TI01 - Dossier, Information et censure

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TI01 - Dossier, Information et censure
David Perrin
<
TC02
Dossier TI01 :
L’Information
« La censure permet-elle
un contrôle
de l’information ? »
Responsable uv : Mme Mirabel
Semestre Printemps 1999
- L’Information, « En quoi la censure permet-elle un contrôle de l’information ? » -
Sommaire
Sommaire......................................................................................................................................... 2
Choix de la problématique ............................................................................................................. 4
Schéma ............................................................................................................................................ 6
Libres enfants de Médiatie, Yves Bernabeu. Editions L’Agora Chinon.
Résumé .......................................................................................................................................... 10
La guerre du mensonge, Roland Jacquard, Histoire secrète de la désinformation. éditions Plon.
Analyse littéraire ........................................................................................................................... 12
De l’esprit des lois I, Montesquieu. Editions GF. Flammarion.
Analyse iconographique .............................................................................................................. 18
Censures, de la Bible aux larmes d’Eros, Biblothèque public d’information Centre Georges Pompidou.
Résumé .......................................................................................................................................... 22
L’objectivité de la presse, Patrick Imbert, Le 4ème pouvoir en otage. Editions Cahiers du Québec.
Synthèse ........................................................................................................................................ 24
Fiche d’évalutation ....................................................................................................................... 30
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- L’Information, « En quoi la censure permet-elle un contrôle de l’information ? » -
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- L’Information, « En quoi la censure permet-elle un contrôle de l’information ? » -
Choix de la problématique
« Et voilà comme on écrit l’histoire » (Voltaire)
Au hasard d’une rencontre inattendue comme il en existe des milliers sur le réseau
mondial, j’ai constaté la fermeture d’un hébergeur de sites suite à la diffusion d’images portant
atteinte au droit à l’image … Ne nous attachons pas au fond mais plutôt à la forme qui déclencha
un véritable tollé. Ainsi on pouvait lire un peu partout sur internet :
« … Les nouveaux censeurs
Ces événements mettent, de fait, tous les hébergeurs en position
de censeurs. Puisqu'ils sont déclarés responsables des
contenus, ils doivent maintenant vérifier l'intégralité des sites
hébergés. Non seulement cette tâche est titanesque, surtout elle
condamne directement la liberté d'expression, en confiant à des
techniciens le soin de décider de ce qui est l’égal et de ce qui ne
l'est pas. … »
La censure omniprésente dans les éditions, se voit couvrir désormais tous les moyens de
communications (« les nouveaux censeurs »), et alors qu’à l’heure actuelle un fait peu banal se
déroule dans les Balkans (i.e. la guerre au Kosovo …), on constate que l’information reste une
arme non-négligeable ; chaque camp disant à ses masses de mettre en doute toute information
venant d’outre-frontière.
J’ai cru bon de faire un dossier portant sur la censure de l’information dans les médias afin
de me rendre compte et de rendre compte si celles-ci constituent un facteur au contrôle de l’
information. Du fait qu’à mon sens, la quantité d’informations « ingurgitées » ne permet plus une
critique et une analyse objective des œuvres des médias – télévisés surtout -.
Ce dossier pourra, je l’espère, permettre de donner un temps de critique nécessaire à toute
information et que l’on ne s’impose plus assez. En définitive, la première raison d’être de ce
dossier et de me donner à moi-même ce temps.
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- L’Information, « En quoi la censure permet-elle un contrôle de l’information ? » -
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- L’Information, « En quoi la censure permet-elle un contrôle de l’information ? » -
Schéma
Libres enfants de Médiatie, Yves Bernabeu. Editions L’Agora Chinon
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Média : bon moyen de transmission de culture ?
« Les médias sont-ils un vecteur
essentiel de la communication
des connaissances »
De plus
Enfin
« Les médias assurent-ils une
meilleure compréhension du monde ? »
« Les médias pervertissent-ils l’information ? »
Intérêt évènement collectif
D’abord
Même si
- fait nouveau
+
- portée collective
Invit° au changement
du mode d’info
meilleure connaissance
peut être bref
Mais
malgré
ex:
Bombe
extraction temps & espace
évènement relaté par les médias
Le patrimoine dominait à la télé
Information télévisée
-sources
-répercussions
Évenement
médiatisé
Mais
Mais
Réunion dans
la même émission
Mais
?
Comment fait devient ou non un
évènement ?
situation est ancestrale
Ainsi
Image montre le fait
sens différent information
signifiant
Changement difficile
Cependant
Tout simplement
Mais comme
Car
nous passons d’une info à l’autre
Même possible aussi
- beaucoup hô
concernés
+
- résultat maturation
Culture fondamentale = culture populaire à l’écran
ex:
erreur humaine De plus auto-censure
technique
&
faits oubliés
Afghganistan /
Délinquance Angleterre
oubli
-sa provenance
-ses interactions
-ses développements
politique rédactionnelle
D’autant plus
passerait d’une émission à une
autre sans approfondissement
Aussi
image en mouvement :
qui doit poursuivre
Mentalités des médias
évènement Æ autre événement...
