"Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi

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"Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi
CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL RÉGIONAL
MIDI-PYRENEES
Assemblée Plénière
Séance du 5 novembre 2004
AVIS
« Quelle politique de jeunesse
pour la Région Midi-Pyrénées ? »
Rapporteur : Jean-Louis COLOMBIÈS
AVIS ADOPTÉ :
POUR :
85
ABSTENTIONS :
14
Cet Avis a été élaboré sous l’autorité
de la Commission « Éducation-Emploi-Formation-Sports »
Présidée par Claude DUPUY
Rapporteur : Jean-Louis COLOMBIÈS
Membres du Groupe de Travail
Jean-Claude ARNAUD
Claude AVERSENQ
Jean-Louis COLOMBIES
Claude DUPUY
Michel-Joseph DURAND
Philippe GENTHON
Maurice HOLIVIER
Philippe LEMAÎTRE
René MOUYSSET
Marc PECHAUD
Philippe SEVERAC
Michel TOURNIER
Jacques VANPOUCKE
Marie-Denise XERRI
Chargée de mission : Evelyne ROUCH
Assistante : Sylvia MOLINA
Étudiant stagiaire : Alexandre BORDERIES
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Le CESR tient à remercier les PERSONNALITÉS
AUDITIONNÉES pour leur contribution à cet avis.
Monsieur Bernard ALBERT, conseiller du CESR Midi-Pyrénées et ancien Directeur régional
de la Fédération des Maisons Familiales Rurales en Midi-Pyrénées,
Monsieur Alain ALCOUFFE, Directeur du Pôle Universitaire Européen de Toulouse,
Madame Corinne AURIOL, Assistante Sociale Scolaire,
Madame Marie Claude BASCOUL, Vice Présidente du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
Monsieur Mustapha BAYADROUN, Directeur de la Mission Locale de Haute-Garonne,
Monsieur Michel BAYLAC, représentant de la Chambre Régionale d’Agriculture,
Monsieur Marc BELIT, représentant des organismes culturels,
Monsieur Bernard BELLOC, Président honoraire de l’Université Toulouse 1, membre du
Haut Conseil de la Coopération Internationale,
Madame Nicole BELLOUBET-FRIER, Rectrice de l’Académie de Toulouse,
Madame Hélène BRETON, Vice Présidente du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
Monsieur Rémi BUSCAIL, membre du CAVL,
Monsieur Jean CABOT, Président du CRIJ Midi-Pyrénées,
Monsieur Jean Paul CHAZE, Directeur de la DRTEFP Midi-Pyrénées,
Monsieur Serge CHEVAL, Directeur Régional de la Fédération Régionale des Maisons
Familiales Rurales en Midi-Pyrénées
Monsieur Xavier CONSTANS, membre du CRJ Midi-Pyrénées,
Monsieur Axel COURTOIS DE VIÇOSE, représentant de la Chambre régionale des
propriétaires et copropriétaires de Toulouse et Midi-Pyrénées,
Monsieur Jean-Pierre COUSTY, Directeur du CROUS de Toulouse,
Madame Clémence CROCHET, Directrice de la DAEC du Conseil Régional MIP,
Monsieur Pierre DONNADIEU, Directeur de Cabinet de la Rectrice de l’Académie de
Toulouse,
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Monsieur André DUPUY, Conseiller Principal d’Education,
Monsieur Alain FAUCONNIER, Vice-Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
Madame Aline GALLARD, Infirmière Scolaire,
Monsieur Serge GIROUY, DARIC - Délégué académique aux relations internationales et à la
coopération au Rectorat de l’Académie de Toulouse,
Madame Monique IBORRA, 1ère Vice Présidente du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
Monsieur Jean JOURDA, Directeur du FJT Espérance,
Madame Houria KEBABZA, membre de l’Association de Recherches Sociologiques et
Ethnologiques,
Madame Christine LADKANI, de l’Association pour la Promotion des Initiatives Autonomes
des Femmes,
Monsieur Raymond LAGRÉ, Directeur de l’ANPE Midi-Pyrénées,
Monsieur LAURINE, Directeur Adjoint du CROUS de Toulouse,
Madame Catherine LIAS, Assistante Sociale Scolaire,
Madame Christine LOWY, de l’AROEVEN,
Mademoiselle MAGNET, animatrice du Pays d’AUCH
Monsieur Louis MALLET, ancien DGAS adjoint du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
Monsieur Philippe MARCHAL, Directeur du CRIJ Midi-Pyrénées,
Monsieur Jean Pierre MARGAIX, Président du CRAJEP Midi-Pyrénées,
Monsieur Thierry MAUDET, Directeur de la DRJS Midi-Pyrénées,
Monsieur MONTAGNE, Chargé de Mission de la Commission Jeunesse CRAJEP et Délégué
Régional des Francas Midi-Pyrénées,
Monsieur Floréal MUNOZ, Directeur de la Fédération régionale des MJC Midi-Pyrénées,
Monsieur Félix NAVARRO, Médecin conseiller technique de la Rectrice de l’Académie de
Toulouse,
Monsieur PERSEC, Responsable de la Division de la Vie Etudiante au CROUS de Toulouse,
Monsieur Damien PUJOL, membre du CRJ Midi-Pyrénées,
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Monsieur Jean Christophe RINGUE, membre du CRJ Midi-Pyrénées,
Madame Christine TORRENT, Directrice de la MJC Empalot,
Monsieur Jean Claude TRAVAL, Vice Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées,
Monsieur Bernard ROUDET, Sociologue, chargé de recherche à l’INJEP,
Madame SALESSE ROCHETTE, Déléguée Régionale aux Droits des Femmes,
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EXTRAIT DE L’INTERVENTION
DE
JEAN-LOUIS CHAUZY
PRESIDENT
DU
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL
DE MIDI-PYRENEES
ASSEMBLEE PLENIERE DU C.E.S.R.
VENDREDI 5 NOVEMBRE 2004
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Monsieur le Directeur Régional de la Jeunesse et des Sports,
représentant Monsieur le Préfet de Région,
Madame la Vice-Présidente du Conseil Régional,
Monsieur le Vice-Président du Conseil Régional,
Monsieur le Représentant de la Rectrice,
Mesdames, Messieurs les Conseillers,
Mesdames, Messieurs,
LA JEUNESSE
Un seul thème nous réunit ce matin en assemblée plénière : celui de la jeunesse en
Midi-Pyrénées.
En adoptant définitivement le cahier des charges de cette autosaisine en bureau, le 29
janvier de cette année, le CESR ressentait le besoin d’y voir plus clair sur cette tranche de
population qui porte en partie l’avenir de la région, mais qui est fragile, changeante au fil des
ans, et mal connue. « La Jeunesse ou des Jeunesses?» était la première question posée.
Je tiens à rendre hommage à la commission 5 qui a beaucoup travaillé, comme vous le
constaterez avec la présentation de l’avis par le rapporteur Jean-Louis COLOMBIÉS, et celleci a rapidement pris conscience de la gravité de la situation faite à la jeunesse, de la précarité
dans laquelle elle se trouve et du manque de perspectives qui lui sont offertes par la société
des adultes.
Cette prise de conscience a motivé la décision du Bureau d’attirer l’attention des médias
sur le thème : « chômage, précarité, difficulté à vivre et à se loger : un triste triptyque pour
entrer dans la vie d’adulte en Midi-Pyrénées ». Je laisse au rapporteur la charge de ce triste
constat mais aussi de présenter les propositions formulées par la commission « Education,
Formation, Emploi ».
Notre intérêt pour la jeunesse représente un « devoir d’avenir » comme le dit
l’introduction de l’avis, et la Région, à partir de ses compétences dans les domaines de
l’éducation, de la formation professionnelle, de l’économie, des transports ou de
l’aménagement du territoire, a les moyens d’inscrire un politique « jeunesse » dans un
ensemble cohérent et un continuum. À notre sens, il revient à la Région de tout faire, à partir
de ses responsabilités et de ses compétences, pour donner aux jeunes qu’elle contribue à
former, des perspectives d’insertion professionnelle et d’espoir devant l’avenir. Le CESR
invite ainsi le Conseil Régional à rechercher, pour l’ensemble de ses interventions, une
cohérence dans une politique de jeunesse, même si la responsabilité première vis-à-vis de la
jeunesse reste celle de l’Etat.
Le travail n’aurait pas été possible sans l’investissement d’Evelyne ROUCH, chargé de
Mission que je remercie, avec Sylvia MOLINA.
(…)
Je vous remercie.
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PRÉSENTATION DE L’AVIS
« Quelle politique de jeunesse
pour la Région Midi-Pyrénées ? »
PAR LE RAPPORTEUR Jean-Louis COLOMBIÈS
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Damien, Karima, Loïc, Virginie, … et les autres, 20 jeunes de Midi-Pyrénées à qui ce rapport
est particulièrement dédié. Ils ne constituent certes pas un véritable panel représentatif des
jeunes de la région. Mais de leurs portraits émergent des paroles de jeunes que nous
devons savoir écouter. Nous n’en avons rencontré que quelques-uns. Pourtant ces jeunes, par
leurs parcours, leurs espoirs et leurs inquiétudes, ont été au coeur de nos réflexions. Certains
ont réussi, d’autres galèrent. Beaucoup se battent pour trouver leur place. Tous ont eu ou
auront besoin de ce « coup de pouce » qui aide à s’insérer socialement et professionnellement,
à se réaliser personnellement. Demain ils auront en charge la société mais pour y arriver
tous attendent encore quelque chose d’une politique jeunesse dans notre région.
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le représentant de Mme la Rectrice,
Monsieur le Directeur Régional et Départemental de la Jeunesse, des Sports et de la Vie
Associative,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du CESR,
Mesdames, Messieurs,
Est-ce l’arrogance, voire l’inconscience que l’on prête parfois à la jeunesse qui nous a conduit
à élaborer un projet d’avis à son sujet ? Notre chargé de mission, Evelyne Rouch, épuisée par
l’ampleur de la tâche, son assistante Sylvia, notre Président de Commission Claude Dupuy, et
le groupe de travail ne sont peut-être pas loin de le penser. Il n’empêche que, grâce à leur
mobilisation, aux nombreuses personnes auditionnées, aux jeunes journalistes, aux recherches
d’Alexandre, ce rapport est là… Merci très sincèrement à toutes et à tous. Et encore merci à
Evelyne.
Environ 300 pages (avec les annexes) et … 55 propositions. C’est beaucoup pour un rapport.
Mais pouvait-il en être autrement ? La question de la jeunesse n’avait jamais été jusque-là
abordée en tant que telle par notre Assemblée. D’autres CESR s’y sont essayés, mais,
prudents, ils l’ont fait soit par une entrée spécifique (le logement, la culture), soit par un type
de public (les étudiants, les apprentis), soit enfin par une seule étude régionale. En fait, trois
entrées fixées par notre cahier des charges.
C’est en effet par « devoir d’avenir » que le CESR a décidé, dès 2001, de s’autosaisir sur
la jeunesse. Car ces quelques témoignages nous rappellent qu’une société doit s’interroger
sur les perspectives qu’elle offre aux jeunes et sur l’héritage qu’elle leur laisse.
Mais, autant le dire, malgré la complexité du travail, et ses inévitables imperfections, nous ne
regrettons pas notre choix. En effet, il est légitime que notre assemblée, émanation de la
société civile, ouvre de tels chantiers pour encourager l’action des collectivités et de l’Etat. Ce
faisant, au-delà d’affirmer la nécessité d’une politique de jeunesse, le CESR doit aussi
prendre le risque d’en esquisser plus concrètement la démarche et les contours. Un
risque que nous allons prendre ensemble au travers de cette présentation du rapport.
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Un avis en trois parties
I - LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES TRAINS DE MESURE
POUR LES JEUNES : L’EXISTANT
II – UNE IMAGE DE LA JEUNESSE
III -QUELLE SPÉCIFICITÉ D’UNE POLITIQUE RÉGIONALE
DE « JEUNESSE » ?
I - LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES TRAINS DE MESURE POUR LES
JEUNES : L’EXISTANT
Commençons donc par examiner l’existant en nous replongeant dans le contexte qui a vu
naître, puis évoluer les politiques jeunesse.
C’est avec le Front populaire que la jeunesse devient une préoccupation étatique avec la
création d’un sous-secrétariat d’État. Les politiques jeunesse, imprégnées d’idéaux
républicains et progressistes, se sont inscrites dans le programme du Conseil National de la
Résistance. Nées au sein de mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, elles se sont
développées grâce à une forte synergie avec les comités d’entreprises, des municipalités, les
caisses d’allocations familiales et l’État.
La société adulte n’est pas prête à accueillir facilement les jeunes, d’où révoltes et
débordements. En Mai 68, ne voulant plus être des « mineurs », les jeunes rejettent une
société bloquée.
Trouver du travail va marquer les années 1980. Le rapport SCHWARTZ sur l’insertion des
jeunes sans qualification, BONNEMAISON sur la prévention de la délinquance et la mise en
place des ZEP par Alain SAVARY font apparaître de nouvelles approches de la jeunesse.
Aux « blousons noirs » des années 60 succèdent désormais les « jeunes des quartiers », un
terme politiquement correct pour évoquer des jeunes Français issus de l’immigration et vivant
dans des quartiers relégués.
Précarisation, paupérisation, creusement des inégalités …, l’intégration des jeunes dans
la société marque toujours les années 2000. Comme le soulignent Véronique BORDES et
Alain VULBEAU, diverses visions de la jeunesse cohabitent y compris au sein de l’État :
une « jeunesse dangereuse » qui menacerait la société et justifierait une pénalisation renforcée
et une « jeunesse citoyenne » fondée sur l’éducation et la transmission des valeurs adultes.
Le contexte immédiat a été très mouvant pendant nos réflexions menées de février à
octobre 2004 : élections, remaniement ministériel, inflexions des politiques gouvernementales, nouvelle loi d’orientation sur l’Ecole, dernièrement un « plan de cohésion sociale ».
Sans oublier enfin la réforme de la décentralisation dont le contenu s’est heurté à une forte
désapprobation des Présidents de Région et de Conseils Généraux sur les nouveaux transferts
de compétences impliquant des charges nouvelles, sans réelle prise en compte des évolutions
dans les dotations financières. On pense évidemment au transfert des personnels TOS des
établissements scolaires.
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Pour sa part, le CESR souhaite que le Conseil Régional de Midi-Pyrénées puisse poursuivre
les actions venant en appui des « jeunes » et puisse même les amplifier dans le sens de ses
propositions.
Et pour parachever le tout, la réforme de l’État entre en vigueur début 2005.
Quelles politiques «jeunesse» repère-t-on aujourd’hui?
On pense d’abord à l’Éducation Nationale, responsable des jeunes dès 3 ans et jusqu’au-delà
de 25 ans pour des études universitaires. Outre ces fonctions régaliennes (programmes,
diplômes et personnels), l’École a de plus en plus la charge de répondre aux problèmes
qui traversent la société. En réunissant Jeunesse et Éducation Nationale au sein d’un même
ministère, le premier gouvernement RAFFARIN offrait l’opportunité d’une politique
éducative globale, sur la base d’une complémentarité entre le temps scolaire et le temps
libre.
Les politiques ministérielles : l’Éducation Nationale
Régionalement cela s’est traduit par la mise en œuvre de cinq chantiers d’éducation
partagée entre Rectorat et DRJS et associations complémentaires de l’Enseignement Public.
• maîtrise de la langue et incitation à la lecture
• l’aide aux élèves en rupture scolaire (dispositifs relais)
• l’éducation artistique et culturelle
• la prévention des incivilités et des situations de violence
• les actions de prévention en matière de toxicomanie, de sécurité routière ….
Ces chantiers sont inégalement avancés.
Les politiques ministérielles : Jeunesse et Sports
Depuis juin 2004, le Ministère Jeunesse et Sports a retrouvé son unité, et se voit chargé de la
coordination de l’action gouvernementale pour la jeunesse et pour la vie associative. Ses
grandes orientations vont dans le sens d’une continuité. Il se propose d’améliorer l’image
des jeunes dans notre société :
-
la jeunesse doit redevenir un acteur essentiel du pacte républicain,
la jeunesse doit se voir offrir des facilités d’accès à l’autonomie et être mieux écoutée,
la jeunesse doit être mieux protégée des agressions et des tensions de notre société.
Autre Ministère, celui du Travail et de l’Emploi, doté d’un secrétariat d’État à l’insertion
professionnelle, avec des programmations « jeunes ». Son récent plan de cohésion sociale
doit aboutir à une loi de programmation. Certaines mesures concernent les jeunes : emploi,
logement et égalité des chances.
Les politiques interministérielles ont engendré nombre de dispositifs. Citons pour mémoire
les ateliers d’expression artistique, les Contras Éducatifs Locaux, la lutte contre l’illettrisme,
la lutte contre les sectes, le programme Ville, Vie, Vacances, la lutte contre le sida ….
Il ne faut pas oublier les organismes sociaux.
Les CAF gèrent une politique familiale qui fait partie de notre système de protection sociale.
Nombre de prestations financières, fondées sur le principe du droit de l’enfant, sont attribuées
y compris aux jeunes.
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Interviennent enfin les collectivités territoriales.
Selon la répartition actuelle, la Région n’a aucune compétence spécifiée pour la « Jeunesse »,
contrairement aux départements et aux communes. Pourtant, dans les faits, la compétence
« jeunesse » est partagée. Avec des choix propres et des moyens financiers très différents,
toutes les collectivités territoriales interviennent pour les jeunes dans et par d’autres
domaines de compétences que ceux conférés par la loi, au nom de la clause de
« compétence générale ».
Les communes et les intercommunalités sont le premier terrain des politiques
jeunesse
Leurs actions sont très variées.
Deux tendances nouvelles : le développement d’actions intercommunales et la montée
en puissance de politiques éducatives locales contractualisées : CEL, CTL ….
Par contre, dans les Chartes et Contrats de Pays on note très peu de véritables volets
jeunesse, affirmant une réelle ambition dans ce domaine.
Les départements ont une action éducative et sociale pour les jeunes déjà
affirmée.
Ils agissent avec l’Aide sociale à l’enfance et par le biais du Fonds d’aide aux jeunes.
Ils ont un rôle important de soutien aux projets jeunesse des communes notamment par
leurs financements de constructions, d’équipements et de matériels. Ils interviennent
aussi sur de nombreux aspects, et ont également compétence en matière de logement.
Les régions
Concernant la Région Midi-Pyrénées, on distingue les prémices d’une politique
jeunesse
• des actions au sein des compétences (lycées, apprentis, formation
professionnelle)
• des actions poursuivies par des choix
• et une volonté de mesures complémentaires,
sans oublier ... la création d’un Conseil Régional des Jeunes.
Actions pour la jeunesse au sein des compétences « obligatoires »
• Les lycées et Centres de Formation d’Apprentis
• La formation professionnelle
120 000 stagiaires PRFP sur 6 ans, dont de nombreux jeunes.
2 axes forts auxquels le CR consacre plus de la moitié de son budget
annuel.
et des choix d‘aide sociale et d’accompagnement :
• les bourses de premier équipement (19 000 jeunes)
• la prévention des sorties sans qualification
• l’école de la deuxième chance dont l’impact doit être évalué afin
d’envisager de nouvelles implantations dans autres contrats de ville
• les dispositifs d’aide au transport
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Au-delà des compétences strictes, le CR a affirmé aussi une volonté de nouvelles
mesures complémentaires pour les jeunes
• l’effort demandé aux régions pour l’enseignement supérieur est rentré
dans les mœurs. Les mesures du Conseil Régional (76 M dont 1/3 hors
Toulouse) contribuent à affirmer un axe fort d’aménagement du territoire
autour des deux pôles Tarbes et le Nord-Est. Par contre, son engagement
pour la mobilité étudiante reste inférieur à celui pris par d’autres régions
comparables.
• 260 « projets Avenir » dans les établissements ont été financés par le
Conseil Régional en 2004.
• le « chèque lire » concerne 50 000 jeunes et rencontre une forte adhésion.
• plus de 2 300 chèques « chèque avenir » pour les emplois-jeunes en
2003.
• l’aide aux équipements des petits clubs sportifs.
• les « premiers départs en vacances » et la rénovation des Centres de
Vacances et de Loisirs.
• le soutien financier à de grands réseaux régionaux associatifs. Jusqu’à
présent, le Conseil Régional Midi-Pyrénées est l’un des rares à soutenir ces
structures.
Fin 2000 le CR s’est doté d’un Conseil Régional des Jeunes.
Ce choix constitue un acte symbolique fort et un engagement supplémentaire du
Conseil Régional dans la dynamique d’une politique régionale jeunesse.
L’Europe
Ce repérage ne peut s’achever sans évoquer l’Europe qui conduit une politique jeunesse
incitative. Une nouvelle génération de programmes se prépare pour 2007-2013. Leur ambition
est de tripler le nombre de jeunes bénéficiaires sur la période :
-
Comenius : 10 % des élèves dans des activités éducatives,
Erasmus : 360 000 étudiants suivant chaque année des études à l’étranger,
Leonardo da Vinci : 150 000 stages en entreprises et en centres de formation,
Jeunesse en action : 35 000 projets d’échanges de jeunes et 10 000 jeunes par an pour
le service volontaire européen.
Mais, en Midi-Pyrénées, la mobilité des jeunes semble peu développée et les programmes
européens insuffisamment utilisés. Le décalage entre les visions européennes et les
politiques tant nationales que locales est important.
Conclusion partie 1
Cet aperçu montre à la fois l’enchevêtrement des compétences et des dispositifs, la
multiplicité des acteurs. Il démontre aussi un engagement réel et positif du Conseil
Régional, prouvant ainsi qu’il est possible d’avancer sur ces questions « jeunesse » sans que
celle-ci soit une compétence clairement inscrite.
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Mais il n’est pas facile pour autant d’en avoir une lecture en termes de politique
« jeunesse » car :
1) les actions restent sans coordination d’ensemble
2) les actions ne concernent pas encore toute la population jeune,
3) les actions ne prennent pas suffisamment « à bras le corps » l’entrée des jeunes
dans la vie active et la problématique des jeunes dans les politiques territoriales.
Deux questions cruciales qui concernent pourtant des compétences régionales
centrales : l’économie et l’aménagement du territoire
Mais, élaborer une politique régionale pour la jeunesse suppose aussi que cette dernière soit
mieux connue. C’est à cet essai de « caractérisation » des jeunes de Midi-Pyrénées qu’est
consacrée la deuxième partie de ce projet d’avis.
II - UNE IMAGE DE LA JEUNESSE DE MIDI-PYRÉNÉES
Midi-Pyrénées se situe entre dynamisme et vieillissement
Une région attractive avec un gain de population entre les deux recensements de
1990 et 1999, mais un déficit dans les tranches d’âge jusqu’à 35 ans et un
sureffectif des plus de 60 ans.
Midi-Pyrénées compte 317 522 jeunes de 15-24 ans au 1er janvier 2002
soit 12,1 % de la population régionale,
1 point de moins que la moyenne nationale
1 jeune sur 2 vit en Haute-Garonne
Plus de la moitié des jeunes de Midi-Pyrénées vit en Haute-Garonne alors que
le département ne représente que 42 % de la population régionale. Cela confirme
l’attractivité de l’agglomération toulousaine.
Le clivage entre monde rural et zones urbaines
Les populations les plus jeunes se concentrent dans les zones urbaines.
L’évolution de la population jeune
En 10 ans, la Région a vu sa population de 15 à 24 ans diminuer de presque
40 000 jeunes. Depuis 98, l’effectif se redresse légèrement.
Une jeunesse très « scolarisée »
En Midi-Pyrénées, les jeunes de 16 à 24 ans sont plus scolarisés qu’en France. En
effet, si le taux de scolarisation des jeunes Français de 16 à 18 ans a rattrapé celui
des Midi-pyrénéens à hauteur de 96,4 % en 1999, il reste inférieur de 4 points en ce
qui concerne les 19-24 ans.
Il faut noter aussi qu’en Midi-Pyrénées, les filles sont les plus scolarisées chez les
19-24 ans
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Les jeunes en formation
Plus que les chiffres, l’évolution par niveau et orientation depuis 1990 donne une
image de la répartition des jeunes dans les différents cycles de formation. Cette
répartition n’est pas égale selon les filières et évolue dans le temps. Ainsi, les
universités continuent à voir leurs effectifs augmenter alors que les IUT sont
désormais sur une tendance à la baisse.
L’apprentissage
Le taux d’accès à l’apprentissage en Midi-Pyrénées des jeunes de moins de
25 ans a presque doublé de 93 à 99. Moins nombreuses globalement, les filles
sont nettement plus présentes dans les plus hauts niveaux de qualifications.
Cependant elles se concentrent toujours dans les métiers du soin à la personne, de la
santé et du secrétariat.
Les étudiants
Les étudiants se concentrent sur l’agglomération toulousaine
(cf. carte page 64 de l’avis)
Quelques données à rajouter :
• l’enseignement supérieur de Midi-Pyrénées est très attractif. En 1999,
40 % des étudiants inscrits n’habitaient pas dans la région en 1990.
• Cette population étudiante est plutôt féminisée (56 %) et les étudiantes
sont plus diplômées que les étudiants.
• Prés de 6 % des étudiants de la région fréquentent les écoles
d’ingénieurs, soit le double du niveau national.
des jeunes qui réussissent ….
Des taux de réussite aux examens supérieurs à la moyenne nationale pour
tous les niveaux.
Ces bons résultats ne doivent pas masquer que, malgré tout, subsistent de
fortes inégalités. Dans l’Académie, en 2003, 22,8 % des élèves de 6éme ont des
parents ouvriers et 20,4 % des parents cadres supérieurs. En première année de
CPGE, 5 % sont d’origine ouvrière pour 57,6 % d’origine cadres supérieurs !
… et des jeunes en difficulté
• Environ 4,5 % des jeunes sortent de formation sans qualification en MidiPyrénées. Bien qu’inférieur au taux national, ce chiffre interroge car il
recouvre des réalités inquiétantes dans les Zones Urbaines Sensibles.
• 30 000 jeunes (dont 54 % de femmes) fréquentent les Missions Locales.
• Près de 4 500 jeunes ont bénéficié d’une prestation du Fonds d’Aide aux
Jeunes, soit 2 points au-dessus de la moyenne nationale.
• 35 à 40 % des étudiants travaillent pour poursuivre leurs études d’après
les responsables du CROUS.
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L’entrée dans la vie active et l’emploi
La part des jeunes accédant rapidement et durablement à un emploi est inférieure à la
moyenne nationale de 3 points au niveau du secondaire et de 2 points pour les diplômés
du supérieur. Tout récemment, l’APEC Midi-Pyrénées soulignait que 50 % des Bac + 4
sont toujours au chômage un an après leur sortie de formation.
Les jeunes femmes sont plus touchées par des problèmes d’insertion et de chômage
alors qu’elles sont pourtant d’un niveau d’études supérieur à celui des hommes qui sont
aussi au chômage. Le taux de chômage après trois ans de vie active pour celles sorties du
secondaire est supérieur de 8 points à celui des hommes. Elles mettent en moyenne
trois mois de plus pour trouver leur premier emploi.
Les jeunes demandeurs d’emploi
• les moins de 25 ans représentent 17 % des demandeurs d’emploi inscrits à
l’ANPE fin 2003 (dont une majorité de femmes) alors qu’ils ne représentent
que 7,6 % des actifs.
• 41 % des jeunes s’inscrivent suite à un CDD ou une mission d’intérim.
• 59 % retrouvent un emploi de courte durée (CDD, intérim ou emploi
saisonnier).
L’année 2004 semble marquée par une dégradation de l’emploi des jeunes.
Les métiers recherchés
Les recherches d’emploi des jeunes se portent vers les métiers pléthoriques du tertiaire
au détriment de métiers porteurs de débouchés dans le secteur industriel.
Une qualité de l’emploi qui se dégrade
Une tendance à avoir de moins en moins de CDI :20,5 % des jeunes de moins de 25 ans
seulement sont embauchés avec un CDI, et cette embauche concerne davantage les
hommes que les femmes.
Une baisse moins sensible des contrats en alternance
En Midi-Pyrénées, plus de 15 000 jeunes par an intègrent des entreprises avec des contrats
en alternance. L’apprentissage (9 643 contrats à fin 2003 chiffres DRTEFP) et les
contrats d’adaptation continuent à progresser alors qu’au plan national, la tendance est
à la baisse.
Des contrats d’insertion en profonde mutation
• Le programme TRACE est terminé depuis le 1er janvier 2004.
De 1999 à 2003, près de 12000 jeunes de Midi-Pyrénées en ont bénéficié.
• Il a été mis aussi un terme aux emplois-jeunes.
Plus de 20 000 jeunes sont entrés dans le dispositif depuis octobre 1997 ; près de
14 000 postes ont été créés, avec une surreprésentation dans des départements
ruraux qui atteste des besoins en services de ces territoires (animation, aide aux
personnes, environnement et patrimoine).
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Les jeunes et le logement
• 60 000 étudiants, soit un sur deux recherche un logement dans
l’agglomération toulousaine.
• la décohabitation s’accélère de 30 % par an ces deux dernières années.
• on assiste à une demande croissante d’étudiants extérieurs à Midi-Pyrénées.
• on constate une faible capacité du logement social.
Cette pénurie de logements privés pénalise aussi les autres jeunes puisqu’il y a
seulement :
• 4 FJT à Toulouse, une vingtaine dans la Région,
• de faibles capacités de logement d’urgence.
Les jeunes et leur santé
94,7 % des jeunes de 12 à 19 ans se trouvent en bonne santé.
Les garçons s’estiment en meilleure santé que les filles.
Et pourtant chaque année :
• 1 800 jeunes sont atteints de pathologies lourdes,
• 7 000 enfants et jeunes sont en établissement d’éducation spéciale,
• le taux de mortalité des 15-24 ans est supérieur à la moyenne nationale.
1ère cause de mortalité
50 % de la totalité des décès des 15-24 sont dus aux accidents de la
route et de la circulation, un taux de mortalité ans plus élevé que la
moyenne nationale.
Les zones rurales jouxtant l’agglomération toulousaine sont les plus
touchées (Ariège, Gers, Tarn et Tarn-et-Garonne).
2ème cause de mortalité
15 % des décès ont lieu par autres types d’accidents (noyades, chutes,
intoxications, écrasements …).
3ème cause de mortalité
Le suicide représente 7 % des décès soit 15 à 20 jeunes chaque année.
Les conduites addictives
• 44 % de fumeurs quotidiens de tabac à 16 ans
• 12 % de consommateurs réguliers de cannabis à 18 ans
• constat d’une polyconsommation qui potentialise les effets
Nous sommes à la veille d’une épidémie en matière d’obésité :
1,5 % des adolescents sont en surcharge pondérale en classe de 3ème
mais, déjà, 15,5 % des enfants de cinq à six ans.
Les violences faites aux femmes et les difficultés liées à la sexualité
C’est chez les 20-24 ans que les femmes sont le plus victimes de harcèlement sexuel
dans l’espace public, de pressions psychologiques au travail et de violences conjugales.
Le niveau élevé du nombre d’IVG chez les jeunes femmes (pratique qui reste
traumatisante) et les sollicitations de plus en plus fréquentes des infirmières scolaires pour
des traitements d’urgence (pilule du lendemain) indiquent une insuffisance
d’information sur la contraception, en particulier pour les plus fragiles.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
16
La mobilité des jeunes
Des chiffres peu satisfaisants
• 800 étudiants Erasmus en 2002-2003 pour Midi-Pyrénées pour 1 200 en
Aquitaine.
• 475 étudiants boursiers soutenus financièrement par le Conseil Régional.
• 300 jeunes de filières professionnelles et BTS de Midi-Pyrénées ont bénéficié
de programmes européens.
• « Jeunesse pour l’Europe » (en dehors du cadre scolaire) concerne 41 jeunes
bénéficiaires et 22 jeunes européens accueillis en 2000.
Au-delà de ces caractéristiques des jeunes … que sait-on aujourd’hui de ce qu’ils pensent ?
Si l’on en croit les travaux de Bernard ROUDET, deux tendances se dessinent :
• les valeurs des jeunes et des adultes tendent à se rapprocher
« La réhabilitation de l’autorité par les jeunes indique plutôt le souhait de vivre
dans une société où les règles collectives sont respectées, tout en bénéficiant d’un
maximum de libertés individuelles … Les valeurs ne sont plus données : l’individu
veut décider ce qui est bon pour lui. »
•
les valeurs des jeunes diplômés et des jeunes non diplômés tendent à diverger.
« Dans toutes les classes d’âge, mais surtout chez les jeunes générations, l’attitude
anti-démocratique est très sensible au niveau d’instruction, tout comme la
xénophobie, le sentiment d’insécurité, la confiance dans les institutions.
Phénomène important : « l’écart s’accroît ainsi entre deux jeunesses, dont
l’une, exclue de l’éducation et de la culture, se révèle beaucoup plus
radicale ».
Conclusion de la partie 2
Une image donc contrastée et partielle, faute de données chiffrées sur nombre de domaines
(citoyenneté, culture, activités de loisirs et sportives) ou sur les conditions de vie des jeunes
en zone rurale ou des jeunes handicapés..., ce qui atteste d’un fort besoin de recueil
d’informations.
III -QUELLE SPÉCIFICITÉ D’UNE POLITIQUE RÉGIONALE DE « JEUNESSE » ?
Le constat effectué démontre qu’une politique « régionale » jeunesse doit donner de l’espoir
aux jeunes en les aidant à devenir autonomes, c’est-à-dire à acquérir dans les meilleures
conditions possibles les éléments constitutifs de l’autonomie.
Échelon essentiel, entre l’État, généraliste et globalisateur, et les autres collectivités locales,
en charge de la vie quotidienne, la Région a un rôle à jouer. Mais elle ne peut prendre, seule,
en charge cet accompagnement des jeunes ou se substituer aux obligations qui incombent à
l’État.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
17
Une indispensable politique de jeunesse au niveau de l’État
L’État reste le garant de l’accès de tous aux droits fondamentaux. Il doit prévenir et lutter
contre toutes les formes d’exclusion et de discrimination et protéger les plus faibles et les plus
démunis.
Les politiques jeunesse se mènent aussi en amont. En effet, une politique de jeunesse doit
s’articuler à une politique familiale plus ambitieuse, prérogative de l’État. La famille
demeure le premier lieu des apprentissages, des règles et des interdits. Mais les nombreuses
situations de ruptures de couples et l’impact grandissant de la précarité empêchent certains
parents d’assumer leur rôle éducatif. Un renforcement des aides à la parentalité est nécessaire.
La volonté de l’État de mettre en œuvre une politique jeunesse passe aussi par l’affirmation
du rôle de son service déconcentré compétent. À cet égard, le CESR regrette que, dans le
cadre de l’organisation de l’administration territoriale de l’État dans les régions, ne soit
pas affirmé un pôle spécifique « jeunesse, sports et vie associative », à côté des 8 pôles
définis.
Les carences et les flous de l’Etat en matière de politique jeunesse constituent une toile de
fond complexe pour les collectivités territoriales.
La dimension « jeunesse » traverse diverses interventions du Conseil Régional. Des efforts
ont été consentis. À présent, la Région doit rendre cohérentes ces actions ponctuelles en
faveur des jeunes afin de leur construire une lisibilité et un sens plus forts. L’éducation, la
formation, le développement économique, les transports et aménagement du territoire
constituent un cadre de cohérence et sont autant de leviers lui permettant d’élaborer et de
conduire une politique jeunesse.
Organiser la transversalité de la politique « Jeunesse »
Propositions au Conseil Régional
L a transversalité des questions « jeunesse » oblige à la vigilance et pousse à
l’organisation. L’absence de commission spécifique « Jeunesse » au sein du Conseil
Régional rend indispensable de
•
Créer une Vice-Présidence clairement en charge de la jeunesse, garante de cette
transversalité, et porteuse de cohérence.
•
De même, dans un souci de lisibilité et d’évaluation, il est aussi utile que le Conseil
Régional produise un rapport annuel sur sa politique « jeunesse ».
•
Trop souvent, les représentations des adultes guident leurs décisions concernant les
jeunes. Il existe un réel besoin d’informations fines et récentes. Il importe donc que le
Conseil Régional se dote d’une « banque de données ».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
18
•
Une meilleure connaissance des jeunes, une écoute, et une prise en compte de leurs
paroles, comme de celles des divers acteurs qui agissent pour et avec eux, doivent
faciliter le « guidage stratégique régional ». Le CESR propose au Conseil Régional
d’organiser périodiquement une Conférence Régionale de la Jeunesse. La Région,
par ses compétences structurantes qui « préparent l’avenir », peut être le niveau
géographique pertinent pour disposer de la prise de recul et de l’autorité
nécessaires pour animer, aux côtés de l’État, la concertation indispensable aux
politiques jeunesse.
•
Le CESR est attaché à la politique contractuelle. Mais cela suppose que l’État honore
réellement ses engagements. Par les possibilités d’articulation des politiques qu’il peut
offrir, ce mode est particulièrement pertinent en matière de jeunesse. La politique
jeunesse régionale doit donc continuer à se lire dans le Contrat de Plan État-Région,
en s’appuyant sur les 7 volets thématiques du présent avis.
•
Les territoires ont besoin d’une politique jeunesse qui favorise le maintien et l’arrivée
des familles, des jeunes. L’aménagement du territoire peut constituer un levier
majeur pour un développement d’une politique régionale jeunesse par le biais
des contrats de pays. Comme il le fait déjà pour la Culture, le Conseil Régional doit
être volontariste en incitant les pays et les agglomérations, à intégrer la dimension
« jeunesse » dans leurs chartes et leurs contrats. Le CESR propose au Conseil
Régional de conditionner son intervention financière à l’existence d’un volet
« jeunesse ». Afin d’aider les territoires, un diagnostic et une ingénierie de projet
pourraient être financés par la Région.
•
Le Conseil Régional doit aussi contractualiser ses relations avec les coordinations
et les fédérations régionales associatives par des conventions d’objectifs
pluriannuelles. Des critères tenant compte, en particulier, de la dimension régionale
des acteurs et du caractère structurant de leurs actions, doivent être mis en place.
•
Enfin, une politique régionale doit s’accompagner d’une évaluation. Chacun, à son
niveau, dispose d’outils d’évaluation inutilisables par d’autres. Le Conseil Régional
doit donc prendre l’initiative d’une concertation pour développer des outils
communs.
Après avoir proposé des méthodes de travail susceptibles de favoriser l’élaboration et la
conduite d’une politique régionale jeunesse, il convient aussi d’en esquisser des grands axes
prioritaires. Sept grands domaines d’intervention ont été ainsi identifiés. Ils contiennent
nombre de nos propositions.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
19
Premier Domaine - l’orientation, l’information, la formation des jeunes
Propositions à l’État et au Conseil Régional
L’orientation conditionne l’insertion future dans la vie sociale et professionnelle. Elle ne doit
pas s’effectuer par défaut.
•
Une attention particulière doit donc être portée à l’information sur les métiers. À cet
égard, le salon INFOSUP devrait être organisé de manière « décentralisée », dans les
villes disposant de centres universitaires, pour encourager les jeunes à y faire
leurs études plutôt que de venir systématiquement à Toulouse.
De manière globale, l’accueil des jeunes dans les universités doit être amélioré dans
les premiers cycles qui ont les taux d’échec les plus élevés. Le CESR recommande un
renforcement des services d’information, d’orientation et d’aide sociale. Il souhaite
aussi que le Conseil Régional soutienne la vie universitaire et les activités associatives
étudiantes.
• Les sciences ne sont plus perçues comme génératrices de progrès, au contraire elles
inquiètent. Afin de réagir face à ce déficit d’orientation des jeunes, l’État doit
d’abord remettre la culture scientifique dans son rôle de formation et non de
sélection. En Midi-Pyrénées, la présence d’entreprises innovantes, de laboratoires,
doit aussi permettre une découverte des milieux scientifiques.
•
Les responsables du système éducatif doivent donner des possibilités de stages à
l’ensemble des élèves et étudiants dans un cadre légal.
•
Les établissements de formation doivent aussi élargir leurs champs de recherche de
stages de découverte de l’entreprise au sein des bassins d’emploi.
•
l’information pour l’orientation doit utiliser toutes les ressources des technologies
de l’information et de la communication pour mieux prendre en compte
l’évolution des métiers.
Propositions au Conseil Régional
•
La multiplicité actuelle des guichets et des intervenants rend nécessaire une initiative
du Conseil Régional afin de développer les nécessaires liaisons entre des différents
dispositifs d’information et d’orientation qu’il soutient financièrement.
•
Le premier critère du choix d’orientation, c’est souvent la proximité de la formation.
Pour coordonner la territorialisation des formations, le Conseil Régional doit réaliser
un véritable schéma de l’offre des formations régionales.
•
Le Conseil Régional doit renforcer son soutien pour la prévention de l’échec
scolaire en partenariat avec la Mission Générale d’Insertion de l’Éducation
Nationale.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
20
Deuxième domaine - L’entrée des jeunes dans la vie active et l’emploi
Propositions au Conseil Régional
Même si le rapport au travail des jeunes semble plus « distancié », le travail reste pour la
majorité d’entre eux une valeur centrale. Avoir un emploi stable est le facteur déterminant
de leur autonomie et de leur intégration sociale.
•
Dans un contexte de concurrence exacerbée, où les activités sont soumises à des
pressions et des délais de plus en plus contraignants, les employeurs sont de plus en
plus exigeants par rapport aux jeunes entrant sur le marché du travail aussi bien en
matière de diplôme et de qualification que d’expérience. Ils leur demandent d’être
immédiatement opérationnels. Les utilisations abusives de stagiaires, les recours
fréquents, voire systématiques, aux missions d’intérim, aux CDD, accentuent
fortement la précarisation de l’emploi des jeunes. En conséquence le CESR propose
que le Conseil Régional initie une démarche de concertation auprès des corps
consulaires, des partenaires sociaux, pour constituer un collectif « éthiqueemploi » en matière d’utilisation des stages en entreprise.
•
Au titre de sa compétence pour le développement économique, la Région peut
accorder des aides aux entreprises, ce qui constitue un moyen indirect d’influer sur le
marché de l’emploi. La loi de décentralisation, qui lui confère à présent la
coordination du développement économique, peut lui permettre de lutter contre les
obstacles à l’emploi rencontrés par les jeunes. Le CESR propose donc d’intégrer
des indicateurs qualitatifs et quantitatifs d’emploi des jeunes dans les dossiers
d’aides économiques aux entreprises et de conditionner cette attribution à ces
ratios sociaux. Cette proposition ne vise pas à créer une « lutte des âges » mais, au
contraire, à veiller aux équilibres générationnels nécessaires dans la pyramide des âges
des entreprises qui sollicitent des aides.
•
Le parrainage est devenu un outil d’accompagnement pour l’emploi des jeunes en
difficulté. Les besoins étant loin d’être couverts, le CESR propose donc que le Conseil
Régional s’implique pour promouvoir le « parrainage » de jeunes en insertion.
•
Trop souvent encore, les réglementations sur les différents types de stages et les droits
des stagiaires sont méconnus. Le Conseil Régional doit élaborer une « charte de
l’accueil des stagiaires » avec les acteurs socio-économiques.
•
Enfin, le CESR souhaite un développement qualitatif des contrats en alternance et
une étude fine des causes de rupture du contrat d’apprentissage.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
21
Proposition à l’État
•
Les stages en entreprise indispensables aux jeunes dans leur cursus de formation sont
réglementés. Mais des « stages » d’une autre nature, peu ou pas rémunérés, parfois
successifs, d’étudiants, de jeunes diplômés, de plus en plus diplômés tendent à se
multiplier. Des jeunes en sont eux-mêmes demandeurs. Car, ils ont intégré cette
nécessité (qui est en fait une exigence) de se constituer une expérience pour avoir de
meilleures chances d’être recrutés. Certains employeurs profitent ainsi des tensions du
marché de l’emploi pour se doter d’une main d’œuvre à bon marché, voire gratuite.
Le CESR souhaite donc un renforcement des contrôles des services de l’2tat
concernant la présence et les fonctions des stagiaires pour tous les stages effectués
en dehors d’un cursus de formation et à l’issue de la formation
Propositions à l’État et au Conseil Régional
•
Les technologies de l’information et de la communication constituent une chance pour
les zones les moins habitées. Le CESR rappelle l’importance de réaliser des
équipements en haut débit (ADSL) sur l’ensemble du territoire régional pour
faciliter la création d’activités, d’entreprises et pour favoriser l’installation des jeunes
ruraux.
Troisième domaine– L’accès des jeunes au logement
L’accès au logement a un effet structurant sur la vie du jeune, il conditionne sa mobilité de
formation comme d’emploi. C’est d’abord à l’État d’avoir une politique de logement social
ambitieuse et de revoir, compte tenu des situations précaires des jeunes, la législation des
contrats de location et de colocation, la durée des baux. Mais, face à la situation d’urgence du
logement étudiant, le Conseil Régional s’est engagé dans un plan de rénovation et de
construction avec le CROUS. Le CESR approuve ce choix.
Propositions au Conseil Régional
•
L’hébergement des jeunes en lien avec l’offre de formation (internats des lycées,
structures d’hébergement des CFA…) est un instrument de l’aménagement du
territoire. Le CESR engage le Conseil Régional à conduire rapidement une étude
sur le logement des jeunes en formation, tenant compte également des besoins
spécifiques de l’hébergement des jeunes filles.
•
Tout devrait être mis en œuvre pour renforcer les effectifs des centres universitaires
hors Toulouse où les taux de réussite sont meilleurs. Cela nécessite un
développement d’universités professionnalisées de plein exercice offrant la palette
entière des cycles de formation et adossées à des centres de recherche. Pour inciter
les étudiants à s’y inscrire, le CESR propose donc d’envisager un soutien
financier pour leur hébergement, en sus des dispositifs d’aide existants.
•
Avec les services de la DRASS, le Conseil Régional devrait déterminer les « zones
d’ombre » des Foyers de Jeunes Travailleurs sur le territoire régional afin de
participer à leur développement et à leur rénovation.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Propositions aux autres collectivités
Le logement étudiant relève d’abord de la compétence de l’agglomération.
• La forte attractivité des universités de Toulouse se traduit aussi par des retombées
économiques importantes dans l’agglomération toulousaine. Le CESR incite donc les
collectivités locales à financer des logements pour développer l’accueil des
étudiants.
•
Il considère aussi que les SCOT, en cours d’élaboration, offrent une opportunité de
prendre en compte le logement étudiant tout en respectant la mixité sociale et la
proximité des établissements de formation. Au niveau de l’aire urbaine de
Toulouse, la Charte doit inciter la ville centre, les communautés
d’agglomérations et les communes à réserver du foncier à proximité des centres
de formation ou des dessertes (métro-bus).
•
L’efficacité des aides existantes, utilisables par les jeunes, mérite d’être examinée. Le
CESR souhaite que les jeunes, hors prestations du 1 % Logement, soient pris en
compte par le biais des Fonds Solidarité Logement départementaux.
Enfin, un certain nombre de jeunes, rejetés par leur famille, se trouvent du jour au lendemain,
totalement démunis. Les Missions Locales, les lycéens du CAVL ont tiré la sonnette d’alarme
comme les associations d’aide aux femmes. Leur situation est en effet encore plus difficile,
surtout si elles ont des enfants à charge. Le CESR souhaite que l’État et toutes les
collectivités se mobilisent pour ces jeunes en grande détresse.
Quatrième domaine – La santé des jeunes
La santé est une obligation de la nation, elle n’est pas celle des régions. Cependant, dans le
cadre de la décentralisation, la Région se voit confier l’élaboration du Schéma Régional des
formations du secteur sanitaire et social. Ce transfert justifie son droit de regard sur les
dispositifs en place, voire un regard nouveau, sur la santé des jeunes.
Propositions à l’Etat
•
Le nombre des personnels de santé, médecins, infirmières et assistantes sociales, reste
très insuffisant. Tous les établissements scolaires ne sont pas dotés de postes. Le
CESR considère que l’État doit engager une politique volontariste et développer
la présence de la médecine scolaire et des services sociaux dans les établissements
scolaires.
•
Afin de repérer en amont les problèmes sanitaires et sociaux et de détecter les
situations à risque, le CESR considère que l’État doit instituer, dès 2005, une
consultation médicale avant 15 ans dans les collèges et lycées, comme le préconise
également la récente Conférence de la Famille.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
23
Propositions au Conseil Régional
dans une démarche partenariale avec les services de l’État
•
Afin de désamorcer les crises, le Conseil Régional doit contribuer à la mise en place
de lieux de dialogue et d’écoute dans les lycées en partenariat avec le Rectorat et les
services de santé de l’État.
•
Il pourrait aussi apporter un soutien à l’implantation d ’« espaces relais de santé »,
hors milieu scolaire.
Le CESR tient à rappeler son attachement à la pleine application de la loi prévoyant la
mise à disposition gratuite de la pilule du lendemain. Ces traitements doivent être
facilement accessibles dans le respect des choix individuels et de la confidentialité. Il en
est de même de l’allongement de 10 à 12 semaines du délai d’IVG dans les hôpitaux qui
n’est pas toujours respecté.
•
Quel que soit leur statut, tous les jeunes doivent bénéficier des mêmes actions de
prévention et de suivi en matière de santé. Le Conseil Régional doit engager une
concertation avec les services de la Médecine du Travail et les partenaires sociaux
pour mettre en place les dispositifs nécessaires à ce suivi. Il doit aussi initier un plan
de « suivi de santé des apprentis » en partenariat avec les CFA.
Cinquième domaine – La mobilité des jeunes dans le territoire régional,
dans l’Europe et à l’international
Propositions au Conseil Régional
(Mobilité régionale)
En Midi-Pyrénées, les zones rurales sont importantes et les déplacements sont
particulièrement problématiques pour les jeunes qui n’ont pas tous accès à des moyens de
transport autonomes.
•
Le CESR propose d’attribuer des réductions significatives pour tous les jeunes de 16 à
25 ans sur les réseaux de transports régionaux pour les trajets effectués dans le cadre
de leur formation.
•
L’offre de transport dans les territoires s’est essentiellement construite autour d’un
trajet domicile/école. En infrarégional, le réseau routier converge vers l’agglomération
toulousaine. Les collectivités territoriales compétentes doivent encourager les
liaisons transversales de villes à villes, de communes à communes. Le Conseil
Régional doit les y inciter dans le cadre des politiques territoriales.
•
Tous les jeunes n’habitent ni à Toulouse, ni en proximité des divers pôles de culture et
de loisirs des territoires. Pour faciliter l’accès des jeunes à ces activités, le CESR
propose que le Conseil Régional apporte un soutien financier aux communes, aux
intercommunalités voire aux associations, pour qu’elles se dotent de véhicules de
transport collectifs légers.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
24
•
Il est des cas où le fait de ne pas être titulaire du permis de conduire est un frein à
l’emploi. Le CESR considère que le Conseil Régional doit aider les jeunes les plus
défavorisés à obtenir leur permis de conduire dans le cadre des formations
insertion.
Propositions au Conseil Régional
en partenariat avec l’État et d’autrescollectivités
(Mobilité internationale)
La mobilité des jeunes de Midi-Pyrénées vers l’Europe et l’international est un enjeu de
formation et de citoyenneté. L’information sur les possibilités de départ, en fonction de la
situation des jeunes et des types de projets, doit être améliorée par la réalisation de guides
spécifiques, de sites.
•
Tous les programmes européens pour la jeunesse ont besoin d’un coup de pouce
financier. L’État doit y consacrer un budget plus important et doit former ses
personnels à ces enjeux.
•
Le CESR souhaite donc que le Conseil Régional prenne toute la mesure des enjeux
et s’engage ainsi dans une nouvelle dynamique pour la mobilité internationale de
tous les jeunes en accroissant les aides aux jeunes qui souhaitent partir et aux
structures, supports des programmes européens.
Les échanges avec l’étranger représentent un levier important pour le développement
économique comme pour la valorisation de la Région. Le Conseil Régional, les
partenaires universitaires et les autres collectivités, doivent prendre appui sur les
expériences d’autres régions pour améliorer l’accueil des étudiants étrangers.
Enfin, sans coordination, il semble difficile d’échapper à une politique de « guichet ».
Le CESR propose que le Conseil Régional fasse réaliser un « tableau de bord
régional de la mobilité ».
•
•
Sixième domaine – L’éducation à la citoyenneté
Propositions au Conseil Régional
Pour répondre à l’aspiration des jeunes à participer et pour développer leur citoyenneté, les
institutions ont mis en place divers Conseils de Jeunesse. Cette « éducation citoyenne » est
aussi portée depuis longtemps, « à la base », par nombre d’associations.
•
Dans un contexte où il est difficile d’inciter les jeunes à s’engager durablement, le
BAFA, qui a traversé plusieurs générations, reste un engagement éducatif auprès
d’enfants, qui marque l’accès à des responsabilités d’adultes. Le CESR propose que le
Conseil Régional instaure des bourses régionales d’aide à la préparation du
BAFA.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
25
Malgré un objectif affirmé d’éducation à la citoyenneté, il existe des risques de voir les divers
conseils de jeunes sombrer dans la récupération médiatique, la « manipulation » et la
démagogie. L’objectif éducatif doit bien rester le centre de gravité de ces actions.
•
Après deux mandatures, le Conseil Régional des Jeunes doit aller plus loin dans
l’apprentissage de la démocratie. Jusqu’à présent, les commissions du Conseil
Régional ne statuaient que sur dossiers pour accorder les financements nécessaires aux
projets du CRJ. Pour aller au bout de cette logique et améliorer le lien avec les élus
adultes, le CESR propose que les jeunes soient invités à défendre leurs projets
devant les élus régionaux pour obtenir approbation, vote et financement.
•
Les engagements des jeunes ne sont pas suffisamment reconnus. Le CESR propose
qu’une valorisation des acquis de l’engagement des jeunes dans les conseils de
jeunesse fasse l’objet d’une expérimentation conduite en partenariat par
l’Académie de Toulouse et le Conseil Régional.
L’examen du fonctionnement du CRJ a fait apparaître aussi un décalage important entre les
préoccupations des lycéens et celles des apprentis. Cela tient aussi aux difficultés que ces
derniers peuvent rencontrer dans l’exercice de leur apprentissage, et qu’ils portent ensuite au
sein du CRJ, faute de lieu pour en débattre ensemble.
•
Aujourd’hui, les CFA tentent empiriquement de répondre à ces préoccupations. Le
contrat d’apprentissage étant aussi un contrat de formation les jeunes apprentis doivent
bénéficier d’une égalité de traitement avec les jeunes sous statut scolaire. Le CESR
propose donc d’instituer une instance régionale de dialogue et de concertation,
propre aux apprentis pour qu’ils puissent s’exprimer sur leurs conditions de
formation, de vie et de travail, comme peuvent le faire les lycéens au sein du
CAVL. Le Conseil Régional, compte tenu de sa compétence « apprentissage », peut
mettre en place une telle instance, en y associant les représentants des organismes
gestionnaires, ainsi que les autorités académiques.
Septième domaine – L’accès des jeunes aux loisirs, à la culture,
aux activités physiques et sportives
Le temps libre des jeunes représente un enjeu encore trop sous-estimé aujourd’hui. Pourtant le
risque est grand d’y voir se renforcer encore les inégalités constatées au plan scolaire par un
décalage important d’accès aux pratiques de loisirs, culturelles ou sportives.
Propositions au Conseil Régional
•
Il existe une réelle pénurie de locaux pour les jeunes. Le CESR propose au Conseil
Régional de prévoir et/ou d’inciter à programmer un dispositif du type « mètres
carrés sociaux » destinés à des locaux jeunes sur les projets de nouvelles
constructions ou rénovations d’équipements qu’il finance directement ou qu’il
cofinance dans le cadre de politiques territoriales.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
26
•
Il est nécessaire de disposer de personnels formés pour encadrer les jeunes. Cette
exigence de qualité nécessite que le Conseil Régional, en concertation avec les
branches professionnelles concernées, bâtisse, au travers de contrats d’objectifs,
un véritable plan pluriannuel d’accompagnement de la professionnalisation des
animateurs intervenant dans les diverses structures de l’animation, de la culture
et du sport.
Le Conseil Régional s’est engagé à créer des « emplois associatifs mutualisés ». Le CESR
approuve cette initiative qui doit permettre de meilleures réponses aux besoins sociaux des
territoires midi-pyrénéens.
•
Il recommande toutefois au Conseil Régional d’adosser cette politique à celle plus
globale de conventionnements avec le secteur associatif. Afin d’éviter des risques de
« saupoudrage » et pour renforcer les chances de pérennisation de ces emplois, le
CESR insiste sur la concertation et le partenariat que le Conseil Régional doit
avoir avec les coordinations associatives concernées.
Propositions au Conseil Régional en liaison avec les ministères concernés
La culture recouvre toutes les formes artistiques, de l’amateur au professionnel. Elle
développe la sensibilité, elle permet l’expression des potentialités dont chaque jeune est
porteur.
Actuellement, l’État, en charge des politiques culturelles et éducatives, se désengage de plus
en plus, avec des budgets réduits de manière drastique. Le CESR réaffirme le rôle
prépondérant qu’il doit jouer pour une politique d’action culturelle concernant
l’ensemble des jeunes. L’éducation artistique et culturelle doit être dotée de moyens
importants et s’inscrire dans des plans à long terme.
•
Le Conseil Régional a défini une politique culturelle et des initiatives ont été prises
pour développer les activités culturelles dans les territoires. Dans ce cadre, les
pratiques amateurs des jeunes doivent être particulièrement encouragées.
•
L’accès à la culture est aussi conditionné par l’accès à la lecture. Le « chèque lire » a
été une des premières actions du Conseil Régional pour la lecture. Aujourd’hui, il sert
d’appui à l’engagement régional de gratuité des manuels scolaires. Le CESR
considère que l’incitation à la lecture doit redevenir l’objectif majeur de ce
chèque et que cette action doit aussi s’inscrire dans un véritable « plan régional
de développement de la lecture».
•
Le non départ en vacances est une forme d’exclusion pour, encore aujourd’hui, plus
de 3 jeunes sur 10. Cet enjeu éducatif et solidaire déjà pris en compte par le Conseil
Régional qui devrait renforcer l’opération « premiers départs en vacances » avec
son adaptation à des publics jeunes. Cette action doit se doubler d’une aide aux
centres de vacances et de loisirs.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Les activités physiques et sportives constituent un élément essentiel de la socialisation des
jeunes. Dans cette optique l’aide aux petits clubs, les dotations pour les équipements sportifs
mis à la disposition des lycéens par les municipalités, doivent être poursuivies avec une
attention particulière accordée au « sport loisir ».
•
De plus en plus intégrés dans le cadre de la scolarité, les jeunes handicapés restent
encore trop souvent exclus des temps de loisirs qui peuvent constituer d’excellents
vecteurs d’intégration. Le CESR propose la mise en place d’une cellule régionale
d’appui « loisirs des jeunes handicapés ».
•
La création d’une « carte Midi-Pyrénées temps libre jeunes » favoriserait l’accès
de tous les jeunes aux temps de loisirs, aux pratiques culturelles, et aux activités
physiques et sportives. Cette carte permettrait, selon le choix du jeune titulaire,
l’inscription à prix très réduit à des activités de découverte ou d’initiation avec
des structures conventionnées par le Conseil Régional.
CONCLUSION
Les jeunes sont les premiers à expérimenter les profondes mutations à l’œuvre dans la
société. Jusqu’à présent, les réponses apportées font de la jeunesse un « objet » de politiques
sectorielles et de mesures particulières. À l’inverse, une politique jeunesse s’élabore et se
conduit.
Élaborer une politique « jeunesse » implique une vision d’ensemble, basée sur une analyse
approfondie et conçue avec les jeunes et les acteurs qui sont en contact avec eux.
Conduire une politique « jeunesse » nécessite aussi de dépasser les actions ponctuelles, pour
s’inscrire dans une politique pensée sur le long terme, où les actions portent sur les éléments
structurants, s’articulent les unes aux autres, où les leviers éducatifs, économiques,
d’aménagement du territoire, sont activés et croisés pour apporter des solutions adaptées.
Dans cet avis, le CESR a tenu à réaffirmer le rôle primordial de l’État. Nombre de
propositions vont vers lui, pour rappeler ses devoirs et obligations, pour regretter des
désengagements préjudiciables.
Mais la Région a pleinement sa place en tant qu’acteur d’une politique « jeunesse »,
articulée avec l’État et les autres collectivités locales. Depuis plusieurs années, le Conseil
Régional de Midi-Pyrénées a fait un certain nombre de choix qui constituent l’amorce de
cette politique. Aujourd’hui, une étape supplémentaire doit être franchie.
Cette autosaisine du CESR propose à la fois des constats, une méthodologie et des pistes
d’intervention prioritaires pour améliorer les conditions de vie de tous les jeunes en MidiPyrénées. Car les jeunes méritent mieux que les perspectives que nous leur offrons
aujourd’hui. Il nous appartient donc d’en offrir de nouvelles, c’est tout l’enjeu d’une
« politique régionale jeunesse ».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
28
CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
RÉGIONAL MIDI-PYRENEES
Assemblée Plénière
Séance du 5 novembre 2004
AVIS
« Quelle politique de jeunesse
pour la Région Midi-Pyrénées ? »
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
29
Sommaire
PAROLES DE JEUNES …....................................................................................................................... 37
INTRODUCTION...................................................................................................................................... 40
Le choix du thème...........................................................................................40
Transversalité des thèmes liés à la jeunesse....................................................40
Des jeunesses et non une jeunesse : le choix des 16-25 ans............................41
Les voies d’accès à l’autonomie ......................................................................42
PREMIÈRE PARTIE ................................................................................................................................ 44
I - LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES TRAINS DE MESURES POUR LES
JEUNES: L’EXISTANT ...................................................................................................45
Rappel historique de la construction de la politique jeunesse et repères
schématiques............................................................................................................45
I - 1 - UN CONTEXTE NATIONAL MOUVANT............................................................48
1)
2)
3)
Au niveau des orientations gouvernementales....................................................................... 48
Au niveau de la décentralisation ............................................................................................ 49
Au niveau de la réorganisation des services de l’État ........................................................... 49
I - 2 – LES COMPÉTENCES ACTUELLES DE L’ÉTAT ..............................................50
A - LES POLITIQUES MINISTÉRIELLES ..................................................................................50
1)
2)
3)
Éducation Nationale et enseignement supérieur.................................................................... 50
Jeunesse et sports .................................................................................................................... 52
Travail et emploi..................................................................................................................... 54
B - LES POLITIQUES INTERMINISTÉRIELLES .........................................................................55
C - LES ORGANISMES SOCIAUX ............................................................................................56
I – 3 – LA RÉPARTITION ACTUELLE DES COMPÉTENCES AU NIVEAU DES
COLLECTIVITÉS TERRITORIALES............................................................................57
Compétences actuelles
57
Compétences attribuées et clause de compétence générale
57
A - Les communes et les intercommunalités: le premier terrain des politiques jeunesse........... 58
B - Les départements: une action éducative et sociale pour les jeunes déjà affirmée................. 59
C - La Région: à partir des grandes compétences, des actions complémentaires, prémices
d’une politique jeunesse en Midi-Pyrénées ................................................................................... 60
1. des actions pour les jeunes au sein des compétences Lycées, Apprentissage, PRFP,
Transports .......................................................................................................................... 60
2. une volonté de nouvelles mesures complémentaires en direction des jeunes ............. 62
3. la création d’un Conseil Régional des Jeunes .............................................................. 64
I – 4 - L’EUROPE: UNE POLITIQUE DE JEUNESSE INCITATIVE .........................65
CONCLUSION DE LA 1ÈRE PARTIE..................................................................................................... 68
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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DEUXIÈME PARTIE................................................................................................................................ 70
II - UNE IMAGE DE LA JEUNESSE DE MIDI-PYRÉNÉES ........................................71
II - 1 – LES JEUNES DANS LA POPULATION DE MIDI-PYRÉNÉES, LEUR
RÉPARTITION TERRITORIALE ET LES ÉVOLUTIONS..........................................71
Une situation paradoxale : entre vieillissement et dynamisme........................71
de fortes disparités infrarégionales .................................................................74
L’attractivité de la Haute-Garonne .................................................................74
Le clivage entre monde rural et zones urbaines..............................................75
L’évolution de la population jeune .................................................................76
Évolution des effectifs jeunes par département: l’exception de la HauteGaronne
77
L’évolution démographique : entre déclin et attractivité.................................77
II - 2 - LE CONTEXTE FAMILIAL .................................................................................78
II - 3 – QUE FONT-ILS? LA SITUATION DES JEUNES DE MIDI-PYRÉNÉES.......79
une jeunesse très « scolarisée ».......................................................................79
des déséquilibres départementaux en fonction de l’âge ..................................80
Un taux de scolarisation plus élevé pour les filles...........................................81
Une entrée de plus en plus tardive dans la vie active ......................................81
A - LES JEUNES EN FORMATION ...........................................................................................82
Les effectifs d’élèves, d’étudiants et d’apprentis pour l’année scolaire 20032004
82
Les lycéens
83
L’orientation des jeunes: le choix des études générales et la baisse des
orientations vers les études scientifiques et technologiques
83
Les apprentis
84
Un système de formation en progression en Midi-Pyrénées
84
Les apprenties: moins nombreuses et plus diplômées
85
Les étudiants
86
les effectifs
86
L’attractivité de l’enseignement supérieur de Midi-Pyrénées
87
La répartition par cursus et filières
89
B - DES JEUNES QUI RÉUSSISSENT, MAIS AUSSI DES JEUNES EN DIFFICULTÉ ..........................91
De forts taux de réussite aux examens............................................................91
des jeunes en difficulté....................................................................................92
C – L’ENTRÉE DANS LA VIE ACTIVE ET L’EMPLOI : UNE SITUATION QUI SE DÉGRADE .........93
Une insertion difficile pour les jeunes en Midi-pyrénées
93
Le chômage des jeunes
95
Les jeunes demandeurs d’emploi
96
Les disparités locales: une faible amplitude entre les départements
97
Les niveaux de qualification et de formation des demandeurs d’emploi97
Les métiers recherchés
98
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
31
La précarité à travers les chiffres
99
Les jeunes actifs ayant un emploi: Plus d’«actifs» que d’«actives» et plus
d’actifs salariés
101
La position professionnelle des jeunes ayant un emploi
Une région qui reste attractive et créatrice d’emploi
101
102
Une qualité de l’emploi qui se dégrade
De moins en moins de CDI
103
103
La politique de l’emploi en direction des jeunes
Une baisse moins sensible des contrats en alternance
Des contrats d’insertion en profonde mutation
104
104
105
Le programme TRACE .............................................................................................. 105
Le Contrat Jeune en Entreprise .................................................................................. 106
Les autres contrats et dispositifs du programme globalisé........................................ 107
Le dispositif des emplois-jeunes en Midi-Pyrénées .................................................. 108
II – 4 – SE LOGER: UNE DIFFICULTÉ ACCRUE DANS L’AGGLOMÉRATION
TOULOUSAINE .............................................................................................................. 110
Un fort accroissement de la demande
110
L’offre locative privée
110
L’offre du CROUS
111
L’hébergement des jeunes non étudiants: les Foyers de Jeunes Travailleurs 111
II – 5 - LES JEUNES ET LEUR SANTÉ ........................................................................ 113
Une bonne santé générale et pourtant un mal-être
113
Les jeunes et le mal-être
113
Les jeunes et le handicap
115
un taux de mortalité des jeunes de 15 à 24 ans supérieur à la moyenne
nationale
115
Les comportements de santé
117
Les conduites addictives
117
Les accidents et les violences
119
L’obésité et les activités physiques
119
Les problèmes de santé liés à la sexualité
120
II - 6 – LA MOBILITÉ DES JEUNES ............................................................................ 121
la mobilité des jeunes en formation
121
La mobilité des jeunes hors du cadre scolaire
121
II - 7 – QUE PENSENT-ILS? « LES JEUNES FRANÇAIS ET LEURS VALEURS»
........................................................................................................................................... 123
CONCLUSION DE LA 2ÈME PARTIE .................................................................................................. 130
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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TROISIÈME PARTIE ............................................................................................................................ 131
III – QUELLE SPÉCIFICITÉ D’UNE POLITIQUE RÉGIONALE DE
«JEUNESSE»?............................................................................................................... 132
Enjeux et questionnements ........................................................................... 132
III - 1 - UNE INDISPENSABLE POLITIQUE DE JEUNESSE AU NIVEAU DE
L’ÉTAT ............................................................................................................................ 134
III - 2 – UN NOUVEL ACTEUR INCONTOURNABLE: LA RÉGION...................... 136
A - La dimension «jeunesse» traverse les grandes compétences régionales.......................................... 136
B - Définir de nouvelles méthodes de travail........................................................................................... 137
1) organiser la transversalité ..................................................................................................... 137
Proposition 1 ............................................................................................................................................. 137
Proposition 2 ............................................................................................................................................. 137
2) animer la concertation multi partenariale............................................................................. 138
3) bâtir une approche globale et prospective............................................................................ 138
Proposition 3 ............................................................................................................................................. 139
Proposition 4 ............................................................................................................................................. 139
4) définir des stratégies et des critères d’intervention.............................................................. 139
Poursuivre les politiques contractuelles avec l’État
139
Proposition 5 ............................................................................................................................................. 140
renforcer la dimension «jeunesse» dans les politiques territoriales au travers
des contrats de pays
140
Proposition 6 ............................................................................................................................................. 141
Proposition 7 ............................................................................................................................................. 141
Mobiliser les socioprofessionnels sur le thème de la jeunesse
Établir des conventionnements avec le secteur associatif
141
142
Proposition 8 ............................................................................................................................................. 142
Innover et évaluer
142
Proposition 9 ............................................................................................................................................. 143
III – 3 - POUR UNE POLITIQUE RÉGIONALE DE JEUNESSE: 7 DOMAINES
PRIORITAIRES .............................................................................................................. 143
1.
ORIENTATION, INFORMATION, FORMATION DES JEUNES................... 144
contribuer à la réussite de l’orientation
145
Proposition 10 ........................................................................................................................................... 145
agir face au déficit d’orientation des jeunes vers les filières scientifiques. 147
Proposition 11 ........................................................................................................................................... 148
des stages pour connaître l’entreprise
148
Proposition 12 ........................................................................................................................................... 149
Proposition 13 ........................................................................................................................................... 149
intensifier l’information de la jeunesse
149
Proposition 14 ........................................................................................................................................... 150
Proposition 15 ........................................................................................................................................... 151
établir un schéma régional de l’offre de formation
152
Proposition 16 ........................................................................................................................................... 153
Une possibilité de «seconde chance» pour les jeunes en difficulté
153
Proposition 17 ........................................................................................................................................... 153
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
33
2.
L’ENTREE DES JEUNES DANS LA VIE ACTIVE ET L’EMPLOI................ 155
Agir pour accroître le recrutement des jeunes
156
Proposition 18 ........................................................................................................................................... 157
Accompagner les jeunes en insertion en développant le parrainage
157
Proposition 20 ........................................................................................................................................... 158
Agir pour un bon usage des stages en l’entreprise
158
Proposition 21 ........................................................................................................................................... 159
Proposition 22 ........................................................................................................................................... 160
Développer l’accompagnement des jeunes sous contrats de travail
160
Proposition 23 ........................................................................................................................................... 161
Renforcer l’incitation à la création d’activités, d’entreprises et soutenir
l’installation en milieu rural
162
Proposition 24 ........................................................................................................................................... 162
3.
L’ACCES DES JEUNES AU LOGEMENT ........................................................ 163
Agir pour les jeunes en formation, lycéens et apprentis
164
Proposition 25 ........................................................................................................................................... 164
Agir pour le logement étudiant
165
Proposition 26 ........................................................................................................................................... 165
Proposition 27 ........................................................................................................................................... 166
Agir pour le développement des foyers de jeunes travailleurs
166
Proposition 28 ........................................................................................................................................... 167
Agir pour le logement d’urgence
Les aides financières pour l’accès au logement
167
168
Proposition 29 ........................................................................................................................................... 169
4.
LA SANTE DES JEUNES .................................................................................... 170
Agir dans le milieu scolaire
171
Proposition 30 ........................................................................................................................................... 171
Proposition 31 ........................................................................................................................................... 172
Proposition 32 ........................................................................................................................................... 172
Agir hors contexte scolaire
173
Proposition 33 ........................................................................................................................................... 174
Proposition 34 ........................................................................................................................................... 174
5.
LA MOBILITE DES JEUNES DANS LE TERRITOIRE RÉGIONAL, DANS
L’EUROPE, ET A L’INTERNATIONAL ...................................................................... 175
Faciliter la mobilité infrarégionale
176
Accompagner l’accès au transport collectif et développer les liaisons
transversales
176
Proposition 35 ........................................................................................................................................... 176
Proposition 36 ........................................................................................................................................... 176
Accompagner la mobilité pour des activités culturelles et de loisirs
177
Proposition 37 ........................................................................................................................................... 177
Aider à la mobilité pour l’accès à la formation professionnelle et à
l’emploi
177
Proposition 38 ........................................................................................................................................... 178
Accroître la mobilité des jeunes de Midi-Pyrénées vers l’Europe et
l’international
Le volet «départ»
178
178
Proposition 39 ........................................................................................................................................... 179
Proposition 40 ........................................................................................................................................... 181
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
34
Proposition 41 ........................................................................................................................................... 181
Le volet accueil
181
Proposition 42 ........................................................................................................................................... 182
6.
L’EDUCATION A LA CITOYENNETE............................................................. 183
favoriser l’engagement et la participation des jeunes
183
Proposition 43 ........................................................................................................................................... 184
Renforcer les instances régionales de jeunes
184
Proposition 44 ........................................................................................................................................... 186
Proposition 45 ........................................................................................................................................... 186
Favoriser l’éducation à la citoyenneté pour les apprentis
187
Proposition 46 ........................................................................................................................................... 188
7.
L’ACCES DES JEUNES AUX LOISIRS, À LA CULTURE, AUX ACTIVITES
PHYSIQUES ET SPORTIVES........................................................................................ 189
favoriser les projets de jeunes sur les territoires
190
Proposition 47 ........................................................................................................................................... 191
contribuer à la formation des professionnels de l’animation, de la culture et
du sport
191
Proposition 48 ........................................................................................................................................... 191
Proposition 49 ........................................................................................................................................... 193
Favoriser l’accès aux pratiques culturelles, aux loisirs et aux activités
physiques et sportives
Accroître l’accès des jeunes aux pratiques culturelles
194
194
Proposition 50 ........................................................................................................................................... 194
Proposition 51 ........................................................................................................................................... 195
Développer l’accès à la lecture
195
Proposition 52 ........................................................................................................................................... 196
Renforcer l’accès des jeunes aux vacances
197
Proposition 53 ........................................................................................................................................... 197
Encourager l’accès des jeunes aux activités physiques et sportives
Faciliter l’accès aux loisirs des jeunes handicapés
197
197
Proposition 54 ........................................................................................................................................... 197
Un dispositif «global» d’accès aux activités de l’éducation informelle pour
tous les jeunes
198
Proposition 55 ........................................................................................................................................... 198
CONCLUSION DE L’AVIS ................................................................................................................... 199
RÉCAPITULATIF DES PROPOSITIONS.......................................................................................... 201
PRÉAMBULE .......................................................................................................................................... 201
Annexe 1 .................................................................................................................................................... 213
L’ADOLESCENT ET LA RÈGLE DE DROIT: DES FRANCHISSEMENTS SUCCESSIFS .................. 213
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
35
Annexe 2 .................................................................................................................................................... 215
PORTRAITS DE JEUNES DE MIDI-PYRÉNÉES........................................................ 215
Damien, 18 ans, lycéen................................................................................................................................. 216
Karima, étudiante en biologie........................................................................................................................ 217
Loïc, apprenti dans le Lot.............................................................................................................................. 219
Virginie, 22 ans, secrétaire comptable............................................................................................................ 220
Mathilde, animatrice, loge au foyer de jeunes travailleurs .............................................................................. 221
Sans toit, ni loi, Sven est un «teufeur». .......................................................................................................... 223
Sabrina, 24 ans, emploi-jeune à Albi. ............................................................................................................ 225
Muriel, ......................................................................................................................................................... 226
souhaite vendre des volailles fermières à Bruejols, dans l'Aveyron.................................................................. 226
L’emploi au bout du fil .................................................................................................................................. 227
Farid, animateur (Bagatelle)......................................................................................................................... 229
Sandra, 21 ans, chargée de clientèle, au chômage depuis 4 mois..................................................................... 231
Laetitia, étudiante et stagiaire à Toulouse...................................................................................................... 232
Alban, étudiant en droit, créateur d'entreprise à Portet-sur-Garonne. ............................................................. 233
Pauline, créatrice d’entreprise à Rodez .......................................................................................................... 234
Madeleine prise par l’errance......................................................................................................................... 235
Olivier, 24 ans, étudiant à Toulouse.............................................................................................................. 237
La grande traversée ...................................................................................................................................... 238
Annexe 3 .................................................................................................................................................... 240
TÉMOIGNAGES DE DEUX JEUNES DE LA MISSION LOCALE DE LA HAUTE-GARONNE .................. 240
GLOSSAIRE............................................................................................................................................. 241
EXPLICATIONS DE VOTE ET DÉCLARATION............................................................................ 245
Intervention de Bernard ALBERT, représentant l’Union Régionale des Organisations familiales
..................................................................................................................................................................... 246
Intervention de Pierre GACHES, représentant de la Chambre Syndicale des Industries
Chimiques.................................................................................................................................................. 249
Intervention de Jean BELOU, représentant des Professions Libérales............................................ 250
Intervention de Jacques VANPOUCKE, représentant du groupe CGT .......................................... 251
Intervention de Serge CRABIÉ, représentant de la Chambre Régionale des Métiers. .................. 255
Intervention de Philippe SEVERAC, représentant de la FSU ........................................................... 258
Intervention de Jean Luc GUETTAT,................................................................................................... 262
représentant du groupe CFTC ............................................................................................................... 262
Intervention de Philippe LEMAITRE, représentant des Unions Départementales FO ................. 264
Intervention de François PAPON, représentant de l’Union régionale CGC ................................... 266
Déclaration d’Odile LAURENT représentante du Groupe CFDT.................................................... 267
Intervention de Philippe GENTHON, représentant de la FCPE....................................................... 269
Intervention de Hélios GONZALO,....................................................................................................... 270
représentant du groupe Associations..................................................................................................... 270
Intervention de Marie Denise XERRI, en tant que personnalité qualifiée....................................... 273
Intervention de Monsieur RONCIER, Directeur Régional de la Jeunesse, des Sports et de la Vie
Associative, représentant de Monsieur le Préfet de Région................................................................ 274
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
36
Paroles de jeunes1 …
Recueillies en mai 2004 par quatre jeunes,
étudiants à l’École de Journalisme de Toulouse,
Émilie BOUVET, Nicolas LARDERET,
Dimitri PAVLENKO, Justine SAUVAGE
«Mon objectif, c’est le baccalauréat professionnel l’an prochain …» «Je sais
qu’on est peu nombreux à continuer les études une fois le diplôme du BEP en
poche, mais ça vaut le coup de décrocher mon bac car, après, j’ai la possibilité de
m’inscrire en IUT ou en BTS. Et puis, je ne me sentais pas prêt à rentrer à 17 ans
dans la vie active.» «J’ai redoublé ma quatrième et c’est au collège qu’on m’a
orienté vers le lycée professionnel et le BEP comme mon frère.» «Je crois que c’est
à ce moment-là que j’ai eu une sorte de déclic. Je me suis mis à travailler et, alors
que j’avais des lacunes dans beaucoup de matières, j’ai remonté mon niveau en
deux ans. Je me suis mis à apprécier l’école et il me paraissait alors normal de
continuer mes études». «Plusieurs possibilités s’offrent à moi. Ce qui est sûr, c’est
que je vais rester dans la région … parce qu’il y a un grand choix de diplômes
dans ma branche …»
Damien, 18 ans, lycéen
«Je vois déjà mon grand bureau, avec moquette, ordinateur à écran plat, souris sans
fil... et on m’appellera docteur». «J’attends toujours le meilleur de moi-même, je ne suis
jamais satisfaite. J'étais très douée au collège, mais en réalité, je n'avais pas le niveau
pour la seconde, option S, avec de l'informatique et des sciences expérimentales». Elle
s'explique: «Je me suis sentie dévalorisée. Je ne comprenais pas, puisque j'étais parmi
les meilleurs au collège et j'avais pourtant tellement bossé!C'était donc le défi à relever»
«J'ai donc demandé un renfort pour les matières scientifiques. Deux heures par semaine,
un étudiant bénévole de l'AFEV venait chez moi.» «Ma fille, tu es une rebeu. Si tu veux
t'en sortir, il n'y a pas différentes solutions»...
Karima, 23 ans, étudiante en biologie
1
Extraits de citations des interviews réalisées par les étudiants journalistes, l’intégralité des « portraits » est
jointe en annexe 2
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
37
«J'ai toujours bricolé. J'effectuais les réparations sur ma mobylette. Quand
j'étais plus jeune, je voulais tout faire mécano, plombier...» «J'ai choisi la
mécanique pour commencer à apprendre un métier. Je savais qu'il fallait
travailler.»
Loïc, 18 ans, apprenti
«J'en avais un peu "marre" des études et j'avais vraiment envie de rentrer le plus vite
possible dans la vie active. J'avais aussi en tête d'être autonome financièrement.» «Ce
premier poste correspond tout à fait à ce que j'espérais. J'aimerais pouvoir prolonger
quelque temps encore cette expérience.» «Je sais que la conjoncture est mauvaise en ce
moment et que le temps où l'on restait toute sa vie dans la même entreprise est révolu.
Mais cela ne me fait pas peur. Au contraire, quand j'aurai acquis encore plus de
confiance et d'autonomie, j'espère multiplier les expériences professionnelles.»
Virginie, 22 ans, secrétaire comptable
«Comme j'avais besoin de voir autre chose, que Toulouse est une des villes les
plus importantes au niveau offre d'emploi, avec un réservoir de jeunes, j'ai choisi
cette terre d'exilés!»
