1-Période historique : XXIe siècle 2

1-Période historique : XXIe siècle
2- Domaine artistique :Arts du
visuel et du langage
Présentation générale
Titre : PERSEPOLIS
Artiste, Auteur, Réalisateur ou autre :
Marjane Satrapi (née en 1969)
Date : 2000/2003 (4 tomes)
3-Nature : bande dessinée autobiographique
Mouvement artistique : aucun
Contexte (historique, culturel, politique) :
Depuis 1953, l’Iran est sous le régime du Shah.
En 1979, le Shah est renversé par la révolution
islamique. L’ayatollah Khomeiny, religieux très
influent,revient à Téhéran et proclame la
république islamique. Les droits civiques et les
libertés sont de plus en plus limités ; l’Irak de
Saddam Hussein déclare la guerre à l’Iran.
Marjane Satrapi est née en 1969 en Iran dans une
famille aisée, cultivée et libérale. Elle subit dans
son enfance la restriction des libertés
individuelles liées à la république islamique et à
la guerre Iran/Irak. Marjane a 10 ans lorsque le
port du foulard devient obligatoire à l’école en
1980. Elle étudie au lycée français de Téhéran
puis, à 14 ans, est envoyée par ses parents au
lycée français de Vienne, en Autriche, loin de la
guerre et du régime. Elle revient en Iran puis en
1994 rejoint la France par opposition au régime et
pour faire des études.
Présentation détaillée
4-Description (Forme, technique, signification, usage)
Persépolis est une œuvre autobiographique de M. Satrapi au style graphique et narratif très personnel. Publiée
en 4 tomes entre 2000 et 2003, la BD a donné lieu à la production d’un long métrage d’animation, réalisé par
Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, sorti en France en 2007. Ce film a obtenu le prix du jury du festival de
Cannes en 2007.
Persépolis emprunte son titre à l’ancienne capitale de la Perse et symbolise la grandeur de cette civilisation
qui rayonnait sur le monde antique.
La BD traite de l’histoire intime de M. Satrapi dont la vie va être dirigée par les changements politiques en
Iran. La vie de Marjane bascule le jour de la révolution islamique en 1979. Elle rencontre dès lors la guerre, la
peur, le sort réservé aux femmes, l’exil en Europe, la perte de repères et l’isolement au moment crucial où elle
passe de l’enfance à l’âge adulte.
La qualité autobiographique de la BD repose sur un discours narratif précis, un langage direct, riche, souvent
familier, qui mélange les tons et les registres. Le dessin est d’une grande pureté, simple, en noir et blanc. Les
décors sont à peine esquissés car tout repose sur la caractérisation des personnages tant dans les traits de
crayon (il n’y a aucun contraste, les fonds noirs ou blancs renforcent la silhouette des personnages) que dans
les mots que l’auteur met dans leur bouche. M. Satrapi nomme son graphisme du « réalisme stylisé ».
5-Présentation, thématique (joindre dans la pochette plastifiée les documents complémentaires)
Par le biais de sa BD puis du cinéma, M. Satrapi témoigne du durcissement du régime islamique iranien, elle
cherche à dénoncer un régime autoritaire qui porte atteinte aux libertés individuelles (interdiction de la mixité,
d’écouter de la musique occidentale, de s’habiller comme on l’entend, port du voile… . Marjane est
confrontée à l’opposition entre sa culture familiale, l’éducation qu’elle a reçue, basée sur des valeurs plutôt
laïques, sociales et libertaires et les codes sociaux, religieux, qui lui sont imposés par le régime. Marjane doit
se construire, s’affirmer, grandir, dans un environnement qui est un obstacle à cet épanouissement. Pour
s’affirmer en tant qu’individu, elle s’oppose au régime mais cette opposition la met en danger.
- LE FOULARD : cette page est la première de la bande dessinée ; l’auteur fait son autoportrait sur la
1ère vignette et s’exprime à la 1ère personne, ce qui inscrit l’œuvre dans le genre autobiographique. Elle
choisit de se représenter avec le foulard pour montrer que le nouveau régime dictatorial impose le port
de ce foulard à l’école, ce qui annonce la thématique de l’enfermement, de l’oppression et de la
négation des individus. Avec la question du foulard, M. Satrapi commence son autobiographie en
évoquant un changement de tenue qui va avoir une influence sur toute sa vie. La 2e vignette représente
une photo de classe qui met en avant une uniformisation de ces jeunes filles. Le but du régime est
d’anonymer les femmes, de les rendre invisibles, le foulard efface l’identité des individus en les
rendant tous semblables. La 3e vignette est un retour en arrière à but explicatif, les 4 e et 5e vignettes
montrent plus de vie : les petites filles jouent avec leur foulard de façon insouciante, elles ne
comprennent pas l’enjeu de cette loi, cette mesure n’a pas d’explication rationnelle.
- GRANDIR EN IRAN : dans le 2e tome, on découvre le quotidien d’une adolescente sous un régime
intégriste. Le passage à l’adolescence de Marjane est rendu plus difficile par le contexte politique. Elle
se trouve confrontée aux changements physiques, intérieurs, au désir d’émancipation propre à cet âge,
qu’elle est obligée de réprimer en raison d’un contexte politique qui interdit toute différenciation.
1) Les mutations physiques : la démarche humoristique s’exprime surtout dans une déformation
exagérée des parties du corps, ce qui inscrit l’œuvre dans la tradition du dessin animé (Tex
Avery).Marjane Satrapi s’inscrit aussi dans la tradition littéraire puisque cette scène rappelle le
moment où Alice, dans Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll, retrouve sa taille
« normale » qui symbolise, dans le récit, le passage à l’âge adulte.
2) Un comportement risqué : la révolte adolescente prend un tour politique : son désir
d’indépendance, d’émancipation la pousse très vite à la contestation. S’y ajoute une forme
d’inconscience liée à cet âge de la vie : car vivre son adolescence normalement veut dire braver les
interdits et cette bravade passe par le refus de certains codes. Mais en bravant ces règles, les
adolescents s’exposent à des représailles. Les parents de Marjane viennent de rentrer d’un voyage
en Turquie d’où ils ont pu lui rapporter clandestinement des cadeaux, dont un badge de M.
Jackson et une veste en jean. Adolescente révoltée, Marjane cultive très tôt un goût pour la
provocation : elle sort dans cette tenue quand surgissent trois femmes voilées en colère. Leurs
visages expriment la méchanceté, les mains se posent brutalement sur elle. Elles pointent du doigt
les baskets de Marjane et emploient un langage vulgaire alors qu’elles sont censées incarner la
morale religieuse. A travers leurs questions, l’auteur cherche à se moquer d’elles en dénonçant
leur bêtise. L’objet du délit (une paire de baskets) semble bien ridicule ; puis elles inspectent sa
tenue et la malmènent, elles l’agressent physiquement. La menace devient plus précise
puisqu’elles décident de l’emmener au comité. Le cinéma traite de manière plus dramatique
encore leurs personnages. Elles se métamorphosent en figure mi-serpent, mi-femme. Elles
encerclent l’héroïne comme les pinces d’une tenaille, sans souci de réalisme.
CONCLUSION : cet extrait raconte un épisode du quotidien d’une jeune iranienne sous un
régime intégriste : interdiction et censure apparaissent, notamment sur la culture occidentale.
Marjane cherche donc à dénoncer la bêtise et l’absurdité des lois établies par le régime.