Alors que
qualité des prod° excellentes
existe une sélection
d’évènements tragiques
solution :
commentaire
Car
Csq
Même crainte :
bonne télé / mauvaise télé
faits attendus ≠ information & scoop
insuffisante
ex :
Mais
Radio
son sans images
image sans son
Uniquement faits scéniques ?
-constitue un spectacle hors écran
-nature catastrophique originelle
∅
Qu’apporte image pour l’information ?
gagne temps
Par contre
Vitesse images ôte teneur information
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Résumé
La guerre du mensonge, Roland JACQUARD, Histoire secrète de la désinformation. éditions Plon
En 1983, l’opération de la Grenade, médiatiquement censurée par le gouvernement
américain engendra une protestation des journalistes envers cet acte anti-constitutionnel. La
supposée censure militaire résulterait plus de la conséquence d’études sur les images télévisées
qui revêtent un impact démoralisant en temps de guerre et ce malgré le commentaire. Alors, qui de
la levée des journalistes ou de la quiétude du téléspectateur influença la dite censure ?
Les détracteurs ne doivent oublier que la censure militaire décrédibilise de l’armée, pis, celle de
l’état, et ces informations douteuses pour le journaliste seront transmises ainsi aux lecteurs.
Heureusement, la démocratie autorise l’opposition des journalistes contre ces pratiques, à
contrario dans les pays totalitaires, la censure sert à empêcher toute opinion politique, le
pluralisme d’informations des masses et confine l’étranger dans l’ignorance des capacités et des
faiblesses de l’état censeur. Cette pratique diffère de la censure militaire car elle contrôle d’abord
ses propres médias, annihile toute curiosité journalistique étrangère par l’obstruction, rejète les
correspondants du fait de leurs tendances politiques, emprisonne ou expulse.
Ainsi l’information devient unique et de facto désinformation.
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Analyse littéraire
De l’esprit des lois I, Montesquieu. Editions GF. Flammarion
Le texte dont nous proposons l’analyse est extrait de L’Esprit des lois , « dictionnaire
législatif » s’il en est, écrit par Charles de Secondat, baron de Brède et de Montesquieu en 1748 et
dont 19 propositions extraites de l’édition de 1750 seront censurées définitivement par la
Sorbonne. L ‘esprit des lois est l’œuvre d’une vie, sa rédaction s’étend sur une vingtaine d’années
et son objet englobe et prolonge les ouvrages précédents ; que ce soit les Lettres persanes (1721)
ou les Considérations (1734).
L’écriture de cet ouvrage se situe pendant le temps des Lumières qui se caractérise entre autre
par une contestation de la monarchie absolue. La philosophie des Lumières sera entretenue par
Voltaire, Lettres anglaises (1734), Rousseau, Le Contrat social (1762), d’Alembert et leur vision
rassemblée dans un chef d’œuvre collectif ; L’Encyclopédie (1751).
Cet œuvre se veut être une interprétation personnelle de l’auteur vis à vis des lois, non sans une
certaine connaissance du sujet puisque Montesquieu suivit des études de droit et fut entre autre
conseiller au Parlement de Bordeaux. Il dira à propos de celui-ci : « Je n’ai point pris la plume pour
enseigner les lois, mais la manière de les enseigner. Aussi n’ai-je point traité des lois, mais de
l’esprit des lois ».
Le livre V chapitre 7 traite de la censure et du rôle des censeurs dans une démocratie, pour cette
raison, il a tout simplement intitulé ce chapitre; Autres moyens de favoriser la principe de la
démocratie …
Fonction référentielle
Montesquieu reconnaît qu’il ne peut exister d’équité absolue ; cela même dans une
démocratie du fait de la nécessité de « maintenir les mœurs ». comme palliatif à cette absence il
doit subsister d’autres moyens. D’où l’établissement, selon l’auteur, d’ « un corps fixe » où les
sénateurs doivent être exposés aux foules en dieux. Ce sénat doit s’attacher à maintenir les
coutumes, aussi anciennes et austères soient-elles ; celles-ci garantissent l’ « établissement de
grandes choses ». Pour répondre au doute qu’est la durée du mandat des sénateurs, Montesquieu
revient sur les institutions de trois civilisations antiques ; les sénats, la censure et l’application des
lois à Rome, Lacédémone et Athènes, chacune possédant un système législatif propre.
De même que la divinisation des sénateurs, Montesquieu note que « rien ne maintient plus les
mœurs » que la subordination présente dans l’antiquité et que « rien ne donne plus de force aux
lois, que la subordination extrême des citoyens aux magistrats » . Montesquieu termine par
l’autorité parentale qui est pour lui « très utile pour maintenir les mœurs ».
