Programme de salle - Théâtre de l`Archipel , scène nationale de

Transcription

Programme de salle - Théâtre de l`Archipel , scène nationale de
©Melania avanzato
Mardi 08 Novembre - 20h30
le Carré I 1h
PRISON POSSESSION
François CErVanTEs / CiE l’EnTrEprisE
À parTir d’unE CorrEspondanCE aVEC Erik FErdinand
La prison coupe les liens qui reliaient un individu aux autres et au monde. Un
homme est amputé du monde et le monde est amputé d’un homme...
pour ce spectacle, François Cervantes se nourrit de correspondances qu’il a
entretenues avec des détenus : un en particulier. Prison Possession est un texte pour
un homme seul, l’auteur, «habité» par un détenu, qui vient nous parler à travers lui.
De et par François Cervantes, à partir d’une correspondance avec Erik Ferdinand
Assisté de Catherine Germain et Xavier Brousse
Regards de Georges appaix, stephan pastor
Son et régie générale Xavier Brousse
Scénographie Harel luz
Construction Christian Geschvindermann, arnaud obric
Accessoires david Certano
Dispositif lumière vidéo philippe domengie - le nomade Village
Production l’entreprise Coproduction Conseil régional provence alpes Côte d’azur, la Scène nationale de Cavaillon Avec le soutien
de la Friche la Belle de Mai
Projet réalisé en collaboration avec La Direction de la Culture et les Services de la Prévention du Conseil Régional PACA,
la Direction Interregionale des Services Pénitentiaires de Marseille, le Théâtre de Cavaillon, le Service Pénitentiaire
d’Insertion et de Probation SPIP du Vaucluse, le Centre Pénitentiaire du Pontet, l’Association d’Aide aux Détenus AESAD84
Remerciements à Bruno, Daniel, Erik, Georges, Gérard, Louis et Roland avec qui j’ai eu une correspondance
entre 2012 et 2014, à Damas Parsy bibliothécaire jusqu’en 2012 à la Prison du Pontet pour notre conversation
précieuse, aux détenus et au personnel de la Prison du Pontet, à l’association d’Aide aux Détenus pour leur accueil
Remerciements à la Non Maison-résidence d’artistes à Aix en Provence pour la présence de Harel Luz artiste associé à La Non Maison
2012-2014
Après le spectacle... à tête reposée
En collaboration avec l’association Logos, nous vous
proposons ; spectateurs, acteurs, artistes, citoyens, un
espace pour penser, rêver, parler de ce qui se vit dans la salle
et sur scène, s’y condense, s’y révèle de soi et des autres, et
de ce qu’on ne saurait nommer...
autour de PRISON POSSESSION
le samedi 26 novembre de 9h à 17h au 7ème étage
en présence de François Cervantes.
Entrée libre, sur inscription
04 68 62 62 00 / [email protected]
François Cervantes
auteur, metteur en scène, formateur
A
près une formation d’ingénieur, François Cervantes
étudie le théâtre à l’Espace Acteur de Paris puis à
Montréal auprès d’Eugène Lion. Il écrit pour le théâtre
depuis 1981. Il est également auteur de nouvelles, de
romans, et de textes critiques.
En 1986, il crée la compagnie L’entreprise et en assure
la direction artistique. Il crée plus d’une vingtaine de
spectacles qui sont joués en France et dans le monde :
ces voyages sont l’occasion d’échanges avec des artistes
qui s’interrogent sur les rapports entre tradition et
création. La rencontre avec Didier Mouturat, facteur
de masque, en 1992 a marqué le début de nombreuses
années de recherches sur le théâtre de masques. La
collaboration entre François Cervantes et Catherine
Germain, depuis plus de vingt ans, a donné lieu à
une recherche approfondie sur le travail de l’acteur,
notamment dans le domaine du clown et du masque.
En 2004, entre la voie institutionnelle et un lieu
individuel, il choisit une 3ème voie : entrer dans un lieu
et une aventure collectifs. La compagnie s’installe à la
Friche la Belle de Mai à Marseille.
Par ailleurs, François Cervantes dirige des ateliers de
formation en France et à l’étranger pour des artistes de
théâtre, de cirque. Si le théâtre peut être un art, une
question : quelle est la place du corps dans l’œuvre d’art ?
Il collabore pendant plusieurs années avec le Centre
National des Arts du Cirque de Châlons en Champagne.
Il enseigne à L’ESNAM, Ecole Nationale Supérieure de la
Marionnette à Charleville Mézières, au Conservatoire
d’art dramatique d’Avignon. De 2014 à 2017, il est
auteur associé au Conservatoire National Supérieur
d’Art Dramatique de Paris. Il accompagne également
l’Ensemble 24 de l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes.
