15 400 poulets à la ferme du Sougey

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15 400 poulets à la ferme du Sougey
L’espace
La lettre d’information
d e s a g r i cu l te u rs
Décembre 2015
Installation
15 400 poulets à la ferme du Sougey
Après un début de parcours un peu atypique, Aloïs Gury s’apprête à accomplir
son rêve en créant son activité d’éleveur
de volailles de Bresse. « Je suis titulaire d’un
je puisse trouver. Depuis octobre 2014, je
travaille en collaboration avec le CIVB et la
Communauté de communes pour aménager
le site en fonction de mes besoins. Tous les
travaux de gros œuvre sont pris en charge
par l’intercommunalité qui est très investie
sur ce projet. Seul reste à ma charge l’équipement (chauffage, abreuvoir, système d’alimentation, tracteur...) pour un montant de
110 000 euros. J’ai même pu rajouter l’eau
et l’électricité dans tous les box pour faciliter
les opérations de manutention, et installer un
système novateur de raclage automatique
des épinettes », s’enthousiasme l’heureux
élu qui devrait lancer son activité en février
prochain.
Le projet d’Aloïs Gury table sur une production de 15 400 poulets par an, qui seront
vendus à parts égales à Miéral et au Chapon
Bressan. « Je ne veux pas faire de production
intensive. Ce chiffre est le minimum nécessaire
« - Où habitez-vous ? - En Bresse.
- Ah, vous venez du pays du Poulet ! »
Combien de fois a-t-on entendu cette
réponse ! Notre territoire est complètement identifié au Poulet de Bresse.
AOC depuis 1957, il représente l’ex-
BEP CAP en menuiserie-agencement, et j’ai
travaillé principalement chez Renault Trucks.
Cependant, j’ai toujours été attiré par la
nature et les animaux, avec l’envie secrète
de reprendre une ferme. J’ai donc profité de
mon Congé Individuel de Formation pour
passer un Brevet Professionnel de Responsabilité d’Exploitation Agricole », confie le
jeune homme de 30 ans à propos de son
expérience.
Après différents stages en exploitations
agricoles, via Pôle Emploi, Aloïs Gury a
d’abord caressé le projet de reprendre un
élevage chevrier. Mais le dossier tombe à
l’eau, par manque de financement. Et le futur
agriculteur se réoriente alors vers la volaille
de Bresse qui demande moins d’investissement et présente davantage de sécurité
dans les débouchés.
Il se met donc à la recherche de terrains
agricoles à exploiter et contacte l’ensemble
des acteurs du secteur, dont le CIVB qui
décide de proposer sa candidature pour la
ferme du Sougey à la Communauté de communes. Et c’est finalement lui qui est choisi
pour relancer l’activité sur le site de cette
ferme datée de 1460 et classée aux monuments historiques.
« Cette solution est la plus intéressante que
EDITORIAL
cellence. Présente sur les 3 départements de l’Ain, la Saône et Loire et le
Jura, la production, après une baisse
assez sensible, semble retrouver des
couleurs. Dans notre département,
elle arrivait souvent en 4e ou 5e posi-
tion après les bovins laits, viande et
céréales. La Saône et Loire n’a pas
pris le même chemin. Des élevages de
pour faire tourner l’exploitation, avec une
marge (hors charges sociales) de l’ordre
de 2 € par volaille. Et puis, cela demande
déjà beaucoup de travail pour une personne
seule », précise ce dernier.
volaille de Bresse, performants, impor-
Pour mener à bien son projet, il disposera,
outre les nouveaux bâtiments d’exploitation, de 11 poulaillers pour la volaille,
répartis sur 15 hectares, et de 7 hectares
supplémentaires en zone inondable, pour
les foins. Au cours des prochaines années,
il espère trouver une vingtaine d’hectares
supplémentaires pour cultiver des céréales
et pouvoir ainsi basculer en autosuffisance
alimentaire.
Ce projet de développement du site du
Sougey comprend aussi quelques aspects
originaux qui ont séduit notre agriculteur.
