Assemblée générale de la Fédération protestante de France 21 et

Transcription

Assemblée générale de la Fédération protestante de France 21 et
Assemblée générale de la Fédération protestante de France
21 et 22 janvier 2012
ANNEXES
du compte-rendu
Annexe I
Rapport d'orientation
Claude Baty, président
p. 2
Annexe II
Rapport financier
Jean-Daniel Roque, trésorier
p. 10
Annexe III
Interventions des
aumôniers
Frank Bourgeois, armées
p. 16
Isabelle Meykuchel, hôpitaux
p. 21
Brice Deymié, prisons
p. 23
Annexe IV
Message sur les
aumôneries de la FPF
p.25
ANNEXE
I
Le Président, Claude Baty
Rapport d’orientation 2012
Changements à venir
Les candidats à l’élection présidentielle sont en général connus bien avant de se déclarer tel
officiellement. Ce qui fait que leur déclaration solennelle est plus rituelle qu’informative. Je
suis un peu dans cette situation aujourd’hui, même si l’objet est inverse. Je dois annoncer
ce qui est connu de la plupart d’entre vous. Non pas ma candidature à la présidence de la
République, je vous rassure, mais la fin de mon mandat. Quand, en 2010, le Conseil m’a
demandé de renouveler mon mandat j’ai accepté en disant que je n’irai probablement pas
jusqu’à son terme. Le Conseil a simplement souhaité que je le prévienne un an à l’avance.
Dans la mesure où j’ai souhaité m’arrêter en 2013, il était donc normal que je vous informe
à cette assemblée générale 2012. Vous comprenez donc que ce n’est pas un coup de tête, ni
le signe d’un problème interne dissimulé, ni, à ma connaissance, un problème de santé, qui
motive cette décision ! J’aurai 65 ans en octobre, un âge raisonnable pour penser à la retraite.
J’en ai assez dit sur ce sujet qui n’est ni très urgent, ni si important au demeurant. Un dernier
mot quand même, pour vous tranquilliser, si besoin était. Le processus de recherche de mon
successeur a été enclenché par le Conseil, une commission de nomination a été choisie, elle
fera des propositions au Conseil et, Dieu voulant, un nouveau président (ou présidente) sera
élu par le Conseil en juin 2013. Ceci dit, j’ai bien l’intention de travailler jusqu’à cette date-là,
je vous remercie donc par avance de me garder votre confiance jusqu’au bout.
Un autre changement va intervenir bien plus rapidement puisque Jean-Daniel Roque nommé
conseiller juridique de l’Église réformée de France a souhaité être déchargé de sa fonction
de trésorier. Contrairement à ce que nous pouvions craindre, en raison de la charge de travail
et des compétences requises pour ce poste, nous avons assez rapidement pu trouver son
remplaçant, le Seigneur a pourvu. C’est, dit en termes bibliques, la réalité de ce que j’ai
éprouvé. Nous pouvons être reconnaissants de l’engagement et de la disponibilité de Thierry
Besançon qui sera présenté à vos suffrages cet après-midi. Je ne peux évoquer ce changement
sans remercier très chaleureusement Jean-Daniel pour tout ce qu’il a fait en tant que trésorier
de la FPF. J’ai eu grand plaisir à me reposer sur sa compétence et sa disponibilité fidèle ; sa
rigueur a fait du bien à notre organisation et à nos finances. Il a été l’homme dont nous avions
besoin. Ceci dit, il ne nous quitte pas, puisqu’il continuera à siéger au Conseil et à présider la
commission « Droit et liberté religieuse ».
Ces évolutions tranquilles indiquent que l’institution « Fédération protestante de France »
fonctionne bien, et qu’elle entretient de bonnes relations, notamment avec les autres
institutions protestantes ; disant cela, je me garde bien d’oublier que sans des hommes et des
femmes compétents, dévoués et intègres, les institutions les meilleures ne sont rien. Cette
gouvernance satisfaisante de la Fédération est d’une part le résultat du travail de refonte et
d’enquête effectué ces dernières années et d’autre part le fruit d’une collaboration loyale des
divers partenaires. Mais, vous le savez, il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier,
une nouvelle enquête doit être effectuée pour servir à l’établissement des représentations
et contributions en 2014, début d’un nouveau cycle de 4 ans, avec un Conseil renouvelé.
Vous avez reçu un exemplaire de cette enquête pour information ; j’écrirai dans les jours
qui viennent aux responsables des Églises, des communautés, œuvres et mouvements pour
-2-
leur demander de bien vouloir nous renvoyer les formulaires remplis en temps voulu. Je me
réjouis de la confiance qui règne entre nous, et vous exhorte à la maintenir par un dialogue
sans préjugé. Les nouvelles demandes d’adhésion d’Églises et d’œuvres montrent bien que
notre Fédération reste attirante, malgré ou à cause de son âge. Le Conseil vous propose en
effet l’admission définitive dans le premier collège de la FEC de l’UEEAF, de l’UEEEF et de
l’UNEPI, dans le second collège de la FOSCAF et de l’UMCF.
Le Conseil vous demande également d’accueillir deux nouvelles Églises en probation,
l’UEEMF et la Famille d’Églises Horizon, et dans le second collège les œuvres de Famille
Horizon ainsi que Mission Vie et famille.
L’élargissement de l’assise de la Fédération protestante de France est encourageant. Charge à
nous de faire vivre la richesse de cette diversité dans l’harmonie !
Je ne souhaite pas empiéter sur le rapport financier, mais je dois souligner que si, ces
dernières années, nous avons reconstitué des réserves qui nous permettent de ne plus avoir
de souci de trésorerie, nous avons aussi pris des engagements nouveaux, l’objectif n’étant
évidemment pas de thésauriser mais de travailler plus et mieux ! Ce sont vos engagements
financiers qui nous donnent les moyens de mettre en œuvre les projets que nous votons. Nous
avons besoin de la mobilisation de tous, anciens et nouveaux. J’espère que les perspectives
que je vais tracer, vous convaincront du bien-fondé des efforts demandés.
Les protestants en France, une famille recomposée
Je viens d’évoquer l’accueil de nouveaux membres. Cet accueil se fait dans le cadre d’un
protestantisme renouvelé. Les Actes du colloque « Le protestantisme une famille recomposée »,
sont sortis. Nous avons là du matériau de premier ordre. Je vous engage à ne pas laisser ce
champ en jachère. Il faut labourer ce terrain, un trésor est caché dedans. Nous avons déjà pris
conscience que des analyses rapides sur l’essor irrésistible des uns et le déclin inéluctable des
autres étaient décidemment plus proche de la propagande que de la science. Il est aussi apparu
que les frontières et délimitations que certains aiment tracer pour maintenir leur pouvoir sont
bien poreuses et fluctuantes. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait plus d’oppositions théologiques, de
divergences ecclésiologiques ou éthiques, c’est évident ; mais la bonne question à se poser est de
mon point de vue celle-ci : quel usage faire de ces tensions ? Elles ne seront fécondes qu’à travers
un débat respectueux ; si elles ne faisaient qu’alimenter des préjugés et conforter des positions de
domination, nous aurions tout à craindre. La complexité du sujet est réelle mais féconde. Nous
avons un travail à poursuivre sur nos motivations et nos objectifs.
C’est ici que je devrais dire un mot sur le CNEF, il a beaucoup occupé nos précédentes
assemblées, il ne faudrait pas qu’il ne soit pas même mentionné aujourd’hui.
Nous avons établi deux rencontres par an entre bureaux plus des échanges régulier ; ainsi
le directeur du CNEF, Clément Diedrichs fait partie de notre commission « Droit et liberté
religieuse ». Je salue la présence d’Etienne Lhermenault, président du CNEF, et lui souhaite
bonne réussite pour sa toute prochaine convention.
Il me semble évident que le plus important n’est pas de délimiter un champ d’influence et de
pouvoir, mais d’être à la hauteur d’une responsabilité commune.
Cette responsabilité apparaît clairement quand nous sortons de notre microcosme. La tenue du
colloque et la publication de ses Actes n’a pas d’un coup informé notre société sur la diversité
protestante. Nous sommes toujours aussi inconnus et parfois méconnus ! Il y a peu de temps
lors d’un petit déjeuner avec des députés protestants nous évoquions des sujets susceptibles
d’intéresser leurs collègues parlementaires, nous pensions à la bioéthique, ou à quelques grands
sujets d’intérêt universel (!), mais ils nous ont unanimement conseillé de parler de nous, personne
ne connaît les protestants. La formule est exagérée, disons que nous gagnerions à être mieux
connus… C’est donc ce que nous ferons très bientôt (25 janvier 2012 à l’assemblée nationale),
Jean-Paul Willaime et Sébastien Fath nous aideront à les informer, c’est l’occasion de les
remercier de leur fidèle collaboration.
