11 février 2004 LE DEBAT france 24
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11 février 2004 LE DEBAT france 24
LE DEBAT France 24 Un problème avec l’Islam ? Lundi 11 février 2008 Quelle attitude doit adopter la France face à la demande des soutiens de l’ex-députée néerlandaise Ayaan Hirsi Ali d’accorder à cette dernière la nationalité française ? L'ex-députée néerlandaise Ayaan Hirsi Ali serait heureuse de devenir française. Cette femme d'origine somalienne est menacée de mort à cause de ses critiques de l'islam. La France a-telle le devoir de lui accorder la nationalité, voire sa protection ? Débat sur France 24. L’Europe a-t-il un problème avec l’islam ? « Je serais heureuse de devenir française. » Dimanche 10 février, lors d’un rassemblement de solidarité à Paris, l’ex-députée néerlandaise Ayaan Hirsi Ali a, indirectement, sollicité l’aide de la France et son hospitalité, voire sa protection. Aussitôt, la secrétaire d’Etat chargée des Droits de l’homme Rama Yade a lu un message de soutien du président Sarkozy et celui « de la France entière » à l’ex-députée « dans son combat pour la liberté et la diversité ». Née en Somalie en novembre 1969, Ayaan Hirsi Ali fait l’objet de menaces terroristes pour ses virulentes critiques de l’islam. Elle a notamment conseillé aux musulmans de se convertir aux Lumières et a nettement mis en cause le prophète Mahomet et l’islam dans le phénomène de la violence et du terrorisme. Considérée comme une apostat par les islamistes, elle a vécu sous protection policière aux Pays-Bas avant de partir sous la pression pour les Etats-Unis. Doit-on la protéger ? Sur France 24, les débats ont été très animés, les avis divergents et les arguments différents. Le délégué général du Conseil français du culte musulman Chems-eddine Hafiz est sans équivoque : « Oui, on doit protéger cette femme, la France ne peut se dérober à sa demande », clame-t-il. Mais il émet des réserves. « Je ne conteste pas à Ayaan Hirsi Ali de mener on combat, mais il faut qu’elle argumente. Je rejette les amalgames qu’elle sème entre islam et terrorisme, entre islam et extrémisme, comme le CFCM l’a fait contre ‘Charlie Hebdo’. Pourquoi ? Parce que je considère qu’il y a atteinte à la religion musulmane. » Dominique Soppo, président de SOS Racisme, trouve de son côté que la France a souffert de la complaisance de la droite vis-à-vis de l’islamisme. Mais « avec Hirsi, dit-il, les religions savent qu’elles doivent faire preuve de modernité et éviter les lectures littéralistes ». Il n’oublie pas de souligner le combat de l’ex-députée en faveur de l’égalité homme-femme et de l’émancipation de toute forme de pression. Est-est-elle islamophobe ? L’ethnologue algérienne Dounia Bouzar, auteure de plusieurs ouvrages sur l’islam, ne croit pas qu’Ayaan Hirsi Ali soit islamophobe. Elle lui exprime ouvertement sou soutien : « Je la soutiens, avoue-t-elle. Les droits fondamentaux sont universels. Elle doit être protégée. Ce que je conteste, c’est sa façon violente de poser le débat. En attribuant l’origine de la violence à l’islam, elle fait comme les intégristes, qui tentent de créditer cette thèse pour justifier leur idéologie. » Claude Moniquet, président du Centre européen du renseignement stratégique et de sécurité, revendique tout simplement le droit au blasphémer. Moniquet : « On a tout de même le doit de blasphémer. Qui se sent offensé n’a qu’à porter plainte. Mais ce n’est certainement pas par l’anathème et le meurtre qu’on règle les différends. » Pour lui, Ayaan Hirsi Al gênait aux Pays-Bas par ses propos anticommunautaristes. L’Occident et les islamistes Dounia Bouzar revient à la charge. « L’Occident n’en finit pas de tomber dans le piège des intégristes, avertit-elle. Au lieu de leur enlever le prétexte de l’islam, il les conforte en abondant à chaque fois dans leur sens en posant le débat dans le sens qu’ils affectionnent. L’Occident commet une grave erreur !» Moniquet rétorque : « Les gouvernements occidentaux traitent les musulmans comme une minorité qu’il faut choyer. » Chems-eddine Hafiz intervient pour signifier que l’islam a son côté sombre et son côté épanoui mais il s’élève contre sa diabolisation : « On l’attaque du mauvais côté, de telle façon qu’on favorise le raidissement des positions. » En conclusion, Dominique Soppo rappelle que la France et sa laïcité sont regardées avec envie. Le cas d’Ayaan Hirsi Ali est, selon lui, crispant pour les intégristes. Quant aux propos de l’ex-députée néerlandaise, ils reflètent son vécu, « c’est pour cela qu’elle attribue sa situation à l’islam ». L’islam ? « C’est prison ou choix », juge Soppo. FRANCE 24 n'est pas responsable des contenus provenant de sites Internet externes. Copyright 2007 FRANCE 24. Tous droits réservés