Croix de Lorraine : une souscription exceptionnelle
Transcription
Croix de Lorraine : une souscription exceptionnelle
2 Jeudi 19 juin 2014 SOUVENIR Robert Hébras : un hôte de marque Il avait 19 ans le 10 juin 1944, le jour où a été perpétré le terrible massacre d’Oradour-sur-Glane. Robert Hébras a pris part aux cérémonies, hier à Colombey. Il rencontre des lycéens et collégiens aujourd’hui à Joinville. Le préfet salue Robert Hébras, l’un des six survivants d’Oradour-sur-Glane. Il suffit d'imaginer ce que Robert Hébras a vécu pour se laisser gagner par l'émotion. Ce terrible jour du massacre d'Oradour-sur-Glane, il n'a pas seulement perdu sa mère et ses deux sœurs. Le fringant jeune homme de 19 ans qu'il était à l'époque a également dit adieu à sa famille de cœur. Des amis, des voisins, des proches. Ils sont 642 à être tombés, le 10 juin 1944, à Oradour-sur-Glane. Robert Hébras a survécu, comme cinq autres personnes présentes dans la petite localité ce jour-là. Soixante-dix ans plus tard, il livre son témoignage poignant à collégiens et lycéens, comme aujourd'hui à l'auditoire de Joinville. «Sur tous ceux qui ont été arrêtés par les Nazis, nous ne sommes plus que deux. Aujourd'hui, Marcel Darthout ne peut plus se déplacer», regrette Robert Hébras. Ce devoir de mémoire, il l'assume parfaitement. S'il est là aujourd'hui pour témoigner - il le dit d'emblée -, «c'est grâce à mes camarades. Ils m'ont sauvé…» Blessé, se trouvant sous les corps, il a pu s'extirper de la grange maudite où le massacre a été perpétré tandis que femmes et enfants du village pé- rissaient dans l'église. Malgré les terribles images qui le hantent, Robert Hébras prône l'amitié franco-allemande. «J'ai passé le cap de réconciliation depuis longtemps», sourit-il. Ses visites à Oradour, il les organise d'ailleurs assez souvent avec des classes allemandes. «C'est dur pour eux aussi. Ils n'en ont pas entendu parler en Allemagne», révèle celui qui, après avoir été sauvé, s'est engagé dans la Résistance. Là aussi, des compagnons sont tombés. Malgré ce passé chargé en émotions, Robert Hébras est souriant, optimiste. Il était ravi - et impressionné - de prendre part aux cérémonies du 18 juin et de venir pour la première fois à Colombey en compagnie de Bertrand Ollivier, maire de Joinville, qui l'a gentiment convié. Treize ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer actaient la réconciliation entre les deux pays voisins. C'est avec cette image et ce symbole que Robert Hébras est reparti de Colombey, plus déterminé que jamais à faire circuler le message de fraternité entre les peuples. S. C. C’était il y a 70 ans... Croix de Lorraine : une souscription exceptionnelle Ils ont été 3 272 donateurs à participer à la souscription permettant de consolider la Croix de Lorraine. Plus de 120 d’entre eux avaient fait le déplacement hier à Colombey-les-Deux-Eglises. I Un diplôme pour remercier les donateurs. nitialement prévue pour se dérouler dans l'amphithéâtre du Mémorial, la cérémonie a été déplacée avec bonheur sur le parvis de la Croix de Lorraine. Car tous les invités de la Fondation Charles-de-Gaulle et de la Fondation du patrimoine étaient là pour elle. Pour cette majestueuse Croix de Lorraine, symbole de la France libre depuis 42 ans. Venus d'un peu partout en France, ces invités ont en effet le point commun d'avoir participé à la souscription. En cela ils ont été chaleureusement remerciés par le secrétaire général de François-Xavier Bieuville, directeur général de la Fondation du patrimoine. la Fondation Charles-de-Gaulle, Marc Fosseux, et par FrançoisXavier Bieuville, directeur général de la Fondation du patrimoine. C'est elle qui a organisé la souscription permettant de lever des fonds nécessaires à la réalisation de lourds travaux sur la Croix de Lorraine et qui sont aujourd'hui terminés. Démarrée le 9 novembre, la souscription a pris fin mardi. Et elle a été, à tous points de vue, «exceptionnelle». Des dons et des mots Car la mobilisation populaire a dépassé les espérances puisque ce sont 3 272 donateurs qui ont Des donateurs mis à l’honneur. apporté une contribution pour un montant global de 372 171 €, ce qui a couvert les dépenses pour la rénovation de la Croix avec même un petit surplus qui a permis d'améliorer l'aménagement des espaces entourant l'édifice. Chacun a donné à la hauteur de ses moyens mais c'est la multiplicité des dons qui rend cette souscription «exemplaire». «Vous faites corps avec la Croix de Lorraine, a souligné le directeur général de la Fondation du patrimoine, c'est immense succès, c'est le vôtre, ce projet, c'est le vôtre», a-t-il expliqué aux donateurs présents hier et qui ont tous reçu un diplôme en guise de remerciement. Le plus touchant dans cette souscription, c'est qu'une bonne partie des dons reçus par la Fondation du patrimoine était accompagnée d'un mot, d'un témoignage. Ce sont des gens modestes ou fortunés pour qui la mémoire du général De Gaulle veut dire quelque chose. Bernard et Maryse Loriot-Munoz venus de la Marne esquissent quelques mots. Pourquoi ce don ? «Pour l'homme qu'était le Général. Un homme haut