MISÉRABLES !
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MISÉRABLES !
dossier d’accompagnement misérables ! cie philippe person sommaire I - Misérables ! Présentation du spectacle Extraits de presse Distribution II - Pour aller plus loin... Les artistes La compagnie La note d’intention L’adaptation III - Idées d’approches en classe Autour du texte Autour de Victor Hugo Autour des Misérables Autour de l’adaptation IV- Travailler globalement autour du théâtre V - Documents misérables ! acle t c e p s u tion d presenta Faire (re)découvrir Les Misérables en une heure et quart ? Le pari semblait plus que culotté : il est largement réussi ! Enlevé, intelligent, drôle et en même temps très respectueux de Hugo, le spectacle fait revivre les principaux personnages de l’histoire dans une atmosphère ludique de cabaret, pleine d’envolées festives et d’accents felliniens. On sort de la représentation en comprenant à quel point les thèmes évoqués par Hugo sont plus que jamais d’actualité… et avec la folle envie de se précipiter sur le roman pour finir la nuit ! presse e d s t i a r ext Du théâtre de tréteaux qui fait mouche ! (Le Figaro) Une adaptation extrêmement libre, des acteurs formidables, une belle complémentarité et une mise en scène très poussée, qui va au-delà du texte. (TF1) Une troupe déchaînée, multipliant les coups de force, donnant un sérieux coup de jeune à l’oeuvre. Même Hugo doit en rire, heureux d’un tel passage à la modernité ! (Le Parisien) ion distribut d’après le roman de Victor Hugo librement adapté par Philippe Honoré mise en scène Philippe Person avec Anne Priol, Emmanuel Barrouyer, Philippe Person décor Vincent Blot lumières Alexandre Dujardin costumes Emmanuel Barrouyer, Anne Priol bande son APPEB Dès 10 ans Durée 1h15 3 pour aller plus loin philippe e i n g a p la com ... person Créée en 1995, la Compagnie a présenté à ce jour 14 spectacles. Véritable troupe dont le travail consiste à faire toujours qu’un spectacle ne ressemble pas au précédent, cette devise a permis d’explorer de nombreux genres et de nombreux auteurs. Les créations se font à Paris, là où la compagnie est basée ou au festival d’Avignon où elle fait partie maintenant « des Philippe Person habitués ». Depuis 2001, les pièces voyagent beaucoup en province et à l’étranger, ce qui lui a permis de tisser des liens et de fonctionner maintenant en co-production sur certains projets. Beaucoup de bruit pour rien adaptée par Philippe Honoré et mise en scène par Philippe Person a connu un immense succès au Festival d’Avignon. Depuis quelques années, la compagnie présente ses créations au Théâtre du Lucernaire où elle a obtenu le statut de compagnie en résidence. La compagnie crée également des spectacles à Fort-de-France où Michèle Césaire dirige le Théâtre Municipal et défend ardemment le travail de la compagnie ainsi qu’à La Réunion où elle donne ses spectacles et organise de nombreuses actions en milieu scolaire. Elle organise également des cours et des stages de théâtre. diens les comé Anne Priol Au théâtre, elle a joué Esther, La Tisbe dans Angelo, tyran de Padoue. Elle a travaillé avec Elisabeth Leenard (Short Sentences de Gertrud Stein) au Théâtre des Halles à Bruxelles et avec Jean-Louis-Martin Barbaz dans Pendant que vous dormiez au Théâtre de l’Oeuvre. Elle enregistre des dramatiques pour France-Culture et prête sa voix à des documentaires. C’est son douzième spectacle avec la compagnie Philippe Person. Emmanuel Barrouyer On l’a vu récemment dans Torch Song Trilogy d’Harvey Fierstein, mis en scène par Christian Bordeleau au Vingtième théâtre. Il a joué, entres autres Racine, Shakespeare, Musset, Molière, Hugo et notamment sous la direction d’Anne Delbée. Après, entre autres, La Pèlerine Écossaise, Délivrez Proust, Beaucoup de Bruit pour rien, c’est sa huitième collaboration avec Philippe Person. Philippe Person Metteur en scène, comédien. Il a mis en scène tous les spectacles de la compagnie. Sa dernière mise en scène Beaucoup de bruit pour rien a rencontré un immense succès lors du dernier Festival d’Avignon. Il dirige depuis quinze ans cette compagnie qui alterne le travail sur les classiques et sur les auteurs contemporains. Depuis septembre, il co–dirige le théâtre du Lucernaire à Paris 4 pour aller plus loin ... on enti t n i ’ d e t no Mettre en scène cette vaste fresque est un défi. Evidemment, pas question d’engager des figurants, de construire des décors volumineux. Non, c’est l’inverse que j’ai choisi : trois acteurs pour interpréter tous les rôles et raconter et jouer cette histoire en 1h15. Les surprises vont être