-3-
Nos efforts « diplomatiques » vont de pair avec une volonté d’être présents dans les médias,
tout en maîtrisant autant que possible notre message. L’exemple de la visite du président de la
République au Musée du Désert est instructif ; cette visite suivie d’un discours remarquable
sur ce que la France doit aux protestants, notamment pour ce qui est de la liberté de
conscience méritait mieux que le silence. Or la majorité des grands médias ont à peine rendu
compte de l’événement, quand il en a été question le mot protestant n’a pas été prononcé. On
peut s’interroger sur cette forme d’ostracisme…
Médias protestants
Pour rester dans la même perspective, je vous dois un point d’étape sur les suites du projet
évoqué l’an dernier. J’avais illustré mon propos d’un dessin de Sempé montrant une famille
rassemblée autour du berceau d'un nouveau-né : « La chose qu'il faut lui souhaiter avant
tout, c'est qu'il soit médiatique », disait un parent attendri. Ce vœu reste d’actualité. Nous
avons, comme convenu, poursuivi nos réflexions et commencé à agir. Avec l’aide de David
Guiraud (spécialiste des médias) nous sommes passés à un stade décisionnel. Le projet
consistant à rendre visibles les médias protestants débouche sur la réalisation d’un grand
portail numérique. Ce portail serait associé à un pôle de compétence qui aiderait nos médias
à se mettre à niveau. Le tout accompagné par un « comité des sages » veillant à préserver
l’esprit et la déontologie du dessein commun. Ce qui est nouveau dans notre démarche c’est
qu’alors que souvent nos rêves se brisent sur le mur de l’argent, cette fois le problème n’est
pas d’abord là. Le coût est important, mais nous avons trouvé des partenaires motivés. La
Fondation Bersier et la Fondation du protestantisme - fondation individualisée « foi et vie » sont engagées. Si je vous disais que tout est réglé, je me montrerais bien imprudent. Mais je
crois que chacun est bien conscient des enjeux et désireux de réussir. Le point suivant reste
dans la ligne communication et témoignage.
Année de la Bible et Protestants en fête
Les protestants sont en fête quand on leur dit « lisons la Bible ensemble » ! Cette phrase
pourrait être extraite d’un psaume moderne ! Elle est simplement l’espérance du Conseil de
la FPF. Après « l’année des migrations », il a décidé de prendre comme thématique des mois
à venir la lecture de la Bible et il a demandé à un des 5 regroupements des communautés
œuvres et mouvements, Dialogue témoignage Bible et Théologie, avec le service biblique,
de proposer une pédagogie et des actions pour cette période. Vous entendrez donc parler
de la lecture de la Bible. Ce projet « lire la Bible ensemble », culminera en septembre 2013
à « Protestants en fête : Paris d’Espérance ».
Ce rendez-vous qui vous sera présenté demain en détail par Eric Schlumberger, nous offre
une magnifique perspective, c’est vraiment l’occasion de nous faire connaître, en vivant un
temps fort et significatif, tout semble concourir à sa réussite… sauf un manque d’engagement
financier des Églises locales. Le trésorier vous en dira plus cet après-midi, mais je souligne
ce point tout de suite parce qu’il est impératif que les paroisses et les Églises montrent
clairement leur mobilisation, sans leur engagement décidé nous ne réussirons pas notre pari.
Notre ambition est quand même de rassembler plus de 20 000 protestants à Paris. Je vous
demande donc d’être les ambassadeurs de « Protestants en fête », le jeu en vaut vraiment la
chandelle !
Aumôneries
-4-
Nous tenons une assemblée au cours de laquelle une place importante est faite à la réflexion
sur les aumôneries.1 Les aumôneries sont des lieux avancés du témoignage de l’Église ;
elles prennent en compte des hommes et des femmes qui, parce qu’ils sont hospitalisés,
emprisonnés, ou combattants, sont confrontés à des questions qui touchent, pour faire bref,
au sens et à la valeur de la vie. Ces aumôneries vivent dans des « établissements publics »,
et sont donc partenaires des pouvoirs publics. Leur situation est donc très particulière, nous
aurons l’occasion de nous en entretenir. Ces services de la Fédération protestante de France
ne doivent pas, et ne peuvent pas vivre leur vie sans lien avec les Églises ; si nos aumôniers
sont bien aumôniers de la Fédération protestante de France, ce sont des membres de nos
Églises.
Permettez-moi un mot particulier sur l’aumônerie des établissements sanitaires et médicosociaux, puisque c’est le dernier né des services de la FPF. Les premiers mois de travail
prouvent que nous avons bien fait de créer ce service. Les attentes sont innombrables et le
moment bien approprié. Mais nous devons être attentifs aux enjeux de la mise en œuvre. Nous
sommes engagés vers « plus de coordination, de mutualisation des ressources en personnes
et en énergie, plus de transparence au sujet des nominations » ; cet engagement doit être
porté par tous pour qu’il aboutisse à de bons résultats. À l’ouverture manifestée par les
autorités du ministère de la santé, et visible notamment dans l’allocution de son représentant
lors de l’accueil d’Isabelle Meykuchel, doit correspondre un engagement sans faille de la
part des membres de la FPF. Car il ne faut pas non plus sous-estimer les difficultés liées à
cette période de recomposition du paysage de l’aumônerie des établissements de santé, elle
engendre des turbulences entre les partenaires religieux et nous impose une clarification de
nos engagements.
L’élaboration d’une charte nationale des aumôneries des établissements relevant de la
fonction publique hospitalière, est le signe du changement dans les relations entre les cultes et
le Ministère de la Santé. Cette charte, qualifiée d’ambitieuse,
- fonde l’intervention des aumôniers dans un service d’aumônerie pluriel où les différents
cultes portent ensemble un projet…
- Réaffirme le rôle central des aumôniers dans le lien entre les cultes, les patients et
l’administration hospitalière
- réaffirme le rôle central des aumôniers dans le lien entre les patients et les équipes
hospitalières
Le dialogue entre les cultes et les établissements de santé est donc bien engagé et nous
introduit dans le chapitre plus large qui est celui de la laïcité.
Laïcité
Pardonnez-moi de revenir sur des questions de
bases mais il est évident qu’elles sont encore
souvent méconnues. La laïcité est un principe
qui ne se discute pas puisqu’il
est « constitutionnalisé ». Notre constitution
déclare en effet que « la France est une
République indivisible, laïque, démocratique
et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de
tous les citoyens sans distinction d'origine, de
1
Selon un planning à confirmer par le Conseil, l’accent sera mis sur l’œcuménisme et l’interreligieux en 2013 et la communication
en 2014.
-5-
race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.” Ceci bien intégré, il ne faut donc plus
confondre laïcité et loi de séparation des Églises et de l’État, qui est pourtant souvent
présentée comme la « loi de laïcité », alors même que le mot laïcité ne s’y trouve pas ; cette
loi de 1905 avait pour objectif de mettre en place juridiquement la séparation des Églises et de
l’État. Après les deux premiers articles généraux, elle s’occupe donc essentiellement
d’immeubles et de finances.
La laïcité concerne tous les citoyens de tous les départements, même ceux d’Alsace, de
Moselle et de Guyane, alors même que la loi de séparation de 1905 ne s’applique pas dans ces
départements.
La confusion laïcité séparation, devient dérive quand certains commentateurs peu rigoureux
ou mal intentionnés, laissent entendre que la laïcité consiste à séparer la société et les
religions, celles-ci étant alors invitées à se recroqueviller dans la sphère privée de l’intimité
et de la conviction personnelle… ce refrain revient sans cesse et finit, je dois l’avouer, par
m’agacer ! Voilà que certains citoyens seraient exclus pratiquement de l’espace public parce
qu’ils seraient « religieux », alors que ce même espace serait ouvert aux militants de toutes
les philosophies et de toutes les obédiences. À moins qu’implicitement, les seuls citoyens
républicains fiables soient les rationalistes. Il faut résister à la captation de la laïcité par un
courant pseudo-rationaliste et surtout anticlérical. Ce n’est pas au citoyen d’être laïc mais à
l’État !
Merci à Christine Delphy, qui se définit elle-même comme incroyante, d’écrire : Le caractère
public des religions reste, n’en déplaise aux fondamentalistes de l’athéisme, inscrit dans
la loi. Et l’une des missions de l’État est d’assurer le respect de ce principe. Car il serait
aberrant que par un renversement pervers, après avoir obtenu la liberté de ne pas croire (en
Dieu), il faille aujourd’hui conquérir la liberté de croire ! Ce pays est-il voué à tomber d’une
intolérance dans l’autre ?
Les titres III et V de la loi de 1905 précisent bien que l’activité cultuelle est publique. Le
caractère public des religions est bien inscrit dans la loi de 1905. Il serait donc abusif, au nom
même de la loi de 1905 d’opposer espace public et religion.
Cette fausse compréhension de la séparation est souvent le résultat de l’ignorance, de ce point
de vue nous ne pouvons que nous réjouir de voir les Préfectures nommer des « Monsieur
laïcité » suites aux instructions du ministre de l’Intérieur d’avril 2011. Parallèlement des
conférences départementales de la liberté religieuse ont été ou seront convoquées. Face aux
corps constitués, des représentants des religions et parfois de la libre-pensée sont invités
à s’exprimer. Questionnée par de nombreuses préfectures nous demandant le nom du
représentant protestant, la Fédération protestante a été amenée à interroger les Églises et les
pôles FPF pour nommer dans chaque département un représentant protestant. Dans certains
départements il ne sera pas seul, mais l’objectif est que nous ayons un correspondant identifié
dans chaque département. Nous faisons de notre mieux.
Nous avons eu, avec le président de notre commission « Droit et liberté religieuse », une
première rencontre avec une dizaine de ces correspondants. Cette rencontre bilan/formation a
permis d’offrir et commenter le recueil de textes intitulé « laïcité et liberté religieuse » publié
en fin d’année dernière. Une autre rencontre aura lieu en mars. Nous verrons alors dans quel
sens continuer, information et formation.
