Qui était Cécile Sorel

Transcription

Qui était Cécile Sorel
Qui était Cécile Sorel ?
Extrait du
http://www.clg-sorel-meriel.ac-versailles.fr/spip.php?article18
Qui était Cécile Sorel ?
- Présentation du collège - Cécile Sorel -
Date de mise en ligne : mardi 9 février 2016
Copyright ©
Copyright ©
- Tous droits réservés
Page 1/7
Qui était Cécile Sorel ?
« Dans la vie, si vous n'êtes pas exigeant, vous n'obtenez rien » Cécile Sorel (1873 - 1966)
Parisienne née le 17 septembre 1873, Céline Seurre (de son vrai nom) est très vite saisie par la vocation artistique.
Elle décide dès l'adolescence, avec une hauteur presque royale : « Je serais comédienne ».
Le nom de sa soeur aînée, Emma Seurre, sera éclipsé par celui de son mari, Léopold Reutlinger, l'un des
photographes les plus reconnus de son temps. Mais Céline Seurre brillera par elle-même sur la scène pendant plus
d'un demi-siècle, sous le nom de Cécile Sorel.
Copyright ©
Page 2/7
Qui était Cécile Sorel ?
Cécile Sorel en Oriane dans « Les princesses de légende »
Cécile Sorel débute au théâtre du Vaudeville vers 1889 : elle tient un rôle secondaire dans Madame sans gêne (une
pièce qu'elle aura l'occasion de rejouer plus tard dans le rôle de Caroline Murat, Reine de Naples).
Son désir de briller est vite remarqué par Messieurs Carré et Porel, qui dirigent à la fois le Vaudeville et le Gymnase.
Mlle Sorel fait donc ses véritables débuts au théâtre du Gymnase, et tient des rôles importants dans Idylle Tragique
et Transatlantique, dans lesquels elle s'illustre.
Puis elle entre à l'Odéon en 1898. Elle interprète Oriane dans le spectacle poétique Les princesses de légende, de
Jean Lorrain (ci-contre)
Puis elle joue notamment Sylvia dans Les Jeux de l'amour et du hasard de Marivaux. Pour ce rôle difficile, Cécile
Sorel décide qu'en plus de son metteur en scène, il lui faut un autre professeur. Elle choisit de travailler son rôle avec
Mme Favart, actrice à succès de la Comédie-Française. C'est elle qui lui apprend à se révéler dans les rôles de «
Grandes Coquettes », ces femmes qui cherchent à séduire pour le plaisir.
Le nom de cette comédienne à la carrière prometteuse court sur toutes les lèvres. Le Roi d'Angleterre Edouard VII
en personne demande au Président Félix Faure de lui présenter cette jeune actrice qui ne laisse personne
indifférent. Interviewée des années plus tard, son amie et compagne de scène, Béatrix Dussane, trace son portrait
en quelques mots :
« Ses qualités dominantes étaient l'éclat, l'autorité, et une espèce de rayonnement. Solaire. »
Aux alentours de l'année 1900, une certaine Marie-Louise Marcy, actrice à la Comédie-Française, meurt subitement.
On lui cherche aussitôt une remplaçante et Cécile Sorel, qui enchaine les petits rôles à l'Odéon, est tout de suite
sollicitée. La jeune femme clame qu'elle n'est pas prête. « Je ne savais rien » avouera-t-elle. Mais elle relève le défi.
En 1901, à 28 ans, elle entre à la Comédie-Française.
Copyright ©
Page 3/7
Qui était Cécile Sorel ?
Rien aujourd'hui ne peut plus donner l'idée que représentait alors le prestige, pour une actrice, d'entrer à la
Comédie-Française. A une époque où n'existait encore pas le cinéma, il s'agissait d'une véritable consécration dans
la carrière d'une comédienne.
Cécile Sorel, consciente malgré les louanges qu'elle ne peut encore rivaliser avec les plus grandes, va tout faire
pour mériter sa place.
Béatrix Dussane raconte :
« Elle avait tout ce qu'une femme ambitieuse peut souhaiter posséder : la beauté, les amitiés illustres en grand
nombre, l'argent, l'opulence, l'influence. Elle s'astreignit aux plus humbles disciplines pour arriver à être autre chose,
à être plus, à être une vraie comédienne. Et elle y est arrivée. »
Car le travail acharné paie. Les succès s'enchainent pour Cécile Sorel, capable de passer des rôles de grandes
coquettes du répertoire aux premiers rôles modernes.
Aux alentours de 1905, elle joue la baronne d'Ange du Demi-Monde, d'Alexandre Dumas, avec « infiniment de race,
de séduction et de charme ». Applaudie et rappelée, elle fait un triomphe. La voilà en Marianne dans Les Caprices
d'Alfred de Musset l'année suivante.
