usiner directement au modèle CA
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usiner directement au modèle CA
XAO - CNC Usiner directement au modèle CAO par Dominique Dubois d’après un article de Modern Machine Shop by Derek Korn www.trametal.com, code KTZ88 Ce concept mis en œuvre par M. Rotman, Président de la société AMERITECH DIE MOLD présente les avantages suivants: éliminer toutes les opérations de finition manuelles, pouvoir prendre en compte rapidement toute modification de la pièce car les surfaces du moule sont bien définies, fournir des évents efficaces sans avoir à usiner au-delà de la surface théorique et permettre un contact à 100% dans la zone de fermeture à la ligne de séparation. En d’autres termes, cet atelier a adopté la méthode d’usinage direct au modèle CAO afin d’améliorer la qualité des moules d’injection, de compression et de soufflage livrés à ses clients. Comme pour tout travail de fraisage dur sur des bruts atteignant 58 HRC, des pré-requis sont indispensables si l’on souhaite aller directement aux cotes finies du modèle. Une machine rigide sera essentielle aussi bien pour l’ébauche que pour la finition. Certains ateliers ne font appel qu’à un seul fournisseur, ce qui n’est pas le cas d’Ameritech. Des machines de chez ENSHU, OKK, KURAKI, MAKINO sont en place dans l’atelier et les finitions sont le plus souvent faites sur une FIDIA K165 3+2 VMC qui possède une broche tournant à 30000 t/mn. Plusieurs logiciels de FAO sont utilisés par l’entreprise, à savoir SURFCAM pour les travaux en 2D et CIMATRON pour les parcours en 3D. Afin de minimiser les faux ronds et le risque d’écaillage des arêtes, Ameritech a recours à des attachements HSK équilibrés, à serrage hydraulique ou par frettage. Le faux rond maximum accepté est de 5 µm. L’équilibrage est particulièrement surveillé pour des outils à bouts sphériques de petits diamètres tournant à vitesse élevée. Cet atelier utilise des diamètres aussi petits que 0,38 mm en finition. Tous ces éléments, combinés avec TRAMETAL - Décembre 2007 - 47 XAO - CNC Fig. 1 La seule opération manuelle dans ce moule à double empreinte pour airbags relève de l’assemblage de composants auxiliaires. Ce moule a été monté en une soirée, passé au bleu le lendemain et livré le jour suivant. l’utilisation d’outils coupants ayant une précision sur leur rayon de 5 µm permettent de s’approcher de la surface théorique avec une tolérance de +/- 13 µm. Mettre en pratique les technologies avancées Fig. 2 La fraise deux lèvres à bout sphérique en carbure revêtu utilisée par Ameritech en usinage dur, comme sur ce moule, a une précision de +/- 5 µm sur le rayon. Ameritech est spécialisée dans la fabrication et la réparation de moules de grandes dimensions ou complexes, la plupart du temps destinés à l’industrie automobile. Son point fort réside dans les moules pour capots d’airbags pour des sous-traitants de premier rang. Ce type de moule de précision exige des mouvements complexes et simultanés de plusieurs axes des machines afin de réaliser les nombreuses nervures et rainures requises. Très peu de temps après sa création, en 1985, l’entreprise a acquis son premier centre d’usinage à commande numérique, un ENSHU VMC qui est toujours utilisé pour réaliser de petites pièces de moules. Cet achat initia la stratégie de l’entreprise visant à intégrer des équipements de dernière génération afin de pouvoir travailler directement aux cotes finies du modèle. L’atelier possède, en outre, une fraiseuse d’électrodes en graphite, une foreuse, des machines d’électro-erosion à fil et à enfonçage et deux presses à injecter pour les essais IMM de 220 et 460 tonnes de poussée, ceci dans un but d’autonomie et pour rester maître de ses délais. 