nombreuses : le dispositif scénique, la musique, les costumes ne seront pas forcément ceux « attendus » mais tout cela ira dans le sens de l’histoire. Pas question de réduire l’intensité de l’histoire, de nier les rebondissements et de retenir l’émotion, bien au contraire. Les trois acteurs joueront et raconteront cette histoire en voulant restituer la force littéraire et romanesque de cette oeuvre. En 2003, déjà, la Compagnie Philippe Person s’est intéressée à Victor Hugo en montant Angelo, Tyran de Padoue. Cette pièce que la Comédie-Française avait refusé de porter à l’affiche sous prétexte qu’elle était trop romantique (!) n’avait été que peu représentée en France. En la créant en 2003, au Festival d’Avignon, la Compagnie Philippe Person connut un vif succès. Elle fut reprise au théâtre Mouffetard à Paris avec Pierre Santini dans le rôle titre puis en tournée en France et à l’étranger. Quand le théâtre du Lucernaire nous invita, dans le cadre d’une résidence, à travailler sur sa thématique : Les figures du rebelle, un seul nom nous vint à l’esprit : Victor Hugo. Qui plus rebelle que lui ? Dans sa vie, dans son oeuvre, dans ses engagements, il le fut. C’est la proposition de Philippe Honoré, d’adapter Les Misérables qui nous parut la plus pertinente dans le vaste choix des oeuvres de Victor Hugo. Bien sûr, cette oeuvre réunit tout ce que nous aimons d’Hugo ! Peut-être est elle même « Tout Hugo » ! S’inspirant du regard qu’il avait porté sur Proust dans Délivrez Proust, il proposait de créer un spectacle impertinent et plein d’humilité d’après Les Misérables. En plus de l’excitation insensée de monter cela au théâtre, nous y avons retrouvé une parole d’une extraordinaire actualité. Tout résonne en nous : les problèmes sociétaux, politiques, économiques … Et, aujourd’hui, dans ce monde aseptisé où nous devons chercher en vain des rebelles, la parole de cet auteur est un formidable manifeste de courage, de conviction et de clairvoyance. Misérable : adj. et n (lat miserabilis) 1 Qui manque de ressources, indigent, nécessiteux. 2 De nature à susciter la pitié ; déplorable Ne serions nous pas dans un monde profondément …. Misérable? 5 pour aller plus loin ... ion l’adaptat Philippe Honoré a déjà adapté pour la Compagnie : L’Euphorie Perpétuelle d’après le livre de Pascal Bruckner, Délivrez Proust d’après l’oeuvre et la vie de Marcel Proust et Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare Alors que faire avec cette oeuvre monstrueuse, malaxée depuis tant d’années avec plus ou moins de bonheur ? Comme nous l’avons tenté précédemment avec Délivrez Proust nous allons chercher à éclairer l’œuvre de Victor Hugo avec humilité et impertinence : -Mettre en pleine lumière des personnages moins connus mais tout aussi attachants: Gillenormand, Eponine, Fauchelevent, Maboeuf et Champmathieu… (Les patronymes sont déjà tout un programme !) -Assumer les splendeurs littéraires qui trop souvent s’effacent derrière l’haletante succession des événements. (incroyables passages sur le Général Cambronne, contre la peine de la mort, morceau d’anthologie sur l’espoir de vivre…) -Tenter de déconstruire cette « saga » incroyablement intemporelle pour mieux l’honorer. Le texte tentera, non pas de restituer la trame romanesque des Misérables, mais d’extraire les fulgurances de l’oeuvre sans obligation de chronologie. Une sorte de Misérables réinventé par David Lynch. Désir de construire un spectacle autour d’une société, l’époque importe peu puisque ce qui la caractérise est la révolte contre l’injustice et l’oppression, spectacle iconoclaste autour d’un écrivain monstre : Victor Hugo et surtout appropriation d’une oeuvre majeure dont le message est l’absolu croyance en l’Humain. 6 préparation et exploitation du spectacle Ces propositions ne sont que des pistes qui peuvent être modifiées selon les niveaux et les objectifs recherchés : de très nombreux autres types d’approches peuvent naturellement être imaginés et mis en oeuvre. u texte autour d autour de victor hugo Introduire Victor Hugo et son oeuvre notamment à l’aide de la biographie et des repères bibliographiques dans la section «Documents» pages 13-14 autour des misérables à partir du petit texte ci-dessous, délivré par la compagnie Philippe Person, vous pouvez ouvrir une discussion sur les différents thèmes proposés. les élèves peuvent éventuellement proposer leurs propres thèmes. Il est également possible d’exploiter le texte sur le processus d’écriture des Misérables, dans la section «Documents» page 15, permettant d’évoquer le roman dans un contexte non seulement historique