Les temps verbaux utilisés couvrent un axe chronologique ; Montesquieu accuse et condamne au
présent, se réfère aux civilisations antiques par le biais de l’imparfait, qui rend bien compte d’un
fait lointain, quant au futur il sert à Montesquieu à transporter le lecteur dans l’expectative de son
projet. La narration qui concerne des institutions passées en guise de référence rend intemporelle
la teneur des propos de Montesquieu.
Fonction expressive
Montesquieu s’exprime essentiellement par le « on », celui-ci lui confère un certain pouvoir.
Ainsi dans « on ne peut établir un partage égal des terres dans toutes démocraties »; première
phrase du chapitre, Montesquieu annonce sa position. Le « on » est fédérateur, Montesquieu se
place en législateur suprême et regroupe à ses côtés les idéologistes politiques, c’est à dire les
philosophes des Lumières.
Fonction conative
Montesquieu s’adresse au sénat existant visible dès le second paragraphe « un sénat où
… » puis « ce sénat …», l’article « ce » met en évidence le fait qu’il existe déjà un sénat, celui-ci
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ne doit pas convenir à l’auteur puisqu’il en propose un réaménagement. Il s’adresse de
même au sénateurs qu’il interpelle par « sénateurs », « membres du sénat » ceux-ci sont
finalement les premiers visés par le texte.
Cette volonté de changer le pouvoir exécutif tient au fait que Montesquieu prônait la séparation
des pouvoirs afin d’éviter le despotisme.
Fonction métalinguistique
Celles-ci situées en bas de page se révèlent essentielles pour la compréhension du texte,
c’est notamment l’appel à l’antiquité qui rend nécessaire l’utilisation des ces commentaires. Leur
incrustation dans le texte n’aurait pas permis le même effet ; le texte aurait revêtu un aspect plus
historique que dénonciateur, Montesquieu juge donc que ces connaissances sont accessoires.
Fonctions poétiques et phatique
Le premier paragraphe laisse apparaître une gradation concernant l’équité des terres en
démocratie, « impraticable, dangereux, choquerait même la Constitution » ; Montesquieu insiste
donc sur l’impossibilité de cela afin de montrer qu’un recours à d’autre moyens est nécessaire. On
voit cette contrainte par la suite grâce à l’emploi de « il faut … »
La phrase « Comme les peuples corrompus font rarement de grandes choses … et qu’au
contraire ceux qui avaient des mœurs simples et austères ont fait la plupart des établissements »
révèle deux figures de styles. D’une part un parallélisme entre les deux énoncés ; « peuples
corrompus » et « mœurs simples et austères » puis « font rarement de grandes choses » avec
« font la plupart des établissements ». D’autre part la qualification des mœurs c’est à dire simples
et austères révèle une antithèse, ces deux figures d’opposition ont le même but ; elles permettent
à Montesquieu de renforcer l’idée que des lois sont nécessaires et ce malgré leur austérité car en
définitive c’est le propre d’une loi malgré cela l’établissement des nouvelles choses met en
évidence la conséquence bénéfique des lois.
Montesquieu parsème son texte de phrases à valeur de maximes « rappeler les hommes
aux maximes anciennes, c’est ordinairement les ramener à la vertu », « On va au mal par une
pente insensible, et on ne remonte au bien que par un effort », « Dans un sénat fait pour être la
règle, et, pour ainsi dire, le dépôt de mœurs, les sénateurs doivent être élus pour la vie : Dans un
sénat fait pour préparer les affaires, les sénateurs peuvent changer. » et « l’esprit, dit Aristote,
vieillit comme le corps ». Les structures de ces maximes suivent un rythme rapide et bref et les
mots utilisées ; « vertu » terme volontairement fort mis en parallèle avec « les hommes » rendent
ces dernières pathétiques. Ainsi le lecteur aura plus tendance à se souvenir de ces « tirades », ce
que veut Montesquieu car celles-ci résument chacun des paragraphes.
La présence du champ lexical de la loi « mœurs », « sénat », « coutumes »,
« maximes », « lois » se mélange à celle de son champ sémantique « sénateurs », « sénat »,
« institutions », « gouvernement », « citoyens ». Ceux-ci sont omniprésents tout au long du texte,
Montesquieu maintient le lecteur dans une atmosphère parfois pesante « de législation ». La loi
devient elle même personnifiée ; « la loi romaine … intimidait les femmes, elle intimidait aussi ceux
qui devaient veiller sur elles ». Ses « fruits » sont relégués au rang de surhommes ; les sénateurs
deviennent des simulacres de dieux, les hommes subordonnés aux magistrats, chaque père a le
droit en plus du sien de corriger les fils d’un autre, la loi devient de facto l’élément de toute
puissance toutefois son austérité l’est à bon escient car la loi sert le peuple.