Mathilde, 27 ans, artiste éducatrice
«Vers 16 ans, j’ai arrêté l’école.… Mes parents n’osaient pas me dire de me barrer, mais
ils le pensaient tellement fort que j’ai fini par le faire.» «Depuis huit ans que je suis
traveller, j’ai eu pas mal d’embrouilles. Avec des racailles de cité, des dealers, la police...
T’es plus ou moins obligé de changer de ville tous les mois. J’ai connu beaucoup de gars
et de filles dans cette situation. Certains ont continué, comme moi, mais beaucoup ont
fini par rentrer chez leurs parents ou se poser, parce qu’ils en avaient marre. Ils
trouvaient cette vie trop dure. Ils sont tombés sur un boulot, un logement fixe… Je les
plains et les envie à la fois. Pour moi, la reconversion, c’est trop tard je crois.» «Si j’ai
choisi mon existence? Comme tout le monde, j’ai dû faire des choix devant les obstacles
qui se présentaient à moi. Assez normal en fin de compte …?»
Sven, 24 ans, nomade de la techno
«Aujourd’hui, je suis chargée de réaliser un journal interne tiré à
5 000 exemplaires. Je vais utiliser les heures de formation auxquelles j’ai droit
pour apprendre à utiliser le logiciel de mise en page XPress.» «Je maîtrise de
nombreux logiciels, comme Word, Excel, Power Point, bientôt Xpress. Les
employeurs sont toujours intéressés par ce genre de profil.»
Sabrina, 24 ans, emploi-jeune
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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«Je veux m’associer à mes parents sur la ferme existante pour produire et vendre des
volailles fermières. Il est difficile de faire le choix des productions alternatives, comme la
vente directe ou l'accueil à la ferme. De façon générale, j'ai constaté que certains services
techniques agricoles sont toujours imprégnés par des idées dépassées. L'agriculteur n'est
pas un simple producteur de matières premières.» «Mon travail au MRJC m'a permis
d'avoir ce réseau, et c'est un plus. Il faut aussi aller voir des initiatives, avoir des
expériences professionnelles plus ou moins proches du milieu agricole pour être à
l'écoute des attentes de nos concitoyens... Mais soyons honnêtes, je ne fais pas ça pour
gagner 2 000 euros par mois».
Muriel, 25 ans, ex-permanente d’une association de jeunesse
et d’éducation populaire, et future agricultrice
«Je vis chez mes parents où je suis logé et nourri, et puis je vends des contrats par
téléphone. J’habite un village, proche de Toulouse, mal desservi, et j’ai des
problèmes pour me déplacer.»
Fabrice, 18 ans, Mission Locale
[Angéla avait tout juste 17 ans quand elle et son petit copain ont eu leur accident de
voiture. Lui n’a pas survécu, elle est paraplégique.] «Ils [Mes parents] ne me laissaient
rien entreprendre seule, c’était insupportable … C’est pour ça que je me suis mise à
chercher un emploi, pour leur prouver que je pouvais me débrouiller comme les autres.»
«Mes interlocuteurs étaient surpris de voir débarquer un fauteuil roulant dans leur
bureau. La plupart du temps, ils se montraient gênés, me conseillaient d’aller voir
l’ANPE, ou finissaient par dire que le poste était déjà pourvu. Oui, à leurs yeux, je
n’étais rien d’autre qu’un fauteuil encombrant».«Jusque-là, je vivais mon handicap
dans l’isolement. Je croyais vraiment pouvoir m’en sortir seule. Mais autour de moi, tout
m’indiquait le contraire. J’ai mis du temps à comprendre qu’une PH2 ne pouvait pas
s’intégrer dans la société par les voies normales. Elle est obligée de passer par les
structures spécialisées pour espérer y arriver.» «L’entreprise m’a recrutée
«normalement», sur des critères simples. Tenue de la voix au téléphone, réactivité, et
surtout motivation.» «Le métier me plaît assez et me donne un horizon.»
Angéla, 23 ans, télévendeuse
2
PH pour personne handicapée
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Introduction
Le choix du thème
C’est en raison des difficultés éprouvées par les jeunes, notamment dans leur orientation, dans
l’accès à l’information, la formation, l’entrée dans la vie active, l’accès au logement, la
mobilité …, que le CESR a décidé de s’autosaisir de cette question.
Cet intérêt pour la jeunesse représente un « devoir d’avenir ». Bien qu’elle vienne déranger
parfois la société et son ordre établi, la Jeunesse est une véritable chance pour le Pays, comme
pour Midi-Pyrénées. Le souci est ici de se démarquer d’une approche des jeunes trop souvent
associée à la violence et à la délinquance dont ils sont par ailleurs également victimes.
Simultanément, la société doit s’interroger sur les perspectives qu’elle offre aux jeunes
et toute politique, quelle qu’elle soit, doit contribuer à ne pas laisser aux jeunes un
héritage insupportable (renforcement des inégalités, précarité de l’emploi, endettement,
environnement menacé …).
Dès 2001, notre assemblée a choisi de mener une réflexion sur le thème de la jeunesse devant
le constat d’une série d’actions nouvelles en direction des jeunes, initiée par le Conseil
Régional. Ces actions, indiquait alors le CESR, « constituent une forme d’accompagnement
indispensable ». L’efficacité accrue de la mise en oeuvre des compétences sur les lycées et
l’apprentissage et plus globalement sur la formation, « crée de nouveaux devoirs au Conseil
Régional car la vie, l’éducation et l’avenir des jeunes forment une globalité ».
Cette réflexion s’inscrit aussi dans un contexte préoccupant de vieillissement démographique
et de ses conséquences à moyen et à long terme. Le renouvellement de ces générations âgées
dans les entreprises et dans l’ensemble de la société ouvre des perspectives pour les jeunes.
Transversalité des thèmes liés à la jeunesse
D’un point de vue général, la jeunesse est objet de « politiques » et non d’une « politique »,
pour répondre, à côté d’une éducation dans la famille, à des besoins d’éducation formelle (les
lycées, l’apprentissage, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, …), et à des
besoins d’éducation non formelle (les activités qui structurent leur temps libre, loisirs, sports,
culture, etc.). De plus, les jeunes sont concernés par la plupart des politiques sectorielles,
qu’elles s’intéressent à la santé, au logement, aux transports, à la sécurité et à la justice, etc..
Ce constat induit que les questions liées à la jeunesse sont transversales et obligent à
considérer un certain nombre d’aspects de la vie des jeunes, de la scolarité à leur insertion
professionnelle, leurs conditions de vie (santé, logement, mobilité, …), et donc à considérer
également ces politiques.
Par l’ampleur des thèmes abordés, la notion de « politique jeunesse » se différencie donc des
politiques éducatives, qu’elles soient centrées sur l’école ou sur des dispositifs organisant une
continuité éducative entre les différents temps des enfants et des jeunes (par exemple les
Contrats Educatifs Locaux). Elle doit néanmoins les intégrer dans son approche.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Il semble aussi difficile d’écarter les considérations portant sur l’éducation, en particulier la
scolarité des jeunes, sachant qu’ils sont majoritairement en situation de « formation », en
lycée, à l’université, en formation professionnelle. Toutefois, l’organisation des systèmes de
formation n’est pas au cœur de cette réflexion. Les remarques ou propositions s’y rattachant
viendront en complémentarité des conditions générales de la vie des jeunes, ici considérées.
De nombreux travaux antérieurs du CESR ont fait des propositions pour améliorer le système
éducatif, qu’il s’agisse de l’avis sur la Charte académique pour l’éducation à l’orientation en
2000 ou de l’avis sur le Lycée des métiers en 2002, de la Communication sur l’École de la
Deuxième Chance en 2003, de la contribution au Débat pour l’Avenir de l’École en février
2004, ou des avis sur le Plan Régional de Développement des Formations et son suivi
d’exécution. Ils serviront de référence, le présent avis se situant en continuité.
Des jeunesses et non une jeunesse : le choix des 16-25 ans
Mais en fait, sous le vocable « jeunesse », de qui parle-t-on ? À l’évidence, il n’existe pas une
jeunesse, mais des jeunesses, comme il n’existe pas une réalité de la jeunesse, mais des
réalités de jeunes.
Les âges à eux seuls ne peuvent définir la « jeunesse », souvent considérée comme la période
de la vie allant de la naissance, ou de la petite enfance, à l’insertion professionnelle, incluant
l’adolescence dont les limites restent instables et varient selon les professionnels en contact
avec ces classes d’âge. Une image saisissante en est donnée par les règles de droit entre 10 et
26 ans où le passage à l’âge adulte s’effectue progressivement par le franchissement
d’étapes3. La référence ne repose ni sur l’âge de la puberté, ni sur celui de la majorité civile.
Cependant, les actions pour les jeunes, construisant une politique de jeunesse, ne peuvent
faire abstraction des politiques menées en amont, pour l’enfance et l’adolescence, d’autant
que certains aspects de ces politiques relèvent de la compétence des collectivités territoriales.
Les statuts et les publics sont tout aussi variés, lycéen, étudiant, salarié, les deux quelquefois,
en situation de « petits boulots » ou de contrats aidés, d’intérim, ou de CDI, déjà chômeurs ou
déjà exclus, filles ou garçons, et démontrent la diversité des situations et des parcours.
Dans un souci de pragmatisme et de méthodologie pour mener à bien cet avis, la nécessité de
définir les limites d’âge de la jeunesse considérée, une limite inférieure et une supérieure, un
âge butoir, considéré comme la fin de la jeunesse, s’est imposée et elle repose sur un parti
pris.
La limite inférieure est fixée à l’âge de la fin de la scolarité obligatoire à 16 ans, parce qu’elle
représente un changement de statut pour certains jeunes, puisqu’un cursus scolaire se termine
et qu’il donne accès au monde du travail.
La référence administrative la plus communément admise considère que «Est jeune toute
personne âgée de moins de 26 ans », âge d’entrée dans des dispositifs spécifiques comme
l’attribution du RMI-RMA. C’est également le choix fait par le Parlement et le Conseil
Européen pour le programme « jeunesse ».
3
Document de la Commission des Affaires sociales du Sénat – 2003 joint en annexe 1
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Ce butoir de 26 ans est arbitraire et par définition discutable. Cette norme est bousculée par la
réalité de l’allongement de la durée des études, par celle de l’allongement de l’âge d’accès au
diplôme (liée souvent au retard dans la scolarité), par celle de l’accès à l’emploi stable. La
limite d’âge de la jeunesse a donc tendance à se décaler vers le haut, au-delà de 26 ans,
jusqu’à 28 ou 30 ans.
Les voies d’accès à l’autonomie
En référence aux travaux et aux propos des sociologues, Olivier GALLAND et Bernard
ROUDET, comment quitte-t-on la jeunesse et à quel moment se termine-t-elle ?
« La délimitation se fait par rapport aux attributs de l’âge adulte :
• Avoir une activité professionnelle
• Former un couple
• Quitter le domicile familial et avoir son propre logement
• Avoir des enfants.
Ces quatre traits « adultes » doivent être rassemblés pour effectuer le passage, quitter la
jeunesse et avoir le statut d’adulte. Alors qu’il y a 20 ou 30 ans, ces attributs étaient acquis
simultanément, aujourd’hui l’acquisition de ces seuils est de plus en plus progressive et ils
sont déconnectés entre eux :
• l’accès à l’emploi est plus difficile et l’entrée dans la vie professionnelle se
fait par à coup et plus tardivement, la scolarité s’allonge et l’on a des
enfants beaucoup plus tard ;
• les jeunes connaissent la précarité dans l’emploi, CDD et périodes de
chômage, occasionnant des allers-retours entre travail et formation, du
logement autonome au logement parental.
L’accès à cette « autonomie » est différé d’environ 4 ans par rapport à la situation
antérieure, sous la pression de facteurs économiques et socioculturels ».
Pour cela, dans certains cas, l’avis prendra en compte la situation des jeunes jusqu’à 29 ans,
tout en se centrant sur la tranche d’âge des 16-25 ans, prise comme référence dans la plupart
des données informatives et statistiques, d’autant que ces jeunes sont le public privilégié des
actions de formation du Conseil Régional.
Les parcours individuels des jeunes sont de plus en plus diversifiés et beaucoup plus variés
que par le passé. Ils ne sont plus aussi linéaires car nos sociétés n’offrent plus les mêmes
garanties de sécurité. Enfin, les modèles collectifs traditionnels perdent de leur pertinence au
profit de trajectoires personnelles, de plus en plus individualisées. Les temps forts de la vie
familiale, matrimoniale et professionnelle ne sont plus standardisés.
Ce contexte plus difficile et ce processus d’autonomisation des jeunes de plus en plus
complexes modifient aussi les relations avec les familles. Plus sollicitées, elles apportent aide
et soutien dans la mesure de leurs possibilités. Cependant, elles sont elles-mêmes objets
d’évolutions et de reconfigurations : familles monoparentales, familles séparées, familles
recomposées, et touchées par les difficultés économiques. Les jeunes intériorisent aussi ces
difficultés sociales et souvent limitent leurs propres ambitions. Un nouveau rôle des grandsparents se fait jour également, notamment en termes de soutien financier pour leurs petitsenfants, encouragé par l’État (transmission des biens facilitée par l’exonération de taxes).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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En fonction de ces éléments de cadrage, il a paru opportun de considérer dans un premier
temps les politiques publiques et les mesures existantes tant au plan national qu’au plan des
collectivités territoriales en direction des jeunes, même si le contexte politique n’est pas
encore stabilisé au moment de la réalisation de cet avis.
Mais, ces mesures constituent-elles une « politique » pour les jeunes ? Correspondent-elles
réellement aux attentes et surtout aux besoins de la jeunesse de Midi-Pyrénées ? Et peut-on
construire réellement une politique de jeunesse sans une implication des jeunes eux-mêmes ?
Pour répondre, encore faudrait-il mieux les connaître. La deuxième partie sera consacrée à un
essai de caractérisation des jeunes Midi-pyrénéens, en référence au niveau national et, selon le
cas, à d’autres régions. La situation des jeunes filles et femmes sera prise en compte, car trop
souvent ce terme « jeunes », qui peut paraître neutre et unisexué, fait référence au
« masculin ». Il sera aussi tenu compte de la diversité des situations des jeunes de MidiPyrénées qui ne sont pas tous Toulousains et étudiants.
Dans un troisième temps, l’intention est de considérer ce que doit être une politique de
jeunesse aussi bien au niveau de l’État que de la Région et quelles sont les articulations
pertinentes à mettre en place. Quelle politique la Région devrait-elle développer pour et avec
les jeunes ? Pourquoi et Comment ? Sur quels axes prioritaires ?
L’objectif final est bien d’identifier des dynamiques, des synergies et des mesures
susceptibles de « mieux accompagner » les jeunes de la région, qui devront évoluer dans une
Europe vieillissante et dans un environnement économique exigeant, au travers de
l’affirmation d’une politique de jeunesse identifiée en Midi-Pyrénées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Première partie
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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I - LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LES TRAINS DE MESURES
POUR LES JEUNES : L’EXISTANT
Rappel historique de la construction de la politique jeunesse et
repères schématiques
Si, selon Olivier GALLAND, la notion de jeunesse semble s’être construite au cœur du
XIXe siècle, c’est avec le Front populaire qu’en lien avec les loisirs, elle devient une
préoccupation étatique avec la création d’un sous-secrétariat d’État chargé des Sports et des
Loisirs confié à Léo Lagrange. Par la suite, avec un objectif idéologique et politique inverse,
le gouvernement de Vichy visera à encadrer fortement les institutions de jeunesse. À la
Libération, une Direction de la Jeunesse et de l’Education Populaire est mise en place et
confiée à Jean Guéhenno. Dans le contexte de l’après-guerre, il s’agit de « lutter contre le
désoeuvrement et le mauvais état sanitaire des jeunes, tout en favorisant la démocratisation de
la culture et du loisir ». Le projet éducatif est « d’orienter une vie, de former un caractère, de
préparer un citoyen en faisant l’apprentissage indispensable de la collectivité dans un cadre
nouveau, plus proche que l’école ou la famille, des difficultés de l’existence » selon les écrits
de 1950 du secrétariat d’État à l’Enseignement Technique, à la Jeunesse et aux Sports. Ces
politiques sont confirmées par le gouvernement de Mendès-France qui crée le Haut Comité à
la Jeunesse, rattaché à la présidence du Conseil, et des Commissions de Jeunesse dans chaque
ministère.
Les politiques de jeunesse, imprégnées d’idéaux républicains et progressistes, se sont inscrites
dans le programme du Conseil National de la Résistance : Maisons des Jeunes et de la
Culture, Colonies de vacances, Centres aérés, formations des moniteurs… Nées et mises en
œuvre sur le terrain au sein de mouvements de jeunesse et d’éducation populaire proches de
l’enseignement public, ces actions se sont développées grâce à une forte synergie avec les
comités d’entreprises, des municipalités, les caisses d’allocations familiales et l’État. Ces
initiatives, qui répondaient à des besoins de plus en plus forts de la jeunesse, ont très
largement modelé la politique jeunesse de l’État en contrepartie d’un important soutien
financier de sa part, traduit notamment par une politique de subventionnements, de mise à
disposition de personnels.
Elles évoluent dans les années soixante vers une autre logique, celle de la « sarcellisation » de
la jeunesse où, pour chaque problème posé, un équipement était la réponse donnée, avec plus
ou moins de bonheur (quelquefois ces équipements étaient importants, quelquefois de simples
gadgets). L’État priorise ces équipements, réduit son engagement financier sur les départs en
vacances et tente de colmater les brèches.
En effet, cette période est celle de l’affirmation d’une sociabilité et d’une culture « juvénile »
originale qui posent problèmes, avec « les idoles », « le temps des copains », avec des films
américains dont les héros sont des adolescents révoltés, de nouvelles musiques, le rock, de
nouvelles manières de s’habiller et aussi de se regrouper, les bandes de « blousons noirs », de
nouvelles formes de délinquance et de révolte.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Ces nouveaux comportements juvéniles correspondent à la croissance des effectifs scolaires,
dépendant pour partie du baby-boom démographique de l’après-guerre, de la prolongation de
la scolarité obligatoire et de la démocratisation de l’accès aux études. Cette explosion scolaire
est marquée par la rapidité et l’ampleur : le nombre de scolarisés double entre 1945 et 1954, il
augmente encore de 65 % entre 1959 et 1964, en 1963-1964 près de 11 millions de jeunes
français sont scolarisés du primaire à l’université. Et quelques années plus tard, c’est
l’université qui connaîtra cet afflux de jeunes, issues des classes moyennes, et qui verra son
équilibre bousculé.
La société adulte n’est pas prête à accueillir facilement les jeunes, d’où ces révoltes et ces
débordements. Les jeunes mettent en question les relations imposées par les adultes, dans le
cadre de la famille comme dans celui des institutions qu’ils fréquentent, l’école et l’université.
Ils ne veulent plus être considérés comme des « mineurs ». En Mai 68, les jeunes réclament
haut et fort, outre la libéralisation des mœurs, un changement d’ordre sociétal. Ils adoptent
certaines valeurs du mouvement féministe et rejettent une société bloquée, en fort décalage
avec la réalité et qui ne leur donne pas une place réelle…
Ces valeurs portées par les jeunes vont peu à peu envahir la société. Le pouvoir politique y
répondra en prenant en compte certaines revendications de libertés individuelles concernant
les jeunes et la société (majorité à 18 ans en 1974, interruption volontaire de grossesse en
1975, nouvelles procédures de divorce…). Mais les politiques en leur faveur se limiteront au
coup par coup, face à des « problèmes », comme indiqué précédemment. Car les années qui
vont suivre sont marquées pour les jeunes par de nouvelles préoccupations : trouver du travail
dans un contexte qui ne cesse de se dégrader.
Le compromis socio-économique de l’après-guerre fait d’intégration par le travail et le
progrès collectif tend à disparaître et la façon d’entrer en société, de faire lien avec les autres,
de se construire soi-même se modifie profondément.
Dans les années 1980, deux rapports ont attiré l’attention sur la jeunesse et vont faire
apparaître de nouvelles approches :
•
•
le rapport SCHWARTZ, qui révèle les problèmes d’insertion et le trop grand nombre
de jeunes sans qualification, aboutissant à la mise en place des Missions Locales ;
le rapport BONNEMAISON sur la prévention de la délinquance.
À ce même moment, la mise en place des Zones d’Education Prioritaire par Alain Savary
introduit la notion de « discrimination positive » : donner plus de moyens pour ceux qui ont
plus de difficultés, renforcer les notions de travail en équipe pédagogique et de réseaux de
partenaires éducatifs.
Pendant cette période, les difficultés économiques dominent, des bouffées de violence sous
forme d’émeutes urbaines occupent le devant de la scène médiatique. La France souffre de ces
jeunes qui ne sont pas insérés et qui risquent de tomber dans la délinquance. On passe ainsi
des « blousons noirs » des années 60 aux « jeunes des quartiers », terme pudique choisi pour
évoquer ces jeunes Français issus de l’immigration et vivant dans des quartiers relégués.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Les finalités de l’intervention publique jusque-là centrée sur la protection de l’enfance et
l’éducation des jeunes s’élargissent à l’insertion professionnelle et sociale. Cela aura pour
conséquence l’imbrication de la politique de la Jeunesse dans d’autres politiques : prévention
de la délinquance, information jeunesse, culture, sports, santé, Technologies de l’Information
et de la Communication, politique de la Ville …. Mais cela ne va pas sans risque de
fragmentation, avec ces entrées multiples, ou sans risque de confusion entre, par exemple,
politique de prévention de la délinquance et politique de jeunesse.
Le partenariat traditionnel entre l’Etat et les mouvements de Jeunesse et d’Education
Populaire est bousculé par l’importance accordée aux associations émanant des « quartiers ».
Il faut noter que certains de ces choix des années 80 sont réinterrogés aujourd’hui, que ce soit
la politique dite des « grands frères » ou le financement de certaines associations locales qui
se sont avérées à caractère communautariste ou à finalité prosélyte.
Des données nouvelles vont faire encore évoluer ces politiques :
-
Une professionnalisation très forte du secteur de l’animation et du sport,
Une logique de contractualisation qui se substitue de plus en plus aux subventions
au risque de transformer les partenaires associatifs en « prestataires de services »,
Une « territorialisation » de l’intervention éducative et sociale sous l’influence de
la politique de la ville
Une importance nouvelle des collectivités locales liée à la décentralisation
Un désengagement progressif de l’Etat traduit notamment par le budget du
Ministère de la Jeunesse et des Sports. Celui-ci n’a jamais atteint le seuil de 1 %
du budget obtenu par le Ministère de la Culture (plafond de 0,75 %) et doit donc
dans un contexte de grande faiblesse de moyens se recentrer de plus en plus sur ses
missions régaliennes (textes et contrôles).
Pendant cette décennie 90, la massification scolaire se poursuit et s’étend à l’université. Le
temps des études s’allonge. L’offre de formation se diversifie en développant la filière
professionnelle pour mieux préparer l’entrée dans la vie active qui reste la condition à l’accès
à l’autonomie, aux attributs de l’âge adulte.
Cette forte préoccupation de l’intégration des jeunes dans la société marque toujours les
années 2000, d’autant plus que les équilibres démographiques vont être bousculés aussi bien
dans la société, avec un nombre grandissant de personnes âgées, que dans les entreprises avec
un nombre important de départs à la retraite de la génération du Baby boum.
Or, les difficultés persistent quand elles ne se sont pas accrues. Précarisation, paupérisation,
creusement des inégalités affectent lourdement les conditions de vie des jeunes. De plus, la
massification ne s’accompagne pas de la réussite scolaire pour tous. Depuis 1995, 63 % d’une
classe d’âge obtiennent le baccalauréat alors que l’objectif visait les 80 % et 15 % seulement
des étudiants parviennent au niveau de la maîtrise (chiffres en moyenne nationale).
Cependant, les discours politiques sur la jeunesse, parfois contradictoires, évoluent ces
dernières années. Comme le soulignent Véronique BORDES et Alain VULBEAU dans leur
récent ouvrage « l’alternative jeunesse », il existe diverses visions de la jeunesse. Ils notent en
particulier celle d’une « jeunesse dangereuse et en danger » qui menacerait la société et
justifierait une pénalisation renforcée, et celle, plus positive, d’une « jeunesse citoyenne ».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Selon ces auteurs, le modèle de « jeunesse citoyenne » repose sur la croyance en « l’éducation
et la transmission des valeurs adultes ». Sans tomber dans le mythe d’une « jeunesse
messianique », un tel modèle valorise la jeunesse en la considérant comme porteuse de
potentialité en termes de construction d’un espace public et de renforcement de la cohésion
sociale. Ce type de démarche est soutenu à la fois par certains services de l’État et par des
collectivités territoriales et locales. Elle s’est traduite depuis une dizaine d’années environ par
un accroissement du nombre d’élus chargés de la jeunesse et par la création de nombreux
conseils de jeunes.
En conclusion, sur la période rapidement considérée, le constat est que les interventions
publiques, en même temps qu’elles s’accroissent tant en quantité qu’en diversité de domaines,
témoignent d’une démarche d’ajustements successifs et d’interrogations de la part des
politiques.
Les représentations de la jeunesse sont largement tributaires du moment historique et
induisent les réponses des institutions, les inscrivant elles aussi dans « leur temps ».
En fait, c’est sur ces cinquante dernières années que s’est construite la notion de jeunesse.
Aujourd’hui, face à de nombreuses mutations sociales et économiques, certains sociologues,
dont Jean-Charles LAGRÉE, envisagent le rôle de l’État comme « animateur », c’est-à-dire en
capacité de « créer les conditions d’une appropriation de la chose publique par les citoyens et
d’inventer en même temps des formes de régulation de cette coopération qui s’institue entre
les différents niveaux ».
L’appel à la participation des jeunes dans les différents organes institutionnels est une
modalité de renouvellement des pratiques citoyennes et concerne le sens de l’action publique.
Il semble que notre société soit en attente forte par rapport à sa jeunesse pour se renouveler.
I - 1 - UN CONTEXTE NATIONAL MOUVANT
Les réflexions du Conseil Economique et Social Régional ont été menées de février à octobre
2004, dans une période instable au niveau politique, marquée par les élections régionales,
cantonales et européennes. S’en sont suivis remaniement ministériel, nouvelle répartition des
attributions ministérielles, et inflexions des politiques gouvernementales. Elles se situent
également au moment même où est franchie une nouvelle étape de décentralisation, où est
engagé un important débat sur l’avenir de l’école pour l’élaboration d’une nouvelle loi
d’orientation et de programmation et, enfin, où l’organisation et la place de l’enseignement
supérieur et de la recherche sont questionnées.
1) Au niveau des orientations gouvernementales
Le CESR se réfère donc aux dernières annonces gouvernementales connues au moment de
l’élaboration de son projet d’avis, en tenant compte de la politique mise en œuvre pendant la
période précédente, c’est-à-dire au contexte d’affirmation d’une volonté de relance d’une
politique de jeunesse, mise en œuvre après l’élection présidentielle de 2002.
Cette ambition pour la jeunesse s’est traduite par l’annonce par le Président de la République
début janvier 2004 d’un « plan jeunes », mobilisant essentiellement les secteurs de
l’Éducation Nationale et de la Jeunesse et des Sports.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Cependant, depuis cette annonce, aucun élément nouveau ne permet d’en connaître réellement
le sort. Si l’on se réfère aux différents sites ministériels consultés, aucun changement notable
n’est indiqué et certaines actions relevant de ce plan sont toujours affichées, sans pouvoir
toutefois en apprécier la mise en œuvre sur le terrain pour la rentrée 2004-2005.
Il est à noter que le Ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion Sociale vient de
présenter son « plan de cohésion sociale », appelé « plan BORLOO » dont l’une des priorités
affichées porte sur l’emploi des jeunes, accompagnée d’un fort soutien pour l’accroissement
de l’apprentissage et de l’alternance, notamment dans la fonction publique. Ce plan, présenté
au Parlement, vient en complément des mesures prises précédemment modifiant les contrats
aidés par alternance (fin des emplois-jeunes, mise en place du CIVIS, du contrat jeunes en
entreprises, du contrat de professionnalisation, suppression des autres formes de contrats par
alternance, etc.).
2) Au niveau de la décentralisation
La réforme de la décentralisation a marqué également ces deux dernières années, elle a donné
lieu à la promulgation des trois lois organiques relatives à l’expérimentation, aux référendums
locaux et à l’autonomie financière, pour aboutir à l’adoption de la loi relative « aux libertés et
aux responsabilités locales » le 13 août 2004. Le contenu du projet de loi s’est heurté à une
forte désapprobation des Présidents de Région et de Conseils Généraux sur le point précis des
nouveaux transferts de compétences impliquant des charges nouvelles sans réelle prise en
compte des évolutions dans les dotations financières, en particulier le transfert des personnels
techniciens, ouvriers et de services (TOS) des établissements scolaires, collèges pour le
département et lycées pour la Région.
Les dotations financières correspondantes doivent nécessairement prendre en compte les
montées en charge des transferts afin d’éviter que les budgets régionaux soient mis à mal
comme l’ont été ceux des départements avec, par exemple, la mise en œuvre de l’APA. Le
risque est de voir les Régions limiter de manière drastique les actions complémentaires
d’accompagnement ou d’augmenter de manière conséquente la fiscalité locale pour les
maintenir et les développer.
La mise en œuvre effective de cette loi devrait entrer en vigueur au premier janvier 2005. Il
faut encore attendre la publication de nombreux décrets d’application mentionnés dans les
articles de cette loi pour en apprécier l’ampleur.
Pour sa part, le CESR souhaite que le Conseil Régional de Midi-Pyrénées puisse
poursuivre les actions venant en appui aux populations « jeunes » telles que définies
précédemment et ait la possibilité de les amplifier dans le sens de ses propositions.
3) Au niveau de la réorganisation des services de l’État
L’organisation et le fonctionnement des institutions et du pouvoir sur le territoire mêlent
décentralisation et déconcentration. La politique de déconcentration vise à rapprocher la
prise de décision de son point d’application en déléguant les pouvoirs de l’État central à ses
représentants locaux. Les services déconcentrés assurent le relais au plan local des décisions
prises par l’administration centrale et gèrent ces services, rattachés aux différents ministères,
au niveau local.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Dans le cadre de la réforme de l’État, huit « pôles régionaux » sont à présent identifiés pour
contribuer à l’animation d’une politique de l’État en Région (décret N° 2004-1053 du
5 octobre 2004). Dans la définition de ces huit pôles, ni la dimension « jeunesse », ni la
Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports ne sont citées.
I - 2 – LES COMPÉTENCES ACTUELLES DE L’ÉTAT
En matière de politique de « jeunesse », certains secteurs relèvent de la compétence
directe et à titre principal d’un Ministère, ainsi de l’éducation, de la jeunesse et des
sports, l’État conservant la haute main et garantissant l’égalité de tous les citoyens.
D’autres relèvent de politiques interministérielles. Il est à remarquer que les jeunes ne
sont pas une catégorie en soi, déconnectée de l’organisation de la société, ils sont donc
concernés par la plupart des politiques sectorielles : emploi, formation, logement santé,
transports, culture, sports, tourisme, justice, sécurité, défense, etc.. L’attention du CESR
s’est portée sur les éléments gouvernementaux les plus récents.
A - Les politiques ministérielles
1) Éducation Nationale et enseignement supérieur
Comme précisé lors de l’audition de Madame Nicole BELLOUBET-FRIER, Rectrice de
l’Académie de Toulouse et Chancelière des Universités, l’Éducation Nationale a la
responsabilité des jeunes et de leur formation pendant le temps scolaire, dès l’âge de 3 ans et
jusqu’au-delà de 25 ans pour des études universitaires. Elle met en œuvre les décisions
gouvernementales, garantit les programmes d’enseignement et la délivrance des diplômes.
Elle assure la gestion des personnels des établissements (à l’exception des TOS à partir de la
parution des décrets d’application de la loi de décentralisation).
Outre ces grandes fonctions régaliennes, l’Éducation Nationale a créé en son sein nombre de
dispositifs pour répondre aux attentes, à la diversité des situations des jeunes et aux difficultés
rencontrées, à la disparité des populations sur les territoires.
Des ateliers et classes relais aux classes d’initiation pré-professionnelle en alternance,
d’intégration scolaire, du plan Handiscol, de l’éducation à la santé à l’école et au collège à
l’éducation à la citoyenneté, de la lutte contre le bizutage, la prévention des mauvais
traitements, du sida, la prise en charge et le suivi des victimes de violence au sein du système
scolaire à la neutralité religieuse, de l’éducation prioritaire à la Mission Générale d’Insertion,
au Conseil de la Vie Lycéenne, la liste serait longue à énumérer, car l’École a de plus en plus
la charge de répondre aux problèmes qui traversent la société.
Le fait, récent, de réunir les domaines de la jeunesse et de l’Éducation Nationale au sein d’un
même ministère durant la première mandature du gouvernement RAFFARIN, offrait une
opportunité de mettre en œuvre une politique éducative globale, sur la base d’une
complémentarité entre le temps scolaire et le hors temps scolaire.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
50
Ce nouveau « plan jeunes » visait alors à améliorer les soutiens dont les jeunes ont besoin
pour développer progressivement leur esprit d’initiative et leur sens des responsabilités. Il
s’organisait en quatre grands axes, chacun comportant des mesures et l’attribution de
moyens :
1) aider les jeunes à la prise de responsabilité
Cette aide prévoit la dynamisation des conseils de jeunesse par une complète
réorganisation et l’encouragement financier des collectivités territoriales pour la création
de conseils locaux des jeunes, une politique de conventions de subventionnement avec le
secteur associatif pour inciter les associations à ouvrir leurs instances dirigeantes aux
jeunes, la création d’une reconnaissance spécifique destinée aux jeunes.
2) accompagner les jeunes dans leurs initiatives
Le programme « Envie d’Agir », instauré après les résultats du second tour des élections
présidentielles de 2002 (après le constat que les jeunes n’allaient pas voter mais se
mobilisaient en manifestation de rue pour contester les résultats) est pérennisé et le
concours destiné à récompenser les projets des jeunes de 11 à 28 ans prend en 2004 une
dimension européenne. Les projets « Défi-Jeunes » sont portés au nombre de 1 000 par
une dotation de 500 000 euros. Dans chaque département, un fonds de soutien à
l’initiative des jeunes est disponible dès février 2004 par l’allocation d’une somme de
3 millions d’euros pour l’ensemble de ces fonds.
3) améliorer l’information des jeunes
Cet axe prévoit la création d’un conseil national de l’information jeunesse pour renforcer
la synergie entre les différents réseaux d’information existants, la création d’une bourse
pour apporter une aide financière pour le voyage des jeunes candidats à des jobs d’été en
Europe, enfin la création d’un portail Internet Jeunesse permettant l’accès à tous les sites
traitant des questions qui concernent les jeunes.
4) développer les loisirs « éducatifs » proposés aux jeunes
Cela signifie pour le ministère de repenser les propositions de loisirs destinés aux jeunes
de 11 à 15 ans, de mener une politique de qualification des animateurs professionnels, de
créer un statut spécifique de l’engagement éducatif pour les animateurs de centres de
vacances et de loisirs non professionnels, enfin de mettre en place une charte des contrats
éducatifs locaux pour une meilleure cohérence entre les activités éducatives extrascolaires
et les enseignements.
L’impulsion de cette politique jeunesse a donné lieu à la mise en œuvre de cinq chantiers
portés conjointement par le Rectorat et la Direction de la Jeunesse, en Midi-Pyrénées, décrits
ainsi par la Rectrice lors de son audition :
•
•
Le 1er concerne « la lecture et l’écriture ». En effet, une des priorités est que les
jeunes maîtrisent la langue française et acquièrent le goût de la lecture. Plusieurs
actions ont été menées en ce sens dans les centres de vacances et de loisirs.
Le 2ème porte plus spécifiquement sur l’aide aux élèves en rupture scolaire, avec la
mise en place de dispositifs relais, selon des modalités très diversifiées, ainsi qu’un
travail d’équipe entre des associations et l’Éducation Nationale, des enseignants et
des acteurs partenaires de l’École. Plusieurs conventions ont été signées avec la
PJJ. Il s’agit de reprendre des jeunes en situation « a scolaire » et de les réinsérer
dans une structure, soit scolaire, soit apprentissage ou autre.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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•
•
•
Le 3ème chantier est celui de l’éducation artistique et culturelle, dans le temps
scolaire avec des enseignants et hors temps scolaire avec des associations et des
partenaires.
Le 4ème a trait à la prévention des incivilités et des situations de violence ; cette
prévention a lieu également dans les centres de vacances et de loisirs avec l’aide
des animateurs, qui bénéficient de formations spécifiques. Il s’agit d’établir un lien
entre ce qui se fait dans l’école et hors de l’école. Le logiciel SIGNA permet de
caractériser les actes de violence.
Enfin le 5ème chantier porte sur les actions de prévention pour les jeunes
(toxicomanie, sécurité routière avec la délivrance d’une attestation de sécurité
routière…). Dans ce domaine, le travail se fait également en partenariat.
L’intérêt d’un tel plan est d’avoir suscité et affirmé un partenariat approfondi au niveau local,
avec la DRJS et des associations. Même si l’Éducation Nationale a toujours travaillé avec les
mouvements de jeunesse, le hors temps scolaire ne relevait pas de sa préoccupation première.
L’enjeu de cette politique « globale » est la continuité éducative dans et hors de l’École, entre
les enseignements et les actions pour les loisirs, l’accompagnement à la scolarité, l’ouverture
culturelle, sportive, etc..
Cependant, tous ces dispositifs sont soumis aux aléas politiques et le remaniement ministériel
de juin 2004 réintroduit la partition entre Education nationale et Jeunesse, celle-ci revenant au
Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.
Le devenir de cette politique est encore incertain. Lors de la prochaine session parlementaire,
la discussion de la loi « d’orientation sur l’école », élaborée à partir des travaux de la
Commission THELOT sur le « grand débat sur l’école », devrait préciser les intentions
gouvernementales. Pour les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche, les
projets sont toujours à l’étude et ne sont pas encore connus.
Toutefois, il semble souhaitable d’assurer la pérennité des actions et du partenariat au plan
territorial local qui a permis, par exemple, le rapprochement entre des instances
représentatives des lycéens, Conseil Académique de la Vie Lycéenne et Conseil Régional des
Jeunes, ou encore, l’élaboration de projets communs entre l’Éducation Nationale, les
collectivités territoriales locales et les associations au sein des Contrats Éducatifs Locaux
(CEL).
2) Jeunesse et sports
Après les avatars indiqués précédemment, ce Ministère retrouve son unité, Jeunesse, Sports et
Vie Associative depuis juin 2004 et, de plus, se voit chargé de la coordination de l’action
gouvernementale dans ces domaines, donc de l’interministérialité. Cette nouvelle phase
permet d’énoncer de nouvelles priorités politiques, avec l’accompagnement d’un comité
d’experts qui devra remettre prochainement des propositions pour améliorer l’image des
jeunes dans notre société.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
52
À première lecture, ces priorités reprennent, dans les grandes lignes, les orientations
précédentes, allant dans le sens d’une continuité des actions. Elles sont de 3 ordres :
La jeunesse doit redevenir un acteur essentiel du pacte républicain.
Pour cela, le dispositif « Envie d’agir » sera poursuivi en 2005 avec l’Éducation
Nationale et il verra sa dimension interministérielle élargie, ainsi que « Défi-Jeunes »
qui devrait connaître une nouvelle impulsion.
Le volontariat devrait trouver un cadre juridique avec un projet de statut du volontariat
offrant un même cadre pour toutes les formes de volontariat et des dispositions
spécifiques pour régler le statut des animateurs occasionnels en centres de vacances et
de loisirs.
La jeunesse doit se voir offrir des facilités d’accès à l’autonomie et être mieux écoutée
dans les débats de société.
Il est donc programmé d’améliorer l’accès des jeunes à l’information, l’accès à la
première expérience professionnelle, aux jobs d’été et aux stages, et également l’accès
au logement.
Est annoncée pour fin 2004 une nouvelle carte électronique, française et européenne,
qui offrira à tous les jeunes des avantages pour accéder aux loisirs, à la mobilité, à la
culture, au sport.
La prise de responsabilité des jeunes au sein des associations sera encouragée au
travers de conventions d’objectifs pluriannuelles.
Enfin, le mode de fonctionnement du Conseil national et des Conseils départementaux
de la Jeunesse devrait être renouvelé en profondeur. Ces organismes représentatifs
devraient être consultés sur des textes législatifs majeurs et se voir confier des missions
de réflexion sur quatre thèmes : la cohésion sociale, la construction d’un parcours
individuel, l’Europe et l’engagement.
La jeunesse doit être mieux protégée des agressions et des tensions de notre société.
Il est donc prévu de renforcer la protection des mineurs accueillis en centres de
vacances et de loisirs, en coopération avec le Ministère de la Justice en améliorant la
circulation de l’information.
La première action du nouveau ministère pour l’été 2004 vise le domaine de la solidarité.
« Solidar’Eté », opération partenariale, s’adresse aux jeunes qui ne partent pas en vacances.
Ils seront accueillis pendant cinq jours dans les établissements du Ministère (CREPS, instituts
et écoles nationaux) pour participer à des activités artistiques, scientifiques, techniques et
sportives. Cette opération permettra également de recenser et de valoriser les projets de
solidarité (de proximité et internationale) réalisés par les jeunes des associations, des centres
de loisirs, des collectivités locales.
Ces priorités vont organiser le travail des services déconcentrés du Ministère. En MidiPyrénées, le rapport d’activité des services régionaux de l’État 2003 fait apparaître une forte
implication de la Direction régionale et départementale de la Jeunesse et des Sports MidiPyrénées-Haute-Garonne dans la déclinaison des actions gouvernementales.
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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3) Travail et emploi
Il peut paraître surprenant de voir apparaître ce domaine ministériel dans cette partie, toutefois
les nombreuses mesures, concernant l’entrée dans la vie active, l’insertion, l’emploi, ainsi que
la formation professionnelle, et leur gestion, par les services déconcentrés du Ministère de
l’emploi, du travail et de la cohésion sociale, des nombreux contrats et des actions qui
concernent plus particulièrement les populations jeunes, justifient qu’il soit considéré ainsi.
Ce large Ministère, anciennement intitulé « des affaires sociales, du travail et de la
solidarité », qui est doté à présent d’un secrétariat d’État à l’insertion professionnelle des
jeunes, vient de présenter un plan de cohésion sociale, actuellement projet de loi qui devrait
aboutir très prochainement à une loi de programmation sur cinq ans.
À partir d’un constat national jugé « inquiétant », et repris ci-dessous, ce plan note qu’en
quinze ans :
-
« Le nombre d’allocataires du RMI est passé de 422 000 à 1 100 000
Le nombre de familles surendettées supplémentaires est passé de 90 000 par an à
165 000 et atteint aujourd’hui un total de 1 500 000
Le chômage des jeunes de 16 à 24 ans dans les quartiers en zones urbaines
sensibles est passé de 28 à 50 %
Chaque année, plus de 80 000 enfants entrent en 6e sans maîtriser les savoirs
fondamentaux (lire, écrire, compter)
Les grandes écoles sont trois fois moins accessibles aux élèves de milieux
modestes qu’au cours des années cinquante
Les actes racistes enregistrés sont passés de 189 à 817 chaque année,
Le nombre de logements indécents a doublé
La liste d’attente pour l’accès au logement social a été multipliée par quatre ».
Dans le projet ministériel, articulé autour de trois piliers que sont l’emploi, le logement et
l’égalité des chances, certaines mesures visent plus directement les jeunes.
Pour l’emploi et l’activité
• la création de 300 maisons de l’emploi, fédérant tous les acteurs d’un bassin
d’emploi afin de mieux accompagner les chômeurs dans leur recherche d’emploi.
• l’accompagnement renforcé, individualisé et formalisé des jeunes en difficulté
vers l’emploi durable. Le taux d’emploi des jeunes est en France de 26 % contre 55
% en moyenne en Europe, 430 000 jeunes sont demandeurs d’emploi à l’ANPE, et
150 000 sortent chaque année du système éducatif sans diplôme, dont 60 000 sans
aucune qualification.
• l’augmentation du nombre d’apprentis en procédant à la réforme annoncée de
l’apprentissage et en développant l’alternance dans la fonction publique. D’autres
dispositions complètent ce programme : incitation fiscale pour les entreprises,
amélioration de la rémunération des apprentis, prévention des ruptures de contrat,
découverte des métiers pour les 14-16 ans, développement des « emplois de
vacances » pour les plus de 16 ans, ouverture des filières des grandes écoles à
l’apprentissage. Enfin, le système de financement par la taxe d’apprentissage doit être
rendu plus efficace et plus transparent.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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•
•
la création d’une nouvelle voie de recrutement pour les emplois publics,
dénommée PACTE (parcours d’accès à la fonction publique territoriale, hospitalière et
d’État).
la simplification des contrats aidés, ramenés à deux types pour le secteur
marchand (Contrat Initiative Emploi et RMA) et à deux pour le secteur nonmarchand (Contrat d’avenir et Contrat d’accompagnement vers l’emploi).
Cet axe « emploi » comprend aussi diverses mesures en faveur du développement de l’activité
économique et de la création d’entreprises (micro entreprise et consolidation des structures
d’insertion par l’économique).
Le deuxième pilier concerne le logement avec trois priorités : rattraper les retards en matière
de logement locatif par la construction de nouveaux logements sociaux, renforcer la
mobilisation du parc privé, développer les structures d’hébergement d’urgence pour les
personnes en grande difficulté, y compris les familles nombreuses en articulation avec les
mesures de lutte contre l’exclusion.
L’égalité des chances, troisième pilier se décline aussi en trois axes :
- mieux accueillir et encadrer les enfants et les adolescents en difficulté et en
situation de précarité ;
- favoriser un meilleur retour à l’emploi après un congé de maternité ou un congé
parental par la prise en compte intégrale de ces congés au titre du DIF ;
- promouvoir l’égalité des chances entre les territoires par une réforme de la dotation
de solidarité urbaine (DSU).
Au moment de cette rédaction, seuls les éléments d’analyse qui ont conduit à ces propositions
restent d’actualité. Ce projet de loi est susceptible d’évoluer encore, notamment en raison des
moyens budgétaires nécessaires à son exécution.
L’emploi reste au cœur des préoccupations des Français. Comme le soulignait
Bernard ROUDET, lors de son audition, pour les jeunes, « la fracture sociale la plus
importante au sein de la jeunesse est provoquée par le fait d’avoir ou non un emploi, le
chômage étant considéré comme le problème le plus grave auquel ils sont confrontés. »
B - Les politiques interministérielles
Cinq autres ministères développent en leur sein des actions destinées spécifiquement aux
jeunes. D’après le recensement effectué par le « Mémoguide des dispositifs publics » réalisé
par l’INJEP4, les Affaires Étrangères, la Culture, la Défense avec en particulier les Journées
d’Appel de Préparation à la Défense (JAPD) et leur rôle de détection de l’illettrisme,
l’Économie, la Justice ont des mesures en faveur des jeunes.
Cependant, et ce depuis les années 80, les dispositifs interministériels ont été mis en place et
renforcés. En fonction des problèmes et des attentes, les ministères ont apporté leurs
compétences et leurs financements, en ayant recours à leurs partenaires, en associant les
collectivités territoriales et le secteur associatif.
4
site Internet http://www.injep.fr
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Ces politiques peuvent se regrouper en grands domaines, toujours selon le découpage de
l’INJEP, et concernent : l’action culturelle, l’action péri éducative et d’insertion sociale, la
citoyenneté et la délinquance, l’emploi, la santé et la solidarité. Elles ont engendré nombre de
dispositifs dont la liste serait ici trop longue, toutefois il semble intéressant d’en citer certains
qui ont perduré. (Tous ces dispositifs peuvent être consultés dans le Mémoguide de l’INJEP
cité précédemment).
Ainsi dans le domaine de l’action culturelle, ces politiques interministérielles se traduisent par
le développement des ateliers d’expression artistique, des classes d’initiation artistique, des
classes patrimoines, la mise en place du concours de la déportation et de la Résistance.
De l’action péri éducative et d’insertion sociale, seront retenus les Contras Éducatifs Locaux,
l’école ouverte, la lutte contre l’illettrisme, la mission interministérielle de lutte contre les
sectes, le programme Ville, Vie, Vacances.
Les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté, la lutte contre la violence scolaire, pour
exemples, sont issus des actions interministérielles pour la citoyenneté et la lutte contre la
délinquance.
Dans le domaine de l’emploi, plusieurs dispositifs s’adressent également aux jeunes, dont les
plus importants restent le réseau des Missions Locales, le concours « Défi-Jeunes » et le
parrainage des jeunes pour l’emploi. Deux dispositifs ont été supprimés récemment, les
« emplois-jeunes » et le programme TRACE, remplacés par le CIVIS (dans ses différentes
déclinaisons).
C’est essentiellement la lutte contre le sida qui a mobilisé conjointement les ministères de la
Santé, de la Jeunesse et des Sports et de l’Éducation Nationale.
Comme affirmé précédemment, ces politiques sont des réponses effectives aux éléments qui
se font jour dans la société et auxquels les ministères en charge des dossiers ne pouvaient
répondre seuls. Effet de globalisation, d’approche plus globale des difficultés ou des
aspirations des jeunes, recherche de cohérence et d’efficacité pour donner du sens, les
interventions « pluridisciplinaires » et « partenariales » ont aujourd’hui tendance à se
multiplier tant au niveau national que local.
C - Les organismes sociaux
La politique familiale, qui fait partie de notre système de protection sociale, prévoit
l’attribution par les caisses d’allocations familiales d’un certain nombre de prestations
financières fondées sur le principe du « droit de l’enfant », c’est-à-dire la reconnaissance que
l’enfant est porteur d’une créance, d’un droit sur la collectivité du seul fait de son existence. À
ce titre, les CAF versent des allocations familiales censées compenser la charge d’entretien
des enfants, une allocation de rentrée scolaire jusqu’à 18 ans sous conditions de ressources
ainsi que l’allocation de logement étudiant. Les CAF interviennent également au titre de
l’action sociale dans le domaine périscolaire avec le financement des centres de loisirs sans
hébergement, dans des subventions d’associations qui mènent des actions en direction des
jeunes, dans des aides ponctuelles pour frais d’études et dans une moindre mesure pour
faciliter les départs en vacances.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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I – 3 – LA RÉPARTITION ACTUELLE DES COMPÉTENCES AU
NIVEAU DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
« Il faut souligner que la répartition des compétences actuelles s’associe à des niveaux de
ressources différenciés selon les collectivités. La structure des recettes des collectivités
locales en 2000 montre que le poids des communes est prépondérant avec 53,6 % de
l’ensemble. La part des départements s’élève à 27,7 %, celle des groupements de communes
est de 9,6 % et celle des régions représente 9,1 %.»
Compétences actuelles
Selon la répartition des compétences actuelles des collectivités territoriales, la Région n’a
aucune compétence particulière et spécifiée pour la « Jeunesse », pour les jeunes de la tranche
d’âge considérée des 16-25 ans.
En revanche, les départements, et dans une moindre mesure les communes, ont un niveau de
compétence pour les familles, les mineurs et les jeunes d’une manière plus large au titre de
l’action sociale et de la santé et de la prévention de la délinquance.
Pourtant, le Conseil Régional influe sur la dimension « Jeunesse » essentiellement par les
plans et les programmes de formation (PRDF, PRFP, apprentissage …) et par son action pour
les lycées, avec des interventions déjà au-delà de ses strictes compétences.
En fait, les collectivités territoriales interviennent pour les jeunes dans et par d’autres
domaines de compétences que ceux conférés par la loi. Car, au niveau territorial, la
compétence « jeunesse » n’est pas une compétence attribuée en totalité à l’État ou à un niveau
de collectivité territoriale. C’est une « compétence partagée » que doivent ou peuvent exercer,
à un titre ou à un autre, les acteurs publics.
Compétences attribuées et clause de compétence générale
Ceci pose le problème de la répartition des compétences, problème qui a longuement nourri
les débats sur la décentralisation, et tout au long de l’élaboration des différentes phases. En
fait, il existe des compétences attribuées par les lois spécifiques de décentralisation comme
le stipule l’article L1111-2 du Code général des collectivités territoriales dans sa partie
législative « les communes, les départements et les régions règlent par leurs délibérations les
affaires de leur compétence. Ils concourent avec l’État à l’administration et à
l’aménagement du territoire, au développement économique, social, culturel et scientifique,
ainsi qu’à la protection de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie. … »,
précisées par la loi du 13 août 2004. Mais également des compétences sont attribuées aux
collectivités dans le cadre d’autres lois, certains juristes les nomment « compétences
contraintes », ainsi les lois et les règlements confiant à une collectivité territoriale la
responsabilité de la mise en œuvre d’une décision gouvernementale, par exemple la gestion
du RMI par le département. Ces lois organisent également la décentralisation en répartissant
les compétences.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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En même temps, ce Code général des collectivités territoriales énonce que le conseil
municipal, le conseil général et le Conseil Régional règlent par leurs délibérations « les
affaires » de la commune, du département et de la région (Articles L2121-29, L3211-1,
L4221-1). Il légitime ainsi une clause de « compétence générale », donnant la possibilité
d’interventions plus larges au nom de l’intérêt local, dans le but d’un intérêt public, la notion
d’affaires locales étant placée sous le contrôle du juge administratif.
Cette clause de compétence générale permet aux collectivités qui le désirent des
initiatives ou des politiques spécifiques en direction des jeunes : par exemple la création du
Conseil Régional des Jeunes, la création du chèque « Lire » par le Conseil Régional de MidiPyrénées.
Ainsi, dans le domaine de la jeunesse, aussi bien au niveau national, où les dispositifs
interministériels se multiplient, qu’au niveau local en raison de la répartition des
compétences, il a semblé opportun de considérer les domaines d’intervention de chacune des
collectivités territoriales, en portant un regard approfondi sur la Région Midi-Pyrénées. Sans
nier les différences de moyens, de poids financiers des interventions, ou de choix politiques
de chaque niveau de collectivités, de grandes tendances sont repérables.
A - Les communes et les intercommunalités : le premier terrain
des politiques jeunesse
C’est en effet d’abord sur ces territoires, lieu de vie des jeunes, qu’apparaissent des initiatives,
que s’élaborent et se mettent en œuvre les politiques en direction des jeunes. La délimitation
entre enfance et jeunesse n’est pas toujours simple à effectuer. En Midi-Pyrénées, aux
« traditionnelles » Maisons de Jeunes ou de la Culture (115 MJC), Centres de Vacances et de
Loisirs (un millier d’organisateurs de CVL), structures Information Jeunesse (8 BIJ et 82 PIJ),
se sont ajoutés des « services jeunes », des « maisons de l’emploi », des Conseils Municipaux
d’Enfants et de Jeunes (CMEJ), des Centres de Loisirs Associés à l’Ecole ou des animations
post et périscolaires, des actions d’accompagnement à la scolarité … sans parler des très
nombreuses associations sportives.
Selon les cas, la gestion de ces diverses activités s’effectue soit par un service municipal, soit
par contractualisation avec des associations, soit par une formule mixte. Le réseau du Comité
Régional des Associations de Jeunesse et d’Éducation Populaire (CRAJEP) regroupe ainsi
plus de 3 000 associations locales sur la région. Communes et intercommunalités soutiennent
souvent financièrement ces associations locales (subventions, aides en nature, postes…).
Deux tendances nouvelles sont à noter :
- le développement d’actions intercommunales sur le secteur enfance-jeunesse
(création de structures, recrutement d’animateurs …) ;
- la montée en puissance de politiques éducatives locales contractualisées telles que
les Contrats Educatifs Locaux (environ 180 CEL en Midi-Pyrénées) et les Contrats
temps libre passés avec les Caisses d’allocations familiales (CAF).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Par contre, on peut constater que s’il existe dans certaines Chartes de Pays des actions en
direction de la jeunesse, il y a très peu de véritables volets « jeunesse », affirmant une
réelle ambition sur ce domaine au sein des politiques des territoires. Cela peut sembler
contradictoire avec l’enjeu majeur que constitue la venue ou le maintien de jeunes pour
l’équilibre des territoires en particulier en zone rurale.
B - Les départements : une action éducative et sociale pour les
jeunes déjà affirmée
Leurs compétences portent essentiellement sur l’aide sociale à l’enfance qui constitue le
premier poste de dépenses des départements dans le domaine de l’aide sociale. Même s’ils ont
parfois tendance à accorder une attention particulière aux jeunes collégiens pour lesquels ils
assurent la construction, l’extension, les grosses réparations, l’équipement et le
fonctionnement des établissements scolaires ainsi que les transports, les départements jouent
un rôle déterminant dans l’aide aux enfants en danger par l’axe de l’action sociale et par le
biais du Fonds d’Aide aux Jeunes (FAJ).
Le FAJ leur permet d’accorder des aides financières aux jeunes de moins de 25 ans en
difficulté sociale ou professionnelle. Toutefois, ces aides sont ponctuelles, de montants peu
élevés et les cas de ruptures constatées dans la prise en charge des jeunes en fonction des
dispositifs et de l’âge d’accès posent le problème de la continuité dans l’accompagnement
sanitaire et social des 16-25 ans, âge où ils basculent dans le RMI. Des défaillances dans les
dispositifs, avec des ruptures notamment entre 18 et 21 ans, et surtout entre 21 et 25 ans
fragilisent encore plus les jeunes. De plus, tous les départements n’engagent pas les mêmes
budgets et n’accordent pas les mêmes priorités aux mesures en faveur des jeunes et
notamment des jeunes majeurs. Cette situation est aggravée aujourd’hui du fait de la pression
créée par la mise en œuvre de l’APA.
Les départements ont un rôle important de soutien aux activités « jeunesse » des communes
notamment par leurs financements de constructions, d’équipements et de matériels. Ils ont
également la responsabilité des bibliothèques centrales de prêt et des archives départementales
pour ce qui concerne l’action culturelle.
Les Conseils Généraux interviennent enfin sur d’autres aspects concernant la jeunesse :
l’éducation à la citoyenneté avec des conseils généraux de jeunes, des aides aux départs en
vacances, le soutien aux actions éducatives périscolaires, les activités sportives et culturelles,
des subventions aux fédérations associatives départementales. Ils sont également compétents
en termes de construction de logements, d’urbanisme, d’environnement et d’aménagement du
territoire.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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C - La Région : à partir des grandes compétences, des actions
complémentaires, prémices d’une politique jeunesse en MidiPyrénées
D’une manière générale, il incombe à la région « de contribuer au développement
économique, social et culturel du territoire régional, dans le respect des attributions des
départements et des communes ». La Région est donc compétente dans les domaines de
l’économie, de l’enseignement et de la recherche, de l’action culturelle et environnementale,
de l’urbanisme et du logement, de l’énergie, du transport, de l’agriculture et de
l’aménagement rural.
L’approche par le descriptif de ce que fait la région Midi-Pyrénées en faveur des jeunes paraît
légitime, dans la mesure où les actions appellent remarques, commentaires et propositions
développés dans la troisième partie du présent avis.
Au cours de ces dernières années, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées a développé, au-delà
des actions relevant de ses compétences (lycées, formation professionnelle des jeunes et des
adultes, économie, emploi, aménagement du territoire), des mesures complémentaires
nouvelles en direction des jeunes. Celles-ci constituent une forme d’accompagnement
indispensable à l’efficacité des dispositifs régionaux. Il s’est en outre doté d’un Conseil
Régional des Jeunes (CRJ).
1. des actions pour les jeunes au sein des compétences Lycées,
Apprentissage, PRFP, Transports
les lycées et les centres de formation d’apprentissage
En ce qui concerne les lycéens, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle, le
Conseil Régional a assumé ses compétences de base, inscrites dans les lois de 1986 et de
1992. C’est un axe fort de sa politique en direction des jeunes puisqu’il y consacre près
de la moitié de son budget annuel. L’effort porte sur la construction, la reconstruction, les
restructurations et les équipements des lycées, des établissements agricoles et, plus
récemment, des centres de formation d’apprentis.
les stagiaires de la formation professionnelle
Pour la formation professionnelle des jeunes et des adultes, le PRFP a un impact non
négligeable puisqu’il concerne 22 à 23 000 personnes par an, soit 120 000 personnes environ
en 6 ans, ce qui équivaut à la population lycéenne. Même si elles ne leur sont pas spécifiques,
une majorité de jeunes bénéficie des actions d’orientation et de qualification professionnelle
proposées par le PRFP.
Sur certains aspects, notamment dans le registre de l’aide sociale et de l’accompagnement, le
Conseil Régional est allé bien au-delà de ses attributions avec :
les bourses de premier équipement
Cette bourse est destinée aux jeunes qui choisissent l’enseignement professionnel ou
technologique pour l’acquisition d’un matériel spécifique coûteux : outillage, vêtements
spéciaux, équipement de sécurité. De très nombreuses sections sont concernées : agriculture,
métallurgie, hôtellerie-restauration, …. L’aide permet de couvrir les dépenses à hauteur de 50 %.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Cette mesure concerne près de 19 000 jeunes de Midi-Pyrénées, en première année de CAP,
BEP, Bac Professionnel dans les filières de formation professionnelle et de première
technologique, y compris les premières d’adaptation et les brevets de technicien, que le cursus
soit suivi en lycée public ou privé sous contrat.
La prévention des sorties sans qualification
Bien que difficile à chiffrer, on peut estimer à environ 2 400 jeunes sortants sans qualification en
Midi-Pyrénées, avec des écarts très forts entre les différentes catégories, les différents profils de
jeunes. Les premiers repérages sont réalisés au sein du système éducatif, auprès des décrocheurs
pendant la scolarité et durant l’année qui suit la fin de la scolarité, par la Mission Générale
d’Insertion (MGI), qui met en place des actions spécifiques de réorientation et
d’accompagnement pour ces jeunes en rupture de formation.
Pour éviter que ces jeunes « se perdent », il faut donc les suivre et leur proposer rapidement des
solutions de continuité entre les différentes institutions, pour éviter des « galères » plus
importantes, et mettre à disposition des structures mieux adaptées à leurs parcours. À cette fin,
une coopération renforcée, ainsi qu’un abondement financier, ont été mis en place entre le
Conseil Régional et la MGI dans le cadre des chantiers du PRDF.
l’école de la deuxième chance
« L’école de la deuxième chance » fait partie des actions diversifiées mises en place pour
l’insertion, notamment dans le cadre de la politique de la ville (Grand Projet de Ville de
Toulouse). Elle a pour finalité l’accueil de jeunes (de 18 à 30 ans) en grande difficulté
d’insertion et d’intégration sociale et professionnelle pour les conduire à l’acquisition d’une
qualification professionnelle. Ce projet innovant, mais très coûteux, s’inscrit dans le réseau
français et européen des Écoles de la deuxième chance, il a débuté en octobre 2003 pour une
cinquantaine de jeunes, essentiellement de l’agglomération toulousaine. Il a donné lieu à une
réflexion et à une communication du CESR en juin 2003 et fera l’objet d’un suivi de la
Commission Éducation, Formation, Emploi, Sports. En effet, cette expérience doit être évaluée
afin d’envisager de nouvelles implantations dans les territoires des autres contrats de ville signés
en région pour constituer une véritable politique régionale de lutte contre l’exclusion.
les dispositifs d’aide au transport,
Pour les transports, le Conseil Régional dans sa compétence sur le réseau TER de MidiPyrénées a développé des tarifications adaptées aux usagers dont deux dispositifs concernant
plus directement les jeunes :
La carte « Midi-Pyrénées étudiants » d’un coût de 30 euros propose aux
étudiants de moins de 26 ans une réduction de 50 % sur tous les trajets
effectués pour les études et les loisirs sur le réseau, tant régional que des
régions limitrophes ;
La carte « Midi-Pyrénées loisirs », qui s’adresse à tout public dont les jeunes,
assure à ses détenteurs une réduction de 50 % tous les jours du 1er juillet au
31 août, les samedis, dimanches et jours fériés le reste de l’année, sur tout le
réseau régional. Elle offre aussi des possibilités de réductions sur les sites
touristiques.
Sont à noter également la prise en charge (sous certaines conditions) par le Conseil Régional
du paiement des frais de transports pour les stagiaires de la formation professionnelle dans le
cadre du programme des formations du PRFP ainsi qu’un dispositif de gratuité des transports
régionaux accordé aux demandeurs d’emploi et aux bénéficiaires du RMI.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
61
2. une volonté de nouvelles mesures complémentaires en
direction des jeunes
l’enseignement supérieur
Le Conseil Régional a conduit une action massive vers les étudiants et l’enseignement
supérieur dans le cadre du Contrat de Plan État-Région 2000-2006, en élargissant ses actions
à travers les chantiers du PRDF et à travers les prises de position du Président sur le logement
étudiant. Compte tenu du poids de la population étudiante parmi les jeunes de MidiPyrénées, ces mesures contribuent à affirmer l’action jeunesse du Conseil Régional. Pour
les 114 000 étudiants (100 000 à Toulouse et 14 000 hors Toulouse), dans le cadre du Contrat
de Plan État-Région, la Région a investi beaucoup dans les bâtiments et les équipements mais
avec un axe fort d’aménagement du territoire.
En 1992, l’effort demandé aux régions avait un caractère exceptionnel, en dehors de ses
compétences pour faire face à l’accroissement du nombre d’étudiants. En 1998, cet effort
avait perdu son caractère exceptionnel et est rentré dans les mœurs.
Au titre du CPER, l’engagement financier est très important, à hauteur de 76 millions d’euros
et les conditions de la contractualisation précisent que 1/3 des investissements se portent sur
le hors Toulouse (qui ne représente que 14 000 étudiants). 25 % des investissements vont à la
vie étudiante (restauration, équipements sportifs, logements…).
En matière d’aménagement du territoire, il y avait la nécessité de développer deux pôles forts,
Tarbes et le Nord-Est. Ceci est en partie réalisé, même s’il reste encore un long chemin à
parcourir pour parvenir à des universités de plein exercice. Sur le pôle du Nord-Est,
53 millions d’euros ont été avancés sur le périmètre de l’État pour le Centre Universitaire
Jean-François Champollion.
Pour l’enseignement supérieur, l’engagement de la Région a également porté sur la recherche
et les aides à l’installation des thésards. Cependant, cet engagement reste inférieur à celui pris
par d’autres régions. Ainsi, l’Aquitaine a multiplié par quatre son budget recherche en 2003.
La contribution des collectivités locales représente 16,1 % des ressources des équipes de
recherche des universités en Aquitaine et 3,4 % en Midi-Pyrénées.5
Pour la mobilité étudiante, il existe un budget, en progression d’ailleurs ces dernières années,
permettant l’accueil des étudiants étrangers et l’aide au départ des étudiants de Midi-Pyrénées.
Il y a là une attente forte. Il est vrai que certaines institutions régionales ont mieux répondu
que Midi-Pyrénées.
Pour le versant éducation-formation, les chantiers du PRDF ont pris en compte
l’enseignement supérieur : les licences professionnelles, la VAE, l’orientation-information….
5
Extrait du dossier « Bordeaux-Toulouse, le match des universités » du N° 2047 du 29 janvier au 4 février 2004
du NOUVEL OBSERVATEUR
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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les « projets Avenir »
Sur le registre de l’action éducative, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées a dépassé ses
compétences en mettant en place le dispositif « Projet pour l’avenir » en direction des
lycéens du public et du privé sous contrat de l’Éducation Nationale et de l’enseignement
agricole, et des apprentis (CFA).
Il vise deux objectifs : favoriser l’initiative et l’innovation, stimuler la prise de responsabilité.
Lancé chaque année sous la forme « d’appels à projets » en direction des élèves, il comporte
6 thèmes principaux, déclinés en sous thèmes : l’environnement et le développement durable,
la culture, l’international, les Technologies de l’Information et de la Communication pour
l’Enseignement (TICE), les actions citoyennes et, enfin, les projets soumis à règlement
particulier comme le concours « découverte des institutions communautaires européennes »
doté d’un prix de déplacement, l’opération « lycées gourmands ». Les dossiers présentés sont
soumis à l’examen d’un jury. La subvention attribuée est versée à l’établissement.
260 projets ont été élaborés en 2004. Sur la population éligible des 140 établissements
publics, 90 établissements privés sous contrat et 60 CFA, la moyenne s’établit à un projet par
établissement. En réalité, certains établissements font beaucoup de projets et d’autres peu,
trop peu. Les CFA y participent peu. Le Conseil Régional doit travailler encore pour une
meilleure répartition des candidatures, et donc trouver les bons « relais » pour accroître une
participation plus homogène de l’ensemble des établissements.
le « chèque lire »
Cette mesure se situe entre le social et le pédagogique. La population éligible à cette mesure sont
les lycéens et les apprentis. Une fois par an, ils peuvent acquérir pour 10 euros un « chéquier
lecture » qui leur permet d’acheter des livres pour une valeur de 60 euros. Plus de 200 libraires,
répartis sur l’ensemble du territoire régional, participent à l’opération.
Ce chèque permet d’acquérir un ouvrage de son choix et de tous les genres, du roman ou du
recueil de poésie à la bande dessinée, mais aussi d’acheter des livres scolaires, en librairie et
dans le cadre des bourses aux livres organisées au moment de la rentrée scolaire par les
associations de parents d’élèves. La part des chéquiers imputée à l’achat des livres scolaires n’est
pas connue avec finesse par le Conseil Régional. La campagne 2004 a permis de distribuer
50 000 chéquiers, soit environ 50 % de la population ciblée et qui y a droit.
Le dispositif du « chèque lire » rencontre une adhésion forte des jeunes, des enseignants,
des parents d’élèves et des libraires.
Se pose la question de la gratuité des livres scolaires, cette décision relève du champ de travail
politique et technique. Jusqu’où la Région doit-elle aller ? Actuellement, la réflexion est conduite
au sein des services régionaux pour une mesure à la rentrée 2005.
Cependant, un travail d’analyse reste à faire pour trouver les bons relais pour promouvoir ce
chèque dans les lycées professionnels, les CFA et auprès des publics jeunes en insertion. Le
risque pour ce dispositif est « de ne donner qu’aux riches », en ne bénéficiant pas à ceux dont les
besoins sont plus importants. Toutefois, le « chèque lire » est facteur d’autonomie, il donne au
jeune l’initiative et la liberté de choisir les livres qu’il veut acheter. Il serait difficile d’utiliser le
conventionnement qui semblerait préférable dans d’autres cas (chèque VAE par exemple).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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le « chèque avenir » et les emplois-jeunes
Le Conseil Régional apporte son appui au dispositif des « Emplois-Jeunes/Nouveaux
Services » depuis sa création par une aide au cofinancement (abondement du salaire mensuel,
en 2003 146 postes ont ainsi été soutenus), par une aide à l’investissement (financement
d’acquisition d’équipement et de matériel par les structures qui emploient les jeunes), enfin
par une aide à la formation avec le « chèque avenir ». En 2003, 2 358 « chèques avenir » ont
été édités. Avec le développement de la validation des acquis de l’expérience (VAE), les
emplois-jeunes de Midi-Pyrénées bénéficient d’un « chèque VAE » depuis 2003.
le sport et les activités physiques
De nombreux jeunes ont bénéficié des aides à l’équipement des petits clubs sportifs qui
encouragent le sport amateur. Ce dispositif est mis en œuvre depuis 4 ans et aide environ
600 clubs par an (sur les 10 000 recensés). Enfin, il faut noter l’augmentation de la dotation
(sur critères de subventions) pour les équipements sportifs mis à disposition des lycéens par
les municipalités, et pour le fonctionnement également de ces salles municipales.
les 2 000 « premiers départs en vacances », la rénovation des centres de
vacances et de loisirs dans le cadre du Contrat de Plan État-Région avec le
Ministère de la Jeunesse et les Sports.
le soutien financier à de grands réseaux régionaux associatifs
Ces subventions attribuées au CRIJ, aux membres du CRAJEP, au CROS et à Sciences
Animation leur permettent de jouer leur rôle de « tête de réseau régional » en charge de
l’animation et du développement des actions jeunesse sur les territoires. Jusqu’à présent, le
Conseil Régional Midi-Pyrénées est l’un des rares conseils régionaux à avoir pris ce type de
mesure.
3. la création d’un Conseil Régional des Jeunes
Comme cinq autres régions françaises, il s’est doté fin 2000 d’un Conseil Régional des
Jeunes, lieu d’écoute, de réflexion et de définition d’actions spécifiques en direction des
jeunes.
Le CRJ ne peut être considéré ni comme une action, ni comme un programme. C’est un
organe institutionnel, une représentation des jeunes (de certains jeunes et non de tous les
jeunes) et une affaire d’éducation. Il doit être regardé « sui generis » et évalué en tant que tel.
Dans l’organigramme de la Région, il est directement rattaché aux élus et non à un service du
Conseil Régional.
En revanche, beaucoup d’actions vers les jeunes ont été initiées ou développées grâce au CRJ.
Par exemple, les jeunes du CRJ ont fait évoluer les thématiques du dispositif « Projets
d’avenir » et les ont étendus à l’environnement, la coopération avec les ONG, la mémoire de
la Région. Le CRJ est associé à la procédure de choix des projets.
Le choix d’un tel lieu d’éducation citoyenne « grandeur nature » constitue donc un acte
symbolique fort. Mais, pour ne pas être seulement un « coup médiatique », l’existence du CRJ
constitue aussi une forme d’engagement supplémentaire dans la nécessité de définir et de
mettre en œuvre une politique régionale de jeunesse.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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I – 4 - L’EUROPE : UNE POLITIQUE DE JEUNESSE INCITATIVE
Il ne saurait être question de politique en direction de la jeunesse sans se référer à l’action
européenne dans ce domaine. De plus en plus, les décisions et les directives européennes
influent sur les politiques nationales et territoriales, les financements européens sont autant
d’incitation à la mise en œuvre d’actions en direction des jeunes, soit directement, soit à leur
bénéfice au travers d’autres thématiques (emploi et intégration sociale, éducation et
formation, affaires sociales, santé, sport, société de l’information, esprit d’entreprise, etc.) et
d’autres programmes.
Actuellement, le programme « Jeunesse », spécifiquement dédié, couvre la période 20002006. Il vise davantage que précédemment l’acquisition des connaissances et le
développement de la coopération entre les États membres dans l’élaboration de leur politique
de jeunesse.
Il regroupe les anciens programmes Jeunesse pour l’Europe (initié en 1988) et Service
volontaire européen (1998). Les projets encouragés doivent être liés à des actions :
- d’échanges de jeunes de courte durée, « JEUNESSE POUR L’EUROPE »
- d’activités citoyennes dans un autre pays « SERVICE VOLONTAIRE
EUROPEEN »
- de projets locaux d’engagement social favorisant l’esprit d’entreprise
« INITIATIVE EN FAVEUR DES JEUNES » ou de projets de développement
personnel ou professionnel de « jeunes volontaires » « CAPITAL AVENIR »
- d’activités complémentaires aux programmes « LEONARDO DA VINCI » et
« SOCRATES »
- d’accompagnement des activités de formation et de coopération des acteurs adultes
responsables de la politique de la jeunesse.
Il s’articule donc aux principaux autres programmes qui, eux, concernent d’autres domaines :
- Pour l’éducation, SOCRATES en constitue l’essentiel ; il se décline en actions
spécifiques (COMENIUS pour l’enseignement scolaire, ERASMUS pour le
supérieur, GRUNDTVIG pour les adultes formateurs, LINGUA pour
l’apprentissage des langues, MINERVA pour l’enseignement ouvert à distance et
les nouvelles technologies de l’information)
- En matière de formation professionnelle initiale et continue, LEONARDO DA
VINCI est le principal outil de promotion des actions de formation novatrices et
d’encouragement à la mobilité. Le FSE et l’initiative EQUAL soutiennent
financièrement les actions de formation professionnelle. Ce programme EQUAL
permet de développer des actions pour l’égalité professionnelle des hommes et des
femmes et la mixité dans les entreprises.
- Le secteur de la culture avec CULTURE 2000 et de l’audiovisuel.
Depuis la parution du « livre blanc » de la Commission européenne intitulé « un nouvel élan
pour la jeunesse européenne » en 2001, les instances européennes ont poursuivi leurs
réflexions sur l’évolution de ces domaines de l’éducation, de la jeunesse, ainsi que de la
culture et de l’audiovisuel, en s’appuyant sur les résultats de ces travaux et consultations.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
65
En juillet dernier, la Commission européenne a adopté les propositions en vue d’une adoption
par le Conseil des Ministres et le Parlement européen avant la fin 2005 d’une nouvelle
génération de programmes pour la période 2007-2013. Au nombre de quatre, ils se
déclinent ainsi :
1) Un programme intégré en matière d'éducation et de formation tout au long de la vie,
ciblant l'éducation scolaire (Comenius), l'éducation supérieure (Erasmus), la formation
professionnelle (Leonardo da Vinci) et l'éducation des adultes (Grundtvig), complété par des
mesures transversales et un nouveau programme (Jean Monnet) se concentrant sur
l'intégration européenne. Le budget proposé s'élève à 13,62 milliards et les objectifs du
programme sont les suivants :
* Comenius : participation d'au moins 10 % des élèves de l'Union européenne dans
des activités éducatives communes (contre 3 % aujourd’hui);
* Erasmus : offrir la possibilité de suivre des études universitaires à l'étranger à un
total de 3 millions d'étudiants d'ici 2011, soit un triplement du nombre actuel annuel
de 120 000 étudiants ;
* Leonardo da Vinci : 150 000 stages en entreprises et centres de formation dans un
autre pays européen d'ici 2013 contre 45 000 aujourd’hui ;
*Grundtvig : 25 000 actions de mobilité d'ici 2013.
2) Jeunesse en action, qui vise à développer chez les jeunes le sens de la responsabilité
personnelle, l'esprit d'initiative, la solidarité, la citoyenneté et l'engagement actif au niveau
local, national et européen. Le programme contribuera également à améliorer les systèmes en
soutien aux activités des jeunes. Le budget proposé est de 915 millions d'euros. Il sera plus
simple que son prédécesseur dans son fonctionnement et largement décentralisé. Le
programme sera accessible aux jeunes âges de 13 à 30 ans dans les pays membres et dans
des pays tiers.
* Échanges de jeunes (objectifs: 35 000 projets en 2013)
* Service volontaire européen (objectif : 10 000 volontaires par an)
* Jeunesse pour le monde visant le développement de projets avec des pays tiers.
3) Culture 2007, qui succède au programme en cours Culture 2000 en le prolongeant, avec
un budget proposé de 408 millions d'euros, autour de trois objectifs à forte valeur ajoutée
européenne qui sont la mobilité transnationale de tous ceux qui travaillent dans le secteur
culturel dans l'Union européenne, la circulation transnationale des œuvres d'art et des
produits culturels et artistiques, le dialogue interculturel.
4) MEDIA 2007, qui succède aux programmes en cours MEDIA Plus et MEDIA formation.
Son enveloppe budgétaire proposée est de 1,055 milliards d'euros, et il vise prioritairement la
préservation et la mise en valeur de la diversité culturelle de l'Europe et de son patrimoine
audiovisuel et cinématographique, ainsi que le renforcement la compétitivité de ce secteur.
Ces nouveaux programmes axent leurs actions sur les deux priorités thématiques qui n’avaient
pas été encore adoptées par le Conseil : les activités de volontariat, une connaissance et une
compréhension accrues de la jeunesse. Les deux autres portant sur la participation et
l’information ont trouvé leur réalisation dans l’ouverture récente d’un portail européen de la
jeunesse (http://europa.eu.int/youth/) permettant un accès facilité à des informations
détaillées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
66
Conçu avec et pour les jeunes, le portail contient déjà 10 000 liens avec des sites Web
nationaux, régionaux et locaux grâce aux différents réseaux jeunesse de la Commission en
Europe et dans le monde.
Enfin, à compter du 1er janvier 2005, un nouvel instrument, « EUROPASS », accessible
depuis l’Internet, instaure un cadre unique pour la transparence des qualifications et des
compétences dans l’Europe élargie. Il doit permettre de mieux faire valoir les compétences
personnelles et professionnelles (le CV européen) ainsi que linguistiques (le Portfolio
européen des langues), les expériences de mobilité, notamment éducative (le MobiliPass qui
remplace l’Europass-Formation), les qualifications professionnelles (le supplément au
certificat) ainsi que les diplômes de l’enseignement supérieur (le supplément au diplôme).
D’autres documents peuvent être ajoutés à l’Europass pour mieux communiquer sur la
compétence et mieux cibler les secteurs. Ce nouveau produit devrait dynamiser les échanges
et les mobilités au sein du territoire européen.
Reste qu’en Midi-Pyrénées, aux dires des personnes auditionnées sur ce thème, la mobilité est
peu développée et les programmes européens insuffisamment utilisés. Un effort soutenu en ce
domaine est plus que nécessaire pour encourager les mobilités des jeunes, étudiants, élèves,
apprentis et jeunes actifs. En fait, on ne peut que constater, et regretter, un décalage
important entre les visions européennes et les politiques tant nationales que locales.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Conclusion de la 1ère partie
Cet aperçu des politiques et des différentes mesures en direction des populations définies
comme « jeunes » montre à la fois l’enchevêtrement des compétences et des dispositifs, la
multiplicité des acteurs publics intervenant sur ce champ protéiforme concernant les jeunes,
en articulation étroite avec les organismes sociaux et un secteur associatif qui remplit des
missions de service public.
L’actuelle répartition entre l’État et les collectivités territoriales, entre chaque niveau de
collectivités locales, entre les intervenants, mandatés ou pas d’ailleurs, manque de
lisibilité et de visibilité en particulier pour les publics concernés qui ne bénéficient pas
dans la totalité des possibilités mises à leur disposition faute de se reconnaître dans ces
méandres. Ce qui est le plus frappant est le manque de complémentarité entre les actions et les
risques d’incohérence qui peuvent en résulter.