Engagements internationaux
Aujourd’hui dans le monde, seulement un protestant francophone sur 23 est français ! Cette
statistique qui nous ramène une fois de plus à notre minorité, est en fait encourageante, il ne faut
pas considérer l’importance du protestantisme français seulement à la lumière de sa population
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métropolitaine. En raison de la langue, mais aussi de l’histoire, nous avons la chance d’avoir
une vaste communion, qui ne va évidemment pas sans responsabilité. Il serait, de mon point de
vue, dommageable pour tout le monde de ne pas répondre à l’attente de nos coreligionnaires
francophones dans le monde. Un certain nombre d’entre eux est venu habiter chez nous, mais la
plupart sont en Afrique ou Haïti.
Les liens de la Fédération protestante de France avec Haïti sont maintenant bien connus, je n’y
reviens donc pas en détail d’autant que des plages d’informations sont prévues sur le sujet. Je
rappelle simplement notre devoir de persévérance dans notre engagement.
La situation de nombreux pays d’Afrique nous a déjà mobilisés, notre plateforme Congo
Brazzaville continue à travailler. Nous sommes engagés, à leur demande, dans des relations avec
la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la République démocratique du Congo.
Interreligieux
L’interreligieux s’est imposé en quelques années comme un défi. Le champ est miné et encombré.
Miné dans la mesure où les dialogues sont souvent contestés, dans toutes les religions certains
estiment que dialoguer c’est trahir, ou plus souvent encore se faire manipuler. Il faut bien
dire que même dans le cadre de l’œcuménisme, on trouve ce genre de préventions. Pourtant
l’élargissement même du dialogue qui dépasse les fameuses religions monothéistes, ou religion
du livre, amène à se parler non pas pour tenter une synthèse théologique impossible, mais pour
mieux comprendre l’autre, et donc mieux l’apprécier, afin de pouvoir vivre avec lui. Cela permet
de traverser des crises, le cas échéant, sans immédiatement revenir à des réflexes identitaires qui
débouchent sur la dénonciation et le rejet.
Nous avons contribué à lancer la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), qui
avait des ambitions limitées, essentiellement pédagogiques de découverte mutuelle, mais qui a
produit une déclaration appréciée et un colloque significatif. Gageons que nous ne sommes pas
au bout de nos joies et de nos peines. Lors de la prochaine assemblée générale nous devrions
avoir un aperçu du travail demandé à Jane Stranz sur les interactions entre œcuménisme et
interreligieux, ce qui nous aidera à avancer dans ce domaine. Puisque j’évoque tout de même
l’œcuménisme, je rappelle notre participation au mouvement intitulé « Forum chrétien mondial »
qui a ouvert un dialogue, informel mais fécond, entre catholiques, orthodoxes, protestants,
évangéliques et pentecôtistes. Alors que le 50e anniversaire de l’ouverture de Vatican II va être
célébré, ce genre d’initiative redonne de l’élan à l’œcuménisme.
C’est dans ce chapitre que je dois évoquer un sujet qui nous préoccupe de plus en plus, l’atteinte à
la liberté religieuse.
La situation des chrétiens au Moyen-Orient, en Afrique du nord, au Soudan, au Nigéria, est
très inquiétante. Elle n’inquiète pas seulement les chrétiens, elle scandalise quiconque estime
que la liberté de conscience, et donc la liberté de culte, est un principe fondamental qui ne se
discute pas plus que le respect dû à la personne humaine. Nous souhaitons que la diplomatie
française, et plus largement celle de l’Europe, soit exigeante sur ces questions. C’était le
sens de la demande du pasteur Ramadan Chan Liol du Soudan qui s’est adressé à nous la
semaine dernière lors de nos vœux ; il a demandé la prière et l’intervention auprès de notre
gouvernement. Il faut aussi rappeler que les conflits lointains ne sont pas sans conséquences
chez nous. C’est bien connu pour tout ce qui touche au conflit israélo-palestinien ; mais
aujourd’hui les musulmans portent souvent l’opprobre de leurs extrémistes et font donc peur
en France même. D’où la nécessité de dialoguer sans se lasser plutôt que de préconiser la
restriction de la liberté d’expression, par exemple. Je reviendrai sur ce point dans un instant.
Conclusions
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Vous avez compris que je n’ai pas tenté de faire un rapport d’activité, parfois appelé moral !
Nous reviendrons sur l’évaluation de nos actes par le biais des rapports du conseil, des
services et commissions. Mon rapport d’orientation invite par définition à réfléchir à l’avenir
et là je ne peux conclure sans évoquer la situation politique !
La Fédération protestante de France a-t-elle quelque chose à dire sur les élections ? Elle ne
donnera évidemment aucune consigne de vote, cela va sans dire. Dans le chaos médiatique
actuel, il serait présomptueux de prétendre éclairer un débat qui n’en est pas un. J’aimerais
simplement, fondé sur nos travaux récents, proposer quelques principes.
Notre commission « Église et société » a fourni de la matière à réflexion en organisant des
colloques qui ont été de mon point de vue de grande qualité, avec des intervenants de premier
ordre. Je cite celui de juin 2011 intitulé « les libertés et les lois sécuritaires » et le dernier « Le
progrès, promesses et mirage ». Un autre est en cours de préparation, il est intitulé « Église
et pouvoir », ce qui rappellera des souvenirs à certains d’entre vous. Il aura lieu après les
présidentielles et avant les législatives ! J’anticipe donc !
J’ai évoqué le préambule de la Constitution, qui souligne les idées de liberté et d’égalité.
J’ai déjà parlé de la liberté de conscience, nous y tenons, nous en avons besoin comme
chacun des habitants de notre pays ; plus largement les libertés publiques doivent être
préservées, dont la liberté d’expression. Nous ne serons pas de ceux qui demandent un délit
de blasphème ! Nous ne pouvons pas imaginer, au nom d’une sécurité fantasmée, de favoriser
un régime policier. Ne soyons pas dupes des discours qui font peur sans raison fondée.
Les chiffres des experts, qui se prétendent réalistes par opposition à nos paroles qualifiées
d’idéalistes, doivent toujours être corrigés par une réflexion distanciée. Notre société est
globalement moins dangereuse que celle de nos ancêtres. Et les jeunes d’aujourd’hui ne sont
pas plus délinquants que ceux des siècles précédents, mais comme toujours, ils sont une
cible facile. Il serait dramatique que notre société ait peur de sa jeunesse. Pour reprendre une
réflexion menée par notre commission « Justice et aumônerie des prisons », il faut sortir de
la logique punitive et donner sa chance à une justice restaurative. Il y a une « invention de
la violence »2 des chiffres choisis qui alimentent un sentiment de peur. Mme Delmas Marty
concluait son intervention à notre colloque en invitant à transformer la peur-exclusion en
peur-solidarité, de sorte que nos sociétés au lieu de se replier sur elles-mêmes, deviennent
des communautés humaines ouvertes et confiantes en leur destin3. Nous attendons donc de
ceux qui veulent nous gouverner un discours qui fasse appel à la confiance et à la solidarité,
plutôt que des paroles de dénonciation. La sécurité est importante, elle est indissociable du
droit au logement, droit bien négligé aujourd’hui. Alertés par nos associations engagées sur
ce terrain, nous ne pouvons qu’appeler à faire du logement une question prioritaire. Tout
comme nous ne pouvons nous consoler de passer en pertes et profits de la crise ce que nous
nous étions engagés à faire pour les personnes âgées ou handicapées. Nous attendons donc
des engagements qui redonnent confiance à toute une population qui manque d’espérance.
L’égalité grand principe républicain est mise à mal, aussi bien par les préjugés, que par les
réseaux et les puissants qui transgressent impunément les lois. Il y aura toujours des riches
et des pauvres, ce n’est pas cela qui est en cause dans les Évangiles, mais bien l’amour
de l’argent. Nous ne pouvons pas nous associer à la célébration actuelle de l’argent, ni à
l’indifférence de ceux qui en possèdent beaucoup, à l’égard des pauvres à leurs portes. Il est
urgent de redonner du sens à notre vie commune. Si beaucoup ont perdu confiance dans le
progrès, c’est que celui-ci est aujourd’hui dévoyé par le marketing qui canalise nos désirs
vers les marchandises ; le nouveau est confondu avec le mieux. Nous pensons qu’il est temps
2
3
L'invention de la violence : des peurs, des chiffres, des faits, par le sociologue Laurent Mucchielli, Fayard, 2011
Actes du colloque FPF, page 22
-8-
de résister à nos pulsions par amour pour notre terre et pour notre prochain. La nature et
l’humanité ne sont pas des biens de consommation, l’écologie ne peut pas être considérée
comme un sujet secondaire. Nous attendons de ceux qui recherchent nos suffrages, qu’ils
aient le courage de ne pas flatter nos égoïsmes, notre individualisme, notre imprévoyance,
et qu’ils appellent au courage et à la sobriété dans tous les domaines, même dans le domaine
législatif !
Ce qui nous coûte le plus, c’est un changement intérieur qui modifie notre regard sur le
monde et notre prochain. Heureux de dépendre de Dieu, serons-nous capables de dépendre un
peu des autres avec confiance ?
Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible ,
cette citation
de Saint-Exupéry me permet de conclure.
Ce qui rend « possible l’avenir », pour nous, ce n’est pas notre stratégie ou notre force,
c’est notre ancrage spirituel, la Parole du Seigneur reçue et partagée. Une Parole qui met en
dialogue et crée la communion. La plupart des mots que je viens d’employer sont les mots
clé de l’article 2 de nos statuts qui définit l’objet de la Fédération (témoignage, communion,
représentation, veille et dialogue).
Mais je suggère une autre référence biblique, celle-là, tirée du chapitre trois du livre
d’Ézéchiel. Le prophète mange un livre-rouleau qui lui est tendu par Dieu ; il est dans sa
bouche, doux comme du miel. Puis la parole du Seigneur lui vient en ces termes : « Humain je
te fais guetteur... tu écouteras la parole de ma bouche et tu… avertiras de ma part. »
Notre vocation n’est pas dans le magistère mais dans le service, notamment le service de la
parole. C’est nourris d’une Parole ruminée ensemble, que nous pourrons tenir un discours de
veilleur, discours qui n’a pas de pouvoir, mais nous l’espérons, quelque autorité parce qu’il
n’est pas le nôtre.
-9-
ANNEXE
II
Le Trésorier, Jean-Daniel Roque
Rapport financier
Assemblée générale 2012
Chers amis,
Vous avez pu trouver, dans le document introductif aux tableaux financiers, les principales
informations relatives aux comptes 2010 (définitifs) et 2011 (encore provisoires). Je vous
propose donc de consacrer l’essentiel de ce rapport oral au projet de budget 2012, marqué par
une innovation significative.
1 - La création d’un nouveau service
A la suite de plusieurs exercices déficitaires, le conseil s’était inquiété en 2005 de la situation
exacte du bilan de la Fédération. Le rapport présenté par le réviseur aux comptes lors de
l’assemblée générale 2006 mettait en évidence une insuffisance :
* du fonds de roulement, auquel il manquait 165 000 € pour honorer toutes les sommes
portées au passif, hors fonds associatifs, et
* de certaines provisions (notamment pour les indemnités de départ à la retraite).
A partir de 2007, le Conseil a donc conduit une politique financière visant à
- constituer les provisions règlementaires, dès 2007 et 2008,
- reconstituer un fonds de réserve par affectation des économies constatées par la prise
en charge de deux postes par d’autres institutions4,
- commencer à rééquilibrer les contributions des membres, par notamment l’adoption
du plan progressif largement présenté lors des précédents rapports,
Le bilan au 31 décembre 2010 – le dernier certifié par le commissaire aux comptes – permet
ainsi de constater que la Fédération disposait à cette date de près de 420 000 € de réserve
générale (ce qui correspond environ à trois mois de fonctionnement d’un exercice). Une telle
provision n’est pas un luxe : après l’été 2011, l’exécution du budget montrait un montant des
dépenses supérieur de plus de 200 000 € aux recettes constatées.
Mais s’il est constant, le souci d’équilibre des comptes et bilans n’est pas l’objectif premier
du Conseil. Celui-ci veille en priorité à assurer toutes les pistes tracées par l’article 2.1 des
statuts, et notamment :
• rendre dans la société un témoignage commun au Christ vivant,
• représenter le protestantisme français,
• veiller au respect des libertés religieuses.
Aussi a-t-il considéré comme prioritaire, après la prise en charge pérenne de la
mission « Mosaïc » (en 2008), de compléter le réseau des aumôneries que coordonne la
Fédération en créant au 1er octobre 2011 le service des aumôneries hospitalières.
4
Vacance du poste de secrétaire général, puis pourvoi par un pasteur sur un poste de l’EPCAAL ; prise en
charge par la région parisienne ERF du poste de chef du service « Justice aumônerie des prisons »
- 10 -
La création de ce service entraîne une double conséquence sur le budget de fonctionnement :
• l’inscription de charges ordinaires d’un montant global annuel de l’ordre de 45 000 €,
• l’acquisition d’un appartement supplémentaire pour servir de logement de fonction5,
entraînant une charge financière équivalente les premières années.
S’est en effet alors présentée l’opportunité d’acquérir le premier étage de l’immeuble
du 45 rue de Clichy, qui, outre l’avantage de la proximité, permettrait d’introduire
dans la copropriété une institution partageant les mêmes orientations de gestion que la
Fondation pour les Ministres des Églises protestantes, déjà propriétaire d’une partie de
l’établissement « Maison du Protestantisme ».
Conformément à la politique de la Fédération déjà mise en œuvre pour le logement
de fonction sis à St Denis, le propriétaire des appartements est donc la Fondation du
Protestantisme (avec affectation à la fondation individualisée FPF) avec une convention de
mise à disposition entre la Fondation du Protestantisme et l’association FPF pour les charges
de fonctionnement6.
L’appartement a pu être divisé en deux : l’un pour le secrétaire général, l’autre pour un chef
de service.
Le coût total de l’opération s’est élevé à 2.075 000 € (frais d’acquisition et travaux
d’aménagement compris, pour une superficie de 230 m2). Le mode de financement repose sur
trois sources :
• l’utilisation par la fondation individualisée FPF d’une partie des legs : 605 000 €,
• le versement de 850 000 € par l’ERF, nouvelle propriétaire de l’ancien appartement
dans lequel était logé le secrétaire général,
• pour le solde, 620 275 €, une avance de trésorerie de la Fondation pour les ministres
des Eglises protestantes, consentie pour une durée maximale de quinze années.
Il a semblé au conseil que la Fédération n’avait pas à accroître indéfiniment ses fonds propres,
et qu’elle devait saisir sans hésiter l’opportunité de simultanément accroître son rôle de
proposition et de coordination dans le domaine des aumôneries et d’investir durablement les
économies que lui offraient la solidarité active de deux de ses membres.
Un tel choix suffit pour expliquer que le Conseil vous propose un budget 2012 en déficit,
déficit prévisionnel ou apparent.
Le Conseil a veillé en effet à ce que le montant de ce déficit demeure inférieur à l’économie
qu’il est assuré de réaliser en ce qui concerne les dépenses de rémunération, puisque deux
postes budgétés ne seront pas effectivement à sa charge (soit une atténuation des dépenses de
l’ordre de 60 000 € par an). Et le plan pluriannuel de réévaluation des contributions devrait
permettre l’extinction progressive de ce déficit budgétaire prévisionnel.
2 - Le budget 2012
Le budget 2012 a été élaboré initialement avec comme hypothèses un taux d’inflation de 1,5 % et
une augmentation des salaires de 2 % (1% d’augmentation générale et 1 % à la date anniversaire
de l’entrée en fonction)7. Lors de son adoption par le conseil, il a semblé que l’inflation serait
vraisemblablement plus proche de 2%. C’est donc sur cette dernière hypothèse qu’a été construit le
budget qui vous est proposé, avec un déficit prévisionnel de 56 000 €.
5
Le coût des loyers est si élevé en région parisienne qu’une institution a tout intérêt à être propriétaire des
logements permanents de fonction qu’elle utilise plutôt que locataire
6 Les cinq legs reçus par la fondation individualisée FPF ont représenté en tout 1,1 M€, dont 0,26 M€ ont servi pour
l’achat de l’appartement de St Denis et 0,6 M€ pour celui de la rue de Clichy, le solde étant affecté aux travaux de
rénovation du 6° legs (Théron)
7 Pour mémoire, la rémunération de chaque membre du personnel rémunéré par la FPF a été augmentée de 2,5 %
(dont 1% au titre de l’ancienneté) tant en 2010 qu’en 2011, pour un taux d’inflation en moyenne annuelle égal à
1,5 % en 2010 et 2,1 (prévision) en 2011
- 11 -
Produits 2012
A la suite de l’enquête conduite sur la situation en 2006, l’assemblée générale d’avril 2010 a
- établi pour chaque membre du premier collège une contribution optimale de référence,
calculé en multipliant le nombre de personnes physiques concerné par chaque
institution membre par 0,76 € et le montant total des ressources de chaque Eglise (ou
union d’Eglises) par 0,58 %,
- proposé que chaque Eglise :
• dont le montant de contribution effectivement versé en 2006 était supérieur au
montant de référence ainsi calculé : garde inchangé le montant versé (tout en
l’ajustant en tenant compte de l’inflation).
• dont le montant devrait augmenter : l’augmente chaque année d’une somme
correspondant au ¼ de l’objectif retenu (afin que le projet initial puisse être
atteint la dernière année de la période quadriennale),
Compte-tenu du nouveau calendrier d’établissement du budget, la Fédération Protestante n’a
pas encore reçu le montant de toutes les contributions validées par les Eglises membres : les
sommes portées aux chapitres 1, 1bis et 2 des produits peuvent donc encore connaître des
variations… en augmentation8.
D’ores et déjà l’on peut constater avec reconnaissance que
- quatre des Eglises concernées par la nécessité d’un réajustement l’ont entrepris
résolument…
- les Eglises en probation veillent à tenir leurs engagements…
Si ces efforts sont partagés par tous, le déficit prévisionnel annoncé connaîtra une première
diminution dès 2012.