La contestation de la monarchie absolue se fait de deux manières subtiles. D’une part,
l’ironie « dans une monarchie, on n’a pas besoin de tant de contraintes », « mais cela n’est pas
l’esprit de la monarchie » montre qu’elle est au-dessus des pratiques ancestrales et donc inutiles
de Rome ou Athènes. Puis montre les côtés pseudo-négatifs et insiste sur les devoirs des
hommes vis à vis de la loi. Ce procédé tend à se rapprocher de l’antiphrase, il est nécessaire à
l’auteur compte-tenu des menaces de censure de l’époque.
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Evaluation des codes
Dans ce court article, Montesquieu suit une idée précise ; le titre du chapitre pose le
problème principal, le premier paragraphe a vocation d’introduction, puis s’en suit un
enchaînement logique ; solutions proposées (utilisation du lien logique si), explications rationnelles
de la solution et de ses vertus, comparaison avec les civilisations antiques comparaison passant
par trois phases qui montrent bien le champ d’application des lois, la censure avec les vieillards, la
subordination pour les hommes, l’autorité parentale pour les enfants, Montesquieu montre que les
lois sont applicables en tout point d’une vie.
L’appel à l’antiquité long par rapport au texte, près de la moitié, a valeur de vérité. En effet
ce sont dans ces cités ; Rome, Athènes que se sont développées les premières instances
législatives. Montesquieu utilise donc ces références en les comparant entre elles pour deux
raisons ; pour rendre intemporel son discours mais afin aussi de le rendre crédible. Il s’en sert
comme référence puis comme des éléments de réponse aux diverses questions notamment à
propos du mandat des sénateurs.
La censure développée lors de l’appel de l’antiquité permet de mettre en évidence sa
position par rapport à la hiérarchie législative ; elle se trouve en haut d’une pyramide, en-dessus
du sénat lui même, en-dessus du peuple. Un court paragraphe lui est accordé, un rythme rapide
est rendu possible grâce à la répétition des champs sémantiques de censure et censeur ;
« gardiens des mœurs », « gardiens des lois », « censure », « censeurs » mais aussi par
l’énumération de ses actions « rétablissent … notent … corrigent … punissent ». La façon brève
et concise utilisée par Montesquieu à propos de la censure met bien en évidence le côté occulte
mais efficace de cette institution.
L’utilisation d’un niveau de langue relativement délicat et emprunt à la législation permet à
l’auteur de filtrer son public ; il réserve celui-ci un public initié.
Evaluation des thèmes et des thèses
La loi ; elle renferme l’essentiel du texte, Montesquieu montre qu’elle doit être partout et ce
pour le bien du peuple. Pour montrer cela il se sert d’une fresque humaine chronologique, ainsi la
loi sauve le vieillard de la sénilité en lui accordant un moindre pouvoir ; la censure . Les mœurs
pénibles qui peuvent être les lois permettent aux hommes de bâtir des sociétés nouvelles et
empêche donc l’oisiveté, enfin la loi permet la puissance paternelle ceci pour l’éducation de
l’enfant mais aussi pour combler un espace où la loi n’était pas assez présente.
Montesquieu dispense le lecteur d’un cours de droit historique afin d’insister sur un régime
politique actuel auquel il était opposé i.e. monarchie et donc de la nécessité de la séparation des
pouvoirs en montrant l’importance de la Loi. En passant par un éloge des lois qui sont ce qu’elles
sont afin de garantir le bien de la nation, Montesquieu reflète bien la tendance des lumières ;
débats philosophiques et idéologiques en vue d’amener des réponses aux questions politiques du
temps à une période de l’histoire européenne où il n’a jamais été aussi abondant le nombre de
réflexions scientifiques et philosophiques. Sorte de réponse à la législation de l’époque, Voltaire
entreprit le même travail que Montesquieu dans ses Lettres philosophiques, en utilisant le même
principe de comparaison avec les civilisations romaines, Voltaire disait de cela : « Les membres du
parlement d’Angleterre aiment à se comparer aux anciens Romains autant qu’ils peuvent. », sans
pour autant y parvenir. (huitième lettre, sur le parlement, Lettres Philosophiques)
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Analyse iconographique
Censures, de la Bible aux larmes d’Eros, Biblothèque public d’information Centre Georges Pompidou
La photographie dont nous nous proposons de faire l’analyse iconographique provient d’un
recueil de photographies et d’œuvres picturales dont le thème principal est la représentation de
censure à travers le temps. Oeuvre noir & blanc du photographe William Betsch, nous allons
montrer au travers de la structure, de la construction et du contenu de cette photographie que
celle-ci revêt une valeur symbolique intemporelle.
Tout d’abord, Le commentaire « livre brûlé » est le seul élément d’indication quant à la
photographie. Titre de l’œuvre, il permet à l’auteur d’annoncer d’emblée son intention ; susciter
chez le lecteur une approche uniquement intuitive basée sur des connaissances historiques et
guidée par de nombreux indices parsemés tout au long de la découverte du document.
