Infosculturellesfevrier2012-1
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Infos culturelles Février 2012 Théâtre, danse, spectacles vivants. - Théâtre des 13 vents : « Thomas Chagrin ». De Will Eno. Du 01/02 au 09/02. Par sa beauté convulsive et bizarre, ce monologue célèbre toute la valeur vacillante de la vie, du petit chien qu’on a perdu quand on était enfant, à la femme qui est partie et qu’on n’a pas cessé d’aimer. Mais qui est ce Thomas Chagrin qui nous parle les yeux dans les yeux ? Un SDF métaphysique ? Un prédicateur laïc ? Un fou pacifique ? Un psychanalyste amateur ? Les indices sont rares pour lui donner une identité. En tout cas, sa maîtrise de la langue, sa capacité à enchevêtrer plusieurs histoires, son urgence à s'exprimer témoignent d'un esprit fort, original et libre. Gilbert Désveaux « 22h13 ». De Pierrick Sorin. Les 07/02, 08/02 et 09/02. „C’est un one man show, entre théâtre et performance visuelle, qui donne à voir et à entendre quelques instants choisis de l’activité quotidienne d’un artiste, en l’occurrence un vidéaste. L’humour, souvent un peu caustique et une poésie visuelle essentiellement fondée sur la production de séquences vidéo “en direct”, y jouent un rôle prépondérant. Le cadre unique de l’action, c’est l’atelier. On y trouve aussi bien des pots de peintures, du matériel de bricolage, des ordinateurs, des caméras, des vidéoprojecteurs, un poste de radio, un vieux répondeur téléphonique, des éponges et des balais-brosses. Sous forme d’un journal de bord, exprimé principalement en voix “off”, l’artiste, interprété cette fois par un acteur autre que moi-même, nous fait partager les réflexions et les doutes qui accompagnent, jour après jour, son travail. Il démythifie, au passage, la noble image du créateur.“ Pierrick Sorin « L’épreuve ». De Marivaux, création et mise en scène de Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française. Du 28/02 au 03/03 „En 1740, Marivaux publie L’Épreuve, pièce en un acte qui, en dépit de sa brièveté, semble contenir tout ce qui caractérise la singularité dramaturgique de son auteur : stratagèmes amoureux, quiproquos et travestissement, violence des sentiments, apparente légèreté des situations. (…) C’est en relisant la pièce de Marivaux à la lumière de son oeuvre romanesque que l’on peut comprendre la véritable singularité de L’Épreuve. Si l’on considère, en effet, Angélique et l’ensemble des personnages qui l’entourent comme des personnages de roman plus que comme des personnages de théâtre à proprement parler, l’enjeu de la représentation devient tout autre. À une comédie parfaitement construite, au rythme impeccable, utilisant tous les ressorts de la dramaturgie classique, se substitue un récit plus tourmenté relatant les errances de six individus, de six solitudes. L’épreuve n’est plus alors la seule épreuve à laquelle Lucidor soumet Angélique mais l’épreuve de chacun vis-à-vis de lui-même. Le temps du théâtre est à réinventer. La brièveté de la pièce n’est plus le résultat d’un souci d’efficacité dramatique mais le rapport au temps d’un jeune homme malade qui veut savoir s’il est aimé sans savoir s’il vivra demain. Marivaux invente l’individu au théâtre, imposant son oeuvre de dramaturge au coeur du siècle des Lumières.“ Clément Hervieu-Léger - Théâtre Jean Vilar : « La géographie du danger ». D’après le roman D’Hamid Skif, chorégraphie et interprétation, Hamid Ben Mahi. Les 09/02 et 10/02 Adapté du roman d’Hamid Skif, écrivain, poète et journaliste algérien, La Géographie du danger est un solo coup de poing sur le parcours d’un clandestin qui vit depuis des mois terré dans une chambre de bonne, envahi par le sentiment d’enfermement, de rejet et d’impuissance. Performance des corps et des mots, prise de parole directe, environnement sonore puissant, danse intime et répétitive jusqu’à l’explosion sont les maîtres-mots de cette chorégraphie. - Théâtre domaine d’O : « Monsieur Bonhomme et les incendiaires ». De Max Frisch, par la compagnie des Osses. Du 09/02 au 13/02. Au royaume de la normalité tranquille et rassurante, celle de Monsieur Bonhomme, petit industriel à la morale bizarrement biseautée, toute vérité n’est pas bonne à dire. Theodor Bonhomme se veut irréprochable, avec son associé qu’il gruge pourtant, muni de la meilleure conscience du monde, avec sa femme qu’il protège, avec sa bonne qu’il rudoie, pour le bien de la maisonnée, bien entendu. Et face à l’inhumanité de deux incendiaires sans foi ni loi, Monsieur Bonhomme continue de clamer son humanité. Absolument transparents, les deux guignols pyromanes dévoilent pourtant leurs sinistres projets, cyniquement, clairement. Tellement clairement que Monsieur Bonhomme regarde