Pour les Communautés, Œuvres et Mouvements, la spécificité des situations a conduit à
proposer de retenir comme référence pour la détermination de la contribution annuelle à la
FPF :
• entre 0,5 et 1 pour cent des ressources appelées « internes » (cotisations, dons manuels
et libéralités, produits financiers), plus
• entre 0,5 et 1 pour mille des ressources appelées « externes » (vente de prestations ou
produits, tiers financeurs, autres ressources),
ce qui, globalement, susciterait un montant total des contributions représentant entre 0,3 et
0,6% des ressources totales des institutions concernées… soit un taux compris entre le quart
et la moitié de celui proposé pour les Eglises membres.
Pour les Communautés, Œuvres et Mouvement qui versent leur contribution au taux minimal,
l’assemblée générale 2011 a fixé ce montant minimum à 185€ pour le budget 2012. Afin que
ce montant puisse être pris en compte par les membres concernés dès la préparation de leur
budget 2013, il est proposé de fixer ce montant minimum à 190 € pour l’exercice 2013.
Charges 2012
Le Conseil n’a pas modifié les prévisions d’augmentation de chaque rémunération. Il a décidé
d’attendre sa session de juin pour prendre une décision, quand il connaîtra :
- le taux définitif de l’inflation en moyenne annuelle pour 2011, et une approche
actualisée du taux prévisionnel d’inflation en 2012,
- les comptes définitifs de 20119,
- le montant définitif global des contributions acceptées par les membres pour 2012.
8
De même, n’ont pas été portées les contributions annoncées par les institutions candidates à l’entrée en probation
Le budget 2011 avait été élaboré sur la base d’une inflation au taux de 1,5 % : l’évolution réelle des dépenses
permettra aussi de constater l’importance des répercussions d’un taux d’inflation plus élevé…
9
- 12 -
C’est alors qu’il pourra faire le point et, si les possibilités le permettent, arbitrer, le
cas échéant et à titre d’exemples, entre une augmentation générale d’un demi-point
supplémentaire ou l’embauche d’une personne à mi-temps, pour tenir compte de charges
supplémentaires de secrétariat ou de la nécessité d’un emploi spécifique.
Une période difficile
Le Conseil n’ignore pas les difficultés que rencontrent bien des institutions membres,
notamment celles qui voient diminuer de manière drastique les subventions publiques
au moment où ne cessent de croître les besoins financiers pour répondre aux attentes des
personnes au service desquelles elles agissent.
N’est-ce pas d’ailleurs une raison de plus pour rappeler les possibilités de déduction fiscale
pour les personnes imposables qui font des dons aux associations (à hauteur de 66%) et
fondations (à hauteur de 75 %) ? Leur instauration a pu être à l’origine de débats, mais,
devant la diminution – vraisemblablement durable - des subventions publiques, pourquoi
ne pas tirer un meilleur parti de ces dispositions, et illustrer ainsi qu’il s’agit non pas
d’une « niche fiscale » (puisqu’il s’agit d’un don définitif, et non d’un placement temporaire)
mais d’un double transfert - du choix du montant du don et de l’affectation des sommes
concernées - des autorités publiques (dont la part diminue) à chaque contribuable (dont les
apports globaux devraient augmenter) ?
Heureusement, plusieurs enquêtes viennent de souligner que la crise que nous traversons n’a
pas – pour le moment du moins - diminué les flux de la générosité.
Et chacun sait aussi la part relative souvent minime que représente la contribution à la
Fédération dans la plupart des budgets globaux de ses membres.
Il vaut donc la peine qu’au moment de fixer sa contribution à la Fédération, chaque institution
membre s’interroge : quelle est l’importance qu’elle accorde dans ses dépenses à la poursuite
et au développement des actions de la Fédération ?
3 – La préparation de deux importantes échéances
Protestants en Fête 2013
Il m’appartient maintenant d’attirer à nouveau votre attention sur cette prochaine rencontre, et
notamment son financement.
Eric Schlumberger fera avec vous le point sur la préparation de ce grand rassemblement.
Il justifie - comme je vous l’ai indiqué l’an dernier – un budget prévisionnel d’environ un
million d’euros. Et pour contribuer à cet important budget l’assemblée générale a décidé l’an
dernier que
• chaque paroisse était invitée à contribuer à hauteur d’au moins 150 € par an tant
en 2011 qu’en 2012 ; environ 1000 paroisses pourraient être contributrices, et
plusieurs dépasser ce montant minimal10 ;
• qu’un montant de 10 € par personne (ou toute autre modulation, à définir) serait demandé
lors de l’inscription (individuelle ou en groupe), indispensable en toute hypothèse pour
des raisons de sécurité.
10
L’effort financier des paroisses en 2013 étant utilisé pour contribuer au financement du voyage de leurs
participants ou, pour celles de la région parisienne, à celui de la soirée festive du samedi soir ; la contribution
des Communautés, Œuvres et Mouvements étant plutôt centrée sur la participation aux différents « villages » les
regroupant
- 13 -
Ainsi l’action conjuguée des Eglises et des participants pourrait nous permettre de réunir un peu plus
de 500 000€ avant même la manifestation.
Pour autant, les chiffres arrêtés au 31 décembre 2011 sont très loin de ce qui était attendu,
puisque nous avons reçu seulement 11 000 €. Cela peut être le reflet du retard dans la
transmission ou de l’inertie souvent constatée au lancement d’une nouvelle action. Mais
prenons garde à ne pas nous habituer à un tel retard ! Et n’oublions pas que l’objet de ces
appels de fonds était double : assurer le financement de ce rassemblement, mais également
pouvoir disposer d’une sorte d’ « indicateur » de l’intérêt qu’il suscite. Il est donc essentiel
que d’ici le printemps 2012 le Conseil puisse disposer d’une meilleure appréciation de
la situation… et donc que chaque paroisse ou Eglise locale engage sans plus tarder sa
mobilisation… sans oublier de combler le retard pris en 2011 !
Le prochain programme quadriennal (assemblée générale 2014)
L’article 7.1. des statuts de la Fédération précise que l’assemblée générale, dans la session qui
précède chaque renouvellement complet quadriennal du Conseil, fixe la répartition des sièges
avec voix délibérative des représentants de chaque Eglise.
En conséquence, les précédentes assemblées générales ont retenu deux principes :
- l’organisation tous les quatre ans d’une enquête générale statistique et financière sur
les institutions membres de la Fédération,
- à partir de l’exploitation des informations ainsi recueillies, l’établissement d’un plan
quadriennal relatif à l’évolution de chaque contribution,
et fixé la première période quadriennale aux années 2011-2014.
L’assemblée générale 2014 devra donc être saisie d’une nouvelle photographie de la situation
générale de ses membres, photographie qui permettra à la fois de proposer (pour la période
2015-2018) une nouvelle répartition des sièges à l’assemblée générale et un nouveau plan
quadriennal d’évolution des contributions.
A cet effet, le Conseil a approuvé les termes de l’enquête « Transparence, solidarité et
équité », qui porte sur l’année 2011 et sera diffusée au cours du mois de février 2012, avec
une réponse souhaitée au plus tard en septembre 2012. Un tel délai est en effet nécessaire
pour permettre la consolidation des données de toutes les paroisses ou Eglises locales. D’ores
et déjà chacun des membres de cette assemblée a pu prendre connaissance de cette enquête
avec le dossier préparatoire à l’assemblée générale.
Voici donc deux importants objectifs pour les mois qui viennent. C’est en les évoquant que
se termine le dernier rapport financier que je présente à l’assemblée générale, dernier … et
neuvième : quatre en qualité de réviseur aux comptes et cinq comme trésorier. En dépit du
grand intérêt que présentent ces objectifs, il m’a semblé en effet justifié de recentrer une
partie de mes activités sur l’accompagnement juridique des institutions protestantes, ce qui
me permettra d’ailleurs de continuer le travail commun fédératif dans le cadre tant de la
commission « droit et liberté religieuse » que du Conseil. Et j’ai une totale confiance dans le
successeur qui va être incessamment désigné, Thierry Besançon, dont j’ai déjà pu apprécier
toutes les compétences dans un autre cadre associatif. Aussi, à ce tournant, je tenais à vous
remercier tout simplement pour l’accueil fraternel et le soutien que vous avez bien voulu
toujours réserver aux propositions que le Conseil m’avait chargé de vous présenter.
Le 18 janvier 2012
- 14 -
Propositions de décisions
1 – Comptes 2010
L’assemblée générale prend acte des comptes 2010 arrêtés par le conseil.
2 – Budget 2012
L’assemblée générale approuve le budget 2012 proposé par le Conseil, et invite chaque
Eglise à fixer le montant de sa contribution dans le respect des objectifs du plan quadriennal
approuvé par l’assemblée générale 2010.
3 – Contribution minimale 2013 des membres du second collège
L’assemblée générale fixe à 190 € le montant de la contribution minimale pour 2013 de
chaque communauté, œuvre ou mouvement.
4 – Protestants en Fête 2013
L’assemblée générale rappelle l’importance des rencontres nationales « Protestants en fête »
et renouvelle sa demande à chaque paroisse ou Eglise locale de contribuer au titre de chacun
des exercices 2011 et 2012 pour au moins 150 € par exercice au budget de la rencontre 2013,
étant précisé que chaque Union d’Eglises membre peut décider un regroupement global de ces
contributions.
