Climate finance regional briefing: Latin America
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Climate finance regional briefing: Latin America
NORTH AMERICA FINANCE Fondamentaux du Financement Climatique Note 6 Texte d’Alice Caravani, Smita Nakhooda et Neil Bird, de l’Overseas Development Institute, et Liane Schalatek, de la Heinrich Böll Stiftung North America www.climatefundsupdate.org Novembre 2011 Note régionale : Amérique latine Le défi du changement climatique en Amérique latine L’Amérique latine est à la fois une source et Des études récentes montrent que le changement climatique pourrait coûter à l’Amérique latine environ 1 % de son PIB annuel (CEPALC 2010). Parmi les problèmes les plus urgents qui se posent à la région figurent la régression des glaciers andins, qui est susceptible de causer un stress hydrique touchant quelque 77 millions de personnes avant 2020, et le déboisement continu des forêts tropicales. Les petits États insulaires en développement des Caraïbes sont particulièrement affectés par le changement climatique qui risque de briser leur base de ressources naturelles et leurs activités économiques essentielles telles que le tourisme et l’agriculture. La résolution de ces problématiques exige des ressources considérables et rend crucial l’accès de la région au financement climatique. un puits d’émissions de carbone. Du fait de la demande croissante en énergie, le nombre des pays de cette région devenus contributeurs majeurs aux émissions mondiales augmente. Le niveau élevé de sa production pétrolière et sa recherche constante de nouvelles ressources pétrolières contrastent avec les intentions exprimées de nombreux États de s’engager sur la voie du développement à faible intensité. Il existe néanmoins un potentiel considérable de mise en œuvre d’activités d’atténuation et d’adaptation compatibles avec les objectifs de développement durable. D’une manière générale, le nombre des initiatives sur le changement climatique augmente à travers la région. De nombreux pays sont précurseurs dans le lancement de nouvelles procédures d’allocation pour le financement climatique : le Brésil a par exemple établi le Fonds pour l’Amazone qui contribue à réduire le déboisement. Le financement se concentre sur un nombre restreint de pays et, en général, celui qui concerne l’adaptation reste limité. Il est prévu que l’Amérique latine connaisse l’une des plus fortes augmentations des taux de consommation d’énergie au monde du fait de ses perspectives de croissance économique. Les récentes estimations de l’AIE révèlent que la consommation totale d’énergie de la région augmentera de plus de 60 % entre 2008 et 2035. L’Amérique latine est la deuxième région après l’ancienne Union soviétique en matière de production pétrolière (IEA 2011 : 57), laquelle se caractérise par d’importantes réserves et l’intervention de l’État au Venezuela, au Brésil, au Mexique et en Équateur. La production pétrolière fournit une large part des recettes de la région : Petrobras, au Brésil, est, par exemple, la première compagnie pétrolière de la région et en 2010, elle a réalisé un bénéfice historique (24,1 milliards $). Ce record crée une tension avec les objectifs visant un développement « à faible intensité de carbone ». Les mesures d’adaptation 1 devront également occuper une place centrale dans les stratégies nationales de développement durable au vu de la vulnérabilité des pays de l’Amérique latine au changement climatique, de la persistance des inégalités de revenus et de la pauvreté - prégnantes jusque dans les économies les plus développées. L’Amérique latine reçoit actuellement une part relativement faible des financements internationaux provenant d’initiatives bilatérales et multilatérales sur le financement climatique. Au total, ce sont 930 millions $ qui ont été approuvés pour la région entre 2004 et octobre 2011, par le biais des fonds climatiques suivis par Climate Funds Update. Le passage du concept à l’exécution a cependant subi un engorgement puisque seuls 333 millions $ ont été versés. En octobre 2011, 16 % du total des projets approuvés au titre du Mécanisme de développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto se trouvaient en Amérique latine, plaçant ainsi cette région au deuxième rang des régions destinataires, après l’Asie-Pacifique. Les projets se concentrent cependant sur deux pays - le Brésil et le Mexique - lesquels représentent à eux deux 59 % des projets du MDP dans la région. Répartition du financement climatique Les données de Climate Funds Update signalent que cinq pays de la région reçoivent la majeure partie des financements climatiques : le Brésil (94 millions $), le Mexique (54 millions $), le Pérou (32 millions $), la Colombie (25 millions $) et le Chili (18 millions $). Le soutien accordé actuellement aux pays pauvres de la région est nettement moins important. La Bolivie n’a par exemple reçu que 2 millions $ pour deux projets liés à l’adaptation. De même, le Paraguay n’a bénéficié que de 5 millions $ pour un projet REDD. Des programmes d’adaptation sont maintenant en cours de réalisation dans les pays des Caraïbes mais, à ce jour, seuls 2,4 millions $ ont, semble-t-il, été