Parallèlement, François Cervantes a travaillé avec
d’autres équipes : Le Cirque Plume, artistes bangali à
Dacca, (Bengladesh), La Compagnie L’oiseau Mouche
(Lille), Jean-Marie Adrien, chef d’orchestre, Festival
Musica, (Strasbourg), La 6ème promotion du Centre
National des Arts du Cirque (Châlons en Champagne),
Le Cirque Désaccordé (Gap), la compagnie Bal Jeanne
Mordoj. En 2008, il co-écrit avec Catherine Germain
le livre Le clown Arletti vingt ans de ravissement qui
témoigne de la collaboration insolite, entre un auteur et
une actrice autour du clown Arletti. François Cervantes
fait partie des artistes de la bande du Théâtre du Merlan,
Scène Nationale de Marseille.
La presse en parle
Ce que François Cervantes fait avec Prison possession,
c’est redonner à chacun son humanité, relier les
solitudes. Sa mise en scène, sensible, joue de l’éclipse, sa
présence n’est là que pour mieux disparaître, fuir toute
aliénation. La Provence - Gwénola Gabellec (2015)
La Cie l’Entreprise
A
uteur, metteur en scène et acteur, j’ai créé en 1986 la
compagnie L’entreprise, avec le souhait de chercher
un langage qui puisse raconter le monde d’aujourd’hui,
traverser les frontières sans être arrêté par des références
culturelles, et s’adresser directement aux spectateurs.
L’écriture a toujours été la colonne vertébrale de mon
travail, elle préexiste au théâtre, et c’est à travers elle
que je l’aborde. Si j’ai ressenti la nécessité de créer une
compagnie, c’était pour entreprendre une recherche sur
les déchirures et les liens entre le corps et le verbe, entre
tradition et création.
Je suis convaincu que c’est la pensée d’un acteur qui met
son corps en mouvement, que sa voix est le lieu secret
de passage entre sa pensée et son corps, entre l’ordre du
dedans et l’ordre du dehors, et que la qualité de présence
d’un acteur traverse les cultures et construit une relation
directe avec le spectateur. Quand pensée et corps se
touchent, utopie et corps social se touchent un instant.
Au fil des années, j’ai donné plus de responsabilités aux
acteurs, car au théâtre, c’est la soirée qui est une œuvre,
et l’acteur en est le maître de cérémonie.
Cette recherche a provoqué des confrontations avec
des arts voisins : poésie, littérature, musique, art du
clown, arts du cirque, art du masque ou art de la
marionnette. En découvrant des arts plus anciens que le
théâtre, j’ai découvert des sociétés traditionnelles (Inde,
Indonésie, Japon, Comores…) qui m’ont fait comprendre
des articulations entre art et rituel, et qui m’ont posé
violemment une question : quelle est la place de l’art
dans notre vie ? Ces rencontres ont marqué les créations
de la compagnie. Elles m’ont fait aller vers l’origine du
théâtre d’une part, et vers une écriture contemporaine
d’autre part, directement en prise avec le réel, cherchant
le frottement entre réel et imaginaire. Depuis 1986, une
vingtaine de créations ont donné lieu à plus de deux mille
représentations (France, Europe, Canada, Etats-unis,
Afrique, Inde, Bangladesh, Pakistan, Indonésie, Océan
Indien), dans des villages comme dans de grandes scènes
nationales ou de grands théâtres et festivals étrangers.
En 2004, la compagnie s’est implantée à la Friche la Belle
de Mai, pour y développer un projet de permanence :
la constitution d’une troupe, d’un répertoire, et la
construction d’une relation longue et régulière avec le
public, pour que le spectateur se sente partie prenante
de l’aventure d’une troupe dans sa région.
Entre 2004 et 2014, la compagnie a concilié une vie
sédentaire à Marseille et une vie intense en tournée [120
représentations en moyenne par an], mêlant recherche,
création, diffusion, formation initiale et professionnelle,
transmission. Pendant ces dix années, nous avons
construit un répertoire de 15 créations. Plus de 30 000
spectateurs ont été accueillis à la Friche la Belle de Mai
pour les découvrir.
François Cervantes
La Presse en parle
note d’intention
J
anvier 2012 : Je visite la prison du Pontet.
Derrière les barreaux de la prison, Éric lutte et a peur
de son besoin de liberté et de sociabilité.
Le bibliothécaire me raconte que les détenus veulent
de la poésie ou des autobiographies, pas des romans.
Certains deviennent mordus de lecture en prison.