En effet, la Communauté de communes de
Montrevel-en-Bresse attend de cette exploitation qu’elle devienne à la fois un pôle d’attractivité touristique supplémentaire pour
le territoire, mais aussi une vitrine de l’élevage du poulet de Bresse. C’est pourquoi, en
contrepartie des travaux d’aménagement et
d’un loyer environnemental modéré, Aloïs
Gury s’est engagé à consacrer deux heures
par semaine à la promotion de la volaille
de Bresse, et à proposer des visites pédagogiques de son exploitation. D’ailleurs, un
circuit d’interprétation en accès libre sera
également aménagé en surplomb des poulaillers, pour tous les curieux.
En attendant, Aloïs Gury doit encore clôturer, élaguer, débroussailler… s’il veut être
prêt dans les temps.
la Communauté de communes a pris
tants et spécialisés se sont développés.
La ferme du Sougey s’est alors inspirée de ce modèle. Le projet, géré par
beaucoup de temps. Il a fallu le défi-
nir et trouver l’éleveur, condition sine
qua non pour réussir. Aloïs Gury a été
retenu. Il sera autonome et s’acquittera d’une location pour le terrain et
les bâtiments. Les travaux se termine-
ront en janvier pour laisser place à des
bâtiments modernes et performants.
Ils permettront de produire plus de
15 000 volailles par an, commercialisées dans les 2 abattoirs de Montrevel.
Notre objectif est de faire de cet élevage moderne, une vitrine de l’agriculture mais aussi une référence pour les
nouveaux candidats à la production de
cette volaille d’exception.
Jean-Pierre Fromont
Vice-président de la Communauté de
communes en charge de l’agriculture durable
CIVB
Une garantie de réussite
pour les éleveurs
Pierre Bernard, éleveur de vaches laitières et
de poulets de Bresse à Etrez est aussi vice-président du CIVB (Comité Interprofessionnel de la
Volaille de Bresse). Et à ce titre il est particulièrement attentif à l’installation de nouveaux éleveurs sur le territoire.
« Historiquement, l’élevage de poulets de Bresse
était une production annexe aux exploitations
agricoles. Aucun investissement n’était donc fait
pour améliorer les conditions de travail ni même le
rendement sur cette activité. Mais avec les années,
la filière s’est structurée et il apparaît désormais
que l’élevage du poulet de Bresse peut être un
secteur rentable, principalement s’il s’agit d’une
activité principale », se plait-il à décrire.
Le CIVB cherche donc aujourd’hui à attirer de
nouveaux agriculteurs sur ce secteur de production, en réalisant par exemple des opérations « portes ouvertes » chez les éleveurs ou
des journées d’information dans les lycées. Et le
moins que l’on puisse dire est qu’il ne manque
pas d’arguments.
« Depuis dix ans, nous avons amélioré les condi-
tions de travail, spécialisé les élevages, valorisé la
filière et sécurisé les débouchés » énumère le
vice-président. De fait, il est aujourd’hui pos-
sible de s’installer comme éleveur de poulet de
Bresse et de vivre uniquement de cet élevage.
Le seuil de rentabilité est évalué par le CIVB à
14 000 volailles par an et par personne, ce qui
nécessite de disposer de 15 à 20 hectares en
parcours d’élevage, et d’autant en céréales si l’on
souhaite aussi produire l’alimentation.
« L’avantage est que nous bénéficions d’un
contrat de filière depuis 2004, qui permet de
bénéficier de subventions du Département et de
la Région à l’installation » précise Pierre Bernard.
« Nous avons également mis en place une charte
qui engage tous les acteurs de la filière (éleveurs,
abatteurs, etc...) et qui offre des facilités au repreneur (ou créateur) : prêt à taux zéro, frais de vétérinaires réduits les 2 premières années, aide à la
construction... Enfin, nous garantissons un volume
de vente et une marge brute à l’ensemble des
éleveurs ».
Toutes ces facilités sont inédites dans le monde
de l’agriculture. Elles prouvent que le secteur est
en bonne santé même s’il a encore besoin de
nouveaux arrivants pour continuer à se développer. Actuellement, la filière compte une moyenne
de cinq installations par an, parmi lesquelles celle
d’Aloïs Gury, le jeune exploitant au Sougey.