mais aussi «intime» par rapport à l’auteur. Les Misérables, tout le monde l’a lu, même ceux qui n’ont jamais ouvert le livre. C’est devenu une sorte de mythe, comme Don Quichotte. Ce sont des livres qu’on a l’impression de connaître d’avance. Tant de films (près de trente à travers le monde), des expositions, des comédies musicales ! Les personnages principaux sont devenus presque des adjectifs : être méchant comme Thénardier, maltraitée comme Cosette, joyeux et insolent comme Gavroche, pugnace comme Javert, valeureux comme Valjean. Puisqu’on vous dit qu’on connaît l’histoire par coeur ! Mais au-delà de la trame incroyablement romanesque, devenue patrimoine national, Les Misérables c’est aussi : • • • • • • • • • • • • Une bible, Un code civil, Un réquisitoire contre la peine de mort, Un traité de géopolitique, Une série américaine à succès, Un recueil de poésie, Un manifeste contre les mal logés, les exploités, les sans-grades, Un dossier sur les conditions pénitentiaires, Un encouragement à la repentance, Un pamphlet contre le pouvoir, tous les pouvoirs, Et plus encore, et tout le reste : Océan infini de délices… 7 préparation et exploitation du spectacle autour de la question de l’adaptation à partir du texte original et de l’extrait de l’adaptation du spectacle (voir Document pages 16 à 21) effectuer un travail de comparaison : - Quels sont les choix dramaturgiques? - Y’a t’il eu des coupes dans le texte ? Pourquoi ces choix? - Comment sont redistribués les personnages (la pièce est joué par seulement 3 acteurs) ? ... 8 travailler globalement autour du théâtre héâtre t u d r u r auto travaille les pratiques du spectateur • Question autour du théâtre et des représentations qu’en ont les élèves. proposer aux élèves d’écrire individuellement et succintement la façon dont il se représente le théâtre. à faire dépouiller et commenter par la classe. Faire l’état des lieux des représentations du théâtre dans la classe. Se renseigner pour savoir qui dans la classe est déjà allé au théâtre. Faire ressortir les mots qu’ils connaissent. • Lire, dire ou écrire un souvenir de théâtre bon ou mauvais. Raconter un souvenir est une incitation à la prise de parole pour les élèves. • Observer des photos de publics (en salle, en plein air, devant un concert de rock…), les décrire et analyser ce qu’elles suggèrent du public et de celui qui a pris la photographie bien sûr ! découvrir le théâtre • Recherches sur le théâtre à travers les époques ou dans le monde : utiliser abondamment l’iconographie : faire commenter des images d’acteurs de tragédie en Grèce ancienne, de kathakali, de théâtre nô, puis de commedia dell’arte et de théâtre d’aujourd’hui. Retrouver leur origine géographique, les faire classer chronologiquement. S’intéresser aux diverses traditions du maquillage, du masque… • Collecter dans les journaux des critiques de spectacle. Les lire, les commenter et les mettre en parallèle avec des critiques d’auteurs littéraires reconnus. • Réunir des photos de spectacles, les observer et les commenter. Montrer que le décor et les costumes ont des qualités plastiques et des significations. • Le vocabulaire du théâtre : s’amuser avec le vocabulaire spécifique, avec les expressions « consacrées ». Par exemple : écrire une scène autour de l’expression « brûler les planches ». Possibilité d’utiliser le vocabulaire lié aux métiers et à la terminologie propre au théâtre. C’est le moment de faire comprendre que tout est important dans le spectacle (lumières, décors, costumes…). Jouer dans l’espace, les expressions comme « cour » et « jardin », « avant-scène », « fond de scène », etc. Préparer des mots sur des petits papiers et faire tirer ces mots par les élèves. Ceux-ci doivent donner une explication du mot qu’ils ont tiré. Réaliser un « brainstorming » dans la classe pour trouver la définition la plus précise possible. • Découvrir les métiers du théâtre et sa réalité économique (étudier des plaquettes ou des programmes de différents lieux de programmation, les repérer sur une carte, consulter leur site internet, découvrir l’organigramme d’un lieu de diffusion et de création). 