- 15 -
ANNEXE
III
Frank Bourgeois
Directeur de l’Aumônerie aux Armées
L’aumônerie protestante aux armées
(Présentation à l’Assemblée Générale de la FPF, Paris 2012)
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les délégués,
C’est avec grand plaisir que je me livre aujourd’hui à l’exercice qui m’a été demandé par le Conseil
National : présenter en quelques minutes le service de l’aumônerie aux armées. Avant toutes choses,
et malgré le peu de temps qui m’est imparti, je me dois de remercier le Président Claude Baty pour ses
condoléances et ses prières adressées aux proches des soldats tués en Afghanistan vendredi dernier.
Notre service est à la fois bien et trop peu connu. Bien, car nul n’ignore son existence, cela d’autant
plus que les médias ouvrent régulièrement leurs colonnes ou leurs images à l’action de tel ou tel
aumônier sur le terrain. Trop peu, car il fait souvent l’objet d’interprétations a priori, voire de
jugements ignorants des évolutions actuelles de la défense comme de notre aumônerie.
Je m’attacherai donc à vous présenter la situation actuelle de l’aumônerie aux armées en 6 points :
1. Les principes fondateurs
2. Le lien aux Eglises
3. Le lien à la Défense
4. Recrutement et effectifs
5. Les opérations et embarquements
6. La formation
1. Les principes fondateurs :
Matthieu 8 : « Jésus entrait dans Capharnaüm quand un centurion s’approcha de lui et le supplia
en ces termes : ‘Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant
terriblement.’ Jésus lui dit : ‘Moi, j’irai le guérir ?’ Mais le centurion reprit : Seigneur, je ne suis
pas digne que tu entres sous mon toit : dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri […]’ En
l’entendant, Jésus fut plein d’admiration et dit à ceux qui le suivaient : ‘En vérité, je vous le
déclare, chez personne en Israël je n’ai trouvé une telle foi.’
Un officier des forces coloniales ou d’occupation, choisissez le terme que vous préférez, vient
adresser une demande à Jésus. Certains estimeront certainement qu’avant de lui répondre, Jésus
aurait dû lui expliquer combien il était peu éthique de participer à l’occupation injuste et à
l’oppression du peuple Juif. Il aurait aussi certainement dû lui expliquer qu’à cause du
commandement qu’il exerçait, il avait très probablement du sang sur les mains, et qu’il devrait
premièrement renoncer à son métier avant d’être entendu par Dieu ou de bénéficier du soutien
du Bon Pasteur. Curieusement, Jésus n’en fait rien et il lui offre gracieusement son aide. Pire
encore, il ne le renvoie pas sans l’avoir auparavant félicité sur sa foi et donné en exemple à ses
auditeurs !
Voilà le premier des principes fondateurs de l’aumônerie aux armées : suivre l’exemple du Christ,
accompagner pastoralement tous ceux qui le souhaitent, quel que soit leur métier, aussi
contestable que puissent parfois l’être les choix des institutions qu’ils servent. Jean-Baptiste,
Jésus, les apôtres ont accueilli et sont allées vers les militaires de leur temps : nous entendons
faire de même.
Le métier des aumôniers militaires est d’accompagner pastoralement les ressortissants du
ministère de la Défense (des trois armées, des services et de la gendarmerie) là où leurs missions
- 16 -
les conduisent. Il ne consiste donc pas à évaluer des décisions politiques, mais à soutenir
spirituellement ceux qui les mettent en œuvre. Pour utiliser les termes de la théologie classique,
l’attention et la réflexion des aumôniers porte plus sur le jus in bello que sur le jus ad bellum.
Le fondement juridique de l’aumônerie aux armées est tout aussi solide. Il repose sur le principe
selon lequel l’Etat se donne pour devoir d’assurer la liberté de culte là où ses citoyens sont dans
l’impossibilité de se déplacer à leur guise. C’est notamment le cas des militaires en opérations,
embarqués sur les bâtiments de la Marine Nationale, en manœuvres en camp, en école militaire
ou des personnes hospitalisées dans les hôpitaux militaires.
Les impératifs spirituels et les obligations légales se rejoignant, il est de la responsabilité des
Eglises d’organiser cette aumônerie en partenariat avec l’Etat. Cette responsabilité a été
déléguée à la Fédération Protestante de France, qui la remplit avec efficacité depuis ses origines.
2. Le lien aux Eglises :
Il passe premièrement par la Fédération Protestante de France. Outre son Conseil, où les
Eglises membres sont représentées, la Commission de l’Aumônerie Protestante aux Armées
est composée pour moitié de représentants des Eglises qui envoient des pasteurs servir dans
notre aumônerie. Or, cette Commission joue un rôle primordial dans la vie de l’aumônerie.
Elle accompagne évidemment le Directeur de l’aumônerie dans ses réflexions et lui donne les
grandes orientations du service, mais elle a aussi un réel pouvoir de choix dans les décisions
quotidiennes, telles les recrutements, les mutations, les ouvertures et fermetures de postes,
le suivi des aumôniers en opérations, etc. C’est le Conseil de la Fédération, assisté par la
Commission de l’Aumônerie, qui propose au Ministre de la Défense le futur Directeur.
Tout cela est important, mais ce n’est pas suffisant. Le lien aux Eglises doit aussi passer par les
aumôniers eux-mêmes. Le fait d’être « envoyés » à la Fédération pour l’exercice d’un ministère
spécialisé ne doit pas distendre, et encore moins rompre, le lien du pasteur à son Eglise. Aussi
les aumôniers à plein-temps sont-ils fortement encouragés à participer activement à la vie de
leur Eglise locale, à participer aux pastorales et aux synodes ou congrès de leur Eglise. Ils restent
d’ailleurs sous sa responsabilité disciplinaire, et le Directeur veille à ce que tout aumônier reste
inscrit au rôle d’une Eglise de la Fédération.
Par ailleurs, l’aumônerie n’a pas pour vocation de former des paroisses au profit des militaires.
Ceux-ci restent sous la responsabilité de leur Eglise pour tous les actes pastoraux, ce qui
n’empêche pas tel ou tel aumônier d’officier sous la responsabilité du pasteur de l’Eglise.
Une exception cependant à cette règle : les séjours hors métropole où il arrive parfois que
l’aumônerie « fasse paroisse. »
3. Le lien à la Défense :
L’aumônier en chef, Directeur de l’aumônerie, est nommé, nous l’avons vu, par le Ministre de la
Défense. Les aumôniers militaires sont régis par le statut général des militaires ainsi que par le
décret particulier qui a été révisé au début de cette année. Cela signifie qu’ils sont au bénéfice
de tous les avantages des militaires en matière de solde, d’accessoires et de pension, mais
qu’ils subissent tous les inconvénients de ce statut : missions opérationnelles, risques, rusticité,
éloignement familial, mutations et disponibilité. (Remarquons que le logement ne fait pas partie
de ces avantages, la question étant souvent posée.) Le lien devient très fort au bout de quelques
missions. On ne peut vivre avec les gens, dormir et manger avec eux, risquer sa vie avec eux sans
en être rapidement très proche. Le risque de cette proximité, c’est l’éloignement de l’Eglise…
- 17 -
Les autres aumôniers sont le plus souvent pasteurs en paroisse. Ils peuvent être civils
desservants (statut en voie d’extinction), réservistes opérationnels ou citoyens. Les réservistes
opérationnels sont rémunérés pour leurs jours d’activité et peuvent partir en opérations. Les
réservistes citoyens sont totalement bénévoles.
Le lien avec la Défense est également assuré par la règle qui veut que la moitié des membres de
la Commission soit composée de militaires de tous grades.
4. Recrutement et effectifs :
Les aumôniers aux armées sont recrutés parmi les pasteurs inscrits au rôle d’une Eglise membre
de la Fédération Protestante de France. Il y a très peu d’exceptions. Nous recrutons également
des laïcs, à condition qu’ils bénéficient d’une entière délégation pastorale de leur Eglise.
Les aumôniers à temps partiel, quel que soit leur statut, doivent obtenir l’autorisation de leur
Eglise avant d’accepter une desserte d’aumônerie. Depuis quelques années, suite à quelques
malentendus, nous demandons systématiquement un accord écrit de l’autorité ecclésiale, que je
conserve précieusement dans le dossier de l’intéressé.
Les aumôniers proviennent de toutes les Eglises de la Fédération. Un gros tiers viennent des
Eglises luthéro-réformées, un gros tiers des Eglises libro-baptistes, et un petit tiers des autres
Eglises de la Fédération. Nous avons donc une situation équilibrée, même si l’on peut estimer
que le pôle luthéro-réformé est légèrement sous-représenté par rapport à son poids au sein de la
Fédération.
Le Directeur doit s’assurer que tout candidat à un poste d’aumônier militaire remplit bien
toutes les conditions requises. Il en est garant auprès du Ministre de la Défense. Les candidats
sont examinés par notre sous-commission d’embauche, composée à parité de militaires et de
représentants d’Eglises. Viennent ensuite visite médicale et enquête de sécurité… La nomination
n’intervient en général que trois mois après le passage en sous-commission d’embauche.
Pour les pleins-temps, nous n’avons pas de problème de recrutement, nos postes restant
rarement vacants bien longtemps. Le recrutement de réservistes (à temps partiel) est plus
difficile. Il se fait presque exclusivement au sein des Eglises évangéliques. Les effectifs au 1 er
janvier 2012 sont les suivants :
Militaires plein-temps : 31
Réserve citoyenne : 17
Réserve opérationnelle : 20
Civils de différents statuts : 8
Total : 76.