Que faire et comment faire pour viser à plus d’efficacité pour les jeunes et répondre à leurs
besoins et aspirations ? Et comment accompagner et aider les familles dans ces processus vers
l’autonomie ? C’est bien là l’enjeu d’une politique de la jeunesse.
Les impulsions sont d’abord nationales, ce qui implique
1) qu’au niveau de l’État, il y ait une volonté politique affirmée de préparer et de soutenir
la jeunesse sur le long terme,
2) que cette politique pour les jeunes soit aussi corrélée à une réelle politique familiale.
La Région devient-elle le niveau pertinent de coordination d’une politique jeunesse, au regard
des compétences exercées et des extensions qu’elle a su mettre en place ?
Que ce soit dans des actions spécifiques « jeunes » ou dans des volets « jeunesse » des axes
politiques du Conseil Régional, la dimension « jeunesse » est très présente ces dernières
années.
Tous les dispositifs décrits rapidement ci-dessus démontrent d’abord un engagement
réel et positif du Conseil Régional sur les questions de jeunesse, prouvant ainsi qu’il est
possible de mener des actions et d’avancer sur une politique « jeunes » sans que celle-ci
soit une compétence clairement inscrite. D’ailleurs, d’autres régions françaises vont bien
au-delà de ce que fait la région Midi-Pyrénées, notamment au plan des engagements
financiers.
Mais peut-on dire pour autant qu’en Midi-Pyrénées une politique régionale de jeunesse soit
clairement identifiable ? Qu’elle soit organisée et cohérente ? Qu’elle soit même affichée en
tant que telle ? Pour le CESR, il n’est pas facile de lire la politique « jeunesse » dans les
actions conduites jusqu’à aujourd’hui.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
68
Ceci pour plusieurs raisons :
Les actions restent éclatées dans différents dispositifs sans coordination
d’ensemble.
Elles ne concernent pas encore toute la population jeune, même si une
évolution se dessine en particulier avec les étudiants de plus en plus pris en compte
par la Région. Un axe très fort a été développé vers les lycéens et les apprentis de
la Région. Cet axe est tout à fait pertinent. Il a conduit à étendre diverses mesures
portant sur l’ensemble de la vie de ces jeunes à partir de la compétence centrale
éducation-formation. Mais cette démarche concerne encore assez peu d’autres
publics jeunes dont la Région a la responsabilité (population du PRFP, jeunes en
insertion).
Elles ne prennent pas suffisamment « à bras le corps » les deux questions
cruciales que sont l’entrée des jeunes dans la vie active et la problématique
des jeunes dans les politiques territoriales au titre des compétences régionales
en matière d’économie et d’aménagement du territoire.
Mais, élaborer une politique régionale pour la jeunesse suppose aussi que soient mieux
connus les conditions et modes de vie des jeunes sur un territoire tel que celui de MidiPyrénées, avec ses caractéristiques particulières (clivage urbain/rural, attractivité de
l’agglomération toulousaine, etc.), ainsi que les grandes aspirations sur la société qu’ils
partagent avec l’ensemble des jeunes Français. C’est à cet essai de « caractérisation » des
jeunes de Midi-Pyrénées que sera consacrée la deuxième partie de ce projet d’avis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Deuxième partie
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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II - UNE IMAGE DE LA JEUNESSE DE MIDI-PYRENEES
Comme indiqué en introduction, il ne s’agit pas ici de dresser une monographie exhaustive
d’une population par essence multiple dans ses composantes, ses parcours, ses expressions,
ses attentes. Le Conseil Économique et Social Régional n’en a pas les moyens. Plus
simplement, il s’agit de saisir les contours de ce public jeune pour pouvoir diagnostiquer
les difficultés à résoudre, d’identifier des actions pour leur apporter « un mieux vivre » et un
« meilleur devenir » sur le territoire régional.
Il n’existe pas une étude statistique réalisée en Midi-Pyrénées sur les jeunes, comme cela a été
fait au niveau national sous la direction d’Olivier GALLAND et publié par l’INSEE6. Les
données sont éparses, elles ne concernent pas toujours les mêmes âges, elles ont des années de
référence diverses. Un étudiant stagiaire7 a participé à la recherche et au recueil des données
chiffrées.
Cette « image de la jeunesse de Midi-Pyrénées » s’appuie essentiellement sur les
informations, les chiffres, les documents présentés et communiqués par les responsables
régionaux entendus en audition par le CESR. Elle est complétée par des données recueillies
dans les publications de l’INSEE en région, du Rectorat de l’Académie de Toulouse, du
CEREQ, des informations recueillies dans la presse. Pour les valeurs des jeunes, Bernard
ROUDET, chercheur à l’INJEP a été sollicité pour une audition. Le recensement général de la
population (RGP) de 1999 est une référence, il permet l’accès à des données régionalisées, à
des éléments de comparaison et à des éclairages sur les évolutions.
L’attention s’est portée sur des points jugés essentiels : combien sont-ils et où vivent-ils ? que
font-ils ? comment vivent-ils ? quelles sont leurs valeurs ? pour tenter de repérer les
difficultés particulières qu’ils pourraient rencontrer et ainsi déterminer des domaines
prioritaires d’intervention pour le Conseil Régional, pouvant l’aider à construire « une
politique régionale de jeunesse ».
II - 1 – LES JEUNES DANS LA POPULATION DE MIDI-PYRENEES,
LEUR REPARTITION TERRITORIALE ET LES EVOLUTIONS
Une situation paradoxale : entre vieillissement et dynamisme
Midi-Pyrénées est l’une des deux régions (avec Languedoc-Roussillon) les plus
attractives de France, notamment pour les populations actives jeunes. Entre 1990 et
1999, elle a gagné 120 000 habitants essentiellement du fait de l’excédent des arrivées sur les
départs (110 000 personnes). Cela se vérifie dans toutes les tranches d’âge plus
particulièrement pour les moins de 40 ans. Cet apport de population bénéficie majoritairement
à l’agglomération toulousaine. Les migrations contribuent donc à freiner sensiblement le
vieillissement de la population. Car, Midi-Pyrénées présente actuellement la structure d’âge
qu’aura la France en 2015 (Avis sur l’offre de soins en Midi-Pyrénées du 17 mai 2004).
6
INSEE – Portrait social – Contours et Caractères – LES JEUNES – Septembre 2000
Alexandre BORDERIES, stage effectué dans le cadre de l’année de licence d’ingénierie économique –IUP de
l’Université de Sciences Sociales
7
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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71
La pyramide des âges de Midi-Pyrénées au recensement de 1999 fait apparaître un déficit,
par rapport à la moyenne nationale, dans les tranches d’âge jusqu’à 35 ans et un sureffectif
au-delà de 60 ans (25 % de la population régionale, contre 21 % pour la France).
L’estimation des effectifs par classe d’âge au 1er janvier 2002 réalisée par l’INSEE
comptabilise un effectif de près de 273 000 personnes âgées de 75 ans et plus dont 64 500
ayant 85 ans et plus. Ce surcroît de personnes âgées s’explique en partie par une
espérance de vie à la naissance plus importante en Midi-Pyrénées qu’en moyenne
nationale : 76,2 ans pour les hommes (75 ans pour France entière), 83 ans pour les femmes
(82,7 ans moyenne française). Les classes d’âge de 35 à 55 ans sont les plus nombreuses.
La comparaison des pyramides des âges aux recensements de 1990 et de 1999 montre que les
tranches d’âge de 15 à 24 ans8 ont diminué, et ce dans des proportions analogues pour les
hommes et les femmes. Cette diminution, relative à une baisse constante des naissances
depuis 1975, est plus prononcée qu’au niveau national.
Document INSEE
8
Toutes les statistiques de l’INSEE comptabilisent les tranches d’âge de 5 ans en 5 ans.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
72
En effet, Midi-Pyrénées comptait 317 522 jeunes âgés de 15 à 24 ans au 1er janvier 20029,
soit 4,1 % de la même tranche d’âge au niveau national.
La proportion de 15-24 ans y est légèrement inférieure à la moyenne nationale (12,1 %
contre 13 %), la part des moins de 20 ans est de 22 % pour 25 % en moyenne France entière
et la part des – de 25 ans ne dépasse pas 28 %, tout comme dans 3 autres régions (Limousin,
Corse et Auvergne).
Estimation par classe d'âge au 1er janvier 2002
Midi-Pyrénées
Population totale
France
2 612 707
59 342 121
155 268
15-19 ans
3 877 449
5,9 %
20-24 ans
162 254
Population des 15-24 ans
317 522
6,5 %
3 847 316
6,2 %
Proportion des 15-24 ans
6,5 %
7 724 765
12,1 %
13 %
Source INSEE –exploitation CESR
La répartition par sexe des jeunes de 15-24 ans ne diffère pas de la moyenne nationale :
51,2 % d’hommes pour 48,8 % de femmes.
15-19 ans
20-24 ans
Filles
75480
Filles
79367
Garçons
79788
Garçons
82887
Source INSEE - exploitation CESR
9
Estimation INSEE
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
73
de fortes disparités infrarégionales
La répartition des jeunes au sein de Midi-Pyrénées marque une différence importante entre la
Haute-Garonne et les autres départements, ainsi qu’entre les zones rurale et urbaine.
La population des 15-24 ans dans chaque département au 1er janvier 2002
Ariège
Aveyron
Haute-Garonne
Gers
Lot
Hautes-Pyrénées
Tarn
Tarn-et-Garonne
15-19 ans
7 465
13 981
71 258
8 845
8 330
12 553
20 472
12 364
20-24 ans
6 122
12 203
90 872
7 111
6 754
11 334
17 646
10 212
Total 15-24ans
13 587
26 184
162 130
15 956
15 084
23 887
38 118
22 576
Part des 15-24 ans
9,7%
9,8%
14,8%
9,2%
9,2%
10,7%
10,9%
10,7%
Midi-Pyrénées
155 268
162 254
317 522
12,1%
Données INSEE, estimation au 1er Janvier 2002
La Haute-Garonne est de loin le département qui compte le plus de jeunes âgés de 15 à
24 ans. Leur proportion y est nettement plus élevée (14,8%) que dans les autres départements
dont la part varie entre 9 et 11 %. Cette attractivité est plus grande encore pour les 20-24 ans.
L’attractivité de la Haute-Garonne
La Haute-Garonne se distingue par la jeunesse de sa population par rapport aux autres
départements de Midi-Pyrénées : au recensement de 1999, elle compte 23 % de jeunes de
moins de 20 ans, contre 21% dans le reste de la région. Cependant elle se situe bien en
dessous du niveau national (24 %).
Poids de chaque département
dans la population de Midi-Pyrénées
Lot
6%
Gers
7%
Hautes-Pyrénées
9%
Poids de chaque département
dans les 15-24 ans de Midi-Pyrénées
Lot
5%
Tarn
13%
Tarn et Garonne
8%
Hautes-Pyrénées
8%
Tarn
12%
Gers
5%
Tarn et Garonne
7%
Ariège
4%
Ariège
5%
Aveyron
8%
Aveyron
10%
Haute-Garonne
42%
Haute-Garonne
51%
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
74
Plus de la moitié des jeunes de Midi-Pyrénées vit en Haute-Garonne (51 %) alors que le
département représente 42 % de la population totale de Midi-Pyrénées.
Dans la plupart des départements de la région, le vieillissement de la population est accentué
par le départ fréquent des jeunes à l’âge des études supérieures ou de la recherche d’un
emploi. À l’inverse, en Haute-Garonne, les jeunes de 18 à 24 ans sont nombreux en raison de
l’attractivité des universités et grandes écoles Toulousaines et du bassin d’emploi.
Le clivage entre monde rural et zones urbaines
Les populations les plus jeunes se concentrent dans les zones urbaines, c’est-à-dire dans
toute la partie centrale de la région : Pays Toulousain, Ouest du Tarn autour d’Albi et de
Castres, Sud-Est du Tarn-et-Garonne entre Toulouse et Montauban, Nord-Est de l’Ariège,
Sud du Lot autour de Cahors, et périphérie des agglomérations comme Rodez, Tarbes et
Auch.
Proportion des moins de 20 ans par commune en Midi-Pyrénées
(Recensement 1999)
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
75
L’évolution de la population jeune
Évolution de l'effectif des jeunes de 15 à 24 ans dans la population
de Midi-Pyrénées
356 544
360 000
350 000
332 178
340 000
330 000
317 522
316 903
320 000
310 000
300 000
290 000
1990
1994
1998
2002
Source INSEE – estimation au 1er janvier 2002
De 1990 à 2002, la région Midi-Pyrénées voit sa population âgée de 15 à 24 ans passer de
356 544 à 317 522 individus10, soit une diminution de presque 40 000 jeunes, qui s’effectue
sur la période 1990-1998. Depuis, l’effectif a tendance à se redresser légèrement. Toutefois, la
diminution est plus importante sur la période 1990-2002 en Midi-Pyrénées (11 %) qu’en
moyenne nationale (10,2 %).
Cette diminution de la part des 15-24 ans est plus lisible en pourcentage : de 15,6 % de la
population régionale en 1990, elle n’est plus que de 12 % en 2002, soit une diminution de
3,6 % contre 2 % au niveau national sur la décennie considérée.
Taux de variation des 15-24 ans par département et par période
5,00%
0,00%
-5,00%
1990-1994
1994-1998
1998-2002
-10,00%
-15,00%
-20,00%
Ariège
10
Aveyron
HauteGaronne
Gers
Lot et
Garonne
HautesPyrénées
Tarn
Tarn et
Garonne
France
Données INSEE – estimation au 1er janvier 2002
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
76
Évolution des effectifs jeunes par département : l’exception de la
Haute-Garonne
Effectifs des jeunes par tranches d’âge (15-19 et 20-24), par département, et par année
Ariège
Aveyron
Haute-Garonne
Gers
Lot
Hautes-Pyrénées
Tarn
Tarn-et-Garonne
Midi-Pyrénées
2002
15-19
7 465
13 981
71 258
8 845
8 330
12 553
20 472
12 364
155 268
20-24
6 122
12 203
90 872
7 111
6 754
11 334
17 646
10 212
162 254
1998
15-19
7 573
15 338
69 305
8 993
8 673
12 934
21 264
12 244
156 324
20-24
6 218
12 917
87 529
7 546
7 108
11 415
17 481
10 365
160 579
1994
15-19
7 440
15 597
64 740
9 143
8 444
12 682
20 963
12 201
151 210
20-24
7 375
15 165
93 776
9 514
8 270
14 251
20 221
12 396
180 968
1990
15-19
8 780
18 359
73 074
11 587
10 017
15 810
23 931
14 113
175 671
20-24
8 093
16 506
87 111
10 431
8 600
14 925
21 883
13 324
180 873
Source : INSEE (estimation 1er janvier 2002)
Quelle que soit la période considérée, le nombre de jeunes dans chaque département,
hormis la Haute-Garonne, a diminué deux fois plus vite qu’à l’échelle nationale. En effet,
la baisse a été dans ces départements de 20,4 % en moyenne, entre 1990 et 2002, quand la
moyenne nationale est de 10,2 %. Le Gers, l’Aveyron et les Hautes-Pyrénées sont les
départements accusant les diminutions les plus importantes avec respectivement un recul de
27,5 %, 25 %, et 22,2 % de leurs 15-24 ans. La Haute-Garonne fait encore figure d’exception
puisque le nombre de jeunes a augmenté de 1 %.
L’évolution démographique : entre déclin et attractivité
Selon l’INSEE, Midi-pyrénées comptera environ 3 millions d’habitants en 2030, pour
2,6 millions à l’heure actuelle. Cette progression résulterait de flux migratoires excédentaires
importants, car dès 2005, Midi-Pyrénées devrait être confrontée à un déficit naturel qui irait
en s’amplifiant avec le temps. La région continuera à vieillir, certes moins vite que d’autres
régions du fait de l’apport migratoire. Dès 2030, près de 34 % de la population devrait avoir
plus de 60 ans, à peine 20 % moins de 20 ans, alors que les proportions actuelles sont
respectivement de 24 % et 23 %.
A l’horizon 2030, l’Aveyron, le Gers et les Hautes-Pyrénées connaîtraient un déclin
démographique. Le Lot, l’Ariège et le Tarn pourraient voir leur population augmenter en
début de période pour décliner ensuite. Enfin le Tarn-et-Garonne pourrait poursuivre sa
croissance en raison de son attractivité. La Haute-Garonne fait encore figure d’exception : sa
population devrait continuer à croître fortement au cours des trente prochaines années, sous
l’effet conjugué d’un solde naturel positif et surtout d’un solde migratoire largement
excédentaire.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
77
II - 2 - LE CONTEXTE FAMILIAL
Ce tableau général (INSEE11,) donne l’image de la répartition des familles en fonction du
nombre d’enfants dans la population de Midi-Pyrénées au recensement de 1999. Près de
49 % de ces familles ont un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans.
Familles selon le nombre d’enfants de moins de 25 ans en 1999
Ensemble
des familles*
Familles
monoparentales
Familles comprenant
un couple
Nombre
%
Nombre
%
Nombre
%
Ensemble des familles
717 639
100,0
84 738
100,0
632 901
100,0
Familles sans enfants
(de moins de 25 ans)
367 856
51,3
24 592
29,0
343 264
54,2
349 783
48,7
60 146
71,0
289 637
45,8
159 059
137 911
52 813
22,2
19,2
7,3
36 579
17 382
6 185
43,2
20,5
7,3
122 480
120 529
46 628
19,4
19,0
7,4
Familles avec enfant (s)
(de moins de 25 ans)
dont
1 enfant
2 enfants
3 enfants ou plus
* Cet ensemble comprend les familles principales et les familles secondaires.
Source INSEE recensement de la population de 1999
Le nombre de familles monoparentales (84 700 sur les 717 600 familles recensées en 1999,
soit un peu plus de 8 % de l’ensemble des familles) a fortement progressé entre les deux
recensements (+ 23 %) prolongeant l’évolution déjà très forte de la période antérieure, comme
au niveau national.
En 1999. près d’un jeune de 17-24 ans sur cinq vit dans une famille monoparentale en
Midi-Pyrénées, soit 19 % contre 15 % en 1990, et près de 16 % des 7 à 16 ans sont élevés
par un parent unique contre 11 % en 1990. Ce sont au total 92 000 enfants de moins de 25
ans qui vivent dans une famille monoparentale, et ce nombre a augmenté de 28 % depuis
1990. Dans 71 % des familles monoparentales, le parent unique a la charge d’enfants de
moins de 25 ans. 6 200 de ces familles ont 3 enfants ou plus, et dans 88 % de ces familles
nombreuses, le parent unique est une femme. Ainsi 51 400 femmes seules élèvent 78 900
enfants.
67 % des femmes et 79 % des hommes s’occupant seuls des enfants ont un emploi. Ces
proportions sont plus fortes lorsque le parent élève seul 2 enfants, mais chutent très fortement
lorsque la mère est seule à élever 3 enfants ou plus : elle n’occupe un emploi que dans à peine
un cas sur deux.
11
INSEE - document 6 pages N° 52 de novembre 2001
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
78
La cohabitation des jeunes avec les parents se poursuit parfois tardivement. 39 900 jeunes de
24 à 29 ans, soit 23 % du nombre de personnes de cet âge vivent encore dans une famille et
parmi eux plus d’un sur cinq vit avec un parent unique.
La part de ces familles monoparentales dans l’ensemble des familles varie de 9 % en Aveyron
à 13 % en Haute-Garonne et dans les Hautes-Pyrénées. Elles se trouvent prédominantes en
milieu urbain ; 14 % à Foix et à Castres, 18 ou 19 % à Toulouse et Tarbes, 16 à 17 % à
Pamiers, Cahors, Lourdes, Montauban et Auch.
II - 3 – QUE FONT-ILS ? LA SITUATION DES JEUNES DE MIDIPYRENEES
une jeunesse très « scolarisée »
Les jeunes de 16 à 24 ans (pour tenir compte de l’âge de l’obligation scolaire) en MidiPyrénées sont, d’une manière générale, plus scolarisés qu’en France. En effet, si le taux de
scolarisation des jeunes Français de 16 à 18 ans a rattrapé celui des Midi-pyrénéens à hauteur
de 96,4 % en 1999, il reste nettement inférieur en ce qui concerne les 19-24 ans (56,3 %
contre 60,8 % en Midi-Pyrénées).
Taux de scolarisation des 16-24 ans en 1990 et 1999 par tranche d’âge
En France
89,9
En Midi-Pyrénées
96,4
91,4
100
96,4
100
90
90
80
56,3
70
60
38,7
50
60,8
80
70
43,4
60
50
40
40
30
30
20
20
10
10
0
0
16 à 18 ans
19 à 24 ans
1990
16 à 18 ans
19 à 24 ans
1990
1999
1999
Source INSEE recensements – exploitation CESR
La proportion des jeunes scolarisés a fortement augmenté au cours de la décennie considérée
(1990-1999), en particulier chez les 19-24 ans, du fait de l’allongement généralisé de la durée
des études, et des migrations importantes de bacheliers en provenance d’autres régions pour
leur poursuite d’études dans les universités toulousaines. Cette progression a été quasiéquivalente au niveau national comme au niveau régional. Tous ces éléments conjugués ont
contribué à faire monter les taux de scolarisation des 19-24 ans au premier rang national
(avec l’Île-de-France).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
79
des déséquilibres départementaux en fonction de l’âge
Taux de scolarisation des 16-18 ans et des 19-24 ans, par année et par département :
Ariège
Aveyron
Haute-Garonne
Gers
Lot
HautesPyrénées
Tarn
Tarn-etGaronne
Années
1999
1990
1999
1990
1999
1990
1999
1990
1999
1990
1999
1990
1999
1990
1999
1990
16 à 18 ans 19 à 24 ans
95,7
43,7
91,8
32,8
96,9
47
93,8
36,4
96,9
71,9
91,7
54,7
95
44,5
87,3
30,7
95,6
43,7
92,5
34,1
96,5
53
92,2
35,7
96,3
50,3
91,1
31,6
95,2
42,7
89,1
29,7
Source INSEE – recensement de 1999
Chez les 16-18 ans, les taux de scolarisation n’accusent pas de différences notables entre les
différents départements : ils se situent autour de 96 %. Par contre, concernant les 19-24 ans,
un écart important est observable, entre la Haute-Garonne avec 70 % de jeunes
scolarisés et les autres départements dont le taux varie autour de 40 à 50 %, toujours en
raison des poursuites d’études supérieures.
La scolarisation des 19-24 ans est moindre dans tous les autres départements de MidiPyrénées, que la moyenne nationale. De plus, des différences non négligeables existent entre
ces départements. Par exemple, 43 % des 19-24 ans de l’Ariège sont scolarisés contre 53 %
dans les Hautes-Pyrénées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
80
Un taux de scolarisation plus élevé pour les filles
En Midi-Pyrénées, les filles sont plus scolarisées que les garçons, chez les 16-18 ans,
comme chez les 19-24 ans. L’écart (2 et 4 points) ne diffère pas de celui observé en France, et
se retrouve globalement dans tous les départements.
Source INSEE – recensement de 1999
Une entrée de plus en plus tardive dans la vie active
Le taux d’activité passe de 0 % à 15 ans à plus de 80 % à 25 ans, mais, à chaque âge, le
taux d’activité des hommes est supérieur à celui des femmes. C’est dans cette tranche
d’âge des 15-25 ans que le taux d’activité recule de 1990 à 1999 (RGP) pour les deux
sexes (c’est seulement à partir de 27 ans que le taux d’activité des femmes progresse durant
cette période), marquant la prolongation de la scolarité et le recul de l’âge d’entrée dans la vie
active.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
81
A - Les jeunes en formation
Pour connaître cette population en région, le « Projet d’Académie 2004-2005 », incluant
l’Atlas académique, publié en septembre 2004 par le Rectorat de l’Académie de Toulouse a
servi de référence. Il donne un panorama complet des populations scolarisées de la petite
enfance à l’âge adulte.
Les effectifs d’élèves, d’étudiants et d’apprentis pour l’année scolaire
2003-2004
Tous Ministères
Public
Privé
Préélémentaire
90 676
11 860 102 536
Élémentaire
132 214 20 291 152 505
Spécial
1 400
61
Total
1 461
er
Total 1 Degré
224 290 32 212 256 502
Collèges
101 773 22 233 124 006
L.P. (1) (Education Nationale + Agriculture)
Lycées (1) (Education Nationale + Agriculture)
25 564 9 218 34 782
49 114 11 069 60 183
SEGPA + EREA
3 682
nd
Total 2 Degré
38
3 720
180 133 42 558 222 691
Formations Complémentaires POST-BAC (E.N. + Agriculture)
343
185
528
STS (Education Nationale + Agriculture)
7 460
2 269
9 729
CPGE (Education Nationale + Agriculture)
2 546
558
3 104
0
1 024
1 024
IUT (hors CFA)
6 023
0
6 023
Universités (hors IUT)
68 034
0
68 034
IUFM
4 078
0
4 078
École d’ingénieurs
7 228
1 420
8 648
Autres établissements d’enseignement supérieur
2 099
6 130
8 229
Total supérieur
97 811
11 586 109 397
Écoles supérieures paramédicales (Ministère de la Santé) (2)
2 733
684
3 417
Écoles supérieures de Formation aux Professions Sociales (2)
233
844
1 077
STS-CPGE + Formations Complémentaires (privé hors contrat)
CFA (3)
1 964
Total général
(1) hors post-bac – (2) répartition public privé estimée – (3) CFA y compris agriculture et scolaires
13 271 15 235
507 164 101 155 608 319
Par rapport à 2002, cet effectif d’ensemble est en hausse de 4 660 jeunes (+ 0,8 %) et
l’évolution concerne tous les niveaux. Cependant la population de « 3 à 10 ans » contribue à
hauteur de 65 % à cette croissance. Le supérieur croît de 0,9 %, l’accroissement des
étudiants depuis 1990 atteint + 20 %.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
82
Plus que les chiffres, c’est l’évolution par niveau et orientation depuis 1990 (base 100) qui
donne une image de la répartition des jeunes dans les différents cycles de formation12 :
Les lycéens
En Midi-Pyrénées, 111 lycées ont accueilli 69 200 élèves (81 % dans le public) et 105 lycées
professionnels comptaient 23 000 élèves dans le public et 5 900 dans le privé. Pour sa part, le
Ministère de l’Agriculture comptabilisait 10 266 élèves dans les 42 établissements publics
(17) et privés (25).
L’orientation des jeunes : le choix des études générales et la baisse des
orientations vers les études scientifiques et technologiques
L’Académie de Toulouse a réalisé un suivi de l’orientation sur les trois dernières années. Les
tableaux de bord, qui ne sont pas sexués, font apparaître des taux d’orientation comparés en
2000 et 2002 marquant un fléchissement d’orientation en seconde générale, un gain de 1 point
pour l’enseignement professionnel BEP-CAP, un léger recul du taux de redoublement (plus
marqué en 2003). Les baisses enregistrées aussi bien pour l’orientation des secondes en classe
de 1ère S que pour l’orientation des terminales vers des études scientifiques sont inquiétantes
pour les poursuites d’études dans l’enseignement supérieur et pour la recherche.
En 2002, moins de 33 % des bacheliers (filières générales et technologiques) ont choisi la
poursuite d’études en mathématiques, informatique, physique et chimie contre 44 % en
1994.
2000
2002
Orientation fin de 3ème générale :
- seconde générale
64,1 %
63,4 %
- BEP-CAP
29,7
30,7 %
- redoublement
6,2 %
5,9 %
ère
Orientation de 2de en 1 S
30,6 %
29,5 %
Orientation des terminales vers des études
35,4 %
32,4 %
scientifiques
12
Extrait de l’Atlas académique – Projet d’Académie 2004-2005
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
83
Les apprentis
Un système de formation en progression en Midi-Pyrénées
Selon les études du CEREQ réalisées pour l’évaluation des politiques de formation
professionnelle, le taux d’accès à l’apprentissage en Midi-Pyrénées des jeunes de moins
de 25 ans a fortement progressé de 1993 à 1999 passant de 1,7 % à 3,1 %. Le niveau V
domine ces formations : 31 % des jeunes y préparent un CAP-BEP et 6 % un diplôme de
niveau IV.
Les données récentes de l’Atlas 2003-2004 de l’Académie de Toulouse indiquent qu’au
premier janvier 2004, les effectifs d’apprentis sont estimés à 15 235 dont 13 480 en CFA
(555 en CPA et CLIPA), 450 dans le système éducatif et 1 305 sous tutelle du Ministère de
l’Agriculture. 87 % des apprentis sont formés dans des CFA dépendant des associations
patronales et des chambres de métiers. Les diplômes les plus préparés par l’apprentissage sont
dans l’ordre : le CAP, le Brevet professionnel, le BEP, le Bac professionnel et le BTS. Sur la
période 1992-2000, l’effectif du niveau IV a été multiplié par quatre, celui des niveaux I à III
par dix et celui du niveau V par 1,4.
Cependant, pour une étude plus fine, la seule référence sur laquelle s’appuyer est le
TEMP 2004 de l’INSEE (Tableaux économiques de Midi-Pyrénées) qui présente les résultats
pour l’année 2001-2002 :
Midi-Pyrénées comptait 14 465 apprentis répartis dans 65 établissements, ce qui
représente 4 % des apprentis français. Plus de 48 % d’entre eux suivent leur formation dans
les 31 établissements que compte la Haute-Garonne.
Ariège
Aveyron
Haute-Garonne
Gers
Lot
Hautes-Pyrénées
Tarn
Tarn-et-Garonne
Midi-Pyrénées
Nombres d'établissements
5
4
31
4
5
2
10
4
65
Nombre d'apprentis
595
1 375
7 065
940
787
797
1 817
1 089
14 465
Source : INSEE - TEMP 2004 – année de référence 2001-2002
La répartition des filles et des garçons dans les différentes spécialités de formation montre de
fortes disparités qui suivent la coupure entre métiers de l’industrie et métiers du tertiaire. Les
filles se concentrent dans le soin aux personnes, la santé et le secrétariat. Le bâtiment,
l’électrotechnique, la mécanique n’accueillent quasi exclusivement que des garçons (source :
Rectorat de l’Académie de Toulouse, 2000).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
84
Apprentis par niveau, diplôme préparé, et ministères de tutelle en Midi-Pyrénées, année
2001-2002 (hors niveau VI)
Diplômes de
Diplômes de
Autres*
l’Agriculture l’Education nationale
Niveau I et II
35
239
74
Ingénieur
0
214
72
Titres et autres diplômes
35
25
2
Niveau III
305
817
14
BTS
305
689
0
DUT
0
107
0
Titres et autres diplômes
0
21
14
Niveau IV
535
2 241
0
BAC Pro
149
824
0
BP
341
1 257
0
BTS
45
15
0
Titre et autres diplômes
0
145
0
Niveau V
480
9 725
0
BEP
63
1 083
0
CAP
413
8 303
0
Mention complémentaires
0
335
0
Titres et autres diplômes
4
4
0
Tous niveaux
1 355
13 022
88
Tous niveaux France
28 611
333 689
670
* (hors tutelle Agriculture et Éducation Nationale)
Ensemble
348
286
62
1 136
994
107
35
2 776
973
1 598
60
145
10 205
1 146
8 716
335
8
14 465
362 970
Source INSEE, tableaux économiques 2004
Les apprenties : moins nombreuses et plus diplômées
La part des filles représente près de 30 % des apprentis. Elles s’orientent plus fréquemment
que les garçons vers les niveaux supérieurs. Parmi les filles qui préparent un diplôme par le
biais de l’apprentissage, 42 % préparent un diplôme de niveau supérieur au niveau V (de IV à
I) contre seulement 24 % pour les garçons.
Effectifs des apprentis par sexe et par niveau, pour l’année 2001-2002 (hors niveau VI)
Niveau I et II
Niveau III
Niveau IV
Niveau V
Tous niveaux
Hommes
247
642
1 551
7 713
10 153
Femmes
101
494
1 225
2 492
4 312
Ensemble
348
1 136
2 776
10 205
14 465
Source INSEE - TEMP 2004
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
85
Les étudiants
les effectifs
Les études réalisées par les services du Rectorat (Mission Stat’Études de juin 2004 et Atlas
2004-2005) présentent ainsi le panorama de l’enseignement supérieur pour l’année 20032004 :
114 000 étudiants
dont 62 % sont en universités,
13 % en STS, CPGE et formations
complémentaires de niveau 4 et 3,
6 % en IUT,
87 % étudient dans
l’agglomération toulousaine.
Les données du recensement de 1999 ont permis à l’INSEE de réaliser un numéro du 6
Pages13 consacré à l’attractivité de Midi-Pyrénées pour les étudiants. Avec 4 % d’étudiants
(par rapport à la population régionale), Midi-Pyrénées se situe au premier rang des
régions de province, et au second rang, après l’Île-de-France, au plan national (3,5 % en
moyenne nationale). Elle se situe au 5ème rang en termes d’effectifs étudiants, loin derrière
l’Île-de-France où sont inscrits un quart des étudiants de France.
13
6 Pages N° 61 d’avril 2003
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
86
Plus que le nombre, ce qui caractérise la Région, c’est la concentration de cette
population estudiantine sur l’agglomération toulousaine. La Haute-Garonne est le seul
département qui accueille un nombre d’étudiant supérieur au nombre d’étudiants qui y
vivent : 118 inscrits pour 100 y vivant.
L’attractivité de l’enseignement supérieur de Midi-Pyrénées
La deuxième caractéristique est l’attraction qu’exerce l’enseignement supérieur de
Midi-Pyrénées. En 1999, 40 % des étudiants inscrits n’habitaient pas dans la région en
1990. Toutes les régions de France perdent des étudiants au profit de Midi-pyrénées.
L’Aquitaine et le Languedoc-Roussillon sont celles qui contribuent le plus à cet apport. De
plus, Midi-Pyrénées est la seule qui, en dix ans, ne « perd » pas d’étudiants au profit de l’Ilede-France. Et cette attractivité s’est poursuivie ces dernières années. Elle s’exerce aussi bien
en infra régional que sur les autres régions et à l’international.
-
En infrarégional
Forte attraction de l’aire urbaine de Toulouse
Étudiants résidant en Midi-Pyrénées
Aires urbaines
Toulouse
Saint-Gaudens
Saint-Girons
Pamiers
Montauban
Hors aire urbaine
Foix
Villefranche-de-Rouergue
Mazamet
Cahors
Castres
Auch
Decazeville
Albi
Rodez
Lourdes
Millau
Figeac
Tarbes
Ensemble
Nombre
76 876
292
142
326
1 192
8 254
303
149
222
515
1 080
880
260
3 062
1 845
228
336
331
3 652
Dont scolarisés à Toulouse (%)
95,8
58,1
54,9
46,3
40,3
39,4
37,6
37,6
33,9
27,0
26,2
20,2
16,5
14,1
12,3
12,3
11,3
9,7
8,1
99 945
79,7
Source : INSEE, recensement de la population 1999
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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87
-
comme au niveau national
Cette attractivité repose sur des raisons liées à l’enseignement et aux études (avec une
palette complète de formation et la présence de nombreux cursus professionnalisés),
mais aussi pour des motifs plus globaux où la région Midi-Pyrénées est première au
palmarès de l’attractivité avant l’Île-de-France.
Source : INSEE – 6 pages N° 61 – Avril 2003
Toujours d’après l’INSEE, et les résultats du recensement de 1999, les étudiants en MidiPyrénées sont nettement plus diplômés que ceux des autres régions. Près d’un tiers détient
un diplôme de 2e ou 3e cycle universitaire ou un diplôme d’ingénieur d’une grande école
(27 % pour la France métropolitaine). Plus de la moitié est déjà détentrice d’un diplôme de
l’enseignement supérieur (47 % au niveau national). De ce fait, la moyenne d’âge est un peu
plus élevée, la part des 25-29 ans est de 19 % (18 % en Languedoc-Roussillon et 17 % en
Aquitaine).
Cette population étudiante est plutôt féminisée (56 %) et les étudiantes sont plus
diplômées que les étudiants. En 1999, plus de 33 % d’entre elles détenaient déjà un diplôme
de 2ème ou 3ème cycle universitaire, ou un diplôme d’ingénieur, contre 28 % des garçons. Au
plan national, l’écart est bien moindre (28 % contre 26 %).
-
ainsi qu’à l’international
Environ 5 400 étudiants étrangers14, dont moins de 1 500 ressortissants de l’Union
Européenne, sont inscrits en Midi-Pyrénées. Ils représentent plus de 5 % des étudiants de la
région, une proportion sensiblement égale à celle des autres régions et supérieure à celle des
étrangers dans la population de la région (3,9 %). Elle est cependant moins attractive que
l’Île-de-France (10 %), l’Alsace (8 %) ou le Languedoc-Roussillon (7 %). La Région n’attire
pas plus d’étudiants européens que les régions voisines malgré la proximité de l’Espagne.
14
Source : 6 PAGES INSEE Midi-Pyrénées N° 61 avril 2003 « Midi-Pyrénées : une région attractive pour les
étudiants
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
88
La proportion d’étudiants étrangers15 varie également en fonction du cycle d’études. Dans
l’Académie de Toulouse, la part diminue avec le cycle d’études, ils sont plus nombreux dans
les premiers cycles que dans les troisièmes cycles (- 1 point de 4,7 % à 3,7 %). Par contre,
Toulouse accueille peu d’étudiants étrangers non bacheliers
La répartition par cursus et filières
Cette répartition n’est pas égale selon les filières et évolue dans le temps. Ainsi, les
universités continuent à voir leurs effectifs augmenter alors que les IUT sont sur une
tendance à la baisse depuis 2001, comme les STS dans une mesure moindre. Les classes
préparatoires fluctuent dans des proportions importantes selon les années.
Évolution (base 100 en 1990) des effectifs de l’enseignement supérieur
(Extrait de l’Atlas du Projet d’Académie 2004-2005 de l’Académie de Toulouse)
15
Source : Note d’Information du Ministère de l’Éducation Nationale, de l’enseignement supérieur et de la
recherche N° 4 - 23 septembre 2004
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
89
L’évolution de l’entrée de nouveaux bacheliers, depuis 1994, indique des différences dans les
structures disciplinaires. Depuis 2001, les inscriptions en médecine ont augmenté de 72%.
-
Effectifs de bacheliers en 1997, 1999,2001 et 2003 : les disciplines choisies
à l’entrée de l’université
Source : opération SISE
(Extrait de l’Atlas du Projet d’Académie 2004-2005 de l’Académie de Toulouse)
De plus, près de 6 % des étudiants de la région fréquentent les écoles d’ingénieurs hors
université, toutes disciplines confondues, contre 3 % au niveau national.
-
La présence des filles dans les filières
Répartition des effectifs étudiants par sexe et filière16
16
Publication 6 pages INSEE – N° 61 – avril 2003
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
90
À la rentrée 2000, les étudiantes sont plus nombreuses que les étudiants dans les universités
de Midi-Pyrénées. La proportion des femmes s’accroît dans toutes les disciplines avec une
large majorité en droit et pharmacie. Elles représentent 71 % des effectifs en lettres et en
sciences humaines. Elles restent en revanche minoritaires en sciences (source : Rectorat de
l’Académie de Toulouse).
B - des jeunes qui réussissent, mais aussi des jeunes en difficulté
De forts taux de réussite aux examens
Les taux de réussite aux examens en 2002 pour les BEP et CAP et en 2003 pour les
autres publiés par l’Académie de Toulouse indiquent des résultats supérieurs à la
moyenne nationale pour tous les niveaux :
Pourcentage d'admis par diplôme et type de BAC
Brevet des collèges 2003
BEP (session 2002)
CAP (session 2002)
Baccalauréats 2003
- général
- technologique
- professionnel
Brevet de Technicien Supérieur
Evaluation français et
mathématiques à l’entrée en 6ème
Académie de Toulouse
83,2 %
76,5 %
76,5 %
National
78,3 %
72,8 %
74,1 %
86,7 %
82,1 %
81,5 %
67,3 %
83,6 %
76,6 %
75,9 %
NC
Indice :101,7
Indice :100
(année 2002 moyenne 100)
Source : rapport d’activité 2003 des services de l’État – Académie de Toulouse
Selon les études du CEREQ déjà citées, la part des inscrits dans l’enseignement supérieur
est largement au-dessus de la moyenne nationale (19,2 % contre 15,3 %). Les étudiants
de Midi-Pyrénées sont nettement plus diplômés que ceux des autres régions. 44 % des
sortants du système de formation sont dotés d’un diplôme du supérieur, une proportion
très forte qui place Midi-Pyrénées au second rang derrière l’Ile-de-France dans ce domaine.
Près d’un tiers détient un diplôme de deuxième ou troisième cycle universitaire, ou un
diplôme d’ingénieur d’une grande école, contre 27 % au niveau national.
Ces bons résultats ne doivent pas masquer que, malgré tout, subsistent des inégalités. Ainsi,
au niveau national, 32 % des élèves entrant en 6ème sont d’origine ouvrière, ils ne sont plus
que 6 % en classes préparatoires17. Dans l’Académie de Toulouse, à la rentrée 2003,
22, 8 % des élèves de la classe de 6ème des collèges publics ont des parents ouvriers et 20,4 %
des parents cadres supérieurs. En première année de CPGE des établissements publics de
l’Académie, 5 % sont d’origine ouvrière pour 57,6 % d’origine cadres supérieurs.
17
source : Ministère de l’Éducation Nationale
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
91
des jeunes en difficulté
Midi-Pyrénées présente des taux importants de scolarisation, un niveau de formation des
sortants du système de formation parmi les plus élevés de France et un taux de sortie sans
qualification très inférieur à la moyenne nationale d’après les études du CEREQ18 : 4,5
% des jeunes en Midi-pyrénées contre 7,5 % au niveau national. Cependant, les jeunes
qui se trouvent ainsi hors du système de formation, à quelque niveau que ce soit, se heurtent à
des difficultés plus grandes encore. Le bilan d’activité des Missions Locales en témoigne et
les jeunes de certaines zones géographiques cumulent les difficultés. Et ils ne sont pas les
seuls, la paupérisation gagne le milieu étudiant. Les ruptures familiales sont aussi en
augmentation.
•
Le bilan des Missions locales en 2002
En Midi-Pyrénées, le bilan d’activité 2002 des 11 Missions Locales, avec 200 lieux
d’accueil, comptabilise 30 000 jeunes accompagnés dont 54 % sont des femmes et
46 % des hommes. Au premier accueil, 17 % ont 16 à 17 ans, 56 % de 18 à 21 ans et 27 % de
22 à 27 ans.
71 % ont un niveau CAP-BEP, ou 3ème de collège et infra. Parmi eux, 2 200 jeunes accueillis
pour la première fois sont sortis sans qualification du dispositif de formation initiale depuis
moins d’un an. 29 % ont le niveau bac et plus.
Les Missions Locales de Midi-Pyrénées ont réalisé 73 000 entretiens pour 133 000 contacts.
Elles ont permis à 12 000 jeunes de trouver un contrat de travail (emploi CDI, CDD, intérim,
alternance ou contrats aidés). 5 000 entrées en formation ont été financées par le Conseil
Régional. Enfin 2 900 jeunes sont suivis dans le cadre de la co-traitance avec l’ANPE pour le
PAP-ND.
•
Des zones défavorisées
Comme le mentionne le 6 pages INSEE N° 59 de janvier 2003, il est important de noter que,
dans les 14 Zones Urbaines Sensibles que compte Midi-Pyrénées (ZUS), réparties sur 7 unités
urbaines de Toulouse, Tarbes, Albi, Castres, Mazamet, Carmaux et Villefranche-deRouergue, le niveau de formation des 15-24 ans qui ont arrêté leurs études est
particulièrement faible. 34 % des jeunes de ces ZUS n’ont aucun diplôme (chiffres au
recensement de 1999), contre 17 % des jeunes vivant dans les unités urbaines ayant une
ZUS. Ils ne sont que 22 % à avoir le baccalauréat (contre 44 %) et les écarts se sont
creusés entre 1990 et 1999 : en ZUS la proportion de bacheliers a augmenté de 10 points
alors que l’augmentation est de 20 points dans les unités urbaines qui les entourent.
•
La paupérisation des jeunes et les ruptures familiales
D’après les statistiques de la DRASS19, 4 458 jeunes de 18 à 25 ans ont bénéficié d’une
prestation du Fonds d’Aide aux Jeunes (FAJ), soit 17,4 jeunes pour 1 000 de cette classe
d’âge. Midi-Pyrénées se situe 2 points au-dessus de la moyenne nationale (15,5). En HauteGaronne, la Commission d’attribution des aides FAJ a enregistré une augmentation de 30 %
en 2004, selon la Mission Locale de la Haute-Garonne.
18
19
Évaluation des politiques régionales de formation professionnelle
STATISS 2004 – Les Régions françaises
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
92
Cette paupérisation gagne aussi le milieu étudiant. Le régime d’allocations d’études destiné à
aider les étudiants en difficulté familiale, mis en place par Claude ALLEGRE, permet de
mesurer l’augmentation des ruptures familiales, qui ont des causes multiples.
Actuellement, selon les responsables du CROUS, 35 à 40 % des étudiants travaillent
pour pouvoir poursuivre leurs études. En fait, au-delà des traditionnels « petits boulots »,
telle la garde d’enfants, ce terme recouvre de plus en plus des réalités de salariat : emplois à
temps complet ou partiel, intérim, contrats étudiants… De plus en plus d’étudiants sont en
situation de réorientations, des jeunes titulaires d’un diplôme professionnel finalisé (BTS,
IUT, IUP) poursuivent à l’université, et les cursus s’allongent, en fonction de l’état du marché
de l’emploi.
Le CROUS a attribué, en 2003, 28 450 bourses sur critères sociaux (aides financières versées
sur critères de revenus à partir d’un barème national et des points de charge, ce barème n’a
pas été révisé depuis deux ans), de l’ordre de 3 501 euros pour 9 mois à 4 050 euros pour les
bourses d’agrégation. Il accorde également des bourses contingentées sur critères
universitaires (582 en 2003).
C – l’entrée dans la vie active et l’emploi : une situation qui se dégrade
La première source de renseignements permettant des éléments de comparaison reste le
recensement de 1999. Les responsables régionaux de la DRTEFP et de l’ANPE, entendus
dans le cadre de cet avis, ont fait réaliser des études spécifiques pour caractériser le marché de
l’emploi et la demande d’emploi, qu’ils ont présentées lors de leurs interventions et qui sont
reprises en grande partie dans ce texte.
Début 2003 (date des dernières enquêtes IVA et IPA du Ministère de l’Éducation
Nationale)20, les lycéens et les apprentis, ayant terminé leur formation initiale 7 mois
auparavant, subissent de façon marquée la poursuite de la dégradation de la
conjoncture économique. En un an, le taux d’emploi recule pour les lycéens de 70 % à
58 % (56 % pour les filles et 60 % pour les garçons) et pour les apprentis de 75,2 à 69,2 %. La
Région étant très proche de la moyenne nationale, ces chiffres sont représentatifs. Ce taux
d’emploi varie pour les sortants de lycée de 23 % pour les non diplômés à 74 % pour les BTS,
et pour les apprentis de 40 % pour les non diplômés à 87 % pour les BP.
Une insertion difficile pour les jeunes en Midi-pyrénées
Bien que le niveau de sortie du système scolaire soit très élevé en Midi-Pyrénées, l’accès
au marché du travail est un peu plus difficile pour les jeunes formés dans la région que
dans les autres, et ce quel que soit le niveau de sortie (secondaire ou supérieur). Les
études du CEREQ réalisées dans le cadre de « l’évaluation des politiques régionales de
formation » ont servi de base pour ces premiers éléments. Elles soulignent des phénomènes de
concurrence, liés au caractère très attractif de la région, qui rend le marché local du travail
plus difficile pour les jeunes débutants. D’autant qu’à l’inverse, les migrations vers d’autres
régions durant les trois premières années de vie active restent modérées.
20
Note d’information N° 04-21 du 21 Août 2004 – « forte baisse de l’emploi des sortants de lycées et
d’apprentissage
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
93
Midi-Pyrénées
Métropole
En pourcentage En pourcentage
Part des jeunes accédant rapidement* et durablement à l'emploi
niveau secondaire
53,3
56
diplômés du supérieur
72
74,2
Taux de chômage après 3 ans de vie active
niveau secondaire
13,9
13,3
diplômés du supérieur
6,1
4,7
Source : CEREQ « Politiques régionales de formation professionnelle 1993-2002 »
La part des jeunes accédant rapidement et durablement à un emploi est inférieure à la
moyenne nationale. Le taux de chômage après trois ans de vie active est supérieur en MidiPyrénées. Ce sont les jeunes sortis de l’enseignement supérieur qui sont particulièrement
touchés, leur taux de chômage atteint 6,1 %, soit le 5ème rang le plus élevé des régions de
France. Midi-Pyrénées est également mal classée pour la durée moyenne d’accès au
premier emploi. En effet, elle se situe au 3ème rang le plus élevé tant pour les sortants du
supérieur que du secondaire. Tout récemment, l’APEC Midi-Pyrénées soulignait que 50 %
des Bac + 4 sont toujours au chômage un an après leur sortie de formation.
Selon la même étude du CEREQ, les jeunes sortant de l’apprentissage connaissent également
une situation difficile d’insertion dans l’emploi : 19 % d’entre eux sont au chômage un an
après la fin de leur cursus (5ème taux le plus élevé), contre 15 % au niveau national ; et 5,7 %
d’entre eux sont en situation d’inactivité (2ème taux le plus élevé), contre 3,1 % au niveau
national.
Les jeunes femmes sont plus touchées par des problèmes d’insertion, ou de chômage
alors qu’elles sont pourtant d’un niveau d’études supérieur à celui des hommes qui sont aussi
au chômage21. Si le taux de chômage après trois ans de vie active pour celles sorties de
l’enseignement supérieur est identique à celui des hommes (6 %), il est nettement différent
pour celles sorties du secondaire : 18,4 % contre 10,4 % chez les hommes. Elles mettent en
moyenne 3 mois de plus pour trouver leur premier emploi.
Tous les jeunes ne sont pas confrontés au chômage de la même manière. En référence au
Six pages INSEE N° 59 de janvier 2003 déjà cité, il est important de noter que, selon les
résultats du recensement, dans les Zones Urbaines Sensibles (ZUS) de Midi-Pyrénées, la
part des chômeurs de moins de 25 ans parmi les jeunes actifs s’est fortement accrue,
passant de 32 % en 1990 à 50 % en 1999. La progression est nettement plus marquée que
dans les unités urbaines qui les entourent (22 à 28 %). Au total, en 1999 dans les ZUS, 16 %
des 15-24 ans sont chômeurs (13 % en 1990) alors que la proportion est restée stable (7 %)
dans les unités urbaines ayant une ZUS.
21
INSSE – dossier « Femmes en Midi-Pyrénées 2002 »
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
94
Le chômage des jeunes
La part des moins de 25 ans dans les demandeurs d’emploi varie traditionnellement durant
l’année dans de très fortes proportions (en 2003, le nombre a varié de 16 433 en Mai à
24 446 en octobre). Elle donne une indication significative sur la sélectivité du marché du
travail à l’égard des jeunes. Ainsi les moins de 25 ans actifs représentent 7,6 % de
l’ensemble des actifs22 alors qu’ils représentent selon les mois entre 16 et 20 % des
demandeurs d’emploi.
Fin 2003, en Midi-Pyrénées, la part de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans était de
20,2 %, inférieur au taux national (21,3 %), mais ce taux cachait de fortes variations selon les
bassins d’emploi : trois d’entre eux avaient un taux supérieur à la moyenne nationale (Rodez,
Albi, Millau). La progression de cette part au niveau régional (0,3 points) est inférieure à la
moyenne nationale (0,6 points), mais trois départements progressent nettement : l’Ariège,
l’Aveyron et le Gers (+ 0,7 points).
L’année 2004, par rapport à 2003, semble marquée une dégradation de l’emploi des
jeunes. En effet, on constate une nette croissance du nombre de demandeurs d’emploi de
moins de 25 ans sur le second trimestre 2004 par rapport à la même période 2003. Ainsi, au
mois de juin 2004, l’augmentation est de + 4,6 % par rapport à juin 2003, légèrement plus que
l’ensemble des demandeurs d’emploi, + 4%.
•
Les données de l’ANPE
Comme le fait remarquer le Directeur régional de l’ANPE dans son rapport réalisé pour
l’audience accordée au CESR fin mars 2004, le taux de chômage des jeunes calculé selon les
critères du BIT était de 22,2 % en 1999 pour les moins de 25 ans contre 9,6 % pour les 25-49
ans. En fait ce taux est une notion « trompeuse » à double titre :
-
il est très sensible à l’âge en tant que tel au sein même de la population active des
jeunes : nul à 15 ans, il culmine à 29 % à l’âge de 19 ans et n’est plus que de 13 %
à 24 ans. Son amplitude est très importante au sein de la tranche d’âge.
-
il est calculé sur la base de la seule population active au sens du recensement de la
population. Or, celle-ci ne représente que 30 % des 15-24 ans. En réalité, les
chômeurs ne représentaient en 1999 que 7,8 % de cette tranche d’âge (7 % en
Midi-pyrénées).
Ces données statistiques ne sont disponibles en région que lors des recensements de la
population. Pour définir de façon plus fine et plus récente cette population, les services de
l’ANPE ont eu recours aux statistiques du marché du travail (STMT). L’étude de la demande
d’emploi en fin de mois (DEFM) permet une première description des jeunes au chômage,
cette classe d’âge se caractérisant aussi bien par les mouvements d’entrée et de sortie que par
sa situation à un moment donné.
22
En 1999, en Midi-Pyrénées, le nombre d’actifs de moins de 25 ans était de 86 100, et le nombre total d’actifs
était de 1 132 800.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
95
Le choix de la période d’observation a des effets sur les constats opérés, par exemple l’afflux
de jeunes en tant que demandeurs d’emploi se situe entre septembre et décembre. La
comparaison de la situation de cette tranche d’âge des 15-25 ans avec la tranche d’âge
immédiatement supérieure permet de mettre en évidence ses spécificités. Enfin, autres
précautions d’usage, tous les jeunes ne sont pas inscrits à l’ANPE, un certain nombre lui
échappe ainsi qu’aux Missions Locales, et toute l’information donnée par les demandeurs
d’emploi repose sur du « déclaratif ». La part de marché de l’ANPE pour les offres d’emploi
est de 30 %. Il reste de nombreux emplois trouvés par le bouche-à-oreille et dans l’entourage
du jeune. Dans leur demande d’emploi, les jeunes indiquent ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils font
et non ce qu’ils comptent faire.
Les jeunes demandeurs d’emploi
À fin 2003, sur 191 392 demandeurs d’emploi toutes catégories confondues en MidiPyrénées, on comptait 32 574 jeunes demandeurs de moins de 25 ans (dont 53,6% de
femmes) et 131 239 demandeurs de 25 à 49 ans (dont 57,5 % de femmes).
Demandeurs d'emploi en fin de mois en Midi-Pyrénées par catégories (fin décembre 2003)
Moins de 25 ans
Catégorie 1 – demandeurs d’emploi restant inscrits à l’ANPE en fin de
mois, immédiatement disponibles, à la recherche d’un emploi à durée
indéterminée à temps plein
Catégorie 2– demandeurs d’emploi restant inscrits à l’ANPE en fin de
mois, immédiatement disponibles, à la recherche d’un emploi à durée
déterminée à temps partiel
Catégorie 3– demandeurs d’emploi restant inscrits à l’ANPE en fin de
mois, immédiatement disponibles, à la recherche d’un emploi à durée
déterminée, temporaire ou saisonnier
Catégorie 4 – demandeurs d’emploi restant inscrits à l’ANPE en fin de
mois, recherchant un emploi à temps plein mais non immédiatement
disponibles
Catégorie 5 – Ayant un emploi, recherchant un autre emploi à temps
plein
Catégorie 6 – demandeurs d’emploi restant inscrit à l’ANPE en fin de
mois, non immédiatement disponibles (déclarant avoir travaillé plus de
78 heures le mois précédent), à la recherche d’un emploi à durée
indéterminée à temps plein
Catégorie 7 - demandeurs d’emploi restant inscrit à l’ANPE en fin de
mois, non immédiatement disponibles (déclarant avoir travaillé plus de
78 heures le mois précédent)
Catégorie 8 - demandeurs d’emploi restant inscrit à l’ANPE en fin de
mois, non immédiatement disponibles (déclarant avoir travaillé plus de
78 heures le mois précédent)
TOTAL
25-49 ans
19 660
60%
70 889
54%
1 832
6%
17 867
14%
2 838
9%
9 882
8%
2 130
7%
5 422
4%
945
3%
5 867
4%
4 194
13%
14 155
11%
330
1%
3454
3%
645
2%
3 703
3%
32 574
100% 131 239 100%
Source ANPE – STMT- Midi-Pyrénées
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
96
Toutes catégories confondues, à fin décembre 2003, les moins de 25 ans représentent
17 % des inscrits à l’ANPE (alors qu’ils représentent 7,6 % de la population active) et
les 25-49 ans 69 %. La structure des catégories des demandes laissent apparaître deux
différences sensibles :
- les jeunes cherchent plus souvent un emploi à durée indéterminée et à temps plein,
- une part plus importante de jeunes en formation (catégorie 4)
La part des jeunes cherchant à exercer des activités réduites (catégorie 6+7+8) est proche de
celle des adultes.
Les disparités locales : une faible amplitude entre les départements
La part des jeunes de moins de 25 ans dans la DEFM de juin 2003 varie de 13,7 % en HauteGaronne à 17,9 % en Aveyron. La région Midi-Pyrénées reste une région où la part des jeunes
au chômage dans l’ensemble de la catégorie 1 est inférieure à celle du national, malgré une
hausse en fin 2003 (14,9% en juin 2003, 18,9% en décembre).
Ariège
Aveyron
Haute-Garonne
Gers
Lot
Hautes-Pyrénées
Tarn
Tarn-et-Garonne
Part des – 25 ans dans les DEFM en %
14,6
17,9
13,7
14,0
15,0
17,0
17,0
15,3
Source : ANPE Midi-pyrénées
Les niveaux de qualification et de formation des demandeurs d’emploi
L’examen des niveaux de qualification gagne à être effectué en différenciant hommes et
femmes car les qualifications sont nettement contrastées :
-
les ouvriers et les techniciens sont surtout des hommes et les employés surtout des
femmes. Ceci se vérifie pour les jeunes : alors que les jeunes hommes demandeurs
d’emploi sont plus souvent ouvriers (qualifiés ou non) que leurs aînés, les jeunes
femmes sont massivement employées (80 %) et rarement ouvrières.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
97
- par contre sur les emplois plus qualifiés, pour les jeunes, on constate une parité hommesfemmes.
17
Manœuvre
3
19
Ouvriers qualifiés
3
47
Employés
80
10
Techniciens
8
1
2
Agents de maîtrise
3
3
Cadres
2
2
Non précise
0
10
20
30
Femmes
40
50
60
70
80
Hommes
Source : ANPE-STMT- Midi-Pyrénées, exploitation CESR
1. Les métiers recherchés
Les quinze premiers métiers recherchés par les moins de 25 ans (hormis celui de cuisinier)
sont les métiers où, de façon générale, la demande d’emploi est pléthorique. Ils recherchent
surtout des postes (libellé à partir du ROME) de vendeur en équipement de la personne,
intervenant auprès d’enfants, secrétaire bureautique, agent de service de collectivité, agent de
manipulation et déplacement de charge, de stockage et de répartition des marchandises,
employé de libre service, animateur généraliste de loisirs, serveur en restauration, agent
administratif d’entreprise, cuisinier, hôte de caisse libre-service, intervenant à domicile,
éducateur-intervenant éducatif.
En comparaison, les métiers où la part des jeunes inscrits est la plus élevée sont par ordre
décroissant : vendeur d’articles de sports et de loisirs, mécanicien moto matériel d’entretien et
de loisirs, réparateur en carrosserie, agent de banque contact clientèle, installateur en systèmes
automatisés, mécanicien véhicules particuliers et industriels, coiffeur, opérateur régleur sur
machines-outils, serveur en restauration, technicien services administratifs, employé de libreservice, réalisateur d’ouvrages en bois et matériaux associés, vendeur d’équipement à la
personne, hôte de caisse libre service.
Globalement, les jeunes demandeurs d’emploi sont particulièrement présents dans les
métiers de la distribution, de la vente et de l’alimentation, la mécanique automobile et
réparation, la restauration, la coiffure et l’animation. En revanche, dans certains
métiers, la part des moins de 25 ans apparaît trop faible comme monteur en structures
métalliques, maçon, ajusteur ou soudeur.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
98
La précarité à travers les chiffres
On peut mesurer l’ampleur de la précarité de l’emploi pour les jeunes à travers plusieurs
statistiques : les jeunes en moyenne restent peu longtemps au chômage (l’ancienneté des
inscriptions est beaucoup plus faible que pour les âges supérieurs). Mais ils y rentrent plus
fréquemment. Les moins de 25 ans sont surreprésentés dans le nombre d’inscriptions au
chômage, en effet, le dernier emploi occupé par les jeunes est quatre fois sur dix un CDD
ou une mission d’intérim.
•
< 1 mois
1 mois à 3 mois
3 mois à moins de 6 mois
6 mois à moins de 1 an
1 an à moins de 2 ans
2 ans à moins de 3 ans
3 ans et plus
Total
L’ancienneté des demandes à fin décembre 2003
< 25 ans
3 883
7 758
8 537
4 456
3 821
753
291
29 499
%
13
26
29
15
13
3
1
100 %
25 – 49 ans
9 957
19 417
22 798
23 234
25 219
9 408
9 917
119 950
%
8
16
19
19
21
8
8
100 %
Source ANPE – STMT – Midi-Pyrénées
L’examen de l’ancienneté des demandes à fin décembre 2003 montre que, présents depuis
peu sur le marché du travail, les jeunes sont peu exposés au chômage de longue durée.
Cependant, cette faible ancienneté tient aussi à la précarité des emplois que les jeunes
occupent très souvent, celle-ci impliquant de fréquentes transitions entre l’emploi et le
chômage, et donc des durées d’inscription au total assez courtes. Cette situation
« intermédiaire », qualifiée aussi de « transition professionnelle » est lisible dans les flux
comptabilisés sur un an. D’après les résultats du recensement de 1999, 55 % des chômeurs de
longue durée étaient des femmes.
•
Les entrées et sorties
Alors que les jeunes ne représentent que 17 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi
fin décembre 2003, ils comptent pour 29 % des demandes enregistrées et pour 31% des
demandes sorties, ce qui témoigne de l’intensité des mouvements qu’ils connaissent sur
le marché du travail.
-
les inscriptions
41 % des jeunes s’inscrivent suite à un emploi de courte durée (CDD ou
mission d’intérim). Cette proportion est de 51 % (contre 34 % pour les
25-49 ans) si l’on exclut du calcul les premières entrées pour ne s’intéresser qu’à
ceux qui sont déjà présents sur le marché du travail : le contraste est alors très
net avec la situation des 25-49 ans dont les emplois sont souvent plus durables. Du
fait même qu’ils ont des emplois précaires, les jeunes sont moins souvent licenciés
(6% contre 18% pour les 25-49 ans).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
99
Motifs d’inscription des demandes enregistrées en 2003 – catégories 1+2+3
< 25 ans
968
3 366
4 827
22 706
6 068
14 374
2 218
16 104
70 631
Licenciement économique
Autres licenciements
Démission
Fin de contrat
Fin de mission
Première entrée
Reprise d’activité
Autres cas
Total
%
1
5
7
32
9
20
3
23
100 %
25 – 49 ans
9 193
18 923
11 550
41 569
8 931
6 431
8 430
48 541
153 568
%
6
12
8
27
6
4
5
32
100 %
Source ANPE – STMT – Midi-Pyrénées
•
les sorties
Motifs de sortie des demandes enregistrées en 2003 – catégories 1+2+3
Reprise d’emploi
Entrée en stage
Arrêt de recherche
Changement d’adresse
Absence au contrôle
Radiation
Autres cas
Total
< 25 ans
12 890
5 000
2 644
1 459
33 845
6 124
1 840
63 802
%
20
8
4
2
53
10
3
100 %
25 – 49 ans
36 928
14 347
11 979
4 721
59 709
13 455
8 489
153 568
%
25
10
8
3
40
9
6
100 %
Source ANPE – STMT – Midi-Pyrénées
Les données administratives relatives aux sorties sont difficilement interprétables en raison de
l’importance des « absences au contrôle » qui représentent plus de la moitié des demandes de
moins de 25 ans annulées en 2003. Une enquête nationale trimestrielle réalisée par l’ANPE, la
DARES et l’UNEDIC, permet d’avoir des informations complémentaires sur les emplois
retrouvés. Elle montre que les jeunes sortent plus fréquemment pour reprise d’emploi et pour
entrée en formation que leurs aînés.
L’enquête nationale sur les sorties du chômage confirme aussi la précarité des emplois
trouvés par les jeunes demandeurs d’emploi : 59 % des jeunes retrouvent des contrats à durée
déterminée. Les jeunes femmes sont davantage touchées par cette précarité. Dans la tranche
d’âge 15-29 ans, elles représentent 22,3 % des CDD et emplois aidés (14,7 % pour les
hommes) et 17,9 % des temps partiels subis (5,3 % pour les hommes) (INSEE : Enquête
Emploi 1999). Il serait utile qu’une enquête analogue soit également réalisée en région.
Le constat demeure la précarité de la situation des jeunes d’une part et la prédominance
du chômage des jeunes. Leurs demandes d’emploi portent le plus souvent sur un emploi
à temps plein, mais ils sont obligés d’accepter des CDD voire des emplois saisonniers.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
100
Les jeunes actifs ayant un emploi : Plus d’« actifs » que d’« actives » et
plus d’actifs salariés
• Les données de l’INSEE
D’après le recensement de 1999 pour une image d’ensemble, Midi-Pyrénées comptait
60 872 actifs ayant un emploi dans cette tranche d’âge de 15-24 ans, dont 41 % de femmes
(population active totale : 1 132 802 actifs).
Population active ayant un emploi par sexe, tranche d'âge et statut
Statut
Salarié
Non salarié
Total
Homme
15-19 ans
5 995
215
6 210
20-24 ans
27 834
1 889
29 723
Femme
15-19 ans
2 306
60
2 366
20-24 ans
21 908
665
22 573
Ensemble
15-19 ans
8 301
275
8 576
20-24 ans
49 742
2 554
52 296
Source INSE - recensement 1999
Plus de 95 % des jeunes ayant un emploi en Midi-Pyrénées sont salariés.
Les 15-24 ans représentent 7 % des salariés en Midi-Pyrénées contre 8% en France.
La position professionnelle des jeunes ayant un emploi
Population active ayant un emploi par sexe et position professionnelle
15-19 ans
20-24 ans
Ensemble
Position professionnelle
Hommes Femmes Hommes Femmes 15-19 ans 20-24 ans
Position professionnelle non déclarée
33,7 %
34,0 %
14,6 %
14,7 %
33,8 %
14,7 %
Manœuvres ou ouvriers spécialisés
43,2 %
13,1 %
28,4 %
7,4 %
34,9 %
19,4 %
Ouvriers qualifiés ou très qualifiés
9,2 %
3,9 %
19,3 %
4,8 %
7,8 %
13,0 %
Agents de service, aides-soignants, ou
2,9 %
8,1 %
1,1 %
7,7 %
2,7 %
15,2 %
employés maison
Employés de commerce, de bureau,
14,9 %
25,1 %
7,2 %
35,0 %
14,5 %
39,1 %
personnel catégorie C fonction publique
Agents de maîtrise, dirigeants ouvriers,
0,4 %
1,6 %
0,3 %
0,7 %
1,4 %
1,8 %
maîtrise adm., com., informatique.
Agents de maîtrise, dirigeants techniciens
0,0 %
0,2 %
0,0 %
0,0 %
0,2 %
0,1 %
ou autres agents de maîtrise
Techniciens dessinateurs, VRP
0,9 %
0,2 %
7,3 %
2,9 %
0,7 %
5,4 %
Instituteurs, infirmiers, travailleurs
0,7 %
4,3 %
0,2 %
2,0 %
1,8 %
7,6 %
sociaux, techniciens méd., B fonct. pub.
Ingénieurs cadres d’entreprise
0,2 %
0,2 %
1,5 %
1,2 %
0,2 %
1,4 %
Personnels catégorie A fonction publique
0,4 %
2,0 %
0,3 %
0,6 %
1,9 %
2,2 %
et assimilés
Indépendants
1,9 %
1,5 %
3,2 %
1,8 %
1,8 %
2,6 %
Employeurs
0,6 %
0,5 %
1,5 %
0,6 %
0,6 %
1,1 %
Aides familiaux
0,9 %
0,5 %
1,7 %
0,5 %
0,8 %
1,1 %
Total
100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %
Source :INSEE - recensement de la population 1999
Dans l’ensemble, la position professionnelle des jeunes ayant un emploi varie selon la tranche
d’âge et selon le sexe.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
101
Les plus jeunes sont le plus fréquemment manœuvres et ouvriers (34,9 %), avec une
proportion importante pour les hommes (43,2 % et 28,4 % pour les 19-24 ans), et employés
commerciaux, de bureau, catégorie C de la fonction publique pour 14,9 %. C’est dans cette
catégorie que sont concentrés les emplois des jeunes femmes (35 % et 39,1 % pour les
19-24 ans). Elles sont également beaucoup plus présentes chez les agents de service, les aidessoignantes, ainsi que chez les instituteurs, les infirmières. Pour les emplois de catégorie A, les
jeunes sont peu présents, certainement du fait des nominations vers d’autres régions. Dans les
autres catégories professionnelles, les jeunes sont très peu nombreux, en raison de l’âge
d’accès à des postes de responsabilité. Le paysage des professions exercées par les jeunes en
Midi-Pyrénées ne présente pas de différences importantes avec celui des jeunes de la France
métropolitaine.
•
Les données de la DRTEFP
Une région qui reste attractive et créatrice d’emploi
Comme indiqué par le Directeur régional de la DRTEFP, la région Midi-Pyrénées offre
des perspectives d’emploi plus grandes pour les jeunes que les autres régions et elle est
une région attractive pour les jeunes. Elle est la seule région qui, malgré la crise,
continue à créer des emplois. En 2002, 16 000 emplois ont été créés, soit 15% des
créations d’emploi national, alors que notre région représente 4 % de l’effectif salarié de
la France.
Entre décembre 2002 et décembre 2003, malgré la perte du pôle chimique, la Région a
encore créé 9 200 emplois. La compensation s’est faite par une augmentation des
embauches principalement dans les secteurs de la construction (+ 1 200 emplois en 12
mois) et du tertiaire (+ 10 000 emplois) où les services aux personnes et aux entreprises
se sont beaucoup développés, soit par transferts d’emploi du secteur industriel, soit par
créations d’emplois. En effet, l’industrie a perdu des emplois sur les trois dernières
années (- 6 000 dont 2 000 sur les 12 derniers mois) qui se retrouvent pour partie dans
les services puisque certaines de ces tâches ont été externalisées. Tous les départements
ont profité de ces créations, mais ce sont la Haute-Garonne et l’agglomération
toulousaine qui ont bénéficié de la plus grande partie.
Évolution de la population salariée (base 100 au 1er janvier 1994)
Source ASSEDIC-DRTEFP - décembre 2003
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
102
Pendant la même période, le niveau national perd au total 48 600 emplois sous l’effet
d’une perte importante dans le secteur industriel (- 92 000 emplois), insuffisamment
compensée par les progrès de la construction (+ 11 000) et du tertiaire (+ 33 000).
Une qualité de l’emploi qui se dégrade
De moins en moins de CDI
La qualité de l’emploi se mesure par le rapport entre la part de CDD et de CDI.
Aujourd’hui, la part des CDD, (pour les entreprises de plus de 10 salariés selon
l’enquête DMMO) est de 76 % des entrées pour les salariés et 80 % pour les jeunes.
Cette tendance ne fait que se renforcer d’année en année, 20,5 % des jeunes de moins de
25 ans sont embauchés avec un CDI, et cette embauche concerne davantage les hommes
que les femmes (respectivement 24,1 % et 17,6 %).
Part des CDI dans les entrées selon le sexe et l’âge (Source DRTEFP)
35
Ensemble
Moins de 25 ans
30
29,1
25
23,9
24,1
20
20,5
19,6
15
17,6
10
5
0
Hommes
Femmes
Total
Toutes les qualifications ne sont pas égales au moment de l’embauche pour la nature du
contrat de travail. Plus la qualification s’élève, plus les employeurs ont une propension à
recruter sous forme de contrat à durée indéterminée, et inversement.
Part des CDI dans les entrées selon la qualification (2003)
60
Ensemble
Moins de 25 ans
56,1
*
50
40
34,9
30
20
25
22,3 21,7
22,1
23,9
21,5
20,5
16,8
10
0
Ouvriers
Employés
Techniciens
Cadres
Total
* Chiffre peu significatif compte tenu du nombre de jeunes cadres embauchés
Source DRTEFP
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
103
On constate également le découragement des jeunes, accumulant CDD sur CDD ou
périodes d’intérim, avec souvent un temps de latence entre les deux. Comment les aider
à entrer dans le monde du travail ?
Les politiques de l’emploi se sont appuyés sur les contrats en alternance pour améliorer
l’insertion professionnelle des jeunes. Contrats d’apprentissage, contrats de qualification et
contrats d’adaptation constituent l’essentiel du dispositif. Ils s’accompagnent des contrats
CIVIS (en relais du programme TRACE, abrogé par la loi de finances 2004 -article 138) et
Contrat Jeune en Entreprise.
La politique de l’emploi en direction des jeunes
En 2003, on a compté pour les moins de 25 ans près de 23 000 entrées (22 966) dans les
dispositifs d’aide à l’emploi. 42 % en apprentissage, 28 % dans les contrats en alternance
(CQJ et CA), et 15 % en CJE.
Une baisse moins sensible des contrats en alternance
En Midi-Pyrénées, quel que soit le département considéré, c’est le contrat d’apprentissage qui
est le plus utilisé, de préférence au contrat de qualification (4 400 contrats de qualification
pour 9 643 contrats d’apprentissage comptabilisés par la DRTEFP fin 2003 à partir des
enregistrements de contrats réalisés par les DDTEFP). Le rapport entre apprentissage et
qualification est variable selon les départements, seule la Haute-Garonne comptabilise 7
contrats de qualification pour 10 contrats d’apprentissage.
Évolution de l’alternance entre 2002 et 2003
10
Midi-Pyrénéees
France
7,2
5
2,8
0
-5
-4,2
-7,5
-10
-9,9
-13,2
-15
Apprentissage
Qualification
Adaptation
Plus de 15 000 jeunes par an intègrent des entreprises grâce à ces contrats en MidiPyrénées, l’apprentissage continue à progresser, avec les contrats d’adaptation, alors qu’au
plan national, comme en 2001-2002, la tendance évolue à la baisse. L’évolution positive des
contrats d’adaptation est liée à l’activité économique des entreprises observée en région en
2003.
Les bénéficiaires du contrat de qualification sont en général des hommes âgés de 18 à 22 ans
(61 %) et disposant à l’entrée d’un niveau CAP ou Baccalauréat. Le niveau des entrants, plus
élevé que ne le prévoit la mesure, constitue une des dérives de ces contrats aidés destinés aux
jeunes les plus éloignés de l’insertion professionnelle.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
104
L’utilisation du contrat de qualification jeune varie également en fonction des branches
professionnelles :
Commerce vente :
Génie civil, construction, bois :
Comptabilité gestion :
Mécanique, électricité, électronique :
Secrétariat, bureautique :
Santé :
Transport :
30,8%
8,5%
8,4%
7,2%
6,2%
5,2%
5,1%
Des contrats d’insertion en profonde mutation
Le programme TRACE
Ce programme TRACE est terminé depuis le 1er janvier 2004, il avait été mis en place en
1998, dans le cadre de la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions. C e
dispositif impacte fortement l’emploi des jeunes car, de 1999 à 2003, 11 884 jeunes de
Midi-Pyrénées sont passés dans ce programme qui comprend des actions de formation, des
actions emploi (CES), un accompagnement vers l’emploi (missions locales et organismes
subventionnés). Cet accompagnement est très important pour éviter que les jeunes
abandonnent en cours de programme.
En 2003, 3 243 jeunes sont entrés dans le dispositif, pour 3 226 en 2002. Le poids de la
Haute-Garonne est déterminant dans ce dispositif (plus de 1 400 jeunes pour moins de
200 dans l’Ariège, le Gers, le Lot).
Le bilan statistique du devenir des jeunes qui ont suivi le programme TRACE (d’une durée de
18 mois) présenté par la DRTEFP fait apparaître que, sur les 7 843 jeunes interrogés (soit les
3/4 des jeunes) :
- 2 511 sont sur des emplois durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois) soit 32 %,
c’est-à-dire engagés dans des parcours en entreprise,
- 9 % sont en CDD moins de 6 mois ou en travail temporaire, ils ont un travail
ponctuel,
- 22 % sont revenus s’inscrirent à l’ANPE
- 21 % n’ont pas pu être localisés, ils ont disparu (déménagement, changement de
localité),
- 16 % sont en formation, soit sous contrats en alternance ou en apprentissage.
Le nouveau CIVIS avec ses 3 volets prend, en quelque sorte le relais du programme TRACE
notamment par son volet 1 « d’accompagnement social vers l’emploi », le volet 2 concernant
la création et reprise d’entreprise, le volet 3 « emplois d’utilité sociale » concernant les jeunes
dans les milieux associatifs. Pour ce dernier, géré par l’État, 8 contrats sont signés en MidiPyrénées, l’objectif étant de 330 à fin 2004.
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
105
Le Contrat Jeune en Entreprise
Ce récent dispositif est né avec la loi n° 2002-1095 du 29 août 2002 (art. L.322-4-6 à
L.322-4-6-5 nouveaux, application rétroactive au 1er juillet 2002). Il s’adresse
prioritairement aux jeunes de 16 à moins de 23 ans non diplômés ou d’un niveau de
formation inférieur au bac et n’est pas réservé aux seuls employeurs du secteur
marchand, les associations sont également concernées (mais pas le secteur public, ni
les employeurs particuliers). L’idée est d’offrir aux jeunes sans bagage un emploi en
contrat à durée indéterminée pour un mi-temps minimum. Le CJE peut faire suite à un
contrat à durée déterminée ou temporaire, y compris à un contrat par alternance.
Une aide de l’Etat vient financer pour partie le poste sur la base des cotisations
patronales afférentes au Smic. L’aide est proportionnelle au salaire (225 euros par
mois pour un salaire égal au Smic à temps plein). Cette prime forfaitaire est versée
trois ans, à taux plein les deux premières années et à 50 % la troisième. L’employeur
intéressé devra juste remplir un formulaire d’une simple page qu’il pourra se
procurer auprès des Assedic, de sa DDTEFP ou encore sur le site du Ministère du
Travail. Cette mesure concerne toutes les entreprises à condition qu’elles n’aient pas
effectué de licenciements.
Le Contrat Jeune en Entreprise a connu un certain succès en Midi-Pyrénées, du
1er juillet 2002 au 31 décembre 2003, 5 435 jeunes ont été recrutés dans le cadre de ce
dispositif. Après une rapide montée en charge de ce dispositif, on constate un tassement au
4e trimestre 2003. La région Midi-Pyrénées représente 4,3 % des 127 500 embauches
enregistrées au plan national. La DRTEFP a réalisé un premier bilan paru récemment dans la
collection Études et Statistiques.
Il en résulte que le CJE concerne pour 72 % des hommes, en général âgés de 19 à 22 ans. De
manière générale, la proportion des femmes est nettement inférieure parmi les bénéficiaires du
CJE que dans l’effectif salarié total où elles représentent 44 % des salariés au 31 décembre
2002 (source Assedic).
Avant d’entrer dans cette mesure, ces jeunes étaient pour :
- 35 % demandeurs d’emploi
- 8,5 % scolarisés,
- plus de la moitié était salariée (31 % en emploi CDD, CDI ou intérim, et 19 % en
contrats en alternance),
ce qui permet de considérer qu’un jeune sur trois trouve une véritable embauche, une
stabilisation dans l’emploi, d’autant que quatre embauches sur cinq sont des contrats à temps
complet. Cependant, cette mesure qui s’adressait prioritairement aux demandeurs d’emploi
bénéficie davantage à des jeunes déjà en emploi.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
106
Les contrats jeunes en entreprise en 2003
2500
2332
2000
1500
1000
656
563
500
270
349
368
Gers
Lot
457
438
0
Ariège
Aveyron
HteGaronne
HtesPyrénées
Tarn
Tarn-etGaronne
Source DRTEFP
Les entreprises signataires de ce type de contrat sont pour
- 32 % des entreprises de service
- 25 % des entreprises de la construction bâtiment et TP
- 25 % des entreprises du commerce
- 16 % du secteur industrie.
Les emplois proposés aux jeunes sont majoritairement des postes non qualifiés :
29 % employés de commerce, 27 % ouvriers non qualifiés de type artisanal, 8 % ouvriers non
qualifiés de type industriel, moins de 2 % occupent un emploi de niveau « profession
intermédiaire ». Les femmes sont très concentrées dans le tertiaire et 76 % sont employées.
53,4 % des bénéficiaires possèdent à l’embauche un diplôme de CAP-BEP, 12 % ont le
niveau IV (baccalauréat) sans avoir obtenu le diplôme et les jeunes femmes sont plus
diplômées que les hommes 16,3 % contre 9,6 %. Près de 19 % ont un niveau inférieur au
niveau V sans diplôme.
Ce bilan fait apparaître une déperdition de 20 % des contrats conclus. Le pourcentage
d’abandon est important dès les premiers mois du contrat.
Sur la période 1er juillet 2002-31 décembre 2003, les ruptures de contrat ont été plus
fréquentes dans les services (26 %) que dans les autres activités économiques (17 % en
moyenne). Ce sont les jeunes les moins qualifiés qui ont été touchés par ces ruptures (un quart
des contrats rompus avant leur terme) contre 1 pour 5 contrats signés par les plus qualifiés.