9 travailler globalement autour du théâtre texte u d r u o r aut travaille • Le titre : à partir du titre, caractériser de manière positive ou négative (dire ce que le spectacle va être et ce qu’il ne va pas être), mettre ce titre en relation avec d’autres (textes du même auteur, de la même époque, du même genre théâtral… en tirer des conclusions) ; écrire les premières répliques d’un spectacle qui aurait ce titre ; écrire un texte de présentation du spectacle à partir du titre. • La liste de personnages : Rêver à partir des noms de personnages et leur imaginer un futur. Faire un exercice de mémorisation (parfois bien utile pour certaines pièces à riche distribution). Tenter de faire créer des personnages par les élèves, avec des costumes, ou un accessoire par exemple (imaginer comment il se comporte, sa démarche, sa façon de parler…). Avec la liste des personnages de la pièce, on peut essayer d’imaginer quels sont les rapports qui les unissent, inventer leur histoire, les incarner. • Travailler un corpus de répliques qui permet d’entrer dans la fable et la thématique, de connaître les personnages, leurs rapports et conflits tout en travaillant corps et voix, adresse et espace. On peut donner une réplique à chaque élève et lui demander de la retrouver pendant le spectacle. On peut aussi se mettre en jeu et travailler l’intonation de certaines répliques. A partir d’une sélection de répliques (ce qu’un personnage dit et ce qu’on dit de lui, ou ce qu’on lui dit…), essayer de comprendre le personnage. Pour travailler l’adresse, faire échanger des répliques entre élèves (à qui je m’adresse ? à tout le monde, à une personne en particulier, au public ?). Les répliques peuvent aussi attirer l’attention sur l’espace dans toutes ses dimensions (espace mimétique où est censée se passer l’action, espaces hors scène, métaphores spatiales, espace symbolique). Tous ces exemples montrent que l’animateur doit choisir en fonction de ce sur quoi il veut attirer l’attention : le texte, les choix du metteur en scène… • On peut inventer une bande-annonce du spectacle tel qu’on l’imagine, en trois tableaux par exemple. C’est un travail qui peut être effectué avant ou après la représentation et qui fait intervenir l’image, le son et le bruitage. Les élèves peuvent se mettre en scène par groupe. Ce travail peut être réalisé à partir de mots que les élèves auront choisis pour qualifier le spectacle (adjectifs qualificatifs, objets, couleurs, sons). • Proposer une scénographie (dessin ou maquette) ou des costumes. On peut travailler alors avec des propositions de couleurs, de matières, des petits échantillons de tissu, des esquisses…. • Comme il s’agit d’un texte classique, il peut être intéressant de demander aux élèves de constituer un dossier documentaire sur les différentes mises en scène qui ont émaillé la vie de ce texte (photographies, citations diverses…). Ce répertoire de mises en scène sera très utile également pour l’analyse de la représentation. Dans le même ordre d’idée, on peut observer et analyser des photographies ou des extraits vidéo proposant diverses interprétations d’un texte ou d’une même scène. 10 travailler globalement autour du théâtre tation n e s é r p e de la r r u o t u a r travaille • Lire l’affiche (voir Documents pages ): de quoi ça parle, qu’est-ce que ça raconte, qu’estce que ça dit ? Mettre en commun toutes ces réponses et à partir de cela constituer un tableau représentant l’idée que l’on a du spectacle. Créer une autre affiche (dessin, collages…) Se questionner par exemple sur les éléments qui peuvent apporter des précisions sur l’époque de la pièce... • On peut tenter, lorsqu’elle le permet, de reproduire corporellement l'affiche : un élève choisit un personnage de l'affiche et reproduit son attitude devant la classe. Puis, un deuxième élève vient s’ajouter et ainsi de suite jusqu'à ce que la photo soit reproduite. élèves s e l c e v tacle a c e p s e l vivre Pour favoriser l’attention et susciter la curiosité des futurs spectateurs, leur confier individuellement ou par petits groupes une mission personnalisée à remplir pendant la représentation : l’un devra s’intéresser au décor, un autre aux éclairages, un autre aux costumes ou au jeu des acteurs. On peut aussi retrouver la réplique sur laquelle on a travaillé. ctacle e p s e l s r aprè prolonge Partager • Utiliser des déclencheurs de parole : je me souviens, j’ai aimé, je n’ai pas aimé, j’ai compris, je n’ai pas compris, j’aurais préféré… Quel est le mot qui vient à l’esprit au souvenir du spectacle ? • La mémoire immédiate : quelles résonances intimes le spectacle a-t-il chez les élèves ? Portrait chinois : « si ce spectacle était une couleur ? », « une musique ? », « une matière ? », « un objet ? », « une époque ? », « un personnage célèbre ? », « un adjectif ? ». Rédiger • Un mot ou une phrase : « s’il n’y avait qu’une seule chose à dire, ce serait… » • Une liste poétique à la façon de Pérec (« je me souviens… ») ou un inventaire à la façon de Prévert. • Une critique du spectacle en trois phrases, ou seulement le titre de sa critique ! • Une lettre (ou une carte postale) à l’un des personnages, l’un des acteurs du spectacle ou au metteur en scène. • Un titre : « si je devais proposer un autre titre, ce serait… ». Justifier son choix ! • La parodie d’une scène, un pastiche du genre, une perturbation (exemple on fait intervenir un personnage connu d’une autre pièce de théâtre ou un héros filmique à un moment de l’intrigue), une bifurcation (et si au lieu de partir, ce personnage était resté ?) 