5. Les opérations et embarquements :
Ils constituent, tant pour la Défense que pour la Fédération, la principale justification de notre
existence. C’est donc notre priorité numéro 1. Depuis quelques années, nos aumôniers ont été
présents en Côte d’Ivoire, au Liban, au Kosovo, en Afghanistan et au Tchad. Nos rares aumôniers
embarqués ont participé aux opérations Corymbe (au large de la Côte d’Ivoire) et Atalante
(au large de la Somalie). Cette année, nous avons fermé les postes du Kosovo et, dès demain
dimanche, de Côte d’Ivoire. Nous avons par contre ouvert un second poste en Afghanistan, dans
la vallée de la Kapisa.
Cet accompagnement est très important pour les militaires. La guerre déshumanise. Le médecin
- 18 -
et l’aumônier y sont parfois le dernier signe d’humanité. C’est particulièrement vrai lorsqu’il y
a des pertes humaines. La ritualisation de la mort, la Parole annoncée revêtent une importance
considérable, même aux yeux de qui les auraient autrement méprisées. L’aumônier est un
témoin, un témoin de la présence de Dieu dans les lieux d’où l’on pourrait croire qu’il est absent,
un témoin de l’amour qui accepte de partager l’existence de ceux qui donnent la mort et qui
meurent, un témoin qui partage leurs souffrances et les risques physiques et psychologiques
que cela implique. Depuis cinq ans, les aumôniers militaires à plein temps passent en moyenne
quatre mois tous les seize mois loin de leur famille.
Cela nous conduit naturellement à être très présents au sein des relations internationales du
protestantisme français. Nous travaillons particulièrement avec le DEFAP en Guyane et à Djibouti
(mais pas seulement), avec la CEEVA, et je suis membre du bureau de la CEEEFE qui a des liens
très anciens et très forts avec notre aumônerie. Le RIMP (Rassemblement International Militaire
Protestant) qui se tient chaque année dans les Cévennes a un fort impact international. Les
principales délégations étrangères y sont les délégations allemandes et ivoiriennes.
6. La formation :
Dans la mesure où nous recrutons des pasteurs, ils sont presque tous titulaires d’un master 1
ou 2 en théologie. Nous exigeons par ailleurs des laïcs qu’ils aient reçu en amont une formation
théologique qui justifie leur délégation pastorale.
A cette formation vient nécessairement s’ajouter la formation militaire initiale, de durée
différente selon le statut, qui est prodiguée par les armées. Elle est actuellement en totale
refonte, les cultes ayant estimé qu’elle était insuffisante en l’état actuel.
A cela s’ajoutent les formations organisées par les armées ou l’aumônerie en cours d’emploi.
Les armées financent les stages techniques : langues, informatique, connaissance des cultures
côtoyées et des enjeux géopolitiques sur les lieux de projection. Elles financent également des
stages pour aumôniers organisés par l’OTAN.
De notre côté, nous organisons principalement trois actions de formation. Les pastorales de
rentrée ont lieu en milieu civil et traitent de sujets théologiques et pastoraux (tels l’esprit
de sacrifice, la chevalerie et le protestantisme,…). Les journées d’études se déroulent
plutôt en milieu militaire. Les prochaines se dérouleront à la brigade du renseignement et
nous y aborderont les questions déontologiques qui peuvent être posées par la culture du
renseignement et la pratique du ministère, ainsi que de notre rôle dans la géopolitique du
religieux (pensez à la Côte d’Ivoire ou au Liban). Une brève session de formation a lieu tous les
ans en octobre ou novembre. Elle portait cette année sur la laïcité dans les armées.
En outre, les aumôniers ont accès aux formations dispensées par le CPLR et l’école pastorale de
Massy. Ils participent ainsi obligatoirement à plus de sessions de formation que la plupart des
pasteurs chargés de paroisse.
Vous aurez compris, je l’espère, à l’aune de ce bref exposé, que l’aumônerie aux armées n’est pas une
action superflue du protestantisme qui viendrait s’ajouter aux charges déjà excessives de la vie
paroissiale. Elle est le témoignage même de l’Eglise. Le Christ nous appelle à rencontrer les gens là où
ils sont, dans les rues, dans leurs espaces professionnels. L’aumônerie aux armées est une réelle
opportunité de sortir de nos murs, et d’oser porter le message de l’Evangile dans notre société.
Le « métier » d’aumônier militaire est un ministère difficile et exigeant. Il faut frayer aussi bien avec
nos jeunes soldats en échec scolaire qu’avec les polytechniciens ou des khâgneux, littéraires
indécrottables ! Il faut en outre des ressources physiques et mentales pour encaisser la vie en
- 19 -
opérations durant quatre à six mois, ramasser parfois les corps déchiquetés des camarades, porter
secours aux blessés sous le feu de l’ennemi. On n’en sort pas indemne…
Mais tous peuvent être aumôniers de la réserve citoyenne. Quel pasteur n’a pas une brigade de
gendarmerie auprès de laquelle il pourrait être accrédité ? Comment comprendre que des pasteurs de
paroisses ne voient pas l’intérêt de rendre visite aux militaires dans des villes de garnison où, avec
leurs familles, ils peuvent représenter jusqu’à 30 et 50 % de la population ? Mais il faut accepter de se
décentrer, de sortir du relatif confort de la vie paroissiale et de s’exposer aux regards critiques
de « ceux du dehors ». A moins que la difficulté ne vienne des paroisses elles-mêmes. « Comment se
passer de notre pasteur, nous en avons si peu ? » Je crains que les Eglises qui tiennent de tels
raisonnements n’aient bientôt plus besoin de pasteur, car elles auront disparu. L’Eglise n’a pas
vocation à rester centrée sur elle-même, mais à aller à la rencontre du prochain. Les aumôneries, vous
aurez compris que j’en suis convaincu, sont à cet égard une formidable opportunité.
s
- 20 -
L'aumônier national des établissements sanitaires et médicaux sociaux,
Isabelle Meykuchel
Mesdames, Messieurs, Bonjour,
Mes amis, c’est le bon moment pour l’aumônerie hospitalière.
La FPF l’a d’ailleurs perçu en demandant dans un premier temps à Jean-Jacques Bonsirven
de faire l’état des lieux des aumôneries protestantes hospitalières en France, puis en créant
un service national d’aumônerie des établissements sanitaires et médico-sociaux et, enfin, en
choisissant le thème des aumôneries pour cette assemblée générale.
En effet, un tournant considérable vient d’être pris concernant la prise en compte des besoins
spirituels et religieux des personnes hospitalisées dans notre pays, en tout cas dans les
établissements de la fonction publique.
2011 a été déclarée par le ministère de la Santé, année des patients et de leurs droits.
Dans ce cadre, des colloques, des rapports, des circulaires ont vu le jour.
De manière différente et à plusieurs reprises a été affirmé ce que dit la circulaire du ministère
de l’Intérieur : « laïcité à l’hôpital » : « le soin ne peut être ni un temps, ni un espace
d’interruption des croyances et des pratiques du patient, citoyen libre de ses opinions… Le
soin ne peut atteindre son objectif, si, dans le cadre d’une prise en charge globale du patient,
celui-ci est "amputé" d’une partie de lui-même » c’est-à-dire de sa dimension spirituelle.
Cette même année, comme l’a signalé ce matin le président dans son rapport d’orientation, le
ministère de la Santé a également publié par circulaire une charte nationale des aumôneries
des établissements relevant de la fonction publique. Cette charte a été écrite en partenariat
avec les représentants des cultes catholique, protestant, israélite et musulman, de la Fédération
hospitalière de France, des usagers et du bureau des cultes du ministère de l’Intérieur.
Cette charte a pour but de faciliter l’intégration des aumôniers des différentes confessions et
religions, dans les hôpitaux : nomination, mission, mise à disposition de locaux etc.
Tout un paragraphe est consacré au « rôle des établissements pour favoriser l’accès au culte ».
Il est demandé que « dans chaque établissement soit nommé un référent chargé du service des
aumôneries hospitalières ». Il a pour mission d’ « être l’interlocuteur des aumôniers, de leur
faciliter les relations avec les services et les usagers de l’hôpital ».
Quant aux soignants, il leur est demandé de repérer les besoins spirituels des patients, de les
informer tout au long de leur séjour de leur droit à être accompagnés sur un plan religieux et
de transmettre les demandes à l’aumônerie..
En outre, l’aumônier dans cette charte n’est pas uniquement perçu comme celui qui visite
les personnes hospitalisés mais aussi – je cite – celui qui « apporte son concours à l’équipe
soignante ; son action ne se fait pas au seul bénéfice du patient qui l’a demandé : sa présence,
par la dimension éthique qu’il porte, est enrichissante pour tous ».
Une véritable place est reconnue pour l’aumônerie au sein des équipes soignantes
L’aumônier est un partenaire, un tiers, un confident pour les soignants aussi. « Il éclaire
l’équipe médicale et soignante » dans certaines circonstances.
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Aux devoirs des établissements hospitaliers répondent les devoirs pour les aumôniers. Puisque
les équipes d’aumôneries sont intégrées à la communauté hospitalière, elles sont également
soumises à certaines règles comme fournir le planning des présences, présenter un projet de
service etc.