Les autres contrats et dispositifs du programme globalisé
Enfin, des dispositifs plus épars concernent aussi les jeunes, ce sont toutes les mesures pour
les demandeurs d’emploi (CES, CEC, CIE, etc.), regroupées sous le vocable « programme
globalisé ». Ces contrats sont appelés à disparaître très prochainement, selon le projet de loi
de cohésion sociale.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
107
8,1 % de l’ensemble, soit 1 539 des bénéficiaires de ce dispositif sont des jeunes (pour
27 038 au plan national). Cette proportion est légèrement supérieure à celle observée pour le
niveau national (7,1%). La part des jeunes, parmi les bénéficiaires des mesures, est la plus
forte dans les Contrats Emploi Solidarité et dans les Contrats Emploi Consolidé.
Entrées de jeunes dans le programme globalisé en 2003
12
10,8
10
8,1
8
7,2
7,1
6
4
3,4
2,1
2
1,2
0
CIE
SIFE individuels
SAE
CES
CEC
Midi-Pyrénées
France
Source DRTEFP
Deux programmes intéressants pour faciliter cette entrée dans le monde du travail sont
encore à signaler : le parrainage constitué de 28 réseaux auxquels participent 1 000
parrains et le tutorat.
Les parrains, référents bénévoles, suivent les jeunes, (au minimum 1 jeune par parrain), pour
faire passer des savoir-faire et des savoir-être, avec un rôle d’intermédiation entre le jeune, la
formation et l’emploi. Cette action est appréciée par le jeune et par l’entreprise pour aboutir à
l’intégration. Le réseau est financé par la DDTEFP pour les défraiements des frais de
déplacement, le FASILD, et par un complément du Fonds Social Européen, objectif 3.
Le dispositif des emplois-jeunes en Midi-Pyrénées
Le programme Nouveaux Services/Emplois-jeunes a fait l’objet d’un bilan au 30 juin 2003,
réalisé en région par la DRTEFP23, utilisé comme référence pour les informations chiffrées
disponibles sur ce dispositif.
Depuis octobre 1997, date du début du programme, 13 681 postes ont été créés en MidiPyrénées, 10 942 dans le secteur dit « de droit commun » (associations, collectivités
territoriales, établissements publics), 2 020 dans l’Éducation Nationale et 719 dans la
Police Nationale. En nombre d’embauches (premières embauches et remplacements), ce sont
20 244 jeunes qui sont entrés dans le dispositif (16 093 dossiers pour le « droit commun »,
2 872 pour l’Éducation Nationale et 1 279 pour la Police Nationale), ce qui représente
4,72 % des embauches totales et 5 % des embauches totales pour la France métropolitaine
(406 911 jeunes).
23
Ce bilan est consultable sur le site Internet http://www.nouveauxsservices-mp.org
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
108
L’étude réalisée porte sur les emplois-jeunes du programme de droit commun.
Au 30 juin 2003, 7 206 jeunes occupaient toujours les emplois créés. La répartition
territoriale fait apparaître une surreprésentation de ces emplois dans la population
active des départements ruraux, comme le Gers ou les Hautes-Pyrénées, attestant des
besoins en services de ces territoires. C’est le secteur associatif qui est le premier
employeur avec 3 857 emplois-jeunes, il concentre à lui seul plus de la moitié des postes
créés (53,6 %). Viennent ensuite les collectivités territoriales (2 185) et les établissements
publics (906). Ces emplois, quel que soit le secteur dans lequel ils s’exercent, se
concentrent sur le secteur de l’animation (2 329 jeunes), de l’aide aux personnes, de
l’environnement et du patrimoine.
Au moment d’entrer dans le dispositif, 98 % des emplois jeunes possédaient déjà un diplôme,
plus de 80 % d’entre eux avaient au minimum un niveau égal au baccalauréat et la moitié
avait effectué un parcours diplômant dans l’enseignement supérieur. Les collectivités
territoriales ont embauché presque deux fois plus de jeunes de niveau V que les associations
dans lesquelles on retrouve le plus grand nombre de niveau II et I. Quel que soit le secteur, la
proportion des non qualifiés est minime.
Dans ce programme, les femmes sont plus représentées que les hommes, cependant le
clivage métiers traditionnellement masculins ou traditionnellement féminins est toujours
marqué. Ainsi, elles occupent plus des 2/3 des emplois de services relevant du secteur
Famille, Santé, Solidarité, à l’inverse 2/3 des hommes sont dans le champ de la Sécurité. Les
associations ont embauché majoritairement des femmes (56 %), et des femmes de haut
niveau (elle sont deux fois plus nombreuses au niveau I et deux fois moins nombreuses
parmi les personnels non qualifiés). Plus la qualification augmente, plus les femmes sont
représentées. Les hommes par contre sont plus nombreux dans les collectivités
territoriales (52,1 %). L’écart le plus marqué entre hommes et femmes se retrouve dans les
établissements publics où l’on comptabilise 61,1 % de femmes pour 38,1 % d’hommes.
Ce programme Nouveaux Services/Emplois-Jeunes a reçu dès 1998 l’engagement du Conseil
Régional qui est intervenu auprès des employeurs avec un cofinancement du poste et une aide
à l’investissement d’une part, et d’autre part, auprès des jeunes avec le Chèque Avenir pour
faciliter la formation, complété depuis par un chèque VAE. Inscrit dans le cadre du Contrat de
Plan État-Région, le partenariat a permis la création de la Plate-forme régionale de
professionnalisation, associant les services déconcentrés de l’État, les collectivités, les
financeurs, les acteurs professionnels et les représentants associatifs.
Pour ce programme, prévu pour cinq ans, les embauches ont cessé en août 2002. La fin de ces
contrats s’échelonnera jusqu’en 2008, avec une concentration entre 2003-2005 pour les
emplois dans les collectivités territoriales et les établissements publics. Pour les autres
catégories d’employeurs, la fin de l’aide initiale de l’État sera plus étalée et se fera de manière
constante jusqu’en 2007.
L’État a mis en place depuis septembre 2001 un « plan de consolidation » qui accorde un
délai supplémentaire et des aides financières aux associations susceptibles de pérenniser les
postes (épargne consolidée et convention pluriannuelle). Au 30 juin 2003, 1 249 des 7 206
postes occupés ont été consolidés dans les structures associatives (dont 1 083 dans le cadre
d’un avenant « épargne consolidée » et 166 par une convention pluriannuelle de 3 ans).
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II – 4 – SE LOGER : UNE DIFFICULTE ACCRUE DANS
L’AGGLOMERATION TOULOUSAINE
Les difficultés à se loger ont été un leitmotiv des auditions, quel que soit le statut des
jeunes, surtout s’ils sont étudiants à Toulouse. L’insuffisance du nombre de logements
est patente en France, et Midi-Pyrénées n’échappe pas à la règle. Aujourd’hui, les
besoins se rajoutent aux besoins, logements étudiants, logement de jeunes travailleurs,
logements sociaux, logements d’urgence. Du fait du décalage important entre l’offre et la
demande, le renchérissement des loyers rend difficilement accessible le logement à
nombre de jeunes. Cette faiblesse de l’offre est inquiétante car le logement est un
élément déterminant pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et pour leur
poursuite d’études.
Un fort accroissement de la demande
Sur les 100 000 étudiants toulousains, 60 % environ ont besoin de se loger individuellement.
Ce sont 50 à 60 000 jeunes, soit près d’un étudiant sur deux, qui recherchent un logement
dans le parc locatif privé ou public. Les responsables du CROUS ont signalé, lors de leur
audition, une forte augmentation de la demande des jeunes à accéder à un logement
indépendant : 25 000 étudiants sur Toulouse ont quitté leur famille, soit un accroissement de
30 % par an pour ces deux dernières années. Le phénomène de la décohabitation succèderait
ainsi au phénomène « Tanguy ».
Le logement étudiant « social » enregistre 28 000 demandes par an depuis 3 ans, ces chiffres
sont stables. En revanche, la demande de logement d’étudiants extérieurs à l’Académie de
Toulouse a considérablement augmenté et 16 150 demandes extérieures ont été enregistrées
en 2003 en demandes brutes, avec un taux d’érosion de 3,5 en raison des procédures de vœux
et des inscriptions. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il est en forte augmentation car il
est lié au développement des filières technologiques, des licences professionnelles et des IUP,
à l’attractivité des universités toulousaines, des grandes écoles et des pôles d’excellence.
Les chronologies des demandes ont également évolué en raison de l’allongement de l’année
universitaire par des périodes de stage (souvent jusqu’en juillet) et des modalités d’inscription
qui interviennent plus tôt, début septembre. Ces nouvelles organisations ont des effets sur la
demande de logement. La difficulté à trouver un logement est renforcée par le faible turn-over
des logements occupés.
C’est sur l’agglomération toulousaine que le problème est le plus visible, cependant des
difficultés ont été signalées également dans les villes moyennes de la région. Et chaque
rentrée universitaire voit revenir ces difficultés.
L’offre locative privée
L’offre locative des bailleurs privés permet à 40 – 42 % des étudiants de se loger soit
individuellement, soit en colocation. Cependant, cette offre n’est pas toujours adaptée à la
demande des jeunes, soit en raison de sa vétusté, les locaux ne correspondant plus aux
normes, soit en raison du niveau des prix et des garanties exigées. Certaines résidences
étudiantes, récentes, offrent des chambres ou des appartements « convenables » mais assortis
de services annexes qui sont payants, renchérissant les locations et les rendant inaccessibles à
certains jeunes.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
110
Les conditions de location sont souvent inadaptées et ne permettent pas de répondre à des
demandes de location sur des périodes courtes de 9 mois, voire 6 mois en raison de
l’organisation des diplômes de l’enseignement supérieur, introduisant davantage de mobilités
et de stages.
L’offre du CROUS
Le CROUS assure en région des services d’hébergement, de restauration, d’aides directes et
indirectes aux étudiants boursiers (ainsi que des aides culturelles). Il gère un parc
de 7 500 lits répartis en 4 500 chambres traditionnelles de 9 m2 (un lit et un lavabo, le
sanitaire étant collectif) et 3 000 logements et studios, ainsi que quelques possibilités de
colocation en cités universitaires. Cette capacité ne représente que 7 à 8 % des possibilités
de logement étudiant par rapport à l’ensemble des étudiants.
Cette offre relègue Toulouse parmi les académies les plus mal dotées de France : 20ème rang
sur 28 pour le nombre de lits en cité Universitaire pour 100 étudiants inscrits et même score
pour le nombre de lits offerts pour 100 étudiants boursiers.24
Le CROUS a réalisé des opérations de réhabilitation et de construction car près de 80 % du
parc ont été construits à la fin des années 1960. Ces opérations se font dans le cadre du
Contrat de Plan État-Région, qui n’a pu subi de gel de crédit en raison d’engagement de
projets hors Toulouse. Le Conseil Régional a récemment mobilisé des crédits supplémentaires
pour soutenir ces programmes et les accélérer. Tout récemment, le Conseil Général de la
Haute-Garonne a décidé de débloquer un crédit d’un million d’euros pour participer à la
réhabilitation et à la construction de logements étudiants.
En 2004, 400 chambres ont été réhabilitées : quelque 200 logements sur Rangueil, en
intégrant un ensemble cuisinette et sanitaire, et une centaine sur Ponsans Bellevue et Arsenal.
Un programme de logements a été aussi conduit pour 110 à 120 logements construits sur
Rangueil (métro Pharmacie) et la transformation du Restaurant universitaire de Notre Dame
en résidence.
En 2006, une nouvelle résidence devrait ouvrir sur le site de Paul Sabatier, avec une trentaine
de logements équipés pour des étudiants handicapés lourds (en rez-de-chaussée). Mais, il y a
réellement urgence car les responsables du CROUS auditionnés signalent une forte
concurrence entre les étudiants pour accéder au logement et des abandons de poursuites
d’études consécutives au manque de logements sociaux.
L’hébergement des jeunes non étudiants : les Foyers de Jeunes
Travailleurs
Une vingtaine de FJT est implantée dans la Région, dont 4 à Toulouse, soit une capacité
de 1 500 à 2 000 chambres. Ce sont des structures d’hébergement transitoire, qui s’adressent
à divers publics, jeunes de 15 à 25 ans, en situation de travailler et de payer leur loyer. Les
FJT offrent un système de demi-pension comprenant le petit-déjeuner et le repas du soir, avec
les charges (eau, électricité, gaz, etc.) pour 410 euros par mois.
24
Selon le rapport sur le logement étudiant de Jean-Paul ANCIAUX, député de Saône-et-Loire de janvier 2004
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
111
Ils jouent également un rôle d’accompagnement auprès de ces jeunes, notamment pour les
démarches de demandes d’aides (APL, LOCAPASS, FAJ …) afin de les conduire vers un
logement « ordinaire » et stable.
Les FJT accueillent des apprentis pour des logements temporaires en raison de l’organisation
de leur formation par alternance (15 jours par mois par exemple), des jeunes en contrat
d’intérim, de qualification, en CDD, des jeunes en formation professionnelle (par exemple
ceux qui sont inscrits au stage d’ambulancier de la Croix-Rouge), des jeunes Rmistes et aussi
des étudiants (sur Toulouse, ces derniers représentent 25 % des jeunes hébergés).
Les FJT ont aussi à faire face à une demande croissante, bien supérieure aux capacités
d’accueil. L’attractivité de Toulouse se retrouve aussi chez d’autres publics que les étudiants.
Toulouse a une image positive aussi bien pour venir y chercher du travail que pour y faire ses
études. La distance entre le lieu de l’emploi et le lieu de résidence conduit à s’installer à
Toulouse.
Les jeunes des zones rurales sont confrontés aussi à cette question de la mobilité
géographique pour la formation et l’emploi, car les territoires sont mal desservis par les
transports en commun. Seuls les transports scolaires sont organisés, mais ils ne s’adressent
pas aux jeunes travailleurs. Ces derniers sont donc contraints de rechercher un logement dans
les villes.
De plus en plus fréquemment aussi, les demandes en FJT émanent de jeunes en situation
d’urgence, qui sont sans hébergement, à la rue, les structures d’accueil d’urgence étant ellesmêmes saturées.
Les FJT reçoivent un soutien financier de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales, des
CAF, de la Caisse des Dépôts et Consignations pour les constructions et, liées à leurs actions
sociales, des subventions des Conseils Généraux par conventionnement, des CAF, des postes
FONJEP et des aides de la DAS. Le Conseil Régional n’intervient pas auprès des FJT, si ce
n’est sur le foyer de Jolimont en raison du nombre d’apprentis hébergés.
Les FJT ont un projet de reconstruction de la structure implantée à AUCH et un projet de
construction à l’UNION.
Quant au logement d’urgence, les données n’ont pu être recueillies auprès des différents
organismes dans la période de réalisation de cet avis. Pour les deux entités auditionnées, le
CROUS dispose d’un très faible pourcentage, sa mission est de loger les étudiants boursiers.
Les FJT se sont engagés par conventionnement sur un quota de jeunes à accueillir pour éviter
la logique du placement et conserver la maîtrise de l’accueil, par exemple en Haute-Garonne
avec le Conseil Général pour les jeunes scolaires en rupture familiale.
De nombreuses associations interviennent pour des publics différenciés, notamment les jeunes
en errance, les jeunes femmes et les jeunes mères, victimes de violences conjugales.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
112
II – 5 - LES JEUNES ET LEUR SANTE
L’audition du responsable de la médecine scolaire, conseiller technique de la Rectrice, le
Docteur NAVARRO, constitue l’essentiel de l’état des lieux en ce domaine. Des
compléments ont été apportés par les personnels de l’Éducation Nationale, assistantes
sociales, infirmière et conseiller principal d’éducation entendus lors de cette séance consacrée
à la santé des jeunes.
La santé a été définie comme «…non seulement l’absence de maladies mais … un état de
complet bien-être physique, mental et social »25 par l’organisation mondiale de la santé en
1946. La santé collective dépend de son environnement (physique, sociétal), mais aussi de
caractéristiques personnelles telles que l’hérédité et tout ce qui peut se dérouler au cours de
notre vie, les événements de vie.
La morbi-mortalité et les comportements de santé caractérisent la santé des jeunes.
Une bonne santé générale et pourtant un mal-être
Les résultats des études réalisées26 montrent que 94,7% des jeunes de 12 à 19 ans
interrogés se trouvent en bonne santé et qu’ils ont une très bonne image de leur qualité
de vie. Les garçons s’estiment en meilleure santé que les filles. Malheureusement, ces
scores s’altèrent avec l’âge.
Les jeunes et le mal-être
La morbi-mortalité se traduit par ce que les spécialistes nomment « les symptômes flous de
l’adolescence » : symptômes plutôt féminins, récurrents et ne dépendant absolument pas du
bien-être de la personne et de sa bonne qualité de vie. Ils sont polymorphes et quelquefois
marqueurs d’une crise plus grave. Fréquemment associés, ils concernent les grands plus que
les petits.
Ils se traduisent par un état de fatigue (81,3 %), des vertiges (72,7 %), de la tristesse (65,1 %),
des « maux de ventre » (62,5 %), des « maux de tête » (59,8 %), des « maux de dos » (44,1
%), de l a nervosité (14,4 %)27. Mais, ce sont des « maux » sur lesquels il faut mettre des
« mots » et c’est à l’entourage de l’adolescent de savoir les décrypter pour voir s’il y a
quelque chose de plus grave derrière.
Concernant les maladies graves, en Midi-Pyrénées, qui se situe dans la moyenne
nationale, chaque année, 1 800 jeunes (de 1 à 24 ans) rentrent en Affection de Longue
Durée, ce qui signifie des traitements pour des pathologies lourdes, dont 53,3 % des
15-24 ans entrant en psychiatrie28 .
25
Organisation mondiale de la santé - 1946
Le Dr NAVARRO participe à de nombreuses études et enquêtes réalisées au plan national et européen sur la
santé des jeunes. (« baromètre santé jeunes 97-98 », HBSC, « les années collège 2 » INPES)
27
enquête HBSC 1998 Midi-Pyrénées et Nancy-Metz, « les années collège » CFES 2000
28
Sources DRASS, ORISMIP, SMS Rectorat
26
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
113
Il est noté par les personnels infirmiers que les suivis psychologiques sont souvent
médicalisés, avec prise d’anxiolytiques ou d’autres substances « dures ». Ce stress des jeunes
a pour origine la pression des parents liée à la « réussite » scolaire, sportive, professionnelle et
sociale, qui vient s’ajouter au mal vivre « traditionnel » de l’adolescence (puberté,
construction d’identité, relation à la famille). La pression d’enseignants, parfois dévalorisante,
aggrave aussi l’angoisse des jeunes, notamment dans les formations supérieures où
l’automédication et le recours à l’alcool « pour décompresser » sont fréquents.
Pour les filles en particulier, l’anorexie mentale est dénoncée comme un véritable problème.
Elle touche généralement des filles brillantes en cours, qui sont gravement atteintes par cette
maladie.
Globalement, Midi-Pyrénées est dans la moyenne nationale, mais force est de constater que la
région souffre d’un sous-diagnostic, notamment pour l’asthme, les allergies, le diabète,
l’épilepsie, et les jeunes souffrent d’un sous-traitement (plus il avance dans l’âge, moins le
jeune se préoccupe de sa santé, ce qui est confirmé par les intervenants de la Mission Locale
de la Haute-Garonne auditionnés).
Ces problèmes de santé mentale et physique, qui nécessitent un accompagnement lourd,
résultent aussi d’une montée de la précarité sociale. Ce constat est fait par les assistantes
sociales, dans tous les établissements, en particulier dans les lycées professionnels. Il y a là un
réel problème d’accès aux droits, aux soins et au logement, à avoir une couverture sociale
pour les jeunes. Au plan national, 40 % de jeunes de moins de 20 ans bénéficient de la CMU.
La situation se complexifie encore pour les jeunes d’origine étrangère, souvent dans une plus
grande souffrance psychosociale.
Ces jeunes sont confrontés à des ruptures de droit selon l’âge, surtout après 18 ans et entre 18
et 21 ans. Les « allocations aux jeunes majeurs » sont de plus en plus difficiles à obtenir
auprès des Conseils Généraux qui les ont en charge. En effet, non seulement ces aides varient
selon les politiques conduites par les départements, mais les budgets sont de plus en plus
resserrés vu l’augmentation des demandes d’aides. Ces allocations viennent en complément
des prestations légales (bourses scolaires, allocation logement …), l’ensemble étant plafonné
à l’équivalent du RMI.
Pour subvenir à leur besoin et avoir quelques ressources financières, ils sont obligés de
concilier scolarité et petits boulots. Dans certains cas, ils sont confrontés à des abus liés au
travail au noir (travail de nuit, dépassements d’horaires, etc.), les filles au risque de violences
sexuelles et à la prostitution. Ils ont des problèmes de concentration dans les apprentissages,
de fatigue aussi qui les conduisent à abandonner leur scolarité.
Ou alors, le jeune est dans l’obligation de se retourner contre ses parents pour exiger
l’obligation légale de l’aider jusqu’à 25 ans. Or, il ne faut pas oublier que leurs familles
peuvent être aussi en souffrance professionnelle, sociale et parfois psychologique ; il y a fort
peu de parents démissionnaires.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
114
Les jeunes et le handicap
Globalement l’accueil de l’Éducation Nationale est important. Dans l’enseignement primaire,
le jeune handicapé est bien accueilli (tant au niveau des structures que du personnel), mais
plus il vieillit, plus il a du mal à être inséré.
Midi-Pyrénées compte environ 7 000 jeunes (de 1 à 24 ans) en établissement d’éducation
spéciale, 1 250 dans des établissements pour adultes. 3 753 élèves handicapés ou malades
sont scolarisés en milieu scolaire ordinaires (écoles, collèges, lycées).
1513
1600
1400
1121
1200
1000
Par niveau
Total
681
800
600
403
400
227
302
400
280
200
134
té
LP
si
e,
U
n
iv
er
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Ly
C
ol
lè
ta
en
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Total
Par niveau
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le
0
Sources : Éducation spécialisée - DRASS-ES 95, ORSMIP 1997
Scolarisation - service médical Rectorat de Toulouse 2003
Les jeunes en situation de handicap, dont certains le sont devenus à la suite d’un accident,
d’une maladie ou d’une grave dépression, devraient faire l’objet d’une étude plus approfondie
afin de mieux déterminer les difficultés auxquelles ils se trouvent confrontés.
un taux de mortalité des jeunes de 15 à 24 ans supérieur à la moyenne
nationale29
Le taux de mortalité de cette tranche d’âge en Midi-Pyrénées est supérieur à la moyenne
nationale : 67,5 pour 100 000 contre 62,7. En 1999, même si les décès des jeunes
représentent une faible part de la mortalité totale (en 1999, 212 décès de jeunes de 15 à 24 ans
en Midi-Pyrénées), 6,5 décès de jeunes sur 10 sont dus à des causes « accidentelles »
(5,5 décès sur 10 en moyenne nationale où les accidents sont aussi la première cause de
décès), ce sont donc des morts évitables. 73,5 % sont des décès masculins. Cette
surmortalité masculine (3 hommes pour une femme) se retrouve également au niveau
national. Les accidents restent aussi la première cause de décès chez les filles, même s’ils sont
trois fois moins nombreux.
29
L’étude parue dans le numéro 52 du Bulletin de l’ORSMIP de novembre 2002 vient compléter les
informations transmises lors des auditions.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
115
La 1ère cause de mortalité chez les jeunes est due aux accidents survenus sur la voie
publique, accidents de la route et de la circulation, qui représentent 50 % de la totalité
des décès des 15-24 ans, un taux plus élevé que la moyenne nationale (42 %).
Les zones à risque se situent dans les zones rurales jouxtant l’agglomération toulousaine.
L’Ariège, le Gers, le Tarn et le Tarn-et-Garonne sont particulièrement touchés.
Taux de mortalité par accident de la circulation chez les 15-24 ans en 1996-1998
56,6
60
56,6
49,5
50
41,4
40
24,3
30
20
10
0
Ariège
Gers
Tarn
Tarn et
Garonne
France
Source : ISERM sc8 – exploitation ORSMIP – LE BULLETIN N° 52 - novembre 2002
La 2ème cause de mortalité concerne les autres accidents (noyade, chute, intoxications,
écrasements…) qui représentent 15 % des décès, soit 10,2 décès pour 100 000 jeunes (taux
national de 8,7 pour 100 000)30. En 1999, 32 décès pour ces causes ont été enregistrés (24
garçons et 8 filles).
Le suicide est la troisième cause de mortalité des jeunes, mort évitable également. Depuis
1998, 15 à 20 jeunes se suicident chaque année, soit environ 7 % des décès de cette
tranche d’âge. Midi-Pyrénées est dans la moyenne nationale pour les suicides de filles et audessous pour les suicides de garçons. Les tentatives de suicide sont plus nombreuses que les
suicides « réussis » : un suicide de garçons pour 22 tentatives de suicide et un suicide de filles
pour 160 tentatives de suicide31.
La faiblesse des effectifs, la sous-déclaration des causes de décès rendent difficile l’évaluation
de ce problème de santé publique, ainsi que le repérage des groupes à risques. Les enquêtes
nationales indiquent que 4 à 15 % des adolescents ont fait une tentative de suicide.
Cependant, on estime aussi que la moitié des tentatives passe inaperçue, un tiers des
adolescents seulement serait hospitalisé. Selon le rapport du HCSP sur la souffrance
psychique des adolescents (2002), parmi les suicidants, il y aurait plus de jeunes au chômage,
de jeunes issus de familles monoparentales ou recomposées, plus de redoublants, de jeunes
ayant des conduites addictives, ils seraient plus nombreux à avoir subi des violences.
30
31
INSERM SC8 – Exploitation ORSMIP
Idem
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
116
L’observatoire des urgences en Midi-Pyrénées (ORUMIP) a lancé depuis 2002
l’enregistrement des tentatives de suicide et des accidents de la route afin d’optimiser les
programmes de prévention et le dispositif de prise en charge, ce qui devrait permettre de
mieux les connaître et les combattre.
Les comportements de santé
Ils représentent tous les comportements qui vont avoir une conséquence sur la santé du jeune.
Ce peuvent être des conduites d’essai, c’est-à-dire des comportements normaux chez
l’adolescent, qui va surtout chercher ses limites ; cependant, il y a aussi les conduites à risque
qui sont des conduites d’auto destruction. Néanmoins, ces deux conduites peuvent avoir des
conséquences graves voire irréversibles sur la santé du jeune, et des conséquences à long
terme. Elles se traduisent par les mêmes symptômes et les professionnels doivent faire la
différence. Elles concernent l’usage de psychotropes (initiation et consommation), les
accidents et les violences volontaires, l’obésité et les activités physiques.
Les conduites addictives
L’initiation se fait très jeune (dès 11 ans) et le nombre augmente avec l’âge. Essayer
n’implique pas que le jeune deviendra consommateur. Cependant, les personnels infirmiers
constatent une forte consommation de cannabis et une polyconsommation associant cannabis,
alcool et autres substances, polyconsommation qui potentialise les effets de chacune de ces
substances.
100
92,6
90
85,9
79,7
80
70
66,7
50
avoir fumé
62,4
60
avoir goûté
de l'alcool
50,4
49,4
48,7
40
30
avoir été
ivre
33,1
33,1
30
20
10
12,1
avoir fumé
du "H"
12
4,8
0
11 ans
13 ans
15 ans
18 ans
Source HBSC 2002 – ESPAD 2002 – Traitement : service médical du Rectorat de Toulouse
En considérant les consommations, la prévalence du tabac en Midi-Pyrénées est dans la
moyenne nationale : 44 % des jeunes de 16 ans y consomment du tabac quotidiennement
(50 % en Bretagne, 48 % en Languedoc-Roussillon, 37 % en Île-de-France).32
32
Usage quotidien de tabac chez les jeunes, Pourcentages régionaux, ESCAPAD, 2000-2001, OFDT –
Traitement ORSMIP
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
117
Pour la consommation d’alcool à 17 ans, aussi bien en usage régulier (10 et plus par mois)
que pour les ivresses régulières (10 et plus au cours de l’année), Midi-Pyrénées se situe dans
la moyenne nationale. Il y a à la fois des modes mais aussi des fluctuations dans le temps, par
exemple, dans le Nord, les jeunes boivent beaucoup moins que dans le Sud33.
Pour ce qui est de la consommation de cannabis, elle est assez homogène pour l’ensemble
de la France mais aussi de l’Europe. 12 % de jeunes de 18 ans consomment régulièrement
du cannabis en Midi-Pyrénées (16 % pour le Languedoc-Roussillon, 15 % en Bretagne et 14
% en PACA, 9 % dans le Pas-de-Calais, 7 % en Limousin)34.
Ages des initiations
% d’initiés
à 16 ans
1995
1999
Sources ESPAD 1995 et 1999 – BEH 23 mars 2004 – HBSC 1994, 1998 et 2002 : tendances identiques
33
Consommation d’alcool à 17 ans, ESCAPAD 2002-2003, OFDT, Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire 23
mars 2004
34
Usage régulier de canabis, ESCAPAD, 200-2001, OFDT – Référence : ORSMIP
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
118
Les accidents et les violences35
En France, 21 % des jeunes ont au moins un traumatisme nécessitant une intervention
médicale dans l’année, cela représente 1,9 million d’adolescents de 12 à 19 ans. 52 % de ces
traumatismes sont des accidents de sport (avec une surreprésentation masculine). 52 % des
accidents de traumatologie sont liés à l’activité sportive, les accidents les plus importants
concernent les 14-17 ans. En Midi-Pyrénées, les traumatismes sont la première cause
d’hospitalisation (11,7 % des hospitalisations).
Pour les violences en général, au niveau national, 7,8 % des 12-19 ans ont subi des violences
dans l’année (les garçons plus que les filles et les petits plus que les grands), 8 % ont participé
à des violences. Pour les 15-19 ans, 2,2 % des jeunes ont subi des rapports sexuels forcés
(avec une surreprésentation féminine). L’enquête nationale sur les violences envers les
femmes (Enveff 2000) portant sur l’ensemble des femmes âgées de 20 à 59 ans, précise que
c’est dans la tranche d’âge 20-24 ans qu’elles sont le plus touchées notamment par le
harcèlement sexuel dans l’espace public, par les pressions psychologiques au travail et
par les violences conjugales.
D’après le Docteur NAVARRO, il semble que la violence dans les établissements scolaires
soit stabilisée en Midi-Pyrénées. Dans un document à paraître prochainement, « les années
collège 2 » (HBSC), Midi-Pyrénées se situe dans la moyenne nationale avec 1,4 % de racket,
6,5 % de vol d’affaires, 3,7 % d’autres formes de violence36..
L’obésité et les activités physiques
L’inquiétude des personnels médicaux et sociaux porte sur l’obésité, ils considèrent que
nous sommes à la veille d’une épidémie. Le surpoids et l’obésité concernent 3,3 % des
adolescents scolarisés en classe de troisième en France, avec des taux de 5,5 % pour le Nord,
4,7 % dans le Bassin Parisien, 4,3 % pour la zone Méditerranée (Études et résultats N° 283 de
janvier 2004 DRES). Midi-Pyrénées est la région la moins touchée par l’obésité avec 1,5 %37.
Cependant, les résultats d’une récente enquête sur l’état de santé des enfants de cinq à six ans
dans les différentes académies38 présentent des chiffres inquiétants. Dans l’Académie de
Toulouse, 15,5 % des enfants de cette classe d’âge sont en surcharge pondérale (soit le
8ème rang sur les 28 académies, le premier revenant à la Corse avec 22 %, le plus faible à
l’académie de Nantes avec 10,6 %). Le constat de surpoids chez ces enfants ne peut
qu’inquiéter pour les années à venir.
35
Baromètre santé jeunes 97-98, CFES 1998
HBSC « les années collège 2 INPES à paraître octobre 2004
37
Surpoids et obésité chez les adolescents scolarisés en classe de 3ème – Ministère de la Santé – DRESS Études et
résultats N° 283 - janvier 2004
38
Revue Education et Formations N° 69 de juillet 2004 du Ministère de l’Education nationale
36
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
119
Paradoxalement, Midi-Pyrénées est la région où les jeunes ne pratiquent pas assez
fréquemment « d’activité physique suffisante », (définie par la norme internationale de 1997
comme « activité qui augmente la vitesse des battements du cœur et fait se sentir essoufflé par
moments, au moins une heure, au moins 5 jours par semaine en moyenne). Cette activité
physique suffisante ne concerne que 18,7 % des élèves de collège, deux fois plus les garçons
que les filles, et diminue régulièrement avec l’âge39.
Les problèmes de santé liés à la sexualité
Les difficultés liées à la sexualité ont été peu abordées par les personnes interrogées. Les
travaux de la DRASS indiquent :
« qu’en 1999, près de 8 200 interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées,
soit un taux annuel de 13,4 pour mille femmes, comparable à la moyenne nationale.
Ce taux est en permanente augmentation depuis 1975, à la hauteur de 1 % par an
environ. Le taux de recours à l’IVG a été différent selon la tranche d’âge. Il est le
plus fort chez les moins de 20 ans pour lesquelles 71 % des grossesses se terminent
par une IVG contre 39 % entre 20 et 24 ans. Les femmes de ces deux tranches d’âge
ont un recours croissant à l’IVG depuis 1982. C’est au total 12 femmes pour mille
de moins de 20 ans et 25,4 femmes pour mille de 20 à 24 ans qui ont recours à
l’IVG. Une des caractéristiques régionales est la précocité des interventions, avec 48
% des grossesses interrompues avant la cinquième semaine de grossesse (septième
semaine d’aménorrhée). »
Dans les établissements scolaires, des cas d’IVG sont connus des infirmières, mais ces
dernières sont davantage sollicitées par des demandes de traitement d’urgence (pilule du
lendemain), en général le lundi matin, sous des prétextes peu crédibles (accidents dans l’usage
des contraceptifs externes). Ces demandes sont en augmentation d’année en année.
Le maintien à un niveau élevé du nombre d’IVG (pratique qui reste traumatisante) et la
persistance d’IVG répétées indiquent une insuffisance d’information sur les méthodes
de contraception en direction de groupes les plus fragiles. Il faut dénoncer le fait que les
dispositions législatives, comme l’allongement de 10 à 12 semaines du délai d’IVG dans les
hôpitaux ou encore la délivrance à titre gratuit de la pilule du lendemain dans les pharmacies,
ne soient pas respectées. L’augmentation de la part des femmes dans les nouveaux cas de
SIDA est aussi une évolution préoccupante.
39
« les années collège 2 » INPES à paraître octobre 2004
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
120
II - 6 – LA MOBILITE DES JEUNES
la mobilité des jeunes en formation
Malgré des recherches et les auditions de responsables régionaux des programmes
européens, il est difficile d’obtenir une image « claire » de la mobilité des jeunes de
Midi-Pyrénées. Les données sont partielles, les sources différentes, les résultats variables
selon ces sources.
En référence aux chiffres de l’Agence Socrates Leonardo da Vinci, communiqués par le Pôle
Européen, le taux de participation des étudiants Erasmus au départ de France en région en
2002-2003 pour Midi-Pyrénées est de 0,70 %, soit le départ de 799 étudiants Erasmus (sur les
113 400 scolarisés en 2002-2003). En comparaison, l’Aquitaine se situe à 1,21 % avec
1 198 départs pour un peu moins de 100 000 étudiants en région.
Au classement des 60 plus gros établissements d’enseignement supérieur qui envoient des
étudiants Erasmus en 2002-2003, seules deux universités toulousaines sont classées
(Toulouse 1 et Toulouse II). Elles se positionnent respectivement au 38ème (160 étudiants) et
40ème rang (157 étudiants).
Cette même agence Socrates Leonardo da Vinci indique qu’en 2002 144 étudiants ont obtenu
une bourse Leonardo Mobilité et 68 en 2003. elle signale également qu’aucune bourse
d’accueil n’a été attribuée pour ce programme.
Le Rectorat a indiqué, pour sa part, que Midi-Pyrénées était bien placé pour le départ des
jeunes par rapport aux autres régions, qu’environ 300 jeunes de CAP, BEP, Bac Professionnel
et BTS ont bénéficié de programmes européens, que les bourses BTS de mobilité avaient
diminué en nombre (50 en 2003-2004 contre 60 l’année précédente). En fait, les budgets État
pour l’international ont diminué de 30 à 40 %.
Quant à la Région, les responsables ont notifié l’attribution d’un soutien financier (300 euros
par mois pendant une période de 9 mois maximum) à 475 étudiants (boursiers de l’État) pour
leur départ vers les pays d’Europe, les PECO et l’ensemble des pays d’Amérique. Par ailleurs,
la Région, par conventionnement avec le Pôle Européen, a abondé le budget de ce dernier de
80 000 euros afin de soutenir le départ en stage d’entreprise ou de laboratoire de 150
étudiants.
Ces éléments épars ne permettent pas de lire la réalité de la mobilité étudiante en MidiPyrénées.
La mobilité des jeunes hors du cadre scolaire
Cette mobilité s’appuie sur le programme « Jeunesse pour l’Europe », concerne l’Éducation
non formelle pour les jeunes de 15 à 25 ans sans condition de diplôme, avec une priorité pour
les plus défavorisés socialement et géographiquement, avec une action phare, le service
volontaire européen, pour les 18-25 ans. Ce programme est conduit par la DRJS.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
121
Les responsables, lors de leur audition, ont signalé que, en 2000, 41 jeunes de Midi-Pyrénées
ont pu partir, 22 autres jeunes venus de pays de l’Europe ont été accueillis (pour un total
France entière de 872 jeunes).
Ce dispositif est assez lourd à mettre en œuvre car il faut, pour organiser le départ du jeune
volontaire, une association d’envoi et une association d’accueil dans le pays, assurant toutes
deux le suivi. De plus, il ne repose que sur des financements européens, avec une enveloppe
de 500 millions d’euros pour la période 2000-2006, qui arrive donc en fin de programmation.
Il est signalé que ce dispositif, pourtant destiné aux jeunes défavorisés, est de plus en plus
sollicité par des jeunes étudiants, le plus fréquemment en premier cycle, qui cherchent leur
voie, ou désirent se réorienter. Dans certains cas, le service volontaire européen peut
permettre au jeune d’obtenir le BAFA, le permis de conduire, l’aide également pour une
préprofessionalisation, d’où l’intérêt qu’il suscite.
Les associations de Midi-Pyrénées se sont engagées très tôt dans ce programme et rencontrent
actuellement beaucoup de difficultés financières car la demande s’accroît (30 demandes pour
un dossier) et l’enveloppe est actuellement épuisée après l’envoi de 28 jeunes en 2004.
De manière générale, il est souvent affirmé que les jeunes de Midi-Pyrénées sont peu mobiles.
Ces éléments recueillis ne permettent pas d’infirmer ou de confirmer cette assertion. Il y a là
un réel manque de lisibilité.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
122
II - 7 – QUE PENSENT-ILS ? « LES JEUNES FRANÇAIS ET LEURS
VALEURS »
Pour approcher ce domaine des « valeurs des jeunes », et en l’absence de travaux connus sur
ce thème en région, le CESR de Midi-Pyrénées a fait appel à Bernard ROUDET, Chargé de
recherche à l’INJEP, pour une présentation des travaux qu’il a dirigés avec Olivier
GALLAND : « les valeurs des jeunes. Tendances en France depuis 20 ans », publié en 2001
dans la collection « Débats Jeunesse », INJEP-L’Harmattan.
Bernard ROUDET a réalisé une synthèse de la présentation faite au CESR lors de son
audition. Elle est reproduite in extenso ci-dessous.
Les jeunes Français et leurs valeurs
Bernard ROUDET
Je vous propose un exposé en trois temps. Tout d’abord, je décrirai rapidement l’enquête sur
laquelle je m’appuie pour cette conférence, avant de présenter quelques résultats de cette
recherche collective à laquelle ont participé, outre Olivier Galland et moi-même, Pierre
Bréchon, Yves Lambert, Étienne Schweisguth et Jean-François Tchernia. Enfin, pour
conclure, je soulignerai les deux évolutions principales révélées par ce travail.
I. Présentation de l’enquête sur les valeurs des Français
Les résultats que j’exposerai sont issus d’une analyse secondaire, concernant les 18-29 ans,
des données de l’enquête sur les Valeurs des Français, réalisée en 1999 et cofinancée par
l’INJEP et d’autres organismes dont le CNRS. Il s’agit d’une enquête quantitative de grande
ampleur. L’exploitation des résultats a été menée collectivement par plusieurs chercheurs
spécialistes de domaines particuliers: par exemple de la religion, du travail ou de la vie
politique. Ces chercheurs ont donc appréhendé les résultats à l’aune de leur connaissance
d’autres travaux. En 2004, il nous paraît toujours pertinent d’utiliser ces données, qui révèlent
des tendances et des évolutions qui ne semblent pas être remises en cause.
L’INJEP et son ministère de tutelle, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie
associative, ont soutenu cette enquête pour trois raisons majeures. Tout d’abord, celle-ci
concerne l’ensemble de la population française à partir de 18ans. Elle nous permet de
connaître les opinions et attitudes des jeunes, mais aussi de les mettre en parallèle avec les
opinions des adultes qui ont également été interrogés. Cela représente un réel avantage par
rapport à un sondage qui s’adresserait aux seuls jeunes. Par ailleurs, cette enquête est réalisée
tous les neuf ans depuis 1981. Elle révèle donc des évolutions sur presque vingt ans, et permet
de faire des comparaisons dans le temps et de saisir des effets de génération, ce que n’autorise
pas non plus un sondage ponctuel. En effet, la règle d’une enquête sociologique est de
comparer ce qui est comparable: les procédures d’enquête et les questions doivent être
identiques pour pouvoir rapprocher les réponses. Enfin, il s’agit d’une enquête européenne,
rendant possibles des comparaisons entre plus de 30 pays.
Nous finalisons actuellement l’exploitation des résultats pour l’ensemble de l’Europe, y
compris les pays d’Europe centrale et orientale, qui fera l’objet d’un prochain livre. La
passation des questionnaires a été faite en France, entre fin mars et début avril 1999.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
123
L’échantillon, comportant 1615 personnes, a été constitué par la méthode des quotas (sexe,
âge, groupe socioprofessionnel, taille de la commune). Un suréchantillon de 206 jeunes de 18
à 29 ans a été enquêté, sachant qu’il y avait aussi 310 individus de cette tranche d’âge dans
l’échantillon principal.
Deux mots sur les limites d’âges qui bornent notre échantillon. L’âge minimal de 18ans a été
retenu pour des raisons de procédure. En effet, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de
leurs parents pour interroger des jeunes mineurs, en particulier lorsque certaines questions
portent sur les opinions politiques. Il ne semble pas qu’il y ait de grandes différences entre les
valeurs des 18-29ans et celles des 15-18ans, comme l’a notamment révélé un sondage
effectué en 1999 par la SOFRES sur les valeurs des 15-25 ans. L’âge maximal se rapproche
dorénavant de 29 ou 30 ans, ce qui est lié au constat d’un «allongement de la jeunesse»: les
attributs de l’âge adulte sont acquis par les jeunes plus tardivement que par le passé et tendent
à se déconnecter les uns des autres. Entrer dans la vie active, habiter un logement
indépendant, fonder un couple, se marier, avoir un enfant sont autant d’étapes qui survenaient
auparavant plus tôt, tout en étant rapprochée dans le temps et souvent irréversibles.
Aujourd’hui, un jeune quitte plus tardivement le domicile familial et peut y revenir en cas de
chômage. De même, la constitution d’un couple stable est davantage progressive. La jeunesse
est devenu un moment d’expérimentation, avec des phénomènes d’essais/erreurs. C’est
pourquoi la plupart des travaux sociologiques et statistiques – notamment de l’INSEE –
retiennent dorénavant la limite de 29ans, au lieu de 25 ans précédemment.
II. Les valeurs des 18-29 ans en France
Je me référerai à la première question de l’enquête, posée en 1990 et 1999, qui porte sur «ce
qui compte dans la vie». Elle propose une sorte de palmarès des valeurs en citant la famille,
le travail, les relations amicales, les loisirs, la politique et la religion. Je présenterai
successivement chacun de ces domaines de la vie.
Domaines de la vie considérés comme très importants en 1990 et en 1999
(en pourcentages, selon l’enquête Valeurs)
Travail
Famille
1990
59
76
Amis /
relations
48
1999
1990
68
60
84
81
1999
68
88
Loisirs
Politique
Religion
40
5
8
61
40
44
31
5
8
5
14
50
37
8
11
18-29 ans
Pop. totale
La famille
Les réponses font apparaître en premier lieu la grande importance donnée à la famille. À la
question «est-ce que ce serait une bonne chose que l’on attache d’avantage d’importance à la
vie de la famille», 79% des jeunes interrogés ont répondu positivement en 1981 et 89% en
1999. Cette priorité accordée par les jeunes à la famille apparaît dans toutes les enquêtes ou
sondages. Bien sûr, les jeunes ne se réfèrent plus à la famille traditionnelle qui pouvait avoir
un fonctionnement quasi autoritaire. La vie familiale est devenue un espace démocratique où
l’affectivité est davantage valorisée, avec de fortes attentes vis-à-vis des parents et un respect
de ceux-ci.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
124
Pour ce qui est des critères de réussite de la vie conjugale, les jeunes accordent moins
d’importance que par le passé aux aspects matériels ou à l'homogamie sociale, politique ou
religieuse.
La famille est davantage marquée par la qualité des relations interpersonnelles:
compréhension, tolérance, respect mutuel, authenticité. Ces compétences relationnelles sont
également valorisées dans l’éducation des enfants. Le progrès de ces valeurs de tolérance et
de respect fonde un rejet de l’influence uniformisante de l’institution religieuse ou de l’État,
qui ne sauraient intervenir sur l’espace privé de la vie familiale
Si le mariage ne connaît pas de regain de faveur, l’idée de fidélité - que cette institution est
censée favoriser - progresse de manière spectaculaire, surtout dans les jeunes générations. En
1981, 50 % des 18-26 ans estimaient que la fidélité est importante pour le bonheur du couple ;
en 1999, 85 % d’entre eux partagent cette opinion. De la même façon, l’adultère était
totalement condamné par 15 % des jeunes en 1981, puis par 32 % des jeunes en 1999. Il serait
toutefois erroné de penser que l’importance accrue accordée à la famille et à la fidélité
témoigne d’un retour à des valeurs dites traditionnelles. La fidélité n’est plus une question
morale, une norme intériorisée et contraignante. L’importance que lui accordent les jeunes
semble plutôt liée à la demande, très forte chez eux, d’authenticité et de respect. Alors que les
valeurs transcendantes sont en déclin, une importance centrale est accordée aux relations
interpersonnelles : c’est dorénavant dans l’épreuve de ces relations que se forgent des
convictions morales. La confiance réciproque dans le couple est le ciment de relations dont la
solidité n’est plus garantie par des principes intangibles.
Le travail
Le travail occupe la deuxième position, après la famille, parmi les domaines de la vie
valorisés par les jeunes, l’importance qui lui est accordée ayant crû entre 1990 et 1999. Cela
prouve que le travail n’est pas une valeur en régression, contrairement à ce que disent souvent
les médias et les hommes politiques. Les résultats de cette enquête montrent que cette valeur,
qui n’est pas remise en cause par les progrès technologiques, reste un des piliers sur lesquels
se construit l’identité sociale des individus. Par rapport à la décennie 1981-1990 durant
laquelle les attentes vis-à-vis du travail portaient sur la réalisation de soi, sur le sentiment de
réussite et sur les responsabilités qu’il pouvait offrir, les dix dernières années marquent le
retour d’une approche plus matérialiste de l’activité professionnelle, en particulier chez les
jeunes, attachée aux salaires, aux horaires ou à la sécurité de l’emploi. Une telle évolution
peut être expliquée par la plus forte instabilité des emplois au début de la vie active des
jeunes.
Les loisirs
Les 18-29 ans ne conçoivent pas le travail comme le domaine exclusif de l’accomplissement
personnel, ils veulent aussi préserver le temps libre et s’adonner à des activités de loisirs. Ce
qui apparaît dans les chiffres du tableau précédent. L’enquête ne comporte toutefois pas de
questions permettant d’approfondir ce thème.
Les amis et les relations
Autre valeur centrale dans la vie des jeunes, l’amitié. Une large majorité des 18-29 ans
considère en effet les amis et les relations comme très importants dans leur vie. L’amitié est
aussi une valeur en hausse; depuis 1990, l’importance accordée par les jeunes à leurs amis
s’est accrue.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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125
Le statut matrimonial influe sur la sociabilité amicale: les jeunes vivant en couple, à fortiori
s’ils sont mariés, passent moins de temps avec des amis. Cette sociabilité amicale est plus
forte parmi les plus jeunes, même dans la tranche d’âge des 18-29 ans. Elle est
particulièrement développée chez les étudiants et les lycéens. L’enquête Valeurs confirme
ainsi que la sociabilité amicale est liée à une étape du cycle de vie et résulte des effets d’âge
plus que des différences de générations: elle caractérise donc fortement la jeunesse.
Plus on est jeune, plus on cultive des relations amicales et plus elles revêtent d’importance
dans la vie scolaire, professionnelle ou associative. Par exemple, on s’engage dans une
association avec des amis ou pour y rencontrer des amis. Plus on vieillit et plus les étapes
d’entrée dans la vie adulte se succèdent, moins le réseau amical est valorisé et entretenu. La
sociabilité, liée aux sorties et aux rencontres, se replie alors sur l’espace familial.
La politique
À la différence de la famille, du travail ou des relations amicales, la politique n’est pas un
domaine de la vie très valorisé, ni par les jeunes, ni par les adultes. Les 18-29 ans sont un peu
moins politisés qu’autrefois et moins informés sur les questions politiques que les générations
les plus âgées. Cette dépolitisation des jeunes influe sur leur comportement électoral. Alors
que les personnes plus âgées semblent prêtes à voter même si elles ne sont pas politisées, les
jeunes sont nettement plus abstentionnistes. Davantage que comme un devoir, ils considèrent
le vote comme un droit qu’ils pratiquent de façon intermittente, en fonction des enjeux
ressentis d’une élection. La participation protestataire, en revanche, se développe:
aujourd’hui les 18-29 ans sont encore plus nombreux à avoir signé une pétition ou participé à
une manifestation autorisée.
L’identification à la gauche et à la droite fait toujours sens pour beaucoup de jeunes. Dans
chaque vague de l’enquête, ceux-ci choisissent légèrement moins la droite que les plus âgés et
il y a une grande stabilité de leur positionnement à vingt ans d’écart. Dans le même temps, les
jeunes rejettent davantage l’extrême droite, mais deviennent plus nationalistes. Leurs attitudes
à l’égard des immigrés sont un peu moins négatives que celles des personnes âgées, toutefois
l’intérêt qu’ils leur portent est faible.
De nombreux travaux ont montré que l’intérêt pour la politique augmente avec le niveau
d’études. Le développement de la scolarisation aurait donc dû accentuer la compétence
politique des jeunes, leur maîtrise des codes de la politique et leur connaissance de ses enjeux.
Pourtant, à chacune des trois enquêtes Valeurs, on observe une baisse de cette influence du
niveau scolaire. La poursuite de longues études préserve moins qu’avant d’une dépolitisation.
Il n’en reste pas moins que l’intention de s’abstenir est d’autant plus forte que les jeunes ont
fait moins d’études, tandis que la participation protestataire se développe avec un diplôme
élevé. (1)
La religion
Comme la politique, la religion tient une place peu importante dans la vie des adultes et, plus
encore, des jeunes. Cependant, si le désintérêt vis-à-vis de la politique semble s’accentuer,
l’attitude des nouvelles générations face à la religion n’est plus aussi négative qu’auparavant.
Le recul du religieux se poursuit au niveau de l’ensemble de la population. Mais ce recul est
désormais nettement moins accentué chez les jeunes, tandis que l’athéisme convaincu
progresse peu.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
126
L’attachement aux cérémonies augmente et la progression des croyances liées à l’après-mort
est forte (vie après la mort, paradis, réincarnation). Cette évolution concerne surtout les jeunes
sans religion, témoignant ainsi d’une déconnexion entre la croyance et l’appartenance
religieuse. Être sans religion ne signifie plus être athée et l’Église n’a plus le monopole des
croyances religieuses. Si les 18-29 ans pensent davantage qu’il y a vingt ans que l’Église
apporte une réponse aux besoins spirituels, ils n’ont guère le sentiment, sauf les pratiquants
réguliers, qu’elle réponde aux problèmes moraux, familiaux et sociaux. Les jeunes ne se
rapprochent donc pas de l’Église en tant qu’institution, qui conserve pour eux une image
conservatrice. Je souligne que les réponses des jeunes musulmans, sous-représentés dans
l’échantillon, sont peu exploitables; nos résultats concernent donc essentiellement les jeunes
chrétiens.
III. Deux tendances d’évolution
Au terme de leur travail, les auteurs de cette recherche s’accordaient pour affirmer que, de
façon générale, les valeurs des jeunes et des adultes tendent à se rapprocher. Dans
beaucoup de domaines, les écarts entre classes d’âge se sont considérablement réduits en
vingt ans. Ainsi l’autorité, qui opposait jeunes et adultes, est aujourd’hui une valeur
consensuelle. L’observation des évolutions entre 1981 et 1999 confirme un double
mouvement de remontée du principe d’autorité dans le domaine de la vie publique et
d’accentuation de la demande de liberté dans la sphère privée. Dans le domaine privé (sur des
sujets comme le divorce, l’avortement, l’euthanasie, l’homosexualité), les jeunes se
montraient en 1981 plus libéraux que leurs aînés. Ils ont continué à évoluer dans le sens du
libéralisme, entraînant dans leur évolution une large part de la population plus âgée. Dans la
sphère publique, on observe en 1999, à travers toute une série de réponses, un renforcement
de la demande de normes collectives et de maintien de l’ordre.
Les jeunes tolèrent moins qu’en 1981 les écarts vis-à-vis de la morale publique. Cette
évolution est sans doute un effet de période puisqu’elle concerne toutes les générations, mais
il est remarquable que les valeurs d’autorité se soient accrues chez les jeunes depuis 1981, les
rapprochant ainsi des plus âgés et conduisant les 18-60 ans à former un ensemble homogène.
Le regain de l’autorité témoigne d’un appel à une régulation publique des rapports privés,
ceux-ci étant moins régis qu’autrefois par des normes intériorisées, par des principes clairs et
intangibles.
Cette évolution ne signifie donc pas un retour à une morale marquée par ces règles
intangibles. Mais il y a néanmoins une évolution par rapport aux valeurs, plutôt
antiautoritaires, de la génération de soixante-huit. Le rapport des jeunes générations à
l’autorité est en fait ambivalent. Dans la famille, dans les établissements scolaires ou dans la
vie professionnelle, les jeunes ne demandent pas des contraintes plus strictes. Au sein de ces
institutions, l’autorité ne peut plus rester imposée, mais doit être négociée. La réhabilitation
de l’autorité par les jeunes indique plutôt le souhait de vivre dans une société où les règles
collectives sont respectées, tout en bénéficiant d’un maximum de libertés individuelles.
Il semble que l’autorité est davantage souhaitée pour les autres que pour soi-même. En
quelque sorte, les jeunes générations désirent à la fois les avantages de l’ordre et ceux de la
liberté.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
127
Il faut bien comprendre que ces générations sont à la pointe de l’évolution de la société vers
l’individualisation, qui consiste à choisir ses normes éthiques sans que celles-ci soient
imposées par la société, l’Église ou l’État. Les valeurs ne sont plus données: l’individu veut
décider ce qui est bon pour lui.
Alors que, globalement, les valeurs des jeunes et des adultes se rapprochent, les valeurs des
jeunes diplômés et des jeunes non diplômés tendent à diverger. C’est la seconde évolution
notable que fait apparaître cette recherche. L’influence première du niveau d’instruction,
exerçant notamment cet effet de polarisation, est révélée à plusieurs reprises dans les résultats
de l’enquête. Par exemple, les 18-29 ans ont des valeurs politiques très différentes selon leur
niveau de diplôme. On constate un potentiel de critique et de radicalisation chez les jeunes à
faible niveau d’éducation, plus facilement contestataires non seulement des institutions, mais
aussi des valeurs démocratiques elles-mêmes. Ainsi que l’a montré Olivier Galland, le
chômage se concentre toujours plus, depuis vingt ans, sur les jeunes non-diplômés. Or cette
polarisation sociale de la jeunesse se double d’une polarisation idéologique, non pas sur les
mœurs et la vie privée où le clivage est davantage générationnel, mais sur la représentation de
la société et de la vie publique, où le clivage, lié au niveau d’études, est particulièrement
marqué chez les jeunes. Dans toutes les classes d’âge, mais surtout chez les jeunes
générations, l’attitude anti-démocratique est très sensible au niveau d’instruction, tout comme
la xénophobie, le sentiment d’insécurité, la confiance dans les institutions. L’échec scolaire
semble aujourd’hui plus vivement ressenti et génère une critique sociétale et institutionnelle,
voire un rejet de l’autre. L’écart s’accroît ainsi entre deux jeunesses, dont l’une, exclue de
l’éducation et de la culture, se révèle beaucoup plus radicale. Il y a probablement là un défi
important pour la société française dans les années à venir. Défi que les politiques publiques
développées en direction des jeunes se doivent de relever.
Le CESR a souhaité annexer à cette communication les deux tableaux ci-dessous présentés
lors de l’audition :
Fidélité dans le couple
Réponses des 18 – 29 ans
1981
1999
79
89
62
85
15
32
QU’ON ATTACHE DAVANTAGE D’IMPORTANCE À LA VIE
DE FAMILLE
(Ce serait une bonne chose…)
LA FIDÉLITÉ
(Très importante pour le succès d’un mariage)
ADULTÈRE
(Condamnent totalement)
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
128
Ordre et autorité
Réponses des 18 – 29 ans
1981
1999
21
39
38
62
35
58
51
64
38
53
MAINTENIR L’ORDRE DANS LE PAYS
(But le plus important que la France devrait s’efforcer d’atteindre au
cours des dix prochaines années)
QU’ON RESPECTE DAVANTAGE L’AUTORITÉ
(Ce serait une bonne chose…)
CONFIANCE DANS L’ARMÉE
(Grande ou certaine)
CONFIANCE DANS LA POLICE
(Grande ou certaine)
ACCEPTER UN POT DE VIN DANS L’EXERCICE DE SA
FONCTION
(Jamais justifié)
Ces éléments présentés constituent une base de travail pour le CESR, sans l’engager
pour autant sur les analyses apportées. Par analogie, il est possible de considérer que ces
« valeurs » peuvent être partagées par les jeunes de Midi-Pyrénées.
(1) Ainsi le clivage constaté entre les valeurs des jeunes diplômés et celles des jeunes non
diplômés semble être confirmé en région. L’étude INSEE sur la participation électorale en
2002 en Midi-Pyrénées remarque que les plus diplômés sont effectivement les plus assidus.
Élections :
Part de l’abstention systématique selon le niveau de diplôme (en % d’inscrits)40
40
Publication INSEE 6 Pages N° 65 – septembre 2003 – la participation électorale en 2002
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
129
Conclusion de la 2ème partie
Cet essai de construction d’une image de la jeunesse en Midi-Pyrénées révèle des points
positifs, des atouts pour les jeunes qui vivent dans la Région. Non seulement, Midi-Pyrénées
garde « ses jeunes », mais aussi elle attire des jeunes d’autres régions et du monde aussi bien
pour y étudier que pour y travailler.
D’une manière globale, les jeunes de Midi-Pyrénées sont fortement scolarisés, ils
réussissent mieux et accèdent à des niveaux de diplôme et de qualification élevés car ils y
trouvent des possibilités de poursuites d’études dans des secteurs diversifiés et
professionnalisés. Ils sont peu nombreux à sortir du système scolaire sans qualification.
La scolarisation et la formation sont cependant fortement marquées par une concentration
sur l’agglomération toulousaine, engendrant des disparités régionales et des situations
moins avantageuses pour certaines catégories de jeunes. Cette forte polarisation toulousaine
ne va pas sans poser d’ailleurs des problèmes de logement et de transport.
Mais ces atouts ont aussi leurs revers qui se traduisent par une dégradation de l’entrée dans
la vie active avec des taux de chômage importants, aussi bien pour les moins qualifiés que
pour les plus diplômés, par des formes d’emploi peu en rapport avec les niveaux de
diplômes et de qualification acquis, et des rémunérations moindres. Également, les effets
des mesures politiques en matière d’emploi engendrent des inquiétudes fortes. La suppression
de contrats en alternance et d’insertion qui bénéficiaient aux moins favorisés, la fin des
emplois-jeunes, toutes mesures qui permettaient aux jeunes de s’insérer dans le monde du
travail, d’y acquérir expérience et professionnalisation font entrevoir des difficultés plus
grandes encore pour l’avenir.
Les jeunes sont les premiers touchés par cette montée de la précarisation, de la
paupérisation bien qu’elle n’en concerne qu’une partie. Elle s’étend cependant et elle réduit
considérablement leur chance d’accéder à l’autonomie, attribut premier de l’âge adulte. Leur
vie est ainsi faite d’aller-retour, de renoncements et de ruptures. Ils traduisent cette souffrance
sociale, en lien également avec les pressions exercées pour la réussite, qu’elle soit scolaire,
sportive, professionnelle, par une souffrance psychologique et des conduites addictives.
L’ensemble des éléments recueillis montre certes une image des jeunes Midi-pyrénéens, mais
une image partielle car de nombreux domaines n’ont pu être explorés, comme le handicap, la
citoyenneté, la culture, les activités de loisirs, les activités physiques et sportives…. ou les
conditions de vie des jeunes dans les zones rurales qui sont pourtant une spécificité de MidiPyrénées. Pressenties, approchées dans les auditions, elles n’ont pu être fondées sur des
données chiffrées.
Ce premier essai de compilation des éléments d’information sur la situation des jeunes en
Midi-Pyrénées pour tenter un regard d’ensemble démontre d’une part la difficulté de
l’exercice, d’autre part la nécessité d’étudier de manière approfondie cette population et d’en
analyser finement les résultats afin de prendre des mesures et de mettre en œuvre des actions
qui répondent au plus près à leurs préoccupations et aux difficultés qu’ils rencontrent. C’est
bien là l’enjeu d’une politique régionale. Mais laquelle ? À partir de quels leviers ? La
troisième partie sera donc consacrée à déterminer des propositions pour une « politique de
jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées ».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
130
TROISIÈME PARTIE
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
131
III – QUELLE SPECIFICITE D’UNE POLITIQUE REGIONALE DE
« JEUNESSE » ?
«On est absorbé par la rue, entraîné par les autres qui n'ont plus d'espoir et tenté par l'argent
facile. Je me dis qu'à force de frapper aux portes, une finira bien par s'ouvrir. C'est ce qui m'est
arrivé!»
Farid, 23 ans, animateur
Enjeux et questionnements
La question des jeunes est inséparable du renouvellement du contrat social. Notre société se
trouve confrontée à une contradiction forte. Elle est tout à la fois capable d’apporter du
progrès collectif et du mieux vivre, d’élever le niveau des connaissances et des qualifications,
de permettre un meilleur accès aux biens et aux services, de développer de nouveaux rapports
au travail et, en même temps, elle crée de la précarité et des espaces d’exclusion. Elle laisse à
la marge certaines catégories de personnes, en particulier des jeunes qui se retrouvent en
grande difficulté et ne se reconnaissent plus en elle.
Les jeunes sont aussi le reflet de notre société dans ce qu’elle génère d’impatience, d’accès
facile, de consommation irréfléchie, avec l’impression de tout savoir, d’avoir accès à tout.
« Avoir tout et tout de suite » fait partie du quotidien dès l’enfance. Et l’environnement
sociétal pousse à cette attitude « consumériste ».
Leurs repères « traditionnels », les adultes référents, parents, enseignants, animateurs
socioculturels et sportifs, se contredisent souvent dans leurs discours et dans leurs
comportements. Il existe de moins en moins de lieux de communication commune. Dans ce
contexte, les familles font beaucoup et, dans l’ensemble, apportent les soutiens nécessaires
jusqu’à l’acquisition de l’autonomie, tentant à la fois de leur « donner des ailes » tout en
maintenant « les racines ».
Comme l’indique Jean-Baptiste de FOUCAULT, « la question des jeunes est à considérer en
rapport avec l’évolution conjointe de 4 grands compromis :
-
-
-
le compromis éducatif, entre obligation de résultat du système scolaire et sa
capacité à mettre chacun en mesure de choisir un métier, à faire une place à
l’alternance et à la formation tout au long de la vie ;
le capital travail, avec le relèvement conjoint des taux d’activité des 15-24 ans
et des plus de 50 ans ;
le compromis intergénérationnel, entre les jeunes et leur famille dans la
répartition des aides et entre les jeunes et les actifs par l’articulation des
minima sociaux avec les revenus des actifs ;
le compromis institutionnel ou démocratique, en favorisant la représentation
des jeunes et leur participation aux instances de la vie collective et sociale. »
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
132
Les réponses à ces questionnements sur les grands équilibres, qui fondent le contrat social,
sont de l’ordre régalien. Elles relèvent d’une vision globale que seul l’État est en mesure
d’apporter pour renouveler le lien social. Cette approche globale le conduit à prendre des
mesures dans des domaines divers, tenant compte d’une situation générale et de son
évolution.
La Région se situe à un échelon essentiel, entre le national, généraliste et globalisateur, et le
local (municipalités et intercommunalités, conseils généraux), première proximité, en charge
de la gestion de la vie quotidienne et des contraintes des territoires et des individus…. Elle a
un rôle à jouer entre l’Etat, les autres collectivités locales et les acteurs de terrain.
L’objectif est de construire une politique « régionale » pour « donner de l’espoir aux
jeunes », en ayant à l’esprit que les jeunes sont l’avenir de notre société et de Midi-Pyrénées.
Cette politique conduite en région induit une réflexion, une concertation partenariale préalable
à la définition des mesures et à leur mise en œuvre. Elle vient nécessairement s’articuler à une
politique nationale d’ensemble, qui s’inscrive dans le temps, sur des périodes longues et qui
soit élaborée en association avec la société.
Une politique régionale s’inscrit dans une vision prospective tenant compte des
spécificités territoriales. La jeunesse est le monde adulte de demain, qui, dans le jeu
générationnel, accédera légitimement aux postes de responsabilités et, dans le jeu
intergénérationnel, aura, à son tour, après avoir reçu des adultes (parents, familles), à
s’occuper des plus âgés.
Il ne s’agit pas de limiter les actions politiques à la seule bonne gestion des affaires en cours,
mais d’investir dans et pour l’avenir, en tenant compte des évolutions.
Car les enjeux sont bien là, quelle place ferons-nous aux jeunes dans notre société et sur notre
territoire ? Il doit être tenu compte de leurs aspirations, de leurs valeurs et de leur conception
du bonheur : avoir des amis, être intégrés parmi leurs pairs, suivre la mode, entrer de manière
stable dans la vie active. Un accès différé aux normes d’appartenance et aux attributs
communs est vécu douloureusement, perçu comme un rejet de la société que ces jeunes vont
rejeter et refuser à leur tour, violemment parfois.
Or, ce que révèle le constat, c’est bien, à côté d’un volant de jeunes exclus, une précarisation
croissante des situations des jeunes, une certaine souffrance, un manque de cadres, d’éléments
pertinents et de moyens pour franchir les étapes menant à l’autonomie, au statut d’adulte.
Ce cheminement des jeunes est parfois marqué par des moments de rupture qui les
fragilisent et les laissent démunis. Ces ruptures peuvent être de différentes natures : ruptures
familiales, ruptures scolaires, ruptures dans l’orientation, ruptures dans la formation, ruptures
du contrat d’apprentissage, du contrat de travail, ruptures dans les aides sanitaires et sociales,
ruptures dans les loisirs. Elles perturbent et parfois bouleversent l’organisation de leur vie et
elles sont souvent à l’origine de régression dans le processus d’autonomisation.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
133
Une politique régionale de jeunesse doit prendre en compte ces difficultés pour mieux
accompagner les jeunes, pour les aider à devenir autonomes, c’est-à-dire à acquérir dans
les meilleures conditions possibles les éléments constitutifs de l’autonomie. Elles seront
considérées dans les différentes rubriques de cette partie.
Mais affirmer la nécessité d’une politique régionale jeunesse ne nie pas pour autant le rôle que
doit garder l’Etat. La Région seule ne peut prendre en charge cet accompagnement ou se
substituer aux obligations qui incombent à l’Etat.
III - 1 - UNE INDISPENSABLE POLITIQUE DE JEUNESSE AU
NIVEAU DE L’ETAT
L’État reste le garant de l’accès de tous aux droits fondamentaux : l’éducation, la
qualification et la formation tout au long de la vie, le travail, la santé, le logement, la culture
et les loisirs. Il doit prévenir et lutter contre toutes les formes d’exclusion et de discrimination
et protéger les plus faibles, comme les jeunes mineurs, et les plus démunis.
Une politique « jeunesse » considère le droit commun pour organiser les conditions générales
d’accueil dans la société qui bénéficient à l’ensemble des classes d’âge et doit apporter un
appui particulier à ceux qui échappent à ce droit commun ou n’en exploitent pas toutes les
potentialités. L’État fixe les caps à atteindre.
Dans son avis « la Région : Pivot de la décentralisation » du 14 avril 2003, le CESR affirmait
le rôle prépondérant de l’Etat, devant conduire une politique forte et incitative de jeunesse,
articulée aux autres politiques publiques, devant conserver et renforcer ses prérogatives, ses
missions et les moyens afférents, en maintenant les services déconcentrés de la jeunesse. Il
insistait sur le fait que la politique « jeunesse » n’aurait rien à gagner en reposant sur une
seule collectivité ou le seul Etat.
Le CESR réaffirme fortement que l’État doit s’attacher à réduire les inégalités
par les politiques qu’il met en oeuvre.
Mais la transversalité des questions liées aux jeunes montre la nécessité pour l’Etat de se
préoccuper des politiques en amont et en aval. En effet, une politique de jeunesse doit aussi
s’articuler à une politique familiale, prérogative de l’Etat.
La famille demeure le premier lieu des apprentissages des règles et des interdits pour la
structuration de la personne et de la vie en société. L’environnement familial et les conditions
de vie de la famille ont un impact déterminant sur le développement des jeunes. Il apparaît
donc comme nécessaire d’agir dès l’enfance.
Au vu de l’importance du rôle de la famille et en premier lieu des parents, il apparaît
indispensable de prendre en compte des réalités nouvelles. D’une part, les nombreuses
situations de ruptures de couples dont certaines constituent des traumatismes importants pour
les enfants et les jeunes.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
134
D’autre part, l’impact grandissant des situations de précarité sociales, 12 millions de
personnes sont en situation de précarité en France, avec une augmentation préoccupante de
familles monoparentales aux faibles revenus. Il existe, selon le rapport DELORS, 1 million
d’enfants « pauvres ». Ces deux aspects, parfois liés, ont des conséquences importantes sur la
difficulté de certains parents à assumer leur rôle éducatif et nécessitent donc un renforcement
des mesures d’aides à la parentalité.
Face aux difficultés d’entrée dans la vie active et à la précarisation croissante des jeunes, les
familles sont fortement mises à contribution. Elles apportent le plus souvent un soutien
important et prolongé à leurs jeunes, au-delà de 25 ans du fait de l’allongement des études,
des périodes de formation et des difficultés d’entrée dans la vie active.
Cette mise à contribution prolongée des familles vient encore renforcer les inégalités car,
face à des conditions de vie qui ne cessent de se dégrader, toutes ne sont pas en mesure
d’assumer financièrement. À ces obstacles matériels se rajoute aussi la complexité des
relations due à une cohabitation et à une situation de dépendance prolongées. Car le propre de
la jeunesse est aussi de constituer, dans une perspective d’émancipation, une phase
d’autonomisation plus ou moins progressive par rapport aux parents. Une rupture logique qui
ne signifie pas un rejet de la famille.
D’ailleurs les jeunes ne s’y trompent pas car, au palmarès de leurs valeurs comme précisé lors
de son intervention par le sociologue Bernard ROUDET, la famille arrive en premier et reste
donc largement valorisée. Mais il rajoutait aussi que cette valeur « famille » dépassait
largement les valeurs, les structures, et les modes de vie traditionnellement attachés à la
notion de famille. Elle est aujourd’hui avant tout un lieu d’affectivité forte, où se développent
les notions d’authenticité, de respect et de qualité des relations interpersonnelles.
Jusqu’à présent, les mesures nationales pour les 16-25 ans, ont oscillé entre l’assistanat et
l’autonomie. L’État n’a pas opté en faveur d’une allocation globale d’autonomie versée
directement aux jeunes (comme certains pays européens l’ont fait). Les aides financières
restent dirigées, pour l’essentiel vers les familles. Mais, ni leur montant, ni l’aide à la
parentalité n’ont été renforcées pour autant.
Pour le CESR, l’Etat doit aussi développer une politique familiale plus
ambitieuse et plus adaptée. Il doit affirmer clairement une politique de la
jeunesse fortement articulée avec l’ensemble des politiques publiques de
l’éducation et de l’emploi, sans exclure la dimension jeunesse des autres
politiques nationales de santé, de logement, etc.. Ces grandes politiques
nationales doivent être conçues et programmées sur des périodes longues pour
produire les effets attendus, et évaluées régulièrement afin de mieux les
infléchir.
La mise en œuvre d’une politique Jeunesse nécessite aussi un maintien et un
renforcement des dispositifs et actions d’envergure nationale définis ces dernières
années (emplois-jeunes, contrats éducatifs locaux, expression et engagement des
jeunes…).
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
135
La volonté de l’État de mettre en œuvre une indispensable politique de jeunesse passe à
minima par le maintien, voire le renforcement, de son service déconcentré compétent.
Il est donc important d’assurer le maintien des services déconcentrés correspondant aux
compétences ministérielles du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative au
travers des DRJS et des DDJS. Il est aussi nécessaire de se poser la question de la place des
DRJS au sein des futurs pôles chargés d’animer l’action de l’Etat en région, compte tenu du
rôle que joue ce ministère dans la politique interministérielle de la Jeunesse et dans la
responsabilité de la Vie Associative.
Le CESR regrette que, dans le cadre de l’organisation de l’administration
territoriale de l’État dans les régions, ne soit pas affirmé un pôle spécifique
« jeunesse, sports et vie associative », à côté des 8 pôles définis.
En Midi-Pyrénées, dans l’intérêt même des jeunes, la synergie mise en place depuis deux ans
entre Rectorat et DRDJS doit ainsi se poursuivre et s’étendre aux autres services de l’Etat.
Les carences et les flous de l’Etat en matière de politique de jeunesse constituent une toile de
fond complexe pour les collectivités locales et territoriales qui doivent affirmer leur rôle et
leurs choix sans pour autant se substituer à lui.
III - 2 – UN NOUVEL ACTEUR INCONTOURNABLE : LA REGION
A - La dimension « jeunesse » traverse les grandes compétences
régionales
La dimension « jeunesse » est transversale. Elle se trouve pratiquement dans tous les axes des
politiques de l’éducation formelle et informelle, de l’emploi, du logement, de la santé, des
transports, des activités de loisirs, culturelles et sportives, etc., avec des interactions fortes
entre ces domaines, les uns conditionnant l’accès aux autres.
Elle se retrouve donc dans toutes les interventions menées par la Région au titre de ses
compétences principales et le budget consacré à ces axes témoigne des efforts consentis
puisqu’ils en représentent plus de 50 %. Cependant, les mesures prises n’ont pas
toujours été construites de manière agencée, elles ont été plutôt mises en oeuvre au fur et
à mesure de l’évolution des transferts de compétences obligatoires et de leur répartition,
des politiques de l’Etat, de besoins repérés, de sollicitations et de choix politiques. Audelà de leur intérêt spécifique, de telles actions segmentées ne constituent pas encore une
véritable « politique ».
À présent, la Région doit organiser et rendre cohérentes ces actions. Elle doit dépasser les
actions ponctuelles en faveur des jeunes afin de leur construire un sens, de leur donner une
dimension et une lisibilité plus fortes. C’est à ce prix que Midi-Pyrénées aura une véritable
politique susceptible de renforcer l’atout que représente sa jeunesse.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
136
Le CESR estime que pour contribuer à l’efficacité d’une politique jeunesse, la Région
doit conduire une politique construite à partir de ses compétences qui sont autant de
leviers de mise en œuvre : éducation, formation, emploi, développement économique,
transport, aménagement du territoire. Ces grands champs d’intervention constituent un
cadre de cohérence lui permettant d’impulser ou de soutenir des actions de niveau
régional ou d’intérêt régional.
Par leur rôle structurant et leur appui au tissu local, ce type d’actions est déterminant dans le
développement de politiques en faveur des jeunes.
B - Définir de nouvelles méthodes de travail
1) organiser la transversalité
La transversalité des questions « jeunesse » oblige à la vigilance et pousse à l’organisation.
Car, relevant de divers domaines, les questions concernant cette population peuvent se diluer,
ne pas être identifiées clairement et se perdre.
Aujourd’hui, il n’existe pas de commission spécifique « Jeunesse » au sein du Conseil
Régional. Différentes commissions statuent sur des axes politiques concernant les jeunes.
Le CESR prend acte de cette nouvelle structuration et répartition des compétences des
Commissions du Conseil Régional. Traditionnellement opposé à la segmentation et au
cloisonnement, il y lit la possibilité d’une mise en œuvre transversale d’une politique de
jeunesse.
Cependant, en prenant exemple, d’une part, sur ce qui a été fait en région pour la culture et,
d’autre part, sur le fonctionnement d’autres Conseils Régionaux :
Proposition 1
Le CESR préconise la création d’une Vice-Présidence clairement en
charge de la jeunesse. Il est indispensable qu’un élu soit garant de la
transversalité, et porteur de la cohérence de la politique « jeunesse ». C’est
aussi un gage d’affirmation de la priorité accordée à la jeunesse, de la visibilité
de la politique régionale. Il pourrait être l’interlocuteur privilégié des structures
agissantes sur le terrain, des autres acteurs des collectivités et de l’Etat.
Ayant souvent souligné, dans ses rapports sur les orientations budgétaires, la confusion des
crédits destinés à la jeunesse et aux sports, le CESR est aussi convaincu que ce nouveau choix
peut enfin permettre d’y voir plus clair.
Proposition 2
Dans un souci de lisibilité et d’évaluation, le CESR propose que la Région, sous
l’autorité de cette Vice-Présidence en charge de la Jeunesse, produise u n
rapport annuel sur sa politique « jeunesse ».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
137
2) animer la concertation multi partenariale
Trop souvent des projets, des programmes d’activités, des dispositifs et des mesures reposent
sur une segmentation des publics. La mise en œuvre incombe aussi bien aux services de l’État
qu’aux collectivités territoriales, aux associations oeuvrant dans le secteur de la jeunesse,
ainsi qu’aux autres acteurs socioprofessionnels eux aussi concernés.
Se font jour trois grandes nécessités :
•
•
•
analyser le champ partenarial,
favoriser l’interaction et la compréhension entre tous les échelons qui
interviennent sur les différents axes de politique jeunesse,
instaurer des multi partenariats.
La région, par ses compétences, ses missions structurantes et son rôle spécifique de
collectivité qui « prépare l’avenir », peut être le niveau géographique pertinent pour
disposer de la prise de recul et de l’autorité nécessaires pour animer, au côté de l’Etat, la
concertation indispensable aux politiques de jeunesse : elle pourrait ainsi en être le maître
d’œuvre, ce qui ne signifie pas se substituer à l’action des autres collectivités, mais être garant
du cadre commun.
Cela ne signifie pas non plus que la région peut faire seule. Elle doit définir ce qu’elle peut
apporter et doit prendre en compte ce qu’apportent les diverses expressions des jeunes euxmêmes, des parents d’élèves et des familles, sans oublier les équipes éducatives, les
formateurs, les employeurs, les socioprofessionnels, les associations, etc..
3) bâtir une approche globale et prospective
Une meilleure connaissance des jeunes, une écoute, et une prise en compte de leurs paroles
comme de celles des divers acteurs qui agissent pour et avec eux, doivent faciliter le
« guidage stratégique régional ».
Une nouvelle méthode de coordination doit être recherchée. À cet effet, la région doit se doter
d’outils. Il n’est pas aisé de recueillir des informations sur les jeunes et d’avoir une image
proche de leurs réalités. Trop souvent, ce sont des représentations que se font les adultes qui
guident les décisions. Il existe en effet un réel besoin de réaliser une synthèse statistique,
d’approfondir régulièrement et ensemble les données les plus fines et les plus récentes
recueillies par les différents niveaux d’intervention auprès des jeunes afin de mettre en place
des actions coordonnées sur les différents territoires, pour proposer des programmations
régionales expérimentales d’actions adaptées à telle situation ou à tel territoire.
Le choix de l’opérateur revient à la Région qui peut s’appuyer à la fois sur les têtes de réseau
associatives et les moyens d’expertise qui existent déjà, en particulier sur le CRIES,
récemment relancé. Forte de la présence des Universités sur le territoire régional et de leur
potentiel de recherche, la Région aurait intérêt à s’appuyer sur les laboratoires de recherche, à
la fois sur les travaux de recherche réalisés dans différents cadres, et selon la procédure
d’appel à projet pour des commandes d’études appropriées à Midi-Pyrénées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
138
Proposition 3
Le CESR propose que le Conseil Régional donne naissance à une « banque de
données régionale » sur l’ensemble des questions qui concernent les jeunes en
s’appuyant sur la mise en réseau des données et des acteurs.
Ces études, ces informations chiffrées doivent aussi être mises en relation avec les paroles des
jeunes. Il est donc nécessaire de mettre les jeunes en situation d’exprimer leurs pensées et
leurs projets. Et ce au-delà du seul Conseil Régional des Jeunes, même si celui-ci devrait
pouvoir jouer un rôle moteur dans ces consultations.
Le CESR préconise à cet effet de mettre en place une large consultation des
jeunes, avec des mises à jour régulières afin de pouvoir prendre en
considération les évolutions de leurs réalités, de leurs besoins et de leurs
attentes.