11 travailler globalement autour du théâtre Imaginer • Proposer une autre affiche, un autre décor, de nouveaux costumes. Réaliser une nouvelle maquette ! • Constituer l’album-photos du spectacle, d’un personnage. Associer très librement collages, dessins et images. • Constituer le musée imaginaire d’un des personnages ou une collection d’objets qui nous le fasse (re)connaître. Jouer, improviser • Le théâtre-image. Possibilité de faire créer des images à partir de répliques du texte. Rappeler les notions d’espace, de regard et de rythme. Possibilité d’utiliser une photo. Le théâtre-image peut être utilisé en amont de la représentation, en guise de préparation, ou en aval, afin de faire s’exprimer les élèves d’une autre manière que la parole. • Retrouver une image fixe du spectacle, improviser la suite comme la photo ci-dessous par exemple. • Rejouer la scène préférée et proposer d’autres indications de jeu et de mise en scène. L’intérêt vient alors de la diversité des propositions qui se confrontent. • Faire raconter la fable du point de vue de chaque personnage. • Jouer l’émission de télévision où le journaliste interviewe metteur en scène, comédiens, régisseurs… • Créer une « petite forme » s’inspirant du spectacle : de sa forme, de son genre, de son esthétique ; faire vivre les mêmes personnages dix ans avant ou après ; travailler des extraits du même auteur. 12 documents go victor hu Biographie Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français, considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Victor Hugo occupe une place importante dans l’histoire des lettres françaises et celle du XIXe siècle, dans des genres et des domaines d’une remarquable variété. Il est à la fois poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d’automne (1832) ou Les Contemplations (1856), mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments (1853) ou encore poète épique avec La Légende des siècles (1859 et 1877). Il est également un romancier du peuple qui rencontre un grand succès populaire avec NotreDame de Paris (1831) ou Les Misérables (1862). Au théâtre, il expose sa théorie du drame romantique dans sa préface de Cromwell en 1827 et l’illustre principalement avec Hernani en 1830 et Ruy Blas en 1838. Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, notamment sur la peine de mort, l’école ou l’Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), et une correspondance abondante. Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre ; il a été admiré par ses contemporains et l’est encore, mais il a été aussi contesté par certains auteurs modernes. Il a aussi permis à de nombreuses générations de développer une réflexion sur l’engagement de l’écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de position qui le condamneront à l’exil pendant les vingt ans du Second Empire. Ses choix, à la fois moraux et politiques, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris, le 31 mai 1885. 13 documents repères bibliographiques L’oeuvre de cet homme est si considérable que nous ne citons ici que quelques dates de référence pour la parution de ces romans. Son oeuvre poétique et dramatique est évidemment incontournable. Bug Jargal I : Ecrit 1818, Publié : 1820 Han d’Islande : Ecrit : 1821 - 1823, Publié : 1823 Bug Jargal II : Ecrit : 1825, Publié : 1826 Le Dernier jour d’un condamné : Ecrit : 1829, Publié : 1829 Notre Dame de Paris : Ecrit : 1830 - 1831 , Publié : 1832 Claude Gueux : Ecrit : 1832, Publié : 1834 Les Misérables : Ecrit : 1845 - 1848 et 1860 - 1862 Les Travailleurs de la Mer : Ecrit : 1864 - 1865, Publié : 1866 - 1883 - 1911 L’Homme qui rit : Ecrit : 1866 - 1867 - 1868, Publié : 1869 Quatre vingt treize : Ecrit : 1872 - 1873, Publié : 1874 14 documents es rabl les misé 2 1845-196 « Ce livre est un drame dont le premier personnage est l’infini. L’homme est le second. » Victor Hugo Décembre 1851 : Charles–Louis Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) organise un coup d’Etat. Pour Victor Hugo, la situation devient limpide : désormais il y a une incompatibilité entre son devoir politique