48 - Mars 2005 - TRAMETAL Un hall accueille les machines 3 axes pour y produire les semelles des moules, les éjecteurs, les verrous et autres brides. Ces machines surfacent aussi les bruts et ouvrent les poches en ébauche avant transmission à l’atelier 3D où seront effectuées la demi-finition et finition des moules. Les opérateurs chez Ameritech sont aussi des programmeurs. M. Rotman est d’avis que des conducteurs de machines capables de programmer s’approprieront le processus de fabrication et seront attentifs au respect de la qualité. A chaque nouvelle commande, les opérateurs sont impliqués très en amont dans la conception du moule afin qu’ils puissent donner leur avis sur la facilité de réalisation des solutions retenues. Quand vient le moment de lancer la fabrication, leur connaissance du modèle CAO leur facilite la programmation et le démarrage des opérations d’usinage. Ce qui est particulièrement évident dans cette société où la moyenne d’âge n’est que de 31 ans, c’est l’enthousiasme mis à “sortir” le moule directement à la cote, tout spécialement quand la précision requise est élevée. Une bonne partie des 25 opérateurs est diplômée de l’école d’apprentissage maison et met une réelle volonté à essayer différentes stratégies d’usinage ainsi que les nouvelles technologies mises à leur disposition. Ceci est du, pour une part, au fait qu’ils n’ont jamais pris de mauvaises habitudes dans une entreprise qui laisserait une “garde de finition” sur ses moules. L’importance des outils coupants Récemment, l’atelier a commencé à utiliser des fraises en carbure revêtu à bout sphérique Miracle Nova de chez MITSUBISHI MATERIALS. Bien que ces outils de finition soient plus onéreux que les fraises moins précises utilisées habituellement, la différence est vite amortie par la précision du travail effectué. Ces fraises possèdent un revêtement AlTiN propriétaire et la précision de l’affûtage de leur rayon ressort à +/- 5 µm. En outre, la géométrie particulière de leur point de centre augmente la durée de vie des outils note l’opérateur de la Fidia VMC qui se charge de la majorité des travaux de finition. Le centre de ces fraises travaille en effet avec une vitesse nulle, ce qui cause généralement sa destruction prématurée avec un état de surface résultant médiocre. Les outils Miracle sont affûtés amincis en bout pour un enlèvement de matière minimal à la pointe ce qui diminue la charge à vitesse nulle avec une bonne évacuation des copeaux. Ameritech a mis au point une méthode en trois étapes pour ses opérations de demi-finition et finition. L’ébauche est réalisée à 0,63 mm de la cote théorique, la première passe de demi finition s’arrête à 0,254 mm de cette cote et la deuxième passe à 5 µm du modèle. Enfin la passe de finition est directe- La profondeur des évents XAO - CNC Beaucoup de moulistes usinent un côté des moules en négatif par rapport à la cote théorique afin de laisser l’air s’échapper à l’injection. M. Rotman est d’un avis contraire et préfère usiner des conduits d’évents prévus dans le modèle CAO en partant d’une surface finie à la cote plutôt que de se lancer dans de l’usinage de précision au-delà de la cote finie. Ces évents résisteront bien mieux à l’usure du moule en production et permettent de retoucher le modèle CAO sans problème. Il préfère capitaliser sur sa méthode d’usinage de précision directement au modèle pour prévoir des conduits en T pour ventiler ses moules, méthode bien plus sûre en production, surtout sur des moules conçus avec une ligne de fermeture perfectible. Chaque évent aboutit à l’extérieur du moule et part d’un collecteur qui contourne toute la forme. Ces collecteurs ont une profondeur de 0,025 mm pour 0,254 mm de large. Le secret est d’usiner ces canaux collecteurs avec une précision de +/- 12 µm pour permettre à la fois une bonne évacuation des gaz et éviter des “flash” visibles sur la surface moulée www.trametal.com, code XRE77 ment à la cote finie. Ces deux passes de demi finition rallongent sensiblement la durée d’usinage par rapport à la méthode de la passe unique à 0,12 mm de la cote. Mais M. Rotman pense que cette passe additionnelle permet à l’outil de finition de travailler dans de meilleures conditions et de durer plus longtemps. Notamment, l’effort de coupe étant moindre avec une passe réduite de moitié, la flexion de l’outil le sera aussi avec une durée de vie bien supérieure. A titre d’exemple, une passe de 40 heures avec un seul outil travaillant entre 18 000 et 30 000 t/mn, en fonction du diamètre de l’outil, pour 38 m/mn d’avance, le pas devant être équivalent à l’avance à la dent pour donner un état de surface de qualité. En conséquence, le pas, les vitesses de rotation et d’avance sont réduites en proportion lors d’utilisation d’outils de très petits diamètres. Cette double passe est un gage de qualité pour les surfaces usinées. En examinant l’outil, après la dernière passe, sur un projecteur de profil, l’opérateur peut dire si le moule est à la cote voulue ou non suivant l’usure de l’arête de