de gamme.» Tout est dit. Céline Clément Bruno Lemaire : «L’UMP a besoin d’un chef rapidement» Député de l’Eure, ancien ministre de l’Agriculture, Bruno Lemaire, candidat à la présidence de l’UMP, était à Colombey hier. JHM : Quel est le sens de votre visite aujourd'hui à Colombey ? Bruno Lemaire : Le sens, c'est de rendre hommage au général De Gaulle en ce jour du 18 juin. Et, en tant que candidat à la présidence de l'UMP, je veux placer cette candidature justement sous les auspices du général De Gaulle et de l'idée qu'il se faisait de notre pays. On a besoin aujourd'hui de redresser la France. On a besoin de penser à l'intérêt général et de dépasser les intérêts particuliers. En cela, le général De Gaulle est un modèle. JHM : L'UMP est-elle gaulliste aujourd'hui ou doit-elle l'être davantage demain ? B. L. : Etre gaulliste aujourd'hui, c'est d'abord retrouver cette dignité politique. Quand on voit les affaires qui se succèdent à l'UMP, la dignité, elle est malheureusement perdue. Nous devons la retrouver comme nous devons retrouver aussi de la crédibilité politique. La crédibilité, c'est obtenir des résultats. De ce point de vue-là, nous n'avons pas obte- nu les résultats que les Français étaient en droit d'attendre. Là aussi, le général De Gaulle peut être une source d'inspiration. Ce sont mes objectifs pour l'UMP : restaurer la dignité de ma famille politique et restaurer sa crédibilité. Et je veux pour ça être un chef qui rassemble. Je veux être un chef qui rassemble les différentes composantes de l'UMP, un chef qui sait écouter les militants, qui sait tenir compte de leurs avis, qui sait entendre leurs critiques, leurs propositions. Je veux que ma famille politique à laquelle je suis très attaché retrouve son rang de première force politique d'opposition. JHM : En faisant ainsi référence au général De Gaulle, ne craignez-vous pas que ce soit une vision du passé alors que vous souhaitez sans nul doute attirer les jeunes générations ? B. L. : Non je ne crois pas. Je crois que le message du général De Gaulle reste d'actualité. A nous bien sûr de l'adapter à la réalité contemporaine. Il y a énormément de jeunes qui soutiennent nos candidatures. Moi je veux leur dire : on va vous faire une place en politique. On va vous permettre de vous engager. J'ai fait des propositions et j'ai pris des décisions très concrètes dans ce domaine, notamment sur le cumul des mandats et sur leur limitation dans le temps. Tous ces messages-là sont des messages gaullistes qui peuvent être parfaitement entendus par les jeunes générations. JHM : est-ce la première fois que vous venez à Colombey ? B. L. : Non, j'y suis venu à plusieurs reprises, notamment lors de la pose de la première pierre du Mémorial avec Dominique de Villepin. Mais je suis heureux aujourd'hui d'avoir pris le temps de bien visiter les lieux. JHM : Confier les rênes de l'UMP au triumvirat des trois anciens premiers ministres avec Luc Chatel comme secrétaire général est-elle une bonne chose ? B. L. : C'est la meilleure solution possible. Je leur fais toute confiance pour bien diriger l'UMP dans les semaines qui viennent. Simplement ce que je souhaite, c'est que cette période transitoire soit la plus courte possible. Et que l'on redonne rapidement la parole aux militants pour qu'il puisse choisir un chef. JHM : Le mois de novembre c'est bien ? B. L. : C'est le plus tard possible. L'UMP a besoin d'un chef rapidement. Propos recueillis par C. C. Recueillement sur la tombe du Général Une cérémonie solennelle, avec “Le Chant des partisans” pour faire frissonner l’assemblée. Une gerbe a été déposée au pied de la Croix de Lorraine, juste avant la lecture du message du secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense par le préfet, Jean-Paul Celet. «En cette Journée nationale, nous rendons aujourd’hui hommage au général de Gaulle, chef de la France libre et à tous ceux qui l’ont rejoint pour détendre une certaine idée de la France et de ses valeurs : Liberté, Egalité, Fraternité. Défendre ses valeurs au prix d’un danger de tous les instants et parfois du sacrifice suprême. Que cet hommage rejoigne toutes celles et tous ceux qui conjuguèrent leurs efforts pour libérer la France.» «En cette année de commémoration du 70e anniversaire de la Libération de la France, nous pensons tout particulièrement à ceux qui débarquèrent sur les côtes normandes et provençales avant d’engager la marche sur Paris», indiquait le préfet en poursuivant sa lecture. Après la minute de silence qui s’impose après de telles paroles, la blindée cavalerie de Metz a entonné un “Chant des partisans” saisissant. A vous faire frissonner… S. C. Les cérémonies organisées hier à Colombey ont débuté par les dépôts de gerbes sur la tombe du général de Gaulle. La cérémonie à laquelle ont pris part les autorités civiles et militaires a attiré quelques dizaines de spectateurs. Certains étaient parfois venus de loin pour ce moment court, mais chargé en émotions. Un couple qui a spécialement fait le déplacement depuis la région parisienne, a souhaité se faire photographier avec Pascal Babouot, maire de Colombey.