Trois mois plus tard, dans une lettre, l’un d’eux m’écrit : «je
tiens un livre comme si j’avais ma vie entre mes mains, je
ne peux plus le lâcher, je veux connaître la fin.» Je commence une correspondance avec des détenus. Je me dis
que dans une prison, chacun est seul : la prison ne fait
pas groupe. L’expérience de la prison n’est pas universelle. L’homme n’existe QUE collectivement, socialement.
Un théâtre, un homme, un spectacle. François
Cervantes investit la capitale auvergnate pour deux
représentations et y délivre un message universel.
L’homme est seul, debout, ne bouge pas. Dans Prison
Possession, François Cervantes incarne deux hommes.
François correspond avec Éric, emprisonné. Le comédien
par sa voix fait jaillir le quotidien déroutant du prisonnier
qui lutte contre sa situation. Mais surtout contre luimême. Contre son dévorant besoin de liberté. Alors il
s’évade, avec des mots.
Cette privation de liberté, elle ne se partage pas, elle
est indescriptible : c’est ce que tous me disent au fil des
lettres. Quand je leur écris que je comprends, ils me corrigent : non, tu ne peux pas comprendre. La prison coupe
les liens qui reliaient un individu aux autres et au monde.
Un homme est amputé du monde et le monde est amputé d’un homme. Et couper ces liens, c’est couper ses
pensées. Je retrouve le rythme oublié du courrier, la
circulation des enveloppes, les timbres, la découverte
des écritures tracées à la main.
Fruit d’une visite de la prison du Pontet (Vaucluse) et d’un
échange de correspondance entre François Cervantes et
des détenus, cette oeuvre questionne l’humain et sa
sociabilité. Une heure durant laquelle le public présent
hier au théâtre du Petit Vélo, à Clermont, découvre les
pensées de ces hommes enfermés ensemble et pourtant
définitivement seuls. La prison a coupé les liens. Le
monde les oublie pour avancer sans eux. Dans moins
d’espace que l’on en donne aux animaux, Éric perd sa
liberté, son corps qui devient toujours plus faible, ses
sentiments d’humain et finalement sa tête et sa vie.
Cet espace entre deux personnes, immobiles, une lettre à
la main, devient vibrant.
Notre relation ne ressemble à rien d’autre : ce n’est pas
une amitié, ni une fraternité, rien...
C’est une relation magique, je m’en rends compte peu
à peu, et nous sommes tous les deux consentants.
Je retrouve mes premiers moments d’écriture, ceux de
l’enfance : j’apprenais à écrire pour apprendre à parler.
Au bout de quelques mois apparaît un texte que je commence à écrire : un détenu nous parle à travers un acteur
qui est face à nous : nous ne voyons rien du détenu, nous
ne voyons que le visage de l’acteur, nous n’entendons
que la voix de l’acteur, mais les pensées du détenu nous
parviennent, il est là...
La création d’une communauté invisible à laquelle on
se sent appartenir.
François Cervantes
Un peu plus chaque jour. Il est amputé du monde. Seul
sur scène, François Cervantes laisse pour un spectacle sa
compagnie L’Entreprise et impressionne par ce moment
intime où deux hommes parlent, simplement.
Lydia Berthomieu – LA MONTAGNE
PRISON POSSESSION : UN LIvRE
[extrait]
Il y a deux ans, je rencontre Erik.
On m’a donné une carte blanche pour travailler avec
des détenus d’une prison, et je ne sais pas pourquoi on
a pensé à moi
Alors je vais visiter la prison.
Quelques semaines plus tard, je propose de correspondre avec des détenus, et je commence à recevoir
des enveloppes timbrées, des lettres, auxquelles je
réponds, sans savoir à qui j’écris.
Des lettres, des mots échangés, pas de voix, pas de
corps, presque rien
Une voix se détache de toutes ces lettres, celle d’Erik.
Erik, c’est un oiseau qui veut prendre l’avion au lieu de
voler, un animal sauvage égaré au milieu des hommes
Editions Maison, décembre 2014.
danBÉ
La Cie (Mic)zzaj
merc. 23 nov. 19H30
D’après le roman éponyme de Aya Cissoko et Marie Desplechin
Une expérience d’écoute intime et collective.