Dans un premier temps41, une instance de concertation et d’observation permanente de type
« observatoire » a été préconisée de façon à instaurer un lieu permettant d’aborder la
problématique « jeunesse » dans son ensemble. Il semble plus pertinent à présent de proposer
une formule plus souple, qui puisse s’articuler aisément avec les données et études sur les
jeunes ainsi qu’avec des consultations périodiques.
Proposition 4
Le CESR propose qu’une Conférence Régionale de la Jeunesse soit organisée
par la Région, tous les deux ou trois ans, afin de réunir l’ensemble des acteurs.
Cette Conférence doit réfléchir sur un thème (selon le principe de la Conférence nationale de
la Famille). Elle doit être ainsi en capacité de proposer des programmations régionales
expérimentales d’actions jeunesse, contractualisées, inscrites dans la durée (3 ans au
minimum) et soumises à évaluation. Véritable concertation régionale, elle aurait également
pour finalité de mettre en cohérence les actions des divers acteurs de la jeunesse.
Un groupe permanent partenarial, chargé de la préparation et de l’organisation d’une telle
manifestation devrait être mis en place.
4) définir des stratégies et des critères d’intervention
Contractualiser, c’est poser des règles du jeu qui soient possibles et dignes. Cela oblige les
partenariats entre les structures. La durée permet d’infléchir les projets.
Poursuivre les politiques contractuelles avec l’État
Les politiques contractuelles entre l’État et les collectivités locales ont permis de fortes
avancées pour les équipements structurants.
41
En référence à l’avis du CESR Midi-Pyrénées intitulé « la Région : Pivot de la décentralisation » –
14 avril 2003
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
139
Des éléments de cohérence ont été construits grâce aux Contrats de Plan Etat-Région qui ont
permis l’identification d’axes communs d’intervention et, plus récemment, grâce aux contrats
de ville également. Le dernier CPER 2000-2006 a aussi introduit quelques axes jeunesse.
Le CESR souhaite ici réaffirmer son attachement à la politique contractuelle d’une manière
générale et en particulier à celle entre l’Etat et les Régions qui permet des réalisations
structurantes pour le développement des régions.
Par les possibilités d’articulation des politiques, la contractualisation est aussi un mode
particulièrement pertinent en matière de jeunesse. La politique Jeunesse régionale doit
continuer à se lire dans le Contrat de Plan Etat-Région.
Une telle position repose sur le fait que l’État honore réellement ses engagements. Or, cette
dernière période a vu un désengagement progressif de l’État par des gels successifs de crédits
qui provoquent une grande inquiétude et une grande incertitude sur la poursuite de ces
politiques contractuelles. D’ailleurs la réflexion en cours sur le devenir de la politique
contractuelle de l’État avec les territoires pose la question de l’existence même des CPER
après 2006.
Proposition 5
Favorable à la poursuite des Contrats de Plan État-Région, le CESR propose à
l’État et à la Région que les 7 volets thématiques considérés dans le présent
avis y soient repris comme autant d’axes forts d’un chapitre jeunesse du
futur CPER.
renforcer la dimension « jeunesse » dans les politiques territoriales au
travers des contrats de pays
L’aménagement du territoire est une des grandes compétences de la Région. Celle-ci
doit donc l’utiliser, par le biais des Contrats de Pays, comme un levier majeur pour un
développement d’une politique régionale jeunesse.
Les territoires sont les lieux de vie et d’engagement des jeunes. Ils doivent pouvoir y vivre, y
étudier et y travailler, s’ils le souhaitent. Or, Midi-Pyrénées se caractérise par la forte
attractivité de sa métropole toulousaine. Les territoires ont donc besoin d’une politique de
jeunesse qui participe du maintien et de l’arrivée des familles, des jeunes. La Région peut
jouer à cet égard un rôle déterminant et complémentaire des autres collectivités.
En ce domaine, la Région doit avoir une action volontariste en incitant les pays, les
communautés de communes et les agglomérations, ainsi que les parcs naturels régionaux, à
intégrer de manière lisible la dimension « jeunesse » lors de l’élaboration de leurs chartes et
de leurs contrats.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
140
Proposition 6
Le CESR souhaite que la Région, comme elle le fait déjà pour la Culture,
conditionne son intervention financière, dans les contrats de pays,
d’agglomération, de parcs naturels régionaux, à l’existence d’un volet
« jeunesse » en cohérence avec le développement de ces nouveaux territoires.
Afin d’aider les pays en ce sens, un diagnostic territorial et une ingénierie de
projet « jeunesse » pourraient être aidés par la Région.
Le CESR préconise également de constituer une représentation des jeunes dans tous les
Conseils de développement. Le récent « Forum de la démocratie participative » sur le thème
des Conseils de Développement du 30 juin dernier a mis en lumière l’expérience de certains
Conseils de Développement qui ont constitué en leur sein un collège « jeunes ». Cette
présence effective des jeunes dans une instance qui propose des projets pour un périmètre
territorial donné doit être encouragée et développée.
Le CESR encourage cette présence effective des jeunes au sein des conseils de
développement. Elle doit permettre que ces derniers se préoccupent davantage de la
dimension « jeunesse » et qu’ils mesurent, en toile de fond, l’impact global de leurs
propositions pour l’avenir de la jeunesse du territoire.
Proposition 7
Le CESR préconise que les Conseils de Développement des Pays intègrent
systématiquement une représentation des jeunes en leur sein.
Mobiliser les socioprofessionnels sur le thème de la jeunesse
En charge du développement économique et de l’aménagement durable du territoire, la
Région doit jouer un rôle mobilisateur auprès des acteurs socioprofessionnels afin de leur
faire prendre mieux conscience de l’atout pour le futur que représente la jeunesse midipyrénéenne.
La Région doit leur faire partager sa volonté de réagir face à la précarisation croissante de la
jeunesse.
Compte tenu du caractère transversal de la politique de jeunesse et des enjeux cruciaux de la
formation, de l’emploi et du logement, le rôle des socioprofessionnels est en effet très
important. À cet égard, avec les autres acteurs, la Chambre Régionale de Commerce et
d’Industrie, la Chambre Régionale de Métiers, la Chambre Régionale d’Agriculture, la
Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire, divers syndicats professionnels, et les
unions régionales des syndicats de salariés doivent être des interlocuteurs de la Région pour
l’élaboration d’une politique régionale de jeunesse.
Au-delà de la concertation, la mise en oeuvre de cette politique nécessitera au travers
d’actions évoquées plus loin, la signature de chartes, contrats et autres formes d’engagement
des partenaires sociaux.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
141
Établir des conventionnements avec le secteur associatif
Une des particularités des politiques jeunesse est de s’appuyer de manière importante sur un
vaste secteur associatif. Celui-ci est structuré régionalement par le biais de grandes
coordinations thématiques (sport, environnement, jeunesse et éducation populaire …) qui
rassemblent, chacune, diverses fédérations jouant un rôle de têtes de réseau régionales (la
Ligue de l’Enseignement fédère par exemple près de 1 200 associations locales).
Au-delà de leur contribution à l’élaboration d’une politique régionale de jeunesse, ces
associations en sont, de fait, aussi, des partenaires pour la mise en œuvre dans de nombreux
domaines sociaux, éducatifs, culturels ou sportifs.
Proposition 8
Le CESR propose que la Région établisse ses relations avec les coordinations et
les fédérations régionales associatives sur la base d’une contractualisation par le
biais de conventions d’objectifs pluriannuelles permettant des évaluations
régulières.
Des critères doivent être mis en place pour ces conventionnements, tenant compte en
particulier du caractère d’intérêt général de l’activité, de la dimension régionale des acteurs
(têtes de réseaux régionaux) et des actions (caractère structurant, démultiplicateur, animation
du tissu local, soutien à l’action des bénévoles …). Ceci pourrait aussi valoir pour la mise en
oeuvre du projet de développement de l’emploi associatif que la Région souhaite lancer dès
2005, aspect abordé plus loin dans cet avis.
Au-delà de ces priorités, une politique d’aide à l’équipement de petites structures locales
jeunesse peut s’avérer, sur le modèle de l’aide à l’équipement des petits clubs sportifs, une
action utile, en appui aux politiques territoriales, pour irriguer les territoires, aider au
développement local.
Innover et évaluer
Une politique régionale doit s’inscrire dans une démarche de projet, en définissant des
objectifs, en se dotant de moyens et d’outils de mesure des effets. Elle s’accompagne d’une
évaluation pour une meilleure efficacité des politiques publiques et donc pour innover.
En fait, cette culture de l’évaluation n’est pas systématiquement acquise, même si elle gagne
du terrain. Les organisations et les institutions, chacune à leur niveau, ont mis en place des
indicateurs et disposent d’outils d’évaluation qui leur sont propres, souvent peu détaillés et
qui sont centrés sur leurs préoccupations, rendant quasi-impossible l’utilisation de ces
informations par une autre structure.
Au vu de la complexité du domaine « jeunesse » et de la multiplicité des acteurs, ces
informations ne sont ni échangeables, ni comparables. Elles ne sont pas forcément accessibles
ni rendues publiques. Ainsi, dans le domaine de la formation professionnelle par exemple, il
serait utile de pouvoir connaître les moyens et les résultats des actions mises en place par
l’ensemble des organismes pour un même type de public (PRFP, AFPA, ANPE…). Le but
recherché n’est pas le seul accès à des données statistiques, mais il vise la cohérence, la
complémentarité et l’optimisation des dispositifs.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
142
Le manque de lisibilité dénoncé précédemment tient pour partie à cette absence d’évaluation
organisée, pour exemple le nombre de jeunes sans qualification, selon que l’on se réfère à la
MGI ou aux Missions locales. Les exemples sont multiples et les difficultés pour caractériser
cette population régionale jeune l’ont bien démontré.
Pour ces raisons, il semble nécessaire de mettre en place, avec les différents partenaires, au
niveau régional, des outils d’évaluation construits selon une méthodologie comparable ou, a
minima, avec des parties communes et partagées. La Région serait dans son rôle de
coordination si elle prenait une telle initiative.
Proposition 9
Le CESR préconise que la Région prenne l’initiative d’une concertation
régionale avec l’ensemble des partenaires concernés, pour développer sur des
thèmes déterminés, des outils communs d’évaluation des politiques et des
actions engagées régionalement.
Il paraît tout aussi intéressant de positionner la Région Midi-Pyrénées par rapport à d’autres
territoires, et donc d’avoir la possibilité de comparer avec d’autres régions pour identifier les
inégalités et améliorer certaines structures. L’adoption de l’outil d’analyse ARGOS par
quelques régions, notamment l’Aquitaine, et les échanges fructueux établis, était une première
initiative de cette nature. Cependant, ces dispositifs sont très coûteux dans leur mise en œuvre
et dans leur maintien (actualisation). De telles initiatives relèvent davantage d’organismes
d’État, ou d’instances ad hoc, comme le Comité de Coordination des Programmes Régionaux
dans le cadre de la troisième évaluation (2000-2002) des politiques régionales de formation
professionnelle initiale et continue, paru récemment.
III – 3 - POUR UNE POLITIQUE REGIONALE DE JEUNESSE :
7 DOMAINES PRIORITAIRES
Compte tenu, d’une part, du constat des freins importants rencontrés par les jeunes pour
accéder au statut d’adulte et de citoyen, (qui ne leur sont pas propres mais ils sont le thème de
notre avis), et, d’autre part, du rayon d’action de la collectivité régionale conféré par ses
compétences et les extensions qu’elle a souhaitées, une politique régionale de jeunesse doit
être menée en sept grands domaines identifiés ainsi :
1 – l’orientation, information, formation des jeunes
2 – l’entrée dans la vie active et l’emploi
3 – l’accès des jeunes au logement
4 – la santé des jeunes
5 – la mobilité des jeunes dans le territoire régional, dans l’Europe et à l’international
6 – l’éducation à la citoyenneté
7 – l’accès des jeunes aux loisirs, aux cultures, aux activités physiques et sportives.
Les actions spécifiques sur les différents axes, qui contribuent à l’amélioration des conditions
de vie des jeunes leur ouvrant de nouvelles perspectives, participent d’une approche globale
de la jeunesse.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
143
1. ORIENTATION, INFORMATION, FORMATION DES JEUNES
Orientation et accueil, revalorisation et mixité des filières scientifiques,
découverte de l’entreprise, intensification de l’information jeunesse, schéma
régional des formations …, pour permettre les choix des jeunes mais aussi
actions d’insertion et de formation pour ceux qui ont besoin d’une « deuxième
chance »…
«J'y croyais plus aux études ... Aujourd'hui, je regrette d'avoir arrêté, c'est tellement
important!».
Farid, 23 ans, animateur
«En troisième, je voulais m’occuper de jeunes enfants, mais il n’y avait pas de place dans un BEP
Carrières sanitaires et sociales et le CAP Petite Enfance se fait en Formation continue. J’ai redoublé la
troisième pour améliorer mes chances et j’ai été orientée vers un BEP secrétariat. J’ai ensuite préparé un
Bac pro, mais j’ai décroché très rapidement. L’ANPE m’a dirigée vers la Mission Locale où on m’a
demandé de redéfinir mon projet. J’ai toujours envie de m’occuper d’enfants et je souhaite préparer un
BAPAAT [diplôme Jeunesse et Sports niveau 5 de l’animation] pour être assistante animatrice
socioculturelle.
Delphine, 20 ans, Mission Locale
[Au CIO] «J'ai trouvé beaucoup d'informations pratiques sur ma formation. Mais en ce qui
concerne mon CV, on m'a dit de me rendre au CRIJ, rue de Metz.» «Les gens de l'accueil ont été
très sympathiques avec moi, mais ils n'ont pas pu répondre à mes questions. De plus, pour mon
CV, il faut encore que je me rende dans une autre annexe du CRIJ que je ne connais pas». «On
me demande 30 centimes pour une photocopie noir et blanc de mon CV, et 1,50 euro pour une
copie couleur. Quand on n'a pas les moyens comme moi, c'est un peu dur à avaler. D'autant que
chez moi, en Lorraine, j'ai pu le taper et l'imprimer gratuitement, que ce soit au CRIJ ou à la
Mission Locale. J'ai même eu droit à quelques conseils pour rendre mon CV plus attractif aux
yeux des employeurs. «Aujourd'hui, j'ai encore perdu une journée parce qu'on m'a mal
renseignée. Je suis un peu désespérée»
Sandra, 21 ans, chômeuse
À la fin de la 3e, je n’avais pas vraiment de projet professionnel, je ne voulais pas poursuivre en
enseignement général. Mécanicien me plaisait bien. Je m’inscris donc en BEP mécanique automobile au
Lycée Galliéni en septembre 2001. Après l’explosion d’AZF, on a été accueillis par des entreprises et
j’ai effectué un stage chez RENAULT. Je me suis rendu compte que les moteurs, c’est tout de
l’informatique, et puis, pendant le stage, j’étais au service commercial et ça m’a plu». J’ai voulu alors
poursuivre par un Bac pro Commerce en alternance, mais je ne trouve pas d’employeur. Beaucoup de
portes se sont alors fermées».
Fabrice, 18 ans, Mission Locale
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
144
contribuer à la réussite de l’orientation
D’un point de vue « parcours », l’orientation est au cœur de la problématique de la réussite
scolaire, elle conditionne l’insertion future des élèves, dans leur vie sociale et professionnelle.
Comme l’a recommandé notre assemblée dans son avis relatif à la Charte académique pour
l’orientation42, il faut impérativement éviter l’orientation par défaut, conduisant à la
démotivation et à l’échec.
Le CESR ne peut qu’encourager les services de l’information et de l’orientation du
Rectorat de l’Académie de Toulouse qui ont affirmé, lors d’une audition sur
l’élaboration de la carte scolaire, leur volonté d’améliorer les orientations vers
l’enseignement professionnel par
- une meilleure prise en compte des premiers vœux des élèves (et de leurs
familles), c’est-à-dire, la motivation et le projet, sans faire prévaloir les
résultats scolaires ;
-
la mise en place de deux dispositifs « post-affectation » d’aide aux élèves
non affectés à partir du site Internet de l’Académie, l’un tourné vers le
grand public permettant la consultation en ligne des places vacantes dans
les établissements, l’autre interne (IA, EPLE, CIO, MGI) pour assurer le
suivi des élèves non affectés.
Le « bilan et perspectives 2004-2005 » du projet d’Académie annonce également la mise en
place dès 2005 d’un service commun d’inscription en ligne pour les STS et IUT afin
d’affecter un plus grand nombre de candidats dès le mois de juin.
Cependant une attention particulière doit toujours être portée à l’information sur les métiers et
les professions auprès des jeunes. Les intervenants, les actions et les lieux d’information sont
multiples, au sein du système éducatif comme à l’extérieur (branches professionnelles,
apprentissage, etc.) et le Conseil Régional souvent sollicité pour apporter son soutien
financier à ces opérations. Il apparaît qu’il y a là une opportunité, et dans le cadre du chantier
du PRDF concerné, d’harmoniser, de réguler, sans toutefois limiter les initiatives, de favoriser
l’organisation de manifestations, hors agglomération toulousaine en particulier, pour assurer
une plus large diffusion et pour en accroître l’efficacité auprès des jeunes.
À ce propos, certaines actions, qui ont toutes leur raison d’être, devraient évoluer. Ainsi le
Salon INFOSUP organisé par l’Académie de Toulouse appelle une remarque, qui pourrait
concerner d’autres manifestations. Ce salon se déroule à Toulouse et tous les lycéens des
classes de première et de terminale sont amenés en autobus de tous les établissements de la
région à Toulouse pour trouver des informations sur les possibilités de poursuites d’études, se
situant parfois à proximité de leurs lieux de vie.
Proposition 10
Le CESR considère que les partenaires qui portent financièrement le salon
Infosup (Rectorat, Universités et Région), doivent envisager une organisation
« décentralisée » de cette manifestation, dans les grandes villes disposant de
centres universitaires.
42
avis du CESR du 2 mars 2000
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
145
Cela permettrait de dynamiser les poursuites d’études, de valoriser ces formations, enfin
d’encourager les jeunes à s’inscrire et à faire leurs études, si l’offre existe, dans ces centres
universitaires proches de chez eux plutôt que de venir tous à Toulouse. L’accent pourrait être
mis sur les avantages offerts : meilleur accueil, meilleures conditions de scolarité, meilleures
chances de réussite, et complété par une campagne de communication soutenue par le Conseil
Régional.
En fait, l’information sur les métiers et les formations existe. Ce n’est pas un problème de
déficit d’informations mais d’abord un problème d’accès à cette information, et de son
interprétation pour le choix des filières, en fonction des catégories socioprofessionnelles des
parents.
Le deuxième problème est d’avoir des informations larges sur les métiers et professions qui
offrent des emplois.
Le troisième est celui de transmettre des informations actualisées aux enseignants. En effet,
ils ont souvent des représentations « académiques », ou anciennes (voire caricaturales) des
métiers et de certaines filières. Ils ne sont pas suffisamment sensibilisés au fait qu’ils
participent aussi à l’insertion des jeunes par les orientations qu’ils favorisent ou non. Il est
constaté également, et c’est là encore un propos récurrent mais toujours d’actualité, que le
système éducatif oriente de manière trop systématique les filles vers le tertiaire, selon des
schémas et des représentations fortement stéréotypés (avis du CESR sur la Charte académique
pour l’éducation à l’orientation du 2 mars 2000).
De manière globale, le CESR considère également que l’accueil des jeunes dans les
établissements de formation doit être amélioré, notamment dans les universités. Il est
nécessaire de mettre en œuvre un dispositif d’accompagnement social en direction des
étudiant-e-s en difficulté. En effet, les premiers cycles universitaires sont ceux où les taux
d’échec sont les plus élevés. C’est le moment clé où se vérifient les choix d’orientation, où
sont confrontées les représentations qui ont guidé ces choix et les réalités des études et des
conditions de vie.
Ce passage de l’état de lycéen à étudiant est une phase charnière de « maturation » des
individus, souvent nécessaire, qui mérite attention et accompagnement. Il illustre bien la
notion de rupture qui scande la vie des jeunes dans le processus d’autonomisation, d’autant
qu’il s’accompagne fréquemment d’une séparation (physique) d’avec la famille (parents et
fratrie).
Le CESR recommande un renforcement des services d’information et
d’orientation dans les universités et centres universitaires.
Il souhaite que le Conseil Régional poursuive son action, d’une part, par une
intervention accrue pour soutenir les actions de la vie universitaire, d’autre
part, par un soutien affirmé aux activités associatives du milieu étudiant qui
contribuent à améliorer la vie sociale de ces jeunes.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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agir face au déficit d’orientation des jeunes vers les filières scientifiques.
Ce déficit est largement constaté. Il semble que le lien entre « la science » et les jeunes,
garçons et plus encore les jeunes filles, soit distendu. Cette question constitue un véritable
enjeu qui concerne au premier chef notre région. Les raisons de cette désaffection pour les
études scientifiques (en sciences dites « dures ») sont multiples, souvent cumulées d’ailleurs.
Parmi celles-ci, les difficultés de financement des années de thèse, l’incertitude des débouchés
après le diplôme, ainsi que l’allongement des délais d’insertion ont des effets fortement
dissuasifs.
Les sciences ne sont plus perçues comme génératrices de progrès ascendants, conception qui
les a rendues attractives au XXe siècle. Au contraire, elles inquiètent d’autant plus lorsqu’elles
concernent les domaines du vivant. L’éducation à l’environnement a engendré également de
nombreuses interrogations sur les finalités des sciences et du progrès scientifique.
Pour autant, le constat ne suffit pas. L’État a une responsabilité première
dans les politiques éducatives pour remettre la culture scientifique dans son
rôle de formation et non de sélection, pour modifier les rapports entre les
disciplines, l’approche des enseignants et les exigences des corps d’inspection.
L’abord théorique, souvent trop formel, des sciences dites dures, pratiqué dans
l’enseignement, conduit beaucoup de jeunes à penser, à tort, que ces disciplines sont hors de
leur portée. De plus, les opérations de vulgarisation, menées souvent à titre de compensation,
ne montrent que le côté spectaculaire et le sensationnel surprenant, au détriment d’une
véritable action éducative faisant appel à la raison plus qu’au perçu immédiat. La médiation
pédagogique doit dévoiler le cheminement intellectuel, permettre une mise en pratique
fréquente et régulière, avec manipulation par l’élève lui-même, et l’expérimentation, y
compris en mathématiques. Cette démarche donne du sens à l’apprentissage et permet au
jeune de passer du questionnement au fait expérimenté, puis à sa conceptualisation, et à son
agrégation dans la mosaïque du corpus des acquis.
Pour mettre en œuvre un tel travail de base dans les matières scientifiques, les formateurs
doivent y avoir été préparés et disposer de moyens suffisants, en quantité et en qualité. Le
Conseil Régional peut y contribuer fortement par le volet équipement dans les établissements
de formation.
Midi-Pyrénées possède un potentiel important avec la présence d’entreprises innovantes, de
laboratoires, qui permettrait de développer un axe de découverte des milieux scientifiques et
également un meilleur accès à la culture scientifique.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Proposition 11
Pour réagir face au déficit d’orientation des jeunes vers les filières
scientifiques et concernant plus spécifiquement l’action relevant du Conseil
Régional, le CESR propose:
- de contribuer à développer l’attractivité des professions de la recherche et
de l’enseignement. Cet aspect sera développé dans une prochaine saisine du
CESR sur les doctorants.
- de poursuivre les actions de soutien aux structures de diffusion
scientifique (Sciences Animation, CIRASTI…) avec des conventionnements et
de les élargir à d’autres structures régionales (CIRAS par exemple) qui
présentent des garanties d’efficacité.
- de mettre l’accent sur des actions favorisant l’accès des filières
scientifiques aux jeunes filles.
- de renforcer le partenariat entre les différents organismes scientifiques
(CNRS, INRA…) menant des actions de promotion des filières scientifiques
- d’organiser une évaluation des diverses actions, pour éventuellement réorienter
et mieux répartir les financements.
des stages pour connaître l’entreprise43
La connaissance des métiers passe par l’exercice pratique et le « séjour » en entreprise, d’une
période relativement conséquente pour les élèves et les étudiants. Ce stage apporte sa
contribution pour construire le projet professionnel, le choix d’une activité future ou une
réorientation.
Pour les jeunes en formation initiale, et ils représentent la majorité de cette tranche d’âge
dans notre région, les stages sont inscrits dans les cursus des formations
professionnalisées et ils ont une finalité pédagogique. Ils sont généralement cadrés par les
référentiels qui en définissent les contenus, et encadrés par des textes, que les formations
relèvent de l’Education nationale, du Ministère de l’Agriculture, ou de l’enseignement
supérieur.
À côté de ces stages professionnels, existent régulièrement des demandes de stages des
élèves et étudiants des formations générales (ou généralistes) non inscrits dans les cursus
et qui ne disposent pas de cadre légal, c’est-à-dire d’une réglementation (circulaire fixant les
modalités). Les portes de l’entreprise ne doivent pas leur être fermées au prétexte qu’ils
n’ont pas fait encore le choix d’une filière professionnelle. Il faut au contraire les
encourager en tant qu’élément pour aider au choix professionnel ou à la réorientation de ces
jeunes.
43
l’entreprise est considérée ici en tant que « lieu d’activité » défini au sens large, (entreprise de
production, de service, services publics, collectivités, professions libérales, commerce, artisanat,
associations…)
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Proposition 12
Vu l’intérêt des périodes ou des stages de connaissance de l’entreprise, le CESR
souhaite que les responsables du système éducatif mènent une réflexion sur les
cas particuliers des formations n’incluant pas de périodes ou de stages en
entreprise et prennent des mesures pour donner des possibilités de stages à
l’ensemble des élèves et étudiants dans un cadre légal.
Proposition 13
La réussite des stages de découverte de l’entreprise nécessite un double effort.
Les entreprises doivent développer encore l’accueil des jeunes. Mais les
établissements de formation doivent aussi élargir les champs de recherche et
accompagner davantage les jeunes. Le CESR propose que, dans chaque bassin
d’emploi, un recensement des possibilités d’accueil soit réalisé en commun par
les divers représentants des branches professionnelles et les établissements de
formation.
Le propos du CESR concernant ces périodes en entreprise vise les stages liés à la scolarité, en
lycée comme dans l’enseignement supérieur. La question de l’utilisation des jeunes stagiaires
comme mode d’accès au monde du travail et comme nouvelle forme d’emploi précaire sera
abordée dans la partie consacrée à l’entrée dans la vie active.
intensifier l’information de la jeunesse
Cette information sur les métiers est assurée, de manière institutionnelle, par plusieurs
dispositifs dont les principaux sont les CIO (Centres d’information et d’Orientation), relevant
du Ministère de l’Éducation Nationale et le réseau de l’information jeunesse du Ministère de
la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, le CRIJ et les déclinaisons territoriales des BIJ
et des PIJ.
Chacune des structures a son rôle à jouer. L’une est centrée sur « le conseil en orientation et
l’information sur les enseignements (parcours de formation et poursuites d’études) et les
professions. Elle s’adresse principalement à la population scolaire et universitaire et intervient
au sein du système éducatif ; elle est néanmoins ouverte à tout public en recherche d’insertion
professionnelle.
L’autre est partenariale et territorialisée. Elle offre à tous les jeunes un accès gratuit et
anonyme à une information générale correspondant à l’ensemble de leurs préoccupations,
définie dans la « Charte de l’information Jeunesse », visant à faciliter leur autonomie. Elles
sont de ce point de vue complémentaires dans l’apport d’une information diversifiée.
a) les Centres d’Information et d’Orientation (CIO)
Actuellement, l’Académie de Toulouse compte 21 CIO et 10 antennes implantés dans les
21 bassins de formation de l’Académie. 191 directeurs et conseillers d’orientation (pour
184 000 élèves du secondaire) ont pour missions d’observer le fonctionnement de
l’orientation des élèves, d’apporter leur conseil technique aux chefs d’établissement, de suivre
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
149
et de conseiller les élèves pour leur orientation. À leurs côtés, les professeurs principaux et les
enseignants ont aussi en charge l’éducation à l’orientation et ils intègrent dans leur pédagogie
la démarche de recherche de documentation et d’information. C’est au sein du système
éducatif que le jeune apprend à utiliser un service d’information.
Ce dispositif est souvent décrié, et ses défaillances souvent pointées. Il se heurte à une triple
problématique : il doit répondre à une demande sociale (exprimée par les jeunes et leurs
familles), à une demande économique et à une demande politique, ces demandes n’ayant pas
le même rythme et étant différentes selon les territoires. De plus, les premiers prescripteurs
restent les parents et les copains, les enseignants viennent ensuite. Ces derniers, dans leurs
cursus en IUFM, n’ont que 2 heures de sensibilisation à l’orientation !
Proposition 14
L’information pour l’orientation doit à la fois prendre en compte la dimension
de l’insertion à court terme, mais aussi la dimension de l’évolution des métiers
et des professions, permettant aux jeunes, et aux moins jeunes, d’entrer dans un
processus de formation-orientation tout au long de la vie. En ce sens, les
possibilités offertes par les nouvelles technologies, et notamment celle
d’Internet, doivent être mieux développés.
L’ouverture d’un site interactif plus performant, sous forme de forums pour répondre
directement aux jeunes serait une avancée. Les efforts consentis par l’État et la Région
en matière d’équipements et de réseaux permettent cette évolution, profitable en
particulier aux établissements en zone rurale.
b) le réseau information jeunesse
En Midi-Pyrénées, le CRIJ, structure associative, regroupe de nombreux partenaires : l’État,
(dans ses différentes composantes Éducation Nationale, Culture, Agriculture, Solidarité,
Travail, Jeunesse et Sports), la Région, le Département de la Haute-Garonne et la Ville de
Toulouse ainsi que des associations de jeunesse et d’éducation populaire. Avec 92 structures
(le CRIJ, 8 BIJ, une association départementale et 82 PIJ), le réseau a réalisé 407 000 actes
d’intervention en 2003. 209 000 jeunes sont venus en un point du réseau (hors CRIJ).
Le CRIJ offre toute une gamme d’informations générales sur les métiers, sur l’engagement,
sur l’Europe, l’International …, et des services plus ciblées :
- sur les logements (avec une rubrique « partage apparts» pour faciliter la
colocation, une information sur le droit au logement et un service d’instruction des
dossiers d’aides au logement assuré pour la CAF),
- sur les « jobs » (offres d’emploi de un à trois mois pour les jeunes qui ont besoin
de ces apports financiers, pour financer leurs études en particulier). Il a passé à cet
effet une convention avec l’ANPE. En 2003, 11 596 jobs ont été ainsi proposés.
- Sur les déplacements, par un service de co-voiturage (ouvert depuis 15 ans), et par
une activité d’agence de voyage avec une billetterie pour proposer le meilleur coût.
Le CRIJ informe et adresse les jeunes vers les structures correspondant à leurs besoins. Il
n’est pas un « guichet » mais bien un lieu d’information, proposant dans certains cas de
l’accompagnement.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
150
Le CESR considère que, pour mener à bien ses missions, l’information jeunesse doit rester
une structure partenariale telle qu’elle l’est aujourd’hui. Celle-ci gagnerait encore à s’élargir à
des représentants des entreprises, des syndicats.
Au vu du rôle important que joue le CRIJ pour un accès libre et anonyme à toutes sortes
d’information, il apparaît important de maintenir, voire de renforcer une transversalité de
l’information offerte qui correspond aux attentes diverses des jeunes qui fréquentent ces
structures.
Le CESR propose donc de poursuivre le maillage territorial des BIJ et des PIJ
qui fait la force du réseau CRIJ. Ce maillage est essentiel pour l’accès à
l’information disponible de tous les jeunes, qu’ils vivent en zone urbaine
comme en zone rurale.
Il est à remarquer que le législateur n’a pas donné plus de compétences aux Régions en ce
domaine de l’information-orientation, ni dans celui de l’insertion comme cela avait été
envisagé à un moment dans le projet de loi.
Pourtant il semble que la multiplicité des intervenants aurait nécessité une meilleure
coordination des dispositifs. Ce besoin est ressenti sur le terrain. Car interviennent aussi sur ce
champ, à des degrés divers, le Réseau Régional Formation Emploi du Conseil Régional, les
chambres consulaires par les CAD des Chambres de Métiers ou les Points A des Chambres de
Commerce et d’Industrie. D’une certaine manière, en raison notamment de l’aide à
l’élaboration du projet professionnel, le réseau des Missions Locales et des PAIO apporte
également sa contribution, ainsi que la Mission Générale d’Insertion. Leur activité est
importante en volume et en nombre de personnes accueillies. L’observation et les auditions
des responsables de ces structures ont montré une relation très « distendue », dans certains cas
inexistante, entre ces dispositifs.
Même si la Région ne peut pas et ne doit pas tout faire, le CESR considère qu’elle peut avoir
un rôle d’impulsion pour que des liaisons soient assurées entre ces différentes structures au
service des jeunes, tout en respectant leur spécificité. La multiplicité actuelle des guichets est
un handicap pour les usagers et nécessite au minimum une mise en réseau des acteurs de
terrain pour permettre une meilleure connaissance des domaines d’intervention de chacun et
des interactions possibles ou nécessaires.
Proposition 15
Pour un meilleur service assuré aux jeunes, le CESR souhaite que le Conseil
Régional prenne une initiative pour développer les nécessaires liaisons et la
mise en réseau des différents dispositifs d’information et d’orientation qu’il
soutient financièrement.
Le premier rapprochement a été apporté récemment par l’implantation des Maisons
Communes Emploi-Formation, initiée par le Conseil Régional, au sein desquels certaines
structures, les CIO par exemple, parfois la Mission Locale comme à LABEGE ou encore sur
les sites de PLAISANCE, REVEL et PORTET-SUR-GARONNE, sont hébergées et
associées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
151
Cependant, à l’occasion du suivi de l’évolution des MCEF, le CESR a pu noter des
dysfonctionnements. Par exemple il a été constaté que le CIO situé dans la MCEF de Castres
pratiquait des horaires d’ouverture au public différents de ceux des services de la structure.
Le CESR préconise donc que les structures d’information-orientation, situées
dans les Maisons Communes Emploi-Formation, soient plus fortement
associées et s’impliquent davantage dans le projet et les actions de la MCEF,
au service de tous les publics.
Le plan de cohésion sociale du Ministre de l’Emploi, du Travail et de la cohésion sociale
reprend ce concept au travers de « Maisons de l’Emploi », regroupant les différents services
publics de l’emploi et envisage soit par création ex nihilo, soit par labellisation de structures
existantes, l’ouverture de 300 lieux de cette nature sur les cinq prochaines années.
Le CESR souhaite que les Maisons Communes Emploi-Formation de Midi-Pyrénées
poursuivent leurs actions, dans ce cadre nouveau si nécessaire, et qu’il y ait un partenariat fort
entre l’État et la Région pour les futures implantations sur le territoire régional de ces
« Maisons de l’Emploi ».
établir un schéma régional de l’offre de formation
Du point de vue de l’individu, l’orientation est aussi au cœur de la vie immédiate des jeunes,
au nœud d’organisation de sa vie. En fonction des effets de l’offre de formation, les
conséquences peuvent être multiples. Cela peut signifier pour un jeune :
- quitter l’établissement connu, pour aller vers un nouveau, dans une filière qui n’a pas été
vraiment choisie ;
- dans certains cas, quitter les parents, les amis, ou être confronté à des problèmes de
transport longs ou difficiles, et l’on sait que ces derniers ont une incidence forte sur la
réussite scolaire, ou l’internat si l’offre existe, pour d’autres un logement « introuvable ».
Et au bout du compte, des renoncements et des échecs pour ces jeunes, souvent issus des
milieux les moins favorisés.
Ces mobilités forcées ont aussi des conséquences sur l’organisation des loisirs. La « déprise »
des jeunes dans les activités des territoires est souvent constatée et dénoncée, ce qui explique
que les politiques territoriales des pays, pour ceux qui ont pris en compte la dimension
jeunesse, portent leurs efforts essentiellement sur les collégiens, plus facilement mobilisables
et porteurs d’ancrage sur le territoire. Ils sont potentiellement porteurs d’avenir pour ces
territoires de projet, qui tentent ainsi de sensibiliser et de former « la relève ».
Une réflexion approfondie sur la carte scolaire et l’offre de formation des filières
professionnelles et technologiques doit être reprise avec les autorités compétentes de
l’Éducation Nationale, de l’Agriculture et de l’Apprentissage. Car le premier critère du choix
d’orientation, c’est souvent la proximité de la formation. Les nouvelles constructions de
lycées doivent être pensées en fonction de l’implantation des collèges existants, de l’offre de
formation des CFA et des projets. Le CESR considère que les Conseils Généraux devraient
être associés à cette réflexion. Le maillage territorial collège-lycées permettrait de rendre plus
cohérents les parcours. Un travail approfondi sur la sectorisation doit également être mené
avec le Rectorat et les Inspections académiques, en y associant les collectivités locales, pour
introduire plus de cohérence tout en garantissant une meilleure mixité sociale.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
152
Le PRDF offrait un cadre avec le chantier N° 2. À présent, la loi de décentralisation, instituant
d’une part l’élaboration d’un schéma régional global de l’offre de formation, y incluant les
formations du secteur sanitaire et social, d’autre part une concertation annuelle entre les
différents niveaux de collectivités, peut faciliter la tâche du Conseil Régional pour coordonner
la territorialisation des formations.
Proposition 16
Le CESR insiste auprès du Conseil Régional pour que soit approfondi le
chantier N°1 du PRDF « élaboration de la carte des formations initiales et
continues» et relancé le chantier 2 sur les pôles de compétence afin que soit
réalisé un véritable schéma de l’offre des formations régionales.
Une possibilité de « seconde chance » pour les jeunes en difficulté
La qualification est un atout majeur et une réelle nécessité aussi bien pour l’accès à l’emploi
que pour l’accès à la formation tout au long de la vie. Les jeunes sont les premiers à pâtir de
l’absence de formation suffisante et de certification professionnelle en entrant sur le marché
de l’emploi. Il est donc indispensable d’apporter à ceux qui, pour des raisons diverses, n’ont
pu aller au bout de leurs projets initiaux, une « seconde chance ».
Dans le cadre des chantiers du PRDF, le Conseil Régional Midi-Pyrénées a fait le choix d’agir
sur plusieurs axes et de s’appuyer principalement sur différents « outils » :
le repérage des jeunes en situation de décrochage scolaire en apportant son soutien
financier aux actions menées dans le système éducatif par la Mission Générale d’Insertion
de l’Éducation Nationale. Près de 1 500 jeunes en 2003 ont pu bénéficier de l’appui de la
MGI pour trouver une solution, soit pour une réorientation vers l’apprentissage ou une
autre formation scolaire, soit entrer dans les modules spécifiques de remotivation et de
remédiation mis en place. Ces actions sont préventives et visent à éviter le « décrochage »
de jeunes avant qu’il ne soit trop tard.
Proposition 17
Le CESR considère que le soutien financier du Conseil Régional à la MGI
doit être maintenu, voire renforcé dans les années à venir au titre de la
prévention de l’échec scolaire. Il considère également que l’engagement de
l’État doit être réaffirmé et l’abondement budgétaire augmenté.
La visite de la Mission Locale de la Haute-Garonne, réalisée par le groupe de travail de
cet avis, a mis en évidence que, si les relations avec la MGI étaient à présent établies ainsi
qu’avec les Comités Locaux École-Entreprise existants, la liaison entre le système
éducatif, notamment les établissements, et le réseau des missions locales était informelle
et reposait sur la volonté des acteurs.
Le CESR recommande que l’Académie de Toulouse mette en œuvre une réelle
politique de relations avec le réseau des Missions locales dont la mission est
d’accompagner les jeunes dans leur insertion sociale et professionnelle.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
153
Les établissements scolaires doivent être incités et encouragés à travailler davantage
avec les Missions Locales, qui est un dispositif territorialisé de proximité, pour faire
en sorte que ces jeunes retrouvent le chemin de la formation, car ils ont l’âge d’être
au collège ou au lycée, comme la majorité d’entre eux.
les actions de préparation à l’emploi et de qualification dans le cadre du Programme
Régional des Formations Professionnelles, ainsi que la validation des acquis de
l’expérience sont les leviers importants dont la Région porte la responsabilité. Bien que
destinés aux jeunes et aux adultes, ils offrent une nouvelle possibilité d’obtenir une
qualification.
Comme souligné dans son avis sur le bilan à mi-parcours du PRDF44, et comme il l’a
signifié lors d’un des derniers Comités de Pilotage, le CESR considère que les actions
du PRFP doivent être mieux articulées à l’offre de formation initiale. Ainsi, il a pu
remarquer que des lignes budgétaires importantes étaient consacrées à des formations
tertiaires par exemple, ou à des formations agricoles, qui n’offrent pas de débouchés et qui
ont été fermées dans les systèmes éducatif et agricole. Ceci induit la demande du CESR de
pouvoir disposer d’une analyse fine des qualifications acquises et des résultats d’insertion
des stagiaires de la Formation Professionnelle ; cette demande vaut également pour les
autres organismes de formation. Ces actions du PRFP doivent tenir compte plus finement
des évolutions du marché de l’emploi pour irriguer l’économie.
-
l’initiative de l’École de la Deuxième Chance dans le cadre du Grand Projet de Ville de
Toulouse45. Comme cité précédemment, le CESR a réalisé une communication sur ce
projet. Il participe et suit les travaux de cette école qui a ouvert ses portes aux jeunes le
12 janvier 2004. Elle accueille 49 élèves en 4 groupes et prévoit l’arrivée de quatre
promotions supplémentaires de 12 à 14 élèves d’ici à la fin de l’exercice 2004. Le public
actuel se compose majoritairement de jeunes de 18 à 20 ans, garçons et filles, venant de
Toulouse (19 jeunes), des quartiers du sud Mirail et des autres communes de la
communauté d’agglomération. Une seule personne vient d’un autre département. Comme
le relève l’état au 30 juin 2004 de cette école réalisé par le CARIF-OREF Midi-Pyrénées,
ces jeunes sont effectivement en grande difficulté, voire en situation d’urgence et
nécessite un accompagnement très important, engendrant des coûts donc très élevés, et
c’est ce point qui avait motivé la réserve du CESR.
Une évaluation fine, en termes d’insertion directe dans un emploi non précarisé ou
dans un processus d’accès à la qualification et à l’emploi, est absolument nécessaire
avant d’envisager son extension aux autres contrats de ville de la région. En effet, il
n’est pas souhaitable que, seule, l’agglomération toulousaine bénéficie d’une telle
structure.
De manière générale, il est indispensable d’instiller de la coordination et de la
concertation entre les divers organismes en charge de l’orientation, de l’information et
de la formation des jeunes. Le Conseil Régional est en position d’animer cette
concertation et de coordonner ces réseaux, vitaux pour accompagner les jeunes et leur
permettre l’accès à la vie active.
44
45
Avis en date du 23 octobre 2003
Communication du CESR du 20 juin 2003
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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2. L’ENTREE DES JEUNES DANS LA VIE ACTIVE ET L’EMPLOI
Développer les pratiques de parrainages des jeunes, réagir contre les utilisations
abusives de stagiaires, inciter les entreprises à embaucher des jeunes, mieux
accompagner les jeunes sous contrats, inciter à la création d’activité … autant
d’initiatives régionales possibles pour agir contre le chômage et la précarisation qui
menacent de plus en plus de jeunes.
«Chez moi, à Nancy, j'étais chargée de clientèle dans une banque, mais mon CDD est venu à
terme en janvier dernier». «Je suis venu dans le Sud car je pensais trouver du travail plus
facilement ici. Et puis quand on galère, c'est toujours mieux d'être au soleil »
Sandra, 21 ans, chômeuse
J’ai toujours envie de m’occuper d’enfants et je souhaite préparer un BAPAAT [diplôme Jeunesse et
Sports niveau 5 de l’animation] pour être assistante animatrice socioculturelle. Grâce à un parrain
trouvé par la Mission Locale je vais faire un stage. Reste à financer la formation qui coûte environ 3
000 euros»
Delphine, 20 ans, Mission Locale
«Je suis arrivée sur le marché du travail sans expérience. Dans un cursus à la fac, les stages ne
sont pas obligatoires. Mais quand on demande du travail, sans expérience de stages, on n'a
rien.» «De toute façon, je me suis inscrite à la fac pour pouvoir faire des stages. Car, sans le
statut d'étudiant, pas de convention, et sans convention, pas de stages.» «Les entreprises
veulent des assistants en ressources humaines avec cinq, voire dix ans d'expérience ! C'est trop
demander.» «Je ferai des petits boulots à mi-temps, en attendant de trouver. Une chose est
sûre : je ne veux plus faire de stages.»
Laetitia, 27 ans, DEA en droit du travail
L'intérim?«Tu travailles deux jours et tu reste assis six mois!»
Farid, 23 ans, animateur
«Quand on est jeune et qu'on a un projet original, il est difficile de convaincre. Même avec un
profil sécurisant, il faut beaucoup de garanties.Les banquiers sont frileux. Même avec une
étude de marché validée par la Chambre de Commerce, ils ne peuvent pas s'empêcher de
demander une caution. J'ai la chance d'avoir un père qui a les moyens et qui m'encourage, ça
m'a beaucoup aidé.»
Alban, 23 ans, maîtrise de droit et créateur d'entreprise
«À 23 ans, créer son entreprise, c’est le parcours du combattant!» «Pour m’installer, j’avais besoin de
4 500 euros. Je ne voulais pas me retrouver avec un emprunt sur les bras, alors j’ai vidé mon prêt
épargne logement. Mais, pour avoir droit à certaines aides comme EDEN, il faut faire un emprunt en
plus de l’aide, à hauteur de 50 % de la subvention. Par exemple, pour 4 000 euros d’aide, je dois
emprunter 2 000 euros. Résultat, aujourd’hui, j’ai déjà un emprunt à rembourser.»
Pauline, 23 ans, chef d’entreprise
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
155
Le marché du travail est un domaine particulièrement sensible. Bien des facteurs le modèlent :
la conjoncture économique nationale, européenne et internationale, l’état de la législation, les
mesures d’aide à l’emploi tant en direction du secteur marchand que non-marchand pour
limiter le chômage, les politiques spécifiques d’insertion pour l’intégration des jeunes, etc..
Nombre de leviers ont été déjà utilisés depuis 25 ans, avec une efficacité toute relative
puisqu’ils sont revisités par le plan de cohésion sociale proposé à présent. Pourtant le travail
reste une valeur centrale pour la majorité des jeunes, même si leur rapport au travail semble
plus « distancié » que celui de leurs aînés. Avoir un emploi stable est le facteur
déterminant de leur autonomie et de leur intégration sociale.
C’est l’État qui définit la politique de l’emploi, mais actuellement celle-ci est très mouvante et
des changements importants sont intervenus : la fin du dispositif emplois-jeunes, la fin du
programme TRACE et la mise en place du CIVIS, du Contrat Minimum d’Activité, le Contrat
Jeune Entreprise, les dispositifs d’embauche des collectivités et de l’État, etc.. Ces dispositifs
sont encore en évolution. Les partenaires sociaux jouent également un rôle important comme
l’ont montré les accords interprofessionnels du 20 septembre et du 5 décembre 2003 avec le
contrat de professionnalisation, et les accords de branches et d’entreprises intervenus depuis.
La Région n’a pas de compétence directe en la matière. Toutefois, au titre de sa compétence
pour le développement économique, elle peut accorder des aides économiques aux entreprises
pour leur implantation en région, pour accroître leurs activités, ce qui constitue un moyen
indirect d’influer sur le marché de l’emploi. Elle le fait déjà par différents dispositifs
régionaux dont le FRIE, l’aide à la création de fonctions nouvelles, l’appui à la création
d’activité, d’entreprise, et à l’installation en milieu rural.
La loi de décentralisation lui confère à présent la coordination du développement économique.
Le rôle économique de la Région peut être amplifié si l’État lui confie l’élaboration du
schéma régional de développement (à titre expérimental pour une durée de 5 ans). Pour agir
en ce domaine, elle s’appuie essentiellement sur sa compétence de formation professionnelle
des jeunes et des adultes, et donc sur la qualification.
La coordination des aides économiques et la concertation avec les autres collectivités
territoriales lui permettront d’initier des actions innovantes afin de lutter contre les obstacles à
l’emploi rencontrés par les jeunes. Elle doit s’appuyer également sur les services de l’État
pour développer des actions d’accompagnement pour l’entrée des jeunes dans la vie active.
Agir pour accroître le recrutement des jeunes
L’utilisation de plus en plus généralisée des contrats à durée déterminée et de l’intérim,
l’apparition de nouvelles pratiques (temps partiel non choisi, horaires décalés,…) qui ont
cours dans les petites entreprises de services gagnent toutes les entreprises. En fait, la
précarité se généralise.
Dans un contexte de concurrence exacerbée, où la recherche de performance est vitale, où les
activités sont soumises à des pressions et des délais de plus en plus contraignants, les
employeurs sont de plus en plus exigeants par rapport aux jeunes entrant sur le marché du
travail aussi bien en matière de diplôme et de qualification que d’expérience. Ils ne leur
accordent pas le temps d’appropriation des habitudes et des comportements au travail, ils leur
demandent d’être immédiatement opérationnels sur le poste, d’être en mesure de produire à
l’égal de leurs aînés.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
156
Cette pression sur les jeunes tend à s’accroître et s’exerce également sur les adultes, les plus
âgés en particulier. Joints aux utilisations abusives de stagiaires comme indiqué
précédemment, ces recours fréquents, voire systématiques aux missions d’intérim, aux CDD,
constituent des dérives graves qui accentuent fortement la précarisation de l’emploi des
jeunes.
Pour tenter de réduire ces pratiques génératrices de précarisation, pourquoi ne pas envisager
de conditionner, sur une base contractuelle, les aides diverses aux entreprises qui adopteraient
des politiques et des pratiques de recrutement plus soucieuses de la situation des jeunes ? Des
aides à l’exportation pour les entreprises de Midi-Pyrénées sont attribuées de façon à peu près
identique, sur dossier précisant les objectifs, les modalités et les moyens.
Proposition 18
Le CESR propose que le Conseil Régional initie une démarche de concertation
auprès des corps consulaires, des partenaires sociaux, pour constituer un
collectif « éthique-emploi » chargé de valoriser les « bonnes pratiques » en
matière d’utilisation des stages en entreprise.
Le CESR rappelle par ailleurs que le CCREFP, vu sa composition et ses missions, pourrait
être sollicité pour appuyer cette démarche.
Proposition 19
Pour réduire la précarisation de l’emploi des jeunes, le CESR recommande que
des ratios sociaux, des indicateurs quantitatifs et qualitatifs de recrutement
et d’emploi des jeunes, soient intégrés dans les dossiers de demande d’aides
économiques auprès des collectivités territoriales. Le CESR propose qu’ainsi
des éléments sur la réalité et la nature de l’emploi des jeunes conditionnent
l’attribution des aides du Conseil Régional aux entreprises.
Les entreprises trouveraient intérêt à adopter une telle démarche en termes d’image auprès de
leurs clients (valorisation) et de leurs employés (fidélisation et motivation).
Accompagner les jeunes en insertion en développant le parrainage
Le parrainage est devenu un outil de l’accompagnement vers l’emploi des jeunes en difficulté.
Il se distingue nettement du tutorat désormais inscrit dans les textes. La démarche de
parrainage consiste à faire accompagner un jeune dans sa relation avec l’entreprise par une
personne susceptible d’avoir la confiance des employeurs. Pour ces jeunes ne bénéficiant pas
de réseaux relationnels professionnels, rencontrant des discriminations liées à leur origine
étrangère, (réelles ou présumées d’ailleurs), à leur domiciliation, à leur faible niveau de
formation et d’éducation, à leur milieu social, le parrain est là dans une fonction de médiation.
Il aide le jeune à résoudre les problèmes d’insertion professionnelle (recherche et maintien
dans l’emploi) et, parfois, les problèmes extraprofessionnels.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Les parrains, aujourd’hui bénévoles, sont issus de tous les secteurs socioéconomiques, soit
des entreprises, soit des collectivités locales, soit du milieu associatif ; beaucoup parmi eux
sont des retraités.
En Midi-Pyrénées, l’intérêt du parrainage est reconnu tant par les services de l’État que par
les branches professionnelles, en liaison avec les Missions Locales. Le Directeur régional de
la DRTEFP, lors de son audition, a précisé que l’objectif était de porter à 2 000 le nombre de
parrains à la fin 2004, en s’appuyant sur les fonds FSE de l’objectif 3. Ce chiffre est à mettre
en relation avec les 30 000 jeunes accompagnés par les 11 Missions Locales de MidiPyrénées, et les 5 000 entrées en formation financées par le Conseil Régional. Les besoins
sont loin d’être couverts et des actions régionales pourraient être menées en ce sens. Le CESR
considère que toutes les actions instituant des liens entre les entreprises et les jeunes, dans un
cadre réglementé, sont à encourager en formation initiale, en formation continue et dans les
programmes du PRFP.
Proposition 20
Le CESR propose que le Conseil Régional s’implique et apporte son soutien
financier pour :
- Promouvoir le parrainage afin d’en accroître le nombre
- Contribuer à la formation des parrains
- Aider les têtes de réseau d’appui au parrainage.
Parallèlement à cet engagement du Conseil Régional, le CESR propose que les
partenaires sociaux diffusent l’information pour renforcer les réseaux de parrainage.
Agir pour un bon usage des stages en l’entreprise46
Comme indiqué dans le point orientation, le CESR considère que le stage en entreprise est
indispensable aux jeunes pour leur orientation et dans leur cursus de formation. Ces stages
sont réglementés. Cependant, la multiplication de « stages » d’une autre nature, peu, mal ou
pas rémunérés, parfois successifs, d’étudiants, de jeunes diplômés, de plus en plus diplômés,
pose problème. Ce phénomène concerne aussi les doctorants et a été dénoncé par le CESR
dans son récent avis sur la Recherche47 comme une forme de « travail au noir ».
Ces jeunes sont aussi eux-mêmes demandeurs de ces stages et acceptent l’absence ou la faible
rémunération. Ils ont intégré dans leur démarche d’accès à l’emploi la nécessité de se
constituer l’expérience requise, trop souvent exigée par les employeurs potentiels et d’enrichir
ainsi leur Curriculum Vitae pour avoir de meilleures chances d’être recrutés.
D’une manière générale, une pression très forte s’exerce sur les autorités académiques et les
équipes enseignantes afin d’établir des conventions de stage « de complaisance », en dehors
des périodes légales, c’est-à-dire en dehors des cursus de formation et après l’acquisition du
diplôme.
46
l’entreprise est considérée ici en tant que « lieu d’activité » défini au sens large, (entreprise de
production, de service, services publics, collectivités, professions libérales, commerce, artisanat,
associations…)
47
avis sur l’avenir de la recherche en région en date du 17 mai 2004
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Cette pression émane des jeunes eux-mêmes qui ont intériorisé ces modalités, ainsi que des
familles qui ne comprennent pas pourquoi il serait refusé à leurs enfants cette opportunité. En
effet, certains employeurs (au sens large du terme) utilisent cette « ressource juvénile »
comme une variable d’ajustement puisqu’elles sont sans obligation de rémunérer ces
stagiaires ni de s’acquitter des charges sociales afférentes.
Ces jeunes ne se voient proposer le plus souvent qu’un enchaînement de stages, auquel
peuvent succéder parfois des contrats à durée déterminée, souvent eux aussi souvent
renouvelés, quelquefois dans la même entreprise, sur des postes différents, en lieu et place
d’une embauche stabilisée.
Cette situation de stage qui tend à croître et à s’allonger constitue dans certains cas de
véritables dérives de la part d’employeurs qui profitent des tensions du marché de l’emploi et
du peu de contrôle des services de l’Etat pour se doter d’une main d’œuvre à bon marché,
voire gratuite.
Le CESR entend dénoncer fortement toute utilisation abusive des stages, et des jeunes
stagiaires, et ces pratiques illégales, qui ont tendance à se propager. Elles sont souvent le fait
d’entreprises de taille importante, des multinationales qui font jouer les services juridiques
dont elles disposent pour s’exonérer des obligations légales, comme elles sont aussi le fait des
grandes administrations de l’État et des collectivités territoriales. Il s’inquiète également de
directives européennes en cours d’élaboration qui permettraient d’appliquer la législation du
pays d’origine d’une entreprise intervenant dans un autre pays de l’Union, échappant ainsi à
la réglementation en vigueur pour la protection des salariés. Au moment où s’exprime la
volonté d’une Europe sociale, il semble important d’intégrer des critères sociaux, au sens
large, dans différents dispositifs.
Proposition 21
Le CESR souhaite le renforcement des contrôles des services de l’Etat auprès
des employeurs concernant la présence et les fonctions des stagiaires pour
tous les stages effectués en dehors d’un cursus de formation et à l’issue de la
formation. Des sanctions doivent être prises pour éradiquer les pratiques
abusives et pour faire respecter la loi.
Le constat montre que, trop souvent encore, les réglementations sur les différents types de
stages et les droits des stagiaires sont méconnus des jeunes comme des adultes. Pourtant de
nombreux guides des « droits du stagiaire » existent, réalisés au plan national par le Ministère
du travail, par l’INJEP, pour les organismes les plus connus, et ces publications sont payantes.
Au plan régional, le CARIF-OREF a élaboré un guide du stagiaire de la formation
professionnelle en Midi-Pyrénées. L’interrogation du CESR porte sur la pertinence
(répondent-ils bien au type de stages décrits ?) et la diffusion de ces outils d’information (la
connaissance et le coût). Il serait nécessaire de s’en assurer.
Le CESR propose que le Conseil Régional s’empare de cette problématique
et mette en œuvre des actions pour faciliter l’accès à l’information sur les
différents stages et leur réglementation.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
159
La préoccupation essentielle du CESR est de favoriser tout à la fois la qualité de l’accueil des
stagiaires et l’amélioration des conditions d’entrée des jeunes dans la vie active. Une « charte
déontologique de l’accueil de tous les stagiaires » pourrait être construite, sous l’impulsion du
Conseil Régional, sur une base éthique, et non comme un nouveau code juridique. Elle
définirait les critères à respecter et les rendrait publics. Pour son élaboration, son exécution et
son évaluation, le Conseil Régional s’appuierait sur une participation large des acteurs
professionnels et socio-économiques, les entreprises, les corps consulaires, les syndicats
professionnels.
Cette « charte » serait accompagnée d’un label qui pourrait être « j’aide les jeunes », d’une
signalétique connus du public et, éventuellement, assortis, chaque année, d’un prix comme le
Conseil Régional l’a fait pour valoriser la place des femmes et les actions de « parité »
professionnelle au sein des entreprises.
Proposition 22
Le CESR propose que le Conseil Régional conduise l’élaboration d’u n e
« charte de l’accueil des stagiaires », en partenariat avec les acteurs
socioprofessionnels. Cette charte pourrait s’assortir d’un label, attribué aux
entreprises après évaluation du respect de sa mise en oeuvre.
Les entreprises trouveront intérêt à cette labellisation en termes d’image et en termes de
soutien à leur développement, à l’exemple de celles qui s’engagent dans le commerce
équitable.
Développer l’accompagnement des jeunes sous contrats de travail
Si les contrats d’apprentissage prévoient une partie de formation en centre bien réalisée, il
n’en va pas de même pour beaucoup de contrats de travail offerts aux jeunes. Pourtant la
réforme de la formation professionnelle, entrée en vigueur au premier janvier 2004 prévoit
des financements pour ces formations : 0,5 % des 1,6 % de la contribution des entreprises est
consacré majoritairement aux dispositifs de professionnalisation des contrats jeunes. Les
jeunes peuvent et doivent participer au plan de formation de l’entreprise.
Pour les contrats d’apprentissage, qui affichent encore dans certains secteurs des taux de
ruptures importants, le parrainage d’une part et le suivi du professeur référent du CFA d’autre
part, devraient jouer un rôle déterminant pour les apprentis les plus fragiles.
Lorsqu’une telle rupture de contrat est consécutive à une embauche, l’intérêt bien compris des
deux signataires du contrat de travail est de mener à bon terme la démarche de formation
qualifiante qui avait été initiée par le contrat d’apprentissage. C’est un enjeu fort pour le
devenir professionnel du jeune, aussi bien pour l’insertion que pour le déroulement de sa
carrière.
L’effort du Conseil Régional doit porter sur les causes de rupture des contrats
d’apprentissage. Ce thème, plusieurs fois abordé lors des comités de pilotage des chantiers du
PRDF, n’a pas abouti ; l’activité de l’Observatoire Régional de l’Apprentissage étant éteinte,
cette étude pourrait être réalisée dans le cadre du CCREFP.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
160
Proposition 23
Le CESR réaffirme la nécessité de diversifier les voies d’accès à la
qualification. Le CESR souhaite ainsi voir se développer qualitativement les
contrats en alternance par :
- la réduction des taux de ruptures avant la fin du contrat afin de garantir la
qualification du jeune à l’issue du contrat. Et notamment pour les contrats
d’apprentissage, le CESR propose que le Conseil Régional relance une étude
fine des causes de rupture pour mieux les identifier et mettre en place un plan
d’actions afin d’y remédier.
- la prise en compte de l’hétérogénéité des publics accueillis en diversifiant
les parcours en fonction des acquis.
- une formation permettant une insertion durable dans l’emploi.
- une meilleure articulation de la formation en entreprise et en centre de
formation.
- la formation des tuteurs et des maîtres d’apprentissage.
Parmi les contrats aidés, le Contrat Jeune en entreprise (CJE) a connu un certain succès en
Midi-Pyrénées (prés de 5 500 entrées en 6 mois). Comme le remarque le « Premier bilan des
embauches réalisées en CJE entre juillet 2002 et décembre 2003 » publié48 par la DRTEFP
Midi-Pyrénées, ce dispositif de soutien à l’emploi des jeunes, destinés aux jeunes demandeurs
d’emploi a bénéficié majoritairement à des jeunes déjà salariés, déjà diplômés, et souvent
suite à un contrat en alternance ou d’apprentissage. Ce sont les entreprises de moins de 10
salariés qui y ont eu recours.
Le CESR considère qu’un effort doit être fait par les services de l’État et les
employeurs afin que ces contrats aidés bénéficient aux jeunes à qui
s’adressent en priorité ces mesures. Une étude sur les causes des ruptures (de
l’ordre de 20 %) devrait également être diligentée.
Les récents dispositifs relatifs à la formation professionnelle permettent d’imaginer des
parcours originaux et personnalisés. Vincent MERLE titulaire de la chaire « Travail, emploi
et acquisitions professionnelles » au CNAM, énumère les possibilités :
«On peut tout à fait imaginer de combiner un DIF de 120 heures sur le temps de
travail, une formation à l'initiative de l'employeur, une allocation-formation de
80 heures hors temps de travail et une validation des acquis de l'expérience (VAE),
pour monter une formation diplômante.»
Il faut noter également l’existence de dispositifs non contraignants comme le CNED, le
CNAM, et d’autres cours hors temps de travail où chacun peut s’engager librement. Ces
multiples ouvertures, souples mais complexes, nécessitent un accompagnement, tout
particulièrement pour les publics de bas niveau de qualification.
48
collection Études et Statistiques
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Les jeunes sont souvent peu informés de l’existence et du fonctionnement de ces dispositifs.
La Région peut contribuer à l’accompagnement des jeunes de plusieurs manières :
-
Information et sensibilisation.
Aide sous forme de parrainage.
Aide financière (transports, droits d’inscription)
Enseignement à distance.
Renforcer l’incitation à la création d’activités, d’entreprises et soutenir
l’installation en milieu rural
Le Conseil Régional doit maintenir et renforcer les actions qu’il conduit pour encourager la
création d’activités, d’entreprises et l’installation des jeunes ruraux. Il a un rôle d’incitation et
de soutien à jouer auprès des organismes favorisant ces créations. D’autre part, des initiatives
de présentation des professions libérales (professions de santé, juridiques, techniques et du
cadre de vie) sont à multiplier, comme les carrefours des métiers, s’adressant aux élèves des
classes de troisième et seconde.
La logique de réseau, plusieurs fois évoquée par notre assemblée, trouve sa pleine application
en milieu rural. À l’heure où, comme le rappelle Dominique de CALAN, responsable de la
formation à l'UIMM, la tendance est de privilégier « le métier aux dépens du clocher », la
Région doit jouer son rôle géographique en rappelant le caractère indispensable d’une
répartition territoriale équilibrée.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication constituent une chance
pour les zones les moins habitées. Aujourd’hui, de nombreuses activités, en particulier dans le
domaine tertiaire, peuvent être pratiquées à l’écart des grandes métropoles.
La constitution de réseaux sur le modèle de PYRAMIDE et de SARAPP, et en synergie avec
eux, permettrait de faciliter l’installation et le maintien des jeunes (ruraux ou pas) en milieu
rural. Les différents partenaires pourraient mettre en place des « pépinières virtuelles » afin
d’aider le développement des jeunes entreprises. Ces dispositifs nécessitent un bon maillage
du territoire en réseaux haut débit.
Proposition 24
Le CESR rappelle l’importance de la réalisation prioritaire des
équipements en haut débit (ADSL) sur l’ensemble du territoire régional.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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3. L’ACCES DES JEUNES AU LOGEMENT
Logement d’urgence pour jeunes en difficulté, jeunes mères isolées, logement
étudiant, foyer de jeunes travailleurs, aides financières pour le logement … par son
impact sur l’autonomie des jeunes, le logement constitue un axe majeur de la
politique jeunesse.
«J'ai d'abord été au CROUS pour trouver mon appartement. Mais j'ai choisi trop vite le mien,
c'est pourquoi je cherche déjà à en partir. Le loyer est hors de prix, comme tout à Toulouse
d'ailleurs. Mais, il n'y a rien dans mes moyens, ou bien c'est trop loin du centre ville».
Sandra, 21 ans, chômeuse
«Pour pouvoir louer un logement, je dois prouver que mon salaire est trois ou quatre fois supérieur au
montant du loyer. Je dois être titulaire d'un CDI et avoir deux garants. Il existe bien des organismes
d'État qui se portent garants, mais encore faut-il que le propriétaire accepte». «J’espère décrocher un
emploi de 35 heures en septembre, afin de déménager…»[Elle vit depuis plus de deux ans dans un
foyer de jeunes travailleurs]
Mathilde, 27 ans, artiste-éducatrice
«Actuellement en stage à la mission locale, je vis chez mon copain, qui heureusement lui
travaille. Et mes parents m’aident un peu.»
Delphine, 20 ans, Mission Locale
En la matière, il n’existe ni politique régionale, ni lieu d’échange et de concertation, le
traitement se fait au coup par coup. L’implication régionale dans les dossiers est aussi
fonction de l’urgence des situations, comme cela a été le cas pour le logement étudiant. Or,
les problèmes du logement se rencontrent pour tous les jeunes : lycéens majeurs, apprentis,
étudiants, jeunes actifs, jeunes sans emploi, les difficultés des uns interférant sur les
difficultés des autres. L’accès au logement a un effet structurant sur la vie du jeune, il
conditionne sa mobilité de formation comme d’emploi. Sans emploi, sans revenu fixe et
suffisant, comment accéder au logement ?
La loi de décentralisation du 13 août 2004, confiant le logement étudiant à la compétence des
communes, et le volet logement du Plan de cohésion sociale, viennent modifier le contexte
dans lequel s’est tenu la réflexion du CESR. L’insuffisance en nombre de logements de
tout type et de toute localisation reste quant à elle très préoccupante aussi bien en
France qu’en Midi-Pyrénées.
C’est à l’État de mener une politique volontariste et de lever les freins qui relèvent de sa
compétence, notamment en reconsidérant la législation des contrats de location (et de
colocation), les durées des baux et les procédures judiciaires. Ces contrats ne prennent pas en
compte les mobilités des jeunes étudiants, apprentis ou jeunes actifs (saisonniers par exemple)
dont la vie est faite d’aller et retour permanents entre formation et stage ou emploi.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Cependant, le CESR considère que, vu l’ampleur des difficultés rencontrées par les jeunes,
dans les zones urbaines comme en milieu rural, le Conseil Régional peut jouer un rôle
fédérateur puisque toutes les collectivités territoriales sont concernées. Il doit organiser un
tour de table avec l’ensemble des partenaires et veiller à ce que l’Etat ne se désengage pas des
programmes établis.
Un état des lieux exhaustif de l’existant et des projets, en cours et programmés, au plan
régional doit être effectué afin de mettre sur pied un véritable plan de logement, de répondre
aux besoins en fonction de leur nature et là où ils sont.
Une politique volontariste et incitative, prenant en compte la nécessité de la mixité
sociale, est à conduire sur le territoire régional, tant pour la construction de nouveaux
logements que pour la rénovation de l’ancien. Elle doit développer les possibilités de
logement autonome, pour répondre à la hausse de la demande étudiante du fait de la montée
de la décohabitation parentale et de l’arrivée d’étudiants extérieurs, se préoccuper des jeunes
en contrat de travail, assurer l’accueil d’urgence des jeunes et tout particulièrement celui des
catégories les plus fragilisées, des jeunes en rupture familiale, des jeunes filles et jeunes
femmes en situation précarisée (en particulier pour celles qui subissent des violences
familiales ou/et conjugales), des jeunes mères isolées.
Tous les dispositifs pour l’accès au logement (construction, rénovation et réhabilitation)
doivent prendre en compte la dimension « jeunesse » dans toutes ses composantes.
Agir pour les jeunes en formation, lycéens et apprentis
Depuis quelques années, les internats ont retrouvé un regain de notoriété aussi bien auprès des
élèves, de leurs parents que de l’Éducation Nationale. Ils ont évolué dans leur conception
comme dans leur organisation et leur utilisation.
Le Conseil Régional est intervenu au titre de sa compétence pour la construction des lycées et
le concept de « maison des lycéens » a été évoqué à plusieurs reprises. Les centres
d’apprentissage se dotent également de structures d’hébergement. Il y a là un champ
d’investigation pour l’action régionale compte tenu de la répartition de l’offre de formation et
de l’impact des trajets et des déplacements sur les scolarités et les apprentissages. Il pourrait
s’appuyer sur les conseils de jeunes (CAVL et CRJ). L’hébergement est un instrument de
l’aménagement du territoire.
Proposition 25
Le CESR engage le Conseil Régional à conduire rapidement une étude sur le
logement des jeunes en formation pour y apporter une réponse adaptée et
territorialisée, tenant compte également des besoins spécifiques de
l’hébergement des jeunes filles.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Agir pour le logement étudiant
Bien que, dans la loi, le logement étudiant soit de la compétence du contrat d’agglomération,
le Conseil Régional a joué et joue un rôle moteur dans le cadre du Contrat de Plan ÉtatRégion. Les difficultés avérées, et aggravées depuis deux ans, font qu’il s’est emparé du
dossier et a investi des sommes importantes pour soutenir l’action du CROUS.
L’enjeu est d’importance, aussi bien pour Toulouse que pour Midi-Pyrénées. Les universités
de Toulouse exercent une forte attractivité aussi bien pour les jeunes des régions limitrophes
que pour les étudiants étrangers qui viennent le plus souvent pour finir leurs cycles
universitaires. Cette attractivité se traduit par des retombées économiques importantes.
L’étude réalisée en 2002, par la Caisse des Dépôts et Consignation sur l’impact économique
et social des seules universités, sans tenir compte des grandes écoles et établissements
supérieurs d’autres ministères de forte notoriété, estimait à près de 700 millions d’euros la
somme injectée dans l’économie régionale, principalement dans l’agglomération toulousaine
concentrant 90 % des effectifs étudiants et environ 8 000 étudiants étrangers. Les universités
représenteraient plus de 17 000 emplois dont 7 200 emplois directs et près de
1 % du PIB régional.
Proposition 26
Le CESR considère que les SCOT, en cours d’élaboration, sont une
opportunité de prendre en compte le logement étudiant tout en respectant la
mixité sociale et la proximité des établissements de formation. Au niveau de
l’aire urbaine de Toulouse, la Charte doit inciter la ville centre de Toulouse,
les communautés d’agglomération et les communes à réserver du foncier à
proximité des centres de formation ou des dessertes (métro-bus), par exemple
à Montaudran et à l’ancienne caserne Niel. Le CESR incite les collectivités à
investir et à financer des logements pour développer l’accueil des étudiants.
Toutes les collectivités locales doivent se mobiliser pour répondre à ce besoin urgent de
logements étudiants, comme l’ont fait les villes de Tarbes pour le pôle universitaire tarbais,
les villes d’Albi, Castres, Rodez et Figeac pour le Centre Universitaire Champollion. Tout
récemment, le Conseil Général de la Haute-Garonne a ajouté un crédit d’un million d’euros
aux participations de l’État, de la Région et de l’agglomération toulousaine. Ces actions
reposent sur une volonté politique qui doit s’exprimer fortement.
Face à la situation d’urgence, le Conseil Régional s’est engagé auprès des instances
académiques et universitaires pour soutenir le plan de rénovation et de construction de
logement étudiant. Le CROUS Midi-Pyrénées a conduit des opérations de réhabilitation des
logements anciens selon des plans innovants qui sont à poursuivre. Le CESR approuve le
choix de la Région de soutenir financièrement ces travaux.
Le CESR souhaite que le Conseil Régional poursuive l’effort de soutien à long
terme des organismes chargés de la construction et de la rénovation du parc
de logement étudiant (OPAC et CROUS). Le CESR considère que l’État doit
aussi donner des moyens plus importants au CROUS.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
165
Pour le développement des villes moyennes, le CESR considère que tout
devrait être mis en œuvre pour inciter les étudiants à s’inscrire dans les
centres universitaires hors Toulouse où les taux de réussite sont meilleurs en
développant des universités professionnalisées de plein exercice offrant la
palette entière des cycles de formation et les adosser à des centres de
recherche afin de permettre des poursuites d’études complètes sans avoir
l’obligation de venir à Toulouse pour terminer son cursus universitaire.
Il faut pour cela vaincre d’éventuelles réticences des responsables des universités toulousaines
qui seraient tentées de conserver les étudiants sur la métropole dans cette période de
décélération démographique universitaire pour qu’ils favorisent le développement rapide des
cursus complets, l’enrichissement de l’offre de formation et l’implantation de laboratoire de
recherche dans les villes moyennes. Car, lorsque le nombre d’étudiants atteint le seuil défini,
la vie étudiante et la vie associative s’organisent, il existe un effet d’entraînement.
Le CESR recommande qu’une communication efficace soit élaborée sur les
potentialités d’études et les possibilités d’hébergement dans les centres
universitaires et les formations supérieures professionnalisées décentralisées.
Proposition 27
Pour inciter les jeunes, en particulier les lycéens toulousains, à s’inscrire dans
les centres universitaires et les formations supérieures professionnalisées
décentralisées, le CESR propose d’envisager un soutien financier pour leur
hébergement, en sus des dispositifs d’aide existants. Par exemple, ces structures
pourraient recevoir une dotation qu’ils auraient en charge de redistribuer au cas
par cas, comme le Conseil Régional le fait pour l’hébergement et le transport des
apprentis aux CFA.
Cette solution de redistribution par les centres universitaires concernés semble préférable au
versement direct à la personne.
Une réflexion devrait s’engager sur des accueils étudiants dans les projets de
construction de résidence intergénérationnelle.
Agir pour le développement des foyers de jeunes travailleurs
L’intérêt de ces structures repose sur l’accompagnement proposé au jeune au-delà des
conditions de l’hébergement. L’approche est sociale, économique et culturelle.
Le Conseil Régional devrait effectuer un rapprochement avec les services de la DRASS, pour
d’une part, revisiter la cartographie existante, déterminer les « zones d’ombre » sur le
territoire régional et, d’autre part identifier les besoins des personnes pour une meilleure
adéquation demande/offre pour faire en sorte que ces foyers accueillent réellement et
prioritairement la population jeune à laquelle ils sont destinés.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Ce dispositif d’accueil doit être reconsidéré avec les services de l’Etat certes mais également
avec les collectivités locales compétentes en matière de logement social (départements,
communautés et agglomérations) pour impulser des réponses innovantes. À l’exemple de ce
qui s’est développé à Pamiers, il paraît intéressant d’utiliser la structure des FJT dans une
vision renouvelée d’hébergement intergénérationnel, associant des logements pour personnes
âgées, pour des jeunes, en prenant en compte les besoins de logement d’urgence pour les
situations à risque (jeunes en rupture familiale et jeunes femmes en danger), avec la mise en
place de services pour les actifs comme une halte-garderie parentale pour les habitants du
quartier.
Proposition 28
Le CESR propose que le Conseil Régional participe à l’aide à la rénovation des
Foyers de Jeunes Travailleurs existants, ainsi qu’au développement de leur
réseau d’offre en soutenant la création de nouvelles structures aussi bien en zone
urbaine où les besoins semblent importants, qu’en zone rurale.
Agir pour le logement d’urgence
Lors de la dernière rentrée universitaire 2003, faute d’avoir trouvé un logement, quelques
étudiants ont dû dormir dans leur véhicule automobile. La mairie de Toulouse envisage la
création de lieux temporaires d’accueil d’urgence à leur intention. Cette initiative est à
encourager, cependant il faut veiller à ce qu’ils restent financièrement accessibles et à mettre
en place un accompagnement pour trouver, rapidement, une solution pérenne.
Phénomène récent, lié certainement à la montée de la paupérisation et des difficultés sociales
familiales, à de nouveaux comportements, un certain nombre de jeunes, essentiellement des
jeunes majeurs se trouvent rejetés par leur famille, et du jour au lendemain totalement
démunis pour se nourrir et se loger.
Pour les jeunes, les Missions Locales sont les premières à être confrontées à des situations de
rupture telles qu’elles signalent de plus en plus de jeunes sans logement, en situation de SDF.
Elles ont aussi recours à des associations caritatives, mais celles-ci ont à faire face à des
difficultés liées à la réduction des subventions ; elles utilisent aussi les dispositifs comme le
LOCA-PASS, mais les conditions d’accès se sont durcies. Elles sont donc contraintes, faute
de solution intermédiaire, à financer des nuits d’hôtels.
Au sein du système éducatif, ce sont les lycéens du Conseil Académique de la Vie Lycéenne
qui ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme auprès des autorités académiques, relayés
par les chefs d’établissement des lycées professionnels confrontés plus que les autres à ce type
de situation pour leurs élèves. Cet élan de solidarité s’est traduit par l’établissement d’une
convention entre le Rectorat et les Foyers de Jeunes Travailleurs pour réserver une trentaine
de lits (15 au Foyer San Francisco et 15 sur Jolimont).
Ces mesures ne vont pas sans poser des problèmes car les capacités de ces Foyers sont déjà
nettement insuffisantes compte tenu des besoins des jeunes que ces structures ont pour
mission d’accueillir.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Il en est de même pour les associations qui toutes ont signalé des difficultés majeures pour
tous les jeunes. La situation des jeunes femmes est encore plus difficile, surtout si elles ont
des enfants à charge. Ces jeunes mères isolées sont confrontées d’une part aux problèmes de
garde des enfants, d’accès aux crèches et, d’autre part, aux difficultés de financement de cet
accueil. Ces situations doivent être prises en compte dans leur globalité.
Vu l’enjeu de l’hébergement de ces jeunes en grande détresse, le CESR
souhaite que toutes les collectivités et l’État se mobilisent. Le Conseil
Régional, pour sa part, doit agir en tant que force de proposition et de
coordination, et de soutien financier.
Les aides financières pour l’accès au logement
Dans la plupart des cas, outre le problème lié à l’insuffisance quantitative de l’offre, les freins
à l’accès au logement des populations jeunes, quel que soit leur statut, sont d’ordre financier.
Le renchérissement des loyers, l’exigence de cautions et de garanties multiples par les
bailleurs privés, sans oublier la rigidité des contrats, limitent les possibilités de location ou de
colocation.
Il existe de nombreux dispositifs d’aides au logement qui ne sont pas forcément bien utilisés,
souvent par méconnaissance de leur existence, des droits et des modalités pour en bénéficier.
De plus, ces aides à la personne sont plafonnées depuis trois ans.
Il sera fait référence ici aux principaux dispositifs, une étude détaillée serait intéressante et
pourrait être du ressort de l’Observatoire Régional de la Jeunesse.
L’APL, Aide Personnalisée au Logement, et l’ALS (Aide au Logement Social pour les
étudiants), versées par les CAF, aides non discriminées, bien qu’attribuées sous conditions,
sans contrôle, sont-elles de bonnes aides ? Versées directement aux jeunes, elles visaient à
l’origine à donner les moyens d’une autonomie, en favorisant l’accès au logement autonome.
Aujourd’hui les propriétaires bailleurs l’intègrent directement dans leur offre de logement,
quelquefois sont tentés de la percevoir directement. D’une manière générale, les loyers ont été
majorés du montant de cette aide.
Le CESR considère qu’une réflexion doit être engagée au niveau de l’État et
des organismes sur ces formules d’aides généralisées. Leur rôle doit être
redéfini, les montants étudiés ainsi que les modalités d’attribution et
d’utilisation. L’efficacité sociale des aides personnelles doit être renforcée.
Pour ce qui concerne les dispositifs relevant du 1 % logement (qui est en réalité inférieur à
1 %), LOCA-PASS et MOBILI-PASS, ils s’adressent à l’ensemble des salariés et bénéficient
également aux jeunes. D’ailleurs le LOCA-PASS est aussi accessible aux jeunes de moins de
30 ans en formation, aux bénéficiaires du RMI, aux étudiants pouvant justifier de périodes ou
d’heures de travail. Des aides complémentaires (avance du dépôt de garantie et caution
solidaire en garantie des loyers et des charges) viennent d’être ouvertes aux étudiants
boursiers d’État.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Le CESR souhaite qu’une étude soit conduite en région sur l’utilisation de ces
dispositifs LOCA-PASS et MOBILI-PASS afin d’en apprécier la diffusion et
l’efficacité auprès des jeunes.
Les jeunes peuvent également bénéficier d’aides attribuées par les Conseils Généraux au titre
du Fonds Solidarité Logement (FSL), sous certaines conditions. Il semblerait cependant que
les jeunes étudiants n’y aient pas toujours accès.