De nombreuses aumôneries protestantes hospitalières fonctionnent depuis plusieurs années de
cette manière-là et vont dans le sens d’une professionnalisation.
Le modèle ancien d’un pasteur de paroisse intervenant sur appel existe encore. Il est amené
à disparaître. Je parle ici du pasteur-aumônier, salarié d’une manière ou d’une autre par
l’établissement de santé et non pas, bien sûr, du pasteur de paroisse qui va visiter ses
paroissiens à l’hôpital.
Le choix du ministère de la Santé, des agences régionales de Santé, des directeurs d’hôpitaux
va, actuellement, clairement dans le sens d’une aumônerie intégrée à l’hôpital.
C’est à un véritable partenariat auquel nous sommes convoqués. Il nous appartient d’être
vigilant à garder la juste distance à l’égard de l’administration pour pouvoir être force de
proposition.
Après 2011, année de la charte nationale pour les hôpitaux, 2012 va être l’année d’évaluation,
entre autre, de la prise en compte des besoins spirituels et religieux des personnes
hospitalisées.
Certaines directions d’hôpital s’interrogent sur la possibilité de créer des postes d’aumôniers.
Nous sommes dans une période favorable à la création de tels postes, malgré les restrictions
actuelles. Il s’agit d’une opportunité à saisir dont il n’est pas certain qu’elle persistera ou
qu’elle se renouvellera.
Les différents textes qui sont parus en 2011, et particulièrement la charte nationale des
aumôneries, sont des bases solides pour dialoguer au sein des Eglises et avec les instances de
santé.
Des portes se sont ouvertes : saurons-nous saisir ces opportunités ? Du côté des Eglises,
dans une dynamique fédérative, nous devons parvenir rapidement à nous organiser, à mettre
en place des processus de nominations, des conventions, des formations…, comme l’a
souligné C Baty, ce matin. Beaucoup de choses existent déjà mais il faut les coordonner, les
harmoniser.
Il nous revient de relever ensemble ce défi, pour pouvoir témoigner avec justesse de
l’espérance en Christ qui nous habite, dans ces lieux de vie et de mort que sont les
établissements sanitaires et médico-sociaux. Témoigner de cette espérance qui ouvre une
brèche dans nos enfermements.
« Mettons nos plus beaux habits, pour aller rencontrer respectueusement les autres là où ils
sont » comme nous y a invité Isabellle Grellier.
Mes amis, c’est le bon moment pour l’aumônerie des hôpitaux.
Merci de votre attention.
Je tiens à votre disposition des exemplaires de la charte nationale des aumôneries.
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L'aumônier national Justice et aumônerie des Prisons, Brice Deymié
Chers amis, frères et sœurs
Merci au Conseil de la FPF d’avoir mis à l’ordre du jour de son AG les aumôneries, c’est
un sujet d’Eglise fondamental d’autant qu’on ne peut que l’aborder de façon transversal, ce
sujet secoue nos identités particulières et nous sommes mis devant le défi de devoir essayer de
parler d’une seule voix.
Je ne vais pas dire ce que j’ai déjà dit dans le rapport de gestion sur l’aumônerie des prisons et
pour les aspects un peu concrets et pratiques je vous invite à vous y reporter.
Maintenant quels sont nos plus grands défis, nos élans et nos découragements ?
Notre plus grand défi, presque quotidien, c’est donner du sens à la peine. Nous ne sommes
pas dans la posture de ceux qui disent : « révoltez-vous, révoltez-vous » et qui s’en retournent
chez eux au chaud très tranquillement, les aumôniers ne sont pas du côté de ceux qui ont
des solutions toutes faites au grand problème de la délinquance. Nous ne nions donc pas
la nécessité d’une peine pour ceux qui ont commis des crimes et des délits mais dans nos
rencontres quotidiennes avec les infracteurs nous essayons de lui donner un sens. Punir n’a
aucun effet si la punition n’est pas comprise et intégrée à un schéma de vie. Sans vouloir être
prétentieux, mais j’assume, je pense que l’aumônier est le seul ou un des seuls, à pouvoir faire
passer la personne d’une culpabilité légale (j’ai enfreint la loi) à une culpabilité morale (j’ai
conscience d’avoir brisé un lien fondamental avec l’autre (ou Autre)) Et d’une culpabilité
morale à la responsabilité qui est le gage d’une mise en liberté. L’aumônier va essayer de
suivre les fils d’une maïeutique complexe faite de déni, de révolte, de violence, de haine,
d’amour…et au fil des rencontres retisser des liens rompus avec l’autre, avec lui-même. En
d’autres termes, l’Evangile annoncé avec finesse et persévérance et dans le respect de celui
que nous avons en face peut permettre une transformation salutaire de l’homme. Mais c’est un
défi permanent qui demande votre aide et votre prière.
Nos élans c’est certainement l’enthousiasme de nos aumôniers, leur force, leur courage et leur
détermination. Nous sommes des travailleurs de l’ombre, des petits porteurs d’espoir, nous
côtoyons beaucoup de souffrances, avons parfois l’impression d’être parfaitement inutiles,
rencontrons parfois des hommes et des femmes qui n’ont aucune appétence pour l’Evangile et
pourtant nous continuons. Nous sommes certainement animés par la puissance du Saint-Esprit
et aussi par le fait que nous essayons de faire corps, au-delà de nos différentes Eglises et de
nos divergences théologiques, nous essayons de nous entraider fraternellement. Je demande
ici très solennellement à toutes les Eglises représentées à cette AG d’encourager toujours
cet élan fédérateur c’est la pierre angulaire de notre travail. L’équilibre est toujours fragile,
toujours à repenser. Les Eglises doivent aider les aumôniers de prison issus de leur rang à ne
pas faire de leur différence une source de conflits mais de richesses. Ne brisons pas cet élan
par des conflits institutionnels.
Et enfin pour finir nos découragements. L’empilement des textes législatifs actuel rend
très difficile une compréhension aisée de la politique pénale. Chaque fait divers un peu
sensationnel donne lieu à une nouvelle loi. Le recours à l’enfermement systématique entraine
des drames humains aux conséquences souvent incalculables alors que toutes les études un
peu sérieuses montrent qu’une peine aménagée est une meilleure garantie contre la récidive
qu’un enfermement sans accompagnement. Nous sommes découragés devant la pauvreté des
débats à l’Assemblée Nationale, les députés n’ont aucune réflexion sur le sens de la peine.
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Parler de réinsertion n’a aucun sens si l’on continue à pratiquer en prison un nivellement
par le bas et un encouragement à la médiocrité, parler de réinsertion n’a de sens que si
l’on individualise totalement les peines et donc si l’on prend en compte l’homme dans ce
qu’il a d’unique et que l’on accepte que ce même homme puisse changer. Notre société et
les hommes qui nous gouvernent ne croient-ils plus en la grâce ? Découragés parce que
l’aumônerie est parfois cantonnée au religieux dans son acceptation la plus pratiquo-pratique
et on en oublie l’élan vital du spirituel.
En conclusion je voudrai rendre grâce à Dieu pour les aumôniers qu’il donne au service de
nos frères et de nos sœurs, ne nous lassons pas de prier pour susciter de nouvelles vocations.
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ANNEXE
IV
Message sur les aumôneries de la FPF
Grâce aux aumôneries militaires, de prison et d’hôpitaux, les Eglises sont présentes sur des
lieux de fracture de la société pour tenter d’y dire l’espérance, pour vivre cette « diaconie
du sens » qui est au cœur de la vocation des chrétiens. Le principe constitutionnel de laïcité
permet ainsi à chacun d’être accompagné dans ses besoins spirituels.
Les aumôneries constituent un lieu de la fidélité de nos Eglises à l’Evangile. Elles témoignent
du Dieu de Jésus-Christ, le Dieu de la vie présent au cœur de nos engagements les plus
périlleux, qui ne juge pas les personnes selon leurs actes mais ouvre la possibilité d’une vie
nouvelle, qui offre la guérison de nos infirmités et accorde à chacun un avenir.
Les aumôneries constituent aussi une chance pour les Eglises :
− Elles leur permettent de rencontrer des personnes isolées, parfois abandonnées dont
certaines éloignées des Eglises. Elles sont partenaires des pouvoirs publics sur les
questions de santé, de justice ou de défense.
− Elles constituent un lieu d’innovation et de consolidation de notre fraternité au sein de
la FPF.
− En partageant l’Evangile avec des gens qui ne s’en réclament pas toujours – ou pas
comme nous – nous pouvons en renouveler notre propre lecture.
L’AG appelle le Conseil de la FPF :
− à veiller à ce que les aumôniers gardent « la juste distance » avec leur administration
de tutelle ;
− à accompagner les aumôneries dans leurs relations avec les autres cultes ;
− à mutualiser autant que possible des formations pour les aumôneries ;
− à organiser un « dimanche des aumôneries » par an.
− à réfléchir au développement des aumôneries dans d’autres secteurs comme les
aéroports, les établissements scolaires et universitaires, …
L’AG appelle les Eglises locales ainsi que les œuvres et mouvements membres de la FPF :
− à soutenir spirituellement et financièrement l’action des aumôneries ;
− à inviter les aumôniers pour se mettre au bénéfice de leur expérience, à accepter de
les accompagner dans leur mission et à accueillir celles et ceux qui ont pu découvrir
l’Evangile par les aumôneries.
FPF – AG des 21 et 22 janvier 2012
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