coupe. Chaque moule est passé au bleu de Prusse sur son plan de joint pour vérifier la qualité de la fermeture. Si un seul outil ne tient pas toute la durée de la passe finale, il est remplacé mais non jeté. Les outils usés peuvent souvent servir pour des passes de demi-finition, moins précises, ce qui amortit d’autant des outils dispendieux. Il est aussi possible d’utiliser ces outils usés seulement en bout pour des travaux qui solliciteront les flancs de l’outil. L’opérateur/programmeur chargé de l’ébauche en 2D utilise souvent des outils à quatre dents prévus pour des enlèvements de copeaux importants à faible vitesse et grande avance. Par exemple, une fraise de 50 mm à plaquettes tournera à 1200 t/mn pour une avance de 63 m/mn La stratégie d’usinage adoptée par ce mouliste l’aide à éliminer les opérations d’ajustage manuel des moules complexes en les usinant directement aux cotes du modèle CAO. TRAMETAL - Mars 2005 - 49 XAO - CNC Fig. 3 Cet opérateur programmeur vérifie au projecteur de profil le degré d’usure de l’arête de cet outil de finition. Le moule est réputé à la cote si l’outil ne montre pas de signe d’usure évident après la dernière passe de finition. Une attention particulière est portée au maintien de la température ambiante ainsi que celle des machines dont les fluctuations pourraient affecter la précision. L’air conditionné est donc installé et les opérations de finition sont souvent lancées la nuit pour limiter ces variations, courantes en Floride ou dans le second établissement de Caroline du Nord. En outre, une machine “froide” tournera à vide au moins 30 minutes avant de lancer un usinage afin de laisser le temps à tous ses composants de prendre leur température normale de fonctionnement. et une profondeur de passe de 0,76 mm et un pas de 60% du diamètre. En cas d’usinage 3D avec le flanc d’une fraise 2 tailles 4 dents à bout sphérique, il programmera 76 m/mn d’avance pour 15 000 t/mn. Comme c’est souvent le cas en usinage dur, les opérations de finition et d’ébauche s’effectueront à sec avec un soufflage d’air pour dégager les copeaux. L’idéal étant d’avoir une coupe légère et rapide afin que toute la chaleur de la coupe soit évacuée avec les copeaux sans échauffer la pièce. Des copeaux rouge foncé en sont la signature. Dans le cas d’outils de petit diamètre, un brouillard d’huile peut être bénéfique. Son action sert à améliorer la coupe et non à refroidir. Une approche différente du métier de mouliste M. Rotman commença sa carrière de mouliste dans un atelier qui n’usinait pas directement “au modèle”. Cet atelier terminait ses usinages à 0,025 mm de la cote théorique afin de se préserver d’éventuels problèmes localisés et pouvoir y remédier avec un usinage complémentaire ou une nouvelle passe d’enfonçage. Cet atelier s’attachait à monter et démonter les moules sur la machine aussi vite que possible, pour un contrôle ou un traitement externe, par exemple. Maintenant qu’il a sa propre entreprise, M. Rotman préfère prendre le temps d’usiner avec soin ses moules directement à la cote finale pour éliminer toute opération manuelle d’ajustage. ❑ Déterminante pour la rentabilité : la précision de la première pièce D’après un document HEIDENHAIN Fig. 1 Echauffement d’une vis à billes lors de l’usinage ligne à ligne à 10 m/mn. A gauche, la table, à droite, la motorisation. L’enregistrement thermographique indique des températures de 25 °C (bleu foncé) à 40 °C (jaune) nologie de mesure de position adaptée. Les pièces à tolérances serrées ne peuvent être usinées que sur des machines-outils très stables thermiquement malgré la grande diversité des opérations d’usinage, surtout avec des faibles lots de fabrication ou des pièces unitaires. La plus grande part de l’imprécision d’origine thermique sur les machines-outils a généralement sa source dans les entraînements. Des vitesses et accélérations élevées provoquent réchauffement des vis à billes et leur dilatation. Des erreurs de position jusqu’à 100 µm peuvent surgir en quelques minutes seulement si l’on ne dispose pas d’une tech- 50 - Décembre 2007 - TRAMETAL Enregistrement de position des entraînements La position d’un axe linéaire CN est enregistrée, soit avec le pas de la vis à billes en liaison avec un capteur rotatif, soit à l’aide d’un système de mesure linéaire. Avec une vis à billes et un capteur rotatif, la vis à billes a un rôle dou-