Proposition 29
Le CESR souhaite vivement que les Fonds Solidarité Logement départementaux
prennent en compte les jeunes, qui ne remplissent pas les conditions
d’attribution et/ou qui ne peuvent pas accéder aux prestations du 1% logement,
notamment au financement du dépôt de garantie, au fonds de garantie des loyers
et des charges ainsi qu’à l’aide à la mobilité.
L’accès au logement est trop vital pour les personnes, en particulier pour les jeunes. Tous les
leviers doivent être actionnés afin de remédier rapidement à cette situation d’urgence.
D’une manière générale, le CESR considère que toutes les actions de l’État et
des Collectivités locales visant à accroître le nombre de logements et le parc
locatif sont à encourager :
- Intégrer la problématique « logement » dans toutes les réflexions
prospectives en matière d’aménagement du territoire menées par la
Région et par l’État ;
- Inciter les collectivités locales et les EPCI à mettre en place des
Opérations Programmées de l’Habitat ciblées pour favoriser la
rénovation de logements vacants à destination des publics jeunes;
- Conditionner les aides à la pierre ou au surcoût foncier, attribuées
aux bailleurs sociaux ou aux communes, par le Conseil Régional et
par les Conseils généraux, à la mise en œuvre d’un plan d’accueil
des jeunes locataires ;
- Favoriser et soutenir toutes les actions d’information en direction
des jeunes, de leur famille et des bailleurs ;
- Soutenir les actions incitatives des professionnels auprès des
propriétaires et bailleurs pour mettre à disposition les logements
vacants ou de nouvelles formes de location (logement ou chambre
contre services rendus par le locataire) ;
- Organiser un réseau de propriétaires bailleurs spécialisés dans le
logement des jeunes.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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4. LA SANTE DES JEUNES
Au sein des établissements de formation, dans leurs lieux de vie et dans leurs lieux
de travail, les situations de mal être et les risques qui pèsent sur la santé des jeunes
nécessitent des actions de prévention, de signalement, de contrôle et
d’accompagnement.
[Angéla avait tout juste 17 ans quand elle et son petit copain ont eu leur accident de voiture.
Lui n’a pas survécu, elle est paraplégique., sa colonne vertébrale a été broyée, son cou
endommagé]: «à partir des reins, je ne sens plus rien. Les lésions au cou m’ont fait perdre un
peu de motricité dans le bras gauche, mais c’est tolérable. Je voulais être hôtesse de l’air,
voyager … j’ai dû me faire une raison.» «Il m’a fallu deux ans pour me faire à l’idée que
j’avais de la chance d’être toujours en vie, même en étant PH» [pour Personne Handicapée].
Angéla, 23 ans, télévendeuse
«Je suis content d’avoir pu continuer mes études car, dans mon lycée, on a des rendez-vous avec des
professionnels de la santé par exemple qui nous parle des méfaits du tabac ou encore du sida. Pour la
cigarette, un cardiologue est venu nous parler pendant une heure environ de son travail et des patients
qu’il soigne. Même si je ne fume pas, j’ai trouvé l’expérience intéressante, bien qu’un peu courte. Et je
sais qu’elle a eu un impact fort sur certains de mes amis fumeurs.» «Par contre, pour ce qui est du sida,
j’ai trouvé que la rencontre avec une association avait été mal organisée. Je ne dirais pas que c’était
inutile pour tous, mais j’ai trouvé que cela venait un peu tard dans ma scolarité. Mais ces rendez-vous
ont au moins le mérite d’exister».
Damien, 18 ans, lycéen
«J’en voulais à la Terre entière. Je me sentais exclu d’une société que je rêvais de détruire.
Pendant dix-huit mois, j’ai traîné, sans but autour de chez mon père. L’ennui total, la déprime
aussi: j’ai commencé à m’endurcir, j’étais teigneux et violent. Je prenais des prods [NDR:
drogues synthétiques] tous les jours.»
Sven, 24 ans, nomade de la techno
«J’ai toujours été nerveuse, c’était parfait pour tenir la nuit. Mon patron m’aimait bien, il me permettait
de boire gratuitement. J’abusais pas mal du rosé, déjà.» [NDR: elle occupait un emploi de serveuse].
«lui aussi [NDR: son petit copain qui lui fournit ecstasy et cannabis] voulait oublier des trucs. On en a
jamais parlé entre nous, mais c’était clair qu’il était dans la même situation.»
Madeleine, 23 ans, prise par l’errance
L’importance du mal être des jeunes, des adolescents en particulier (entendu sur la tranche
d’âge des 12-26 ans), a été mis en évidence lors de la consultation régionale des acteurs et des
usagers du système de santé réalisée en 1996, et Midi-Pyrénées en avait fait une priorité. Des
actions ont été depuis réalisées, mais de graves problèmes subsistent comme en ont témoigné
les médecins, infirmières et assistantes sociales entendues dans le cadre de cet avis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
170
La santé est une obligation de la nation, elle n’est pas celle des régions. L’État doit garantir le
système de santé dans ses principes et le contrôler dans ses résultats : c’est une obligation qui
résulte du préambule de la Constitution, comme le précise l’avis du CESR sur « l’offre de
soins en Midi-Pyrénées » du 17 mai 2004.
Cependant, dans le cadre de la décentralisation, la Région se voit confier l’élaboration du
Schéma Régional des formations du secteur sanitaire et social. Ce transfert justifie qu’elle
puisse aussi exercer un droit de regard sur les dispositifs en place et, en particulier, inciter à
une augmentation des formations pour les métiers médico-sociaux.
Le rôle de l’État pour la dotation des structures de santé existantes pour ce public est
primordial. Il doit également se renouveler et innover en matière d’accueil.
Agir dans le milieu scolaire
Le nombre des personnels de santé, médecins, infirmières et assistantes sociales, reste très
insuffisant par rapport à la population scolarisée et aux besoins des jeunes. Tous les
établissements scolaires ne sont pas dotés de ces postes. Ces personnels interviennent le plus
souvent sur plusieurs lycées ou collèges. Dans l’exercice de leur fonction et mission, la durée,
se traduisant par une stabilité dans le poste, améliore la qualité des interventions auprès de ces
jeunes publics et la possibilité de projets soutenus.
Proposition 30
Le CESR considère que l’État doit engager une politique volontariste de
santé scolaire. Pour cela, il faut accroître et conforter la présence de la
médecine scolaire dans les établissements (médecins et infirmières) et des
services sociaux (assistantes sociales) dont la carence est inquiétante. Ces
personnels font partie de l’équipe éducative, ils doivent connaître une certaine
stabilité dans leur poste pour conduire des actions de prévention sur la durée. Ils
doivent également bénéficier de formations spécifiques les aidant aux repérages
des risques (crise suicidaire). La Région pourrait contribuer, avec l’État, à
cet effort de formation en raison de sa nouvelle compétence sur les
formations sanitaires et sociales.
Comme cela a été signalé lors des auditions, la santé des jeunes est fonction de leur
développement physique et mental, et de leurs conditions de vie, pendant la petite enfance et
l’enfance. Leur vie d’adolescents et de jeune adulte en dépendent. Les politiques de
prévention en matière de santé sont donc très importantes.
Dans ce cadre, il faut également développer le dispositif d’information sur la contraception
conformément au rapport NIZAN qui préconise un effort de visibilité plus grande en direction
notamment des femmes de faible niveau d’éducation et/ou d’insertion sociale ainsi qu’en
direction des jeunes garçons et des hommes. Ce dispositif devra également intégrer les
questions de sexualité dans un souci d’éradiquer toutes les formes de discrimination, de
violence et de développer le respect réciproque entre hommes et femmes. De même, les
efforts soutenus en matière de MST et de lutte contre le SIDA doivent être constamment
poursuivis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
171
Actuellement, le dispositif de santé prévoit une visite obligatoire à 6 ans, à l’entrée en CP.
Outre le repérage des troubles qui pourraient gêner les apprentissages scolaires (vision,
audition, langage), elle est un moment privilégié pour apporter un aide soutenue aux parents.
Elle donne la possibilité au médecin de conseiller les parents dans des domaines divers, aussi
bien pour le sommeil, pour l’alimentation afin d’éviter l’obésité ou les carences alimentaires,
que sur des notions d’autorité ou d’aides à la parentalité.
À propos de l’obésité, il faut mettre l’accent sur une politique forte en matière d’éducation à
la bonne nutrition, à côté de l’incitation aux activités physiques, qui sont vivement
recommandées pour l’équilibre physiologique et la prévention de l’obésité,. Une alimentation
équilibrée et variée, en particulier à midi, doit pouvoir remplacer les différentes propositions
de « fast-food » tout en encourageant la restauration scolaire.
La conférence de la famille de 2004 a proposé, parmi les 12 principales mesures souhaitées,
d’instaurer en 2005 une consultation médicale approfondie en classe de cinquième afin de
repérer les problèmes sanitaires et sociaux et de détecter les situations à risque (troubles
psychologiques, conduites dépendantes, addictives…). Cette proposition paraît
particulièrement pertinente.
Proposition 31
Le CESR considère que l’État doit renforcer les dispositifs de santé au sein du
système éducatif lors de la visite obligatoire à 6 ans dans les écoles primaires.
Le CESR considère que l’État doit aussi instituer dès 2005 une consultation
médicale avant 15 ans dans les collèges et lycées, comme le préconise
également la récente Conférence de la Famille.
En matière de recherche, les services médicaux de santé scolaire ne disposent pas des moyens
de recherche épidémiologique alors que la presque totalité des jeunes est scolarisée en collège
et en lycée jusqu’à 20-22 ans. Une décision pour développer cette recherche et instaurer une
prévention de bonne qualité pourrait être prise par l’État (cf. l’Avis sur l’offre de soins du
17 mai 2004).
En fonction des écueils et des tentations qui guettent les jeunes dans cette tranche d’âge
considérée, tout doit être mis en œuvre pour améliorer le dépistage et la prévention. Les
professionnels de santé ne sont pas seuls à avoir en charge ces jeunes, les enseignants et les
parents surtout sont en mesure d’être alertés, mais ils sont souvent démunis. Des lieux de
dialogue et d’écoute pour les jeunes et les adultes seraient utiles pour désamorcer les crises.
Par sa compétence éducation, la Région peut aider à la mise en œuvre d’initiatives innovantes.
Proposition 32
Le CESR propose que, dans une démarche partenariale avec les services de
santé de l’État, le Rectorat de l’Académie de Toulouse, le Conseil Régional
contribue à la mise en place de lieux de dialogue et d’écoute dans les lycées
et à leur renforcement là où ils existent.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
172
Le Conseil Régional pourrait également soutenir les actions de formation et
de conseil aux jeunes et à leur famille dans les associations de parents
d’élèves, familiales, d’animation socioculturelle, sportives et de travailleurs
sociaux.
La dimension « santé » dans l’opération « projets d’avenir » à destination des lycéens et
apprentis, se trouve sous la rubrique « actions citoyennes ». Les thèmes retenus en 2002 et
2003 concernent les maladies sexuellement transmissibles (MST), donc la lutte contre le
SIDA. Pour la campagne 2004-2005, l’intitulé de l’appel à projet a été élargi à la lutte contre
les conduites addictives (toxicomanie, alcool, anorexie, boulimie, …) incluant toujours la
lutte contre les MST et le SIDA.
Le CESR propose que le thème « santé » des projets d’avenir soit développé. Il
propose également un appel à projet innovant concernant les autres temps de
vie des jeunes.
Agir hors contexte scolaire
Même si l’accompagnement des jeunes est préférable en milieu « ordinaire », c’est-à-dire
scolaire pour la majorité d’entre eux, pour maintenir leur intégration sociale et scolaire, les
jeunes doivent pouvoir recourir facilement et librement à des soins.
Le CESR rappelle son attachement à la pleine application de la loi prévoyant la mise à
disposition gratuite de la pilule du lendemain. Ces traitements doivent être facilement
accessibles dans le respect des choix individuels et de la confidentialité.
Des lieux spécifiques relais, tels que des « espaces santé jeunes » ou « maisons de
l’adolescent », pluridisciplinaires, pour accueillir en consultation tout jeune éprouvant des
difficultés psychosociales se sont ouverts à l’initiative de la Fondation de France ou des
services de psychiatrie et de pédopsychiatrie des hôpitaux. Lieux d’accueil, d’écoute et
d’information plus neutres que le milieu scolaire pour les jeunes et pour leur famille, ils
évitent le recours à des soins plus lourds et pas forcément adaptés, et l’encombrement les
structures spécialisées. Ils peuvent répondre aussi aux préoccupations des missions locales.
En effet, une de leurs premières tâches est de faire le point avec le jeune accueilli sur son état
de santé, ainsi que sur les droits à la santé qu’il ignore ou méconnaît (carte vitale, mutuelle),
comme signalé lors de l’audition des responsables de la Mission Locale de la Haute-Garonne.
Les notions d’accessibilité et de proximité sont cruciales pour l’accès aux soins des
adolescents souffrant de malaise psychosocial. Ils doivent pouvoir se rendre aisément dans
cette structure, et pouvoir consulter facilement. Le transfert du service de psychiatrie de
l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital La Grave à Toulouse vers un autre lieu excentré est à
cet égard problématique comme le souligne l’avis du CESR sur « l’offre de soins ».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
173
Actuellement, les délais d’accueil et de prise en charge de ces jeunes, en souffrance et souvent
en situation d’urgence, sont dénoncés comme trop longs, en raison d’un manque de personnel
qualifié. Les horaires d’ouverture ne sont pas adaptés à ces publics et il serait utile de rendre
ces structures accessibles après les heures de cours, après 16 heures 30.
Proposition 33
Le CESR propose que, dans une démarche partenariale avec les services de
l’État, le Conseil Régional apporte son soutien pour l’implantation
« d’espaces relais de santé », dédiés aux jeunes, en nombre suffisant et adapté
aux besoins des jeunes sur les territoires.
La santé au travail pour les jeunes
Sur ce point, l’avis du CESR sur l’offre de soins a noté que :
« Les difficultés d’entrée dans l’emploi, la précarisation de l’emploi et donc de la
situation sociale des jeunes, les allers-retours emploi-chômage, les périodes de
chômage agissent sur leur état de santé et sur leur équilibre psychique. Trop souvent,
ces jeunes en emploi précaire (travail temporaire, CDD, …) ne bénéficient pas des
services de la médecine du travail. »
Il y a là incontestablement une carence. Tout comme il semble qu’il y ait carence en termes de
prévention et de suivi de santé des jeunes en apprentissage au sein des Centres de formation
d’apprentis qui ne disposent pas de services infirmiers attachés à leurs établissements.
Proposition 34
Le CESR considère que, quel que soit leur statut, tous les jeunes doivent
bénéficier des mêmes actions de prévention et de suivi en matière de santé.
Le Conseil Régional doit engager une concertation avec les services de la
Médecine du Travail et les partenaires sociaux pour mettre en place les
dispositifs nécessaires à ce suivi.
Le Conseil Régional peut être l’initiateur d’un plan de « suivi de santé des
apprentis » en s’appuyant sur un partenariat avec les instances responsables des
Centres de Formation d’Apprentis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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5. LA MOBILITE DES JEUNES DANS LE TERRITOIRE
RÉGIONAL, DANS L’EUROPE, ET A L’INTERNATIONAL
Emploi, formation, loisirs, la mobilité et l’ouverture au monde sont au cœur des
préoccupations des jeunes. Elles sont aussi un facteur de leur autonomie. L’Europe
et l’international sont autant de champ d’investigation et de possibles.
«J’habite Tournefeuille, et pour me rendre au lycée de Colomiers, j’utilise mon vélo et pas le bus.
Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de bus direct entre les deux communes, alors qu’elles sont l’une
à côté de l’autre. À Tournefeuille, il y a trois lignes de bus, et toutes vont vers les Arènes, à
Toulouse. Même le train va à Toulouse. Il faudrait donc que j’aille aux Arènes pour revenir
après sur Colomiers…»
Damien, 18 ans lycéen, 1ere STT
Pour le citadin lambda, le métro n'a qu'un intérêt pratique. Pour d'autres citadins, c'est un facteur
d'intégration. Farid lance: «Franchement, s'il n'y avait pas le métro, certains habitants de Bagatelle
ne connaîtrait pas le centre ville!»
Farid, 23 ans, animateur
«Mon choix s’est tout de suite porté sur l’Espagne.» «J’aurais aimé savoir ce qui m’attendait làbas. Personne n’a su me renseigner sur les cours que j’avais à choisir, et, surtout je ne savais pas
comment me loger». [La bourse de mobilité Erasmus]:«Ce n'est pas grand-chose, l'équivalent
de 50 euros par mois pendant 9 mois, mais c'est déjà bien. Ce qui est le plus révoltant, c'est
quand on parle avec d'autres étudiants étrangers. On se rend vite compte qu'il y a de fortes
inégalités entre les pays de l'Union européenne. Par exemple, les Allemands touchent 150 euros
par mois, et les Danois encore davantage!» [une bourse régionale?] Personne ne m'en a parlé à
la faculté, je ne savais pas comment procéder et je croyais que c'était très compliqué à obtenir, ce
qui a suffi à me décourager».
Olivier, 24 ans, étudiant
«Je suis arrivé en France par mes propres moyens, avec mes économies de deux ans de travail à Oran.
Ensuite, j’ai un peu de famille sur Toulouse, ce qui m’a permis de m’installer chez eux et d’éviter pas
mal de dépenses. Comme mes parents ne peuvent pas trop m’aider, je travaille de temps en temps au
marché, pour avoir de l’argent de poche.»
Amine, 23 ans, étudiant
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
175
Faciliter la mobilité infrarégionale
C’est une question centrale qui tient aux spécificités territoriales de Midi-Pyrénées. Avec
8 départements, sa taille équivaut à celle de la Belgique. Les zones rurales sont importantes et
les déplacements y sont plus problématiques, particulièrement pour les jeunes qui n’ont pas
tous accès à des moyens de transport autonomes, pour des raisons d’âge ou de revenu.
Accompagner l’accès au transport collectif et développer les liaisons
transversales
Pour étudier, pour travailler, pour se divertir, tout comme les adultes et quelquefois plus
encore, les jeunes ont besoin de se déplacer. Cette mobilité symbolise aussi indépendance et
autonomie. Ils se déplacent pourtant avec des risques aggravés comme en témoigne le taux de
mortalité important par accidents de la circulation en Midi-Pyrénées (un des plus élevés en
France). Ces accidents surviennent le plus fréquemment en fin de semaine « les morts du
samedi soir » et sur le réseau routier secondaire.
Au-delà de ces phénomènes extrêmes, mais qu’il est important de souligner, et qui nécessitent
des politiques d’information et de prévention soutenues par l’État, le Conseil Régional a pris
en compte ces difficultés et ces risques en offrant des réductions tarifaires pour les
déplacements sur le réseau régional TER pendant les vacances scolaires et les week-ends pour
tout public (carte « Midi-Pyrénées Loisirs »).
Proposition 35
Le CESR souhaite l’octroi de réductions significatives pour tous les jeunes
de 16 à 25 ans habitant en Midi-Pyrénées sur les réseaux de transports
régionaux pour les trajets effectués dans le cadre de leur formation, soit par
extension de la carte « Midi-Pyrénées Loisirs », soit sur le modèle de la carte
« Midi-Pyrénées Étudiants ».
Une étude de faisabilité pourrait être rapidement diligentée pour programmer
une telle mesure, en relation avec les autres moyens de transport collectifs.
L’offre de transport dans les territoires s’est essentiellement construite autour d’un trajet
domicile/école. En infrarégional, le réseau routier converge vers l’agglomération toulousaine,
rendant difficile les liaisons transversales entre villes moyennes et renforçant l’attractivité de
Toulouse. Il en est de même dans la grande couronne de l’agglomération toulousaine où il est
souvent obligatoire de passer par Toulouse pour rejoindre un lieu dans une commune voisine
et proche de sa résidence. Tous les jeunes l’ont signalé lors des auditions ou des interviews.
Proposition 36
Le CESR considère que les collectivités territoriales compétentes doivent
encourager les liaisons transversales de villes à villes, de communes à
communes. Le Conseil Régional doit les inciter à développer ces réseaux et
leur apporter son soutien dans le cadre des politiques territoriales.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Accompagner la mobilité pour des activités culturelles et de loisirs
Le problème de la mobilité va de pair avec le développement des activités culturelles et de
loisirs. Tous les jeunes n’habitent pas à Toulouse qui reste le grand centre d’activités
culturelles et artistiques, avec des infrastructures importantes récentes. Ni en proximité des
divers pôles de culture et de loisirs qui existent dans les territoires. Toutes les villes moyennes
ne peuvent se doter d’équipements culturels équivalents, d’un coût très élevé.
De ces constats, le Conseil Régional a tiré les conséquences et élaboré depuis 1998 une
politique « culturelle », au-delà de la seule problématique des jeunes, toutefois en l’intégrant
fortement dans sa démarche, en utilisant ses compétences dans le domaine essentiel de
l’aménagement du territoire et de développement des territoires. Malgré son effort de soutien
aux initiatives et aux structures dans les villes moyennes et petites pour qu’elles offrent un
environnement culturel « citadin » recherché par les jeunes, les déplacements son encore
nécessaires.
Proposition 37
Pour faciliter l’accès des jeunes aux activités culturelles et de loisirs dans les
territoires ruraux et urbains fragiles, le CESR propose que le Conseil Régional
apporte un soutien financier aux communes, aux intercommunalités voire
aux associations, pour qu’elles se dotent de véhicules de transport collectifs
légers, ne nécessitant pas de permis de transports en commun. Ces équipements
pourraient être utilisés aussi, en polyvalence, pour les déplacements des
personnes âgées et de certains handicapés.
Aider à la mobilité pour l’accès à la formation professionnelle et à
l’emploi
C’est en ce domaine que les jeunes sont les plus démunis. Des soutiens sont apportés par le
Conseil Régional comme signalé en première partie. Il est toujours possible de mieux faire et
les propositions précédentes peuvent y contribuer.
Cependant, il est des cas où le fait de ne pas être titulaire du permis de conduire est un frein à
l’emploi, pour se rendre à son travail certes mais pas seulement. Auparavant, le service
militaire remplissait cette fonction d’offrir à un moindre coût le permis automobile et le
permis poids lourds, facteur d’insertion dans les professions de transports même si la
réglementation fait qu’il n’est plus suffisant. Sa suppression a enlevé à certaines catégories de
jeunes cette possibilité et l’a renvoyée dans le secteur marchand auquel les jeunes n’ont pas
tous accès.
Pour lutter contre ces inégalités, des initiatives ont été prises par des structures. Ainsi la
Mission locale de la Haute-Garonne a mené, en 2002, une opération pour l’obtention du
permis de conduire pour un groupe de jeunes, en lui donnant une dimension pédagogique,
comportementale et citoyenne. Cette opération n’a pu être reconduite faute de moyens
suffisants. Lors de l’élaboration du projet de l’École de la Deuxième Chance, il a été
également envisagé d’inclure dans la formation cette acquisition du permis de conduire. Cette
dimension n’a pas été retenue pour l’immédiat. Dans ces cas, il ne s’agit pas d’assister le
jeune ni de lui fournir son premier véhicule. Il s’agit de lui donner accès à un élément de son
parcours professionnel.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
177
Cette mesure est à considérer selon plusieurs scenarii. Elle pourrait être réservée à des jeunes
inscrits dans les stages régionaux de la formation professionnelle dans un premier temps, dans
les missions locales et à l’école de la deuxième chance. Elle serait conditionnée au projet
professionnel du jeune, et réalisée sur une base contractuelle avec lui (avec des contreparties
éventuelles).
Proposition 38
Le CESR considère que le Conseil Régional doit aider les jeunes les plus
défavorisés à obtenir leur permis de conduire si le fait de ne pas pouvoir
conduire un véhicule est un frein à l’emploi. Ce soutien financier devrait
s’effectuer en particulier au travers des actions réalisées par les associations
d’insertion, les Missions Locales, …
Un partenariat et un conventionnement avec les professionnels de la conduite automobile
pourraient être recherchés.
Accroître la mobilité des jeunes de Midi-Pyrénées vers l’Europe et
l’international
Conscientes de l’intérêt pour les jeunes de voyager, étudier et travailler en Europe et dans tous
les pays du monde, toutes les institutions ont apporté leurs concours pour que les jeunes
puissent bénéficier de ces possibilités, soutenues par les programmes européens. Le constat
est que les jeunes de Midi-Pyrénées sont «naturellement » moins mobiles que dans d’autres
régions. Cependant, les auditions ont pointé des barrières financières et administratives, tant
pour les structures que pour les jeunes eux-mêmes. Un déficit d’information serait également
à l’origine de cette faible mobilité.
Deux logiques se font jour pour cette mobilité : d’une part inciter au départ des jeunes de
Midi-Pyrénées, d’autre part, favoriser l’accueil des jeunes venant d’autres pays. Les actions à
mettre en œuvre sont de nature différente. Elles ont la même finalité, elles contribuent toutes
deux au rayonnement de la Région, à l’amélioration de son image et à son développement.
Le volet « départ »
Le CESR considère qu’au niveau de Midi-Pyrénées, certains points doivent être
développés :
1er point : améliorer l’information sur les possibilités de départ en fonction de la
situation des jeunes : étudiant, lycéens (dont BTS), apprentis et en formation
professionnelle en intégrant les aides « régionales » et en fonction des types de projets
(formation, volontariat, création d’activité…), par exemple, par la réalisation d’un ou
plusieurs guides spécifiques, dans une démarche partenariale, avec les structures qui apportent
déjà de l’information, pour répertorier les programmes et les aides européennes et régionales,
faire mieux connaître les actions possibles dans le cadre de la coopération décentralisée,
apporter de la visibilité. Des guides de cette nature ont déjà été réalisés sur proposition du
CRJ pour l’action humanitaire et les initiatives. Leur intérêt est de rassembler l’information
disponible et de la coordonner.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
178
Les supports de diffusion sont à étudier pour qu’ils soient les plus pertinents possibles et
qu’ils puissent être utilisés facilement par les jeunes. Un site Internet « régional » dédié (en
prenant garde toutefois à l’important foisonnement des sites déjà existants sur l’Europe) peut
être une ressource ou, plus simplement, une rubrique sur le site « jeunes » du Conseil
Régional (renvoyant sur d’autres sites ciblés d’information comme celui du pôle européen
pour les étudiants et d’autres sites spécialisés).
Un tel projet doit porter sur la qualité de l’information ainsi sur les modalités de la
diffusion de cette ressource afin que cette information parvienne bien à tous les jeunes.
L’accroissement de la demande sur le dispositif « chèque lecture » à cette rentrée 2004 montre
l’importance de l’information de proximité (un courrier a été adressé par le Conseil Régional
à chaque élèves de 3ème de collège début juillet pour l’informer du dispositif et de la
possibilité d’acquisition de livres scolaires).
Cette préoccupation d’information est forte pour le CESR car lui ont été
signalées des difficultés plus grandes encore pour les jeunes ruraux. Il y a une
réflexion à mener pour que tous les jeunes puissent bénéficier de l’ensemble
des dispositifs.
2ème point : le développement des partenariats institutionnels
Pour le CESR, des progrès importants doivent être faits pour que plus de jeunes de MidiPyrénées puissent se déplacer pour leurs études, pour des stages en entreprises et pour des
périodes d’activités. Tous les programmes européens ont besoin d’un coup de pouce
conséquent, notamment financier. Lors des auditions, les responsables de l’Académie de
Toulouse et de la DRJS ont noté l’insuffisance de l’abondement des programmes pour la
jeunesse.
D’autres freins sont liés d’une part, aux procédures administratives, jugées trop lourdes et
contraignantes, coûteuses en temps et en investissements humains, d’autre part, au manque de
reconnaissance par les institutions des personnels porteurs de projets dans les lycées et à
l’université.
Proposition 39
En matière de mobilité internationale, le CESR considère que l’État,
(Ministère de l’Éducation Nationale et de la Recherche, Ministère de la
Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative), doit consacrer un budget plus
important pour la mise en œuvre de l’ensemble des programmes européens
pour la jeunesse, accompagné de formations des acteurs.
Les équipes de direction et les personnels enseignants doivent bénéficier d’une
meilleure formation initiale pour le montage des dossiers européens et avoir
accès à des modules pratiques de formation continue.
Enfin, doit être mis en place un système de reconnaissance de l’investissement
de ces personnels dans la mise en œuvre de projets européens et à
l’international.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
179
Le Conseil Régional, lors des différentes auditions des élus et des administrateurs, a fait part
de sa volonté de poursuivre les efforts consentis (le budget réel a été multiplié par 10 depuis
1999, de 108 000 euros à 1 235 mille euros en 2004) sur les 2 axes des Affaires européennes
et de la Coopération décentralisée.
Il a développé, d’une part, une politique de conventionnement pour renforcer l’action des
structures (convention avec le Pôle européen pour le volet « étudiant en stage en entreprise ou
en laboratoire » du programme Leonardo qu’elle a abondé de 80 000 euros en 2003,
convention en cours avec la DRJS pour le service volontaire européen du programme Jeunes
en action), d’autre part, il a apporté un soutien financier aux initiatives visant l’international
(réalisation de guides sur proposition du Conseil Régional des Jeunes, soutien aux « projets
d’avenir » et au concours « découverte des institutions européennes »).
Il ressent à présent la nécessité de créer et de mettre en place de nouvelles dispositions plus
incitatives, pour les étudiants mais aussi pour les filières professionnalisées (lycéen et
apprentis).
Le CESR souhaite que le Conseil Régional s’engage dans une nouvelle
dynamique pour l’ouverture sur l’Europe et l’International. De nouvelles
dispositions incitatives doivent être mises en place aussi bien pour les lycéens
et les apprentis que pour les étudiants.
3ème point : les aides directes aux jeunes
Concernant ces aides personnelles, il semble qu’il y ait là un champ d’investigation pour la
région. Pour le CESR, les actions sont à considérer en fonction des situations des jeunes :
scolarisés (étudiants, lycéens, apprentis) et non scolarisés pour un développement équilibré de
la mobilité. La contribution de la Région doit être modulée pour répondre en fonction de ce
qu’impliquent les programmes européens, son appui venant en complément des dispositifs.
Pour la mobilité étudiante, aujourd’hui l’attente en région est très forte aussi bien de la
part des étudiants que des universités. Il est vrai que certaines institutions régionales ont
mieux répondu que Midi-Pyrénées.
Par exemple, la région Aquitaine finance la mobilité (hors programme Leonardo) à
hauteur de 969 000 euros contre 900 000 en Midi-Pyrénées, soit 9,85 euros/étudiants
contre 7,89 en Midi-Pyrénées. L’Aquitaine accorde beaucoup plus de bourses de mobilité
(1 331 en 2002 contre 606), en privilégiant le nombre sur le montant (40 euros/mois pour
les boursiers Erasmus et 140 euros/mois pour les autres, contre 300 euros/mois en MidiPyrénées).
Les critères d’attribution de ces aides sont aussi un point à reconsidérer (elles sont attribuées
aux étudiants boursiers d’État CROUS) ainsi que les modalités de versement aux étudiants
qui en bénéficient. Il existe des décalages entre le moment où le jeune part faire sa scolarité
ou son stage à l’étranger et le moment où il reçoit cette bourse, qui souvent l’oblige à faire
l’avance des fonds nécessaires. Des améliorations sont nécessaires pour inciter les jeunes à se
déplacer.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Pour la mobilité internationale des jeunes non-lycéens et non étudiants, des difficultés de
même nature ont été signalées pour la mise en œuvre du programme « Jeunesse pour
l’Europe », qui ne peut ni se développer ni répondre à toutes les demandes, d’autant qu’il est
aussi sollicité par des étudiants. Ce programme présente l’intérêt de s’adresser à des jeunes en
situation plus précaire et les aide à acquérir une préprofessionnalisation ou dans leur
orientation ou choix de vie. Ce programme est encore plus déficitaire pour les actions
d’accueil de jeunes étrangers.
Proposition 40
Pour accroître la mobilité des jeunes de Midi-Pyrénées, scolaires ou non,
ainsi que pour accueillir de jeunes étrangers, le CESR souhaite que le
Conseil Régional renforce son soutien financier pour accroître les aides
aussi bien aux structures porteuses des programmes européens qu’aux
jeunes eux-mêmes.
Cependant, les aides ne peuvent avoir d’efficacité que dans la mesure où il existe une vision
d’ensemble de ce que chacune des structures met en oeuvre. Or, le Rectorat de l’Académie de
Toulouse a annoncé une prochaine enquête pour recenser les actions à l’international menées
dans les lycées de Midi-Pyrénées. Le Pôle européen de Midi-Pyrénées, dans les chiffres de
mobilité des étudiants, n’inclut pas les déplacements des étudiants des grandes écoles. Plus
inquiétant est le fait que tous les fonds européens du Pôle n’aient pas été utilisés comme
indiqué par les responsables. Autant il semble légitime que chaque université, chaque grande
école dispose d’un service assurant la mise en œuvre et le suivi des programmes européens ou
des échanges bilatéraux, autant une mise en commun des résultats semblent nécessaire pour
un « guidage » et une meilleure intervention régionale. Sans coordination, il semble difficile
d’échapper à une politique de « guichet » et de mettre en œuvre une politique cohérente de
soutien financier aux départs des jeunes
Proposition 41
Pour une meilleure lisibilité quantitative et qualitative de l’ensemble des
dispositifs européens et internationaux d’aide aux départs des jeunes, le
CESR propose que le Conseil Régional fasse réaliser un « tableau de bord
régional de la mobilité » recensant les actions des structures pour les étudiants,
les lycéens et les apprentis, sans oublier les programmes destinés aux jeunes non
scolarisés.
Le volet accueil
L’attractivité de Midi-Pyrénées est liée à l’excellence de ses pôles universitaires et de recherche.
Le nombre d’étudiants venant d’autres régions et d’autres pays a augmenté fortement ces
dernières années provoquant aussi des tensions sur les conditions générales de vie, en particulier
de logement comme le projet d’avis l’a pointé en considérant ce domaine. La concurrence entre
villes universitaires est importante. Certaines régions ont voulu rattraper leur retard et ont mené
des politiques volontaristes qui améliorent leur attractivité.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Ainsi, en référence à la comparaison entre Toulouse et Bordeaux, l’Aquitaine accueille plus
d’étudiants étrangers que Midi-Pyrénées (7,1 % contre 6,8 %, la moyenne nationale étant de 8,2
%), et ils sont plus nombreux à bénéficier d’un logement au titre du CROUS (20,8 % contre 17,8
% pour Midi-Pyrénées)49 .
Ces bons résultats, Bordeaux les doit également à une structure d’accueil unique pour les
étudiants, en centre ville, mis à disposition par la communauté urbaine, ce qui représente
symboliquement un accueil dans la Ville et par la Ville.
Elle dispose aussi d’une « cité internationale » où elle peut accueillir et héberger les enseignants
chercheurs et les post-doctorants. D’autres villes ont aussi développé des services pour
accompagner les étrangers dans leurs démarches auprès de la Préfecture (Montpellier par
exemple).
De telles structures et de tels services font défaut à Toulouse bien que cette rentrée 2004 ait vu
l’ouverture d’un nouveau guichet « unique » dans les locaux du CROUS, pour le temps de la
rentrée universitaire (septembre).
Proposition 42
Le CESR incite le Conseil Régional à considérer avec les partenaires
universitaires, par exemple dans le cadre du pôle européen dont il est membre du
Conseil d’Administration, et avec les autres collectivités, les améliorations
possibles de l’accueil des étudiants étrangers, en prenant appui sur la
connaissance des « bonnes pratiques » développées dans d’autres régions.
Les échanges avec l’étranger représentent un levier important pour le développement
économique comme pour la valorisation de la Région. L’information et le suivi de ces
échanges restent très « discrets ». Au-delà de l’Union Européenne, le Conseil Régional
consacre 80 000 euros en 2004 pour des dispositifs d’accueil d’enseignants et d’étudiants
venant des zones cibles de la coopération décentralisée.
Le CESR souhaite que soit développée une meilleure communication sur
l’ensemble des actions concernant la mobilité que le Conseil Régional
encourage et soutient financièrement, qu’elles concernent les étudiants ou les
jeunes volontaires européens.
Le Conseil Régional doit jouer un rôle de coordination pour la valorisation de
Midi-Pyrénées.
49
extrait du dossier « Bordeaux-Toulouse, le match des universités » du N° 2047 du 29 janvier au 4
février 2004 du Nouvel Observateur
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6. L’EDUCATION A LA CITOYENNETE
Activités associatives, engagement éducatif, démocratie lycéenne, participation des
apprentis, conseils de jeunes… concourent à une indispensable éducation citoyenne.
«À la fin de mon mandat, je me vois mal tout laisser tomber, je m’engagerai … peut-être dans
une association … au CRJ, on apprend beaucoup … on fait de la politique noble … on a
découvert des adultes engagés qui croient en ce qu’ils font…»
Xavier, 22 ans, ex-élu CRJ et étudiant
Audition du 3 mai 2004
favoriser l’engagement et la participation des jeunes
Pour répondre à cette aspiration des jeunes de s’engager et de participer, et aussi pour
développer leur citoyenneté, les institutions se sont mobilisées en mettant en place des
Conseils de Jeunesse à différents niveaux. L’Éducation Nationale a pris en compte la parole
des jeunes en créant les conseils de vie lycéenne (CVL) dans les établissements scolaires. Le
Ministère de la Jeunesse et des Sports, par les DDJS, a impulsé les conseils départementaux
de la Jeunesse, qui ont aussi leur instance nationale. De plus en plus de collectivités locales
créent des conseils municipaux d’enfants et, plus récemment, des Conseils Régionaux des
Jeunes. La mise en place de ces conseils s’est accompagnée de concours pour permettre et
récompenser les actions citoyennes des jeunes, la plus récente étant l’opération « Envie
d’Agir » déjà évoquée pour les jeunes de 11 à 18 ans, scolarisés ou non.
Cette « éducation citoyenne » est aussi portée depuis longtemps « à la base » par nombre
d’associations de l’éducation populaire, du sport… En intégrant les jeunes dans ses rangs, le
tissu associatif joue un rôle initiatique et pédagogique important. Mais, actuellement, il
semble que l’adhésion des jeunes à ces structures associatives « traditionnelles » soit parfois
en perte de vitesse, leur préférence allant à des regroupements plus temporaires, encadrés
différemment, ou oeuvrant plutôt pour des causes solidaires, humanitaires, et internationales.
Il est aujourd’hui difficile d’inciter les jeunes à s’engager durablement dans des associations
soit dans du bénévolat (action sans aucune contre partie financière ou matérielle) ou même du
volontariat (action pouvant bénéficier de diverses formes d’indemnisation ne pouvant
toutefois être considérées comme des salaires).
Une réflexion doit être engagée avec les grandes coordinations associatives pour trouver des
moyens efficaces pour renforcer leur participation.
Dans un premier temps, compte tenu de son caractère « initiatique», il serait opportun
d’apporter un soutien à la préparation du BAFA en instaurant des bourses régionales d’aide.
Le BAFA, qui a traversé plusieurs générations, reste toujours, pour des milliers de jeunes,
chaque année, un engagement éducatif auprès d’enfants marquant une étape dans l’accès aux
responsabilités d’adultes, tout en constituant aussi pour certains, un tremplin vers la
professionnalisation avec un accès aux diplômes d’État de la Jeunesse et des Sports.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Proposition 43
Le CESR propose que le Conseil Régional apporte un soutien à l’engagement
éducatif des jeunes dans les associations de l’éducation populaire et du sport
par des mesures incitatives, par exemple en instaurant des bourses régionales
d’aide à la préparation du Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur
(BAFA).
Cependant, les jeunes sont moins enthousiastes lorsqu’il s’agit de s’engager dans le monde
syndical et politique, comme les sociologues Olivier GALLAND et Bernard ROUDET l’ont
constaté dans la publication sur les valeurs des jeunes. L’engagement collectif est aussi
difficile pour les jeunes salariés, l’enquête réalisée par Sophie BEROUD pour la CGT le
démontre également. Il y a là un déficit important. C’est pourquoi, le CESR considère qu’il
doit lui aussi œuvrer pour améliorer la représentation des jeunes dans les instances qui le
composent et en son sein.
Renforcer les instances régionales de jeunes
1. Le Conseil Académique de la Vie Lycéenne (CAVL)
Avec leur représentation départementale, académique et nationale, ces instances de la vie
lycéenne constituent un véritable terreau de la démocratie lycéenne puisque le responsable
académique, lors de son audition, a indiqué que cela représente près de 10 000 jeunes
bénéficiant en outre de plus en plus de formations pour l’exercice de ces mandats.
Le CAVL a pour rôle de formuler des avis sur les questions relatives à la vie scolaire et au
travail scolaire pour améliorer la vie interne des lycées (projets, droits et valeurs des élèves).
Il est porteur auprès des autorités académiques des attentes et des préoccupations des lycéens
qui ont choisi, en 2002-2004, les thèmes de « l’intégration mêlée au respect » (handicapés,
racisme, mixité et égalité des sexes), de l’inter culturalité (voyages scolaires) et de la
solidarité (hébergement des jeunes majeurs).
Les lycéens ont aussi eu le souci de rencontrer leurs homologues des autres instances jeunes,
CRJ, CDJS, .... Le rapprochement entre le Rectorat et le Conseil Régional, les rencontres
entre les jeunes de ces deux instances ont permis de clarifier le rôle de chacune, d’établir un
partenariat et de travailler en complémentarité. La création d’une commission CRJ-CAVL est
envisagée pour le prochain mandat.
Aux dires des intervenants (jeunes élus et responsables), le niveau départemental doit être
renforcé pour favoriser cet exercice de démocratie participative dans les territoires.
2. Le Conseil Régional des Jeunes
Le CRJ est un moyen de faire émerger des projets de jeunes pour les jeunes, de passer du
projet individuel au projet collectif, pour agir sur la vie des jeunes et leur engagement. Il est
défini par les élus comme un outil d’éducation, une leçon permanente d’instruction civique,
un apprentissage de la démocratie et de l’institution régionale qui est peu connue des jeunes.
Il est considéré comme un important lieu d’échanges entre les jeunes de la région,
l’apprentissage de l’écoute et du respect de la parole de l’autre fait partie de cette éducation à
la citoyenneté.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Ces conseils de jeunes ont pour intérêt de leur offrir une structure pour dialoguer avec les
adultes, avec, en retour, un effet « d’enseignement » et de « renseignement » pour les élus et
les responsables académiques sur ce que sont réellement les jeunes, ce qui les motive et les
préoccupe, sur les projets dont ils sont porteurs.
L’exercice de la démocratie inclut aussi un retour d’information vers les électeurs. Or, il
semble que, malgré des outils existants (journal le MAG, le site Internet), les jeunes engagés
rencontrent des difficultés pour tenir informés leurs mandants de l’activité de leur instance,
pour rendre compte des actions concrètes décidées. Ils sont aussi l’objet de sarcasmes des
autres jeunes qui assimilent quelquefois cet engagement à de l’inactivité. Les jeunes
auditionnés ont signalé qu’ils ne disposaient pas de moyen réel dans leur établissement pour
assurer ce retour d’information « rapprochée ». La création d’espaces d’échanges, dans les
lycées et les CFA, ouverts aussi aux enseignants et aux parents, pourrait être une solution.
Le CESR considère que la communication des jeunes élus des conseils doit
être facilitée au sein de leurs établissements de formation. Le Conseil
Régional doit étudier les moyens d’améliorer la performance des media du
CRJ (journal et site) et de leur diffusion. Pour un meilleur exercice de la
démocratie, il doit, en partenariat avec les responsables académiques et des
centres de formation d’apprentis, mettre en place des modalités efficaces
d’information dans les lycées et CFA.
Enfin, le CESR entend souligner que, malgré un objectif affirmé d’éducation à la citoyenneté
« grandeur nature », les risques de voir ces conseils de jeunes tomber dans la récupération
médiatique, la « manipulation » et la démagogie sont réels. La parole des jeunes doit être non
seulement écoutée, mais bien prise en compte par les responsables. Elle doit se traduire dans
les faits par des actes améliorant la vie quotidienne de ces jeunes, citoyens à part entière. Dans
un cas contraire, ils se rendraient rapidement compte du rôle « d’utilité » que les adultes leur
font jouer. Les effets sur leur conception de la démocratie et de la vie politique seraient graves
de conséquence.
L’objectif éducatif doit bien rester le centre de gravité de ces actions qui
nécessitent un accompagnement réalisé par des spécialistes de la jeunesse.
Une véritable déontologie, telle que celle définie par l’ANACEJ, doit aussi
présider à ces actions.
la composition et le fonctionnement du CRJ
Dans sa composition, il concerne les jeunes lycéens et apprentis, pour lesquels le Conseil
Régional peut mettre en œuvre des actions du fait de ses compétences.
Pour le CESR, les membres du CRJ ne représentent pas tous les jeunes de
Midi-Pyrénées. Conscient de la difficulté d’organiser une représentation
exhaustive de tous les jeunes, il souhaiterait cependant qu’une réflexion soit
conduite pour ouvrir davantage cette instance à d’autres catégories de jeunes,
par exemple aux jeunes accompagnés par les Missions Locales, aux jeunes
bénéficiant des formations du PRFP.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Concernant le fonctionnement du CRJ sur deux mandatures (il sera renouvelé prochainement)
et son positionnement par rapport aux commissions (rattaché à la Présidence et aux élus, il
n’est pas un CR bis), le CESR considère qu’il faut à présent aller plus loin dans cet
apprentissage de la démocratie. Les jeunes du CRJ doivent avoir davantage d’échanges et de
relations directes avec les élus. Jusqu’à présent, les commissions ne statuaient que sur
dossiers pour accorder les financements nécessaires aux projets du CRJ, puisque ce dernier
n’a pas de budget spécifique.
Proposition 44
Le CESR approuve l’idée de ne pas enfermer les actions décidées par le
Conseil Régional des Jeunes dans une enveloppe budgétaire spécifique.
Cependant, pour aller au bout de cette logique et améliorer le lien avec les élus
adultes, le CESR propose que les jeunes soient invités à présenter et à
défendre leurs dossiers de projets devant les élus régionaux pour obtenir
approbation, vote et financement.
Concernant la participation des jeunes élus aux travaux du CRJ, le constat d’un taux
d’absentéisme important, au-delà du discours récurrent sur le comportement « zappeur » des
jeunes ou de leur inconstance, doit appeler une réflexion de fond. Il faut en effet comprendre
que cet engagement demande un effort important d’investissement personnel qui n’est pas
sans conséquences sur leurs études et sur leur réussite aux examens. Les obligations liées au
CRJ, comme à tout engagement électif et participatif, peuvent induire des absences en cours,
ou en entreprise pour les apprentis.
Le CESR considère qu’il faut donc, dans certains cas, accorder plus de facilité et de souplesse
pour que ces jeunes réalisent leur mandat dans de bonnes conditions. Il serait certainement
souhaitable de mener une action auprès des chefs d’établissement, des directeurs de centre de
formation, auprès des employeurs aussi pour qu’ils facilitent la participation des jeunes
représentants dans ces conseils.
Cet engagement des jeunes n’est pas suffisamment reconnu et valorisé. Certains programmes
européens ont pris en compte cette dimension en instituant des « passeports », le dispositif
« envie d’agir » l’envisage également. Pour le CESR, cette reconnaissance devrait aller audelà et se faire dans une logique de validation des acquis de l’expérience. Elle devrait être
prise en considération dans le cursus du jeune, en tant qu’acquisition de compétences. Une
reconnaissance de cette nature pourrait être envisagée en Midi-Pyrénées pour les jeunes du
CRJ, en lien avec les CRJ des autres régions, ainsi que pour les jeunes du CAVL d’ailleurs.
Proposition 45
Le CESR recommande d’assurer une meilleure prise en considération des
acquis de l’engagement des jeunes dans les conseils de jeunesse. Cette
valorisation pourrait faire l’objet d’une expérimentation conduite en partenariat
par l’Académie de Toulouse et le Conseil Régional.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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L’après-mandat au CRJ pose également problème pour ces jeunes qui passent souvent ainsi
d’une période de suractivité à l’absence de responsabilité. Pour le CESR, il n’est nullement
question de les « recaser » ou d’en faire des « anciens ». Le CRJ peut constituer un tremplin
destiné à les encourager à s’engager afin de prendre toute leur place au sein de la société
civile ou à briguer des mandats électifs.
Favoriser l’éducation à la citoyenneté pour les apprentis
L’examen du fonctionnement du CRJ a fait apparaître aussi un décalage important entre les
préoccupations des apprentis et celles des lycéens. Il a été source de difficultés pour
l’élaboration de projets communs. Ce décalage est certes lié à la manière de se projeter dans
l’avenir, les uns visant la professionnalisation, l’insertion immédiate dans l’emploi, les autres
dans la poursuite d’études, le devenir étudiant.
Il tient aussi aux difficultés que les apprentis peuvent rencontrer au quotidien, dans l’exercice
de leur apprentissage, et qu’ils portent ensuite au sein du CRJ faute de lieu pour en débattre
ensemble.
Aujourd’hui, les CFA tentent empiriquement de répondre aux préoccupations des apprentis.
Ils redistribuent les aides régionales pour la restauration et l’hébergement. Certains se sont
dotés de dispositifs d’accompagnement de la « vie d’apprentis », avec une personne référente.
Cette modalité ne répond pas totalement aux difficultés rencontrées par ces jeunes. À
l’inverse, la création, dans chaque CFA, d’une médiation entre l’apprenti et l’entreprise
permettrait de réduire les taux de rupture de contrat, d’en étudier les raisons et constituerait
ainsi un réseau pour faire enfin aboutir le chantier du PRDF, en charge d’étudier ce problème.
Le Conseil Régional doit inviter chaque CFA à créer une médiation entre le jeune et
l’entreprise pour le suivi de la bonne exécution du contrat et lutter efficacement contre
les ruptures. Le Conseil Régional trouverait ainsi un réseau d’interlocuteurs pour
l’avancement du chantier du PRDF consacré aux ruptures du contrat d’apprentissage.
Le CESR considère que le contrat d’apprentissage, contrat de travail de type
particulier, est aussi un contrat de formation. Les jeunes apprentis sont en
formation initiale et ils sont candidats aux mêmes diplômes que les jeunes
sous statut scolaire. Les jeunes apprentis doivent donc bénéficier d’une égalité
de traitement. Ils doivent pouvoir échanger entre eux, avec les CFA et les
organismes gestionnaires sur leurs conditions d’études et de vie.
De plus, l’apprenti n’a pas pour seule vocation d’être un salarié. Il peut envisager de reprendre
une entreprise ou de créer sa propre activité. Ce serait également un encouragement et une
incitation à la prise de responsabilité et au management. Cette prise en compte de la parole et
des préoccupations des jeunes apprentis pourrait avoir un effet bénéfique pour la valorisation
de l’apprentissage.
Ils ressentent eux-mêmes le besoin d’une instance plus structurée, à l’image des lycéens qui
résolvent avec le CAVL, grâce au dialogue avec les autorités académiques, un certain nombre
de leurs soucis de lycéens. L’existence d’un tel lieu spécifique contribue à clarifier le rôle du
CRJ.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Le Conseil Régional, compte tenu de sa compétence « apprentissage », a la
possibilité de mettre en place une telle instance sous sa responsabilité, par le
service de la DFPA, en y associant les représentants des organismes
gestionnaires, ainsi que les autorités académiques. Une réflexion est à
conduire sur la meilleure manière de constituer cette instance, sur sa
composition, son fonctionnement et sa finalité.
Proposition 46
Le CESR propose d’instituer une instance régionale de dialogue et de
concertation, propre aux apprentis pour qu’ils puissent s’exprimer sur
leurs conditions de formation, de vie et de travail, comme peuvent le faire
les lycéens au sein du CAVL.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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7. L’ACCES DES JEUNES AUX LOISIRS, À LA CULTURE, AUX
ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES
Projets sur les territoires, accès aux loisirs, aux pratiques culturelles et aux activités
physiques et sportives, formation des professionnels: une politique de jeunesse ne
peut ignorer le temps libre.
«Je suis très contente d’avoir obtenu ce poste. Je suis arrivée ici un peu par hasard, mais avec le
recul, je me dis que travailler dans une association, c’est beaucoup plus convivial que dans une
grande entreprise, surtout pour un premier «boulot.» « Je m’occupe de la partie administrative
de l’association… avec les autres salariés de la MJC et l’équipe d’animation, l’ambiance est
vraiment sympa.».
Virginie, 24 ans, secrétaire-comptable
«En fait l'association a utilisé le dispositif Emplois-Jeunes pour créer un emploi, j'en ai bénéficié, tant
mieux...» «Mais j'ai passé un entretien à la direction du travail pour prouver que le travail correspond
à l'intitulé du poste, et ils ont reconduit les subventions».
Sabrina, 24 ans, secrétaire
«Les langues et les cultures sont égales entre elles, au même titre que les populations. Quand
un enfant parle le français et l'anglais, on dit qu'il est bilingue. Et quand un enfant parle le
français et l'arabe? L'arabe n'est tout simplement pas reconnu»
Mathilde, 27 ans, artiste-éducatrice
«Je n'avais pas envie de lire avant, c'est tout!» une enseignante de français encadre un petit groupe de
six élèves pour travailler et renforcer les bases. À raison de deux heures par semaine, Loïc peut donc
corriger son écriture, son vocabulaire et sa conjugaison. «C’est pas que j’aime pas l’école mais j’ai des
lacunes.» Aujourd’hui, ce jeune de 18 ans lit essentiellement les magazines et les romans. «J'apprécie
les romans policiers, d'aventures et d'horreur. Soit des amis m'en prêtent, soit j'en achète en librairie. Je
lis le début et si le livre me plaît, je continue.».
Loïc, 18 ans, apprenti
L’Unesco distingue 3 lieux d’éducation des enfants et des jeunes : la famille, l’école ou
éducation formelle, et le temps libre ou l’éducation informelle. Le temps libre des jeunes
représente un enjeu encore trop sous-estimé aujourd’hui. Pourtant le risque est grand
d’y voir se renforcer encore les inégalités constatées au plan scolaire par un décalage
important d’accès aux pratiques de loisirs, culturelles ou sportives.
Il est donc particulièrement important que soient proposés des structures adaptées, des
propositions de contenus et un encadrement qualifié (par exemple des MJC, des Points
d’accueil jeunes, des séjours de vacances). Cela justifie le soutien à apporter à un secteur
associatif, très actif dans ces domaines. Mis actuellement en grande difficulté par le
désengagement de l’État, sa disparition aurait de graves conséquences sur le lien social, la vie
des territoires fragiles en particulier.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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C’est aussi une dimension importante des politiques éducatives des contrats de pays, de ville,
de Grands Projets de Ville. Ces interventions auprès des jeunes doivent être globales et
apporter une réponse dans l’environnement du jeune. La proximité est un gage de réussite.
Cependant, les réponses de proximité ne doivent pas venir contrarier une part de mobilité,
indispensable à l’ouverture des jeunes.
favoriser les projets de jeunes sur les territoires
La visée de ces actions et les relations avec les jeunes doivent se référer aux notions de droitdevoir et de liberté-responsabilité et non sur le seul mode de consommation sans contrepartie.
La jeunesse est souvent traitée comme un simple segment de consommation, pour en faire des
prescripteurs. Ces phénomènes qui relèvent de l’embrigadement peuvent créer des conditions
propices à des conduites addictives ou délinquantes. La question des loisirs des jeunes doit
être liée à celle de leur implication dans des projets, de leur engagement dans les structures. À
cet égard, tout doit être mis en œuvre pour faciliter cet apprentissage citoyen au travers par
exemple des « juniors associations », ou de leur participation aux instances associatives ou
municipales qui gèrent leur temps libre.
Il existe de nombreux dispositifs d’aide aux projets des jeunes portés par l’Europe, les
Ministères, les Régions, et, également, par des collectivités locales, au niveau d’une Ville,
d’une communauté d’agglomérations, de communes, par des initiatives privées (Fondations,
etc.). Cette multiplicité engendre de la complexité et souvent ces possibilités ne sont pas
connues et insuffisamment utilisées. Dans les territoires, dans la logique de regroupements de
services développés par les Maisons Communes Emploi-Formation ou selon la formule d’un
guichet unique, il serait utile de mettre en place une cellule coordonnée d’information et
de conseil pour simplifier les démarches des jeunes intéressés, pour mutualiser les
compétences et partager les informations.
Les « guides pratiques » réalisés par le Conseil Régional, à l’initiative du Conseil Régional
des Jeunes, sont des outils utiles pour améliorer l’accès des jeunes aux dispositifs. Il convient
de veiller à assurer leur mise à jour régulière. Il semble que, dans certains départements, un
travail de recensement des dispositifs d’aides aux projets de jeunes soit également effectué.
Une complémentarité doit être recherchée.
Enfin, une politique volontariste sera indispensable pour veiller à ce que les dispositifs d’aide
aux jeunes bénéficient à des catégories de jeunes défavorisés ou les plus en difficulté afin que
ceux-ci s’y engagent plus volontiers. Cela nécessite un travail éducatif très en amont.
Le CESR propose que le Conseil Régional et l’Etat (DRDJS) financent, dans
les territoires, des formations à l’accompagnement et au suivi de projets de
jeunes, en particulier dans les territoires ruraux. De telles actions, mises en
œuvre en partenariat avec le secteur associatif, compléteraient utilement la
proposition de diagnostics jeunesse dans le cadre des politiques territoriales.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Fréquemment, des demandes des jeunes concernent la mise à disposition d’un local où ils
puissent se réunir, se retrouver. C’est une condition de base pour l’émergence de projets
collectifs. Cette requête est effectuée auprès des municipalités qui pour diverses raisons ne
sont pas toujours en mesure de répondre favorablement. Si parfois l’inquiétude, la méfiance
envers ces jeunes ne peuvent être niées, il est aussi évident qu’existe une pénurie de locaux.
Les jeunes en sont souvent les principales victimes, ce qui est mal vécu par eux.
Proposition 47
Le CESR propose au Conseil Régional de prévoir ou d’inciter à programmer un
dispositif du type « mètres carrés sociaux » destinés à des locaux jeunes sur
les projets de nouvelles constructions ou rénovations d’équipements qu’il
finance directement ou qu’il cofinance dans le cadre de politiques territoriales.
contribuer à la formation des professionnels de l’animation, de la culture et
du sport
Toutes les personnes auditionnées insistent sur la nécessité de disposer de personnels formés
et expérimentés pour encadrer les jeunes. Cela doit être envisagé de manière complémentaire
à l’action menée sur ces secteurs par les bénévoles.
Cette exigence de qualité basée sur un grand professionnalisme des intervenants montre que
là encore, un effort de formation doit être réalisé. Les secteurs de l’animation, de la culture et
du sport se caractérisent par une forte montée de cette professionnalisation qui a besoin de
soutien pour consolider des emplois souvent précaires, non-solvables, et pour financer
l’obtention des qualifications rendues de plus en plus nécessaires. Le Conseil Régional qui
s’est déjà engagé dans cette voie dans le cadre de sa politique culturelle avec la réalisation
d’une étude sur l’emploi culturel et la formation, pourrait avoir un rôle plus important pour
accompagner la professionnalisation dans ces secteurs.
Proposition 48
Le CESR propose que le Conseil Régional, en concertation avec les branches
professionnelles concernées, bâtisse, au travers de contrats d’objectifs, u n
véritable plan pluriannuel d’accompagnement de la professionnalisation
des animateurs intervenant dans les diverses structures de l’animation, de
la culture et du sport.
La VAE, par le biais de dispositifs d’accompagnement financés, peut être particulièrement
mise en oeuvre dans ces secteurs où existent de nombreuses personnes qui peuvent faire
valoir une activité bénévole antérieure.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Les «emplois associatifs mutualisés»
La fin du dispositif Nouveaux Emplois/Nouveaux Services, outre l’impact sur la situation de
ces emplois-jeunes eux-mêmes, a pour conséquence majeure de remettre en question le
fonctionnement d’activités aussi bien dans le cadre scolaire que dans le secteur associatif qui
avaient trouvé là un moyen d’améliorer et d’accroître leurs services. Face à cette situation, la
Région s’est engagée, pour cette mandature, à créer des « emplois associatifs mutualisés ».
Ces emplois seraient destinés aux associations intervenant dans les cinq secteurs du sport, de
l’éducation populaire et de la citoyenneté, de l’insertion sociale et professionnelle (actions de
la politique de la ville et des structures d’insertion par l’économique), de l’environnement et
de la culture.
En l’état actuel du projet, le soutien financier régional pour une durée limitée (3-4 ans) vise la
pérennisation d’emplois (1 000 environ répartis sur les 8 départements) créés et portés par, de
préférence, de petites associations en zone rurale qui se fédèrent à 2 ou 3 et partagent le poste.
Ces emplois, de type opérationnel, doivent bénéficier à des jeunes qualifiés ou non et sont
assortis de formation assurée dans le cadre du PRFP.
Le CESR approuve cette initiative qui correspond à une réelle demande des
associations et doit leur permettre de meilleures réponses aux besoins sociaux
de territoires midi-pyrénéens. Cependant, ce projet, tel qu’il est décrit, appelle
de sa part cinq remarques de fond et une suggestion pour améliorer sa mise en
oeuvre :
1) Les secteurs ciblés recoupent la transversalité d’une politique de jeunesse, cependant il
serait souhaitable de prendre en compte la structuration des associations, qui
fonctionnent différemment selon le secteur d’intervention. Il faut donc introduire de la
souplesse et de la différenciation dans les critères d’attribution de ces emplois. La
mutualisation devrait être une incitation et non un critère et une obligation.
2) Le choix de « petites » associations présente un risque certain de « saupoudrage »
d’une part, et d’autre part, le désavantage d’opposer grandes et petites associations. Il
convient d’entreprendre un travail de réflexion en synergie avec le niveau régional des
associations qui fédèrent de nombreuses « petites » associations locales pour
déterminer les besoins dans les territoires. Pour correspondre aux attentes, ces emplois
doivent aussi avoir le soutien de structures ou de fédérations régionales. Leur
pérennisation ne pourra être envisagée qu’avec le soutien financier des collectivités
locales.
3) Les types d’emploi, définis comme « opérationnels », en prise directe avec les publics
sont trop limitatifs par rapport aux besoins des associations sur le terrain
L’administratif et la gestion, assurés jusqu’à présent par des bénévoles ne devraient
pas être exclus des profils de postes. De plus, dans le cas d’un fonctionnement
mutualisé, les associations auront besoin de l’intervention de ces personnels au même
moment. Il faut tenir compte aussi des problèmes d’organisation.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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4) les jeunes bénéficiaires de ce dispositif sont aussi bien des jeunes déjà formés et
qualifiés que des jeunes peu ou pas formés et qualifiés. Ce sont ces derniers qui
peuvent poser problème car ils devront tout à la fois se former, se qualifier et
travailler. Ils auront besoin de temps. Pourquoi ne pas envisager de moduler la durée
du soutien régional en fonction du niveau de recrutement et de l’objectif de
qualification ?
5) enfin, l’engagement de formation est affirmé, ainsi que le recours à la validation des
acquis de l’expérience. Il est prévu de faire bénéficier ces jeunes du Programme
Régional de Formation Professionnelle. Cependant, il est à remarquer que dans ce
PRFP encore trop peu de formations correspondent à des diplômes des métiers de
l’animation, du sport, de la culture du social ou des métiers « d’opérateurs de terrain »
décrits. Il semble qu’il y ait là un fort décalage entre le dispositif de formation actuel
et les qualifications envisageables.
Le CESR est sensible à cette mesure qui favorise concrètement l’emploi des jeunes tout en
mettant en place des emplois au service de la mise en œuvre d’actions qui vont concerner de
nombreux jeunes.
Mais, selon le CESR, les jeunes, et les actions associatives en direction des jeunes, ont aussi
besoin de l’expérience de leurs aînés, d’une confrontation intergénérationnelle. Afin de ne pas
confondre totalement politique d’emploi des jeunes et politiques éducatives pour la jeunesse,
il serait intéressant d’intégrer dans ce plan « emplois associatifs mutualisés », la possibilité de
recruter aussi, sur un volet spécifique, des adultes expérimentés de plus de 50 ans ayant perdu
leur emploi.
Proposition 49
Au moment où s’élabore le projet des « emplois associatifs mutualisés », le
CESR recommande au Conseil Régional d’adosser cette politique à celle plus
globale de conventionnements avec le secteur associatif proposée dans le
présent avis. Les critères pour ces conventionnements, tenant compte en
particulier du caractère d’intérêt général de l’activité, de la dimension régionale
des acteurs (têtes de réseaux régionaux) ou de leurs actions (caractère
structurant, démultiplicateur, animation du tissu local, soutien à l’action des
bénévoles…) valent aussi pour la mise en oeuvre du projet de développement de
l’emploi associatif. Afin d’éviter des risques de « saupoudrage » et pour
renforcer les chances de pérennisation des emplois, le CESR insiste sur la
concertation et le partenariat que le Conseil Régional doit avoir avec les
coordinations et les fédérations régionales associatives concernées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Favoriser l’accès aux pratiques culturelles, aux loisirs et aux activités
physiques et sportives
Accroître l’accès des jeunes aux pratiques culturelles
La culture est entendue ici dans son acception la plus large, elle recouvre toutes les formes
culturelles et artistiques, de l’amateur au professionnel. Comme toutes les connaissances
fondamentales, elle doit être transmise dès le plus jeune âge. Elle permet de développer la
sensibilité, l’aptitude à acquérir des connaissances et des comportements, elle doit permettre
l’expression des potentialités dont chaque jeune est porteur. Elle est donc un enjeu fort en
termes de liberté et de démocratie. Face aux inégalités sociales et culturelles de notre société,
l’école est aujourd’hui, par ses missions éducatives et son caractère de masse, le lieu le plus
propice à une démocratisation culturelle.
L’éducation culturelle inclut trois aspects essentiels et complémentaires : la confrontation
directe aux productions, la médiation qui favorise la rencontre avec les professionnels et la
pratique.
Si l’éducation culturelle à l’école est primordiale, elle doit s’accompagner d’une découverte et
d’un accès libre aux pratiques culturelles facultatives et amateurs, assurées pour la plupart par
des associations, dans le cadre de l’école ou en dehors. Car la culture ne doit pas être
confondue à la seule obligation scolaire. Ces pratiques sont souvent pour les élèves un moyen
de reprendre confiance et de se trouver une motivation nouvelle pour les apprentissages
fondamentaux. Des complémentarités sont à rechercher entre temps culturel scolaire et temps
culturel de l’éducation informelle.
Actuellement, l’État, en charge des politiques culturelles et éducatives, se désengage de plus
en plus, avec des budgets réduits de manière drastique. La nécessaire inscription dans le long
terme de toute politique culturelle n’est plus affirmée. Le coût est alors renvoyé aux structures
culturelles, qui n’en ont pas réellement les moyens, ou le financement aux collectivités
locales, dont les Régions. Ces questions ne sont pas posées en termes clairs dans la loi de
décentralisation.
Par ailleurs, la dimension culturelle est toujours trop réduite dans la formation initiale des
enseignants.
Proposition 50
Le CESR réaffirme le rôle prépondérant que doit jouer l’État, par les
Ministères de l’Éducation Nationale, de la Culture, et le Ministère de la Jeunesse
des Sports et de la Vie Associative, pour une politique d’action culturelle
pour l’ensemble des jeunes. L’éducation artistique et culturelle doit être dotée
de moyens importants et s’inscrire dans des plans à long terme.
Les programmes et les horaires pour la connaissance et les pratiques culturelles
doivent être augmentés et la formation des enseignants doit être assurée.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
194
Le CESR regrette également la disparition des foyers socio-éducatifs dans les établissements
scolaires rejoignant en cela la préoccupation des jeunes lycéens du CAVL qui souhaitent la
création de « foyer lycéen » dans l’enceinte de chaque établissement (vœu exprimé dans leur
contribution au débat national sur l’école).
Le Conseil Régional a défini une politique culturelle régionale et des initiatives ont été prises
pour développer les activités culturelles dans les territoires et encourager les pratiques
amateurs et professionnelles. Il soutient une politique tarifaire pour l’accès des jeunes aux
spectacles, il veille également à la qualité des intervenants, et, pour la pratique musicale, il
assure l’achat et la mise à disposition d’instruments coûteux pour les petites structures. Pour
la mise en oeuvre, il s’appuie sur les partenariats et les conventionnements.
La préoccupation majeure est d’attirer les jeunes et de leur donner le goût d’une culture
diversifiée alors que, souvent, leur premier media « culturel » est la télévision. Que leur
proposer ? Comment leur donner envie de s’intéresser à autre chose qu’à la télé-réalité ?
Dans certains cas, les jeunes sont demandeurs, comme le festival THEARCIMU à l’initiative
du CRJ qui a acquis en peu de temps une notoriété. Cependant, le CESR appelle l’attention du
Conseil Régional sur le risque de dérive consumériste de cette manifestation qui, profitant de
l’attraction exercée par la venue de groupes déjà célèbres, devrait multiplier les scènes
ouvertes et les présentations de spectacle de jeunes (conçus et réalisés par les jeunes).
Proposition 51
Dans le cadre de la politique culturelle du Conseil Régional, le CESR
recommande la mise en œuvre d’une politique d’encouragement aux
pratiques culturelles amateurs des jeunes.
Cette approche doit dépasser la seule conception académique de la culture et
prendre en compte aussi les identités culturelles régionales, les cultures
émergentes et des cultures urbaines au-delà du seul contexte de la Politique de la
Ville.
La diversité des offres culturelles et la qualité des intervenants sont aussi des atouts pour
attirer des publics qui pourraient rester en dehors des activités artistiques, ils sont aussi un
enjeu et un vecteur de mixité sociale. Ces actions doivent aussi s’ancrer dans le temps. Le
Conseil Régional doit donc assurer un meilleur suivi et une évaluation en développant les
politiques partenariales et contractuelles à moyen et long termes, comme cela a déjà été
affirmé pour l’ensemble du secteur associatif.
Développer l’accès à la lecture
L’accès à la culture est aussi conditionné par la maîtrise de la langue et par l’accès à la
lecture. Le « chèque lire » a été une des premières actions du Conseil Régional pour inciter les
jeunes à la lecture. Cet objectif a été infléchi par l’utilisation de ce chéquier pour l’achat des
livres scolaires. Aujourd’hui, il sert d’appui à l’engagement régional de gratuité des manuels
scolaires. Il est à craindre que ce dispositif « chèque lire » ne soit plus utilisé qu’à cette fin et
perde ainsi son rôle incitatif d’accès libre à une lecture diversifiée.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
195
Pour le CESR, les deux opérations doivent être déconnectées pour rendre plus
lisible sa volonté de gratuité des manuels scolaires tout en affirmant
clairement sa politique régionale de développement de la lecture.
L’effort pour développer le goût de lire chez les jeunes, en particulier, chez les apprentis et les
lycéens professionnels qui utilisent moins le dispositif que les lycéens, doit être plus soutenu.
Les difficultés sont fortement liées à un manque de motivation et d’appétence pour la lecture.
Cela illustre la nécessité d’agir pour une incitation à la lecture bien en amont et ce sur les
divers temps éducatifs. Des solutions doivent être trouvées dans un cadre plus large que le
seul chèque lecture afin de donner à celui sa pleine efficacité. Une mobilisation de tous les
acteurs et une coordination de toutes les actions susceptibles de contribuer à donner le goût de
la lecture et d’inciter à lire, est indispensable.
Complémentairement à une action dans le cadre scolaire qui n’est pas directement l’objet de
cet avis, l’incitation à la lecture doit être développée dans le temps libre des enfants et des
jeunes. Cette question constitue un axe fédérateur des politiques éducatives locales puisqu’il
concerne les familles, les enseignants, les animateurs et les collectivités. Une enquête
Jeunesse au plein air et DRDJS a constaté, en Haute-Garonne, l’extrême pauvreté des
bibliothèques des structures telles que MJC ou centres de loisirs … et le manque de formation
des animateurs sur cette question. Des moyens nouveaux de dotation et d’échange, telles des
mallettes d’incitation à la lecture, devraient être recherchés. Des formations devraient venir
accompagner les dotations en ouvrages. L’exemple de certaines régions qui ont formé et mis
en place des « médiateurs du livre » pour aider à la découverte de la lecture mérite attention.
Il serait également utile d’étudier avec les autorités compétentes les moyens de permettre le
libre accès aux bibliothèques et centres de documentation des établissements scolaires hors
temps scolaire, comme cela se fait déjà dans certaines communes, en prévoyant également
l’encadrement par des personnels formés. Tous ces éléments, à relier aux actions conduites
par le Rectorat, participent de cette notion de « plan régional de développement de la
lecture ».
Proposition 52
Le CESR considère qu’au travers du chèque lecture, l’incitation à la lecture
doit redevenir l’objectif régional majeur. Cette action doit s’inscrire dans
un « plan régional de développement de la lecture» en relation avec les
actions menées sur le territoire et en complémentarité avec les communes et les
conseils généraux. Le Conseil Régional peut inciter à une coordination
régionale.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Renforcer l’accès des jeunes aux vacances
Le non départ en vacances est aujourd’hui une forme d’exclusion. Elle touche encore
aujourd’hui plus de 3 jeunes sur 10. Les jeunes doivent pouvoir bénéficier de ce droit pour
pouvoir sortir de l’horizon limité de leur quartier ou de leur village et partir à la découverte de
nouveaux paysages, de nouvelles cultures. C’est un enjeu à la fois éducatif et solidaire déjà
pris en partie en compte par le Conseil Régional.
Proposition 53
Le CESR propose que le Conseil Régional renforce l’action partenariale
régionale « premiers départs en vacances » qui concerne déjà chaque année
2000 enfants et jeunes Midi-pyrénéens, tout en réfléchissant à son adaptation à
des publics jeunes. Cette action doit continuer à se doubler d’une aide allouée
aux centres de vacances (mise aux normes, rénovation des locaux et
équipements pédagogiques).
Encourager l’accès des jeunes aux activités physiques et sportives
Les activités physiques et sportives constituent un élément essentiel de la socialisation des
jeunes (cf. la contribution du CESR au Schéma de services collectifs du sport du 6 décembre
2000).
L’aide régionale accordée aux fédérations comme aux petits clubs au travers des équipements
contribue à faciliter l’accès des jeunes aux activités physiques et sportives. Cette politique
doit être poursuivie, comme doivent être poursuivies les dotations pour les équipements
sportifs, et leur fonctionnement, qui sont mis à la disposition des lycéens par les
municipalités. La question des équipements plus lourds doit être examinée dans le cadre des
politiques d’aménagement du territoire. Une coopération entre toutes les structures et
toutes les instances doit être encouragée pour une utilisation maximale des
équipements.
Faciliter l’accès aux loisirs des jeunes handicapés
Une attention particulière doit être accordée à l’accès aux équipements sportifs dans le cadre
du « sport loisir » qui correspond aux attentes de nombreux jeunes qui ne souhaitent pas
s’inscrire dans des compétitions. Cela renvoie pour partie à la question des projets de jeunes
et des locaux prêtés aux jeunes.
De plus en plus intégrés dans le cadre de la scolarité, les jeunes handicapés restent encore trop
souvent exclus des temps de loisirs, des pratiques culturelles, et des activités physiques et
sportives, alors qu’au contraire, celles-ci peuvent parfois constituer pour eux d’excellents
vecteurs d’intégration. Plus que des questions financières, il s’agit souvent de problèmes
d’information et de mise en relation.
Proposition 54
Le CESR propose qu’à l’initiative du Conseil Régional se mette en place une
cellule régionale d’appui « loisirs des jeunes handicapés » destinée à faciliter
la mise en relation des initiatives et des besoins, la circulation de l’information.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Un dispositif « global » d’accès aux activités de l’éducation informelle pour
tous les jeunes
Malgré l’existence de nombreux dispositifs, les actions des associations de l’éducation
populaire et du sport, les jeunes rencontrent encore de réelles difficultés pour accéder à des
activités complémentaires du cadre scolaire, qui sont pourtant nécessaires à leur
développement. Il apparaît aujourd’hui nécessaire de mieux coordonner les différentes
mesures, de relier ces activités et les moyens de transport pour y accéder. C’est pourquoi, le
concept de « carte » plurifonctionnelle pourrait être étudié et mis en place, offrant un bouquet
de services, sans pour autant les rendre totalement gratuits.
Proposition 55
Le CESR propose la création d’une « carte Midi-Pyrénées temps libre
jeunes » qui favorise l’accès de tous les jeunes aux temps de loisirs, aux
pratiques culturelles, et aux activités physiques et sportives. Cette carte
permettrait, selon le choix du jeune titulaire, l’inscription à prix très réduit à des
activités de découverte ou d’initiation. Ces tarifs privilégiés porteraient sur des
structures conventionnées par le Conseil Régional.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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CONCLUSION DE L’AVIS
Le constat réalisé, les analyses construites à partir des auditions, les témoignages des jeunes
recueillis, montrent que les jeunes en Midi-Pyrénées, à l’identique des jeunes Français, ne
constituent pas un groupe homogène, ni une entité sociale en soi, une catégorie d’individus à
part du reste de la société. Ils sont surtout les premiers à expérimenter les profondes
mutations à l’œuvre dans la société. Les difficultés qu’ils rencontrent, qui les touchent,
s’inscrivent dans la lignée des problèmes généraux de la société. Et c’est sur eux que
s’exercent les pressions les plus fortes dans tous les domaines, car la vie, leur vie, est un tout.
Chacun des éléments qui la constitue, leur vie familiale, leur éducation, leur choix
d’orientation, leur accès à la qualification, leur mode d’entrée dans la vie active, leur accès au
logement, à la mobilité, à la citoyenneté, aux loisirs et à la culture … est conditionné par
l’environnement dans lequel ils évoluent, comme le montrent les propos des jeunes
rencontrés. Les difficultés s’entremêlent et, parfois s’accumulent.
Jusqu’à présent, pour tenter de lever les obstacles ou essayer d’atténuer les effets de ces
difficultés, les pouvoirs publics, tant au plan national que régional, ont répondu en mettant en
place des « dispositifs spécifiques », faisant de la jeunesse une catégorie de l’action politique,
un « objet » de politiques sectorielles et de mesures particulières.
Or, élaborer une politique «jeunesse » implique une vision d’ensemble, basée sur une analyse
approfondie et si possible partagée des conditions de vie et des dysfonctionnements qui
se font jour. Seule, cette approche globale peut générer de la cohérence et donner une
efficacité à d’indispensables mesures dans les différents domaines d’intervention.
Conduire une politique « jeunesse nécessite donc de dépasser les actions ponctuelles en
réponse à un problème identifié, ou du moment, pour les inscrire dans une politique
d’ensemble, pensée sur le long terme, où les actions portent sur les éléments
structurants, s’articulent les unes aux autres, où les leviers éducatifs, économiques,
d’aménagement du territoire, etc., sont activés et croisés pour apporter des solutions
adaptées. La multiplicité des domaines d’intervention doit apprendre à dépasser la
segmentation des actions.
Une politique « jeunesse » signifie évidemment qu’elle est conçue, pensée pour les jeunes, ce
qui implique une connaissance de cette part de la population. Certes divers, les jeunes ne
présentent pas moins des points communs, liés à cette période particulière de construction de
soi et de sa vie future, identifiés comme autant de domaines potentiels d’intervention. Une
politique « jeunesse » doit se concevoir pour les jeunes et doit se construire, aussi, avec les
jeunes, en leur donnant davantage la parole dans l’ensemble des instances et, en particulier,
dans les instances appropriés comme les Conseils de Jeunes (CAVL, CRJ, instance apprentis),
en les consultant régulièrement, et avec les acteurs qui sont en contact avec eux, qui agissent
dans le secteur de la jeunesse aussi bien dans que hors de l’école. Cette attention et cette
écoute des intéressés et de leur entourage peuvent être réalisées à intervalle régulier par
l’organisation d’une Conférence de la Jeunesse.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Pour autant une politique « jeunesse » n’incombe pas à la Région seule. Le CESR
réaffirme le rôle primordial de l’État qui doit rester incitateur et impulser les grandes
orientations. Il est le garant des politiques aussi bien en direction des familles que des jeunes
pour un traitement équitable de l’ensemble des citoyens. Nombre de propositions vont vers
lui, pour rappeler ses devoirs et obligations, pour regretter des désengagements préjudiciables
au développement des territoires et de leurs habitants.
Le CESR considère que la Région a aussi pour devoir d’accompagner les politiques
nationales, de les compléter en fonction des spécificités propres à son territoire, à partir des
compétences importantes dont elle dispose et qui constitue le cadre à partir duquel elle peut
développer, dans la cohérence, une batterie de mesures de niveau régional ou d’intérêt
régional. La Région a pleinement sa place en tant qu’acteur d’une politique « jeunesse »,
articulée avec les autres collectivités locales qui ont aussi leur rôle à jouer. Cette position
régionale, entre le niveau État, et le niveau local, est considérée comme un cadre
géographique pertinent pour insuffler de nouvelles actions coordonnées
d’accompagnement de la jeunesse.
Depuis plusieurs années, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées a fait un certain nombre
de choix qui peuvent constituer l’amorce d’une véritable politique « jeunesse ».
Aujourd’hui, une étape supplémentaire doit être franchie pour que les actions initiées
soient coordonnées, trouvent leur cohérence dans un plan d’ensemble, lisible par tout un
chacun. Tout l’enjeu régional est de rassembler ce qui est épars, de faire agir ensemble les
divers leviers possibles, d’éviter les ruptures, de réduire les effets de seuil, enfin de renforcer
les dynamiques qui ont été mises en place et de les mettre en synergie. La Région MidiPyrénées, par l’expérience qu’elle a acquise à partir de ses compétences dans les domaines de
l’éducation, de la formation professionnelle, de l’économie, des transports, de l’aménagement
du territoire …, a les moyens à présent d’inscrire cette politique « jeunesse » dans un
ensemble cohérent et un continuum.