La structure de la photographie est relativement dépouillée. Le premier plan est constitué
par un amas de cendres et de flammes. Le plan intermédiaire est quant à lui le plus important :
sujet du photographe, il est occupé par un tas de livres en combustion. L’arrière plan est constitué
lui de la même façon que le premier plan, c’est à dire par des cendres et des flammes. Les
cendres encerclent donc véritablement les livres concédant à ce dernier une finalité inévitable.
L’omniprésence des flammes montre que le feu n’est pas uniquement centré sur ce tas de livres,
étendu et n’ayant aucune limite visible. On imagine alors qu’il est possible que d’autres livres
subissent le même sort.
Le cadrage utilisé est le gros plan. L’auteur centre donc l’attention du public sur la
dégradation des livres tout en laissant à son initiative toute opinion et tout jugement. Ceci est
visible par l’emploi d’un angle de vue frontal : l’auteur laisse donc le lecteur libre de son
interprétation, tout en sachant que ce même lecteur retrouvera le message originel préalablement
déposé par l’auteur. Car évidemment, on ne peut pas ne pas penser avec cette photographie aux
autodafés, notamment ceux issus des régimes politiques du IIIème Reich ou encore même
soviétiques. Cependant malgré l’acte en lui-même et son évident caractère néfaste, l’auteur ne
juge pas, il propose une photographie neutre qui se veut tout de même invitation au pathétisme.
Les livres en flammes sont volontairement volumiques et épais ; le lecteur peut supposer
qu’il s’agisse d’ouvrages spirituels tel que la Bible ou des ouvrages de connaissance ;
dictionnaires. De toute évidence le choix de ces livres n’est pas le fruit du hasard. Par définition, la
raison d’être de l’ autodafé est l’annihilation de toute connaissance ou toute opinion politique ou
religieuse, afin de conditionner l’homme dans l’ignorance et de le maintenir. De plus il ne s’agit pas
d’un livre mais de plusieurs livres, la portée n’est donc pas la même ; la dégradation est volontaire
et le fait que d’autres livres brûlent éventuellement à côté, montre que l’autodafé se comporte
comme une usine d’incinération qui détruit tout sur son passage. En focalisant l’attention sur une
seule pile plutôt que de milliers d’autres livres, l’auteur part du particulier pour laisser supposer au
lecteur le général.
L’absence d’informations ainsi que l’absence de contexte spatio-temporel rend la
photographie tout aussi énigmatique que générale. La photographie est volontairement sobre et
l’on ne fait que deviner la nature des ouvrages détruits, ainsi, on peut replacer cette photographie
dans tout contexte de censure. Elle n’est spécifique ni à une guerre ni à un autre événement. De
ce fait, cette photo à plus une valeur symbolique, comme ; Anastasie et ses ciseaux, cette
photographie se veut être une adaptation moderne de l’allégorie de la censure.
Cette photographie est axée sur une zone très distincte ; elle s’étend sur les diagonales
des tiers horizontaux. La ligne de force principale est donc quasiment sur la diagonale bas gauche
/ haut droite , c’est elle qui invite à une lecture selon un ordre prédéfini. Par l’utilisation des tons
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noir et blancs et par la zone diagonale, l’œil du lecteur découvre progressivement la
photographie en partant de la diagonale supérieure droite, zone la plus sombre de la photographie
pour venir percuter sur les flammes en elles-mêmes, partie la plus claire ; seul endroit où un blanc
pur est présent. Cet écrasement est d’autant plus renforcé par la structure des livres en « tour de
pise » d’autant plus que les livres présentés ne sont pas limités en hauteur, leur disposition c’est à
dire du plus volumineux pour la base ou plus concis rend l’image de « tour » plus qu’appropriée.
La pente des livres suit une ligne qui s’appuie sur les cendres de l’arrière plan, cette ligne
s’oppose avec le repère horizontal. Ajouté à la dualité entre une partie gauche très rectiligne en
opposition avec une partie droite courbée, il en résulte un affaissement plus que probable des
livres.
Le choix des couleurs ; noir & blanc plutôt que la couleur permet au photographe un
meilleur rendu des contrastes ; on y distingue clairement les pages des livres ainsi que les deux
zones opposées, une zone supérieure sombre et une zone inférieure claire. De plus le noir & blanc
permet une portée plus généralisatrice. L’impact de ce choix de couleurs renforce l’évocation de la
seconde guerre mondiale : toutes les photographies et films retraçant le conflit ont été, du fait de
l’époque, contraints au noir & blanc. L’auteur focalise clairement son objectif.