et ses obligations morales. Après avoir tenté d’organiser la résistance, il s’enfuit en Belgique, déguisé en ouvrier avec le manuscrit des Misérables (dont le titre était à l’époque : Les Misères) dans ses valises. En 1860, il se remet à l’écriture du roman qu’il enrichit de l’expérience de ses douze dernières années. L’ouvrage commencé en 1845 est publié en 1862. La plupart des personnages des Misérables ont été inspirés par des rencontres ou des faits réels. Ainsi Gavroche ressemble à cet enfant qu’Hugo avait rencontré lorsqu’il avait visité la Conciergerie. à 12 ans, le gamin avait été placé en maison de correction pour avoir volé des pêches dans un jardin de Montreuil. « Nous pouvions demander à ces enfants, écrit-il, qu’avez-vous fait de nos pêches ? Soit. Mais ils pouvaient nous répondre : « Qu’avez-vous fait de notre intelligence ? » Lamartine qui n’aimait guère Hugo et détestait Les Misérables évoquait souvent ses invraisemblances, prenant comme exemple cette « situation ridicule » où Fantine vendait ses dents et ses cheveux. Ce que le poète ignorait c’était qu’à cette époque, « la récolte des cheveux » était une source non négligeable de revenus dans maintes provinces françaises, et il y avait aussi un intense trafic de dents humaines. Ceux qui jugent que la rhétorique excessive de Hugo déformait la réalité se trompe et la nie eux-mêmes. Le but de Victor Hugo était clair : « dénoncer la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit ». à la fois, oeuvre subversive : « Derrière vivre peu, il y a vivre de rien. Ce sont deux chambres, la première est obscure, la seconde est noire. », « Travailler à 5 ans, dira-t-on c’est invraisemblable. Hélas, c’est vrai. La souffrance sociale commence à tout âge. » et oeuvre morale : « L’homme a sur lui la chair qui est à la fois son fardeau et sa tentation. Il la traîne et lui cède. Il doit la surveiller, la contenir, la réprimer et ne lui obéir qu’à la dernière extrémité. Etre un saint c’est l’exception, être juste c’est la règle. Errez, défaillez, péchez mais soyez des justes. » On peut le dire sans faillir : Les Misérables n’ont pas pris une ride. Hélas ! Tant qu’il existera « une damnation sociale », tant « qu’il y aura sur la terre ignorance et misères, des livres comme celui-ci pourront ne pas être inutiles. » 15 documents e texte d s t i a r t ex F en Fantine Vous avez là deux jolis enfants, madame ! Adaptation pour trois comédiens F= femme (1 actrice) H1= homme 1 (1 acteur) H2 = homme 2 (1 acteur) H2 en Mme Thénardier La vôtre est bien mignonne aussi. Asseyez-vous une instant, vous avez l’air épuisée…Madame Thénardier. Je tiens cette auberge avec mon mari. F en Fantine Moi, je n’en ai pas. Je m’appelle Fantine. Il n’y a pas de travail à Paris alors je vais en chercher dans mon pays. H2 en Mme Thénardier Comment appelez-vous votre mioche ? F en Fantine Cosette… H1 En vérité, la petite se nommait Euphrasie. Mais d’Euphrasie la mère avait fait Cosette, par ce doux et gracieux instinct des mères et du peuple qui change Josefa en Pepita et Françoise en Sillette. Nous avons même connu une grand’mère qui avait réussi à faire de Théodore, Gnon ! H2 en Mme Thénardier Quel âge a-t-elle ? F en Fantine Elle va sur trois ans. H2 en Mme Thénardier C’est comme mon aînée. Les enfants, ça se connaît tout de suite ! Les voilà qu’on jurerait trois soeurs ! Fantine prend la main de madame Thénardier F en Fantine Voulez-vous me garder mon enfant ? Voyez-vous, je ne peux pas emmener ma fille au pays. L’ouvrage ne le permet pas. Avec un enfant, on ne trouve pas à se placer. C’est le bon Dieu qui m’a fait passer devant votre auberge. Quand j’ai vu vos petites si jolies et si propres et si contentes, cela m’a bouleversée. J’ai dit : voilà une bonne mère. C’est ça ; ça fera trois soeurs. Et puis, je ne serai pas longtemps à revenir. Voulez-vous me garder mon enfant ? H2 en Mme Thénardier Il faudrait voir. F en Fantine Je donnerais six francs par mois. H2 en Mme Thénardier Pas moins de sept francs et six mois payés d’avance Soit Six fois sept quarante-deux. 16 documents F en Fantine Je les donnerai. H2 en Mme Thénardier Et quinze francs en dehors pour les premiers frais. Total cinquante-sept francs. F en Fantine Je les donnerai. H2 en Mme Thénardier La petite a un trousseau ? F en Fantine Il est dans mon sac de nuit. H2 en Mme Thénardier Alors… c’est bon ! Ça tombe bien cet argent. L’huissier allait bientôt venir. J’ai fait une bonne souricière avec mes petites. F La souris prise était bien chétive ; mais le chat se réjouit même d’une souris maigre. H2 Fantine trouva du travail