Le CESR, à travers cette autosaisine, s’est essayé, avec ses moyens propres, à analyser les
politiques en direction des jeunes, à proposer à la fois des constats, une méthodologie et des
pistes d’intervention prioritaires pour améliorer les conditions de vie de tous les jeunes en
Midi-Pyrénées. Le recours à l’observation et à l’analyse, l’écoute des jeunes eux-mêmes, les
interrogations sur les politiques en direction de la jeunesse, les prises de conscience des
situations qui leur sont faites, ont permis de considérer que les jeunes méritent mieux que
les perspectives qui leur sont offertes aujourd’hui. Les jeunes constitueront une
« ressource » à condition de bâtir, pour et avec eux, une véritable politique « jeunesse» qui
leur permette d’exprimer leurs potentialités.
Pour le CESR, l’enjeu d’une politique « jeunesse » pour la Région Midi-Pyrénées est
bien « la place » que nous tous, collectivement, saurons donner aux jeunes, ces femmes et
ces hommes en devenir, dans notre société et dans notre territoire.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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RÉCAPITULATIF DES
PROPOSITIONS
PRÉAMBULE
Une indispensable politique de jeunesse au niveau de l’État
Le CESR réaffirme fortement que l’État doit s’attacher à réduire les inégalités
par les politiques qu’il met en oeuvre.
Pour le CESR, l’Etat doit aussi développer une politique familiale plus
ambitieuse et plus adaptée. Il doit affirmer clairement une politique de la
jeunesse fortement articulée avec l’ensemble des politiques publiques de
l’éducation et de l’emploi, sans exclure la dimension « jeunesse » des autres
politiques nationales de santé, de logement, etc. Ces grandes politiques
nationales doivent être conçues et programmées sur des périodes longues pour
produire les effets attendus, et évaluées régulièrement afin de mieux les
infléchir.
Le CESR regrette que, dans le cadre de l’organisation de l’administration
territoriale de l’État dans les régions, ne soit pas affirmé un pôle spécifique
« jeunesse, sports et vie associative », à côté des 8 pôles définis.
PROPOSITIONS
Une approche globale pour organiser la transversalité de la politique
« Jeunesse » en Région Midi-Pyrénées
Proposition 1
Le CESR préconise la création d’une Vice-Présidence clairement en
charge de la jeunesse. Il est indispensable qu’un élu soit garant de la
transversalité, et porteur de la cohérence de la politique « jeunesse ». C’est
aussi un gage d’affirmation de la priorité accordée à la jeunesse, de la visibilité
de la politique régionale. Il pourrait être l’interlocuteur privilégié des structures
agissantes sur le terrain, des autres acteurs des collectivités et de l’État.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Proposition 2
Dans un souci de lisibilité et d’évaluation, le CESR propose que la Région, sous
l’autorité de cette Vice-Présidence en charge de la Jeunesse, produise u n
rapport annuel sur sa politique « jeunesse ».
Proposition 3
Le CESR propose que le Conseil Régional donne naissance à une « banque de
données régionale » sur l’ensemble des questions qui concernent les jeunes en
s’appuyant sur la mise en réseau des données et des acteurs.
Proposition 4
Le CESR propose qu’une Conférence Régionale de la Jeunesse soit organisée
par la Région, tous les deux ou trois ans, afin de réunir l’ensemble des acteurs.
Proposition 5
Favorable à la poursuite des Contrats de Plan État-Région, le CESR propose à
l’Etat et à la Région que les 7 volets thématiques considérés dans le présent
avis soient repris comme autant d’axes forts d’un chapitre jeunesse du futur
CPER.
Proposition 6
Le CESR souhaite que la Région, comme elle le fait déjà pour la Culture,
conditionne son intervention financière, dans les contrats de pays,
d’agglomération, de parcs naturels régionaux, à l’existence d’un volet
« jeunesse » en cohérence avec le développement de ces nouveaux territoires.
Afin d’aider les pays en ce sens, un diagnostic territorial et une ingénierie de
projet « jeunesse » pourraient être aidés par la Région.
Proposition 7
Le CESR préconise que les Conseils de Développement des Pays intègrent
systématiquement une représentation des jeunes en leur sein.
Proposition 8
Le CESR propose que la Région établisse ses relations avec les coordinations et
les fédérations régionales associatives sur la base d’une contractualisation par le
biais de conventions d’objectifs pluriannuelles permettant des évaluations
régulières.
Proposition 9
Le CESR préconise que la Région prenne l’initiative d’une concertation avec
l’ensemble des partenaires concernés, pour développer sur des thèmes
déterminés, des outils communs d’évaluation des politiques et des actions
engagées régionalement.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Domaine 1 - Orientation, information, formation des jeunes
Proposition 10
Le CESR considère que les partenaires qui portent financièrement le salon
Infosup à Toulouse (Rectorat, Universités et Région) doivent envisager une
organisation « décentralisée » de cette manifestation, dans les grandes villes
disposant de centres universitaires.
Proposition 11
Pour réagir face au déficit d’orientation des jeunes vers les filières
scientifiques et concernant plus spécifiquement l’action relevant du Conseil
Régional, le CESR propose:
- de contribuer à développer l’attractivité des professions de la recherche et
de l’enseignement. Cet aspect sera développé dans une prochaine saisine du
CESR sur les doctorants.
- de poursuivre les actions de soutien aux structures de diffusion
scientifique (Sciences Animation, CIRASTI…) avec des conventionnements et
de les élargir à d’autres structures régionales (CIRAS par exemple) qui
présentent des garanties d’efficacité.
- de mettre l’accent sur des actions favorisant l’accès des filières
scientifiques aux jeunes filles.
- de renforcer le partenariat avec les différents organismes scientifiques
(CNRS, INRA…) menant des actions de promotion des filières scientifiques
- d’organiser une évaluation des diverses actions, pour éventuellement réorienter
et mieux répartir les financements.
Proposition 12
Vu l’intérêt des périodes ou des stages de connaissance de l’entreprise, le CESR
souhaite que les responsables du système éducatif mènent une réflexion sur les
cas particuliers des formations n’incluant pas ces périodes d’immersion dans le
monde du travail et prennent des mesures pour donner des possibilités de stages
à l’ensemble des élèves et étudiants dans un cadre légal.
Proposition 13
La réussite des stages de découverte de l’entreprise nécessite un double effort.
Les entreprises doivent développer encore l’accueil des jeunes. Mais les
établissements de formation doivent aussi élargir les champs de recherche et
accompagner davantage les jeunes. Le CESR propose que, dans chaque bassin
d’emploi, un recensement des possibilités d’accueil soit réalisé en commun, par
les divers représentants des branches professionnelles et les établissements de
formation.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Proposition 14
L’information pour l’orientation doit à la fois prendre en compte la dimension
de l’insertion à court terme, mais aussi la dimension de l’évolution des métiers
et des professions, permettant aux jeunes, et aux moins jeunes, d’entrer dans un
processus de formation-orientation tout au long de la vie. En ce sens, les
possibilités offertes par les nouvelles technologies, et notamment celle
d’Internet, doivent être mieux développés.
Proposition 15
Pour un meilleur service assuré aux jeunes, le CESR souhaite que le Conseil
Régional prenne une initiative pour développer les nécessaires liaisons et la
mise en réseau des différents dispositifs d’information et d’orientation qu’il
soutient financièrement.
Proposition 16
Le CESR insiste auprès du Conseil Régional pour que soit approfondi le
chantier N°1 du PRDF « élaboration de la carte des formations initiales et
continues» et relancé le chantier N°2 sur les pôles de compétence afin que soit
réalisé un véritable schéma de l’offre des formations régionales.
Proposition 17
Le CESR considère que le soutien financier du Conseil Régional à la MGI
doit être maintenu, voire renforcé dans les années à venir, au titre de la
prévention de l’échec scolaire. Il considère également que l’engagement de
l’État doit être réaffirmé et l’abondement budgétaire augmenté.
Domaine 2 – L’entrée des jeunes dans la vie active et l’emploi
Proposition 18
Le CESR propose que le Conseil Régional initie une démarche de concertation
auprès des corps consulaires, des partenaires sociaux, pour constituer un
collectif « éthique-emploi » chargé de valoriser les « bonnes pratiques » en
matière d’utilisation des stages en entreprise.
Proposition 19
Pour réduire la précarisation de l’emploi des jeunes, le CESR recommande que
des ratios sociaux, des indicateurs quantitatifs et qualitatifs de recrutement
et d’emploi des jeunes, soient intégrés, dans les dossiers de demande d’aides
économiques auprès des collectivités territoriales. Le CESR propose qu’ainsi
des éléments sur la réalité et la nature de l’emploi des jeunes conditionnent
l’attribution des aides du Conseil Régional aux entreprises.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Proposition 20
Le CESR propose que le Conseil Régional s’implique et apporte son soutien
financier pour :
- Promouvoir le parrainage afin d’en accroître le nombre
- Contribuer à la formation des parrains
- Aider les têtes de réseau qui appuient le parrainage.
Proposition 21
Le CESR souhaite le renforcement des contrôles des services de l’État auprès
des employeurs concernant la présence et les fonctions des stagiaires pour
tous les stages effectués en dehors d’un cursus de formation et à l’issue de la
formation. Des sanctions doivent être prises pour éradiquer les pratiques
abusives et pour faire respecter la loi.
Proposition 22
Le CESR propose que le Conseil Régional conduise l’élaboration d’u n e
« charte de l’accueil des stagiaires », en partenariat avec tous les acteurs
socioprofessionnels. Cette charte pourrait s’assortir d’un label attribué aux
entreprises après évaluation du respect de sa mise en oeuvre.
Proposition 23
Le CESR réaffirme la nécessité de diversifier les voies d’accès à la
qualification. Le CESR souhaite ainsi voir se développer qualitativement les
contrats en alternance par :
- la réduction des taux de ruptures avant la fin du contrat afin de garantir la
qualification du jeune à l’issue du contrat. Et notamment pour les contrats
d’apprentissage, le CESR propose que le Conseil Régional relance une étude
fine des causes de rupture pour mieux les identifier et mettre en place un plan
d’actions afin d’y remédier.
- la prise en compte de l’hétérogénéité des publics accueillis en diversifiant
les parcours en fonction des acquis.
- une formation permettant une insertion durable dans l’emploi.
- une meilleure articulation de la formation en entreprise et en centre de
formation.
- la formation des tuteurs et des maîtres d’apprentissage.
Proposition 24
Le CESR rappelle l’importance de la réalisation prioritaire des
équipements en haut débit (ADSL) sur l’ensemble du territoire régional.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Domaine 3 – L’accès des jeunes au logement
Proposition 25
Le CESR engage le Conseil Régional à conduire rapidement une étude sur le
logement des jeunes en formation pour y apporter une réponse adaptée et
territorialisée, tenant compte également des besoins spécifiques de
l’hébergement des jeunes filles.
Proposition 26
Le CESR considère que les SCOT, en cours d’élaboration, sont une
opportunité de prendre en compte le logement étudiant tout en respectant la
mixité sociale et la proximité des établissements de formation. Au niveau de
l’aire urbaine de Toulouse, la Charte doit inciter la ville centre de Toulouse,
les communautés d’agglomération et les communes à réserver du foncier à
proximité des centres de formation ou des dessertes (métro-bus), par exemple
à Montaudran et à l’ancienne caserne Niel. Le CESR incite les collectivités à
investir et à financer des logements pour développer l’accueil des étudiants.
Proposition 27
Pour inciter les jeunes, en particulier les lycéens toulousains, à s’inscrire dans
les centres universitaires et les formations supérieures professionnalisées
décentralisées, le CESR propose d’envisager un soutien financier pour leur
hébergement en sus des dispositifs d’aide existants. Par exemple, ces structures
pourraient recevoir une dotation qu’ils auraient en charge de redistribuer au cas
par cas, comme le Conseil Régional le fait pour l’hébergement et le transport des
apprentis aux CFA.
Proposition 28
Le CESR propose que le Conseil Régional participe à l’aide à la rénovation des
Foyers de Jeunes Travailleurs existants, ainsi qu’au développement de leur
réseau d’offre en soutenant la création de nouvelles structures aussi bien en zone
urbaine où les besoins semblent importants, qu’en zone rurale.
Proposition 29
Le CESR souhaite vivement que les Fonds Solidarité Logement départementaux
prennent en compte les jeunes, qui ne remplissent pas les conditions
d’attribution et/ou qui ne peuvent pas accéder aux prestations du 1 % Logement,
notamment au financement du dépôt de garantie, aux fonds de garantie des
loyers et des charges ainsi qu’à l’aide à la mobilité.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Domaine 4 – La santé des jeunes
Proposition 30
Le CESR considère que l’État doit engager une politique volontariste de
santé scolaire. Pour cela, il faut accroître et conforter la présence de la
médecine scolaire dans les établissements (médecins et infirmières) et des
services sociaux (assistantes sociales) dont la carence est inquiétante. Ces
personnels font partie de l’équipe éducative, ils doivent connaître une certaine
stabilité dans leur poste pour conduire des actions de prévention sur la durée. Ils
doivent également bénéficier de formations spécifiques les aidant aux repérages
des risques (crise suicidaire). Le Conseil Régional pourrait contribuer, avec
l’État, à cet effort de formation en raison de sa nouvelle compétence sur les
formations sanitaires et sociales.
Proposition 31
Le CESR considère que l’État doit renforcer les dispositifs de santé au sein du
système éducatif lors de la visite obligatoire à 6 ans dans les écoles primaires.
Le CESR considère que l’État doit aussi instituer dès 2005 une consultation
médicale avant 15 ans dans les collèges et lycées, comme le préconise
également la récente Conférence de la Famille.
Proposition 32
Le CESR propose que, dans une démarche partenariale avec les services de
santé de l’État, le Rectorat de l’Académie de Toulouse, le Conseil Régional
contribue à la mise en place de lieux de dialogue et d’écoute dans les lycées
et à leur renforcement là où ils existent.
Proposition 33
Le CESR propose que, dans une démarche partenariale avec les services de
l’État, le Conseil Régional apporte son soutien pour l’implantation
« d’espaces relais de santé », dédiés aux jeunes, en nombre suffisant et adapté
aux besoins des jeunes sur les territoires.
Proposition 34
Le CESR considère que, quel que soit leur statut, tous les jeunes doivent
bénéficier des mêmes actions de prévention et de suivi en matière de santé.
Le Conseil Régional doit engager une concertation avec les services de la
Médecine du Travail et les partenaires sociaux pour mettre en place les
dispositifs nécessaires à ce suivi.
Le Conseil Régional peut être l’initiateur d’un plan de « suivi de santé des
apprentis » en s’appuyant sur un partenariat avec les instances responsables des
Centres de Formation d’Apprentis.
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Domaine 5 – la mobilité des jeunes dans le territoire régional, dans l’Europe
et à l’international
Proposition 35
Le CESR souhaite l’octroi de réductions significatives pour tous les jeunes
de 16 à 25 ans habitant en Midi-Pyrénées sur les réseaux de transports
régionaux pour les trajets effectués dans le cadre de leur formation, soit par
extension de la carte « Midi-Pyrénées Loisirs », soit sur le modèle de la carte
« Midi-Pyrénées Étudiants ».
Une étude de faisabilité pourrait être rapidement diligentée pour programmer
une telle mesure, en relation avec les autres moyens de transport collectif.
Proposition 36
Le CESR considère que les collectivités territoriales compétentes doivent
encourager les liaisons transversales de villes à villes, de communes à
communes. Le Conseil Régional doit les inciter à développer ces réseaux et
leur apporter son soutien dans le cadre des politiques territoriales.
Proposition 37
Pour faciliter l’accès des jeunes aux activités culturelles et de loisirs dans les
territoires ruraux et urbains fragiles, le CESR propose que le Conseil Régional
apporte un soutien financier aux communes, aux intercommunalités voire
aux associations, pour qu’elles se dotent de véhicules de transport collectifs
légers, ne nécessitant pas de permis de transports en commun. Ces équipements
pourraient être utilisés aussi, en polyvalence, pour les déplacements des
personnes âgées et de certains handicapés.
Proposition 38
Le CESR considère que le Conseil Régional doit aider les jeunes les plus
défavorisés à obtenir leur permis de conduire si le fait de ne pas pouvoir
conduire un véhicule est un frein à l’emploi. Ce soutien financier devrait
s’effectuer en particulier au travers des actions réalisées par les associations
d’insertion, les Missions Locales, ….
Proposition 39
En matière de mobilité internationale, le CESR considère que l’État,
(Ministère de l’Éducation Nationale et de la Recherche, Ministère de la
Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative), doit consacrer un budget plus
important pour la mise en œuvre de l’ensemble des programmes européens
pour la jeunesse, accompagnée de formations des acteurs.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Proposition 40
Pour accroître la mobilité des jeunes de Midi-Pyrénées, scolaires ou non,
ainsi que pour accueillir de jeunes étrangers, le CESR souhaite que le
Conseil Régional renforce son soutien financier pour accroître les aides
aussi bien aux structures porteuses des programmes européens qu’aux
jeunes eux-mêmes.
Proposition 41
Pour une meilleure lisibilité quantitative et qualitative de l’ensemble des
dispositifs européens et internationaux d’aide aux départs des jeunes, le
CESR propose que le Conseil Régional fasse réaliser un « tableau de bord
régional de la mobilité » recensant les actions des structures pour les étudiants,
les lycéens et les apprentis, sans oublier les programmes destinés aux jeunes non
scolarisés.
Proposition 42
Le CESR incite le Conseil Régional à considérer avec les partenaires
universitaires, par exemple dans le cadre du pôle européen dont il est membre du
Conseil d’Administration, et avec les autres collectivités, les améliorations
possibles de l’accueil des étudiants étrangers, en prenant appui sur la
connaissance des « bonnes pratiques » développées dans d’autres régions.
Domaine 6 – L’éducation à la citoyenneté
Proposition 43
Le CESR propose que le Conseil Régional apporte un soutien à l’engagement
éducatif des jeunes dans les associations de l’éducation populaire et du sport
par des mesures incitatives, par exemple en instaurant des bourses régionales
d’aide à la préparation du Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur
(BAFA).
Proposition 44
Le CESR approuve l’idée de ne pas enfermer les actions décidées par le
Conseil Régional des Jeunes dans une enveloppe budgétaire spécifique.
Cependant, pour aller au bout de cette logique et améliorer le lien avec les élus
adultes, le CESR propose que les jeunes soient invités à présenter et à
défendre leurs dossiers de projets devant les élus régionaux pour obtenir
approbation, vote et financement.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Proposition 45
Le CESR recommande d’assurer une meilleure prise en considération des
acquis de l’engagement des jeunes dans les conseils de jeunesse. Cette
valorisation pourrait faire l’objet d’une expérimentation conduite en partenariat
par l’Académie de Toulouse et le Conseil Régional.
Proposition 46
Le CESR propose d’instituer une instance régionale de dialogue et de
concertation, propre aux apprentis pour qu’ils puissent s’exprimer sur
leurs conditions de formation, de vie et de travail, comme peuvent le faire
les lycéens au sein du CAVL.
Domaine 7 – l’accès des jeunes aux loisirs, à la culture, aux activités
physiques et sportives
Proposition 47
Le CESR propose au Conseil Régional de prévoir ou d’inciter à programmer un
dispositif du type « mètres carrés sociaux » destinés à des locaux jeunes sur
les projets de nouvelles constructions ou rénovations d’équipements qu’il
finance directement ou qu’il cofinance dans le cadre des politiques territoriales.
Proposition 48
Le CESR propose que le Conseil Régional, en concertation avec les branches
professionnelles concernées, bâtisse, au travers de contrats d’objectifs, u n
véritable plan pluriannuel d’accompagnement de la professionnalisation
des animateurs intervenant dans les diverses structures de l’animation, de
la culture et du sport.
Proposition 49
Au moment où s’élabore le projet des « emplois associatifs mutualisés », le
CESR recommande au Conseil Régional d’adosser cette politique à celle plus
globale de conventionnements avec le secteur associatif proposée dans le
présent avis. Les critères pour ces conventionnements, tenant compte en
particulier du caractère d’intérêt général de l’activité, de la dimension régionale
des acteurs (têtes de réseaux régionaux) ou de leurs actions (caractère
structurant, démultiplicateur, animation du tissu local, soutien à l’action des
bénévoles…), valent aussi pour la mise en oeuvre du projet de développement
de l’emploi associatif. Afin d’éviter des risques de « saupoudrage » et pour
renforcer les chances de pérennisation des emplois, le CESR insiste sur la
concertation et le partenariat que le Conseil Régional doit avoir avec les
coordinations et les fédérations régionales associatives concernées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Proposition 50
Le CESR réaffirme le rôle prépondérant que doit jouer l’État, par les
Ministères de l’Éducation Nationale, de la Culture, et le Ministère de la Jeunesse
des Sports et de la Vie Associative, pour une politique d’action culturelle
pour l’ensemble des jeunes. L’éducation artistique et culturelle doit être dotée
de moyens importants et s’inscrire dans des plans à long terme. Les programmes
et les horaires pour la connaissance et les pratiques culturelles doivent être
augmentés et la formation des enseignants doit être assurée.
Proposition 51
Dans le cadre de la politique culturelle du Conseil Régional, le CESR
recommande la mise en œuvre d’une politique d’encouragement aux
pratiques culturelles amateurs des jeunes. Cette approche doit dépasser la
seule conception académique de la culture et prendre en compte aussi les
identités culturelles régionales, les cultures émergentes et les cultures urbaines
au-delà du seul contexte de la Politique de la Ville.
Proposition 52
Le CESR considère qu’au travers du chèque lecture, l’incitation à la lecture
doit redevenir l’objectif régional majeur. Cette action doit s’inscrire dans
un « plan régional de développement de la lecture» en relation avec les
actions menées sur le territoire et en complémentarité avec les communes et les
conseils généraux. Le Conseil Régional peut inciter à une coordination
régionale.
Proposition 53
Le CESR propose que le Conseil Régional renforce l’action partenariale
régionale « premiers départs en vacances » qui concerne déjà chaque année
2 000 enfants et jeunes Midi-pyrénéens, tout en réfléchissant à son adaptation à
des publics jeunes. Cette action doit continuer à se doubler d’une aide allouée
aux centres de vacances (mise aux normes, rénovation des locaux et
équipements pédagogiques).
Proposition 54
Le CESR propose qu’à l’initiative du Conseil Régional se mette en place une
cellule régionale d’appui « loisirs des jeunes handicapés » destinée à faciliter
la mise en relation des initiatives et des besoins, la circulation de l’information.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Proposition 55
Le CESR propose la création d’une « carte Midi-Pyrénées temps libre
jeunes » qui favorise l’accès de tous les jeunes aux temps de loisirs, aux
pratiques culturelles, et aux activités physiques et sportives. Cette carte
permettrait, selon le choix du jeune titulaire, l’inscription à prix très réduit à des
activités de découverte ou d’initiation. Ces tarifs privilégiés porteraient sur des
structures conventionnées par le Conseil Régional.
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Annexe 1
Extrait du Rapport d’information N° 242 du Sénat sur l’adolescence en crise,
fait au nom de la Commission des Affaires Sociales et du groupe d’études sur
les problématiques de l’enfance et de l’adolescence – séance du 3 avril 2003
L’adolescent et la règle de droit : des franchissements successifs
10 ans
-
-
12 ans
-
13 ans
-
-
14 ans
15 ans
-
consentement pour le changement de nom et l’adoption
possibilité de prononcer des mesures éducatives (placement, liberté
surveillée) ou des sanctions éducatives (stage de formation civique,
mesure de réparation, interdiction de rencontrer la victime…)
retenue judiciaire (12 heures maximum renouvelables une fois), s’il existe
des indices graves ou concordants et que l’infraction en cause est punie
d’au moins cinq ans d’emprisonnement
carte jeunes SNCF
ouverture d’un livret jeune à la banque, avec autorisation et procuration
des parents ou tuteurs
inscription sur le registre national des greffes
travail dans l’exploitation agricole des parents et sous le contrôle
garde-à-vue de 24 heures maximum, renouvelables une fois en cas de délit
puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement
contrôle judiciaire en matière criminelle et délictuelle sous certaines
conditions, possibilité de placement dans un centre éducatif fermé
détention provisoire en cas de crime (six mois renouvelables une fois) ou
en cas de violation de l’obligation de placement dans un centre éducatif
fermé (quinze jours renouvelables une fois, un mois renouvelable une fois
dans le cas d’un délit puni de dix ans de prison)
mesures et sanctions éducatives possibles, peines possibles avec
application du principe de l’excuse atténuante de minorité (les peines
prononcées ne peuvent dépasser la moitié des peines maximales prévues
pour les adultes)
autorisation d’effectuer des travaux légers pendant les vacances scolaires
autorisation de conduire un deux-roues de 50 cm3 maximum
majorité sexuelle
autorisation de se marier, avec le consentement des parents ou du conseil
de famille, pour les filles
début de l’apprentissage si justification d’une fin de premier cycle de
l’enseignement secondaire
embarquement sur un navire comme professionnel
impossibilité d’être adopté dans le cas d’une adoption simple
passeport individuel
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16 ans
-
17,5 ans
18 ans
20 ans
21 ans
-
23 ans
-
25 ans
-
26 ans
fin de la scolarité obligatoire
conduite accompagnée et permis moto légère (moins de 125 cm3)
autorisation d’entrer dans un débit de boisson et de consommer du vin et
de la bière
autorisation d’acheter du tabac
possibilité de demander au juge des tutelles la convocation du conseil de
famille
possibilité de demander l’émancipation
ouverture et gestion d’un compte bancaire à son nom
apprentissage, sans justification d’une fin de premier cycle de
l’enseignement secondaire
entrée dans le monde du travail sous certaines conditions
garde-à-vue de 24 heures, renouvelable une fois
contrôle judiciaire pour les crimes et délits, possibilité de placement dans
un centre éducatif fermé
détention provisoire jusqu’à quatre mois (renouvelable deux fois) pour les
délits, un an (renouvelable une fois) pour les crimes
possibilité de déroger, à titre exceptionnel, au principe de l’excuse
atténuante de minorité
engagement dans l’armée
majorité civile et pénale
permis de conduire (voiture, moto, poids lourds)
droit de se marier pour les garçons
droit de conclure un PACS
droit de vote
possibilité d’être élu à un mandat local
possibilité de donner ses organes
droit d’acheter des spiritueux
droit d’entrer dans les établissements de jeux et de jouer
droit d’acheter des alcools forts
âge limite de versement des allocations familiales aux parents
permis D (véhicules affectés au transport de personnes)
âge limite de versement du complément familial, des aides au logement
(loi de financement de la sécurité sociale pour 2000) et des allocations
familiales pour les familles de trois enfants et plus (loi de financement de
la sécurité sociale pour 2003), aux parents
possibilité de se présenter aux élections législatives, européennes et
présidentielles
fermeture du livret jeune
fin du droit à la carte jeunes de la SNCF
droit au revenu minimum d’insertion
Source : Commission des Affaires sociales du Sénat 2003
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Annexe 2
PORTRAITS DE JEUNES DE MIDI-PYRÉNÉES
Interviews réalisées par quatre étudiants de l’École de Journaliste
de Toulouse en mai 2004 :
Émilie BOUVET
Nicolas LARDERET
Dimitri PAVLENKO
Justine SAUVAGE
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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Damien, 18 ans, lycéen
À 18 ans, Damien est toujours au lycée. Après un BEP de comptabilité-gestion au lycée professionnel
de Colomiers, il a décidé de poursuivre sa formation et de s’inscrire en première STT gestion. «Mon
objectif, c’est le baccalauréat professionnel l’an prochain, car je sais que mon BEP ne vaut rien»,
explique le jeune homme. Un pari audacieux dont Damien est bien conscient. «Je sais qu’on est peu
nombreux à continuer les études une fois le diplôme du BEP en poche, mais ça vaut le coup de
décrocher mon bac car, après, j’ai la possibilité de m’inscrire en IUT ou en BTS. Et puis je ne me sentais
pas prêt à rentrer à 17 ans dans la vie active.»
Si aujourd’hui Damien a une idée plus précise de ce qu’il veut faire plus tard, cela n’a pas toujours été
le cas. «J’ai redoublé ma quatrième et c’est au collège qu’on m’a orienté vers le lycée professionnel et le
BEP, comme mon frère», se souvient-il. «Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai eu une sorte de
déclic. Je me suis mis à travailler et, alors que j’avais des lacunes dans beaucoup de matières, j’ai
remonté mon niveau en deux ans, poursuit Damien. Je me suis mis à apprécier l’école et il me paraissait
alors normal de continuer mes études.»
S’il sait déjà qu’il veut continuer sa formation après le bac, Damien ne sait toujours pas quel IUT
choisir. «Plusieurs possibilités s’offrent à moi. Ce qui est sûr, c’est que je vais rester dans la région. Déjà
parce qu’il y a un grand choix de diplômes dans ma branche, mais aussi parce que je peux me loger
facilement à Toulouse», raconte le lycéen. Se rendre dans la ville rose risque même d’être plus facile
que d’aller de chez lui à son lycée selon Damien. «J’habite Tournefeuille, et pour me rendre au lycée de
Colomiers, j’utilise mon vélo et pas le bus, raconte le jeune homme. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de
bus direct entre les deux communes, alors qu’elles sont l’une à côté de l’autre. À Tournefeuille, il y a
trois lignes de bus, et toutes vont vers les Arènes, à Toulouse. Même le train va à Toulouse. Il faudrait
donc que j’aille aux Arènes pour revenir après sur Colomiers…»
En attendant de savoir ce qu’il fera son bac en poche, Damien profite à fond de ses années lycée. Des
années qu’il sait être pleines d’apprentissages, et pas seulement au niveau professionnel. «Je suis
content d’avoir pu continuer mes études car dans mon lycée, on a des rendez-vous avec des
professionnels de la santé par exemple qui nous parle des méfaits du tabac ou encore du sida, explique
Damien. Pour la cigarette, un cardiologue est venu nous parler pendant une heure environ de son
travail et des patients qu’il soigne. Même si je ne fume pas, j’ai trouvé l’expérience intéressante, bien
qu’un peu courte. Et je sais qu’elle a eu un impact fort sur certains de mes amis fumeurs.»
«Par contre, pour ce qui est du sida, j’ai trouvé que la rencontre avec une association avait été mal
organisée,» se souvient Damien. «Je ne dirais pas que c’était inutile pour tous, mais j’ai trouvé que
cela venait un peu tard dans ma scolarité. J’aurais certainement appris beaucoup plus au collège, vers
14-15 ans. Mais ces rendez-vous ont au moins le mérite d’exister», reconnaît Damien, conscient que
tous ses camarades ne viennent pas d’un milieu aussi favorisé que le sien.
Nicolas LARDERET
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Karima, étudiante en biologie
«Je vois déjà mon grand bureau, avec moquette, ordinateur à écran plat, souris sans fil...», s'esclaffe
Karima. Elle a 23 ans, elle est très active et têtue. Cette petite brune sait ce qu'elle veut et va toujours
jusqu'au bout des choses. C'est le titre de «docteur» qu'elle vise.
Karima confesse: «J'ai toujours eu un sale caractère. J'attends toujours le meilleur de moi-même, mais
je ne suis jamais satisfaite». Hyper perfectionniste, dit-on, déjà sa note de mémoire de Maîtrise la fait
grimacer: 12. Son autocritique: «C'est bidon!» Sa Maîtrise de biologie-immunologie devrait s'ajouter
aux autres diplômes, telles des marches qui mènent à son plus grand rêve. Avant d'être promue
docteur, elle devra décrocher un DEA et une thèse. En somme, quatre ans de plus. À moins que Karima
s'engage pour un post-doctorat, c'est-à-dire quatre ans supplémentaires à l'étranger.
Les études longues, c'est bien ce qui inquiète la mère de Karima. L'étudiante sourit en rapportant les
paroles de celle-ci: «La recherche? Mais il n'y a pas d'avenir! » Si ces paroles sont moins
encourageantes, d'autres ont le mérite d'être claires. «Ma fille, tu es une rebeu. Si tu veux t'en sortir, il
n'y a pas différentes solutions».On ne dit pas «réussir», mais «s'en sortir». Sortir du schéma: cité =
échec. Karima a toujours vécu dans le quartier de Bagatelle, à Toulouse, avec ses quatre frères et sœurs
et ses parents. Le premier décalage survient lorsqu'elle quitte le collège Stendhal, classé en ZEP, pour
intégrer le lycée «Les Arènes». Premier coup dur pour Karima: « J'étais très douée au collège, mais en
réalité, je n'avais pas le niveau pour la seconde, option S, avec de l'informatique et des sciences
expérimentales». Elle s'explique: «Je me suis sentie dévalorisée. Je ne comprenais pas, puisque j'étais
parmi les meilleurs au collège et j'avais pourtant tellement bossé!C'était donc le défi à relever». Une
fois aux Arènes, Karima a été témoin et victime du tri opéré entre les élèves choyés du
collège Clémence Isaure et les autres, de Stendhal et Sand, étiquetés ZEP.
Aujourd'hui, toutes les amies de cette étudiante acharnée ont été réorientées, dès la seconde. Après un
redoublement et les encouragements d'un professeur de mathématique, Karima passe de 9,6 à 13 de
moyenne.
Aussitôt les difficultés constatées, Karima a demandé de l'aide. C'est l'AFEV qui lui a apporté: «Deux
heures par semaine, un étudiant bénévole venait chez moi. Je déteste le Français et la philosophie. On
tourne toujours autour du pot avec ces deux matières... J'ai donc demandé un renfort pour les matières
scientifiques».
Une fois le Bac en poche, Karima s'est décidée: «Je veux faire des études en médecine». Depuis ses 18
ans, elle travaille deux mois d'été et régulièrement les week-ends dans une boulangerie. Une façon de
compléter sa bourse. Mais cette activité lui vaut le surnom de fantôme: «Ma sœur se plaint de me voir
peu. Je pars de chez moi à 8heures et je rentre vers 20 heures». Derrière elle, ses parents l'ont toujours
encouragé pour faire des études. Sa mère est sans profession, son père chauffeur routier. D'origine
algérienne, Karima précise aussitôt: «Mais ils sont lettrés!»
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
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En réalité, le père de ces cinq enfants est arrivé en France pour terminer ses deux dernières années
d'études d'architecte à Lyon, puis Toulouse. Mais restent quelques traces de regret au sein de la
famille: «Personne ne voulait de lui. Il n'a donc jamais exercé son métier!». Karima le voit parfois
griffonner: «Il est très renfermé, il ne dit pas ce qu'il pense».
Une vingtaine d'années plus tard, Karima porte sur ses épaules le poids de la revanche. À savoir, la
réussite d'une rebeu, assise dans un grand bureau avec moquette, ordinateur à écran plat et souris sans
fil... Et qu'on appellera «docteur».
Émilie BOUVET
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Loïc, apprenti dans le Lot
Avant que Loïc achète un livre, il aura fallu un déclic et surtout beaucoup de motivation. «Je n'avais
pas envie de lire avant, c'est tout!» Depuis six mois, Loïc suit un programme contre l'illettrisme.
Actuellement en CAP mécanique au centre de formation et d'apprentissage (CFA) de Cahors, ce jeune
homme renforce son Français, «une matière difficile».
Une enseignante de français encadre un petit groupe de six élèves pour travailler et renforcer les bases.
À raison de deux heures par semaine, Loïc peut donc corriger son écriture, son vocabulaire et sa
conjugaison. Il insiste: «Ce n'est pas que je n'aime pas l'école, mais j'ai des lacunes». Des lacunes qui
semblent avoir disparues, en partie, comme il le reconnaît lui-même. Le jeune Lotois ne compte
pourtant pas s'arrêter en si bon chemin: «Il faudrait continuer...»
Quand on lui a proposé ce programme spécial, Loïc s'est dit «Ca ne peut pas me faire de mal!»
Accepté comme un coup de pouce par l'intéressé, il est soutenu par sa mère, fière de ses efforts. Tout
comme sa grand-mère, ancienne directrice de maison de retraite.
Avant d'être diplômé en mécanique à la fin de cette année scolaire, Loïc effectue les vidanges des
voitures de sa famille. «J'ai toujours bricolé. J'effectuais les réparations sur ma mobylette. Quand
j'étais plus jeune, je voulais tout faire mécano, plombier...»
Loïc a quitté Argenteuil à 14 ans. C'est à Cajarc, à 60 kilomètres de Cahors, qu'il entre en 4ème. Pour
lui, pas d'hésitation: «J'ai choisi la mécanique pour commencer à apprendre un métier. Je savais qu'il
fallait travailler.» Son chemin est à peu près tracé. Il se lance pour un an dans un préapprentissage
mécanique en CFA, en raison de son jeune âge. Il enchaîne avec deux ans en carrosserie, avant de
passer cette année son CAP. Il consacrera encore une année pour une spécialisation peinture d'un an,
pour enrichir son CAP mécanique.
En classe de sixième, ses professeurs n'auraient peut-être pas imaginé un tel parcours de sa part. Loïc
se souvient de ses problèmes de lecture: «J'avais un bon prof de français qui essayait de m'aider. Il
était le seul attentif...»
Aujourd'hui ce jeune Lotois de 18 ans lit essentiellement des magazines et des romans. «J'apprécie les
romans policiers, d'aventures et d'horreur. Soit des amis m'en prêtent, soit j'en achète en librairie. Je lis
le début et si le livre me plaît, je continue». Loïc a découvert l'envie et le goût de lire.
Son leitmotiv: «S'ACCROCHER!».
Émilie BOUVET
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Virginie, 22 ans, secrétaire comptable
Virginie est originaire des Landes. C'est à Bayonne qu'elle obtient son DUT de Gestion d'entreprises et
d'administrations en septembre 2003. Son diplôme en poche, Virginie décide de chercher tout de suite
un emploi. «J'en avais un peu "marre" des études et j'avais vraiment envie de rentrer le plus vite
possible dans la vie active, explique la jeune fille. J'avais aussi en tête d'être autonome
financièrement.»
Une fois sur le marché du travail, Virginie comprend qu'il faut être mobile pour trouver un emploi,
surtout quand c'est le premier. Elle démarche donc dans tout le Sud-Ouest, et au bout de quatre mois,
finit par décrocher un poste de secrétaire comptable à la Maison des Jeunes et de la Culture d'Empalot
à Toulouse. «Je suis très contente d'avoir obtenu ce poste, confie Virginie. Je suis arrivée ici un peu par
hasard, mais avec le recul, je me dis que travailler dans une association, c'est beaucoup plus convivial
que dans une grande entreprise, surtout pour un premier "boulot".» Être au cœur de la vie d'un
quartier, dans une structure où sont proposées des activités sportives et culturelles, pour Virginie, c'est
un environnement de travail très motivant, «où l'on voit de tout».
Actuellement, la MJC d'Empalot compte 650 adhérents, un chiffre qui en fait une structure de loisirs
conséquente dans l'agglomération toulousaine. «Je m'occupe de la partie administrative de
l'association. Je traite le courrier, les documents officiels et la comptabilité, raconte Virginie. Je n'ai pas
de relation directe avec les jeunes qui viennent ici, sauf quand je m'occupe de l'accueil. Par contre, avec
les autres salariés de la MJC et l'équipe d'animation, l'ambiance est vraiment sympa.»
«Pour ce qui est de mon travail, j'ai pu bénéficier de l'expérience de mon prédécesseur qui m'a formé
pendant deux mois, poursuit Virginie. Et heureusement d'ailleurs, car le travail qu'on me demande en
comptabilité est beaucoup plus conséquent que ce que j'ai appris en DUT.»
Avant ce poste d'emploi-jeune, Virginie avait peu d'expérience professionnelle, seulement deux stages
en entreprise dans le cadre de son cursus. «Ce premier poste correspond tout à fait à ce que j'espérais.
J'aimerais pouvoir prolonger quelque temps encore cette expérience», explique Virginie tout en
gardant les pieds sur terre. «Je sais que la conjoncture est mauvaise en ce moment et que le temps où
l'on restait toute sa vie dans la même entreprise est révolu. Mais cela ne me fait pas peur. Au contraire,
quand j'aurai acquis encore plus de confiance et d'autonomie, j'espère multiplier les expériences
professionnelles, que ce soit en association ou en entreprise.» Une volonté de rester mobile qui
correspond bien à l'air du temps.
Justine SAUVAGE
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220
Mathilde, animatrice, loge au foyer de jeunes travailleurs
Mathilde a tout de l'artiste-éducatrice ou l'éducatrice-artiste, c'est selon. Elle bouillonne d'idées et de
projets. Seulement, à 27 ans, elle a besoin d'un ange gardien, ou plutôt d'un ange financier.
Actuellement au foyer de jeunes travailleurs Espérance, à Toulouse, Mathilde se plaît à vivre avec ses
80 voisins, d'autres jeunes travailleurs: «J'attache beaucoup d'importance au brassage des gens».
Elle y vit depuis plus de deux ans, alors que la durée maximale est fixée à deux ans. Plusieurs soucis se
posent à elle: «Pour pouvoir louer un logement, je dois prouver que mon salaire est trois ou quatre fois
supérieur au montant du loyer. Je dois être titulaire d'un CDI et avoir deux garants. Il existe bien des
organismes d'État qui se portent garants, mais encore faut-il que le propriétaire accepte». Or, elle ne
remplit aucune de ces conditions. Ses parents sont décédés et le reste de sa famille se trouve en BasseNormandie.
Depuis son arrivée à Toulouse, il y a trois ans, Mathilde prépare son BEATEP, brevet d'État
d'animateur technicien de l'éducation populaire et de la jeunesse. Elle commente: «Cela correspond au
secteur social en crise et répond à mes attentes en ce qui concerne les responsabilités pédagogiques».
Malgré une interruption d'un an, Mathilde a franchi les étapes: un stage d'un an en alternance (une
semaine de cours pour trois semaines sur le lieu de travail) et un autre de deux mois à mi-temps.
Cette passionnée a étudié le théâtre pendant sept ans: «Je ne faisais que ça, comme ces gosses qui ne
pensent qu'à une seule chose. J'ai commencé par les cours au collège, les cours d'été, jusqu'au Bac
littéraire option théâtre. Mais vivre de nos jours de cela...» Son objectif est de partager cette discipline
avec les enfants et son souci: «Comment donner des outils de théâtre aux enfants?» À Cherbourg,
puis à Caen, Mathilde commence des études de lettres.
Un accident retarde ses ambitions. Mathilde est hospitalisée et placée en institut de repos. Quatre ans
plus tard, elle refait surface, toujours ses passions en tête. Pour son nouveau départ, Mathilde choisit
une nouvelle destination, la Ville rose. «Je fais partie de l'immigration», ironise-t-elle. «Comme j'avais
besoin de voir autre chose, que Toulouse est une des villes les plus importantes au niveau offre
d'emploi, avec un réservoir de jeunes, j'ai choisi cette terre d'exilés!»
Au départ, la recherche de travail n'est pas fructueuse. Jusqu'à ce qu'elle tombe sur le quartier Arnaud
Bernard. Elle participe alors à la coloration de la rue Gramat. Celle-ci voit ses murs couverts de
«graffs» qui égayent l'étroit quartier. Mathilde y rencontre une chanteuse lyrique avec un bagage de
comédienne. Le duo fait mouche et un projet abouti: une création de pièce, jouée au théâtre du Fil à
plomb. Mais les représentations s'arrêtent après la première. Sa collaboratrice abandonne le projet,
après avoir réussi des études de droit. Une aventure s'arrête à Arnaud Bernard pour laisser la place à
une autre. Mathilde entame son BEATEP avec un stage d'un an en alternance au carrefour culturel.
D'après la jeune femme, «les langues et les cultures sont égales entre elles, au même titre que les
populations. Quand un enfant parle le français et l'anglais, on dit qu'il est bilingue. Et quand un
enfant parle le français et l'arabe? L'arabe n'est tout simplement pas reconnu». Mathilde est à michemin entre l'éducation et l'artistique.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Depuis deux ans, elle possède un appareil photo et revendique: «Je suis une autodidacte». Mais
avant de pratiquer ce qui lui plaît, elle doit réunir les fonds. Alors elle jongle entre le RMI, le travail au
black et le système D, lorsque ses demandes en vente, restauration, aide aux personnes ou colos
obtiennent le silence en guise de réponse.
«J'espère décrocher un emploi de 35heures en septembre, afin de déménager...» insiste Mathilde.
Dans ses cartons, elle a déjà des reproductions de photos. Une première sélection sur la matière,
destinée à une exposition et une autre sur l'Allemagne, vouée à un concours. La jeune femme a pour
date butoir le mois de septembre pour présenter ses créations. Reste le financement des développements
et retirages. Or, ses dernières demandes d'emploi pour l'été sont restées sans réponse.
Combien de temps encore faudra-t-il pour que ses photos sortent définitivement des cartons pour se
laisser contempler sur des murs adéquats?
Émilie BOUVET
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Sans toit, ni loi, Sven est un «teufeur».
Ce vrai marginal vit sur la route sans concession sa rupture avec le monde.
C’est écrit dans son dos, il s’appelle Sven, «tout court», son prénom et son nom à la fois. Il dit n’avoir
plus de famille, «depuis longtemps». À 24 ans, ce grand type à l’air usé en paraît dix de plus. Sven est
un «traveller», un nomade de la techno. «Un vrai marginal », ponctue-t-il, sans rire, entre deux
gorgées de bière. Sur son bras, un tatouage estompé revendique l’anarchie. Sur sa main, trois points
bleus en triangle: «Vort aux maches», commente-t-il, hilare.
Zonard, errant, Sven appartient à cette catégorie d’asociaux, sans toit ni loi, qui paraissent avoir choisi
leur absence de situation. Fier, Sven l’est sans aucun doute. Depuis l’année dernière, il possède un
camion qu’avec des amis, il a transformé en camping-car. « On a installé une réserve d’eau sur le toit,
un groupe électrogène et un réservoir supplémentaire GPL. On est indépendants. On peut aller où on
veut pour presque rien.» Depuis cinq ans, il sillonne l’Europe, le mythe de la route à fleur de peau,
errant de squats en festivals à la recherche d'une injustice que «La Société» serait sommée de réparer.
«Ça fait longtemps que je ne demande plus rien, dit Sven, péremptoire. Tout est pourri. Pour ne pas
pourrir soi-même, la seule solution c’est de bouger.» L’errance comme échappatoire, la fuite comme
alternative à l’immobilité qui, à l’entendre, l’aurait détruit.
«À 14 ans, j’avais déjà fugué trois fois, mais jamais bien longtemps. Je ne supportais pas mon père. Il
me cognait parce que ma mère le lui demandait. Vers seize ans, j’ai arrêté l’école. Mes parents n’osaient
pas me dire de me barrer, mais il le pensait tellement fort que j’ai fini par le faire. Pauvres vieux, je les
aurais tués, à l’époque. Maintenant, j’ai pitié », lâche-t-il, avant de cracher. À la question s’il les a revus
depuis, Sven répond laconiquement:«Non.» La blessure a mal guéri. Dans les mois qui suivent son
départ, Sven traîne dans sa ville, en région parisienne. «J’étais libre d’aller où je voulais. Mais dans les
faits, je n’arrivais pas à m’éloigner. J’ai longtemps erré sur un petit territoire.» Le jour, il fait la manche
avec d’autres jeunes, à la sortie des supermarchés ou dans les transports en commun. Le soir, il dort
dans des squats en banlieue. «On vivait regroupés. Ça n’arrêtait pas d’aller et venir, mais au final, on
était toujours cinq ou six en permanence.» Sven a toujours refusé ce qu’il appelle «l’hôtellerie sociale».
Question d’honneur, crâne-t-il. «J’en voulais à la Terre entière. Je me sentais exclu d’une société que je
rêvais de détruire. Pendant dix-huit mois, j’ai traîné, sans but autour de chez mon père. L’ennui total,
la déprime aussi: j’ai commencé à m’endurcir, j’étais teigneux et violent. Je prenais des prods [NDR:
drogues synthétiques] tous les jours.»
Puis un jour, lors d’une free party, Sven fait une rencontre décisive. Il rencontre des «travellers» en
route pour l’Espagne. Sans trop réfléchir, il se greffe au convoi. Pendant quatre ans, il vit avec cette
tribu, n’ayant comme préoccupation que l’eau et l’essence qui seules permettent de continuer. «T’as lu
Kerouac?»lance-t-il. Un trait d’esprit : «La route, si longue soit-elle, finit toujours par te ramener où
tu es déjà passé. Elle se balise dans ton esprit. Tu prends des habitudes, quoi.» Les années passant,
Sven a labouré les itinéraires des grandes transhumances de la techno qui rythment les saisons. Dans
les intervalles, la galère, qui oblige elle aussi à bouger souvent.
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«Depuis huit ans que je suis traveller, j’ai eu pas mal d’embrouilles. Avec des racailles de cité, des
dealers, la police... T’es plus ou moins obligé de changer de ville tous les mois. J’ai connu beaucoup de
gars et de filles dans cette situation. Certains ont continué, comme moi, mais beaucoup ont fini par
rentrer chez leurs parents ou se poser, parce qu’ils en avaient marre. Ils trouvaient cette vie trop dure.
Ils sont tombés sur un boulot, un logement fixe… Je les plains et les envie à la fois. Pour moi, la
reconversion, c’est trop tard je crois.»
La misère n’inquiète pas vraiment Sven. Il la connaît depuis qu’il a quitté le foyer familial, et la vit
comme l’inconvénient principal de ce qu’il appelle la liberté. Travailler, il s’y refuse comme par
principe. Sven le traveller vit de petits trafics, pièces de voitures ou drogue, mais il préfère ne pas trop
s’attarder sur ce sujet. «Je prends ce dont j’ai besoin.» Sans remords, la survie en dépend. Fataliste, il
conclut: «Si j’ai choisi mon existence? Comme tout le monde, j’ai dû faire des choix devant les
obstacles qui se présentaient à moi. Assez normal, en fin de compte…?»
Dimitri PAVLENKO
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Sabrina, 24 ans, emploi-jeune à Albi.
À 24 ans, Sabrina n'a connu que 14 jours de chômage. Pour elle tout s'est arrangé le plus simplement
du monde dès la fin de ses études de secrétariat. 20 ans, premier emploi. Elle a ensuite été embauchée
par une association en septembre 2001 grâce aux emplois-jeunes. Et son employeur lui a garanti un
CDI à la fin du contrat. «En fait l'association a utilisé le dispositif Emplois-Jeunes pour créer un
emploi, j'en ai bénéficié, tant mieux...»
Comme souvent avec les emplois-jeunes, l'intitulé du poste ne correspond pas tout à fait au travail
effectué. Un peu de secrétariat, répondre au téléphone... «Mais j'ai passé un entretien à la direction du
travail pour prouver que le travail correspond à l'intitulé du poste, et ils ont reconduit les
subventions», précise-t-elle. Sabrina a même obtenu que les subventions durent pendant sept ans au
lieu des cinq ans prévus initialement.
Pour Sabrina, ce dispositif est aussi très utile notamment grâce à son volet formation continue:
«Aujourd'hui, je suis chargée de réaliser un journal interne tiré à 5000 exemplaires. Je vais utiliser les
heures de formation auxquelles j'ai droit pour apprendre à utiliser le logiciel de mise en page XPress.»
Sabrina pense que c'est sa connaissance de l'outil informatique qui lui a permis de trouver un bon poste
rapidement. «Je maîtrise de nombreux logiciels, comme Word, Excel, Power Point, bientôt XPress...
Les employeurs sont toujours intéressés par ce genre de profil» Des compétences d'autant plus
recherchées quand les autres salariés, parfois plus âgés, n'ont pas de connaissances solides sur un outil
relativement récent. De fait, on lui confie plus de responsabilités, et le travail en devient d'autant plus
intéressant. Sabrina gagne 980 euros par mois. De quoi vivre décemment et s'occuper de son tout jeune
enfant.
Un emploi stable, à temps plein, un enfant à charge. À 24 ans, Sabrina est désormais installée, et ne
s'inquiète plus pour son avenir.
Nicolas LARDERET
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Muriel,
souhaite vendre des volailles fermières à Bruejols, dans l'Aveyron.
Muriel a des idées très arrêtées sur l'agriculture, et sait parfaitement ou elle va. Pour l'instant, elle est
salariée du Mouvement rural des jeunesses chrétiennes (MRJC) depuis 1999. Ses parents possèdent
une exploitation, elle a suivi des études agricoles. Bref, elle est tombée dedans quand elle était petite.
Son projet est très précis. «Je veux m'associer à mes parents sur la ferme existante, pour produire et
vendre des volailles fermières.» Sa route est toute tracée :
Fin août, Muriel quitte son CDI. Ensuite, et jusqu'à l'automne 2005, elle part en stage dans des
exploitations semblables à son projet. Stages qui lui permettront d'avoir droit à certaines subventions
de l'Etat. Après pour s'installer, elle aura besoin de 75 000 euros.
Ce qui promet des difficultés bancaires. Certes, il existe des prêts à l'installation agricole, mais une
banque ne prête pas 75 000 euros sans être sûre que le dossier est bon.
Muriel s'attend aussi à des difficultés liées aux structures du monde agricole :«Il est difficile de faire le
choix des productions alternatives, comme la vente directe ou l'accueil à la ferme. De façon générale,
j'ai constaté que certains services techniques agricoles sont toujours imprégnés par des idées dépassées.
L'agriculteur n'est pas un simple producteur de matières premières. Tout le monde ne s'en rend pas
compte.»
Comment faire alors pour s'installer ? Pour Muriel, le secret, c'est le travail collectif et la curiosité.
«C'est bien d'avoir un réseau de personnes sur qui on peut compter. Mon travail au MRJC m'a permis
d'avoir ce réseau, et c'est un plus. Il faut aussi aller voir des initiatives, avoir des expériences
professionnelles plus ou moins proches du milieu agricole pour être à l'écoute des attentes de nos
concitoyens... Mais soyons honnêtes, je ne fais pas ça pour gagner 2000 euros par mois.» En réalité,
Muriel aimerait bien avoir un équivalent du SMIC d'ici cinq ou dix ans...
Nicolas LARDERET
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L’emploi au bout du fil
Depuis son accident de voiture il y a six ans, Angéla est paraplégique. Mais elle s’épanouit dans un
emploi de télévendeuse, adapté à son handicap.
Angéla avait tout juste 17 ans quand elle et son petit copain ont eu leur accident de voiture. C’est lui
qui conduisait. Lui n’a pas survécu. Elle s’en est sortie, de justesse: Sous la violence du choc, la
carcasse du véhicule lui a broyé la colonne vertébrale, et légèrement endommagé le cou. Angéla est
paraplégique. «À partir des reins, je ne sens plus rien. Les lésions au cou m’ont fait perdre un peu de
motricité dans le bras gauche, mais c’est tolérable. Je voulais être hôtesse de l’air, voyager… J’ai dû me
faire une raison.» Angéla n’aime pas trop évoquer «son» accident. 6 ans et demi après, elle n’en est
toujours pas vraiment remise «Il m’a fallu deux ans pour me faire à l’idée que j’avais de la chance
d’être toujours en vie, même en étant PH.» PH, pour Personne Handicapée. Avant son accident,
Angéla ne s’était jamais souciée de la vie qu’on mène en fauteuil roulant. Elle possède maintenant un
fauteuil électrique pour se déplacer. «J’aurais préféré une chaise normale, mais les lésions au cou ne
me l’ont pas autorisé.»Elle se plaint à l’adresse du fauteuil électrique: «Là–dedans, j’ai l’air d’une
tétra[plégique]! ».
Une fois la rééducation achevée, Angéla ne pense alors plus qu’à retrouver une vie normale. Mais sa
détermination se heurte assez vite au regard d’autrui. «J’ai mis une croix sur les flirts, confie-t-elle.
Pour les valides, le Handicapé, avec un grand H, n’a pas de sexe.» Dans le cercle familial, ses parents
réagissent à l’inverse de ce qu’elle espérait. «Ils ne le faisaient pas exprès, mais ils semblaient vouloir
que je me résigne.» Le handicap Angéla pèse alors comme un tabou entre elle et ses parents. «Il ne me
laissait rien entreprendre seule, c’était insupportable. C’est pour ça que je me suis mise à chercher un
emploi; pour leur prouver que je pouvais me débrouiller comme les autres.»
Sans diplôme, la jeune PH commence par démarcher les entreprises au téléphone, sans révéler son
handicap. Elle parvient à décrocher des entretiens d’embauche, mais ils n’aboutissent sur rien. «Mes
interlocuteurs étaient surpris de voir débarquer un fauteuil roulant dans leur bureau. La plupart du
temps, ils se montraient gênés, me conseillaient d’aller voir l’ANPE, ou finissaient par dire que le poste
était déjà pourvu. Oui, à leurs yeux, je n’étais rien d’autre qu’un fauteuil encombrant.» Défaite,
Angéla se résigne de plus en plus à l’inactivité. «Vous vous doutez bien qu’en fauteuil roulant, sortir de
chez soi est un acte de pure volonté.»
Par hasard, elle entend parler de l’association Passerelle 31 (MEDEF) à Toulouse, qui s’occupe de
l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Angela prend contact avec elle, et découvre
alors l’Agefiph Midi-Pyrénées (Agence de gestion des fonds pour l’insertion professionnelle des
personnes handicapées) qui aide financièrement au recrutement et à la formation du public handicapé
dans les entreprises. Une révélation pour la jeune paraplégique: «Jusque-là, je vivais mon handicap
dans l’isolement. Je croyais vraiment pouvoir m’en sortir seule. Mais autour de moi, tout m’indiquait le
contraire. J’ai mis du temps à comprendre qu’une PH ne pouvait pas s’intégrer dans la société par les
voies normales. Elle est obligée de passer par les structures spécialisées pour espérer y arriver.»
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Avec l’aide de l’Agefiph, Angéla se retrouve en face d’un employeur fin mars 2003, dans le secteur du
télémarketing. «L’entreprise m’a recrutée "normalement" sur des critères simples, explique Angéla.
Tenue de la voix au téléphone, réactivité, et surtout motivation. C’était aussi simple que ça.» Depuis
elle a signé un CDI comme télévendeuse. Des aménagements ont été nécessaires dans les locaux de
l’entreprise, comme l’élargissement de son box de travail.
«En me recrutant, l’entreprise cherchait à se mettre en conformité avec la loi [du 10/07/1987, en
faveur de l’emploi des travailleurs handicapés]. Les subventions octroyées par l’Agefiph ont pas mal
aidé à mon embauche, mais maintenant je me sens vraiment sur un pied d’égalité avec les valides.»
L’entreprise, dans laquelle elle travaille, évolue dans un secteur où le turnover est important, mais
Angéla aspire à s’y stabiliser. «Le métier est difficile et très répétitif, c’est pour ça que les gens restent
rarement plus de quelques mois. Mais à ceux qui restent, on propose une véritable carrière
professionnelle et des avantages sociaux. Le métier me plaît assez et me donne un horizon.» La
reconnaissance est au bout du fil …
Dimitri PAVLENKO
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Farid, animateur (Bagatelle)
«J'y croyais plus aux études... Aujourd'hui, je regrette d'avoir arrêté, c'est tellement important!».
Farid a 23 ans. Il est allé en terminale S, mais pas jusqu'au Bac. Le redoublement ne lui aura pas fait
germer de projet professionnel. Mais la visite des officiers de l'armée de mer dans son lycée lui aura
procuré une occasion.
L'occasion de quitter tout, surtout la scolarité. Pas question de vocation pour autant. «Avant je n'avais
jamais pensé à intégrer les rangs de l'armée». C'était en mars 2000, une époque de recrutement lourd.
L'ancien lycéen se souvient de l'étonnement de sa mère: «Ah oui! Et depuis quand?» Le jeune
homme était le deuxième de Bagatelle à rejoindre le corps militaire.
Pas de quoi en faire son métier: «Certains se réfugient dans l'armée pour échapper à la prison ou pour
la sécurité de l'emploi. Moi, j'aime beaucoup voyager, c'est pourquoi j'ai choisi les marines, à Toulon»,
explique Farid. En l'espace d'un an, le jeune a effectivement parcouru la mer Méditerranée en passant
par l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Avec le recul, cette expérience d'un an lui a été très enrichissante. «Je
ne suis pas déçu parce que j'ai appris la vie en communauté et l'autonomie. À 90 sur un bateau, tu es
obligé de parler à tout le monde et au bout de trois mois, tu connais l'équipage. C'est un cocon, une
autre famille en quelque sorte», reconnaît Farid. Cette année passée sur les flots, loin de Bagatelle et de
ses repères, lui auront donné conscience d'un attachement profond à sa famille.
Modestement, il rend compte d'un «pincement au cœur».
Un an après l'embarquement, retour à quai. Celui du quartier: «J'étais bien content d'être rentré, mais
la réalité de la vie et le besoin d'argent ont vite repris le dessus». Il retrouve donc sa mère et sa petite
sœur.
Retour à la case départ, Bagatelle. Ce jeune musulman pratiquant a quitté la discrimination sur le
navire pour la retrouver au quotidien. L'ex-militaire revient sur une anecdote: «Six mois après mon
retour, j'ai enfin trouvé du travail dans une agence de sécurité. Quand mes collègues ont su que j'étais
de Bagatelle, ils me demandaient si je pouvais avoir des portables, des autoradios... C'est bien plus
tard, à force de parler avec les gens, que l'on donne une meilleure image du quartier. On gagne du
terrain et on marque des points!» Au début de sa tirade, Farid a lâché un «boulot de merde». Pas par
manque de politesse, ni par manque d'éducation. Tout simplement pour l'avoir vécu et constaté que
cette profession est plutôt réservée aux personnes de couleur.
Sa définition de l'intérim:«Tu travailles deux jours et tu reste assis six mois!»
Parmi ses amis, certains exercent dans l'animation.Comme Farid travaillerait bien au contact des
enfants, on le met sur la piste du BAFA. Reste à passer la troisième et dernière étape du diplôme avant
septembre prochain pour le jeune homme déterminé.
Depuis janvier 2003, Farid encadre des enfants au CLSH (centre de loisirs sans hébergement) de
Lardenne, le temps des vacances scolaires.
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À la rentrée prochaine, il retrouvera l'école Jean Jaurès dans le quartier Saint-Michel. Trois fois par
jour, Farid assure également le temps d'accueil du matin, la cantine et les activités du soir avec des
élèves de 6 à 8 ans. Un total de cinq heures quotidiennes.
Farid a donc un travail qui lui plaît. Pourtant, il était entré dans ce cercle vicieux qui piège les jeunes
des quartiers aux noms qui font peur au reste de la ville. Pendant cinq à six mois, Farid avoue s'être
levé à 11heures pour ne rien faire. Les journées passent entre télé et discussion entre copains au pied
des bâtiments, découragés par les injustices et nourris de fatalisme.
Farid évoque parfaitement cette relation: «C'est inconscient. Sans s'en rendre compte, on est attiré par
le quartier. C'est comme un aimant. On est absorbé par la rue, entraîné par les autres qui n'ont plus
d'espoir et tenté par l'argent facile. Je me dis qu'à force de frapper aux portes, une finira bien par
s'ouvrir. C'est ce qui m'est arrivé!» Pour le citadin lambda, le métro n'a qu'un intérêt pratique. Pour
d'autres citadins, c'est un facteur d'intégration. Farid lance: «Franchement, s'il n'y avait pas le métro,
certains habitants de Bagatelle ne connaîtrait pas le centre ville!»
Farid pourrait avoir un effet de locomotive. Même s'il refuse qu'on le taxe d'«exemple à suivre», Farid
est un de ces jeunes qui travaille, réside toujours dans son quartier excentré et garde les pieds sur terre,
avec les mêmes amis.
Émilie BOUVET
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Sandra, 21 ans, chargée de clientèle, au chômage depuis 4 mois
Sandra est originaire de Lorraine. Depuis quatre mois, elle vit à Toulouse dans le quartier de la gare
Matabiau. Quatre de mois de galère dont elle a du mal à voir le bout. «Je suis venu dans le Sud car je
pensais trouver du travail plus facilement ici. Et puis quand on galère, c'est toujours mieux d'être au
soleil », arrive-t-elle encore à plaisanter. Logée dans un appartement sordide, «où le loyer est hors de
prix, comme tout à Toulouse d'ailleurs», Sandra essaie tant bien que mal de survivre sans travail.
«Chez moi, à Nancy, j'étais chargée de clientèle dans une banque, mais mon CDD est venu à terme en
janvier dernier. C'est pourquoi je suis partie en Midi-Pyrénées», explique la jeune fille.
Inscrite en BTS d'assistante de direction pour la rentrée prochaine, Sandra cherche depuis un mois à
trouver un employeur pour effectuer un stage ou signer un contrat en alternance. Mais sans succès.
«Personne ne semble intéressé par ma candidature pour le moment. J'ai aussi un problème pour mon
BTS car je souhaite prendre allemand en première langue, et, apparemment à Toulouse, ce n'est pas
très courant.»
Pour mettre toutes les chances de son côté et se familiariser avec la ville rose, Sandra fait le tour des
organismes dédiés aux jeunes. «J'ai d'abord été au CROUS pour trouver mon appartement. Mais j'ai
choisi trop vite le mien, c'est pourquoi je cherche déjà à en partir. Mais, il n'y a rien dans mes moyens,
ou bien c'est trop loin du centre ville», raconte Sandra. Elle s'est ensuite rendue au Centre
d'Informations et d'Orientation pour se renseigner sur sa formation et surtout mettre à jour son
curriculum vitae. «J'ai trouvé beaucoup d'informations pratiques sur ma formation. Mais en ce qui
concerne mon CV, on m'a dit de me rendre au CRIJ, rue de Metz.»
Une fois là-bas, Sandra n'est pas au bout de ses surprises. «Les gens de l'accueil ont été très
sympathiques avec moi, mais ils n'ont pas pu répondre à mes questions. De plus, pour mon CV, il faut
encore que je me rende dans une autre annexe du CRIJ que je ne connais pas», poursuit-elle. Mais
surtout ce qui semble le plus contrarier Sandra, c'est que ce service soit payant. «On me demande 30
centimes pour une photocopie noir et blanc de mon CV, et 1,50 euro pour une copie couleur, s'étonne
Sandra. Quand on n'a pas les moyens comme moi, c'est un peu dur à avaler. D'autant que, chez moi,
en Lorraine, j'ai pu le taper et l'imprimer gratuitement, que ce soit au CRIJ ou à la Mission Locale. J'ai
même eu droit à quelques conseils pour rendre mon CV plus attractif aux yeux des employeurs.»
Sandra a vraiment l'air désappointé ou plutôt désorienté. D'ailleurs c'est elle-même qui le dit.
«Aujourd'hui, j'ai encore perdu une journée parce qu'on m'a mal renseigné. Je suis un peu
désespérée», confie Sandra avant de se replonger dans la documentation trouvée au CRIJ concernant
les aides au logement.
Justine SAUVAGE
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Laetitia, étudiante et stagiaire à Toulouse
Laetitia annonce vite la couleur : «De toute façon, je me suis inscrite à la fac pour pouvoir faire des
stages. Car, sans le statut d'étudiant, pas de convention, et sans convention, pas de stages.»
Mais c'est une arme à double tranchant. Le statut d'étudiant ne donne droit à aucune aide. Impossible
pour elle de s'inscrire à l'ANPE. Sa seule rémunération lui vient de ses stages, bloquée à 30% du
SMIC. Guère plus de 300 euros par mois.
«C'est la fac qui fixe ce plafond dans les conventions. Au-delà, les entreprises seraient obligées de
payer des cotisations. En plus, les entreprises n'ont aucune obligation de rémunération ou
d'indemnisation. Dans certaines sociétés, ça tourne à l'exploitation.»
Heureusement pour elle, Laetitia a des parents pour l'aider. «J'habite à Toulouse, donc je vis chez mes
parents.Je n'ai pas les moyens de m'installer.» À 27 ans, pourtant, ce n'est pas l'envie qui lui manque.
Après de longues études à Toulouse (BEP sanitaire et social, puis DEA en droit du travail), Laetitia a
tenté de chercher un emploi dans le secteur des ressources humaines. Elle a vite déchanté. «J'ai écrit un
mémoire sur les retraites. Je pensais que les entreprises allaient être intéressées par quelqu'un qui
connaît bien la législation. En réalité, elles n'en ont rien à faire.»
Laetitia reproche à sa formation d'avoir été trop théorique. «Je suis arrivé sur le marché du travail
sans expérience. Dans un cursus à la fac, les stages ne sont pas obligatoires. Mais quand on demande
du travail, sans expérience de stages, on n'a rien.»
Par-dessus le marché, la situation de l'embauche dans les ressources humaines n'a pas joué en sa
faveur. Surtout en Midi-Pyrénées. «Les entreprises veulent des assistants en ressources humaines avec
cinq, voire dix ans d'expérience ! C'est trop demander.»
Finalement, Laetitia compte sur sa mobilité, et d'autres atouts pour en finir avec les stages en cascade.
«J'ai un profil plus crédible après un peu plus d'un an de stage. Mais, certainement pas en MidiPyrénées. Du côté de Paris, Lille, le secteur privé donne leur chance aux jeunes...»
Si Laetitia ne trouve rien à la fin de son stage en septembre, elle a déjà fixé son avenir : «je ferai des
petits boulots à mi-temps, en attendant de trouver. Une chose est sûre : je ne veux plus faire de stages.»
Nicolas LARDERET
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Alban, étudiant en droit, créateur d'entreprise à Portet-sur-Garonne.
«Quand on est jeune et qu'on a un projet original, il est difficile de convaincre. Même avec un profil
sécurisant, il faut beaucoup de garanties.» Alban est un jeune créateur d'entreprise -il a 23 ans- et a un
projet particulier: sculpter et vendre des figurines issues de la bande dessinée. Alban est aussi étudiant,
il vient de finir sa maîtrise de droit.
Son passe-temps, la sculpture. Depuis six mois, il tente de faire de sa passion, un travail à plein temps.
Aidé par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Toulouse, il a préparé une étude de marché,
réalisé un business plan, rencontré un expert-comptable... Résultat : il estime pouvoir écouler 210
figurines tirées de la série de bandes dessinées Adèle Blanc-Sec.
Une figurine qu'il a sculptée lui-même, et qu'il compte vendre à des collectionneurs. Il compte produire
deux modèles de figurines la première année, et au bout de deux ans d'exercice, en sortir quatre
modèles par an. «La figurine devrait bien marcher, mais de là à en vivre... Il faut espérer. D'après
l'expert-comptable, quatre, c'est le nombre de modèles que je dois sortir chaque année pour avoir un
SMIC.»
Après seulement six mois d'efforts, Alban est déjà passé par des périodes difficiles. «Plus d'une fois,
j'ai eu envie de baisser les bras. Conjuguer une activité artistique avec une réalité financière, comptable
et juridique, c'est très ingrat.» En clair, il a été difficile de réunir les 20 000 euros nécessaire à la
création de la société. «Les banquiers sont frileux. Même avec une étude de marché validée par la
chambre de commerce, ils ne peuvent pas s'empêcher de demander une caution. J'ai la chance d'avoir
un père qui a les moyens et qui m'encourage, ça m'a beaucoup aidé.»
Mais le passage par le prêt est inévitable. Alban reconnaît que certains organismes toulousains lui ont
été très utiles, comme Haute-Garonne Initiatives, les aides ACRES, qui permettent d'être exonéré de
charges la première année... Sans cette assistance, Alban n'aurait jamais pu démarrer son activité en
juillet.
Autre obstacle à la création de l'entreprise, les formalités administratives et les connaissances à
mobiliser : «Ce n'est pas facile de créer sa propre entreprise», explique-t-il. «Ça fait appel à des
notions de droit pas évidentes. J'en ai vu quelques-unes pendant mon cursus de droit, mais c'était très
théorique.»
Alban se dit d'un naturel anxieux. Il avoue avoir un petit doute sur le succès de sa maîtrise de droit, car
il lui a été difficile de concilier les rendez-vous pour créer son entreprise avec les cours à l'université.
Mais, somme toute, il est sûr que « créer son entreprise à 23 ans, ça fait bien sur le CV.»
Nicolas LARDERET
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
233
Pauline, créatrice d’entreprise à Rodez
«À 23 ans, créer son entreprise, c’est le parcours du combattant!» Pour Pauline, c’est un cri du cœur.
«On ne fait rien, rien du tout pour nous aider, nous, jeunes créateurs d’entreprises.»
Pauline, avec sa PME, organise des salons et de l’événementiel d’entreprises. Elle est installée depuis
septembre 2003 à Rodez. En avril de la même année, elle a organisé avec succès son premier salon,
consacré au bricolage. Réaliste, Pauline garde la tête froide: «Ce salon a été la première rentrée
d’argent de mon entreprise. Mais c’était une opération blanche: je ne me suis même pas sorti un
salaire! Et en plus, tous les frais de logistique, la sono, les animations ont été payées grâce aux entrées
du salon! Si personne n’était venu, je m’endettais…» Malgré ce succès –elle veut le considérer comme
un succès– Pauline n’en a pas fini avec les difficultés. Elle a certes un petit salaire –moins de 500 euros
par mois– mais elle attend les mois de juillet et août avec anxiété. «Mes revenus sont très ponctuels, très
dépendants des contrats que je signe. En juillet et en août, je n’ai rien, alors j’essaie de décrocher des
contrats commerciaux.» Elle sourit, puis ajoute: «Je n’ai pas besoin de beaucoup: je passe ma vie au
bureau.» Pas facile, quand on a 23 ans. C’est le prix de l’indépendance financière.
Et elle l’a payée cher, son indépendance. «Pour m’installer, j’avais besoin de
4 500 euros. Je ne voulais pas me retrouver avec un emprunt sur les bras, alors j’ai vidé mon prêt
épargne logement. Mais pour avoir droit à certaines aides comme EDEN, il faut faire un emprunt en
plus de l’aide, à hauteur de 50% de la subvention.par exemple, pour 4 000 euros d’aide, je dois
emprunter 2 000 euros. Résultat, aujourd’hui, j’ai déjà un emprunt à rembourser.» Au moment de
remplir les dossiers, Pauline avoue qu’elle a frôlé la dépression. «J’ai lu plein de revues spécialisées.
Elles disent qu’il faut 15 jours pour monter une entreprise avec un projet solide, mais faut pas rêver. Il
y a tellement de formalités administratives, de dossiers, d’interlocuteurs différents, qu’il faut compter
deux mois.»
Aujourd’hui, Pauline aurait bien besoin d’un coup de main pour le travail administratif. Ainsi, elle
pourrait se consacrer au développement de son entreprise. Mais ce n’est pas possible. «Avoir quelqu’un
en alternance, ce serait l’idéal. Mais pour ça, il faut avoir au moins 3 ans d’existence. Mais
bizarrement, je peux prendre des stagiaires. En ce moment, j’en ai une, et elle s’éclate! Mais je suis
toujours obligée de refuser des contrats!»
Nicolas LARDERET
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
234
Madeleine prise par l’errance
18 heures. Madeleine émerge lentement du sommeil dans lequel elle est encore engluée. «Non, j’ai pas
fait la fête hier», répond-elle naïvement à un ami qui vient la railler. Elle s’énerve, commande à boire,
une bouteille de rosé. «Sans mon petit rosé, je tiendrais pas, confie-t-elle voûtée sur la table.
Madeleine a 23 ans. L’alcool, les drogues, une mauvaise nutrition et un sommeil irrégulier marquent
nettement son visage fané. De cette année, elle conserve peu d’images. «Mon dernier souvenir net
remonte à l’été 2002. J’étais serveuse dans un bar à Biscarosse. Plage et soleil… c’était vraiment bien.»
Depuis, l’horizon s’est gâté. Pour quelle raison, Madeleine n’en sait pas grand-chose. Elle ne voit pas
la déchéance que tous ses amis lui reprochent, en vain. Sa vie ressemble à une succession d’aventures
qui ne trouvent jamais d’aboutissement.
Née à Grenoble, elle y passe une enfance difficile avec sa mère divorcée. Son père, lui, habite à Luchon.
Larguée à l’école, Madeleine compense par le sport. «J’ai fait de la gym à haut niveau jusqu’à seize
ans. J’ai tout abandonné d’un coup. Mes articulations ont pas mal souffert de cette époque. Mais je suis
encore très souple.» À cette époque, son premier petit copain meurt dans un accident forestier.
Anéantie, elle choisit de rejoindre son père. Elle débute un BEP Agriculture à Saint-Gaudens. Rêve de
gosse, elle veut devenir éleveuse de chevaux. Le projet fait long feu. «J’ai arrêté d’aller en cours à six
mois des examens.C’est bête, hein? », conclut-elle de cet épisode de sa vie.
S’ensuivent deux ans de cohabitation douloureuse avec son père, un homme qu’elle décrit comme
violent et peu bavard. Elle rencontre un garçon, qui devient vite son seul refuge. Madeleine finit par
s’enfuir avec lui. «J’étais majeure, et donc libre de partir sans l’autorisation de mon père. Depuis, je ne
lui ai donné aucune nouvelle. Il n’a rien dit à ma mère de ma fugue, il ne voulait pas qu’elle l’apprenne
», dit-elle avec une moue d’écoeurement. Elle s’installe alors à Toulouse, trouve un emploi de serveuse
qui lui fait découvrir le monde de la nuit. «J’ai toujours été très nerveuse, c’était parfait pour tenir la
nuit. Mon patron m’aimait bien, il me permettait de boire gratuitement. J’abusais pas mal du rosé,
déjà », confie-t-elle.
Madeleine se trouve un appartement, elle emménage avec son copain. Tout semble aller bien, même
s’ils se disputent beaucoup, de plus en plus. Et puis son père refait surface dans sa vie. Nouvelle fuite.
«Il a appris par des Luchonnais que j’étais à Toulouse, et il s’est mis à me chercher. J’ai rendu mon
appart’, largué mon copain et je suis partie pour l’été dans les Landes. Là, j’ai fait la fête pendant cinq
mois.» Une bien triste fête pour s’oublier, qui finit par un retour sur Toulouse, cette fois dans un esprit
de clandestinité. Elle se terre chez un ami devenu son petit copain, qui lui fournit ecstasy et cannabis,
pour oublier. «Lui aussi voulait oublier des trucs. On n’en a jamais parlé entre nous, mais c’était clair
qu’on était dans la même situation.».
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
235
Quelques amis gardés de sa première époque toulousaine passent la voir, de moins en moins.
Madeleine, elle, ne sort presque plus de chez son copain, ne travaille plus, n’a plus de téléphone. Son
ami l’entretient. Elle accuse ses proches de parler d’elle à son père. En juillet 2003, elle s’enfuit, à
nouveau, dans le Gers, sans prévenir personne.
Aujourd’hui, comme hébétée, elle ne paraît pas en mesure de briser le cercle. Elle voudrait retrouver un
travail, «dans la couture, ou avec des chevaux», mais s’en sent incapable, alourdie par la pesanteur
des excès.
Pas l’envie et surtout aucune idée de la porte où frapper pour s’en sortir. Sans occupation ni ressort de
vie, Madeleine vit son errance dans l’immobilité, dans une logique infernale de circuit fermé. Elle s’est
trouvé de nouveaux amis, un groupe de jeunes qui vivotent entre l’Ariège et le Gers, sans plus de
détails. Ils forment une petite troupe de jongleurs en guenilles bariolées, mais rien d’exceptionnel.
Beaucoup ont quitté jeune le foyer familial, par envie ou nécessité. «J’ai encore pas mal de chose à
apprendre», déclare Madeleine.
Sa vie est désormais liée à celle de ses nouveaux frères de galère.
Dimitri PAVLENKO
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
236
Olivier, 24 ans, étudiant à Toulouse
À 24 ans, Olivier a un parcours d’étudiant plutôt classique. Après un baccalauréat littéraire obtenu en
1998, il s’inscrit en faculté d’histoire. De retour à Toulouse pour sa licence après trois ans passés à
Strasbourg, il décide de partir faire une année d’études à l’étranger, histoire de changer d'air. «Mon
choix s’est tout de suite porté sur l’Espagne. Je voulais perfectionner mon espagnol abandonné depuis
le lycée. Et surtout, à cette époque, j’avais pris conscience que je ne voulais pas vivre ma vie
professionnelle en France. D’ailleurs, j’avais déjà fait une demande pour partir l’année précédente,
mais je n’ai pas eu mon DEUG, ce qui m’a empêché de partir.»
Olivier passe alors son année à fignoler son dossier, avec lettre de motivation et parcours scolaire; ses
choix se portent sur Barcelone ou Valence. Mais c’est à Madrid ou plus exactement à Alcala de
Henares que son dossier est retenu. «Au Mirail, on m’a dit que cette université était plus pratique pour
mes recherches de maîtrise, que cela correspondait plus à mon sujet.» De cette période avant le départ,
Olivier se souvient que les formalités administratives étaient plutôt bien organisées, ce qui n’était pas le
cas des questions pratiques. «J’aurais aimé savoir ce qui m’attendait là-bas. Personne n’a su me
renseigner sur les cours que j’avais à choisir, et, surtout je ne savais pas comment me loger», explique
Olivier.
Ainsi, quand il arrive en Espagne au mois de septembre, il ne sait pas trop ce qui allait se passer. «Je
n'avais aucun contact, ni à Toulouse au Mirail, ni dans la faculté de Madrid, je devais me débrouiller
seul.» Arrivé sur place, Olivier se rend directement au bureau d'accueil des étudiants Erasmus, et là
non plus, on ne le conseille pas vraiment. «C'était assez mal organisé, mais j'ai vite relativisé ma
situation car c'était pareil pour tout le monde, et c'est même un bon moyen pour se faire des amis, se
souvient Olivier. Je crois que ce qui m'a le plus manqué, c'est une réunion avant de partir avec
quelqu'un qui a vécu à Madrid. J'aurais pu savoir plus rapidement que les logements étaient chers et
surtout que la meilleure façon de se loger quand on est étudiant, c'est la colocation.»