Elle incarne la marquise d'Auberive dans les Effrontés, une pièce d'Emile Augier. Cécile Sorel parvient à saisir
toutes les nuances de son personnage, réputé très complexe.
Dans une pièce du même auteur, l'Aventurière, elle incarne Clorinde, un rôle plein d'effets, qui a été joué avant elle
par de grandes coquettes, de jeunes premières et même des tragédiennes. Elle passe l'épreuve avec brio :
Mlle Cécile Sorel vient de remporter dans l'Aventurière son plus éclatant succès : jeu, diction, composition,
exécution, costumes, tout y est : rarement, elle a été aussi bien inspirée.
Dans Adrienne Lecouvreur d'Eugène Scribe, elle joue la princesse de Bouillon et, resplendissante de beauté, elle
affirme « la souplesse de son jeu et la perfection de sa diction »
Cécile Sorel joue le rôle titre dans la pièce Marion Delorme de Victor Hugo et dans Sapho d'Alphonse Daudet, puis
s'illustre dans Chérubin, de Francis de Croisset, dans le rôle de La Chloé.
Elle flamboie en tant que Comtesse dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais, et fait une ravissante et
talentueuse Elmire dans Le Tartuffe de Molière.
Elle jouera encore Henriette Desclos dans Chacun sa vie, de Gustave Guiches en 1907, Dorimène dans Le Mariage
forcé de Molière en 1915, Climène dans Les Fâcheux en 1921 et 1922, Catharina dans La Mégère apprivoisée de
Shakespeare en 1923. La liste est longue...
Cécile Sorel joue ainsi les plus grands rôles, pendant plus de 30 ans. Avec son art de prestige, sa diction très « haut
public », une mode bien à elle, son port majestueux et sa démarche altière, elle met tous les rôles à sa mesure.
Celui qu'elle s'appropriera jusqu'à en faire sa marque de fabrique est celui de Célimène. Elle est si brillante qu'elle
conserve même le surnom de l'héroïne du Misanthrope de Molière.
Copyright ©
Page 4/7
Qui était Cécile Sorel ?
Au crépuscule de sa vie, Cécile Sorel clame sans modestie :
« Je n'ai eu aucune peine à jouer Célimène (...) J'étais née Célimène. »
Fiancée à un riche américain, Witney Warren, pendant très longtemps, c'est en 1926 qu'elle finit par épouser, contre
toute attente, Guillaume, comte de Ségur, arrière-petit fils de la célèbre écrivain. Il est de quinze ans son cadet ! Elle
s'entend rapidement mal avec son mari, acteur médiocre sous le nom de Guillaume de Saxe : les deux époux se
séparent mais ne divorceront jamais. Cécile Sorel restera toute sa vie comtesse de Ségur.
Mariée mais libre, assaillie par des admirateurs en tout genre, Cécile Sorel conduit de brillantes tournées à travers le
monde. Elle inaugure un salon, une ligne aérienne, une piste de ski... Tous les journaux parlent d'elle. « Coquette
par tempérament, presque par vocation », elle revêt des parures extraordinaires, des panaches extravagants
inspirés du XVIIIe siècle, qu'elle est seule à pouvoir porter. Il lui arrive d'arborer sur la tête des plumes de près
d'1m15 de hauteur !
Avec ses amis comédiens, Cécile Sorel se montre gentille, gaie, entrainante, simple et naturelle. Mais ils sont seuls
à la connaître ainsi. Car en public, elle se transforme en ce personnage étincelant qu'elle a elle-même inventé : la
voix suraigu (à la manière de Sarah Bernardt) l'accent américain, des manières exubérantes, un peu surfaite... Une
vraie légende !
Avec un très grand raffinement, Cécile Sorel assouvi son goût du faste dans ses somptueux appartement du quai
Voltaire, face au Louvre, dans l'hôtel de la duchesse de Mazarin. Passionnée de meubles royaux, elle est fière de
décrire, dans ses Mémoires, la décoration qu'elle a elle-même choisie : dans la salle à manger, une table de marbre
au socle décoré de volutes reliées par des coquilles et des feuillages sculptés, qui vient du château de Versailles,
dans la chambre, le lit de Mme Du Barry, en bois doré, couronné de roses, avec quatre colonnettes surmontées d'un
brûle-parfum.
Sa salle de bain était, elle, de style antique, avec un sarcophage gréco-romain revêtu à l'intérieur d'une mosaïque
d'or en guise de baignoire, une grande table de bronze antique veinée de traces d'or en guise de coiffeuse et des
trépieds de bronze.
Elle aime le luxe, qu'elle transpose aussi dans ses appartements du rond point des champs Elysées, ainsi qu'au
pavillon de chasse des Ségur dans le bois de la Faisanderie à Mériel, où elle vit entourée de perroquets, de paons,
de pigeons et même d'un lion qu'elle nomme Hamid ! Cécile ne supporte pas la vue d'une bouteille d'eau minérale.