Malgré le caractère statique de l’ensemble ; absence de flou au niveau des livres, on
devine de part la structure de l'empilement des livres, un effondrement inévitable . De surcroît, la
netteté des livres contraste avec le flou et l’élancée des flammes au second et à l’arrière-plan, ce
qui produit un certain mouvement et donne de facto à la photographie un certain dynamisme. Le
contraste entre le dynamisme des livres moins perceptible que celui des flammes crée un
sentiment chez le lecteur, et concède ainsi aux livres un caractère humain. Le lecteur impuissant
assiste à l’attaque des livres de toutes parts par un ennemi plus rapide et plus nombreux qui
entraînera inexorablement la chute du colosse.
A l’instar des photographies d’avant guerre, les photographies contemporaines sont moins
explicites, elles s’appuient sur des contextes et des évènements. Le niveau de culture en
progression des hommes permet cette évolution photographique. Car comme pour la photographie
de l’étudiant stoppant les chars sur la place Tian An Men, le contexte ou une partie du celui-ce est
indispensable pour la compréhension du document mais connu, parfois implicitement de tous.
C’est en cela que l’on perçoit que William Betsch est un photographe d’après guerre et que son
style est propre à cette période (non-révolue). De plus, au vu de cette analyse, de part la
construction à la fois simpliste et évocatrice ainsi que par l’évidente absence d’éléments
permettant de resituer l’objet de l’étude dans un contexte spatio-temporel, il en resort une volonté
très forte du photographe de confiner son lectorat dans un schéma de compréhension malgré tout
pré-établi. Toutefois, il n’impose rien, sa neutralité le transpose au rang de témoin voire peut être
même de journaliste qui développerait impartialement le fruit de son travail, aussi pénible soit-il
(autodafé). Quel qu’il en soit ; allégorie post-moderne de la censure ou symbole pour la postérité,
William Betsch parvient à ses fins : susciter une émotion somme toute pathétique mais
intemporelle à l’échelle humaine.
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Résumé
ème
L’objectivité de la presse, Patrick IMBERT, Le 4
pouvoir en otage. Editions Cahiers du Québec
Pour les médias, l’information ne doit pas être forcément complète mais floue grâce à l’usage des
mots susceptibles de banaliser l’information . Superflues, donc, les lois polonaises contre la vente
de papier vierge. Cependant, la presse française a progressé depuis la quasi totale censure du
massacre de 90000 Malgaches par l’armée en 1948.
Toutefois la censure existe, mais on la dissimule ou on l’évite. Ainsi, des films et leurs affiches
changent suivant le pays de projection et la rigidité des lois. Mais cette censure est relative : les
livres et œuvres d’art ou même les scènes d’érotisme en pâtissent alors que parallèlement les
violences ou la pornographie dans la publicité en sont affranchies ; les guerres sont démocratisées
sur les écrans et le corps humain devient un argument promotionnel.
La censure des livres avec et les procédés inhérents aux médias sous-informent, pis ; ils
suppriment excise toute critique ou curiosité du public, ceci est conforté par le fait que toute
innovation littéraire n’a qu’un moindre effet. Il ne s’agit donc plus de liberté d’expression mais
d’expression libre : faute d’intérêt, des écrits ne sont lus que par quelques gens instruits ;
La censure se fonde sur le non-dit ; par ses applications, elle intimide des enseignants qui
renoncent aux œuvres controversées, cas non isolé : elle augmente progressivement et elle peut
licencier, interdire une représentation ou une exposition de peinture.
Le problème de la censure est très peu ou mal abordé, et même il l’est, on évite pour garantir sa
propre démocratie l’évocation des pays non-démocratiques.
Mais ce n’est qu’un aspect de la question, l’économie régit les intérêts ; tous les moyens sont pris
pour ne pas informer sur les dangers du tabac. Les magazines ne l’évoque pas, retenus par leurs
annonces publicitaires de tabac.
De plus, les archives révèlent ce que dissimule la presse : l’étouffement d’une contamination fait
censurer une photo d’ouvriers maniant des déchets toxiques. Mieux vaut détourner l’attention ;
évoquer le terrorisme nazi plutôt que les actes gouvernementaux frauduleux. Acte regrettable mais
connu ; fruit d’une société basée sur l’économie. Des interrogations parcellaires a propos de la
censure la relèguent finalement au rang de pulsion due à la quête de pathétisme.
L’information est brève et floue ; le public doute puis oublie, contraint encore à la crédulité par de
pseudo-vérités, ce pour le bien de l’économie.
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Synthèse
L’emploi de la censure par les médias est une pratique somme toute contestable dans nos
sociétés modernes : Yves Bernabeu ne peut déroger à la règle, en parlant des devoirs de
l’information dans son ouvrage « Libres enfants de Médiatie » en évoquer la censure en constatant
son évidente existence, il en va de même pour Roland Jacquard dans son livre « La Guerre du
mensonge » ou Patrick Imbert et « L’Objectivité de la presse » qui ne peuvent que constater
l’ampleur des dérives de la censure. Mais avec plus de recul, la censure semble apparaître comme
une nécessité, comme le montrait « De L’Esprit des lois » de Montesquieu, ou comme pourrait le
laisser paraître la photographie « Le Live brûlé » de William Betsch ; une fatalité immuable à
laquelle on ne peut qu’être spectateur.