Pour cette année à l'étranger, Olivier a pu bénéficier de la bourse de mobilité Erasmus. «Ce n'est pas
grand-chose, l'équivalent de 50 euros par mois pendant 9 mois, mais c'est déjà bien. Ce qui est le plus
révoltant, c'est quand on parle avec d'autres étudiants étrangers. On se rend vite compte qu'il y a de
fortes inégalités entre les pays de l'Union européenne. Par exemple, les Allemands touchent 150 euros
par mois, et les Danois encore davantage!» Pour ce qui est de la bourse régionale, Olivier n'en a pas
fait la demande, et, après coup, il regrette. «Personne ne m'en a parlé à la Faculté, je ne savais pas
comment procéder et je croyais que c'était très compliqué à obtenir, ce qui a suffi à me décourager»,
admet-il.
Cette expérience à l'étranger a confirmé à Olivier son envie d'être mobile dans sa future vie
professionnelle. Ce qui explique son inscription, dès son retour d'Espagne, à un diplôme universitaire
tourné vers l'Europe. Et l'année prochaine, il compte bien effectuer un DESS sur les échanges culturels
entre les pays européens. «Avec le recul, je me dis que j'ai été mal orienté après mon bac. J'aurais pu
faire d'autres études et arriver plus vite à mes fins», regrette Olivier.
Justine SAUVAGE
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
237
La grande traversée
Originaire d'Oran en Algérie, Amine a fait le choix l'an dernier de traverser la Méditerranée pour finir
ses études en France, à Toulouse.
Amine a 23 ans. Il y a tout juste un an, il quittait son Algérie natale afin de poursuivre ses études. Son
histoire est celle de nombreux jeunes des anciennes colonies françaises. Si ses amis ont choisi l'Afrique
du Sud, le Danemark ou encore la Californie, lui a choisi la France. Question de moyens, explique-t-il :
«Parce que le français est la langue que je maîtrise le mieux. Et puis la situation géographique du pays
est idéale, pas très loin de l’Algérie, la mer l’océan la montagne…» Il est depuis l'an dernier l'un des
700 étudiants algériens sur Toulouse, la deuxième plus grosse communauté des 9000 étudiants
étrangers dans la région.
Originaire d'Oran, où sa famille vit depuis quatre générations, Amine y a fait l'intégralité de ses
études, avant de faire ce qu'il appelle le grand saut, une première dans sa famille. «Au lycée, j’ai choisi
la filière scientifique car j’avais envie de faire médecine. Mais j’ai eu une moyenne trop faible au bac.
J’ai donc été obligé de choisir une autre voie, et j’ai opté pour les sciences commerciales, option
comptabilité. J’ai passé quatre ans à la fac et j’ai obtenu une maîtrise. Puis je suis venu en France pour
une licence AES à Toulouse1.» Un choix vécu par lui comme une nécessité : «Dès que je suis arrivé à la
Fac, je savais qu'à un moment je devrais quitter l'Algérie. Les universités algériennes n'ont pas de
grande renommée, alors qu'ici en France, il y a la réputation et beaucoup de moyens mis à la
disposition des étudiants pour réussir. Beaucoup plus qu’en Algérie, où même les diplômés peinent à
trouver un emploi.»
La trajectoire d'Amine n'est pas une exception. Chaque année, de nombreux étudiants algériens font le
choix de quitter leur pays, sans avoir forcément le projet d'y retourner un jour. Un choix douloureux
pour le jeune homme ; Si son cœur est là-bas, l'argent, lui, est ailleurs : «Je veux faire carrière en
France, et donc forcément vivre ici. J'y suis obligé... Attention, je suis fier de mes origines, et je compte
bien retourner en Algérie. Mais surtout pour les vacances...». En attendant, Amine doit achever ses
études, un brin de nostalgie dans l'âme. Mais pas question pour lui de se laisser abattre : «Je suis
arrivé en France par mes propres moyens, avec mes économies de deux ans de travail à Oran. Ensuite,
j’ai un peu de famille sur Toulouse, ce qui m’a permis de m’installer chez eux et d’éviter pas mal de
dépenses. Comme mes parents ne peuvent pas trop m’aider, je travaille de temps en temps au marché,
pour avoir de l’argent de poche. Mais ma priorité reste mes études, alors le boulot, c’est le week-end
seulement. Sérieusement, j'ai des conditions de réussite idéales!»
Amine est conscient que sa situation est meilleure que celle de nombreux étudiants étrangers. Beaucoup
ne peuvent pas compter durablement sur l’aide financière de leurs parents, et vivent dans la pauvreté.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
238
«Quand on convertit le franc CFA, ou le dirham en euros, il ne reste pas grand-chose, commente
Amine. J’ai de la chance comparé à certains. C’est dur de trouver un job avec une nationalité étrangère
sans autorisation provisoire de travail. En plus, tu n’as pas le droit de faire plus de 16
heures/semaine.»
Sur le campus, le jeune homme commence à connaître du monde, mais ça a pris du temps. «C’était
froid au début, je n’aimais pas du tout. J’avais envie d’arrêter, car j’avais l’habitude d’être entouré.
Mais puisque je suis sociable, ça s’est amélioré grâce aux TD en petits groupes et surtout en sport.
Maintenant j’ai de la bonne compagnie, donc une meilleure intégration avec tout le monde.» Le futur?
Amine l'envisage avec optimisme. «Un boulot stable, commercial en grande surface ou dans la banque.
Là où ça bouge... Ça devrait pas être trop dur à trouver. Ce n’est pas comme en Algérie, où on peut
galérer des années, même avec un diplôme commercial!»
Dimitri PAVLENKO
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
239
Annexe 3
Témoignages de deux jeunes de la Mission Locale de la Haute-Garonne
recueillis par les conseillers du CESR lors de l’audition du 3 mars 2004
Témoignage de Delphine, 18 ans
«En troisième, Delphine veut s’occuper de jeunes enfants. Elle ne trouve pas de place
dans un BEP Carrières sanitaires et sociales et ne peut préparer le CAP Petite
Enfance, réservé à la Formation continue. Elle redouble sa troisième pour améliorer
ses chances sans succès et est orientée vers un BEP secrétariat, qu’elle obtient. Entrée
en Bac pro, elle décroche très rapidement. Son problème, c’est l’orientation.
L’ANPE où elle va s’inscrire la dirige vers la Mission Locale d’Aucamville. À ce
moment, elle redéfinit son projet et, à présent, souhaiterait être animatrice
socioculturelle, toujours pour s’occuper d’enfants, et projette de passer le BAPAAT.
Pour valider ce projet, un parrain du réseau de parrainage de la MIL 31 lui a trouvé
un stage qu’elle va commencer prochainement. Reste le problème du financement du
BAPAAT, qui relève du Ministère de la Jeunesse et des Sports, dont la formation coûte
de 15 à 20 000 francs.
«La Mission Locale m’aide actuellement pour acquérir les prérequis à la formation
au diplôme, un dossier a été déposé dans le cadre du programme «accès individuel»
du PRFP du Conseil Régional. Elle m’aide à baliser mon parcours.»
Actuellement, elle vit chez son copain, qui lui travaille. Ses parents l’aident un peu.
Témoignage de FABRICE, 18 ans
À la fin de la 3e, FABRICE n’a pas vraiment fait un choix de projet professionnel, il
sait seulement qu’il ne veut pas poursuivre en enseignement général. Mécanicien lui
plairait bien. Il s’inscrit donc en BEP mécanique automobile au Lycée Galliéni en
septembre 2001. Après l’explosion d’AZF, les jeunes de Galliéni sont accueillis par
les entreprises et il effectue un stage dans le garage RENAULT, proche des nouveaux
locaux du Lycée. Il découvre alors que le métier de mécanicien ne correspond pas à ce
qu’il avait pensé ou imaginé. «Les moteurs, c’est tout de l’informatique, et puis,
pendant le stage, j’étais au service commercial et ça m’a plu». il souhaite alors
poursuivre par un Bac pro Commerce en alternance. Il ne trouve pas d’employeur
pour signer son contrat. «Beaucoup de portes se sont alors fermées», constate-t-il. Il
déclare qu’il est très content de l’aide que lui apporte la Mission Locale.
Il vit chez ses parents où il est logé et nourri. En parallèle, il travaille, il vend des
contrats par téléphone. Cependant, il habite un village, certes proche de Toulouse
mais mal desservi et il rencontre des problèmes de transport.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
240
GLOSSAIRE
A
AES
Administration Economique et Sociale
AFEV
Association de la Fondation Etudiante pour la Ville
AFPA
Association pour la Formation Professionnelle des Adultes
AGEFIPH Association pour la GEstion des Fonds pour l’Insertion professionnelle des
Personnes Handicapées
ALS
Aide au Logement Social
ANACEJ
Association NAtionale des Conseils d’Enfants et de Jeunes
ANPE
Agence National Pour l’Emploi
APA
Allocation Personnalisée à l’Autonomie
APL
Aide Personnalisée au Logement
B
BAFA
BAPAAT
BEATEP
BEP
BIJ
BIT
BP
BTS
Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animateur
Brevet d’Aptitude Professionnel d’Assistant Animateur Technicien
Brevet d’Etat d’Animateur Technicien de l’Education Populaire
Brevet d’Etudes Professionnelles
Bureau d’Information Jeunesse
Bureau International du Travail
Brevet Professionnel
Brevet de Technicien Supérieur
C
CA
CAD
CAF
CAP
CAVL
CCREFP
Contrat d’Apprentissage
Centre d’Aide à la Décision
Caisse d’Allocations Familiales
Certificat d’Aptitude Professionnelle
Conseil Académique de la Vie Lycéenne
Comité de Coordination Régional de l’Emploi et de la Formation
Professionnelle
CDD
Contrat à Durée Déterminée
CDI
Contrat à Durée Indéterminée
CEC
Contrat Emploi Consolidé
CEL
Contrat Educatif Local
CEREQ
Centre d’Etudes et de REcherches sur les Qualifications
CES
Contrat Emploi Solidarité
CFA
Centre de Formation d’Apprentis
CIE
Contrat Initiative Emploi
CIO
Centre d’Information et d’Orientation
CIRASComité d’Initiative et de Recherche Aéronautique et Spatiale
CIVIS
Contrat d’Insertion dans la Vie Sociale
CJE
Contrat Jeune en Entreprise
CLEE
Comité Local Ecole Entreprise
CLIPA
CLasse d’Initiation Pré-professionnelle en Alternance
CLSH
Centre de Loisirs Sans Hébergement
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
241
CMEJ
CMU
CNAM
CNED
CNRS
CP
CPA
CPER
CPGE
CQJ
CRAJEP
CREPS
CRIJ
CRJ
CROS
CROUS
CV
CVL
CVL
Conseil Municipal d’Enfants et de Jeunes
Couverture Médicale Universelle
Conservatoire National des Arts et Métiers
Centre National d’Enseignement à Distance
Centre National de la Recherche Scientifique
Classe Préparatoire
Classe de Préparation à l’Apprentissage
Contrat de Plan Etat Région
Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles
Contrat de Qualification Jeunes
Comité Régional des Associations de Jeunesse et d’Education Populaire
Centre Régional d’Education Populaire et de Sport
Centre Régional d’Information Jeunesse
Conseil Régional des Jeunes
Comité Régional Olympique et Sportif
Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires
Curriculum Vitae
Centre de Vacances et de Loisirs
Conseil de Vie Lycéenne
D
DARES
DASS
DEA
DEFM
DESS
DEUG
DIF
DMMO
DRASS
DREF
DRJSVA
DRTEFP
DSU
Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques
Direction des Affaires Sanitaires et Sociales
Diplôme d’Etudes Approfondies
Demande d’Emploi en Fin de Mois
Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées
Diplôme d’Etudes Universitaires Générales
Droit Individuel à la Formation
Déclaration de Mouvements de Main d’Oeuvre
Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales
Direction des Ressources Educatives Françaises
Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative
Direction Régionale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
Dotation de Solidarité Urbaine
E
EN
EPCI
EPLE
EREA
Education Nationale
Etablissement Public de Coopération Intercommunale
Etablissement Public Local d’Enseignement
Etablissement Régional d’Enseignement Adapté
F
FAJ
FASILD
FJT
FSL
Fonds d’Aide aux Jeunes
Fonds d’Aide et de Soutien pour l’Intégration et la Lutte contre les
Discriminations
Foyer de Jeunes Travailleurs
Fonds de Solidarité pour le Logement
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242
G
GPV
Grand Projet de Ville
I
IA
INJEP
INPES
INRA
INSEE
IPA
IUFM
IUP
IUT
IVA
IVG
Inspecteur d’Académie
Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire
Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé
Institut National de le Recherche Agronomique
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
Insertion Professionnelle des Apprentis
Institut Universitaire de Formation des Maîtres
Institut Universitaire Professionnel
Institut Universitaire de Technologie
Insertion dans la Vie Active
Interruption Volontaire de Grossesse
J
JAPD
Journée d’Appel de Préparation à la Défense
L
LP
Lycée Professionnel
M
MCEF
MGI
MJC
ML
MRJC
MST
Maison Commune Emploi Formation
Mission Générale d’Insertion
Maison des Jeunes et de la Culture
Mission Locale
Mouvement Rural des Jeunesses Chrétiennes
Maladie Sexuellement Transmissible
O
ONG
OPAC
ORSMIP
ORUMIP
Organisation Non Gouvernementale
Office Public d’Aménagement et de Construction
Observatoire Régional de la Santé en Midi-Pyrénées
Observatoire Régional des Urgences en Midi-Pyrénées
P
PACA
PACS
PAIO
PAP/ND
PH
PIB
PIJ
PME
PRDF
PRFP
Provence Alpes Côtes d’Azur
PActe Civil de Solidarité
Permanence d’Accueil d’Information et d’Orientation
Projet d’Action Personnalisé pour un Nouveau Départ
Personne Handicapée
Produit Intérieur Brut
Point Information Jeunesse
Petite et Moyenne Entreprise
Plan Régional de Développement des Formations professionnelles
Programme Régional de Formation Professionnelle
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243
R
RGP
RMA
RMI
Recensement Général de la Population
Revenu Minimum d’Activité
Revenu Minimum d’Insertion
S
SCOT
SDF
SEGPA
SMIC
SNCF
STMT
STS
Schéma de COhérence Territoriale
Sans Domicile Fixe
Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté
Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
Société Nationale des Chemins de fer Français
STatistiques du Marché du Travail
Section de Technicien Supérieur
T
TICE
TOS
Technologie de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement
(personnel) Techniciens, Ouvriers et de Services
U
UIMM Union des Industries et Métiers de la Métallurgie
UNEDIC
Union Nationale pour l’Emploi Dans l’Industrie et le Commerce
V
VAE
Validation des Acquis de l’Expérience
Z
ZEP
ZUS
Zone d’Education Prioritaire
Zone Urbaine Sensible
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
244
EXPLICATIONS DE VOTE
ET
DÉCLARATION
Présentées par :
Bernard ALBERT
représentant de l’Union Régionale des
Organisations familiales
Jean BELOU
représentant des Professions libérales
Pierre GACHES
représentant de la Chambre syndicale des
Industries Chimiques
Jacques VANPOUCKE
représentant du Groupe CGT
Serge CRABIÉ
représentant de la Chambre Régionale de
Métiers
Philippe SÉVERAC
représentant de la FSU
Jean-Luc GUETTAT
représentant de l’Union Régionale CFTC
Philippe LEMAITRE
représentant des Unions départementales
Force Ouvrière
François PAPON
représentant de l’Union Régionale CGC
Odile LAURENT
représentante du Groupe CFDT
Philippe GENTHON
représentant de la Fédération Régionale des
Conseils de Parents d’élèves des Écoles
publiques
Hélios GONZALO
représentant de l’Union Régionale de la
Conférence permanente des coordinations
associatives
Marie-Denise XERRI
en tant que personnalité qualifiée
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Assemblée plénière du 5 novembre 2004
245
Intervention de Bernard ALBERT,
représentant l’Union Régionale des Organisations familiales
Nous partageons dans son ensemble, l’image de la jeunesse décrite dans le «Projet d’avis»
qui vient de vous être présenté et tenons à remercier tous eux qui ont participé à l’élaboration
de ce document.
L’enquête sur les «Jeunes Français et leurs valeurs», présentée par Bernard ROUDET, nous
révèle que pour plus de 80 % d’entre eux, c’est la famille qui est citée en premier comme
domaine de la vie considéré comme très important.
Pour nos Associations Familiales, la famille est le premier lieu d’éducation, de construction
de l’individu, le jeune étant au cœur des liens familiaux.
Tout ce qui concerne la prévention, dans le domaine de la santé notamment, s’effectue dans la
famille, mais aussi par les médias, à l’école, au collège, au lycée et dans tous les lieux
fréquentés par les jeunes.
Les parents doivent incarner l’autorité de l’adulte pour le jeune et tout particulièrement pour
l’adolescent. Ils doivent poser des limites claires et s’y tenir. Il est impossible d’éviter aux
jeunes d’être confrontés au danger, mais il faut que la famille crée l’occasion du dialogue.
Ce dialogue est à nos yeux particulièrement important, vis-à-vis de la présentation des
évènements qui nous est faite par les médias, et la télévision notamment, qui ne s’intéressent
généralement qu’à ce qui va mal, avec de temps en temps un regard sur le positif.
Le danger, la peur, sont excitants pour le public. Mais du coup, cette image crée l’amalgame
entre jeunesse et violence, jeunesse et maladie, quand il s’agit du SIDA par exemple.
Nos réflexions et nos actions au bénéfice des jeunes doivent à nos yeux s’organiser autour de
deux axes:
Agir avec les familles
Accompagner les jeunes et les adolescents; tout ceci au sein des secteurs qui
constituent leur quotidien:
- dans la famille,
- dans l’école et la société,
- dans leurs projets,
- dans leur environnement,
- dans leur vie quotidienne,
- vis-à-vis des technologies nouvelles…
en situant le rôle et la place des parents, grands-parents, fratrie et en les aidant à assumer leurs
responsabilités.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
246
C’est pourquoi, il nous paraît important:
• de contribuer à la mise en œuvre de formations à «être parents d’adolescents
aujourd’hui»,
• de développer les réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents
(REAPP),
• de créer des réseaux d’entraide pour les parents,
• de créer des outils permettant aux jeunes de s’informer, de comprendre, de s’ouvrir
aux différents sujets qui les préoccupent,
• de développer des actions spécifiques en direction des grands-parents, étant donné
la place qu’ils occupent souvent et de plus en plus auprès de leurs petits-enfants.
Il est essentiel, et ceci tout particulièrement dans la période de l’adolescence, que l’éducation
affective soit prise en compte par l’ensemble des partenaires notamment l’école. Qu’ils soient
présents et ouverts pour permettre l’écoute, l’échange, la confrontation nécessaire de
l’adolescent avec le monde des adultes, la famille devant rester la première responsable de
l’éducation affective et sexuelle.
En ce qui concerne le jeune dans ses projets, nous constatons que l’orientation est vécue par
trop de jeunes et de familles comme un processus d’affection dans une filière scolaire et non
comme un choix progressif.
Il nous paraît important de passer d’un tel processus subi à une construction dont le jeune est
le premier acteur pour élaborer son projet de vie.
C’est pourquoi nous proposons:
• de faciliter l’acquisition d’expérience par des stages dans le milieu professionnel,
comme le permettent les formations en alternance;
• de permettre des rencontres de l’adolescent avec des professionnels, de jeunes
apprentis et de jeunes scolaires;
• de valoriser les engagements divers des jeunes dans des activités sportives,
culturelles, associatives…pour permettre de découvrir ses goûts, ses aptitudes (en
dehors des seules références scolaires ou professionnelles) et comment les
différents métiers pourraient les valoriser.
Enfin, si l’éducation du choix est une nécessité, il importe de respecter ce choix quand il est le
résultat d’un processus mûri.
Ceci implique que chaque jeune puisse librement choisir son orientation professionnelle et
que ce choix soit respecté et valorisé par le système d’orientation scolaire.
Pour les jeunes handicapés, les Associations Familiales soutiennent la volonté forte des
mouvements spécifiques de parents d’enfants pour que ceux-ci soient intégrés dans l’école
ordinaire. C’est la condition pour que leur intégration dans la société soit facilitée au moment
de leur passage dans le monde des adultes.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
247
La santé des jeunes est également un aspect essentiel de préoccupation pour les familles qui
constatent un très grand déficit de la médecine scolaire et un manque crucial d’infirmières
scolaires. Nous demandons que des moyens nouveaux soient rapidement donnés dans ce
secteur et que soient également développés des projets dans le domaine de l’information et de
la prévention, en y associant très étroitement les jeunes.
Les technologies de l’information et de la communication nécessitent un apprentissage de la
maîtrise, dès le plus jeune âge, et évitent de stimuler l’agressivité naturelle, tout
particulièrement au moment de l’adolescence, en les orientant vers le respect de leur corps et
des personnes différentes d’eux, quel que soit leur âge.
Les Associations Familiales demandent que les animateurs de radio et de télévision aient des
compétences particulières pour parler aux adolescents (en dehors de l’évolution de l’audimat)
par des formations validées par des spécialistes de l’adolescence.
Bien d’autres points seraient à évoquer. Des points qui ont été répertoriés, travaillés au sein
du Mouvement Familial et pour lesquels des propositions d’action ont été formulées.
Nous nous retrouvons dans les constats et les propositions du rapport qui vient de nous être
présenté et que nous voterons.
En conclusion, nous tenons à affirmer fortement que pour nous, les parents sont les premiers
éducateurs de leurs enfants. Qu’ils doivent être associés dès le départ aux questions qui
concernent l’éducation et le développement des jeunes, l’école avec ses enseignants en étant
un partenaire privilégié.
Notre réflexion se fonde sur les notions de parentalité, d’autorité, d’éducation et d’amour, de
reconnaissance et de valorisation.
Avant tout, adoptons un comportement respectueux du jeune, pour qu’il se respecte lui-même.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
248
Intervention de Pierre GACHES,
représentant de la Chambre Syndicale des Industries Chimiques
Sur le thème identique, j’ai trouvé que l’on parlait beaucoup des trains qui n’arrivaient pas à
l’heure dans le rapport entre les jeunes et l’entreprise.
À ce titre, la notion d’emploi stable assorti de stages ou de formations, ce n’est pas à sens
unique. À savoir que souvent les jeunes n’ont pas la reconnaissance morale de rester un
minimum de temps dans l’entreprise, après avoir été formés, et bien formés, aux frais de
l'entreprise.
Ce n’est donc pas aussi simple que ce qui a été présenté. L’entreprise est aujourd’hui à mon
sens plutôt un auxiliaire de l’Education Nationale, que quelqu’un qui se sert des jeunes pour
faire sa production.
Personnellement je m’abstiendrai.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
249
Intervention de Jean BELOU,
représentant des Professions Libérales
Le groupe des professions libérales apprécie l’importance du rapport et la pertinence de la
plupart des analyses.
Toutefois, il regrette qu’à partir de cas isolés, il soit fait des généralisations abusives.
Ainsi, à propos des stages, il est indiqué que les établissements d’enseignement élaborent des
conventions de complaisance, que les stagiaires sont peu ou pas rémunérés, que les
entreprises exploitent cette main-d’œuvre gratuite.
Ces affirmations sont excessives. En effet, mon expérience personnelle dans de très
nombreuses entreprises me permet de dire que les stagiaires perçoivent des indemnités et
surtout que l’accueil des stagiaires représente pour les entreprises davantage un coût qu’une
production effective.
Le groupe des professions libérales approuvera le rapport …du bout des lèvres.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Intervention de Jacques VANPOUCKE,
représentant du groupe CGT
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Mesdames et Messieurs,
Chers Collègues,
Il est étonnant que le sujet de notre saisine —des plus central, s’il en est— ne soit pas déjà
rebattu.
Faut-il rechercher l’origine de la virginité de ce thème dans la norme sociale qui règne, dans
les années soixante, en France. Les jeunes sont alors, en toute turbulence et docilité, au cœur
de la société (comme un germe au creux de la graine), acceptent généralement les divers rites
de passage leur permettant, dans le cadre national, d’accéder au statut de citoyen éligible, et
trouvent sans trop de mal un travail rémunéré. L’emploi précaire est accidentel, localisé, et de
courte durée, en général.
L’État assure alors, depuis le début du XXE siècle, une bonne part du processus de
construction de l’individu citoyen, apte à travailler, à travers le gigantesque dispositif de
l’Éducation Nationale. Nous sommes nombreux, ici, à savoir lui devoir beaucoup, aussi bien
par ce qu’on a intégré de ses leçons que par ce qu’on a remis en question pour mieux se
constituer. Les avancées sociales, d’une part, et le monde des entreprises, d’autre part, tant
privées que d’État, garantissent généralement l’insertion des jeunes, et leur accès, par
l’indépendance économique, à la condition d’adulte.
Bien sûr, tout n’est pas rose. La persistance d’antiques traditions irrespectueuses de
l’individu, associée à l’extrême violence des conflits de ce siècle, génèrent des conduites peu
amènes. Rigidités éducatives et brutalité des rapports inter-individuels, très répandues, tant
dans le cadre familial que dans celui du travail, frappent d’abord enfants et adolescents, plus
encore les filles. Les rites pratiqués pour “intégrer” à la collectivité (bizuth en classe prépa,
bleusaille à la caserne, arpette à l’atelier) sont cruels trop souvent, voire sadiques, « tu dois y
passer, comme tout le monde! ». Les protestations sont nombreuses et fréquentes. Les
revendications aussi, tant sur les conditions du travail que sur sa rétribution.
Mais l’époque est à la négociation, à la concertation, à la réglementation, à la protection
sociale, à la redistribution, … au plein emploi. Les entreprises investissent dans les moyens de
production, progrès techniques et grands chantiers se multiplient. Le progrès social, la
croissance, semblent palpables.
La jeunesse considère le futur avec gourmandise, s’y projette, revendique de nouvelles
pratiques, plus de considération, et plus de libertés. Elle remplit avec sérieux son rôle social:
questionner, brocarder, bousculer les idées reçues, contester le vieil ordre établi, et préparer
ainsi la relève des classes d’âge supérieur.
Et voici l’ère du totalitarisme financier, ère de l’envol des profits boursiers, prioritaires
mondialement.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
251
C’est l’ère où un plan social de licenciements et de retraites anticipées, dans un des
établissements d’un grand groupe, suffit à provoquer mécaniquement une montée du titre en
bourse: baisse des coûts et hausse des profits. Les banques, elles-mêmes soumises aux dictats
de leurs actionnaires, ont majoritairement une fonction prédatrice sur les entreprises qu’elles
financent ou dont elles détiennent des titres, et sur leurs débiteurs.
Les organismes de financement social et d’aide, mutualistes, coopératifs, de prévoyance, de
fonds de pensions, dont la finalité n’est pas l’enrichissement d’investisseurs capitalistes
privés, se trouvent contraints de participer, eux aussi, au grand vol. Les chroniqueurs des
marchés boursiers masquent ce fait en donnant à ces organismes une désignation pudique:
investisseurs institutionnels.
L’époque est à la déréglementation, aux délocalisations, aux dénationalisations. Le credo
libéral en vogue, ressassé sur un mode incantatoire, est qu’il faut réduire « coût du travail » et
« charges ». C’est, là, vouloir cacher que le travail est producteur de valeur ajoutée, et que les
cotisations patronales ne sont que la part de richesse redistribuée, juste contribution à la
collectivité qui assure aux entreprises, par la protection sociale et la formation, la maind’œuvre dont elles ne peuvent se passer.
Le chômage est devenu institutionnel, généralisé, utilisé comme outil de pression sur les
salaires, de mise en concurrence des classes d’âge sur le marché du travail, et de réduction des
investissements. L’emploi stable est rare, et encore faut-il que la collectivité en suscite la
création par un arsenal d’aides, d‘exonérations de charges, d’impôts, et de taxes. L’emploi
précaire est devenu le standard: à temps partiel, de durée limitée, de productivité intense,
sous la houlette d’aboyeurs d’ordre rétribués et, même, formés pour cette fonction.
Dans ce contexte général de violence des conditions d’emploi, les victimes sont plus
fréquemment les jeunes, plus encore les filles, comme d’habitude.
L’État persévère à utiliser, avec application, des mesures qui ont fait, depuis bientôt vingt ans,
la preuve de leur inefficacité, pour les meilleures, et de leur nocivité pour la plus grande part.
La dérive constatée avec le dispositif «emplois-jeunes», dévoyé de son objectif premier, en
est la démonstration. La logique délétère résultant du dogme libéral était qu’en abaissant le
coût du travail non qualifié on incite le patronat à embaucher des jeunes non qualifiés. À
terme, cela n’a fait que tirer du chômage quelques jeunes qualifiés, mais au prix d’une
dévalorisation de leurs diplômes et qualifications.
La supercherie est déjà ancienne. On claironne que le chômage est dû à une formation
inadaptée, des qualifications insuffisantes. On multiplie les plans de formation, les jeunes se
forment, et, au bilan, pas d’amélioration du nombre d’emplois créés. Les mesures pour
l’emploi des jeunes non qualifiés viennent alors prendre le relais. Les “ bénéficiaires ” en sont
les jeunes qualifiés piétinant à la porte; triste consolation !
De même, les exonérations de cotisations reportent la charge sur les contribuables, mais sans
la compensation d’un développement véritable de l’emploi ; ces dernières années en font foi.
La dictature du “tout finances ” conduit les entreprises de taille importante à désinvestir pour
mieux jouer en bourse, et les autres à sacrifier aux objectifs de leurs banquiers, tout en
reportant la pression sur leur personnel et en quémandant des aides publiques. Les masses
d’argent mobilisées s’évaporent, alimentent les bulles spéculatives, qui se condensent au seul
profit des habitués des paradis fiscaux, mais l’ensemble du tissu social en est affecté.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Au bilan, en mars 2004, on comptait 5,1 millions de personnes sur emploi non qualifié en
France. Il est difficile de mener politique de l’emploi plus destructrice, et désespérante pour
les victimes, actuelles ou à venir.
Les méthodes de “ responsabilisationindividuelle ”, et de coercition en bas de l’échelle
hiérarchique, instaurées dans les entreprises par les gestionnaires en ressources humaines,
conduisent à une intériorisation, par le travailleur lui-même, des contraintes et des normes
externes, qui relèvent de l’encadrement.
Je fais l’impasse sur la maltraitance des jeunes chercheurs en formation; la commission 3 de
notre CESR a prévu de se préoccuper de leur sort; un avisest en préparation.
Les normes sociales de l’emploi ne sont plus respectées;les contrats de droit privé, dans la
fonction publique, conduisent à des situations où un jeune précaire effectue les mêmes tâches
qu’un titulaire, sans bénéficier des acquis de la fonction publique. C’est le triomphe de
l’arbitraire, dans la multiplication des inégalités.
En guise de conclusion
Les violences de tous types dont souffrent les jeunes font l’objet d’un constat accablant. Elles
sont en grande partie dues à l’absence d’un droit reconnu à une autonomie véritable,
opposable aux intentions et projets que toute personne, physique ou morale, appartenant à leur
environnement social, familial, éducationnel, ou économique, puisse concevoir à leur égard.
Cela relève de la justice de base, et du dispositif de vigilance sociale.
Plus concrètement, c’est par les conditions d’une formation ambitieuse pour l’avenir du jeune,
et de véritables droits, à l’emploi et au logement, qu’il pourra construire, par lui-même, son
autonomie. Il est évident que l’État n’assume pas pleinement ses responsabilités, eu égard aux
jeunes; on tend donc à se tourner vers les instances régionales, pour y chercher plus de
cohérence.
Voici les principales revendications que les jeunes de la CGT ont recensées récemment, à
l’occasion d’un travail sur les (nombreux) jeunes travailleurs saisonniers, ceux de la
restauration rapide et livrée, des parcs de loisirs et des espaces de loisirs:
•Arrêt des dispositifs spécifiques (discriminatoires) jeunes, excepté pour les jeunes en
grande difficulté d’insertion, à condition qu’elles soient transitoires, et débouchent sur
des qualifications et un emploi stable.
•Transformation des emplois précaires en emplois stables, correctement rémunérés.
•Insertion par le travail et la formation, avec obligation d’embauche après un contrat
aidé.
• Reconnaissance des diplômes obtenus, à l’embauche, et rémunération conforme à la
grille salariale.
•Droits syndicaux, protection sociale, pour tout jeune en insertion, et nondiscrimination en matière de salaire et de garanties collectives.
•Allocation pour les primo demandeurs d’emploi, dès la sortie scolaire, jusqu’au
premier emploi.
•Politique d’accueil et de logement pour les jeunes.
•Des droits pour les étudiants salariés.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
253
Le groupe de travail a beaucoup œuvré à cet avis, avec bon nombre d’auditions et de séances
aux débats laborieux. Notre chargée de mission et le rapporteur aidant —ils ont fourni un
travail considérable— nous avons fini par aboutir à un avis qui semble convenir, au moins
aux représentants de la CGT. Nous y retrouvons beaucoup de nos positions; nous voterons
donc cet avis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
254
Intervention de Serge CRABIÉ,
représentant de la Chambre Régionale des Métiers.
Je tiens à saluer l’initiative du CESR d’autosaisine sur cette question fondamentale et
préoccupante de notre jeunesse. Il semble tout à fait intéressant d’aborder transversalement les
différentes problématiques auxquelles elle doit faire face. La proposition du CESR de
conditionner l’intervention financière de la Région à l’existence d’un volet «jeunesse» dans
les contrats de pays, d’agglomérations ou de parcs naturels, me semble, à ce titre,
particulièrement pertinente.
Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons inverser les tendances actuelles du renforcement des
inégalités, de la précarité de l’emploi, de l’augmentation du nombre de personnes en errance
ayant des difficultés pour se nourrir ou se loger.
Je tiens donc à remercier vivement tous les membres de la Commission «EducationFormation-Emploi-Sports» pour la qualité de ce travail conséquent, tout à fait intéressant et
qui, je l’espère, débouchera sur des orientations politiques fortes du Conseil Régional.
De tout temps, les entreprises artisanales ont été des acteurs importants de la promotion
sociale. C’est un secteur stable et toujours créateur d’emplois. En région Midi-Pyrénées, de
2002 à 2003, nous sommes passés de 46 332 à 47 146 entreprises et de 109 848 à 110 892
salariés.
Nous avons également soutenu et développé l’apprentissage en France et particulièrement en
Midi-Pyrénées. La région compte huit Chambres de Métiers qui gèrent des centres de
formation d’apprentis pluri-professionnels. Au total, nous formons plus de 6 000 apprentis par
an, soit, pour cette année, 43 % des effectifs de notre région.
En 1998, la région avait eu la bonne idée de commanditer une étude au CARIF-OREF sur
l’insertion professionnelle des apprentis. Cette enquête, qui ne s’est malheureusement pas
renouvelée, et dont les résultats sont plus positifs que ceux de l’étude du CEREQ, référencée
dans ce document, a révélé que 60 % des entreprises, qui accueillaient les jeunes apprentis en
Midi-Pyrénées, étaient des entreprises artisanales; par ailleurs, 62 % des anciens apprentis
étaient embauchés cette même année dans nos entreprises.
S’agissant du thème de la formation, et en particulier de l’apprentissage, le CESR souligne
qu’un axe fort a été développé vers les lycées et les apprentis de la région. Je souhaiterais
cependant ajouter quelques précisions. Cet effort concernait principalement, d’une part, une
augmentation des effectifs dans l’apprentissage et, d’autre part, l’investissement sur la
construction de quatre CFA qui ne pouvaient plus faire face aux obligations relatives aux
normes de sécurité et d’hygiène.
Concernant la participation financière globale réservée à l’apprentissage, un effort important a
été fait dans la mesure où de nombreuses sections et CFA ont été habilités: cet effort est
remarquable. Mais dans un même temps, les dernières données éditées fin 2002, par le comité
de coordination, positionnaient la région Midi-Pyrénées avant-dernière sur ce point.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
255
La dernière augmentation du barème heure/apprenti, pour les niveaux 5, date de la rentrée
scolaire 2001. Pour vous donner un autre exemple, la Chambre de Métiers de l’Aveyron a été
contrainte de prendre la décision de ne pas ouvrir, l’année dernière, une section Bac pro
compte tenu des difficultés financières rencontrées. Ce désengagement sur le niveau 4 est
particulièrement dommageable pour les jeunes, le CFA et le développement de nos filières
dans l’apprentissage.
Nous souhaitons vivement que l’apprentissage artisanal, s’il ne bénéficiait pas autrefois de la
réputation qu’il mérite, voit maintenant son rôle de plus en plus reconnu et valorisé dans
l’insertion professionnelle.
Si j’ai apporté quelques précisions s’agissant de l’insertion, je souhaite également rappeler
une fois de plus, pour ce qui concerne les ruptures de contrats, que le chiffre de 20 %, précisé
dans le dossier, ne reflète pas la réalité. En effet, certaines ruptures sont, par exemple,
seulement liées à de simples modifications de statut juridique de l’entreprise ou encore à la
poursuite d’études vers un diplôme supérieur. Une rupture de contrat n’est pas forcément un
échec de l’apprentissage et ce chiffre ne peut donc être utilisé tel quel sans explication. C’est
la raison pour laquelle nous avons engagé, avec le laboratoire «Personnalisation et
Changements Sociaux» de l’Université Toulouse-Le Mirail, un travail de recherche
conséquent, sur deux années, financé par les Chambres de Métiers et le Conseil Régional.
Cette étude permettra de déboucher sur des données fiables et sur des démarches préventives
à destination des enseignants, des maîtres d’apprentissage et des personnels des Centres
d’Aide à la Décision, chargés de l’orientation de nos jeunes.
Concernant ce thème des ruptures, l’invitation faite au Conseil Régional, de créer un réseau
de médiateurs qui puisse faire le lien entre le jeune et l’entreprise me semble être un facteur
d’amélioration certain. Nous avons pu constater que, dans un lieu où une tierce personne
neutre a pu jouer ce rôle de régulateur, certaines ruptures envisagées ont pu effectivement être
évitées. Je regrette que cette initiative ne soit pas reprise concrètement dans la proposition 46
du CESR, parallèlement à celle de création d’une instance de dialogue et de concertation
propre aux apprentis qui me paraît également indispensable.
Je tiens également à souligner toute l’importance que j’accorde à la nécessité d’égalité de
traitement entre apprentis et lycées. En effet, ce contrat de travail de type particulier est
également un contrat de formation. À ce titre, il est nécessaire et légitime de donner aux
jeunes les mêmes chances de réussite, et, par conséquent, les mêmes traitements. Si je
retrouve cette affirmation (page 171) du document, ce n’est pas forcément le cas dans toutes
les mesures proposées.
En outre, j’aimerais souligner que, pour ce qui est de la bourse du premier équipement (page
36), elle existe uniquement pour les lycées professionnels et n’est pas accessible aux
apprentis. Un élargissement de la mesure me semble indispensable.
S’agissant du domaine si important de la santé, page 155, le CESR propose au Conseil
Régional de contribuer à la mise en place de lieux de dialogue et d’écoute des jeunes dans les
lycées. Cependant, si un plan de suivi de santé est également proposé pour les apprentis (page
157), ces lieux de dialogue me paraissent tout aussi importants dans les CFA.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Ce plan santé serait d’ailleurs d’autant plus efficace qu’il pourrait être renforcé au travers
d’une éducation à la santé, à la pratique sportive, voire, pour les jeunes internes, l’accès à des
activités sportives qui manquent cruellement aujourd’hui.
Enfin, s’agissant du chapitre important de la mobilité, nous nous devons de développer au
mieux cet axe et d’en préciser les objectifs. En effet, l’évolution des modes de vie, de
l’économie et des marchés nous met dans l’obligation, si nous voulons donner toutes les
chances à nos jeunes Midi-pyrénéens, d’en faire une priorité politique. D’autant que nous
n’avons pas encore, dans cette région, des infrastructures routières et ferroviaires
suffisamment développées. Cette mobilité régionale doit donc être au moins facilitée
financièrement.
Les apprentis sont particulièrement touchés par cette difficulté dans la mesure où les
entreprises peuvent parfois être très éloignées de leur CFA et de leur domicile. Certains ont,
par ailleurs, déjà des obligations familiales qui les obligent à faire de nombreux déplacements.
Le CESR souhaite l’octroi de réductions significatives sur les réseaux de transport régionaux
pour les trajets effectués dans le cadre des études. Je souhaite que l’on n’oublie pas les jeunes
en contrat d’apprentissage, et que, de ce fait, ils soient clairement mentionnés.
S’agissant à présent de la mobilité à l’international, le CESR précise que les programmes
européens sont insuffisamment utilisés. J’ai personnellement souhaité développer, au sein des
Chambres de Métiers et de la Chambre Régionale, diverses actions, notamment dans le cadre
des programmes européens Leonardo et Equal: les fonds européens sont insuffisants si l’on
souhaite la mise en place d’une véritable politique en ce sens.
Il est aujourd’hui indispensable que le Conseil Régional impulse une véritable politique
d’engagement sur la mobilité, qui débouchera forcément sur un nouveau dynamisme
interinstitutionnel déjà engagé, même s’il reste peu ambitieux en l’absence de moyens
suffisants.
Je terminerai en exprimant à la fois ma satisfaction d’avoir pu lire quelques tranches de vie,
mettant en avant ceux à qui ce travail est dédié, mais également toute mon inquiétude
s’agissant de la réalité des difficultés que la jeunesse d’aujourd’hui peut rencontrer. En ce
sens, ce travail et ces propositions me réjouissent.
Un seul point me chagrine: fallait-il, une fois de plus, caricaturer l’apprentissage au travers
d’un portrait autour de l’illettrisme…Souhaitons-nous véritablement développer
l’apprentissage en tant que filière de formation à part entière et source d’intégration
professionnelle ou souhaitons-nous le cantonner dans cette voie de la dernière chance? Ne
serait-il pas l’heure de lui accorder toute la place qu’il mérite au nom de la jeunesse
d’aujourd’hui et de son avenir, le meilleur possible pour demain…?
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Intervention de Philippe SEVERAC,
représentant de la FSU
M. le représentant du Préfet,
M. le représentant de Mme la Rectrice
M. le Président du Conseil Régional,
Mesdames et Messieurs,
Chacun ici s’accorde à reconnaître un «devoir d’avenir» pour notre société dans l’intérêt
qu’elle porte à la jeunesse et à l’héritage qu’elle lui prépare, et la chance pour le pays et la
région que représente la jeunesse.
Mais ce rapport a sans doute le mérite d’éviter globalement l’écueil du «lyrisme» et son
cortège de banalités, celui des stéréotypes vivaces et des amalgames commodes quand on
parle de jeunesse (violence, délinquance…) Tout comme celui d’une vision trop générale. Il
s’appuie au contraire sur une série de constats, de réalités vécues (même si elles dérangent
parfois), de problèmes rencontrés par les jeunes de Midi-Pyrénées dans leur chemin d’accès à
l’autonomie, qui constitue sans doute la caractéristique essentielle de la jeunesse, pour
dégager des propositions et des pistes d’actions concrètes, de portées variables sans doute et
de réalisations plus ou moins aisées.Nous avons le sentiment qu’il fait œuvre utile.
Le constat, fouillé et très documenté, malgré les lacunes que pointe le rapport lui-même dans
certains domaines compte tenu des difficultés à obtenir des renseignements fiables et qui
justifient qu’un véritable travail de connaissance et de collecte de données soit mis en œuvre
au niveau régional sur toutes les questions touchant à la jeunesse (comme le propose le projet
d’avis), fait ressortir plusieurs éléments caractéristiques:
-
les inégalités de situations des jeunes, sur le territoire régional, propres à MidiPyrénées avec sa forte concentration toulousaine très attractive et de multiples espaces
ruraux qui se dépeuplent diversement et vieillissent,
une jeunesse fortement scolarisée qui réussit bien, mais qui éprouve des difficultés à
l’entrée dans la vie active,
les discriminations dont sont victimes les jeunes filles, plus diplômées que les garçons
mais se retrouvant plus au chômage, par exemple.
Mais il montre surtout une tendance à la dégradation qui est inquiétante dans plusieurs
domaines (emploi, santé, logement…), une précarisation accrue et une paupérisation qui
s’étend, même si elle ne concerne pas tous les jeunes bien sûr, ou pas tous de la même
manière. Il n’y a pas une jeunesse, mais des jeunes. Et tous méritent que l’on s’intéresse à
eux!
Le rapport est suffisamment vaste et copieux, argumenté et détaillé, avec de nombreuses
propositions consensuelles dans les divers chapitres thématiques, pour que je me contente de
souligner quelques aspects seulement.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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LA FORMATION ET L’EMPLOI
Bien que la grande majorité des jeunes Midi-pyrénéens de la tranche d’âge étudiée
(15-25 ans) soit en situation de formation, au collège, au lycée, en centre de formation
d’apprentissage, à l’université ou dans d’autres dispositifs de formation, le rapport fait le
choix de ne pas aborder l’organisation des différents systèmes de formation ni de comparer
leurs mérites respectifs –certains manifestement ne résistent pas à la tentation de le faire-, et
met l’accent sur les aspects liés à la vie des jeunes, l’exercice de leur citoyenneté (des
initiatives existent déjà pour les lycéens –CAVL, CRJ-, d’autres doivent être prises pour les
jeunes apprentis) ou à la relation Formation-Emploi.
De nombreuses questions sont abordées et font l’objet de propositions en direction du Conseil
Régional, mais bien au-delà, de l’État comme des partenaires sociaux:
-
-
les questions de l’orientation et le déficit inquiétant -déjà noté ici- dans les filières
scientifiques ou encore la persistance des stéréotypes liés au sexe,
l’information des jeunes, à accroître, dans et hors du système de formation,
les stages en entreprise, dont le rapport stigmatise avec raison l’utilisation abusive
hors cursus de formation (et donc à finalités pédagogiques), à la «demande» souvent
des jeunes stagiaires cherchant à se constituer un C.V., tendent à se répandre, tant du
côté des entreprises que des grandes administrations. Nous soutenons quant à nous
l’idée d’une initiative régionale autour de la thématique «éthique-emploi»;
les possibilités de «seconde chance» pour les jeunes en difficulté qui ne se résume
pas à la seule initiative de l’école de la 2ème chance comme le montre le travail effectué
par les Missions Locales ou la Mission Générale d’Insertion de l’Éducation Nationale.
Mais une fois encore, les différentes études collectées montrent bien l’importance du
niveau de formation et du diplôme acquispour l’accès à l’emploi : plus le niveau de
formation est élevé, plus l’accès à un emploi est facile et durable, et les risques de
chômage moindre, même si nul n’en est prémuni.
Ce qui conforte la FSU dans sa revendication d’une obligation scolaire portée à 18 ans et
du maintien d’une forte exigence de formation initiale pour tous. Ce qui suppose
évidemment une transformation et une adaptation du système éducatif pour qu’il assure la
réussite de tous.
De ce point de vue, soit dit en passant,les propositions du rapport THÉLOT qui risquent
de servir de base à la future loi d’orientation pour le système éducatif marquent une
régression dangereuse avec l’abandon annoncé de l’objectif de 80 % d’une classe d’âge au
baccalauréat, et des cursus de formation à plusieurs vitesses, dès l’école primaire, et des
contenus de formation appauvris.
Les jeunes de Midi-Pyrénées réussissent bien leurs études et obtiennent un niveau de
qualification élevé, plus élevé comparativement aux autres régions. Pour autant, ils
connaissent des difficultés d’accès à l’emploi plus importantes qu’ailleurs, quel que soit le
niveau d’étude ou le système de formation (l’apprentissage connaît le même phénomène),
à cause essentiellement, semble-t-il, de la concurrence induite par l’attractivité de notre
région.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
259
Par ailleurs, diverses études de la DARES (Ministère du Travail) portant sur les
recrutements des jeunes sortants du système éducatif sur la période 2002-2005 soulignent,
malgré des évolutions démographiques favorables à l’emploi, l’insuffisance globale du
nombre d’emplois offerts aux jeunes comme le risque majeur pour les années à venir.
Tout cela conduit le rapport à proposer des mesures intéressantes pour favoriser
l’embauche des jeunes, dont l’accès est plus difficile aux jeunes manquant d’expérience,
notamment en conditionnant les aides que peut apporter le Conseil Régional aux
entreprises à la prise en compte de cette préoccupation.
Mais, si l’on ne veut pas que favoriser les jeunes aboutisse à défavoriser les moins jeunes,
l’enjeu majeur pour l’avenir, c’est sans doute celui du développement économique global
de la région, et de la création d’emplois en nombre et en diversité de qualification
suffisants, permettant à tous d’accéder à l’emploi et à l’insertion sociale. Car, les meilleurs
dispositifs d’aide à l’insertion, dont le rapport note également l’impact parfois limité et les
difficultés, ne peuvent efficacement conduire à l’emploi que si emploi il y a.
Cette question de l’emploi stable est considérée par les jeunes, rappelons le avec le
sociologue Bernard. ROUDET, comme le problème le plus grave auquel ils sont
confrontés, la fracture sociale la plus importante au sein de la jeunesse.
Les perspectives en la matière dépendent de la mobilisation de tous, pas seulement des
institutions, l’enjeu de la place de la jeunesse est bien une question de société.
SANTE ET LOGEMENT
Le précédent rapport sur le système de soins en Midi-Pyrénées avait déjà noté un certain
nombre de traits que notre étude confirme pleinement. La précarisation et
l’appauvrissement d’une part croissante des jeunes, l’inquiétude quant à l’avenir,
l’évolution de notre société et de nos modes de vie développent un mal être tangible et des
comportements sanitaires inquiétants: conduites addictives, accidents, violences, obésité
et mal bouffe … dont les jeunes Midi-pyrénéens ne sont pas épargnés. Mais le constat ne
suffit pas, il pose la nécessité d’une action forte en matière d’éducation à la santé, de
prévention en premier lieu, et dès le plus jeune âge, de signalement, traitement et suivi, de
contrôle … avec un souci particulier pour les jeunes filles qui en sont plus victimes.
Qui dit action, dit moyens mis au service de cet effort. Or, dans le système scolaire, les
services de santé scolaire, d’assistance sociale sont à proprement parler sinistrés, les
moyens largement insuffisants.
Et en dehors du système scolaire et du champ de la médecine du travail, beaucoup est
également à faire pour porter assistance à ces jeunes en souffrance qui ne prennent pas
toujours d’eux-mêmes le chemin du praticien ou de la structure qui peut l’aider.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
260
Le logement constitue également un problème important, notamment pour les étudiants,
l’actualité de ces dernières rentrées l’a bien montré. Là encore, la mobilisation des
différentes collectivités territoriales et de l’État doit permettre de répondre aux besoins
importants de construction de nouveaux logements et d’aide à la location de la seconde
ville universitaire de France, mais également de l’ensemble des jeunes, en formation ou
non, de la région. L’impulsion et l’aide du Conseil Régional peuvent être très importantes.
FINANCEMENTS
Le rapport rappelle avec raison la responsabilité de l’État dans la conduite et la mise en
œuvre d’une politique jeunesse, et son devoir de s’attacher à réduire les inégalités de
toutes sortes, notamment territoriales, au travers des politiques qu’il met en œuvre. Cela
doit le conduire à doter ses propres structures et ses actions, des moyens nécessaires à
l’accomplissement de ses missions et non à les réduire comme c’est le cas avec le budget
2005 pour l’Éducation Nationale et d’autres secteurs de l’action envers les jeunes, ou à en
transférer la charge aux collectivités locales, qui sont déjà fortement impliquées dans des
actions de proximité en faveur des jeunes.
Notre réflexion, ici, se situe, par nature, au niveau de la région et nombre de nos
propositions s’adressent au Conseil Régional. Pour autant, peut-on lui demander de tout
faire? De compenser tout ce que l’État et les autres collectivités ne font pas ou ne sont pas
en mesure de faire alors que la Région est sans doute la collectivité qui, en proportion,
dispose des ressources les plus faibles?
Cette situation se trouve aujourd’hui aggravée par la loi de décentralisation Raffarin, les
transferts de compétences et de charges imposés, notamment celui des personnels TOS
des lycées. En sus des risques de privatisation qu’il comporte pour les services concernés
et la rupture qu’il introduit dans l’équipe éducative, ce transfert des TOS risque très vite
de limiter de manière importante les marges de manœuvre de la collectivité et remettre en
cause d’autres actions que la Région mène aujourd’hui. Nous soutenons le combat que
mène le Conseil Régional dans ce domaine, nous lui demandons de le poursuivre, avec
conviction, et avec les autres conseils régionaux, pour mettre en échec ce transfert.
Nous ne mésestimons pas ce que le Conseil Régional a déjà entrepris pour les jeunes de
Midi-Pyrénées (chéquier lire, projets avenirs, réductions tarifaires sur les transports…) à
partir des grandes compétences qui sont les siennes en matière d’éducation, de formation
professionnelle, d’aménagement du territoire, ou de développement économique…,
démarche qui donne une cohérence à cette intervention, nécessairement transversale,
même si elle n’est pas aujourd’hui suffisamment lisible.
Nous demandons plus et mieux pour la jeunesse, sans aucun doute. Mais en demandant
plus pour la jeunesse aujourd’hui, au Conseil Régional, à l’État, aux différentes
collectivités locales ainsi qu’à tous les acteurs économiques et sociaux, ou associatifs qui
mènent une action importante, décisive en faveur des jeunes, qu’il faut saluer et soutenir,
nous avons le sentiment que nous en appelons à la mobilisation de tous pour la
construction d’un avenir plus solide pour Midi-Pyrénées et pour tous les Midi-pyrénéens.
La FSU votera cet avis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
261
Intervention de Jean Luc GUETTAT,
représentant du groupe CFTC
Monsieur le représentant du Préfet de région,
Monsieur le Président du CESR,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers collègues,
Bravo au rapporteur, un grand merci à la chargée de mission, et toutes mes félicitations aux
membres du groupe de travail. Ce projet d’avis est non seulement complet et cohérent, mais il
a aussi le mérite d’être bien présenté, par le rapporteur bien sûr, mais aussi et surtout parce
que la présentation de ce projet est à la fois logique, didactique et donc très pédagogique.
Quelle politique de jeunesse pour la région Midi-Pyrénées? Faut-il vraiment se poser la
question après cette rentrée scolaire flamboyante: de l’inauguration de lycées, à l’ouverture
de centres de formation pour apprentis et d’écoles de deuxième chance, sans oublier la mise
en place d’aides substantielles en faveur des jeunes de notre région?
Au nom de mon organisation syndicale, la CFTC, j’affirme que cette politique existe et que
nous la pratiquons au quotidien dans nos responsabilités associatives. L’action est certes
présente, les moyens aussi, mais ce que nous voudrions savoir aussi, comme le souligne
d’ailleurs ce rapport, c’est la cohérence de cette politique. Nous voudrions également saisir le
sens de cette politique en la resituant dans un contexte socio-économique large et, hélas,
incertain.
Même si on nous dit que notre compétitivité économique recule, nous devons continuer à
penser que compétitivité économique et compétitivité sociale sont intimement liées. Il est vrai
que le chômage augmente et qu’il touche plus particulièrement les jeunes, les plus de 50 ans
et les personnes handicapées, mais les Midi-pyrénéens ne sont pas prêts à accepter cette
fatalité, pas plus qu’ils ne sont disposés à admettre qu’une hausse du taux de chômage est
nécessaire à la relance de l’économie.
Nous sommes tous ici porteurs d’une ambition forte pour notre région et nos concitoyens.
Nous savons qu’il nous faudra une mutation profonde pour laquelle le facteur temps sera un
atout majeur.
Outre le facteur temps, la collectivité régionale aura elle aussi un rôle majeur dans la
promotion d’une ambition collective qui permettra d’optimiser les moyens disponibles et à
venir.
Notre capital le plus précieux est notre jeunesse car, malgré tout, elle ne se porte pas si mal, et
ce malgré les crises, la déprime et le doute de certains. Cette jeunesse, nous vivons avec, nous
partageons ses craintes et ses révoltes, elle nous bouscule et nous, nous résistons, mais nous
avons besoin d’elle comme elle a besoin de nous…Nous étions elle et demain elle sera nous,
tel est d’ailleurs le fondement de l’histoire de l’humanité.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
262
Pour qu’il y ait transmission entre générations et continuum, il faut qu’il y ait dialogue,
négociation, tolérance et conviction de part et d’autre. La jeunesse n’est pas seule, elle n’est
pas un électron libre, elle est partie intégrante de notre contexte économique, social et culturel
et lorsqu’elle a froid, c’est le monde entier qui claque des dents. Elle a toujours été
l’annonciateur d’évènements historiques et elle a le merveilleux privilège d’être notre avenir,
ne l’oublions pas.
Sachons donc lui donner des perspectives positives, réalistes et dans lesquelles elle puisse se
retrouver, sachons lui proposer un dessein à la hauteur de ses ambitions et surtout le moins
possible de recettes et d’outils, car elle retrouvera les siens comme nous l’avions fait nousmêmes.
Une ambition régionale certes, mais de grâce ne soyons pas frileux, dépassons les frontières
avec elle et encourageons-la à se former, à découvrir, à travailler, à créer, à entreprendre et
s’installer dans d’autres régions françaises mais aussi dans l’Union européenne, et pourquoi
ne pas oser la dimension internationale.
C’est cela aussi donner du sens à sa vie et vivre sa passion et, sans jeu de mot aucun, ce projet
d’avis va dans ce sens et la CFTC le votera.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
263
Intervention de Philippe LEMAITRE,
représentant des Unions Départementales FO
Monsieur le représentant du Préfet de Région,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Mesdames et Messieurs,
L’autosaisine du Conseil Economique et Social Régional de Midi-Pyrénées sur cette question,
outre les conditions relatives à la situation des jeunes se trouvant dans la tranche d’âge de 16 à
25 ans, a son origine dans l’attribution de nouvelles compétences données à la Région dans le
cadre de la loi du 13 août 2004.
Cette loi permet à l’État de continuer de se désengager d’un certain nombre de missions et de
se cantonner à ce qui est appelé communément «ses missions régaliennes»….
Cette décentralisation est opérée dans un contexte économique et social dégradé. La volonté
affichée de respecter les critères de convergences économiques liés au traité de Maastricht
(réduction du déficit budgétaire et de la dette) ne sera pas sans impact sur les politiques
menées par la Région.
Nul doute que la jeunesse doit et devrait justifier une politique à part entière, mais comme le
projet d’avis le pointe, il s’agit d’une action transversale de la Région. En effet, les actions en
direction de la jeunesse se retrouvent dans chacune des autres politiques menées par la
Région.
Dans un contexte social et économique dégradé, les catégories sociales jugées les plus
fragiles, (femmes, seniors, jeunes), sont évidemment les plus touchées par le chômage. Se
pose alors nombre de questions sur ce fait.
Apparaissent ainsi les problèmes liés à l’absence de qualification, l’inadéquation entre l’offre
et la demande d’emploi, et «pire encore», depuis quelque temps, les difficultés de
recrutement…
À ces constats, une réponse: l’Éducation Nationale ne remplit pas son rôle! Certes, l’école
publique a des lacunes (soulignées dans le projet d’avis), mais quelle fonction doit-elle
remplir? Fournir une main-d’œuvre clé en main aux entreprises ou former des femmes et des
hommes capables de raisonner et de se «former tout au long de la vie»?
À cette question, Force Ouvrière répond:
«Tout jeune doit pouvoir apprendre à temps plein un métier et acquérir une qualification
reconnue nationalement, ainsi qu’une solide culture générale dans le cadre de la formation
initiale, l’apprentissage en étant une composante. C’est à travers l’enseignement et la
formation que les élèves d’aujourd’hui deviendront des citoyens libres, responsables, dotés de
l’esprit critique, et des salariés qui sauront défendre leur droit tout au long de leur vie.»
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
264
À ce jour, toutes les mesures prises ou évoquées dans le but d’insérer les jeunes dans le
monde du travail passent par la précarisation de leur situation dans des parcours cumulant
stages, temps partiel, CDD, intérim, dispositifs d’insertion divers.
Ces parcours ne participent pas à l’acquisition de leur autonomie, et, au contraire, les
maintiennent dans un état de dépendance vis-à-vis de leur famille tant du point de vue
financier que du logement.
Quant à la création de comité d’éthique et/ou la labellisation d’entreprises, concernant
l’utilisation de stagiaires, Force Ouvrière demeure réservée car cela suppose que les
entreprises soient citoyennes.
Concernant la création de «maison de l’emploi», prévue dans le projet de loi BORLOO,
Force Ouvrière réaffirme sa volonté à ne pas remettre en cause les missions fondamentales de
l’ASSEDIC, chargée de l’indemnisation des travailleurs privés d’emploi, et de l’ANPE,
chargée du reclassement de ces derniers. Par ailleurs, la possibilité ouverte aux services de
l’ANPE, de se rémunérer via la création de filiales ou la facturation des prestations, remet en
cause le principe de gratuité et d’égalité d’accès au Service Public.
En opposition aux pratiques d’accompagnement de la précarité, Force Ouvrière rappelle que
les jeunes ont eux aussi droit à un vrai travail et un vrai salaire, et qu’en matière d’embauche,
seul le contrat de travail à durée indéterminée et à temps plein doit être la règle.
Les autres domaines prioritaires, définis dans le projet d’avis, n’appellent pas de remarques
ou précisions particulières de notre part, sinon que d’avoir globalement notre assentiment.
S’agissant de la citoyenneté et dans le but de favoriser l’engagement et la participation des
jeunes au sein des organisations syndicales, Force Ouvrière revendique l’application de la
convention 140 de l’OIT, adoptée en 1974, et qui consiste en la création d’un congé syndical
payé.
En tout état de cause, la meilleure politique mise en œuvre par la Région, dans le cadre de ses
compétences ou d’une volonté spécifique, sera celle qui participera à l’épanouissement d’un
ou d’une jeune, quel que soit le territoire où il réside.
Le groupe FORCE OUVRIÈRE votera l’avis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
265
Intervention de François PAPON,
représentant de l’Union régionale CGC
Monsieur le représentant du Préfet,
Monsieur le Président du CESR,
Mesdames, Messieurs,
Tout d’abord, la CFE CGC tient à remercier particulièrement Jean-Louis COLOMBIÈS,
Evelyne ROUCH et son assistante, sans oublier le groupe de travail de la commission 5, pour
l’excellent travail effectué durant ces dix derniers mois.
Après lecture du projet d’avis, nous n’avons pas beaucoup de remarques à effectuer.
Pourtant, à notre avis, dans le constat, le projet aurait pu mettre davantage l’accent sur la
question de l’aide financière liée au logement dont la baisse régulière compromet
l’expérimentation de l’autonomie, de la mobilité des jeunes, de leur entrée dans la vie active.
L’intérêt du rapport repose sur les objectifs posés, globalisant les problématiques que sont:
-
l’aide à l’entrée dans la vie active,
l’organisation de la vie des jeunes sur leur territoire d’appartenance
avec les 7 entrées prioritaires qui participent à la vision globale.
Nous insisterons sur les points bien sûr évoqués dans le rapport.
À savoir:
-
-
soutenir l’aide et l’information des familles,
lutter contre l’isolement des jeunes notamment sur les temps extra
scolaires ou universitaires et extra professionnels, en particulier les
soirs,
favoriser la mobilité des jeunes,
augmenter les chances d’intégration des jeunes dans l’entreprise en les
accompagnant à leur embauche, par un tuteur ou un parrain, car les
ruptures de contrat, quels qu’ils soient, se font souvent dès les premiers
jours, et par les salariés eux-mêmes.
Les 55 propositions, sans compter celles non mises en évidence, sont toutes d’un intérêt
certain. Nous souhaitons bien évidemment qu’elles soient prises en compte et, pour le vérifier,
nous demandons que soit fait un suivi et que d’ici un an, par exemple, soit présenté un bilan.
Pour terminer, la CFE CGC votera l’avis.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
266
Déclaration d’Odile LAURENT
représentante du Groupe CFDT
Il est indéniable que la jeunesse Française a, au fil des dernières années de plus en plus de
difficultés à basculer dans l’âge dit adulte, caractérisé par une autonomie financière acquise
par les fruits d’un travail stable. En attestent les différentes études menées par la DRTEFP qui
montrent que l’entrée dans la vie active des jeunes se fait majoritairement par une succession
de contrats à durée déterminée entrecoupés par des périodes de chômage, l’embauche en
contrat à durée indéterminée ne représentant plus que 20 % des embauches des jeunes de
moins de 25 ans. Par ailleurs, les chiffres confirment toujours que le niveau de qualification
reste le facteur déterminant vers l’accès à un emploi stable, même si de plus en plus de jeunes
fortement diplômés, se voient contraints d’accepter une succession de stages précaires avant
d’obtenir un véritable emploi.
Les différents portraits de jeunes de Midi-Pyrénées, dressés par quatre étudiants de l’École de
journalisme de Toulouse, reflètent bien les tendances relevées par ces différentes enquêtes. En
effet, tous ces jeunes, quels que soient leur origine sociale, leurs centres d’intérêts, leurs
ambitions, leur projet professionnel, disent tous que leur principale préoccupation est l’accès à
une formation qualifiante débouchant sur un emploi stable.
Devant ce phénomène de précarisation de nos jeunes, la CFDT ne saurait se contenter
d’analyses simplistes ou défaitistes, faisant de la globalisation la cause du sous-emploi
chronique des jeunes dans notre pays, la France faisant dans ce domaine figure d’exception en
Europe. La CFDT, forte de ses valeurs de solidarité, en appelle à la conscience collective afin
que le suicide, forme ultime de la désespérance, ne soit plus la troisième cause de mortalité
des 15-24 ans, faisant malheureusement de la France un des quatre plus mauvais élèves de
l’Europe en la matière. Elle interpelle tout particulièrement les entreprises afin que des
pratiques saines d’intégration des jeunes dans le monde du travail soient retrouvées,
notamment par la généralisation de l’embauche des jeunes salariés en CDI. Par ailleurs, la
CFDT est convaincue que des politiques publiques volontaristes en faveur de la formation et
de l’emploi sont à même de contribuer à redonner espoir aux jeunes. Alors que les Conseils
Régionaux se sont vus doter, par la récente loi de décentralisation, de prérogatives accrues
dans les domaines de la formation professionnelle et du développement économique, ils ont
un rôle majeur à jouer dans le soutien de l’accès à l’emploi des jeunes, en particulier des plus
fragilisés.
La CFDT, attachée au dialogue entre partenaires sociaux, suggère que le Conseil Régional et
les partenaires sociaux coopèrent à l’élaboration d’un accord régional favorisant l’accès des
jeunes vers l’emploi stable. Un tel accord devrait s’articuler autour des quatre thématiques
suivantes:
• Élaborer une analyse partagée des causes des difficultés d’accès à un emploi stable
pour les jeunes, préalable indispensable à toute tentative d’élaboration de mesures
concrètes,
• Développer l’accès des jeunes à l’emploi en orientant en particulier les aides
publiques vers les entreprises s’engageant à développer des emplois stables en
faveur des jeunes,
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
267
•
Créer les conditions d’une meilleure réussite dans la vie active en développant des
formations qualifiantes en faveur des jeunes sortis du système éducatif sans
qualification, le contrat de professionnalisation qui reste à promouvoir pourrait être
un véritable outil au service de la qualification et de l’accès à un emploi stable,
• Soutenir les actions d’accompagnement à l’emploi des jeunes tels que le
parrainage ou le tutorat.
En outre, la CFDT insiste sur l’enjeu du PRFP, qui devrait être pour les jeunes de MidiPyrénées un véritable outil de qualification, capable de favoriser une entrée réussie dans la vie
active. Or, à ce jour, aucune véritable étude n’a été menée afin d’analyser l’impact des actions
engagées dans le cadre du PRFP sur l’accès à un emploi stable des bénéficiaires. La CFDT
souhaite que la commission 5 s’empare de ce thème dans les prochains mois.
La CFDT reconnaît qu’un travail important a été mené. Mais, elle regrette, malgré ses
multiples interventions en commission, que d’une part, le projet d’avis qui nous est soumis ce
jour n’ait pas pris le parti de concentrer ses propositions sur les domaines-clefs de
compétences régionales, au risque de voir les propositions majeures passer inaperçues, et
regrette, d’autre part, que l’amendement proposé sur l’élaboration d’un accord régional sur
l’emploi des jeunes n’ait pas été retenu. C’est pourquoi elle s’abstiendra.
Par ailleurs, elle profite de la présente plénière pour réaffirmer son souhait de voir élaborer
des avis courts et synthétiques, capables d’éclairer les décideurs politiques en proposant des
axes clairs d’actions.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
268
Intervention de Philippe GENTHON,
représentant de la FCPE
Chers amis,
Comme vous pouvez le constater, ce n'est pas un jeune qui vous parle, mais un représentant
de leurs parents ou du moins de ceux dont les enfants sont scolarisés (particulièrement
nombreux en Midi-Pyrénées).
J'aborderai uniquement, et de façon brève, les questions de formation.
Une bonne formation commence par une bonne orientation. Malgré les efforts de tous, le
monde de l'éducation reste souvent un univers mystérieux, en particulier pour les publics
défavorisés. L'informatisation de l'orientation a été introduite à certains niveaux clés. Prévues
pour faire gagner du temps et de l'efficacité, les nouvelles technologies peuvent aussi en faire
perdre en cas d'utilisation inappropriée. Elles ne doivent pas servir de masque ou de cachemisère à l'administration.
L'orientation doit se construire autour du projet du jeune et de sa famille. Encore faut-il que ce
projet existe et, pour cela, toute l'information et toute l'aide nécessaire doivent être fournies
aux intéressés. Force est de constater que beaucoup reste à faire.
Pendant sa formation et quel que soit le type de celle-ci, notre assemblée a déjà souligné que
le jeune a besoin d'un environnement favorable : santé, loisirs, culture, sports, transports. Les
insuffisances sont signalées dans le rapport, des remèdes sont proposés. Rappelons ici, une
fois de plus, le sous-effectif persistant chez les personnels de santé.
Le lien avec les entreprises dont l'importance n'est plus à rappeler doit se faire dans un esprit
de partenariat et conduire à des stages inscrits dans les cursus et dûment conventionnés.
À la fin des études, le débouché naturel est le travail salarié ou indépendant ou, hélas, le statut
de demandeur d'emploi. Les parents observent avec inquiétude le développement d'une zone
floue, souvent de non-droit, où le jeune erre entre petits boulots, pseudo stages et périodes
d'inactivité.
La FCPE votera cet avis non comme un aboutissement, mais comme un point de départ.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
269
Intervention de Hélios GONZALO,
représentant du groupe Associations
Dans un premier temps, il convient de remercier tous les collègues qui ont participé à la
rédaction de ce bon rapport, qui a parfaitement étudié les comportements des jeunes avant de
faire de nombreuses propositions.
Nous considérons qu’un tel rapport est opportun aujourd’hui pour deux raisons essentielles:
•
•
Les jeunes sont vraiment en difficulté,
On assiste à un avènement des politiques de la jeunesse.
Les jeunes sont en difficulté:
Sans se laisser aller à un catastrophisme excessif, mais en observant lucidement notre
environnement quotidien, nous observons, ce qui est décrit par différents spécialistes, que la
proportion des jeunes en grande précarité s’est accrue ces dernières années. Les difficultés
sont rencontrées dans différents domaines: emploi, travail, logement, mobilité, intégration,
santé….
Ces nombreux points de déstabilisation conduisent les jeunes vers des impasses et les
perturbent dans la construction de leur projet de vie. Cela se vérifie quel que soit le niveau de
formation, de qualification. Même si l’on sait que les moins qualifiés rencontrent encore plus
d’obstacles, on sait aussi que plus d’un diplômé sur deux, à Bac + 4 ou 5, est encore sans
emploi un an et demi après l’obtention de diplôme (site APEC).
Si l’on ajoute à cela les complexités qui sont celles que nous rencontrons tous, d’un monde
complexe où l’image supplée la pensée et l’instantané prime sur la réflexion, nous
comprenons le désarroi qui affecte nos jeunes.
L’avènement des politiques locales de la jeunesse:
Aujourd’hui, les moyens les plus importants, financiers ou humains, sont mobilisés par les
politiques locales en matière de politiques publiques de la jeunesse. Que cela soit dû à la
pression des difficultés sociales et économiques en milieu urbain ou au maintien des
populations en milieu rural. Et, même si la jeunesse ne figure pas dans le domaine des
compétences des communes, nous pouvons noter que les élus locaux ont souvent perçu la
nécessité de la prendre en charge.
Après quelques «oublis ou désintérêts» dans le contexte du territoire national, c’est avec la
décentralisation que les collectivités locales, et particulièrement les Régions, se sont senties
concernées.
Bien sûr, définir une politique de la jeunesse, et surtout la mettre en pratique, relève d’un
exercice complexe, s’agissant d’un public aux contours difficilement identifiables, inspirant
une image d’avenir dynamique, et parfois, une crainte liée à l’insécurité.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Nous rejoignons donc Monsieur CHARVET lorsqu’il indique dans son rapport: «l’ère du
loisir de consommation est aujourd’hui révolue. À l’examen des actions engagées par les
collectivités, les politiques locales de la jeunesse entrent dans l’ère de la maturité».
Nous sommes, bien entendu, tous concernés par la mise en place de ces politiques:
entreprises, partenaires sociaux, associations. Nous devons, chacun à notre place: sensibiliser,
accompagner, former.
•
•
•
Sensibiliser les jeunes au contexte qui les entoure dans un monde en mouvement
constant et rapide;
Les accompagner vers une démarche de citoyens responsables, capables de faire des
choix librement, hors de toute instrumentalisation; les accompagner encore, sans faire
de jeunisme excessif, pour les mettre face à leurs droits mais également face à leurs
devoirs;
Les former pour qu’ils entrent dans une vie professionnelle maîtrisée et évolutive.
En fait, il s’agit de permettre aux jeunes d’imaginer leur avenir en se situant dans le présent.
Dans cette démarche, l’ensemble du mouvement associatif est impliqué.
Le mouvement associatif ne conçoit pas son rôle de façon passive, comme un acteur «roue de
secours», prêt à réparer les dégâts occasionnés par une mauvaise intégration du jeune dans la
société. Il prétend être un véritable partenaire des politiques de la jeunesse qui, comme
l’indique ce rapport; sont transversales.
Le rôle de nos structures est naturellement double:
-
d’abord inscrit dans le fonctionnement associatif,
ensuite défini par l’objet que nous proposons dans nos statuts.
Nul ne doute plus aujourd’hui que les associations, et particulièrement celles qui concernent
la jeunesse et l’éducation populaire, sont des lieux d’apprentissage et d’exercice de la
démocratie où chacun est reconnu et responsabilisé.
La formation du jeune comme «citoyen acteur» est plus que jamais remise au cœur du
projet; ce qui concourt indéniablement à ce qu’il se situe dans la société. Or, et le rapport le
montre bien, le jeune doit avoir sa place et l’occuper. Lieu d’intégration sociale, les
associations sont aussi des organisations pédagogiques où chacun s’exprime et s’enrichit de
l’apport de l’autre. Si les associations s’insèrent par leur propre fonctionnement dans les
propositions contenues dans le rapport, elles le font aussi par l’objet défini dans leurs statuts
et pour lesquels elles sont constituées.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Nous ne pouvons pas ici nous livrer à une description qui ne saurait être exhaustive des
champs d’intervention de nos mouvements en direction des jeunes. Toutefois, il convient de
rappeler quelques démarches qui s’inscrivent bien dans les propositions énoncées dans le
rapport:
•
•
•
•
•
la citoyenneté: à partir des foyers socio-éducatifs de lycées ou des collèges; ou
encore à partir de la formation des délégués des élèves;
la formation et l’information: depuis tous les systèmes associatifs d’accompagnement
scolaire ou autres lieux d’information;
le sport: dans les différents clubs des fédérations délégataires ou affinitaires;
les loisirs: par l’organisation de séjours de tous types dans le contexte du tourisme
social;
la culture: avec les troupes de théâtre amateur, les associations de lecture ou des
manifestations bien connues comme «le Prix du jeune écrivain».
Voilà seulement quelques exemples qui démontrent l’adéquation entre les propositions
contenues dans le rapport, que nous voterons, et les différents mouvements associatifs.
En les évoquant, nous avons voulu souligner encore l’implication forte du mouvement
associatif par rapport à la jeunesse, et dire que nous sommes prêts à assumer nos
responsabilités, à notre place.
Avis «Quelle politique de jeunesse pour la Région Midi-Pyrénées?»
Assemblée plénière du 5 novembre 2004
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Intervention de Marie Denise XERRI,
en tant que personnalité qualifiée
Pas des remords, mais juste quelques questionnements, si vous me le permettez Monsieur le
Président, et chers Amis.
Je n’ai rien de préparé, rien n’est écrit. Je me posais simplement la question en nous écoutant :
que diraient Loïc, Virginie, Mathilde, Sabrina, Muriel, et tous ces jeunes que nous avons
interrogés, si, aujourd’hui, ils étaient présents et assistaient effectivement à nos
interventions ?
Dans le groupe de travail, nous avons essayé d’avancer, de rédiger au mieux, pas toujours
d’accord. C’est quelque chose de consensuel qui est présenté aujourd’hui. Mais, dès que nous
en arrivons aux phases d’interventions, même si je peux très bien le comprendre, nous nous
retrouvons devant des demandes qui sont toujours catégorielles, sous prétexte de parler de la
jeunesse.
Alors je n’ai pas envie de parler de la jeunesse. J’ai envie de parler des jeunes. J’ai envie de
parler des jeunes gens. J’ai envie de parler des jeunes filles. J’ai envie de parler de tous ces
jeunes citoyens de demain de Midi-Pyrénées, qui attendent beaucoup de nous.
Je pense qu’ils attendent surtout que nous dépassions tous nos clivages professionnels
justement pour pouvoir penser à eux, pour pouvoir mieux les accompagner. Quelle place
sommes-nous prêts, effectivement, à leur faire dans notre société de demain ?
Et j’ai envie de dire : essayons de nous inspirer de ce dynamisme qu’ils ont, pour, nous aussi,
être un peu plus dynamiques peut-être dans nos interventions, pour qu’il y ait davantage
d’espoir.
Je vous remercie.
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Intervention de Monsieur RONCIER,
Directeur Régional de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative,
représentant de Monsieur le Préfet de Région
Merci, Monsieur le Président, d’avoir fait en sorte que je me retrouve aujourd’hui parmi vous
en faisant votre connaissance alors que je suis dans cette région depuis seulement quelques
semaines.
Pour excuser aussi l’absence du Préfet de Région, qui a bien voulu me déléguer auprès de
vous, sachant que l’on traitait d’un sujet qui doit me préoccuper tout autant que vous: celui de
la jeunesse.
Sachant également qu’avec le rapporteur de ce document, nous avions, bien entendu,
fonctionnellement et habituellement, des relations de travail tout à fait riches et productives.
Sachant aussi que le DRDJS, mon prédécesseur, Madame la Rectrice, avaient été auditionnés
par votre groupe de travail pour participer à l’élaboration de ce rapport.
Il n’est pas d’usage évidemment pour le représentant de l’État de porter une appréciation sur
la qualité de vos débats ou sur la nature de vos travaux. Ce serait véritablement non
républicain. Néanmoins, je vois que les prises de parole, qui ont vocation à enrichir ce
rapport, ont toutes été, je crois, fortes, importantes, longues, et montrent par-là l’importance
que chacun des intervenants, dans ses sensibilités, attache aux problématiques de la jeunesse
dans notre pays.
Ce faisant, vous soulignez, en même temps, la complexité de l’exercice, la multiplicité des
approches, la diversité des champs en matière de politique de jeunesse. Et, ce faisant, je crois
que nous soulignons en même temps l’intérêt, la richesse du rapport produit. Je me place là
sur un plan uniquement technique. Je crois qu’évidemment, on peut –et cela a été fait par
plusieurs interlocuteurs– dire qu’il y a des lacunes. C’est vrai, comme dans tout rapport,
comme dans tout document. Nous pouvons dire aussi, et c’est vrai, que c’est le risque, qu’il
soit tenté de généraliser un certain nombre d’exemples. Mais les statistiques, qui sont aussi
présentes dans ce document, traduisent quand même la réalité de la situation de la jeunesse
dans la région.
Au-delà de ces lacunes et de ces difficultés inhérentes à tout document, je crois qu’il faut
remercier ceux qui ont travaillé, parce que nous sommes sur un document qui essaie de
donner de la cohérence à un champ qui est, par définition, extrêmement éclaté. Je crois que
vos interventions le montrent. L’État lui-même, en inter ministérialité, a des difficultés à
s’organiser. Les interventions des uns et des autres, entre l’État, les collectivités territoriales,
locales, tout cela est très difficile à organiser, surtout que chacun a des points de vue qui
divergent facilement sur la question.
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Ce document présente un immense avantage: celui d’introduire de la cohérence, d’identifier
un certain nombre de points, et de faire des propositions. À partir de là, il appartiendra à qui
de droit de s’en emparer et de faire son miel. Je sais qu’en tout cas, pour l’État, et pour ma
petite part –sachant que cela concerne également Madame la Rectrice pour tout le volet
éducation, et Dieu sait si nous travaillons bien ensemble– pour la part du champ jeunesse
sport et associative, nous sommes tous prêts, et nous ferons en sorte que,si la Région nous
sollicite, j’ai déjà aussi pris des contacts en ce sens, que nous travaillions ensemble le plus
possible sur un certain nombre de dossiers.
Je pense qu’il serait d’ailleurs tout à fait utile, et c’est une proposition qui a été faite, et cellelà est de nature totalement apolitique, que nous essayions de mettre en place, ensemble, au
moins une instance, un lieu, où nous rassemblions nos données, et où nous puissions
échanger nos informations. Parce que, pour le moment, le premier constat qui puisse être fait,
c’est que les éléments d’information sont extrêmement disparates et que déjà ce document est
un réel effort à la fois de concision et de rassemblement sur des données très difficiles à
rassembler.
Pour conclure, merci à ceux qui se sont penchés sur cette question. Je pense que c’est un
enrichissement pour tous. Et, au-delà, je rapporterai à Monsieur le Préfet de Région l’intérêt,
l’ardeur qui vous animent à l’égard des problématiques de jeunesse; et aussi la courtoisie,
mais le rappel fréquent que vous avez fait à ce que l’État demeure un acteur majeur en
matière de politique de jeunesse.
Je vous remercie.
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