à Montreuil-sur-Mer, dans une des fabriques de Monsieur Madeleine… F Mais, vous pourriez au moins nous expliquer qui est Monsieur Madeleine. A force de vouloir aller vite, vous nous embrouillez ! H2 Soit ! H1 Vers la fin de 1815, un homme, un inconnu, était venu s’établir dans la ville de Montreuil-sur-Mer et en trois ans avait fait fortune. F A peine arrivé, il était devenu un héros : un énorme incendie avait éclaté et sans hésiter, il s’était jeté dans le feu, et avait sauvé deux enfants… H1 Il déclara s’appeler Monsieur Madeleine mais il devint pour tout le monde le père Madeleine. H2 Grâce à une invention industrielle dont nous ne parlerons pas, pour ne pas alourdir notre histoire déjà fort épaisse… F C’est une obsession chez vous les régimes ! H2 Faisant mine de ne pas entendre, il continue … Monsieur Madeleine prospéra et fit prospérer la ville et ses habitants dont il devint même le maire. 17 documents H2 en Javert La patience n’est pas la moindre de mes qualités. Ce Madeleine ne m’abusera pas longtemps. D’où vient-il ? Que sait-on de lui ? Rien. On se contente de l’aimer. Moi, ça ne me va pas, je veux le démasquer et arriver à connaître sa véritable identité. Car j’en suis sûr : cet homme dissimule un lourd passé. Qu’il ne se méprenne pas, je ferai la lumière ! Je ne l’aime pas. H1 Ce personnage grave d’une gravité presque menaçante, de haute taille, vêtu d’une redingote gris de fer, se nommait Javert, et il était de la police. F Il remplissait à Montreuil-sur-mer, les fonctions pénibles mais utiles, d’inspecteur. H2 Javert était né dans une prison. Sa mère était une tireuse de cartes dont le mari était aux galères. En grandissant, Javert se désespéra d’être en dehors de la société par le fait même de sa naissance. Il haïssait cette race de bohème dont il était issu. Il sentait au fond de lui, rigidité et probité. Comment faire pour les utiliser : il entra dans la police et il y réussit. A quarante ans, il était inspecteur. H1 Son caractère était composé de deux sentiments très simples, et relativement très bons mais qu’il faisait presque mauvais à force de les exagérer : le respect de l’autorité et la haine de la rébellion. F Cet homme sans aucun vice, quand il était content de lui, s’accordait une prise de tabac : il tenait à l’humanité par là… Elle redevient Fantine et écrit une lettre Chers monsieur et madame Thénardier… Je ne vous prie de bien vouloir me pardonner mais je ne vous enverrai l’argent pour Cosette que le moins prochain ? Figurez-vous qu’une méchante vieille m’a espionnée, a découvert que j’avais un enfant que je cachais chez vous. Chez Madeleine, on ne veut pas de fille perdue alors on m’a chassée… Elle déchire la lettre Inutile de les inquiéter : … En dormant que cinq heures et en travaillant tout le reste à des coutures, je parviendrai toujours à gagner de quoi vous payer et puis, un peu de pain pour moi… Quand on est triste, on mange moins. H1 Pour arriver à envoyer chaque mois l’argent que lui demandait les Thénardier, Fantine vécut de peu puis vécut de rien. Elle apprit comment on se passe de feu en hiver, comment on fait de son jupon sa couverture, et de sa couverture un jupon, comment on ménage sa chandelle en prenant son repas à la lumière de la fenêtre d’en face. Mais elle gagnait si peu qu’elle n’eut plus que des dettes et fut obligée de vendre ses cheveux puis ses dents. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ? C’est la société achetant une esclave. À qui ? A la misère. À la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au dénuement. Marché douloureux. Une âme pour un morceau de pain. 18 documents H2 Il ne restait plus rien à Fantine de ce qu’elle avait été autrefois. Elle était devenue marbre en devenant boue. Qui la touchait avait froid. Elle était résignée de cette résignation qui ressemble à l’indifférence comme la mort ressemble au sommeil. Elle n’évitait plus rien. Elle ne craignait plus rien. Un nommé Bamatabois, un élégant, un oisif fut la cause du dernier malheur de Fantine. Soir après soir, dès qu’il la croisait, il se moquait d’elle. H2 (en Bamatabois) Que tu es laide ! Veux-tu te cacher ? Tu n’as pas de dents ? Quelle puanteur ! H1 Le dénommé Bamatabois prit une poignée de neige et la lui plongea entre les deux épaules nues. Fantine se rua surlui . H2 (en Bamatabois) Police ! Police Puis H2 en Javert Qu’on arrête cette femme et qu’on la jette en prison ! F en Fantine En prison ! En prison pendant six mois ! Mais que deviendra Cosette ? Ma fille ! Ma petite fille ! Monsieur Javert, je vous demande grâce. Je vous assure que je n’ai pas eu tort. Si