La censure peut-elle donc permettre un contrôle de l’information ? Une l’étude de cette institution
suggère au premier aspect que son usage est légitime et bénéfique. Toutefois il n’en est rien, on
constate un goût immodéré pour l’obédience et pour l’application irraisonnée.
Que permet la censure ?
Les censeurs d’aujourd’hui sont connus. Pour Y. Bernabeu « ce n’est un mystère pour
personne », les politiques et les rédactions des médias sont les principaux protagonistes, « le
gouvernement américain » de R.Jacquard ou « la presse française » qui protégeait, par l’utilisation
de la censure, ses troupes militaires dixit P. Imbert. ne fait aucun doute que ce sont les hautes
instances gouvernementales qui usent de ce pouvoir. Montesquieu plaçait d’ailleurs ce pouvoir audessus du sénat. Les politiques ne sont pas les seuls censeurs « tous les vieillards [sages] étaient
censeurs », voire même plus ; « gardiens des mœurs » . L’évocation du gouvernement du IIIème
Reich par l’autodafé de William Betsch conforte l’idée que ce sont les politiques qui s’autorisent à
user de la censure.
De plus, son champ d’application vaste permet tout aussi bien de censurer la connaissance
- que peut supposer la photographie de W. Betsch - qu’une simple « pièce de théâtre créée par
des élèves d’une école secondaire ». Livres, films, affiches, photographies, exposition de peinture,
productions littéraires ou cinématographiques, selon P. Imbert : toute pensée intellectuelle est
censurable. Quant à la position de ce dernier vis à vis de l’information, elle s’accorde avec celle
d’Y. Bernabeu et R.Jacquard : l’information est la première victime visée par la censure. Dans ce
cas, la censure peut permettre de « maintenir la cohésion sociale » ou « interdire aux médias de
couvrir des actions militaires. ».
Là où pour Y. Bernabeu ce sont les téléspectateurs « auxquels on ne peut parler de tout »
et pour qui « il y a des choses dont il très facile de ne pas parler sciemment » qui, les premiers,
subissent la censure. Pour R. Jacquard, ce sont les médias qui sont contraints à la censure,
contrainte militaire qui provient du fait « qu’une caméra sur un champ de bataille ne peut rapporter
que des images défaitistes et traumatisantes ». De même P. Imbert souligne les prétextes
anticonstitutionnels à la censure ; tantôt relevant de la sécurité nationale notamment évoqué par
l’information censurée d’un massacre par des troupes militaires, tantôt relevant de « l’esprit critique
et de la libre pensée » par la censure culturelle. Montesquieu invoque un prétexte à la censure
nécessaire d’une part pour le peuple « il faut que des censeurs aient les yeux sur le peuple » et
d’autre part pour les vieillards-censeurs eux-mêmes, qui leur concède une certaine respectabilité.
Et son application se manifeste différemment. Alors que les censeurs de Montesquieu,
« rétablissent dans la république tout ce qui à été corrompu ; qu’ils notent la tiédeur, jugent les
négligences, et corrigent les fautes, comme les lois punissent les crimes » ceux de William Betsch
brûlent des livres et condamne la connaissance, alors que la censure de R. Jacquard « sanctionne
par l’expulsion, quelquefois par l’arrestation ».
Enfin la censure est une institution plus que séculaire, Montesquieu la dépeint lors de ses
prémices à Lacédémone en la comparant à la loi qui jugerait des crimes. William Betsch propose
un photographie évocatrice de la seconde guerre mondiale, cette censure-là n’était pas d’ordre
militaire mais permettait un contrôle des masses en annihilant toute culture. Alors que, P. Imbert,
R. Jacquard et Y. Bernabeu partagent l’idée de la censure moderne concernant les médias.
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- L’Information, « En quoi la censure permet-elle un contrôle de l’information ? » -
La censure semblerait donc être une institution pourvue de règlements austères, et dont le
seul but est de préserver aux politiques leurs pouvoirs, pourtant , il apparaît que la censure est
toutefois bénéfique.
Tout d’abord la censure est l’institution qu’elle est du fait d’une certaine naïveté du lecteur
ou du téléspectateur qui selon P. Imbert « a appris à ne pas critiquer, à ne pas pousser plus loin ».
Ce sont ces mêmes téléspectateurs qui engendrent une « sélection des événements chez les
médias en direction du sensationnel ». Y. Bernabeu complète ses paroles en soulignant le fait que
le spectateur oublie les situations originelles des conflits engendrés, en ne s’attachant qu’aux faits
présents.