Copyright ©
Page 5/7
Qui était Cécile Sorel ?
Witney Warren raconte :
Cécile me foudroyait gentiment du regard et disait :« - Tu sais bien, chéri, que je ne supporte pas les malades à table
! Enlève-moi ça tout de suite et sers-nous une coupe de champagne ! »
« J'aime les êtres à qui la vie ne suffit jamais, qui veulent la dépasser, qui veulent la surpasser. »
Admirée par tous, dont le Tsar Nicolas II, Cécile Sorel fréquente la haute société européenne et se lie avec les
grandes personnalités de son temps : Foch, Lyautey, Anna de Noailles, Barrès, Briand, Cocteau, Clémenceau... Elle
rencontre ce dernier à son retour d'un voyage en Amérique en 1922.
« On rentrait en France, on avait eut tous les deux beaucoup de succès, moi avec Célimène, lui avec tous les
évènements qu'il avait connu, parcouru. Il était passionnant. »
Ce dernier apprécie beaucoup le personnage. Il dit d'ailleurs :
« Sorel, vous planez sur notre époque comme un trophée de victoire »
Lors de la seconde guerre mondiale, Clémenceau lui demandera de jouer pour les soldats :
« Vous allez distraire les pauvres petits gars que je conduis à la tuerie. »
Aussitôt, Cécile se rend dans les tranchées avec son amie Béatrix Dussane.
Grande star de son époque, Cécile Sorel reçoit chez elle, en robe de soie d'or et collier de perle, tous ces éminents
personnages. Ils découvrent alors le fameux salon rouge où l'on sert des liqueurs, le grand salon de boiseries vert
émeraude sur lequel veille un buste de Madame Adélaïde fille de Louis XV, la salle à manger Trianon, où deux
dauphins de plomb font jaillir l'eau d'une haute fontaine murale. Poètes, artistes, hommes d'État, rois incognito
(surtout des hommes d'élite) se retrouvent autour de dîners qu'elle évoque avec nostalgie :
« Je revois, sur la nappe d'or, les assiettes et les hautes timbales d'argent où jouaient les lumières dansantes des
flambeaux, j'entends encore la musique de Lully, de Rameau, qui accompagnait, douce et voilée, les propos des
convives. »
« J'ai servi la Comédie-Française pendant 32 ans. J'envisage de débuter au music-hall. »
Le 18 mai 1933, à soixante ans, Cécile Sorel quitte la Comédie-Française pour la revue du Casino de Paris. Un peu
effrayée par ce départ de la Comédie (elle a peur de trébucher sur les fameuses marches de l'escalier Dorian,
réputées si étroites), elle s'est laissé convaincre par Sacha Guitry, qui écrit pour elle une série de sketch intitulés
Maîtresses de Rois. Elle interprète les différentes maîtresses des Rois, à commencer par Agnès Sorel (n'en
porte-t-elle pas le nom ?) jusqu'à la Du Barry.
Le soir de la première représentation de la revue, elle conclu le premier acte par un moment resté célèbre :
Coiffée d'un casque de guerrier orné de plumes, portant une immense traine de velours et un costume d'or d'une
quinzaine de kilos, elle descend les fameuses marches, recouvertes d'or pour l'occasion. Arrivée en bas, elle lance,
s'adressant au public :
« L'ai-je bien descendu ? »
Copyright ©
Page 6/7
Qui était Cécile Sorel ?
Je ne suis pas vieille, je suis riche d'années ! » e
En 1950, alors que son mari est mort depuis 5 ans, Cécile Sorel quitte le spectacle et rejoint l'ordre des pères
capucins de Bayonne, touchée par la grâce. Elle revêt de longues robes de bure blanches et prend le nom de soeur
Sainte-Cécile de l'enfant Jésus.
« Je fuis le monde, parce qu'il n'a plus rien à me dire. »
Lors d'une émission retraçant sa vie en 1965, précieux témoignage, on devine la femme de scène, encore d'une
extrême coquetterie à 91 ans. Elle avoue :
« Plus j'avance dans la vie, plus je sens qu'il y a un Dieu pour les artistes, pour ceux qui cherchent la beauté, pour
ceux qui veulent la transmettre. »
Elle meurt l'année suivant cette émission (alors qu'elle commence l'apprentissage du Twist !) et est inhumée au
cimetière de Montparnasse, à Paris.
Cécile Sorel, faite pour paraître, représente le style d'une époque, somptueux et ostentatoire, « l'ambition d'une
femme de régner par la beauté, par le talent et l'intelligence », mais aussi un acharnement au travail, le travail bien
fait.
« J'ai vraiment donné tout ce que je pouvais donner au théâtre... »
http://www.ina.fr/video/I00019162
http://www.ina.fr/video/CAF86014202
http://www.ina.fr/video/I00019171
http://gallica.bnf.fr/services/engi...
Copyright ©
Page 7/7