ailleurs, pense à autre chose, à lui, à son rang, à sa grandeur d’âme. « Le chemin solitaire » D’Arthur Schnitzler, par la compagnie TG STAN. Les 20 et 21/02. Ultime retour d’un homme qui a jadis délaissé sa femme et son fils. Ecrite à l'orée de la psychanalyse, cette pièce chorale et âpre met en scène un drame familial articulé autour du secret. - Théâtre Pierre Tabard « La banalité du mal » De Christine Brückner. Du 08/02 au 12/02 Dans un régime totalitaire, ceux qui choisissent d’accomplir les actions les plus monstrueuses sont-ils différents de nous ? Eva Hitler, née Braun, dans le bunker du Führer où elle a choisi de mourir avec son mari. Le 30 avril 1945, le lendemain de son mariage avec Adolf Hitler, quelques heures avant leur suicide. Personnage fascinant et révoltant, elle nous entraîne sur les rives de sa folie, nous raconte son amour inconditionnel pour le Führer, ses tentatives de suicide, ses joies, sa guerre, ses peurs…Ce texte n’est pas seulement un récit historique, mais une injonction à nous interroger sur nos responsabilités face au pouvoir. « Le joueur d’échec ». De Stefan Sweig, avec André Salzet. Le 22/02. Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer. C’est ce que parviendra à faire l’un des personnages de la pièce. Il va découvrir les terribles circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges. « Simone de Beauvoir : écrire pour exister ». Du 29/02 au 04/02. « Des mots qui ont le pouvoir d’abolir les distances à travers l’espace et le temps. » En janvier 1947, de retour des Etats-Unis (d’une tournée de conférences où Sartre l’a précédée) où elle a rencontré l’amour en la personne du romancier américain Nelson Algren, Simone de Beauvoir, se lance dans une ardente correspondance avec son « mari » américain, terme qui peut paraître surprenant dans la bouche d’une femme farouchement opposée au mariage. A travers ses lettres, elle raconte le Paris d’aprèsguerre et fait revivre à sa manière la politique, la littérature, les fêtes, le travail et le bonheur d’aimer. Elle entretiendra une correspondance passionnée avec lui jusqu’à la rupture finale pour respecter son pacte avec Sartre. Littérature/BD Rencontre et discussion avec Marie Rouanet pour son dernier ouvrage « L’ Arpenteur ». Le 02/02 à 18h30, médiathèque Emile Zola. Palmarès du festival de BD d’Angoulême : Prix du meilleur album : Guy Delisle pour « Chroniques de Jérusalem ». Prix Spécial du jury : Jim Woodring pour « Frank et le congrès des bêtes ». Prix des libraires : Cyril Pedrosa pour « Portugal ». Arts « Les sujets de l’abstraction, 1946, 1962, 101 chefs-d’œuvre de la fondation Gandur. Jusqu’au 25/03, Musée Fabre. Vincent Bioulés, une donation au musée Fabre. Jusqu’au 12/02, musée Fabre. « Apocalypses, la disparition des villes. de Dresde à Détroit. (19452010 ». Jusqu’au 12/02 au pavillon du musée Fabre. Musique Festival Montpellier à 100 %. Du 01/02 au 12/02, dans divers lieux : le Jam, CCN, Kawenga, Rockstore, Victoire 2, théâtre Jean Vilar etc. Récital Nathalie Dessay. Avec Philippe Cassard au piano. Le 18/02 à 20h30 au Corum Programme Liszt/Fauré. Valérie Blanvillain au piano. Le 25/02 à 17 h au Corum. Cinéma En salle durant le mois « Bruegel, le moulin et la croix » de Lech Majewski. Pologne, 2011. Qui n’a jamais eu envie de plonger la tête la première dans une toile de maître ? Un cinéaste polonais nous en donne l’occasion avec Le Portement de croix, peint en 1564 par Pieter Bruegel. Adapté d’un essai (The Mill and the Cross, de Michael F. Gibson), son film en reprend la question principale : pourquoi le Christ du Flamand est-il situé dans un paysage Renaissance, encadré par des cavaliers rouges et dissimulé parmi une foule de paysans ? Pour éclairer le sens et la symbolique du tableau - chronique foisonnante des Flandres sous occupation espagnole -, le réalisateur imagine la journée d’une douzaine de personnages parmi les cinq cents qui le composent. Mélange de prises de vues réelles, d’imagerie de synthèse et de 3D, le film est d’une beauté plastique indéniable. Mais le plus étonnant reste qu’une expérience de cinéma radicale, où règnent mutisme et contemplation, puisse aussi apporter un éclairage précis sur l’histoire de l’art. M. Blottière « Les Nouveaux chiens de gardes » De Gilles Balbastre et Yannick Kergoat. France, 2011. En 1932, l’écrivain Paul Nizan publiait Les chiens de garde pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en véritables gardiens de l’ordre établi. Aujourd’hui, les chiens de garde sont journalistes, éditorialistes, experts médiatiques, ouvertement devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, « Les Nouveaux chiens de garde » dénonce cette presse qui, se revendiquant indépendante, objective et pluraliste, se prétend contrepouvoir démocratique. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d’une information produite par des grands groupes industriels du Cac40 et pervertie en marchandise. „Les chants de Mandrin“. De Rabah Ameur-Zaïmeche. France, 2011. Au XVIIIe siècle, après l’exécution de Louis Mandrin, ses compagnons risquent l’aventure d’une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Sous la protection de leurs armes, les contrebandiers organisent aux abords des villages des marchés sauvages où ils vendent tabac, étoffes et produits précieux. Ils écrivent des chants en l’honneur de Mandrin, les impriment et les distribuent aux paysans du royaume... « Tahrir, Place de la Révolution ». De Stefano Savona. Italie, 2011. Le Caire, février 2011. Elsayed, Noha, Ahmed sont de jeunes Egyptiens et ils sont en train de faire la révolution. Ils occupent la Place jour et nuit, ils parlent, crient, chantent avec d’autres milliers d’Egyptiens tout ce qu’ils n’ont pu dire à haute voix jusque-là. Les répressions sanguinaires du régime attisent la révolte ; à Tahrir on résiste, on apprend à discuter et à lancer des pierres, à inventer des slogans et à soigner les blessés, à défier l’armée et à préserver le territoire conquis : un espace de liberté où l’on s’enivre de mots. Tahrir est un film écrit par les visages, les mains, les voix de ceux qui ont vécu ces journées sur la Place. C’est une chronique au jour le jour de la révolution, aux côtés de ses protagonistes. Sciences et Sciences Humaines Rencontre avec le philosophe Mathieu Triclot pour son ouvrage « Philosophie des jeux vidéo ». Le 09/02 à 18h30, auditorium du musée Fabre. Vous êtes face à un jeu vidéo, pressez les bonnes touches, déplacez la souris, appuyez en cadence sur les boutons du pad. Qu’est-ce qui se produit alors ? Quel est cet état si particulier, à la limite du vertige et de l’hallucination, face à l’écran et à la machine ? L’expérience ne ressemble à aucune autre : pas plus à l’état filmique des salles obscures qu’à l’état livresque de la lecture. Rencontre avec Marc Azéma : « la préhistoire du cinéma, origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe… ». Le 09/02 à 18h30, médiathèque centrale Emile Zola Depuis les origines, l’homme « fait son cinéma »... Bien avant Edison et les frères Lumière, les parois des cavernes et les objets décorés par les artistes paléolithiques témoignent de la mise en place de processus, graphiques, techniques et narratifs caractéristiques d’une véritable « préhistoire du cinéma ». Ce voyage démarre aux origines de l’art il y a plus de trente mille ans, dans la grotte Chauvet, et nous permet de prendre conscience de l’émergence de ces processus que l’on suit tout au long du Paléolithique supérieur. Il se poursuit à travers l’Histoire, sur tous les continents, des tombeaux de l’Egypte pharaonique aux temples d’Angkor, de la tapisserie de Bayeux aux premiers mangas, cela afin de démontrer que les concepts d’animation séquentielle et de narration graphique se perpétuent au fil des millénaires et deviennent des universaux. Agora des Savoirs. « Martiens du Sahara, dames blanches et Atlantide : mythes contemporains et impostures archéologiques ». Par Jean-Loïc Le Quellec. Le 01/02 à 20h, salle Rabelais. D'innombrables livres, revues, films ou émissions prétendent élucider les "mystères" de l'archéologie en faisant appel à de prétendus "anciens astronautes" et à des mondes ou des savoirs ignorés des archéologues "officiels", ce qui conduirait à la révision complète de notre connaissance du passé. D'où viennent ces théories ? Quelle est leur validité ? L'examen des arrièreplans historiques et des implications idéologiques de ces mythes montre qu'ils n'ont rien de scientifique, et que leur fonction essentielle est de valider une vision du monde particulièrement ethnocentrique et rétrograde. Agora des savoirs. « Le droit…à l’envers ». Par Eric Millard. Le 08/02 à 20h, salle Rabelais. Dans les représentations communes, le droit ne laisse pas place à l'incertitude, et si tel était le cas, ce serait un "mauvais" droit, qui ne remplirait pas ses fonctions naturelles. Objet réputé sûr, il permet une connaissance dogmatique qui construit le juriste comme maître de savoir et de savoirfaire. Ces représentations communes ne résistent pas à l'analyse théorique classique ou critique. Au contraire, celle-ci met en évidence dans le droit ou dans le savoir à propos de celui-ci les ambiguïtés, le flou, les subjectivités, etc. Surtout, elle souligne que les représentations communes sont nécessaires pour que le droit remplisse ses fonctions, justement parce que ce sont des représentations.