Actualités 2016
29 janvier Conférence-débat
« souveraineté
alimentaire et
agroécologique »
avec Christophe
PROBST à 20h30
à Marsonnas
20 mars Chasse aux œufs sur
le sentier de Fenille
(St Martin le Châtel)
23 et 24 avril De Ferme en Ferme
15 juillet Marché des saveurs
nocturnes à Montrevel
26 juillet Marché des saveurs
nocturnes à la Base de
loisirs La Plaine Tonique
12 août Marché des saveurs
nocturnes à Montrevel
Exploitation Mariller
38 ans de fidélité à la volaille de Bresse
Début décembre, une ambiance de veillée
d’armes règnait dans la ferme de Gérard Mariller, éleveur de volailles à Foissiat. La famille et
les amis ont été mobilisés comme chaque année
à la même époque pour préparer les vedettes
des Glorieuses de Bresse, les parer de leurs plus
beaux atours, les rendre plus belles que jamais.
« Cette année, nous avons participé aux concours
de Montrevel, Pont-de-Vaux et Bourg pour lequel
nous faisions notre grand retour ! » raconte le
producteur.
Gérard Mariller et son épouse Elisabeth ont
succédé en 1988 aux parents Gisèle et Roger.
Dans six ou sept ans, ce sera au tour du fils de
la maison, Julien, 21 ans, titulaire d’un BAC pro
« conduite et gestion d’une exploitation agricole », de reprendre le flambeau. Et toujours
dans la volaille AOC ! Dans la famille Mariller,
c’est une question d’honneur. « Depuis 38 ans,
je participe aux Glorieuses et j’ai représenté les
volailles fines pendant 15 ans au bureau du
CIVB » déclare fièrement le chef de famille pour
qui la fidélité n’est pas une vue de l’esprit. « On
fournit la maison Miéral depuis toujours, dit-il. On
a connu le grand-père Roger, le père Jean-Claude
et maintenant c’est le fils,Valéry. Pour chaque Glo-
rieuse, nous avons préparé trente volailles. » Et
pas question d’en louper une seule. Les doigts
agiles se sont agités. La volaille a été emmaillotée
dans la toile pour que la graisse se répartisse
uniformément et les extrémités fermement
cousues avec de la ficelle.
La ferme Mariller existe depuis 1955. Depuis, les
poulets tricolores n’ont jamais cessé de gambader et de picorer autour des bâtiments. « Nous
produisons 9 000 volailles, dont 300 chapons et
800 poulardes, explique l’agriculteur. Nous faisons aussi du bovin à viande, 70 charolais engraissés sur place. Pour cela, 70 de nos 110 ha sont
consacrés au blé et au maïs. »
Mardi 15 décembre à Montrevel, les Mariller
n’ont pas été autorisés à aligner leur lot de deux
poulardes et un chapon. « C’est parce qu’en
2013, on a gagné un Prix d’honneur, précise
Julien. Du coup, pendant trois ans on est hors
concours ». Ce qui ne les a cependant pas empêchés de gagner un nouveau Prix d’honneur dans
la catégorie Poulets roulés en lot de 3, cette
fois-ci. « Pendant toutes ces années, mes parents
ont engrangé pas mal de récompenses, pas mal
de Premiers Prix ». Il ne manque plus que le
fameux Vase de Sèvre qui consacre à Bourg le
meilleur des meilleurs… « Mais on n’y pense
même pas ! glisse tout sourire Gérard Mariller.
D’abord, il faudrait l’astiquer. Et puis… on le laisse
à Max ! » (Cormarèche, éleveur de Curtafond
régulièrement vainqueur) ».
L’espace La lettre d’information des agriculteurs de la Communauté de Communes de Montrevel-en-Bresse - BP 69 01340 Montrevel-en-Bresse
Directeur de la publication : Jean-Pierre Roche. Rédaction, mise en page : Le Courrier Economie
Impression : Communauté de communes de Montrevel - Dépôt légal à parution : ISSN 2263-3987. Crédit Photo : Courrier Economie