Chaussez votre casque audio ! Direction le Paris des années 80 où se
noue le destin tragique d’Aya et de sa famille… exploration littéraire et
musicale, ce concert narratif sous casques place l’auditeur-spectateur
au plus près du son, de ses transformations et de ses nuances. Une
expérience profondément originale à la frontière du théâtre, du
concert et de l’art radiophonique.
l'oisEau VErT
Carlo Gozzi / Agathe Mélinand / Laurent Pelly
Vend. 20 Janvier 20H30
Sam. 21 Janvier 18H
Il y a tant de sortilèges, tant de personnages, tant de folie dans L’Oiseau
vert. Il y a aussi des récits qui se superposent, des sentiments qui
s’entrecroisent et des destins qui se contrarient. Les deux codirecteurs
du théâtre national de Toulouse réinventent cette merveilleuse fable
théâtrale et y voient autant de génie et de fantaisie que dans les
comédies shakespeariennes. Du grand spectacle !
LA FABRIK FAIT SON THÉÂTRE !
Tous les soirs de représentation une sélection à grignoter et à siroter
avant et après le spectacle dans la Verrière Public.
Journée de réflexion : prison possession
entrée libre
En écho au spectacle PRISON POSSESSION de François Cervantes, le Théâtre
de l’Archipel organise en collaboration avec l’association Logos une journée de
réflexion sur "L’enfermement" le samedi 26 novembre 2016.
Enfermement en les murs qui renvoie tout un chacun à de multiples formes
d’enfermement hors les murs. Là réside toute la densité et la complexité
du sujet qui le rend si brûlant aujourd’hui. Les murs, nous le constatons
quotidiennement, s’érigent comme un rempart contre cet "autre" que
l’on voudrait radicalement "autre". Seulement, cet autre nous est aussi
éminemment semblable ; les frontières se brouillent et le flou dérange,
inquiète, angoisse...
François Cervantes, auteur, metteur en scène de PRISON
POSSESSION, sera présent à cette occasion pour nous aider
"à tête reposée" à penser ces questions qui résonnent en
chacun de nous de manière très diverse.
Le partage de cette diversité fera la richesse de cette
journée. C’est pourquoi l’association Logos vous convie,
spectateurs, acteurs, citoyens à venir partager vos regards
et vos pensées. On vous attend nombreux !
Journée de réflexion PRISON POSSESSION : Quelles conséquences pour nous ?
au Théâtre de l’Archipel le samedi 26 novembre 2016 de 9h à 12h et de 14h à 17h.
Inscription gratuite sur réservation (nombre de places limité)
[email protected] ou au 04.68.62.62.00
"Prison possession" : quelles conséquences pour nous ?
Le théâtre franchit parfois la clôture de cet endroit clos sur lui-même qu’est la prison...
Les gens ordinaires projettent souvent sur les murs des différents lieux de relégation
(hôpitaux, casernes, prisons...) les images un peu folles de ce qui fait notre
ordinaire : peurs, sévices, espoirs, punitions, humiliation, culpabilité... Cette torture
journalière au-dedans et au-dehors des lieux de détention porte des noms révélateurs
tels que : condamné, pénitence, peine, amendement, punition, mitard, taulard etc.
S’il est vrai que "la faiblesse de ces condamnés nous oblige", il nous faut alors pouvoir
envisager la figure de l’autre en ce qu’elle nous parle de notre propre exil intérieur
et extérieur. De la notion d’étranger en les murs et hors les murs, tout cela nous
renvoie sans cesse à notre devoir d’hospitalité. La pièce de François Cervantes, Prison
Possession, nous donne à entendre au fil de sa correspondance avec un détenu, ce qui
se vit "du dedans", le cheminement d’un condamné qui au fil de l’écriture, tend à se
libérer des chaînes invisibles qui l’entravent...
Si la douleur causée par la privation de liberté ne peut être comparable à aucune
autre et reste non communicable, comment résonnent pour chacun d’entre nous spectateurs de la pièce mais aussi hommes et femmes de la cité - cet échange de
mots ?
Que vient faire le mot "possession" lorsqu’on le colle ainsi au mot prison ?
Quel sens prend-il mais surtout que dit-il de la réalité de ces contraintes par corps ?
Qu’est-ce que cela nous révèle de nos enfermements intimes ?
C'est aussi une mise en lumière de qui se passe là, de "l'autre côté" du mur et qui nous
interroge comme s'il s'agissait d'un pays étranger avec ses propres codes, son propre
langage, ses propres rites et coutumes...
D'autres questions se posent alors à nous : pourquoi les détenus préfèrent ils les
biographies et la poésie aux romans ; la lecture aurait-elle une autre fonction en les
murs ?
Et quelle place pour l'écriture qui semble aujourd'hui "au dehors" devenir presque
désuète ?
Bien d’autres questions se posent avant même d’avoir pu voir la pièce.
Alors "À tête reposée" prenons le temps de revenir sur les sentiments, les émotions,
les pensées qui nous ont traversé lors de la représentation.
Association
LOGOS