versés à des projets liés au changement climatique menés dans les petits États insulaires en développement. Objectifs du financement climatique en Amérique latine En Amérique latine, les possibilités de réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts sont vastes car la région accueille un quart des forêts mondiales et suscite un intérêt croissant auprès des efforts menés sur le financement climatique. Dans le même temps, une forte activité a été menée en faveur d’initiatives 2 d’atténuation visant l’énergie et le transport, et plusieurs efforts ont été déployés pour augmenter la résistance au changement climatique par des projets d’adaptation. Atténuation - Dans la région de l’Amérique latine, les banques multilatérales de développement demeurent des acteurs centraux du financement de l’atténuation puisqu’elles sont de plus en plus engagées dans les problématiques du changement climatique par le biais de leurs systèmes de prêts traditionnels et de programmes spécialisés soutenus par les Fonds d’investissement climatique (FIC). Le Fonds pour les technologies propres (FTP), qui relève des FIC, finance des programmes au Mexique et en Colombie à hauteur de 380 millions $. Si le Chili a, pendant un temps, sollicité le soutien du FTP, il a retiré sa demande après que la totalité des fonds promis furent épuisés. Depuis 2006, le FEM a versé aux pays de la région des sommes relativement plus modestes, totalisant 136 millions $, pour le déploiement des énergies renouvelables (éolienne, solaire et biogaz, y compris pour l’électrification des zones rurales) et des programmes de transport public. La plupart de ces projets ont également été mis en œuvre par les BMD. Le versement de ce financement a atteint 49 millions $ en 2011. REDD+ - Les riches écosystèmes forestiers de l’Amérique latine étant soumis à une pression croissante, la région joue un rôle crucial dans les efforts visant la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts (REDD+). En tant que membre du Rainforest Coalition Grouping, présent au sein de la CCNUCC, le Costa Rica a été l’un des premiers tenants du concept de la mobilisation des marchés du carbone pour la création des financements destinés aux activités REDD+. Le Brésil, malgré ses mises en garde contre les approches fondées sur le marché et leurs implications sur les souverainetés nationales, a également joué un rôle clé dans l’initiative REDD+. Il a même assumé un leadership dans la mise en œuvre de projets REDD+ incluant l’établissement du Fonds pour l’Amazone en 2009, lequel est géré par la Banque nationale brésilienne de développement (BNDES). Ce Fonds pour l’Amazone finance des projets et des programmes de prévention, de surveillance et de lutte contre le déboisement, et promeut la conservation et l’utilisation durable des forêts amazoniennes. En octobre 2011, il avait approuvé 20 projets d’une valeur de 127 millions $ et versé près de 33 millions $, principalement sous la forme de subventions. La Norvège est le principal contributeur du Fonds, avec 1 milliard $ de promesses de dons pour la période 2009-2015. Ventilation des activités et contributions des Fonds en Amérique latine (en US$ millions) Financement des projets climatiques par thème en Amérique latine 4 39 13 4 18 15 9 8 11 6 Adaptation ICI AF $73m 23% $84m 26% 0.2 8 124 33 32 Atténuation -général $167m 51% Atténuation -REDD FCPF LDCF MDG SPA UN-REDD SCCF GEF GCCA Amazon Fund Le Guyana a également contribué activement aux efforts menés pour lancer de nouvelles approches liées à REDD+. Le Brésil et le Pérou participent au Programme d’investissement pour la forêt du FIC. Adaptation - Les activités d’adaptation ne représentent qu’une part modeste du financement concernant l’Amérique latine. Cependant, l’Équateur, le Nicaragua et le Honduras ont été les premiers à bénéficier du Fonds d’adaptation. L’année passée, le Programme pilote de résistance aux chocs climatiques (PPCR) des FIC a accru son activité en Amérique latine. Le PPCR vise à fournir des financements programmatiques axés sur le renforcement de la résilience ; récemment, 86 millions $ ont été approuvés pour la Bolivie dont la programmation se fondait sur un plan national de résistance climatique. Le PPCR soutient également, aux Caraïbes, un programme régional basé sur des projets-pilotes menés à la Dominique, en Jamaïque, en Haïti, à Grenade, à Sainte-Lucie, à Saint-Vincent et aux Grenadines, pour un montant total approuvé de 33 millions $. Bien que la majeure partie des projets PPCR s’appuient sur des subventions, une large part de leurs financements sont fournis sous la forme de prêts. Principaux acteurs du financement climatique La Banque interaméricaine de développement (BID) est un acteur clé de la région puisqu’elle exerce la double fonction d’organisme d’exécution des projets FIC et de banque à part entière. Elle a lancé, en 2006, l’Initiative pour une énergie durable et la Adaptation Atténuation-général Atténuation-REDD lutte contre le changement climatique (SECCI), laquelle vise à favoriser les énergies renouvelables, le rendement énergétique, le développement durable des biocarburants, l’accès aux marchés du carbone et l’adaptation au changement climatique. Le