disaient : « Je veux qu'elle passe par ma ville ! Je veux
qu'elle vienne dans mon village ! »
Le grand retour
— Cette statue, elle ne pouvait être partout !
— Naturellement ! Alors on a fait venir les trois autres statues, et maintenant, quatre statues sillonnent la
France, convergeant vers Boulogne. C'est une de ces quatre statues qui va passer ici. Et parce qu'elles font
toutes retour à Boulogne, on a appelé cette randonnée : « Le Grand Retour ».
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— Maintenant, je comprends !
— Vois-tu comme c'est joli ! Rien n'a été voulu, ni arrangé d'avance en tout cela, c'est le peuple française
lui-même qui a réclamé, obtenu... On dit qu'au début, des prêtres, des évêques, n'étaient pas très contents ;
mais les Français ont voulu ! Et ils ont eu ! Et quand les prêtres et les évêques ont vu tant de ferveur et
tant de foi ; quand ils ont constaté tant de conversions et de grâces obtenues, ils ont été contents eux aussi
; très contents.
— Et comment voyage-t-elle la Sainte Vierge ?
— Elle ne quitte pas son bateau. Celui-ci est placé sur une remorque que poussent et traînent sur les routes
une équipe d'hommes ou de jeunes filles. La foule marche devant ou suit en priant, en chantant. On fait
ainsi 15, 20 kilomètres par jour, quelquefois plus, jamais moins. Parfois la statue voyage en bateau. Elle a
ainsi descendu une partie de la Loire et traversé deux fois la Rance.
— Elle voyage même la nuit ?
— Non ! La nuit se passe dans une église ; jusqu'à minuit c'est la veillée de prière, ce sont les confessions...
Et de très bonne heure le lendemain les confessions recommencent ; puis ce sont les messes. Il paraît que
la foule prie tout haut. Le prêtre explique la messe ; il fait prier, chanter. C'est très, très beau.
— Et quoi encore ?
— Je t'ai tout dit je crois. Tout le monde veut voir et prier Notre-Dame de Boulogne. Quand elle entre dans
un village, les écoles parfois se ferment, les usines chôment. Et puis, sur le parcours, partout des
guirlandes, des banderoles, des arcs de triomphe. Les croix sont décorées, les maisons, les statues...
— Moi, pour suivre, je prendrai mon vélo.
— Ah ! non ! Tu iras à pied et souvent on marche même pieds nus J'ai lu dans les annales des Pères Oblats,
qu'un garçon comme toi marchait sans chaussures sur la route caillouteuse. De temps en temps il devait
s'arrêter pour arracher de ses pieds un gravier pointu et il venait du sang. « Prends tes souliers lui dit-on.
La Bonne Vierge a compris !
— Non ! je veux continuer. C'est pour mon papa qui a dû travailler tout l'hiver en Allemagne dans la boue
et la neige avec des souliers qui laissaient passer l'eau »
— Dis, Jean-Claude, aurais-tu ce ,courage ?
— Et toi ?
— Les filles aussi sont courageuses ! Il y en a une qui a marché trois jours, qui a veillé trois nuits pour
aider son frère qui allait abandonner sa vocation de prêtre. Elle a été exaucée. Elle a dit au missionnaire :
« Vous savez, mon frère, il continue! » Il y avait aussi une pauvre vieille qui n'en pouvait plus de lutter
contre le vent ; elle tombait, se relevait et marchait quand même : « Je ne peux pourtant pas, disait-elle, la
laisser à moitié chemin ; je veux la suivre jusqu'au bout. »
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— Dis, nous irons au devant d'elle ?
— Oui. Tout le village ira au devant d'elle, jusqu'à mi-route de la ville ; et puis, le soir, nous
l'accompagnerons jusqu'à mi-route du bourg voisin.
— Alors ça fait deux processions !
— Oui. Une qui va, une qui vient : deux processions qui se rejoignent. On est beaucoup, beaucoup... Le
missionnaire parle, tout le monde se met à genoux, tout le monde chante le Salve Regina les bras en
croix...
— Nous irons tous : papa, maman, grand-père...
— Oui, mais ce que la Sainte Vierge demande surtout, vois-tu, c'est le Retour de notre cœur. Il nous faut
être bons. Il faut prier pour que tout le monde soit bon, obéisse à Dieu, aime Dieu. Il faut que tout le
monde se consacre, se donne à la Sainte Vierge vraiment. Et puis tu sais, tous ces milliards d’Avé, ces
consécrations, ces pas, ces sacrifices ne seront pas perdus pour la paix du monde. Elle est si bonne la
Sainte Vierge !
— Aussi, moi je l'aime tant !
Agnès Goldie.
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Imprimatur
Verdun, le 8 juin 1958. L. CHOPPIN, vic. gén.
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