vous aviez vu le commencement, vous auriez vu ! je vous jure le bon Dieu que je n’ai pas eu tort. C’est ce monsieur le bourgeois que je ne connais pas qui m’a mis de la neige dans le dos. Est-ce qu’on a le droit de nous mettre de la neige dans le dos quand nous passons comme cela tranquillement sans faire de mal à personne ? Cela m’a saisie. Je suis un peu malade, voyez-vous ! Et puis il y a déjà un peu de temps qu’il me disait des raisons. Tu es laide, tu n’as pas de dents ! je sais bien que je n’ai plus de dents. Je ne faisais rien, moi ; je disais : c’est un monsieur qui s’amuse. J’étais honnête avec lui, je ne lui parlais pas. C’est à cet instant qu’il m’a mis de la neige. Faites-moi grâce pour aujourd’hui, cette fois, monsieur Javert. Tenez, vous ne savez pas ça, dans les prisons, on ne gagne que sept sous, ce n’est pas la faute du gouvernement mais on ne gagne que sept sous, et figurez-vous que j’ai cent francs à payer, ou autrement on me renverra ma petite. O mon Dieu ! Je ne peux pas l’avoir avec moi. C’est si vilain ce que je fais ! O ma Cosette, ô mon petit ange, qu’est-ce qu’elle deviendra, pauvre loup ! Je vais vous dire, c’est les Thénardier, des aubergistes, des paysans, ça n’a pas de raisonnement. Il leur faut de l’argent. Ne me mettez pas en prison ! Je ne suis pas une mauvaise femme au fond. Ce n’est pas la lâcheté et la gourmandise qui ont fait de moi ça. J’ai bu de l’eau-de-vie, c’est par misère. Je ne l’aime pas, mais cela étourdit. Ayez pitié de moi, Monsieur Javert ! H2 en Javert Allons ! As-tu bien tout dit ? Marche à présent ! Tu as tes six mois ; le Père éternel en personne n’y pourrait plus rien. F en Fantine Grâce ! ( Monsieur Madeleine entre) 19 documents H1 en M Madeleine Un instant s’il vous plait ! H2 en Javert Pardon monsieur le maire… F en Fantine Ah c’est donc toi qui es monsieur le maire Elle lui crache au visage. H1 en M Madeleine Inspecteur Javert, mettez cette femme en liberté ! F en Fantine Qui est-ce qui a dit cela ? Il n’est pas possible qu’on ait dit cela, j’ai mal entendu. Ca ne peut pas être ce monsieur de maire ! Ce monsieur de maire, ce vieux gredin de maire, c’est lui qui est cause de tout. Figurez-vous, monsieur Javert qu’il m’a chassée ! A cause d’un tas de gueuses qui tiennent des propos dans l’atelier. Si ce n’est pas là une horreur ! renvoyez une pauvre fille qui fait honnêtement son ouvrage ! Alors je n’ai plus gagné assez, et tout le malheur est venu. Il faut donc devenir ce qu’on peut. Moi, j’avais ma petite Cosette, j’ai bien été forcée de devenir une mauvaise femme. Vous comprenez à présent, que c’est ce gueux de maire qui a tout fait le mal. O monsieur Javert, c’est vous qui avez dit qu’on me mette dehors, n’est-ce pas ? H1 en M Madeleine Combien avez-vous dit que vous deviez ? F en Fantine Est-ce que je te parle à toi ! H1 en M Madeleine Libérez cette femme, monsieur Javert ! H2 en Javert Monsieur le Maire, cela ne se peut pas. H1 en M Madeleine Comment ? H2 en Javert Cette misérable vient d’insulter un homme. Il faut rendre justice H1 en M Madeleine Mais c’est le bourgeois qui avait tort. Inspecteur Javert, la première justice, c’est la conscience. J’ai entendu cette femme. Je sais ce que je fais. H2 en Javert J’obéis à mon devoir. Mon devoir veut que cette femme fasse six mois de prison. H1 en M Madeleine Écoutez bien ceci. Elle n’en fera pas un jour. Le fait dont vous incriminez cette femme est un fait de police municipale. J’ordonne donc qu’elle soit mise en liberté. 20 documents H2 en Javert Monsieur le maire permettez. H1 en M Madeleine Sortez. Il reste seul avec Fantine. Je vous ai entendue. Je ne savais rien de ce que vous avez dit. Je crois que c’est vrai et je sens que c’est vrai. J’ignorais même que vous eussiez quitté mes ateliers. Pourquoi ne vous êtes vous pas adressée à moi ? Je paierais vos dettes, je ferais venir votre enfant, ou vous irez la rejoindre. Vous vivrez ici ou à Paris, où vous voudrez. Je me charge de votre enfant, de votre petite Cosette, je vous en fais le serment. Elle s’évanouit. H2 Telle fut la promesse du Père Madeleine : réunir Fantine et Cosette La délivrer plutôt ! Car l’enfant vivait un calvaire. H1 Cosette montait, descendait, lavait, brossait, frottait, balayait, courait, trimait, haletait, remuait des choses lourdes, et, toute chétive, faisait les grosses besognes. Nulle pitié ; une maîtresse farouche et un maître venimeux. H2 Travailler à cinq ans, dira-t-on, c’est invraisemblable. Hélas, la souffrance sociale commence à tout âge. H1 La mère et l’enfant allaient donc se retrouver…mais hélas ! 21 documents affiche 22