Fonds pour la réalisation des OMD (F-OMD) est un autre acteur central dont l’appui a visé des projets de services écosystémiques et d’atténuation en Colombie, en Équateur, au Guatemala, au Nicaragua, au Panama et au Pérou. Il a versé, à ce jour, 24 millions $ à ces programmes. Si ce Fonds a aujourd’hui cessé ses activités, ses versements continuent de financer les projets agréés. Les efforts déployés par l’Équateur pour obtenir une compensation à l’exploitation pétrolière qui est continûment menée dans le Parc national Yasuni riche en biodiversité ont également attiré l’attention, en tant qu’initiative novatrice de recherche de fonds pour le développement à faible intensité de carbone. En août 2010, le gouvernement équatorien a créé, avec le soutien du PNUD, le Fonds environnemental Yasuni Ishpingo Tambococha Tiputini, lequel vise une compensation de 3,6 milliards $ sur 13 ans de la part d’États, de fondations, d’organismes publics et d’entreprises privées. Ce montant correspond seulement à la moitié des recettes estimées de l’exploitation pétrolière. Si la capitalisation du fonds n’atteint pas 100 millions $ avant décembre 2011, l’initiative pourrait prendre fin tandis que la production pétrolière se poursuivra. Le niveau actuel des contributions (inférieur à 2 millions) laisse penser que cet objectif a peu de chances de 3 se réaliser. Plusieurs pays européens, notamment l’Italie, ont promis des fonds en faveur de Yasuni mais ces derniers sont peu susceptibles de se concrétiser. De nombreux pays développés sont sceptiques quant aux engagements politiques pris en faveur du développement durable en Équateur. risque était plus élevé ou plus variable, et de se concentrer sur les communautés les plus pauvres, qui sont souvent rurales, et les groupes de personnes les plus vulnérables et démunis comme les femmes et les populations autochtones vivant dans ces pays. Le financement climatique qui s’oriente de plus en plus vers l’Amérique latine utilise également les voies bilatérales. Les rapports de la CCNUCC indiquent que les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes ont reçu, en 2010, 421,92 millions $ de pays tels que l’Allemagne, la France et le Japon. L’Initiative internationale pour le climat (IIC) de l’Allemagne joue un rôle d’une importance croissante puisqu’en octobre 2011, elle avait versé 79 millions $. Comme indiqué précédemment, le soutien bilatéral fourni par le gouvernement norvégien aux activités REDD+, en particulier au Brésil et au Guyana, a également été un fait marquant. Des efforts ont été récemment déployés pour expérimenter l’idée de partenariats public-privé lors de la mise en œuvre de projets et programmes respectueux du climat, et le secteur public a pris les mesures de réduction des risques que le secteur privé rechigne à assumer, notamment par le biais de garanties. Les investissements publics ciblés seront incontournables de tout projet ou programme traitant de problématiques cruciales liées au changement climatique dont les perspectives de bénéfices privés seraient toutefois peu brillantes. Plusieurs grands pays de l’Amérique latine, notamment le Brésil et le Mexique, ont investi dans l’élaboration de stratégies nationales d’intervention contre le changement climatique et bénéficié, dans cet effort, de l’appui de hautes autorités politiques. Plusieurs défis se posent à la sécurisation du financement climatique destiné aux secteurs prioritaires, tant parmi les pays bénéficiaires qu’à l’intérieur de ces pays. De nombreux décideurs politiques régionaux n’ont pas pleinement conscience de l’urgence que revêt le traitement des incidences du changement climatique sur leurs populations, leurs modes de subsistance et leurs perspectives de développement économique. Leur méconnaissance pourrait les conduire à sousestimer l’étendue du phénomène. Les grands projets de réduction des émissions, tels que les projets du MDP dotés de méthodologies avérées, tendent à bénéficier d’un traitement privilégié et à attirer la majeure partie des financements destinés aux activités axées sur le changement climatique en Amérique latine. Il s’est avéré difficile de cibler efficacement les projets technologiques dont le profil de Les opportunités d’investissement doivent en outre se conformer aux priorités nationales et, dans l’idéal, se concrétiser par le biais de processus entièrement participatifs. L’engagement de l’ensemble des parties prenantes pertinentes, qui incluent les populations autochtones et les femmes, revêt une importance particulière dans cette région. Cibler les secteurs et les populations prioritaires Références et liens utiles: CEPAL (2010). Economics of Climate Change in Latin America and the Caribbean. http://www.eclac.org/ cgi-bin/getProd.asp?xml=/prensa/noticias/comunicados/7/41947/P41947.xml&xsl=/prensa/tpl-i/p6f. xsl&base=/tpl/top-bottom.xslt Agence internationale de l’énergie (AIE) (2011) Oil Market report. Banque mondiale (2010) « Produire une énergie propre et sûre en Amérique latine et dans les Caraïbes » Les fondamentaux du financement climatique sont révisés annuellement, selon les données de 4 climatefundsupdate.org, et paraissent en anglais, en français et en espagnol