D’autre part la censure à ses vertus ; pour Montesquieu, elle « maintient les mœurs » et
accorde aux vieillards un pouvoir qui leurs assure le respect à l’égard des jeunes, elle permet de
dispenser aux médias ce que bon lui semble en maintenant un certaine cohésion sociale, malgré
la suppression des connaissances supposé par William Betsch, la censure accorde à son
utilisateur un contrôle évident de la population.
En même temps, alors que les sociétés d’aujourd’hui sont régies par l’économie, la censure
permet d’après R. Jacquard d’« interdire à l’étranger d’avoir la possibilité d’évaluer les points forts
et les points faibles militaires mais aussi sociaux et économiques ». En même temps, P. Imbert
souligne le fait que la censure garantie la position économique du groupe qui l’exploite.
La censure parvient dans une moindre mesure à prouver sa nécessité. Toutefois, son
application zélée lui supprime ses vertus originelles.
D’une part, la censure fait plus que cacher, « elle rend stérile toute velléité de curiosité des
correspondants étrangers en limitant leurs déplacements » d’après R. Jacquard. Elle n’informe
plus, P. Imbert dit d’elle qu’ « elle sous-informe ». William Betsch nous montre qu’elle détruit le
savoir.
D’autre part, l’évocation de la censure dans les pays totalitaires permet à R. Jacquard de
contester le fait que la censure « évite que la population ne subisse la contagion des idées non
conformes à celles du parti unique et ne puisse être attirée par une possibilité de pluralisme
d’opinions ». De plus en démocratie, la protestation envers la censure est possible, il n’en est pas
de même pour les pays totalitaires, « ou ayant une conception de la démocratie bien différente de
la nôtre », pays dont on ne parle pas d’après P. Imbert afin d’éviter des vagues de protestation
violentes ou alors si cette dénonciation est possible « il serait peut être dangereux d’émettre à
Kaboul une simple réflexion sur la censure locale »
Comme les politiques usent de la censure il y un lien entre la censure et la politique.
Comme le précise Montesquieu : en plus des vieillards, « deux magistrats avaient la censure », il
existait de plus un rapport entre le sénat et la censure. La pièce de théâtre censurée chez P.
Imbert fut censuré par le gouvernement conservateur. De même il existe un lien entre la censure
et les lois, jugées « contradictoire à la Constitution » par R. Jacquard et supérieure aux lois par
Montesquieu, la censure se permettait en Pologne d’interdire la vente de papier blanc selon P.
Imbert.
En dépit de sa discrétion et de son caractère elliptique, la censure n’en demeure pas moins
une institution puissante. Pour P. Imbert, « on la cache, on l’évite », celle-ci est « elliptique (…)
silencieuse » et même « caché dans les archives ». William Betsch dépeint un endroit mystérieux,
on ne peut deviner où s’applique la censure, R. Jacquard fait apparaître la bassesse de
l’application de la censure ; « elle s’applique d’abord aux médias locaux par un système de
contrôle »
L’application à outrance de ses préceptes, conduit la censure à perdre son caractère
originel de moralisatrice, l ‘économie prend ici toute sa valeur négative. Pour P. Imbert, « il vaut
mieux répéter et répéter l ‘évocation du terrorisme nazi afin de détourner l’attention des rapports
entre les entreprises occidentales avec les dictatures du Tiers-Monde, des ventes d’armes
bulgares ou brésiliennes sinon américaines aux gouvernements et polices répressives». La
publicité autorise l’érotisme ; « le corps féminin ou même masculin sont exposés quand il s’agit de
vendre, de vendre une auto, de la soupe ou des ordinateurs » alors que ce même érotisme est
censuré à la télévision ou dans les livres. En définitive, « l’essentiel se joue sur le plan du
consensus économique » et on exploitera davantage la censure selon P. Imbert pour ne pas
informer le public des dangers du tabac « et les moyens pour y parvenir sont pris ».
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La censure met, en évidence, plus en péril l’information qu’elle ne pense la sauver, son
apparente volonté de paraître bénéfique aux yeux des téléspectateurs n’est en définitive qu’une
façade qui cache une toute autre volonté ; celle du contrôle de l’information.
Ce contrôle est-il pour autant néfaste ? effectivement, on ne peut qu’envier les
protagonistes de posséder la vérité et de se permettre de la cacher. Mais, car la documentation
n’explore que de façon précise le sujet, la censure ne permettrait-elle pas de garantir la
démocratie ? Il y a là un évident paradoxe ; mais tout ne peut se savoir, le secret d’état par
exemple que tous veulent voir supprimé, pour goût de la curiosité personnelle ou par crainte que
quelque chose les incluant soit dissimulé, ne sera finalement jamais destitué. Dans une certaine
mesure donc, il se pourrait qu’en dépit de son attrait au contrôle pour l’information, la censure
garantisse la démocratie. Reste, comme pour son usage avec les médias à en déterminer ses
limites.
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David Perrin
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La censure permet-elle un contrôle de l’information